Rating : M à cause d'une scène explicite réservée aux adultes.

Pardon pour les fautes


PARTIE 2

Un violent frisson la réveilla soudainement. Ses paupières s'ouvrirent et le temps d'une fraction de seconde, Nami douta de les avoir bien ouvertes. L'obscurité était totale et l'air glaciale. Sa main attrapa le rebord de la couverture pour la ramener sur son épaule dénudée alors que son corps tout entier grelottait. Comment se faisait-il qu'il fasse si froid ? L'odeur de la fumée était beaucoup plus prononcée, plus âcre, signe que quelque chose clochait avec le feu de cheminée. Dans la pénombre, son regard chercha l'âtre, qu'il mit un certain à localiser. De petits points rougeoyants mais faiblards, luisaient dans la noirceur de la pièce, vestiges de ce qui avait été un foyer incandescent il n'y a pas si longtemps. Merde ! le feu s'était éteint, comme l'avait prédit Zoro. Elle avait bêtement espéré qu'il se tromperait, ou que le feu se consumerait plus lentement pour durer au moins jusqu'à l'aube. Malheureusement, ils ne devaient même pas être au milieu de la nuit, et le peu de chaleur qu'ils avaient gagné, s'était dissipée en un rien de temps. Et si Zoro avait vu juste sur l'espérance de vie du feu, il devait avoir également raison sur le manque de bois pour l'alimenter. Quelle poisse !

Nami replia ses jambes pour se mettre en position fœtale et en serrant le bord de la couverture pour qu'elle bloque la moindre entrée d'air à partir de son cou. Rien à faire. Les minutes suivantes, elle les passa à greloter inlassablement. Plus elle se recroquevillait, plus elle tremblait. Et l'autre gros animal qui dormait paisiblement à côté !

Tiens… en y réfléchissant, peut-être que si elle se rapprochait un peu, elle pourrait profiter de sa chaleur d'homme des cavernes… NON ! Sa fierté le lui interdisait !

Mais en même temps, elle mourrait de froid ! Si elle se glissait doucement à côté de lui, sans le toucher pour autant, cela ne devrait pas le déranger…

Toutefois, il y avait un truc qui la chiffonnait. Elle ne l'entendait pas ronfler. Or, pour le voir dormir plus de 50 % du temps sur le Sunny, elle savait qu'il ronflait. Se pourrait-il que le froid l'ait réveillé lui aussi ? Ça semblait peu probable, mais par soucis du détail, Nami jeta un coup d'œil par-dessus son épaule en tremblotant. Sa vision s'était adaptée à l'obscurité, bien que ce ne soit pas parfait et à la hauteur d'un nyctalope, elle pouvait tout de même discerner la silhouette du bretteur. Il ne paraissait pas avoir bougé, son dos formait toujours un mur de muscle derrière elle qui servait à la maintenir à distance. Dans le froid.

Nami détourna rapidement le regard de son coéquipier pour continuer à se les geler tout en le maudissant. Peut-être que si elle fermait les yeux à nouveau, le sommeil finirait par la capter et l'entrainerait dans ses méandres, lui faisant oublier sa condition physique.

Les tremblements se transformèrent en convulsions et le sommeil se refusa désespérément à elle tant qu'elle n'aurait pas gagné quelques degrés. Elle envisagea d'aller chercher ses vêtements, certainement à moitié secs, mais rien que la perspective de sortir de la couverture, fit redoubler l'intensité de ses trépidations. Allez ! Endors-toi ! endors-toi ! répéta-t-elle comme un mantra dans sa tête. J'ai tellement froid !

Dans son dos, il y eu un froissement de tissu et le matelas bougea, mais elle était trop frigorifiée pour s'en inquiéter. Sans doute, Zoro avait-il remué dans son sommeil, le veinard ! Le même bruit recommença quelques secondes plus tard mais Nami l'ignora. Du moins jusqu'à ce qu'elle sente une douce chaleur venir lui chatouiller le dos. C'était très subtil, mais l'écart de température était perceptible, et elle ouvrit brusquement les yeux car une seule réalisation s'imposa à son esprit. Zoro s'était rapproché. Le peu qu'elle percevait était tellement agréable qu'elle en voulait plus, mais cela signifiait coller ce gros abruti, et il en était hors de question. Elle devait faire avec le peu qu'il lui offrait inconsciemment. Ses convulsions diminuèrent, bien que ce ne soit pas encore ça, cependant, le problème était désormais autre. La proximité avec l'épéiste l'empêchait de se détendre et d'envisager de fermer les yeux pour dormir. En plus de cela, elle eut l'étrange impression d'être observée, qu'un regard était braqué sur sa nuque. C'est là qu'une idée farfelue lui traversa l'esprit et lui ôta toute possibilité de s'endormir. Et si Zoro s'était rapproché sciemment ? Soudain, ses sens se mirent en alerte. Elle tendit l'oreille pour écouter la respiration de son compagnon, mais celle-ci était toujours égale. Un rythme lent et calme, dont le souffle venait effleurer certaines de ses mèches rousses. Nami se crispa. A quel point était-il proche d'elle, si elle parvenait à sentir son souffle sur ses cheveux ?!

Argh ! oublie ça ma fille, ferme les yeux et endors-toi ! se fustigea la rouquine. Il ne faut surtout pas qu'il sente que ça te perturbe. Ignore-le.

Elle lutta encore quelques minutes de plus, avec les yeux clos, et en essayant la fameuse tactique de compter les moutons dans sa tête. Complètement inutile, si vous voulez son avis. Pour tout dire, elle se sentait plus réveillée que jamais. Forte de son ennuie et de sa lassitude, Nami tenta un timide coup d'œil par-dessus son épaule, avec la crainte de se retrouver épinglée par une prunelle d'acier.

Ouf ! Son œil était clos et la navigatrice laissa échapper un bref soupir silencieux. Zoro s'était effectivement tourné, mais il restait dans la même position avec son bras replié sous sa tête, et il était en effet, plus proche. Son visage était paisible, d'après le peu qu'elle distinguait, ce qui la fit remettre en question ses théories sur les actions du bretteur. Il avait l'air de dormir comme un bébé.

Son esprit fut brusquement en proie à l'hésitation. Il y avait encore de l'espace entre eux, peut-être qu'elle pourrait se tourner également, pour profiter un peu plus des radiations de chaleur qu'émettait son coéquipier ? Le problème c'est qu'elle serait plus vulnérable dans cette position, et s'il venait à se réveiller, elle n'avait pas envie qu'il se fasse de fausses idées. Argh le dilemme !

Son regard se posa une nouvelle fois sur le visage endormi de Zoro et Nami se mordit la lèvre.

Tant pis !

Tout doucement, elle allongea ses jambes et pinça les lèvres pour ne pas siffler au contact de la morsure du froid. Tel un ver de terre, la jeune femme manœuvra son corps avec mille précautions, bougeant millimètre par millimètre, une main tenant la couverture et l'autre sécurisant sa poitrine. Pas besoin que les jumeaux ne viennent gâcher ses efforts à cause d'une prise d'indépendance malheureuse. Elle était très fière de ses formes, mais autant de générosité avait parfois ses inconvénients.

Une fois que Nami fut sur le flanc, elle contorsionna son bras pour le caller sous sa tête afin de copier la position de son comparse. Désormais, elle avait une vue imprenable sur les traits de ce dernier, et elle pouvait même sentir la légère caresse de son souffle sur son visage. Difficile de ne pas le trouver mignon quand il paraissait aussi détendu, avec ces quelques brèves traces encore visibles, du jeune garçon qu'il avait été.

Sa chaleur radiante arrivait petit à petit jusqu'à elle, mais restait trop faible pour apaiser les tremblements qui continuaient de l'agiter. Cependant, pas question d'abuser non plus, elle était déjà au maximum de la proximité que tolérait leur amitié. Alors, la jolie rousse ferma les yeux pour repartir en quête des portes du royaume de Morphée.

Elle les ouvrit quelques minutes plus tard, avec encore cette sensation d'être observée, mais l'expression de l'épéiste était toujours lissée par le sommeil. Après un rapide coup d'œil dans l'obscurité de la pièce, Nami ne constata rien d'anormal. Est-ce qu'elle devenait dingue ? Se poser ce genre de question n'était jamais très plaisant et elle hésita un instant à donner un coup de poing sur la tête de Zoro pour l'engueuler si jamais il s'amusait à la faire tourner en bourrique. Finalement, elle se ravisa et ferma ses paupières, inutile de lui pourrir sa nuit si elle-même n'arrivait à pas trouver le sommeil.

Ses efforts commencèrent à porter leurs fruits quand son esprit s'apaisa, à défaut de ses tremblements, et qu'une douce brume léthargique l'enveloppa petit à petit. Elle pouvait le sentir, elle était sur le pas de la porte du pays des songes, mais étrangement, quelqu'un se trouvait là, devant elle. Une silhouette familière, qui semblait l'attendre. L'ombre se dissipa, chassée par la lumière qui révéla une carrure massive, faite de muscle mais aussi ébréchée par une longue cicatrice, puis un visage, carré, avec une légère courbe équivoque sur ses lèvres, entre le rictus et le sourire. Les trois boucles d'oreilles dorées étincelaient d'une lumière chatoyante à chaque mouvement de respiration, presque imperceptible à l'œil nu. Enfin, cette chevelure gazonnante, hérissée de fines mèches, comme ces vastes prairies où paissaient les animaux. Une lueur énigmatique dansait dans son regard avant qu'il ne tourne les talons et ne disparaisse brusquement dans la brume.

Pour une raison qui lui échappa, ou peut-être était-ce de penser à lui avant de s'endormir, ses yeux papillonnèrent doucement pour la ramener à la réalité. Sa vision, d'abord trouble, s'ajusta à la noirceur pour enfin faire le point sur le bas du visage de son compagnon. Ses lèvres pincées, formaient une fine ligne droite, alors qu'elle s'était presque attendue à les voir recourbées dans une vague esquisse de sourire. Difficile de l'avouer à voix haute, mais Nami aimait le moindre de ses sourires, qu'il soit sincère, amusé, enfantin, fier, ou encore narquois, sadique, voir même vicieux… Par moment, quand son esprit vagabondait un peu trop librement, un peu comme le cas présent, certaines questions revenaient souvent. Quel goût avaient-elles ? Quel effet cela faisait-il de les sentir sur sa peau ? ou bien sur les siennes ? Puis son imagination profitait d'un moment de faiblesse, causé par sa curiosité et son désespoir, pour prendre le relais.

Elle les imaginait fermes, légèrement salées avec les embruns de la mer, mais aussi un peu maladroites à cause de l'inexpérience. Dans son imaginaire, ce baiser était timide mais non moins attendrissant. Parfois, elles étaient douces, presque caressantes comme pour ces baisers langoureux qui étaient décrit dans les romans à l'eau de rose, qu'il lui arrivait secrètement de lire de temps à autre.

Puis il y avait ces fois, où, au fond de son lit, aux heures les plus sombres de la nuit, la partie plus retord de son esprit s'amusait de son manque de contact humain. Alors les lèvres de l'épéiste devenaient brutales et impétueuses. Elles exigeaient sans retenue et dévoraient sa peau dans une danse infernale. Ses baisers étaient durs, un mélange obscène de dents et de coups de langue, aussi animal que leur propriétaire, qui enflammaient sa chaire et son sang. Ils avaient le goût du rhum ou bien du saké, qu'elle pouvait savourer lorsque Zoro envahissait sa bouche avec cette passion dominatrice.

Ces pensées-là étaient les plus perturbantes car elles la laissaient en émoi mais surtout honteuse, d'imaginer son nakama ainsi. Et au final, cela l'empêchait de passer réellement à autre chose. Ces fantasmes alimentaient, contre sa volonté, un espoir qui n'avait pas lieu d'être, et comme à chaque fois, cette réalisation était plus ou moins douloureuse.

Heureusement que Zoro dormait, au moins il n'aurait pas à être témoin de son trouble, sans parler du fait que ce serait très malaisant pour lui comme pour elle.

Son regard délaissa la source de ses fantasmes pour remonter un peu plus haut afin d'apprécier encore une fois, l'apparence de son visage paisible.

Un œil sombre la fixait sans sourciller, là où ses deux paupières auraient dû être closes. La respiration de la jeune femme se figea aussitôt et ses yeux s'élargirent sous l'effet de surprise. Elle se sentit soudainement prise au piège et le peu de réserve de chaleur qu'elle avait réussi à se constituer, se volatilisa en un éclair. Pourtant, Nami n'avait rien fait de mal. Elle avait juste détaillé les lèvres de son nakama le temps de quelques secondes, ce n'était pas un crime, et les pensées qu'elle avait eues, aussi peu appropriées soient elles, restaient secrètement dans sa caboche. Donc pas de quoi s'inquiéter.

Sauf que le problème était là, dans cette prunelle obsidienne. Il la scrutait… non. Zoro la transperçait du regard, et aller savoir pourquoi, elle avait la sensation qu'il pouvait voir à travers son crâne, lire chacune de ses pensées qu'elle se désespérait de garder secrètes. C'était frustrant. Très frustrant, et à la fois gênant. Cependant, Nami était incapable de détourner le regard, car il y avait quelque chose d'autre dans l'éclat d'onyx, quelque chose qui la captivait. Ses traits étaient toujours détendus. Pas de froncement, pas de plis soucieux entre les sourcils, pas de rictus dépréciatif. Un calme plat, alors que la situation était tout sauf relaxante. Zoro ne semblait pas dérangé par la proximité, d'ailleurs, il ne paraissait même pas avoir remarqué. Tout simplement parce qu'il n'avait d'yeux que pour elle. C'était comme s'il la découvrait pour la première fois… non, plutôt comme s'il prenait le temps de vraiment la voir elle, la personne qui elle était au fond d'elle.

Voilà pourquoi Nami ne pouvait détacher ses yeux, car elle n'en n'avait pas envie. La succession de barrières qui les maintenaient constamment à distance, celles que chacun avait mis en place dès leur première rencontre, celle qu'elle avait d'abord érigé en se rendant compte de l'attirance qu'elle éprouvait pour lui. Celle qu'il avait lui-même bâti quand Sanji avait intégré l'équipage et commencé à la courtiser. Puis cette immense muraille qui s'était dressée entre eux lorsqu'elle lui avait avoué ses sentiments, sans parler de toutes les autres qui s'étaient instauré au fur et à mesure pour les éloignés sciemment. Elles volèrent toutes en éclat.

Un frisson, plus violent que les autres, ébroua son corps, mais elle était trop absorbée par l'intensité du regard de Zoro pour s'en soucier. En revanche, ce ne fut pas le cas de ce dernier, car quelque chose vacilla dans cet iris charbonneux et deux secondes plus tard, la couverture se mit à remuer. Du coin de l'œil, elle le vit bouger lentement son bras avant de comprendre que celui-ci se dirigeait vers elle. Le cœur de la jolie rousse se mit à battre plus fort, et les questions se multiplièrent dans sa tête. Que faisait-il ? Qu'est-ce qui lui prenait ? Est-ce qu'il allait vraiment la toucher ? Est-ce que ça main allait vraiment entrer en contact avec sa peau nue ? Devait-elle le laisser faire ? Ou le stopper avant que son esprit n'interprète mal ce geste ?

Plus son cerveau carburait à trouver des questions sans réponses, plus l'organe dans sa poitrine s'affolait, jusqu'à ce que la main ne s'arrête à quelques centimètres d'elle. Il y eu un moment de flottement durant lequel, Nami put lire l'interrogation muette dans le regard de son camarade. Il lui laissait le choix de poursuivre, avec l'incertitude, pleine de danger, que provoquerait cette nouvelle proximité, ou bien de battre en retraite et de faire comme si de rien n'était.

Un frisson plus violent que les autres répondit à sa place, et la main combla la faible distance qui les séparait. D'abord, ses doigts effleurèrent timidement sa peau et lui arrachèrent d'autres tremblement qui n'avaient rien à voir avec le froid. Zoro continuait de la fixer dans les yeux, s'abreuvant de la moindre réaction que son contact suscitait. Puis sa main s'enveloppa de toute sa largeur, autour de sa hanche afin d'en épouser la courbe, et sa chaleur se diffusa rapidement. Cela faisait tellement de bien, qu'elle en ferma les paupières pour savourer chaque seconde. Très vite, elle en voulut plus. Elle voulait que tout son corps soit recouvert de cette chaleur bienfaitrice, que les mains de Zoro incendient la moindre parcelle de peau.

Comme s'il avait lu dans ses pensées, sa grosse main rugueuse remonta lentement pour suivre la courbe de son flanc, caressant ses côtes avec une délicatesse insoupçonnée. Les yeux de la navigatrice s'ouvrirent aussitôt pour replonger dans l'orbe de mercure qui ne cessait de l'épier.

Etrangement, ses doutes et sa gêne, s'étaient envolés comme par magie, comme si son esprit s'était vidé pour ne se concentrer uniquement sur ce qu'elle ressentait. Ce moment, Nami l'avait tant rêvé, tant désiré au plus profond d'elle-même. Alors qu'importe jusqu'où ils allaient, qu'importe s'il s'agissait d'une erreur, qu'importe si Zoro niait tout en bloc au lever du jour, elle chérirait cet instant à jamais. Cet interlude durant lequel, leur proximité n'avait jamais été aussi étroite.

Ses caresses se prolongèrent dans son dos. Il évitait soigneusement les zones « dangereuses », mais ses gestes révérencieux abritaient une sensualité indéniable. Ses mouvements étaient lascifs et emprunts de curiosité, comme s'il découvrait une chose encore plus précieuse que ses lames. Ce respect ou cette admiration, ne la laissaient pas indifférente et ravivaient des sentiments qu'elle avait essayé de supprimer. Une nouvelle source de chaleur se forma dans son bas-ventre, similaire à un petit soleil qui étendait progressivement ses rayons et qui chassait le froid hors de son corps.

Oserait-elle ? Nami se mordit la lèvre, et au moment où la main de Zoro passa entre ses omoplates, elle fut prise d'audace. A son tour, ses doigts fins retracèrent les muscles arrondis de son bras, et elle scruta la réaction de son compagnon. Aucune ne fut visible, en revanche la paume qui voyageait dans son dos cessa ses divagations pour appuyer doucement au milieu de celui-ci. Mue par sa curiosité et l'envie de découvrir l'effet que pouvait produire le corps musculeux de l'épéiste contre le sien, Nami se laissa glisser vers lui. Cependant, elle continua de sécuriser sa poitrine à l'aide de son autre bras, pour le moment, jugeant que leur rapprochement n'était pas assez intime pour se dévoiler totalement.

Elle en profita pour s'aventurer plus loin dans l'exploration de ce territoire inconnu, même si Zoro avait stopper le rapprochement à quelques centimètres seulement. Ils y allaient par étape, comme des paliers de décompression, histoire de s'habituer à la présence de l'autre, après tant de temps passé à se rejeter.

Le souffle de l'ancien chasseur de pirate, balayait son visage successivement au rythme de sa respiration, et les yeux de la rouquine furent immanquablement attirer vers ses lèvres closes. L'envie de les goûter enfin se faisait plus pressante, mais elle ne voulait pas être celle qui ferait le premier pas. Zoro avait initié cette partie, c'était donc à lui d'en définir les termes.

Alors son regard suivit le chemin de ses doigts qui arpentèrent la surface bosselée de son épaule, puis celle de son dos. Là, elle découvrit que, au-delà de la fermeté naturelle de ses muscles, sa peau était bien plus douce qu'elle ne se l'était imaginée. Nami découvrit également que c'était une sensation qu'elle appréciait beaucoup, et qui la confortait dans son envie d'en apprendre plus.

Le moment n'était pas à la précipitation, et cela lui convenait parfaitement. L'exploration mutuelle se poursuivit de cette façon pendant plusieurs minutes, sans que les gestes ne deviennent plus hasardeux. Pas un mot. Juste le faible sifflement de leurs respirations et le délicat bruissement de la couverture qui trahissait leurs mouvements.

Finalement les caresses de Zoro se firent plus audacieuses, lorsqu'il descendit le long de sa cuisse pour la parcourir de haut-en-bas. Ses doigts dérivèrent subtilement sur la courbe de ses fesses à plusieurs reprises, s'aventurant un peu plus loin à chaque passage. De son côté, Nami devenait également plus entreprenante dans ses attouchements. Elle avait délaissé l'exploration de son dos, pour passer devant, où elle massait sans retenu, les muscles saillants de ses pectoraux, et laissait ses ongles érafler la chair ferme pour le sentir frémir sous ses doigts.

La température ne cessait de croitre dans leur petite alcôve, formée par la couverture. Les corps s'échauffaient à mesure que l'excitation gagnait, et imprégnait l'air autour d'eux. Jusqu'au moment où Zoro immisça sa main entre ses cuisses. Nami crut que son cœur s'était arrêté de battre et elle ouvrit la bouche sur un gémissement silencieux quand les doigts glissèrent lentement contre son intimé moite. Un contact à peine plus lourd qu'une plume, mais qui venait d'embraser de façon totalement inédite, un lieu encore inexploré.

Une étrange expression de curiosité se dessina sur le visage sombre du jeune homme, et ce dernier réitéra son geste. En récompense, Nami planta ses ongles dans son biceps tout en le fixant droit dans les yeux alors qu'elle aspirait l'air qui lui manquait désespérément. Dans la noirceur qui nimbait la pupille de l'épéiste, elle pouvait très nettement y voir une soif grandissante. C'était indéniable, Zoro aimait ce qu'il voyait. Il aimait la voir se décomposer, la voir succomber à ses attouchements.

Son signal était là. Le point de non-retour n'était pas encore franchi, mais elle filait droit sur lui. Cela aurait dû lui faire peur, cependant, l'excitation était bien trop grande et le feu dans son ventre, bien trop dévorant pour qu'elle ne s'arrête maintenant. Le moment qu'elle attendait tant était enfin arrivé.

Alors, Nami utilisa sa main solidement accrochée au bras de son amant pour tirer dessus, et l'obliger à bouger. Zoro ne résista même pas. A l'aide de son autre bras, il décolla du matelas et se laissa guider comme elle le souhaitait, sans pour autant stopper ses caresses sur l'entre-jambe de la rouquine.

Selon ses instructions, la carrure imposante du bretteur la domina, et elle put enfin oser libérer sa poitrine de son entrave. Un faible espace les séparait toujours, entretenu par Zoro qui se maintenait à distance à l'aide de son avant-bras, au grand regret de Nami. Toutefois, avec une main supplémentaire, cela lui donnait l'occasion de couvrir deux fois plus de terrain. Qu'importe où ses doigts naviguaient sur cet océan de bronze, une force brute émanait de chaque pore de sa peau, de chaque tressautement de muscle.

Ceux de Zoro travaillaient méticuleusement entre ses lèvres détrempées, flattant par moment le petit bouton érogène qui lui arrachait des tremblements incontrôlés. Une chaleur infernale envahissait toute la partie inférieure de son corps en même temps que la tension dans son abdomen ne cessait de croitre. Soudain, son index plongea timidement dans son antre humide, s'arrêtant à la deuxième phalange avant de se retirer. Nami hoqueta de surprise mais leva son bassin pour aller à la rencontre de ce contact inédit lorsqu'elle le sentit disparaitre. Alors Zoro consentit à poursuivre son œuvre.

La jeune femme se mordit la lèvre pour réprimer le gémissement sonore qui montait dans sa gorge. Sa main s'enroula autour de la nuque épaisse de son amant, puis tira dessus pour le contraindre à fondre sur sa bouche offerte. Il se laissa faire, et croyant qu'elle allait enfin réussir à goûter ce qui la fascinait depuis tant de temps, Zoro s'arrêta à quelques millimètres du but ultime. Et ce malgré la pression qu'elle exerçait sur sa nuque. Mais elle ne s'avoua pas vaincue, et leva la tête pour aller à sa rencontre. Il recula aussitôt, pour garder la même distance infime entre eux, et après quelques tentatives infructueuses supplémentaires, ainsi qu'un regard suppliant, elle comprit qu'il se jouait d'elle. Zoro la torturait sciemment. Pour preuve, il logea sa tête dans le creux de son cou et chatouilla sa jugulaire du bout de son nez.

Se sentant sur le point d'exploser, Nami attrapa le poignet de l'épéiste et l'écarta vivement de son entre-jambe palpitant. Cela attira l'attention de Zoro, qui releva la tête et lui lança un regard interrogateur. Pour seule réponse, une des mains de la jeune femme fila directement entre eux, pour venir s'enrouler autour de son membre érigé. Les deux amants écarquillèrent les yeux et le Supernova émit un grognement sourd lorsqu'elle le massa dans sa longueur. Il retrouva sa place dans son cou, respirant lourdement contre sa peau et s'affaissa quelque peu sur elle. Nami eut le loisir de sentir son torse caresser la pointe de ses seins à chacune de ses inspirations.

Zoro agrippait fermement la couette et le matelas de chaque côté de la tête de la jeune femme. Ses muscles se contractaient et roulaient sous sa peau, comme s'il se restreignait de s'adonner complètement à elle, malgré les légers coups de reins qu'il donnait pour l'accompagner dans son mouvement. Elle aimait cette sensation de pouvoir sur lui, c'était grisant, excitant. Soudain, Nami eut envie de savoir ce que cela faisait de le sentir en elle, de ne faire plus qu'un, pour sentir sa force et sa puissance la traverser.

Si elle ne le faisait pas maintenant, elle le regretterait à coup sûr, car elle était persuadée que l'occasion ne se représenterait plus. Qu'importe s'il emportait avec lui, le dernier vestige de son innocence.

Nami leva une de ses longues jambes, afin de l'arrimer à la hanche du bretteur, puis guida son membre turgescent pour l'aligner avec son intimité. La tête enflée, caressa ses lèvres et lui tira un soupir de satisfaction. Cependant, sentant que les choses devenaient très sérieuses, Zoro redressa la tête et cessa de remuer, pour venir se saisir délicatement du poignet de son amante, avec une question muette dans le regard. Cette dernière refusa de céder. Sa main demeura solidement en place et elle le fixa droit dans les yeux lorsqu'elle usa de son mollet sur les fesses du jeune homme, pour le pousser vers elle.

La chair écarta la chair, dans une lenteur agonisante, pour se frayer une place dans cet espace étroit. La douleur était bien plus criante que dans son imagination, car Nami n'était pas totalement ignorante, mais elle ne s'était attendue à quelque chose d'aussi vif. Elle planta ses ongles profondément dans l'épaule de son amant et lutta pour retenir le gémissement plaintif qui menaçait de trahir son inconfort. En revanche, elle dû arracher son regard au sien, pour lever les yeux, avec l'espoir qu'il ne remarquerait pas les larmes qui les rendaient vitreux. Cela aurait ruiner tous les efforts qui venaient d'être fait.

Toutefois, Zoro qui avait le regard rivé sur le visage contorsionné de son amante, décela rapidement ce qui n'allait pas, et s'arrêta aussitôt. Pis, il voulut se retirer, ne craignant de la blesser plus qu'il ne le faisait déjà, mais la jambe sur sa hanche se resserra pour l'en empêcher. Alors il patienta, immobile. Au bout d'un moment, il ouvrit la bouche avec l'intention de lui demander ce qu'elle voulait qu'il fasse, mais elle pressa une nouvelle fois sur sa nuque, et cette fois, Zoro se conforma à sa volonté.

Ce premier baiser n'avait rien à voir avec ce qu'elle avait pu fantasmer. Ses lèvres étaient posées avec précaution sur celle de la jeune femme, et comme pour tout le reste de son corps, il n'osait plus bouger. En revanche, il continuait de l'observer, et à une distance aussi rapprochée, cela devenait gênant. A croire que l'inexpérience de sa compagne, le paralysait complètement.

Cependant, il était hors de question que sa douleur et, feu sa virginité, ne viennent gâcher ce moment tant espéré. Nami pressa plus fermement ses lèvres contre celles de son amant puis commença à les bouger, ainsi qu'à les titiller du bout de sa langue pour l'encourager à y répondre. Il hésita un instant avant de l'imiter et Nami eut le plaisir de constater qu'il alla même jusqu'à fermer l'œil. Puis il gagna très vite en assurance et prit le dessus sur leur baiser en profitant d'une ouverture pour glisser sa langue dans la bouche de son amante. La rouquine délaissa sa nuque pour s'agripper à son épaule pendant que l'autre descendait le long de son dos, passant ses reins afin de s'arrêté à l'arrondis de son fessier. Elle planta ses ongles dans la chair ferme, ce qui suscita un grondement chez l'épéiste, mais qu'elle dévora avidement, et appuya sur sa prise. Zoro suivit le mouvement, s'enfonça plus profondément encore, ce qui réveilla la douleur, mais Nami lutta contre celle-ci en s'acharnant sur la bouche du bretteur.

Lorsqu'il fut logé dans son intégralité, Zoro s'arrêta à nouveau, mais l'une de ses mains vint flatter la courbe voluptueuse d'un sein. Son pouce effleura délicatement la pointe érigée et durcie, ce qui fit haleter la jeune femme au travers de leur baiser passionné. A partir de ce moment, la douleur se dissipa très vite, et Nami gigota impatiemment sous lui.

Le corps de l'épéiste se mit enfin en marche. Leurs lèvres se détachèrent et il recula pour mieux l'observer alors qu'il se retirait lentement. Quand il replongea en elle avec la même douceur, une nouvelle vague de chaleur envahit la navigatrice. Cette fois-ci, Zoro ne s'interrompit pas et poursuivit ses coups de reins lascifs. L'air lui manquait et elle hoqueta silencieusement face à ses nouvelles sensations grisantes.

Zoro attrapa sa main qui se trouvait sur ses fesses, puis la plaqua à côté de sa tête et entrelaça leurs doigts, avant de raffermir ses vas-et-viens. Nami se mordit la lèvre pour retenir les gémissements de plaisirs, incapable de détacher ses yeux du visage marqué par la concentration et le désir de son amant. Il était tellement impressionnant, tellement fort, tellement beau, mais surtout, tellement doux. Ce n'était pas une simple baise.

Pour sa première fois, Zoro lui faisait l'amour, avec toute la délicatesse dont il pouvait faire preuve. Leurs deux corps nus se mouvaient en une parfaite synchronisation, rythmés par leur bruit de leurs respirations saccadées. Tout doucement, il l'emmena au bord d'un précipice dont elle ignorait l'existence, située tout en haut d'une montagne. Elle était anxieuse d'y arriver et en même temps, elle n'avait qu'une hâte.

A l'approche de son ravissement, Zoro l'enveloppa tel un cocon, enfouissant son visage dans son cou où il put humer son parfum et gouter la peau légèrement salée à cause de la fine pellicule de sueur qui s'était formée sur eux. Il la couvrait de tout son corps, épousait chaque ligne, chacune de ses courbes, ne laissant que peu de place entre eux, à la limite de ne faire qu'un. Elle s'accrochait à lui, ondulait au rythme de la danse sensuel qu'il lui imposait.

Ses doigts longilignes vinrent se perdre dans la chevelure verdoyante, à l'étonnante douceur qui lui rappela celle de l'herbe printanière. Son autre main allait et venait dans son dos, pour sentir sa force, bien que réfrénée, qui s'écoulait de ses muscles tremblants.

Soudain, la tension dans son bas-ventre arriva à son apogée, puis implosa, irradiant tout son être d'une chaleur irréelle. Zoro en profita pour capturer à nouveau sa bouche et l'emporter dans un baiser à faire tourner la tête. Nami eut l'impression de se faire happer par une force invisible qui la jeta dans le vide, où elle tomba en chute libre. Il absorba le cri aphone qu'elle relâcha tandis que son corps se contractait et convulsait délicieusement. Dans sa lente descente bien que vertigineuse, l'épéiste continua quelques instants, avant de se tendre tel un arc de chasse, dans un murmure guttural.

Il s'effondra sur elle, se retenant de justesse de l'écraser de sa carcasse, mais Nami l'enlaça étroitement pour savourer la sensation de sa peau nue contre la sienne, et surtout pour prolonger leur union.

Finalement, vint le moment où Zoro se sépara d'elle, et laissa une désagréable sensation de vide derrière lui. Il roula sur le côté, mais veilla à l'embarquer avec lui, de façon à ce que la jeune femme se love contre lui, ce qu'elle n'hésita pas à faire une seule seconde.

Les questions arrivèrent petit à petit, à mesure que la douce béatitude de l'état post-coïtal se dissipait. Toutefois, elle se garda de les exposer à voix haute. Ce qui ne fut pas le cas de son compagnon.

- C'était ta première fois, n'est-ce pas ?

La question était plutôt rhétorique, et Nami se contenta d'un simple « hum-hum » comme acquiescement.

- Pourquoi ? Demanda-t-il doucement dans un souffle.

Ce simple mot énigmatique renfermait une multitude d'interrogations, mais elle saisissait ce à quoi il faisait référence. La jolie rousse ferma les yeux et caressa son torse sur lequel reposait sa tête. La longue cicatrice accrochait ses doigts à leur passage, et lui rappelait cette fois, à Arlong Park, où elle lui avait flanqué un coup de poing en plein dans son bandage, sans savoir ce qui se cachait dessous.

- Je ne regrette pas mon choix, si c'est ce qui t'inquiète. Et toi ? pourquoi as-tu voulu de moi, alors que tu m'as clairement dit que tu ne ressentais rien pour moi et alors que tu n'as jamais démontré la moindre attirance envers moi ?

Il n'y avait aucune amertume dans son intonation, elle exprimait seulement un fait. Auquel Zoro ne répondit pas tout de suite. D'ailleurs, elle crut qu'il se murerait dans le silence jusqu'à l'aube et qu'il se détacherait d'elle pour de bon, mais le bras qui ceinturait sa taille et la pressait contre lui, ne bougea pas. Au contraire, il se resserra.

- Tu avais froid, marmonna-t-il.

Le prétexte la fit sourire de par son absurdité. Ce n'était pas un mensonge, mais ce n'était pas la vérité non plus, elle le savait, et c'est ce qui l'amusa. Car derrière cette excuse plutôt légère, ce cachait quelque chose de bien plus grand, bien plus important, qu'il ne semblait pas prêt à avouer. Savoir qu'il n'était plus dans l'indifférence, suffisait amplement à la jolie rousse. Cela n'avait pas d'importance pour le moment, tant qu'elle pouvait encore profiter de sa proximité.

- Tu as raison… j'avais vraiment froid, susurra-t-elle avec un sourire au coin des lèvres.

La fatigue s'empara rapidement de ses membres et noya son esprit dans une douce brume cotonneuse. Le froid n'avait plus d'emprise sur elle, et Nami ne s'était pas sentie aussi paisible depuis belle lurette. Elle se laissa bercée par le battement régulier qui résonnait dans la cage thoracique sous son oreille.

Juste avant qu'elle ne sombre dans l'inconscience, la jeune femme crut percevoir une main qui caressait ses cheveux ainsi qu'une paire de lèvres qui effleuraient le haut de son front, avant que l'obscurité ne la happe complètement.

Le ciel gris s'était quelque peu dégagé, pour stagner en altitude, laissant ainsi la clarté du soleil, éclairer les terres enneigées de l'île, et il était désormais plus facile de se repérer. Nami menait la marche en silence pour redescendre jusqu'au village. Comment avait-elle fait pour se perdre la veille ? C'était impensable, alors qu'à présent, la route lui semblait toute tracée. Zoro la suivait tranquillement derrière, avançant avec nonchalance, mais avec toujours un œil attentif à ce qui se passait autour d'eux.

Comme elle s'y était attendue, à leur réveil à l'aube, ils s'étaient détachés l'un de l'autre sans commentaire. Chacun avait enfilé ses vêtements, secs en l'occurrence, en évitant tout contact visuel. La tension n'était pas vraiment palpable, pas plus qu'il n'y avait de gêne, mais il s'agissait d'un simple retour des choses à la normale.

Quand Zoro s'était assuré qu'il n'y avait plus aucun danger dehors, les deux nakamas s'étaient extrait de la maison sans un regard en arrière, et la jeune femme s'était remise aussitôt dans son rôle de navigatrice. La légère douleur qu'elle ressentait entre les jambes était le seul rappel de ce qu'il s'était produit à l'intérieur de ce refuge, et bientôt seuls ses souvenirs persisteraient. Elle ne regrettait rien, et Zoro ne paraissait pas plus distant ni plus proche que d'habitude, signe que ce qui s'était passé, resterait secrètement entre ses quatre murs en bois.

Mais c'était aussi bien ainsi.

A la mi-journée, les toitures pentues et enneigées des premières maisons se profilèrent devant elle, et avec elles, le soulagement d'être enfin presque arrivée à destination. Nami ne rêvait que d'une chose un bon bain bien chaud ! Et cette perspective la poussa à accélérer la cadence.

Les arbres se clairsemèrent à mesure que les abords de la ville approchaient, et les premières effluves réconfortantes de nourritures lui chatouillèrent les narines. Son ventre grommela aussitôt. Elle en aurait rougi si ses joues n'étaient pas déjà cramoisies à cause du froid. Il est vrai qu'elle n'avait rien englouti depuis la veille au matin, et toute cette marche (sans oublier son activité nocturne), lui avaient ouvert l'appétit. Mais à peine fit-elle irruption dans la première rue, qu'une voix familière la héla :

- Nami !

La jeune femme s'arrêta dans son élan et fit volte-face, surprise de voir Ussop accourir vers elle. Il paraissait sincèrement soulager de la voir, et cela l'étonna quelque peu. Après tout, ils n'avaient disparu que depuis hier. Ou alors, Luffy avait encore causés des problèmes et elle allait devoir gérer les conséquences. L'idée la fit soupirée.

- Heureusement tu n'as rien ! On vous a cherché partout, Zoro et toi, et on commençait à s'inquiéter ! En plus, les gens d'ici nous ont parlé d'un phénomène terrible qui se produit toutes les nuits sur cette île et qui congèle tous ceux qui restent dehors ! Une simple caresse du vent et c'est la mort assurée !

Était-ce ce dont ils avaient été témoin hier au soir, dans cette forêt, et qui les avaient poussés à trouver refuge dans cette maison abandonnée ? Non, à bien y réfléchir, cela semblait peu probable, mourir à cause d'un courant d'air, était totalement surréaliste. Et ce qu'ils avaient vécu hier n'avait rien à voir avec ça. Il s'agissait encore d'une de ses histoires farfelues, et elle n'avait pas envie de perdre du temps avec ses élucubrations. Pas quand elle se les gelait, que son corps la démangeait à cause de la poussière, et qu'elle se sentait poisseuse.

- Je vais bien Ussop, le rassura-t-elle avant de se remettre à avancer.

- Ah euh d'accord… A-attend !

Nami ferma les yeux pour tempérer ses nerfs qui commençaient à bouillonner dangereusement et s'arrêta une nouvelle fois.

- Est-ce que tu…

Cependant, elle ne put connaitre le sens de sa question car elle fut interrompue par un cri tonitruant.

- NAAAAMI-CHEEERRIIIIIEE !

Une tornade blonde, surgie de nulle part, fonça sur eux, obligeant les quelques passants à s'écarter. Oh non… tout mais pas lui. Une soudaine angoisse s'empara d' était bien la dernière personne qu'elle souhaitait voir en ce moment même, après ce qu'il s'était passé avec Zoro dans cette cabane isolée. Malheureusement, le sort s'acharnait contre elle. Durant son périple, Nami s'était tellement focalisée sur la route à suivre pour ne pas les perdre une nouvelle fois, qu'elle n'avait pas réfléchi à ce qu'il se passerait lorsqu'ils retrouveraient leurs amis. En plus, ils n'en n'avaient pas discuté, rien n'avait été défini, et elle ignorait totalement comment le bretteur voyait les choses. Si pour lui, il s'agissait d'un soir sans lendemain, ou pire, d'une forme engagement. Pourquoi ne lui avait-elle pas demandé ?! Sauf que maintenant que la situation se présentait, Nami craignait que quelque chose sur elle ou dans son comportement, ne trahissent son secret. Certes, ce n'était pas inscrit sur son front, et elle ne se sentait pas particulièrement différente d'hier, mais Nami se sentait tout même nerveuse en voyant Sanji approcher. Et la présence de l'épéiste non loin derrière elle, ne faisait qu'accentuer ce sentiment malaisant. Est-ce qu'il allait le voir ? Est-ce qu'il allait percevoir le changement en elle ?

- Tu vas bien ?! Tu n'es pas blessée ?! Tu as l'air frigorifiée, laisse-moi te prendre dans mes bras et te réchauffer…

Sanji tendit les bras, prêt à l'envelopper dans une étreinte suffocante, et Nami, incapable de bouger, se mit soudainement à transpirer.

- Tes lèvres aussi ont l'air gelées, un petit baiser pourrait leur redonner leur couleur…

Avec horreur, elle vit le cuisinier aux anges, pencher la tête vers elle, la bouche pincée et les lèvres tendue. Finalement, elle se ressaisit et fit un bond en arrière.

- Ç-ça va… je… je n'ai pas froid, balbutia-t-elle maladroitement en fuyant son regard.

Au même instant, elle réalisa son erreur. En temps normal, sa réaction aurait été de lui donner un grand coup de poing sur la tête, ou un coup de pied, et de lui crier dessus, mais là, elle avait esquivé et bégayé. Pourvu qu'il ne remarque rien ! Par chance, son vœu fut exhaussé car Sanji ne parut pas se formaliser de ce rejet.

- Tant mieux, fit-il avec un sourire charmeur mais sincèrement soulagé. Je suis heureux de voir que tu vas bien. Robin a su que le Marimo et toi, étiez partis vers la montagne, et ne vous voyant pas revenir, on a commencé à s'inquiéter. Mais vous avez dû réussir à vous abriter.

Nami baissa le nez pour cacher sa gêne. Dire que ses compagnons s'étaient inquiétés pour eux alors qu'ils s'étaient retrouvés nus dans un lit, et qu'ils avaient ensuite fait l'amour. La brulure sur ses joues s'intensifia.

- J'espère que ce barbare de Marimo a su te tenir au chaud et qu'il t'a bien traité ! S'emporta soudainement le cuisinier en regardant au loin et en serrant le poing.

- Qu-quoi ? s'étrangla-t-elle d'une voix haut-perchée.

L'ambiguïté de sa phrase la fin paniquer car elle repensa immédiatement à la tendresse de ses gestes, à la façon dont il avait respecté son inconfort dû à l'inexpérience, à la douceur de ses baisers, la chaleur de son corps nu sur le sien qui la pressait contre le matelas et qui s'enfonçait en elle…

Si Sanji ne remarqua rien de son trouble, en revanche, elle pouvait sentir le regard inquisiteur d'Ussop braqué sur elle, ce qui lui rajoutait une dose de stresse.

- J'aurais dû être présent ! se lamenta le blond en poursuivant sa tirade.

Une gouttelette de salive emprunta le mauvais chemin dans sa trachée et provoqua une quinte de toux chez Nami alors qu'elle s'imaginait la présence de Sanji au moment de leurs ébats. Elle fit de son mieux pour paraitre naturelle, mais jeta tout de même un petit coup d'œil discret à son nakama au long nez. Il l'observait toujours mais avec une expression soucieuse, au moins, elle savait encore jouer la comédie. Et apparemment, Sanji aussi venait de se faire avoir.

- Je le savais ! Tu as attrapé froid ! Si seulement j'avais été là, je t'aurais protégé et je t'aurais offert la chaleur de mon corps pour te réchauffer… On se serait serrer étroitement l'un contre l'autre, sans la barrière de nos vêtements...

Il ne prêtait plus attention à elle, complètement absorbé par son fantasme qui se lisait sur son visage avec ce filet de sang qui s'écoulait de ses narines. La toux de la jolie rousse redoubla. S'il savait la vérité...

- Ouais-ouais on sait…, l'interrompit Ussop en lui donnant une tape amicale sur l'épaule. Mais d'ailleurs c'était ce que j'allais te demander tout à l'heure, où est Zoro ?

Encore troublée par les propos de Sanji, la rouquine ne prit pas le temps de réfléchir et annonça :

- Bah, il est juste derrière mo…

Au moment où elle se retourna pour indiquer à ses compagnons, la présence de leur ami commun, censé être à quelques pas derrière elle, Nami fut forte de constater un grand vide. Bien sûr. On parlait de Zoro après tout. Quelle était la probabilité pour qu'il la suive jusqu'au bout sans se perdre ?! La jeune femme porta une main à son front pour lisser les plis soucieux que lui causait ces désagréments.

- Il a encore dû se perdre, ce gros crétin !

Cependant, Nami esquissa un sourire, soulagée qu'il ait disparu et qu'il n'ait pas été témoin de toute cette discussion.

Un léger coup provenant du plancher, le tira de ses pensées, et Zoro bailla bruyamment. La trappe s'ouvrit, laissant entrer un courant d'air glacé avec des embruns marins, ainsi qu'une tête brune. L'épéiste se leva du sofa qui ceinturait la vigie et remit ses sabres à sa ceinture, pendant que Robin se hissait à l'intérieur. Son tour de garde était déjà fini, il allait enfin pouvoir aller se coucher. L'archéologue lui adressa un sourire amical voyant que la fatigue commençait à l'emporter sur son ami. De son côté, Robin s'était préparée à passer une nuit cosy dans la vigie, car sous son bras se tenait un livre épais à la reliure en cuir brun, un plaid roulé, et dans son autre main, un thermos de café. Silencieusement, elle vint prendre sa place sur le sofa rouge et glissa ses longues jambes sous elle, puis étendit la couverture duveteuse sur ses genoux. Zoro lui fit un petit signe de tête pour lui dire « bonne nuit » et se dirigea vers la trappe.

- Il fait plutôt froid dehors, tu devrais peut-être te couvrir, suggéra Robin.

- Hum…

Lorsqu'il était fatigué, l'épéiste n'était pas d'une grande éloquence, mais cela ne la dérangeait pas. Elle n'avait pas tort, le froid était mordant. Accroché au cordage, Zoro contempla une seconde la mer d'abysse qui entourait le Sunny. Le vent faisait gonfler les voiles et entrainait le navire sur les flots hasardeux du Nouveau Monde. Ils avaient quitté l'île hivernale la veille, mais la température glaciaire les poursuivait encore. Cependant, le froid n'avait rien à voir avec celui qui l'avait coincé avec la navigatrice dans cette cabane. Une nuit d'égarement, où il avait laissé ses sentiments prendre le dessus, où la présence intoxicante de la jolie rousse s'était faite irrésistible. Il ne regrettait pas ce qu'il s'était passé, après tout il n'était pas le genre d'homme à regretter ses actions, mais il avait une désagréable sensation d'inachevée. Maintenant qu'il connaissait la douceur de sa peau, qu'il savait ce que ça faisait de la sentir contre lui, de sentir son pouls s'accélérer au contact de ses mains, une part de lui désirait connaitre cette sensation à nouveau. Zoro ferma l'œil pour chasser ses envies, avant de descendre le long du cordage.

Quand ses pieds touchèrent enfin la surface enherbée du pont principal, le bretteur se dirigea vers le quartier des hommes. Soudain, un cliquetis se fit entendre en provenance du pont supérieur et attira son attention. La porte s'entrebâilla lentement et révéla une silhouette familière qui le scrutait depuis l'intérieur. Ses pas s'arrêtèrent alors que son regard croisa celui de Nami. Le temps fut comme suspendu, et le bretteur hésita.

Il avisa la porte du quartier des hommes pendant quelques secondes, puis ses pieds l'entrainèrent vers l'escalier, qu'il monta sans empressement. La rouquine n'avait pas bougé, à demi-cachée par la porte, elle le surveillait de ses grands yeux alertes. Lorsqu'il arriva à sa hauteur, les deux nakamas s'observèrent, débattant intérieurement de la sagesse de ce qui allait se produire. Puis Nami ouvrit un peu plus la porte, laissant apparaitre un petit short de toile ainsi qu'un petit débardeur à brettelles qui s'arrêtait au-dessus son nombril.

- J'ai froid.

Nul besoin de plus d'explication. C'était son code, leur code. Et Zoro franchit le seuil de la chambre. La porte se referma dans son dos et replongea le Sunny dans la quiétude de la nuit.

FIN


J'espère que ce texte vous aura plu. En tout cas, n'hésitez pas à donner votre avis ;)

Je vous souhaite de très bonnes fêtes de fin d'année !