Chapitre 32

Pov Bella

Je suis accueillie par Angéla, elle me fait entrer. Je ne sais pas si je veux être là, si je veux vraiment le faire mais je pense à Edward qui me fait confiance pour que je le fasse alors je la suis à l'étage. Nous montons les escaliers, les portes sont fermées, l'ambiance est impersonnelle, je me sens bizarre comme si l'endroit était... glauque. Elle m'emmène vers la dernière porte du couloir, elle me laisse entrer en première. C'est une pièce vide, il y a des marques au sol, des symboles dans un cercle, les lignes sont lumineuses, je m'en approche mais ne dépasse pas le cercle extérieur.

« C'est quoi ça ? Un truc de sorciers ?

« Un télé-porteur, m'annonce Angéla. Et non, nous ne sommes pas des sorciers.

« Vous êtes quoi alors ? Demandé-je en me tournant vers elle.

« Angéla est un ange, je suis un aesir.

Je me tourne vers le père d'Angie qui vient d'apparaître au centre du cercle.

« Un aesir ?

« Un dieu, si tu préfères.

Je recule d'un pas.

« Ça fait un moment que je t'attendais, tu veux enfin être sauvée ?

Je le regarde avec méfiance. Mon reflet cogne ses poings contre la fenêtre sur laquelle il apparaît.

– Ne le laisse pas te sauver ! Grogne-t-elle. Ce n'est pas un sauvetage ! Ça ne va pas te sauver.

Mickael m'empoigne le menton pour me forcer à le regarder dans les yeux.

« Veux-tu être sauvée ?

Je le fixe dans les yeux, j'hésite.

« Pas question, décidé-je.

Son visage se crispe, il me repousse et je heurte violemment le mur derrière moi, ma tête me fait mal, je passe ma main dessus et sens un liquide visqueux. Quand je regarde mes doigts, ils sont tâchés de sang. Mon reflet avait raison, ce n'est pas un sauvetage. Il lève sa main et je reviens vers lui, mes pieds glissent sur le plancher sans que je ne puisse m'arrêter, je me trouve à nouveau près de lui, il me fixe, le visage impassible.

« Je te sauverai, que tu le veuilles ou non.

Il me cogne d'un coup de poing dans la mâchoire et à nouveau, je vole jusqu'au mur que je heurte.


Quand je reprends connaissance, je ne suis plus dans la pièce bizarre mais dans une grande salle, un mur blanc me fait face avec une barre horizontale située à hauteur de taille, le parquet du sol est luisant, je pense que je suis dans une salle de danse et voir les portes des vestiaires à ma droite me le confirme. Mes bras son attachés aux accoudoirs de la chaise sur laquelle je suis, mes chevilles sont liées aux deux pieds avant de la chaise. Je tire sur mes poignets pour essayer de détendre les sangles mais elles sont bien serrées et je ne réussis qu'à me brûler la peau.

« Es-tu prête à commencer ?

C'est la voix de Mickael, je me rappelle qu'il m'a frappé et m'a cognée contre le mur à deux reprises. Il est là pour me faire du mal et Edward... est d'accord avec ça. Parce qu'Edward est télépathe donc il sait, il le savait en m'y emmenant. Peut-être que je regrette cette clause de notre contrat qui lui permet de faire ce qu'il veut pour m'empêcher de faire du mal aux autres. Je ne pensais pas qu'il le ferait en me faisant du mal à moi. Je soupire. Qu'est-ce que je peux faire, maintenant ? Mickael sort de sa cachette, enfin, il était juste derrière moi depuis le début. Il me regarde furieusement.

« Penses-tu ne pas avoir besoin d'aide ? Me demande-t-il.

Il se penche, posant ses mains par dessus mes avant-bras pour s'appuyer dessus.

« Crois-tu que nous allons te laisser te révéler, jeune fille ?

« Je n'ai pas besoin de votre aide, asséné-je. Je ne veux pas faire votre truc, laissez-moi partir.

« Pas question, gronde-t-il. Tu es de plus en plus maléfique Bella et c'est mon devoir de t'empêcher de l'être davantage.

Il me tourne brusquement, la chaise grince sur le parquet et je fais face à un immense miroir qui recouvre l'entièreté du mur qui me fait face à présent. Mon reflet me reflète normalement, je baisse le regard, craignant qu'il ne change.

« Regarde-toi, grogne Mickael.

Il enserre mon menton et me force à relever la tête pour me forcer à me regarder. Je me demande s'il a déjà repéré mon reflet et si, du coup, il sait.

« Que vois-tu ? Demande-t-il d'une voix froide.

« Une fille plutôt mignonne, je réponds avec affront.

« Une menteuse ! Une manipulatrice.

Je ne crois pas qu'il sache pour mon reflet, finalement.

« La digne fille de son père, lance-t-il avec mépris en me relâchant.

Je bloque mon regard dans le sien à travers le miroir.

« Vous ne parlez pas de Charlie j'imagine ?

Il a un bref rire désabusé.

« Charlie n'est qu'une victime de votre machinerie.

« C'est faux, objecté-je.

Mickael revient devant moi, maintenant qu'il ne regarde plus vers le miroir, mon reflet-zombie se permet d'apparaître.

– Laisse-moi le tuer, demande-t-elle de sa voix rauque dans ma tête.

Je détourne le regard vers Mickael.

« Je n'ai rien fait à mon père.

« Menteuse, souffle-t-il. Tu n'arrêtes pas de mentir, de manipuler et ton père n'a pas échappé à tes actes de malfaisance.

« Ce n'est... je n'ai jamais voulu lui faire de mal.

« Mais as-tu voulu faire l'inverse ? L'as-tu réconforté quand il en avait besoin ? Lui as-tu dis une seule fois que tu l'aimais ? L'as-tu seulement aimé ?

Je plisse la bouche.

« Je ne sais peut-être pas réconforter les autres mais je l'aime.

« Menteuse ! Hurle-t-il.

Je le foudroie du regard.

« Tu ne ressens aucune émotion, argue-t-il. Ne crois pas que je ne le sais pas.

« Peut-être que je ne ressens pas mes émotions, la plupart du temps mais je les ai ressenties durant quelques jours et je l'aime. Il est mon père.

« Il n'est pas ton père.

À mon tour de lancer un bref rire désabusé.

« Il n'a pas besoin d'être celui qui m'a conçue pour être mon père. Il est mon père.

« Soit.

Ça semble lui arracher la bouche de l'admettre.

« Parlons de ta mère, à présent.

Je fronce les sourcils.

« Tu l'as tuée.

« Non, je ne l'ai pas tuée. Elle a juré sur sa vie pour un mensonge. Je ne pensais pas qu'elle mentait et je pense que même elle pensait que son serment était basé sur la vérité mais... c'était faux. Je n'ai rien pu faire.

« J'aurais pu la sauver, grogne-t-il.

« Non, vous ne l'auriez pas sauvée. Vous l'auriez fait disparaître.

Il fronce les sourcils et penche la tête.

« Ai-je tort ? Demandé-je. Elle serait morte de toute façon, n'est-ce pas ? Et je ne l'aurais jamais revue.

« Oui, elle serait morte mais son âme aurait été sauvée.

Je secoue la tête.

« Vous l'auriez fait disparaître, son âme.

« Penses-tu qu'elle soit bien, là où elle est, à présent ?

« Je ne le pense pas, commencé-je.

Il sourit pensant qu'il obtient enfin quelque-chose dans son sens.

« Je le sais, terminé-je.

Son air se renfrogne.

« Je l'ai sentie, je sais qu'elle se sent bien, là où elle est.

Il est surpris.

« Tu... l'a sentie ? Après sa mort ?

Je hoche la tête. Ça lui donne à réfléchir.

« Parlons de ton époux, maintenant.

« Quoi, encore ?

« Tu l'as manipulé, tu n'as fait que ça et regarde où tu l'as mené, maintenant.

« Il le sait.

« Arrives-tu à mentir sans que je ne le décèle ?

« C'est impossible, normalement, ajoute-t-il dans un murmure.

« Non, il l'a compris tout de suite, il le savait depuis le début et... c'est lui qui m'a manipulée pour que je l'épouse.

Je fixe Mickael et lui envoie un sourire dédaigneux.

« Bien, sourit-il.

« Quoi, bien ?

« Tu es encore sauvable.

« Laissez-moi tranquille.

Mon regard se tourne vers mon reflet, celui-ci me regarde furieusement.

– Laisse-moi le tuer, laisse-moi le tuer, laisse-moi le tuer, laisse-m...

Je détourne le regard vers Mickael qui cherche dans une mallette à outils.

« Vous allez me tuer ?

« Non, je vais te sauver, je te l'ai dit.

« Comment ?

« En t'empêchant de mentir, si tu ne peux pas mentir, tu ne pourras plus user de tes ruses pour manipuler les autres. Et tu ne pourras pas te révéler, ce qui te sauvera.

Il se lève et se tourne vers moi, dans la main, il a des cisailles. Je fronce les sourcils et essaye de me défaire de mes sangles à nouveau.

« Je vais te couper la langue, m'annonce-t-il avec calme.

Mon regard se porte à nouveau vers mon reflet.

– Laisse-moi le tuer, demande-t-il à nouveau.

– Oui, je réponds dans ma tête.

Mickael agrippe ma mâchoire.

« Ouvre grand.

Je serre les mâchoires, il appuie sur mes joues, essayant d'éloigner mes dents les unes des autres. Mon reflet est debout, contre le miroir de l'autre côté.

« Ouvre, je te dis, grogne-t-il.

Mon reflet n'est plus dans le miroir. Il est de notre côté, dans la réalité.

« Non, répond-elle de sa même voix éraflée mais cette fois, ce n'est pas dans ma tête.

Mickael me relâche et se tourne.

« Quoi ?!

Ma copie se jette sur lui et plaque ses mains sur son visage. Mickael la poignarde avec ses cisailles mais ça n'affecte pas ma copie.

« Je suis déjà morte, sourit-elle.

Les contours des yeux de Mickael se nécrosent ainsi que ses doigts puis il tombe à terre sans vie. Je le regarde puis je lève les yeux vers ma copie qui n'est plus là où je la voyais dans ma vision périphérique. Elle se trouve désormais au même endroit mais dans le miroir, sans aucune blessure. Elle se réinstalle sur la chaise, ses poignets et ses chevilles traversent les sangles pour être à nouveau attachée comme moi, elle me sourit avec complicité.

« Bien, je fais quoi, maintenant ? Marmonné-je.

J'attends que quelqu'un vienne, n'importe qui pour me détacher mais je n'ai pas à attendre longtemps avant qu'Edward n'apparaisse, debout devant le cadavre de Mickael. Son regard se tourne vers moi, il semble se téléporter jusqu'à moi, sa main se pose sur ma joue.

« Je suis désolé, je ne savais pas.

Il arrache les sangles de mes poignets puis de mes chevilles. Je me lève et fais quelques-mouvements pour détendre mes muscles.

« Comment as-tu pu ne pas le savoir ? Il voulait me couper la langue.

« Je sais, souffle-t-il.

Bah voilà.

« Parce qu'Angéla vient de me le dire. Je ne le savais pas avant parce que je ne peux pas lire les pensées de ce type ni celles d'Angéla.

« Quoi ?

« Angéla est un ange et lui est un aesir, c'est un dieu.

« Ouais, il m'a dit ça. Angéla est un ange, c'est logique, maintenant que je le sais.

« C'est elle qui te ramenait son livre à chaque fois que tu le jetais.

J'écarquille les yeux.

« Un moment, j'ai cru que j'étais folle. Mickael savait qui était mon père.

« Il te l'a dit ?

« Non.

« Comment tu l'as tué ?

« C'est pas moi, c'est mon reflet. Il est venu dans la réalité.

« Quoi ?

« Ouais, je n'avais plus de reflet dans le miroir, il était là et il l'a tué.

Je pointe l'endroit où mon reflet se tenait quand il a assassiné le dieu.

« Mickael était taré, je ne suis pas mécontente qu'il soit mort et je n'ai pas de remord. Il était complètement dingue. Il pense que faire disparaître ma mère l'aurait sauvée, il pense que me couper la langue me sauverait. Je veux savoir c'est quoi cette histoire de révélation et qui est mon père et ce que je suis. Je veux savoir tout ça. Nous devons aller voir les Volturi.