Mille mercis à Melior Silverdjane et evattude qui m'ont rappelé que j'avais un peu délaissé cette histoire... Je vais essayer de poster plus régulièrement et mettre fin au hiatus!


Chapitre 7 : La renarde :

Quelques jours s'étaient écoulés depuis le banquet du seigneur Elrond, Neniel fut fort occupée à soigner les hôtes. Il semblait qu'ils avaient tous décidés que s'affronter lors d'entraînements musclés était la meilleure façon de passer le temps. Elle avait soigné beaucoup d'égratignures, rencontrant peu à peu les invités du seigneur Elrond. Le seigneur des hommes, Boromir, était un homme aimable et digne, il la fit beaucoup rire en essayant de se dérober lorsqu'elle voulut le soigner. Elle le revit plusieurs fois car il ne tenait pas en place et sa blessure se rouvrait régulièrement. Elle eut aussi l'occasion de soigner Aragorn, et le nain Gimli. Ce dernier était d'une nature bougonne et méfiante mais Neniel ne s'en formalisa pas, elle connaissait l'aversion des nains pour les elfes. Ses patients les plus assidus furent Merry et Pippin qui ne pouvaient s'empêcher de se mesurer à qui voulait les entraîner. Après leur quatrième passage, elle fut tentée de demander au seigneur Elrond de leur interdire l'accès aux entraînements, mais leur enthousiasme était tel qu'elle n'en eut pas le courage.

Neniel n'avait pas encore eu l'occasion de croiser Legolas, il était parti le lendemain du banquet pour accompagner Elrohir et Elladan dans leur mission de patrouille aux abords Est de Fondcombe. Elle le regrettait un peu, mais jugea que c'était sans doute plus sage. Il était déstabilisant, et elle n'avait pas besoin de plus d'instabilité dans sa vie déjà perturbée.

L'elfe brune passait beaucoup de son temps libre avec Frodo, Bilbo et Sam qui l'amusaient au plus haut point. Elle n'était jamais déçue d'en découvrir plus sur les hobbits. Elle se trouva même à composer des chansons avec Bilbo et Sam pour le plus grand plaisir de Frodo qui appréciait leur humour et inventivité.

Ils s'étaient installés dans la cour de l'entrée, l'endroit favori de Bilbo, et Neniel avait amené une flûte pour accompagner la chanson du jour. Sam finissait de les complimenter avec les applaudissements de Frodo quand arrivèrent les cavaliers elfes de la patrouille. Ils descendirent de cheval dans un mouvement souple et saluèrent le petit groupe avant de se disperser, laissant derrière eux les jumeaux et Legolas qui discutaient encore. Ils s'arrêtèrent à la vue de Neniel et des hobbits.

-Neniel, tu tombes bien, lança Elladan en s'approchant.

-Quelles nouvelles de l'Est ? Demanda-t-elle.

-Toujours plus d'orcs grouillent dans les montagnes, répondit Elrohir. Mais nous nous en sommes occupés, pour l'instant du moins.

-Ce n'est pas ce qui importe le plus, intervint Elladan. Nous avons rencontré Nimuë sur le retour, elle n'est pas loin dans la forêt.

Neniel se leva immédiatement, oubliant toute autre chose.

-Comment allait-elle ?

-Plutôt bien, elle a essayé de me mordre, rit Elladan. Nous avons essayé de l'inciter à venir avec nous, mais elle a arrêté de nous suivre il y a quelques lieues.

-Qui est Nimuë ? Demanda Sam en voyant l'air grave de l'elfe brune.

-C'est une renarde, répondit Elladan. Elle s'est enfuie lors d'un fait regrettable.

-Demdir l'a chassée pour se venger de moi, grogna Neniel. Et il paiera.

-C'est une renarde apprivoisée par Neniel, précisa Bilbo à l'intention de Sam et Frodo. Neniel a un talent sans pareil pour s'attirer l'amitié des animaux, mais Nimuë est spéciale, partout où va Neniel, Nimuë suit.

-Jusqu'à ce que Demdir intervienne, interrompit Elrohir. Père était en colère lorsqu'il a appris que Nimuë s'était enfuie à cause de lui.

-Mais il n'a rien fait pour la récupérer, commenta amèrement Neniel.

-La dernière fois qu'il t'a laissé partir seule en forêt, tu t'es enfuie aux Havres, riposta Elladan dans un soupir.

-Peut-être pourrions-nous aller la chercher ? Suggéra Legolas en s'approchant. Elle n'est pas loin, et dame Neniel n'oserait sûrement pas me fausser compagnie alors que nous venons de nous rencontrer. Je peux la surveiller.

Neniel se figea et se tourna vers Legolas, surprise par sa suggestion. Puis, ce qu'il venait de dire s'imprima réellement et ses yeux verts s'illuminèrent de colère. Elle allait rétorquer qu'elle n'avait pas besoin d'être surveillée et qu'elle appréciait peu le sous-entendu mais elle fut interrompu par le rire des jumeaux.

-Mon pauvre ami, elle n'a aucun scrupule quand il s'agit de disparaître, rit Elrohir.

-Nous sommes ses amis les plus proches ici et elle nous laisse seuls au milieu de la forêt sans un regard en arrière, ajouta Elladan avec un sourire.

-C'est arrivé une fois, bougonna Neniel en levant les yeux au ciel.

-Tu oublies la patrouille de printemps, rétorqua Elrohir.

-Bon d'accord, deux fois.

-Et les fêtes de l'hiver de l'an dernier, ajouta Elladan.

-Ça ne compte pas, votre père m'a rattrapée avant que je ne quitte la cité, marmotta-t-elle. Et puis dois-je vous signaler que lorsque nous sommes allés chercher Frodo, je ne me suis pas enfuie ?

-Parce qu'il y avait une vie en jeu, rétorqua Elladan alors qu'elle fronçait les sourcils.

-Vous partiriez sans dire au revoir à un vieil ami ? Interrompit Bilbo en lui souriant doucement.

Neniel soupira face au regard doux du hobbit et prit la main qu'il tendait.

-Bien sûr que non Bilbo, mais je dois trouver Nimuë...

-C'est acté alors, coupa Legolas en rappelant son cheval. Nous serons de retour avec votre renarde ce soir.

Il monta à cheval et tendit la main à Neniel. Elle hésita un court instant puis, motivée à l'idée de retrouver son amie à quatre pattes, elle prit sa main et se hissa derrière lui.

-Ne nous fais pas perdre notre temps à aller te chercher aux Havres, déclara Elrohir. Nous avons une guerre à nos frontières.

-Le seigneur Legolas n'aura qu'à venir me chercher, puisqu'il s'engage pour moi, répliqua-t-elle.

Legolas eut un léger rire mais ne répondit pas, il devinait qu'elle se vengeait pour son commentaire sur la surveillance de plus tôt.

-Vous n'avez pas fini la chanson, dame Neniel, déclara soudain Sam.

-Voilà donc une autre raison de rentrer, sourit-elle alors.

Elladan et Elrohir parurent dubitatifs mais ne firent plus aucune remarque. Legolas dirigea le cheval vers la porte et Neniel adressa un dernier geste de la main aux hobbits.


Legolas était d'une compagnie tout à fait acceptable, Neniel ne pouvait désormais plus le nier. Il parlait peu, mais juste assez pour être aimable. Elle nota également qu'il avait de l'humour même si c'était encore discret. Elle était confortablement installée derrière lui, sa tenue était douce au toucher et sentait le cuir, se mêlant à l'odeur de pin de ses cheveux blonds. Elle dut se reprendre plusieurs fois pour ne pas fondre comme une humaine adolescente. Pourtant sa jeune vie d'humaine était loin derrière elle, mais elle redécouvrait des sensations disparues depuis des décennies au contact du prince elfe. C'était pour le moins... inattendu. Embarrassant aussi. Elle restait cependant attentive à leur entourage, appelant parfois Nimuë dans l'espoir de la voir apparaître au détour d'un arbre.

-Comment avez-vous rencontré Nimuë ? Demanda Legolas après qu'elle ait appelé une fois de plus sans réponse.

-Je l'ai trouvée aux Havres Gris, près de l'eau, alors qu'elle était encore bébé. Sa mère et toute la portée avaient été tués par des ouargues. Je n'ai pas eu le cœur à la laisser et je l'ai élevée. Le seigneur Elrond m'a autorisée à la ramener dans l'enceinte de Fondcombe. Nous sommes restées inséparables depuis.

-Quand était-ce ?

-Il y a cinq ans.

-Et quand a-t-elle... disparu ?

-Si vous voulez savoir quand Demdir a failli mourir de mes mains, c'était il y a deux mois.

-Pourquoi n'est-elle pas revenue ? S'étonna Legolas en tournant la tête vers elle.

-Demdir garde la porte, il l'a effrayée sans relâche pendant des semaines. C'est Elladan qui l'a découvert, mais il était trop tard. Le seigneur Elrond a refusé que je ne me venge, mais Demdir ne paie rien pour attendre.

Legolas sourit et regarda à nouveau devant lui, caressant brièvement sa monture.

-Vous n'êtes pas pour la paix intérieure, n'est-ce pas ? S'amusa-t-il après un silence.

-Bien sûr que si, je suis sûre que Fondcombe sera en paix et florissante dès lors que Demdir aura avalé son arc, et les flèches qui viennent avec.

Legolas rit en secouant la tête et elle sourit légèrement. Elle se serait attendue à des réprimandes – Elrond n'aimait pas qu'elle complote pour tuer d'autres elfes, même en plaisantant. Apparemment Legolas trouvait sa violence tout à fait drôle. Il lui rappelait un peu Elladan, à la différence près que le fils d'Elrond n'aurait jamais osé la laisser parler autant de vengeance.

Ils firent une pause après une heure de recherches et descendirent de cheval. Neniel en profita pour caresser l'animal, le remerciant de l'avoir portée. Il parut détendu et hennit doucement.

-Votre ami ne mentait pas, commenta Legolas en la regardant faire. Les animaux semblent vous apprécier plus que de normal.

-Ma mère recueillait tous les animaux blessés ou perdus quand j'étais enfant, répondit-elle distraitement, caressant encore le cheval. Notre maison était toujours pleine de chats, chiens, lapins, rats et même quelques animaux sauvages. Aucun animal n'était renvoyé, tous avaient un rôle à jouer. Je suppose que c'est mon héritage.

-C'est étrange. J'aurais attendu ce talent d'un elfe.

Elle lui sourit et le cheval protesta contre l'arrêt des caresses en la bousculant doucement. Elle rit et lui rendit son attention.

-Mon père était fasciné par le talent de ma mère, expliqua-t-elle finalement. C'est grâce à lui qu'ils se sont rencontrés.

-Me raconterez-vous l'histoire ?

-Peut-être, répondit-elle, songeuse.

-Peut-être ? Répéta-t-il, surpris.

-Je ne sais pas encore si vous la méritez.

Neniel semblait le mettre au défi de ses grands yeux verts et il sourit, soutenant son regard.

-Il me faudra donc gagner cet honneur, répondit-il.

Elle ne répondit pas, mais elle était intriguée. Elle finit par détourner le regard et balaya la forêt alentour, à la recherche de la fourrure rousse familière.

Après quelques instants de plus, Legolas proposa de reprendre les recherches et ils remontèrent à cheval. Neniel commençait à s'inquiéter de ne pas trouver Nimuë.

-Nous arrivons bientôt à la clairière où nous l'avons rencontrée, dit Legolas après un moment de silence. Peut-être est-elle encore par ici.

Elle acquiesça et siffla dans l'espoir d'attirer la renarde. Il n'y eut aucune réponse et elle soupira.

-Nous la trouverons, promit Legolas doucement sans quitter des yeux les bois.


Ils avaient erré dans la forêt deux heures de plus sans succès et Neniel s'était tue. Elle ne regardait même plus les arbres. Legolas lançait encore quelques appels de temps à autres, seul le silence répondait. Après un énième appel, il proposa une nouvelle pause et invita la cavalière à descendre. Elle se laissa glisser au sol et observa alentour sans grand espoir.

Legolas lui confia son cheval et entreprit de prendre la hauteur en grimpant dans un chêne. Il se montra habile et rapide, et très vite il fut haut dans l'arbre, presque hors de vue.

Ce fut alors que Neniel entendit un léger craquement derrière elle, dans les buissons et elle fit volte-face. Elle sonda les alentours, le cœur battant, puis siffla doucement. A peine avait-elle fini qu'une masse rousse se jeta sur elle et la projeta au sol. Neniel éclata de rire : Nimuë venait de réapparaître et elle semblait ravie de l'avoir trouvée. Elle fit fête à Neniel en gémissant doucement et l'elfe brune se blottit dans sa fourrure avec soulagement, ne sachant plus si elle voulait rire ou pleurer. Elle était soudain apaisée, entière.

Legolas redescendit souplement de l'arbre et Nimuë recula à une distance prudente.

-Il semblerait que votre renarde ait attendu que je m'éloigne pour revenir, observa-t-il.

-Elle a dû nous suivre un moment, expliqua Neniel qui se leva en époussetant son pantalon. Elle se méfiait sans doute.

Elle glissa quelques mots en elfique à la renarde qui s'approcha de nouveau, mi curieuse, mi méfiante. Neniel s'agenouilla pour la caresser et invita Legolas à approcher. Il obtempéra délicatement, sans geste brusque et tendit une main vers Nimuë pour qu'elle le sente. La renarde le renifla d'abord à distance, puis, lorsqu'elle l'entendit lui parler dans la langue des elfes, elle s'approcha plus, encouragée par Neniel. Elle laissa Legolas glisser une main douce sur sa tête puis recula de nouveau pour aller s'installer sous Neniel. Elle se mit sur le dos en gémissant doucement et l'elfe brune rit en la caressant.

-Vous voilà approuvé par Nimuë, expliqua-t-elle. C'est un fait assez rare, Elladan et Elrohir vont être terriblement vexés.

-Elle ne les approche pas ? S'étonna Legolas.

-Elle les tolère dirons-nous.

L'elfe blond sourit, discrètement fier, et se redressa pour attraper la bride de son cheval.

-Est-ce le moment où vous me faussez compagnie pour vous diriger vers les Havres ? S'enquit-il avec un ton moqueur.

Elle lui jeta un regard noir et se releva. Elle croisa les bras en le toisant, sans rien dire.

-Je peux leur dire que vous m'avez échappé, ajouta-t-il.

Elle fut tellement surprise qu'elle perdit instantanément son air boudeur et le sonda du regard.

-Vous ne me devez aucune parole, expliqua-t-il. Je vous laisse partir si vous le souhaitez vraiment. Personne ne devrait être prisonnier de son propre peuple.

-Vous avez promis...

-Et que vont-ils me faire ? Rétorqua-t-il. Si vous rentrez avec moi, je préférerais que ce soit parce que vous l'avez décidé.

Il tourna le cheval dans la direction du départ et la regarda une fois de plus, ses yeux bleus brillaient de défi et il souriait légèrement:

-Partir... Ou rester ?