Prompt : Anciens mensonges


L'Alter d'amour.

— Je suis amoureux de toi.

Izuku en avait les poils qui se dressaient sur les bras, le cœur qui faisait son meilleur salto, le cerveau qui s'embrouillait. Que Bakugo soit là, en face de lui et lui fasse sa déclaration, il ne pouvait s'empêcher de réagir. Même s'il savait que c'était faux. Que ce qui sortait de la bouche de son ami d'enfance n'était pas vrai, qu'il ne ressentait pas ce qu'il disait ressentir pour lui. Alors il faisait taire son cœur et retrouvait la tête froide :

— Non Kacchan tu ne l'es pas. C'est un Alter, c'est tout, les effets devraient disparaître d'ici quelques jours.

— Je suis sûr que les effets ne vont pas disparaître puisque je sais avec conviction que je t'aime.

Izuku aurait voulu le croire et l'accepter, il aurait voulu que tout ce que lui disait Bakugo depuis quelques jours soit réel. Mais le blond avait été malencontreusement touché par un Alter qui faisait tomber amoureux de la première personne qu'on voyait. Et il se trouvait qu'à ce moment-là Bakugo regardait Izuku et… voilà. Depuis le blond ne cessait de tenter de lui prouver qu'il l'aimait, par des mots, par des gestes, par des fleurs.

Izuku était amoureux de Bakugo pour de vrai lui, mais il ne pouvait pas profiter de la situation, il devait garder la tête froide, repousser celui qu'il aimait encore et encore, jusqu'à ce que les effets de l'Alter s'estompent.

C'était dur et douloureux. Refuser sans cesse des déclarations qui lui allaient droit au cœur, faire semblant de rien, répéter à Bakugo qu'il était sous l'emprise d'un Alter, et l'entendre dire « mais je t'aime, je le sais ».

Comme si c'était possible que Bakugo fasse sa déclaration de cette manière. Non, Izuku l'imaginait plus explosif. Il ne lui tendrait pas un bouquet de fleurs de manière galante, il lui balancerait les roses à la figure en gueulant « je t'aime, tu vas faire quoi maintenant ? », un truc du genre.

Et c'est parce que ça ressemblait si peu à son Kacchan d'être si doucereux, si mielleux, qu'Izuku tenait le coup et finissait par arriver à se dire « c'est quelqu'un d'autre, ce n'est pas Kacchan ».

Mais ça restait usant.

Une fois il se réveilla avec un Bakugo qui le regardait dormir et c'était vraiment tout sauf romantique, carrément flippant. Son soi-disant amour ressemblait plus à de l'obsession pour un très bel objet.

— Tu es tellement mignon quand tu dors, je n'ai pas pu m'empêcher de venir te regarder.

Izuku détestait ça.

Il ne voulait pas d'un Kacchan qui vient le regarder dormir, il voulait dormir avec Kacchan. C'était différent.

Mineta ne comprenait pas Izuku :

— Tu l'aimes et il t'aime… Profites-en ! Moi si une fille avec de gros nibards me faisait sa déclaration, je ne dirais pas non.

Le regard noir que lui avait jeté Izuku avait suffi à le faire battre en retraite. C'était comme être transpercé par une arme en plein cœur. Izuku avait rarement ce genre de regard, mais quand il était en colère il ne faisait pas semblant, et avant que Mineta s'éloigne il lui cria :

— On ne profite pas des gens qui ne sont pas réellement consentants !

Bakugo avait usé toutes sortes de dragues et plus il insistait sur son amour, plus cela rendait triste Izuku, il avait hâte que son ami d'enfance retrouve ses esprits et qu'il lui gueule dessus sans raison apparente, juste parce que c'était son caractère. Il savait que dès que l'Alter n'agirait plus, Bakugo ne l'aimerait plus. Mais c'était toujours mieux qu'un amour factice non ?

Si on donnait un philtre d'amour à quelqu'un pour qu'il nous aime, ne risquerait-on pas de se poser cette question à tout jamais ? Est-ce qu'il m'aime vraiment ou est-ce que c'est juste à cause du philtre ?

Certains diraient qu'il vaut mieux un amour factice que pas d'amour du tout, mais Izuku ne pensait pas comme ça. Il voulait que Bakugo soit maître de ses moyens, maître de lui-même, maître de ses sentiments. Il préférait ne jamais être aimé que de manipuler quelqu'un.

Et puis un jour, l'Alter arrêta de faire effet. Bakugo se leva un matin et quand il se souvint de tout ce qu'il avait pu dire à Izuku ou lui faire, il en mourrait de honte. Si bien que pendant une journée, il refusa de sortir de sa chambre, prétextant une grippe dût à la fin de l'Alter. Comment allait-il pouvoir regarder le nerd en face après ça ?

Il repensait à tous ses mots mièvres et débiles et revoyait Izuku le repousser sans arrêt, n'accepter aucune de ses déclarations, se mettre même à l'éviter. Il avait vraiment dû le saouler.

Idéalement, Bakugo aurait voulu que sa déclaration d'amour sonne vrai, et c'était peut-être pour cette raison qu'il ne s'était jamais confessé à Izuku. Parce que comment trouver les bons mots ? Les bons gestes ? Comme faire comprendre ses sentiments en restant lui-même ?

Et voilà que cet Alter avait tout gâché. Il lui avait ôté sa première fois. Il lui avait fait faire des trucs bizarres. Il avait sûrement dégoûté Izuku.

Ne pouvant pas rester enfermé dans sa chambre à jamais, il en sortit le lendemain et se retrouva nez à nez avec Izuku comme un fait exprès. Le nerd lui toucha le front :

— Tu as l'air d'aller mieux, se rassura-t-il.

Bakugo se sentit rougir bêtement et détourna les yeux pour marmonner :

— Je pète la forme, fiche-moi la paix.

Izuku se mit à sourire de toutes ses dents :

— Enfin te revoilà !

Bakugo ne sut pas interpréter ce sourire, simplement, il lui fendit le cœur tellement il était lumineux. Comment résister à quelqu'un comme Izuku ? Même la tête d'œuf semblait fondre en sa présence.

Bakugo n'y arrivait pas.

Et l'Alter avait tout gâché.

Comment rattraper les choses maintenant ?

S'il lui disait qu'il l'aimait, est-ce qu'Izuku le croirait ?

Comment faire pour que cet ancien mensonge dût à l'Alter devienne une vérité ?

Izuku essayait de donner le change, de faire comme si rien n'était arrivé, comme si les mille fausses déclarations de Bakugo ne l'avaient pas heurté, parce qu'il savait qu'aucune vraie suivrait. Ami d'enfance, c'était déjà pas mal comme statut, non ?

Les deux garçons marchaient un peu sur des braises, c'était comme s'ils ne savaient plus comment se parler, comment se comporter. Izuku essayait de faire comme de rien, Bakugo également, mais c'était à peine s'ils se regardaient dans les yeux quand ils se parlaient.

Izuku faisait de son mieux pour ne pas se trouver sur le chemin de Bakugo, et le blond pensait qu'il devait vraiment déplaire au nerd. Mais c'était simplement parce que c'était plus simple comme ça pour Izuku, c'était moins compliqué que d'affronter Bakugo. Il avait peur que son ami d'enfance lise dans son âme tous les sentiments qu'il ressentait pour lui et le rejette. Et il se rappelait de toutes ses fausses déclarations, il repensait à tous ses espoirs, c'était difficile de voir Bakugo en repensant à tout ça.

Il lui fallait du temps.

Mais Bakugo n'était pas connu pour sa patience.

D'accord, l'Alter lui avait foutu la honte, mais même s'il les avait mal exprimés, ses sentiments étaient réels. Il aimait Izuku. La situation paraissait emberlificotée, mais Bakugo avait trop envie d'embrasser le nerd, de faire des trucs niais comme lui prendre la main. L'Alter avait peut-être tout gâché, mais ce n'était pas en ne faisant rien que les choses allaient s'améliorer. C'était même parce qu'on ne changeait rien que rien ne changeait.

Alors Bakugo fit en sorte de se trouver sur le chemin d'Izuku, l'autre empruntait une autre route ? Il allait simplement emprunter cette route lui aussi. Il allait se rappeler à lui jusqu'à ce qu'Izuku cesse son petit manège.

Mais le nerd pouvait être têtu et un jour Bakugo n'y tint plus, voyant Izuku faire demi-tour juste devant lui, il gueula :

— Je te dégoûte à ce point ?

Izuku s'arrêta.

Non.

Bien sûr que non.

C'était même tout le contraire.

C'était parce qu'il aimait Bakugo qu'Izuku agissait comme ça, parce qu'il le revoyait lui faire mille déclarations tout en sachant qu'il ne lui en ferait jamais une vraie.

— Si je te dégoûte, dis-le-moi au moins en face !

Izuku se retourna et enfin, enfin, il osa regarder Bakugo droit dans les yeux. Et son regard n'exprimait aucun dégoût. Juste de l'envie, de l'amour. Bakugo sourit en coin, Izuku ne sut pas quoi faire ni quoi dire. Le cœur lui remontait dans la gorge. Il aurait pu prendre la fuite, mais Bakugo était déjà près de lui avant qu'il n'ait le temps de réagir.

— Je vais te dire un truc Deku, t'es pas obligé de me croire, mais cette fois-ci je te jure que c'est vrai.

Izuku était bloqué et la main de Bakugo se posa sur sa nuque comme s'il essayait de le retenir :

— Je t'aime le nerd, lâcha le blond, ce sont mes vrais sentiments.

— Vraiment ? fit Izuku d'une toute petite voix.

— L'Alter me faisait peut-être faire n'importe quoi, mais je n'ai jamais menti sur mes sentiments. Alors, décide-toi, tu veux qu'on sorte ensemble ou pas ?

Les yeux d'Izuku s'écarquillèrent. Était-ce vrai ? Était-ce vraiment vrai ?

— Oui, souffla-t-il, je le veux.

Bakugo eut un petit rire :

— On dirait que tu acceptes une demande en mariage.

Izuku rougit et Bakugo lui vola un baiser, sa main toujours sur sa nuque.

— Je t'aime aussi, lui dit le nerd.

Et à son tour, il posa ses lèvres sur celles de Bakugo.

L'Alter avait peut-être bien fait les choses finalement.

Fin.

L'autatrice : je trouvais ça drôle d'imaginer Bakugo super mièvre !