Disclaimer : L'univers de Kuroko no Basket que vous reconnaitrez aisément appartient à Fujimaki Tadatoshi. L'auteur me le prête très aimablement pour que je m'amuse avec et je ne retire aucun profit de quelque nature que ce soit de son utilisation si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue.

Note de l'auteur : Je veux remercier du fond du cœur ma béta-lectrice, Futae qui s'est servie de son "Eagle Eye" (fallait que j'la case celle-là !) pour corriger cette histoire et me conseiller. C'est grâce à son enthousiasme, ses encouragements et son sens de l'analyse et de la critique sans détour, que cette histoire a pu voir le jour.

Note importante : j'avais décidé de retirer toutes mes histoires de ce site suite à ce que je pense être un piratage. Je me suis laissée convaincre de les remettre, mais malheureusement ce site fonctionne tellement mal que je n'ai pas pu toutes les récupérer. J'ai donc décidé de les reposter. Si vous les lisez et qu'elles vous plaisent, n'hésitez pas à le dire, ça me fera plaisir et ça me remontera le moral même si les commentaires ne seront pas les mêmes qu'à l'origine.

Bonne lecture.


Shadow : Coucou ! j'espère que tu as passé un joyeux noël et que le prochain réveillon s'annonce bien également. Merci pour être toujours fidèle à cette histoire. Ce chapitre est une revue d'effectif des personnages, pour savoir comment ils reprennent le cours de leur vie après le séisme. Je n'aime pas particulièrement éliminer des personnages, mais pour qu'un UA soit un minimum réaliste et en fonction des évènements, il faut savoir le faire. Après, il faut aussi choisir lesquels feront les frais des sentiments de l'auteur à leur égard. Et ces trois là, je ne les aime pas donc mon choix a été vite fait. Les choses reprennent leur cours J'espère que ça te plaira. Bonne lecture.


Le roman de notre histoire

Chapitre 27

La nuit fut terriblement éprouvante. Il y eut de nombreuses répliques qui provoquaient à chaque fois, des vagues de plaintes craintives et des pleurs d'enfants dans tous les centres d'accueil. Le courant avait été rétabli dans la quasi-totalité des quartiers ainsi que l'eau. Pour le gaz, il fallait encore attendre. Des incendies s'étaient déclarés suite à des courts-circuits électriques et il fallait les éteindre. Les services techniques étaient de partout pour dégager les rues et permettre à la population de récupérer les voitures abandonner de manière à ce que les véhicules de secours puissent circuler plus vite.

Kise avait dit au jeune auteur de prendre sa moto et de rentrer chez lui dès qu'il le pourrait et lui avait essayé de marcher, mais sa cheville le faisait trop souffrir. Il n'était pourtant pas douillet. Il envoya un SMS à Kasamatsu pour lui dire qu'il était toujours au centre d'accueil. Il avait envie d'une douche et de manger un bon gros hamburger. Pourquoi ? Il n'aurait su le dire, il voulait juste un truc qui lui tiendrait bien au ventre. Il soupira et essaya de s'installer plus confortablement sur son fauteuil en mettant sa jambe sur une chaise pour surélever son pied. Combien de temps allait-il rester là ? Régulièrement une infirmière ou un volontaire venait voir s'il désirait quelque chose. Hormis de l'eau ou un antalgique quand l'élancement était trop fort, il ne demandait rien. Il voulait juste rentrer chez lui.

— Kise ?

— Kasamatsu ? T'es bien là ?

Le policier s'approcha et prit son amant dans ses bras. Kise sanglota. La peur, l'angoisse et aussi la douleur avaient fini par avoir raison de ses nerfs. Kasamatsu n'était pas au mieux non plus, les yeux brillant de larmes. Ils se serraient l'un l'autre pour se rassurer et être bien certains qu'ils ne rêvaient pas, que la tension nerveuse ne leur jouait pas un très vilain tour. Ils se calmèrent et le policier s'assit en face de son amant.

— J'ai eu tellement peur, lui dit Kise en essuyant son visage.

— Moi aussi… T'as mal ?

— Ça va, c'est qu'une grosse entorse…

— On devrait te faire passer des radios, t'auras peut-être besoin d'un plâtre…

— Tu crois ? Mais je peux à peine marcher…

— J'vais voir s'ils ont un fauteuil roulant… L'hôpital est pas loin et je le leur ramènerai…. Par contre, les urgences doivent être bondées…

— C'est pas grave, on attendra… tant qu'on ensemble, j'me fous du reste…

— Je reviens…

Quelques minutes plus tard, Kasamatsu conduisit Kise hors du centre de secours. Après avoir attendu environ quatre heures, le promoteur s'entendit dire qu'il avait une petite fracture de la malléole externe. Rien de bien méchant, mais cela lui valut la pose d'un plâtre et une interdiction de mettre le pied par terre pendant trois semaines, sans oublier le temps de la rééducation. Voilà qui le contrariait, lui qui comptait retourner au travail au plus vite. Il devra s'arranger avec Harasawa et son jeune auteur. Il était très prometteur et ce séisme ne devait pas freiner ses ambitions, ou pas trop. Il fallait se relever, regarder devant soi et reprendre la route…

Kasamatsu avait rapporté le fauteuil et était parti chercher sa voiture. Il y avait beaucoup de véhicules, mais il montra sa carte de police à deux reprises à un agent qui faisait la circulation et il put poursuivre son chemin. C'était un passe-droit dont il n'aimait pas se servir, mais là, il voulait ramener Kise chez lui au plus vite. Comme tout le monde, ils avaient besoin de se retrouver au calme, de se doucher, de manger un morceau et de se reposer. Il aida son homme à monter dans la voiture et il prit la route de son appartement…


Midorima et Otsubo purent enfin rentrer chez eux. C'était un vrai capharnaüm. Certains meubles étaient renversés et leur contenu éparpillé au sol. Même chose pour les placards de la cuisine. Certaines décorations s'étaient brisées en tombant. Avant de partir, ils avaient eu la présence d'esprit de mettre leurs ordinateurs par terre avec l'imprimante et tout leur matériel informatique fragile sous le bureau. Maintenant, il fallait ranger, nettoyer et jeter ce qui n'était pas récupérable.

— Tiens, ton jeton de poker porte-bonheur du jour, sourit l'inspecteur en ramassant le petit rond en plastique.

— Mmh… J'l'ai oublié en sortant…

— C'est curieux pour quelqu'un qui ne travaille qu'avec des preuves bien tangibles d'être superstitieux…

— Ça ne fait pas de mal, mais qui sait…, fit Midorima en prenant l'objet pour le mettre dans sa poche.

— Peut-être qu'aujourd'hui on va bien grâce à lui…

— Peut-être… Les pc n'ont rien, heureusement…

— C'est pas toi qui voulais faire du distanciel hier ?

— Si j'avais été au cabinet, on n'aurait pas été ensemble et on se serait inquiété comme des malades…

— Tu marques un point… viens là…

Otsubo ouvrit les bras et Midorima s'y réfugia. L'inspecteur le sentit tressaillir. Lui aussi devait accuser le choc. Ce n'était pas la première fois qu'ils vivaient un tremblement de terre et ce ne serait pas la dernière, et même si on pouvait s'y préparer ce n'était pas une chose à laquelle on pouvait s'habituer. Ils restèrent longtemps ainsi, se rassurant mutuellement et appréciant de ne pas être séparés dans un moment pareil…


Takao fut le premier à arriver à l'appartement. Il était tellement persuadé d'y trouver Himuro que d'être seul lui fit monter les larmes aux yeux qu'il ouvrit en grand en voyant l'état des lieux. Son moniteur géant était tombé, deux des trois unités centrales étaient par terre sans parler du mobilier et des petites décorations des différentes étagères.

— J'suis à la maison, dit-il quand son amant décrocha.

Tu vas bien?

— Ça va… T'arrives bientôt ?

Une vingtaine de minutes… C'est la cata?

— T'as pas idée… L'écran est mort et probablement deux tours…

On a tout sur les serveurs, heureusement…

— Mon mug a survécu…

Ton mug?

— Le Matrix que tu m'as offert…

Oh… C'est signe qu'on est sur l'bon chemin… La Matrice nous approuve, plaisanta Himuro avec un petit rire dans la voix.

— Ça doit être ça… fais vite… j'ai besoin de te voir…

J'suis presque là… on reste en ligne, ça paraîtra moins long…

— D'accord… Comment ça s'est passé pour toi ?

Ben ça fait peur surtout quand t'es dans une tour de trente étages même si j'étais pas seul…

Ils discutèrent comme ça jusqu'à ce que la batterie d'Himuro soit vide. Takao comprit, mais l'angoisse lui serra à nouveau le ventre et la gorge. Il avait l'impression que son amant l'appelait d'une autre dimension. Il ne serait certain qu'ils étaient dans le même espace-temps que lorsqu'il le verra et le touchera pour s'assurer de sa présence bien tangible. L'esprit fonctionne bizarrement parfois. Il sursauta quand il entendit la porte d'entrée.

— Kazu ?

— Ici !

Ils se tombèrent dans les bras et laissèrent leur angoisse s'apaiser. La vue de l'autre, son contact était tout ce dont ils avaient besoin pour l'instant. Ils ne cherchèrent pas à retenir leurs larmes de soulagement, ils n'auraient pas pu. Mais la réalité reprit ses droits. Il fallait avancer.

— T'as eu tes parents ? demanda Takao en redressant son écran.

— Ouais… Ils avaient vu les infos… j'ai pu les joindre… Et toi ?

— Ils vont bien… J'ai eu des SMS de Midorima, l'avocat et du commissaire, j'ai envoyé un message groupé à mes contacts…

— Moi aussi, mais je m'inquiète pour Kagami, il n'a aucune nouvelle d'Aomine…

— Tous les réseaux sont pas réparés, c'est peut-être pour ça…

— J'espère…

Il était surprenant de voir comment le pragmatisme reprenait le dessus et permettait de se tourner à nouveau l'avenir alors qu'on avait bien failli ne pas en avoir. Un drame était si vite arrivé surtout lorsqu'une catastrophe naturelle décidait de faire une piqûre de rappel pour que l'homme se souvienne qu'il n'est qu'un locataire temporaire sur la planète. Le loyer ne semblait pas très élevé au regard de tous les avantages que la Terre lui offrait, mais de temps à autre, il fallait lui rafraîchir la mémoire pour ne pas qu'il oublie qui était le véritable propriétaire et que ce dernier était tout puissant…


Dans la chambre où il avait été installé, Hayama fixait le plafond. Il avait la tête vide. Il revoyait en boucle le film de sa vie jusqu'à la veille, au moment où il avait basculé par-dessus la main courante de l'escalator. Et il revenait à son tout premier souvenir pour recommencer. La sensation était étrange. Il sentait ses bras, ses épaules, son torse et son cœur qui battait à l'intérieur. Il percevait également l'envie d'aller aux toilettes, les démangeaisons sur sa peau, mais il était incapable de bouger ses jambes. Il avait beau essayer, il leur donnait l'ordre de remuer, sans succès. Elles restaient désespérément immobiles. Mortes. C'était effrayant. L'aide-soignant lui apporta son déjeuner, mais il n'avait pas faim même s'il savait pertinemment qu'il devait manger pour retrouver ses forces. Il prit son téléphone et constata qu'il n'avait presque plus de batterie. Il envoya un message à Akashi pour lui dire qu'il était à l'hôpital. Il n'avait personne d'autre à prévenir. Il avait grandi dans un orphelinat et n'avait aucune famille. Il considérait les deux hommes comme ses frères. Il avait commencé à travailler chez Rakuzan à l'âge de vingt-deux ans et sept ans plus tard, Akashi lui confiait le département de la promotion des livres et des auteurs. S'il s'était très vite bien entendu avec Mibuchi, il avait eu plus de mal avec Nebuya qu'il voyait comme une brute épaisse sans beaucoup de cervelle. Avec Akashi, c'était venu petit à petit à mesure que les deux hommes avaient appris à se connaître.

Et aujourd'hui, il allait devoir faire un trait sur ce travail qu'il adorait. Il allait devoir redonner ses parts du Miracle de Mots et trouver un emploi où son handicap ne serait pas trop contraignant. La terre n'avait tremblé que cinquante-sept secondes, mais il en aura fallu moins de cinq que dura sa chute, pour que sa vie chavire complètement. Il avait une belle carrière qui s'offrait à lui et maintenant, il n'avait plus rien.

— Hayama ?

Il tourna la tête pour voir qui l'appelait. Dans l'entrebâillement de la porte, il reconnut ses deux amis, ses frères. Il les regarda, incrédule alors qu'ils s'approchaient de lui. Ses yeux s'emplirent de larmes. Il cacha son visage dans ses mains et se mit à pleurer. Mibuchi s'assit au bord du lit et le prit dans ses bras pour le bercer comme un enfant.

— Heureusement que nous sommes les personnes à prévenir, sourit doucement Akashi, sinon le médecin ne nous aurait rien dit de ton état…

— Calme-toi… ça va aller…, murmura Mibuchi.

— J'suis plus bon à rien…, sanglotait Hayama dont la sensibilité était exacerbée par son handicap définitif.

— Dis pas d'bêtise, le contra Akashi. On adaptera nos locaux encore mieux qu'ils ne le sont déjà pour que tu puisses avoir accès à tout…

— J'peux même plus rentrer chez moi…

— Tu vas déménager dans un appartement approprié, et j'veux pas de protestation, c'est clair ?

— Akashi, combien de temps tu vas me pouponner, hein ? s'écria Hayama, qui se sentait humilier de devoir dépendre ainsi de ses amis et ému de leur compassion.

— Hé… T'es mon ami et mon associé, t'as déjà oublié ?

— Laisse-nous prendre soin de toi, d'accord ? Y a aucun mal à ça…

— Mets-toi à ma place, Mibuchi… c'est… c'est tellement dégradant…

— Ça suffit ! gronda Akashi. Tu t'es toujours débrouillé tout seul pour tout… Mais là, tu dois accepter qu'on t'aide, c'est tout… Tu crois qu'on va te tourner le dos ? Tu penses qu'on est de si mauvaises personnes ? On a fait des choses pas très belles c'est vrai, mais abandonner quelqu'un dans la merde, on n'a jamais fait ça… Y a rien qui t'empêche de diriger la pub et tu le feras…

— On sera là, avec toi, renchérit Mibuchi en lui tendant un mouchoir en papier, sans toi, cette opportunité que nous offre Akashi n'aurait aucun sens…

— Vous voulez rire un peu ? fit Akashi avec un sourire puéril, ce qui ne lui arrivait pas souvent, et surtout pour changer de sujet.

— Dis-nous, fit Hayama que la présence de ses amis rassurait.

— J'ai envoyé des messages à tous mes contacts pour avoir des nouvelles et en donner et j'ai appris que Nijimura s'était cassé la jambe…

— C'est pas bien de t'moquer du malheur des autres, lui reprocha Mibuchi en riant avec Hayama.

— C'est vrai, t'as raison… Je lui ai souhaité de se remettre rapidement, j'suis pas non plus sans cœur…

— Et Nebuya ? Tu sais quelque chose ? s'enquit encore Hayama.

— Non, rien… Le pénitencier m'appellera s'il y a un problème…

Les trois hommes continuèrent à discuter sur un ton plus léger, ce qui remonta un peu le moral d'Hayama. Ils s'étaient bien trouvés tous les trois et cette association pour leur maison d'édition promettait d'être une nouvelle page de leur vie…


Dans un autre hôpital de la ville, proche de la prison, les médecins avaient fait tout leur possible pour conserver sa jambe à un détenu. Malheureusement, le bloc de béton l'avait complètement écrasé et les os avaient été broyés. Pour sauver Haizaki, ils avaient dû l'amputer sous le genou. Il avait hurlé au début, personne ne voulait perdre un membre. Mais il fallait se rendre à l'évidence, les chirurgiens n'étaient pas des dieux et Haizaki avait besoin d'un miracle. Il finit par donner son accord parce qu'il avait également remarqué que les antalgiques agissaient de moins en moins longtemps. Il eut un rire désabusé pendant que l'anesthésie faisait son effet. Au moins, il pourrait toujours taper sur un clavier lorsqu'il sortira. S'il avait perdu une main, ça aurait été plus compliqué.

Dans une salle de soins à un autre étage, Nebuya était étendu sur son lit. Il avait des électrodes sur le corps et sur la tête sous le gros pansement, des cathéters dans chaque bras ainsi qu'une sonde urinaire. Autour de lui il y avait plusieurs moniteurs qui surveillaient son état. Le cœur, la pression artérielle, mais le plus crucial, c'était l'encéphalogramme. Le tracé était plat. Nebuya était dans un coma irréversible causé par sa blessure. Lorsque l'escalier en métal était tombé, le bord d'une marche l'avait heurté provoquant une importante plaie et une fracture du crâne. Malgré les secours rapides, il n'avait eu aucune chance. Akashi Seijuro était la personne à prévenir notifiée sur son dossier médical et le médecin composa le numéro indiqué. Il expliqua la situation et rassura son interlocuteur. Tout serait fait pour prendre soin de Nebuya jusqu'à ce que son ami puisse venir le voir. De son côté, il appela les parents de Nebuya qui avaient quitté le service des Akashi depuis la mort de son père, et qui habitaient à l'extrême nord de l'île d'Hokkaido dans la ville de Wakkanai. Il informa Mibuchi et Hayama du drame et tous trois restèrent un long moment silencieux…

À la morgue, le médecin confirma les causes du décès du détenu Hanamiya Makoto établies par le docteur de la prison à savoir une fracture nette des cervicales. Il n'avait pas souffert…


Les gravats avaient été déblayés avec l'aide d'une équipe qui était intervenue rapidement. L'entrée du parking de Touou fut ouverte et les personnes qui étaient coincées là depuis plus de vingt-quatre heures purent enfin sortirent. Aomine avait bien pris soin de refermer correctement la vanne d'eau qui leur avait permis à tous de tenir le coup grâce à un vieux monsieur ingénieur dans le bâtiment.

Il utilisa immédiatement son portable, mais il n'avait toujours pas de réseau. Il tourna sur lui-même et vit la tour des relais. Autour de lui, des personnes essayaient constamment de téléphoner, sans succès. Les lignes mobiles n'étaient pas encore fonctionnelle dans ce secteur. Il était presque midi. L'entrée du garage était maintenant assez dégagée pour qu'il puisse prendre sa voiture et sortir du centre-ville. Il dut patienter, car il n'était pas le seul à vouloir s'éloigner des gratte-ciels. Lentement, il finit par gagner la banlieue…

La circulation se faisait moins dense et les pavillons résidentiels apparurent. Aomine manœuvrait sa Toyota avec souplesse et prudence. Il y avait encore eu une petite réplique depuis qu'il avait récupéré son véhicule. Il voulait rouler plus vite pour retrouver Kagami, savoir comment il allait. Il en tremblait d'impatience. Les rues devinrent moins encombrées, et il vit enfin celle où il demeurait. Elle montait en pente douce. Le sol ne semblait pas fissuré et les habitations étaient toujours debout même si certaines avaient visiblement un peu souffert. Il se gara et se précipita dans la maison. Il ouvrit brutalement la porte et courut dans la bibliothèque.

— Kagami !

Il le trouva endormi sur son bureau, le visage encore humide des larmes qu'il avait versé toute la nuit. Il s'accroupit à côté de son homme et l'observa quelques secondes puis il posa une main sur son épaule pour le réveiller. Kagami finit par ouvrir les yeux et les écarquilla de surprise avant de se jeter à son cou en criant. Il se mit à sangloter en le serrant si fort qu'Aomine crut qu'il allait l'étouffer. Si l'immeuble ne l'avait pas tué, c'était Kagami qui allait s'en charger. Mais lui non plus ne put retenir ses larmes plus longtemps. Leur étreinte fut d'une rare intensité tant la force avec laquelle ils s'enlacèrent fut révélatrice de la peur qu'ils avaient éprouvé loin l'un de l'autre et sans nouvelles. Ils s'asphyxiaient presque. Tant et si bien qu'il fallut qu'ils s'écartent un peu pour respirer à nouveau.

— J'ai cru… j'ai cru que… que j't'avais perdu, souffla Kagami entre deux sanglots en caressant le visage de son amant avec frénésie.

— Et moi que j'arriverai jamais à la maison… rétorqua Aomine en l'embrassant comme un affamé.

— J'ai eu tellement peur, fit-il en enfouissant son visage dans son cou.

— J'étais terrifié…

Ils restèrent au sol dans les bras l'un de l'autre pendant un temps indéterminé. Ils n'arrêtaient pas de s'enlacer, de se toucher pour être bien certains qu'ils ne rêvaient pas. Ils finirent par se lever et main dans la main, ils firent le tour de la maison. Kagami avait rangé le plus gros du désordre, mais il y avait encore des stigmates de la catastrophe.

— J'ai besoin d'une douche, fit Aomine en caressant la joue de son amant.

— Vas-y, je prépare un truc à manger…

Le correcteur ne se le fit pas dire deux fois. Une fois qu'il sentit l'eau chaude couler sur son corps, il sut qu'il était vraiment rentré auprès de celui qui représentait son univers. Il resta longtemps sous le jet pour se débarrasser de toute cette tension qui l'habitait depuis de trop longues heures. Il fallait qu'il s'en défasse comme on enlève un vêtement trop étroit et inconfortable. Il y a peu encore, il n'arrivait pas à imaginer qu'il reverrait cette maison, son homme, les chats. Il sourit en pensant aux deux petits minous qui s'étaient si bien accommodés l'un de l'autre. Ils faisaient partie intégrante de la famille. Son estomac se manifesta bruyamment et il sortit de la douche. De bonnes odeurs venaient de la cuisine qu'il rejoignit plus en courant qu'en marchant.

— C'est quoi ? demanda-t-il en déposant un baiser sur la joue de Kagami.

— Poêlée de légumes et poisson surgelée… J'avais pas envie de me prendre la tête…

— Peu importe tant qu'ça s'bouffe… j'ai trop faim…

— T'étais où ? s'enquit le romancier en dévorant son homme des yeux, encore surpris de le voir devant lui.

— Dans le parking de Touou, j'allais sortir…

— Des dégâts ?

— Sans plus… Les assurances vont envoyer leurs experts pour une évaluation… Faut que t'appelles le tien aussi…

— On verra demain… pour l'instant je veux seulement être certain que j'rêve pas, que t'es là… et que ce cauchemar est fini…

— J'suis d'accord… On a eu d'la chance d'être secourus assez vite…

— Vous étiez plusieurs ?

— Une dizaine… La voiture d'une femme a été écrasée par des gravats juste à l'entrée… heureusement elle a rien eu… Si j'étais parti quelques secondes plus tôt, c'était la mienne qui prenait tout… Et les escaliers pour remonter étaient trop dangereux…

— Tout ça à cause de ce Hayakawa ?

— Faut pas lui en vouloir, on pouvait pas deviner…

— Ah non, non, j'lui en veux pas… j'sais bien que c'est pas faute… Il aurait pu t'appeler pour t'éviter de te déplacer…

— T'inquiète, y r'commencera pas…, sourit Aomine en se souvenant de ce qu'il avait dit à cet auteur et sans mâcher ses mots. Va te doucher toi aussi, j'vais ranger et après, je veux dormir jusqu'à après-demain…

À son tour, Kagami alla dans la salle de bains. L'eau chaude le détendit et emporta avec elle toutes ses émotions négatives qu'il avait éprouvées avec tant de virulence. Avec le recul il songea qu'il avait été idiot de penser avec autant de pessimisme et de noirceur. C'était aussi la première fois qu'il était amoureux, qu'il tenait à quelqu'un avec une force incommensurable s'il exceptait son père et son grand-père. Et maintenant il savait ce que ça faisait de perdre cette personne. Il y avait tellement cru… Il chassa ses idées et gagna sa chambre. Il sourit en voyant Aomine couché et déjà assoupi. Il se glissa à ses côtés, le prit dans ses bras où son homme se lova confortablement et s'endormit presque instantanément…


Deux jours plus tard, on aurait pu croire que le séisme n'était plus qu'un mauvais souvenir pour les habitants de Tokyo et sa région. Et chez Kagami ça ne faisait pas exception. Avec Aomine, ils avaient tout rangé et jeté ce qui était cassé. Même dans le sous-sol de la réserve où les affaires du correcteur avaient été stockées, il n'y avait pas de gros dégâts. L'expert de l'assurance était passé voir la maison. Il y avait bien quelques travaux à faire, mais rien de grave. La vie reprenait tout doucement son cours.

Kagami ne lâchait pas Aomine d'une semelle. Il avait eu tellement peur, croyant qu'il ne le reverrait plus, qu'il ne le quittait pas des yeux. Même s'il savait qu'il était dans la maison, il fallait qu'il soit dans son champ de vision. Il était devenu encore plus tactile qu'il ne l'était déjà. Toutes les occasions étaient bonnes pour le toucher. Sa main, son bras, une caresse sur sa joue, un baiser, sa cuisse lorsqu'ils étaient assis côte à côte et si ça faisait sourire Aomine, il adorait ça parce que ce genre de petites attentions pouvaient rapidement dégénérer en un corps à corps beaucoup plus torride. Ce qui était déjà arrivé deux fois depuis qu'ils s'étaient retrouvés.

Le samedi au réveil, Kagami songea qu'Aomine devrait lire cette scène. Elle lui avait donné tellement de mal. Il était parvenu à écrire quelque chose de si intense qu'il en avait les larmes aux yeux en la relisant. Il connaissait le texte par cœur, mais ça lui tordait toujours autant les tripes parce qu'il se rappelait sans cesse dans quelles circonstances il avait rédigé ce passage. Il se demandait encore comment, dans un moment pareil, il avait pu jeter tout ce qu'il avait ressenti sur son clavier. Il était romancier et l'inspiration ne se commandait pas. Lorsqu'elle était là, elle devait être exploitée, pressurée pour qu'elle donne tout ce qu'elle avait afin de permettre à un artiste de s'exprimer. Qu'il soit écrivain, compositeur, peintre, sculpteur, quand elle se manifestait, il fallait en profiter. Nul ne savait combien de son temps elle allait accorder à celui qui créait des œuvres d'art. Il l'envoya par mail à son correcteur exclusif ou presque, et en attendant sa réaction, il poursuivit son roman.

Aomine était en train de vérifier un chapitre d'Hayakawa lorsqu'il vit la notification de sa messagerie. Il cliqua sur le lien de téléchargement et sourit en jetant un œil par-dessus l'écran pour voir ce que faisait son amant. À première vue, il était très concentré sur ce qu'il écrivait. Il ouvrit le fichier et dès les premières lignes, il sut de quoi il s'agissait. Il lut lentement pour apprécier chaque mot, chaque phrase. Tout se déroulait comme un film dans sa tête. Il savait que Kagami avait fait de lui son Spartus et il n'eut aucune difficulté à se mettre à la place du personnage. Mais il ne s'attendait pas à ça. Il y avait tant de force dans ces mots, tant de puissance dans le ressenti des émotions que sa gorge se serra. Il ne pouvait détacher ses yeux de sa lecture. Il fallait qu'il aille jusqu'au bout, il devait savoir ce qu'il avait éprouvé, quelle avait été la violence de ses sentiments et à quel point ils l'avaient broyé. Ça tenait sur plusieurs pages. Il ne pouvait pas s'arrêter et il ne s'était même pas aperçu que des larmes dévalaient ses joues, tout doucement.

Kagami l'observait discrètement. Il comprit qu'il lisait son texte et souriait en coin. Mais il changea de visage lorsqu'il vit les yeux d'Aomine se mettre à briller d'émotion. Il le regarda un bon moment avant de le rejoindre et posa sa main sur son épaule. Le correcteur la serra dans la sienne si fort que le romancier devina sans peine qu'il avait atteint son but. Cette scène si importante sur la fin de ce premier tome allait détruire une part de Spartus et faire de lui un rebelle impitoyable. Aomine essuya ses joues et se leva pour prendre Kagami dans ses bras. L'émotion lui avait haché le cœur.

— C'est vraiment c'que t'as ressenti ? souffla-t-il à son oreille en le serrant contre lui.

— J'ai cherché les mots qui s'en rapprochaient le plus, mais c'est encore loin de la vérité…

— C'est… Ça m'a mis les tripes et le cœur à l'envers…

— C'est c'qu'il faut pour l'histoire, mais j'm'attendais pas à l'écrire dans ces circonstances…

— J'comprends mieux les difficultés que t'avais… C'est tellement… intense… colossal…

— Y a peut-être des trucs à revoir…

— Non, touche plus rien… Elle est parfaite…

— Il a fallu ce séisme pour que j'y parvienne… sans ça… j'crois pas que j'aurais réussi…

— Mmh… tu t'sous-estimes… Tu sais quoi ?

— Quoi ?

— J'ai envie d'toi… là… tout d'suite…

Aomine venait d'avoir un aperçu des sentiments de Kagami, de leur immensité. Il avait fait appel à eux pour cette scène et leur force, leur puissance lui fit toucher du doigt à quel point il l'aimait. Bien sûr, il le savait, mais là, que ce soit exprimé, qu'il le lise, c'était… extraordinaire. Il se demandait s'il sera un jour à la hauteur de cet amour. Le sien était tout aussi immense et les mots pour en parler, il aurait dû les inventer. Kagami avait employé les bons termes, agencés dans le bon ordre pour faire ressortir leur essence afin de décrire de son mieux la douleur infinie et éternelle qui nous anéantit quand on perd la personne qui compte le plus dans notre vie lorsqu'on l'a tant aimée.

Le canapé du salon fut le témoin, une fois de plus, de cet amour qu'ils se portaient. À genoux entre ses cuisses, Aomine avait entrepris de donner une belle fermeté à son amant qui gémissait sans retenue, les mains enfouies dans les cheveux aux reflets bleutés. Ni l'un ni l'autre n'avait pris le temps de se déshabiller complètement. Il avait récupéré une boîte de préservatif et un flacon de lubrifiant qu'ils avaient décidé de laisser dans le tiroir du bureau. Il y en avait aussi dans la salle de bain et sur une très haute étagère de la cuisine. Il ne fallait pas que madame Yoshino tombe dessus même si elle était parfaitement au courant et compréhensive.

Pendant de longues minutes, il se délecta de cette virilité qui lui donnait tant de plaisir quand elle était en lui. Kagami sursautait à chaque coup de langue, à chaque aspiration. Aomine plaça le préservatif et enduisit de gel cette lance de belle taille ainsi que son intimité. Il chevaucha Kagami qui se perdit encore une fois entre ses reins. Deux magnifiques plaintes de volupté s'élevèrent dans la pièce, suivies de gémissements suaves. Aomine bougea ses hanches d'avant en arrière pour projeter son amant au plus profond de son corps, là où se trouvait son paradis intérieur et d'où il aurait voulu qu'il ne s'en aille jamais. Kagami se mordit la lèvre tant la vague de plaisir qui le parcourut tout entier, fut brutale. Il planta ses pupilles rouge sombre dans celle de son homme et le regarda se mouvoir autour de lui. Cette incandescence le rendait fou. Ses halètements devinrent plus forts et il ne put se retenir plus longtemps. Tous leurs sens s'embrasèrent comme l'étoupe sous la caresse de la flamme.

Il prit Aomine à bras le corps et le renversa sur le sofa. Enfoui en lui jusqu'à la garde, il laissa sa passion se déchaîner pour offrir toujours plus d'intensité dans ce corps à corps d'une rare effervescence. Sa main s'enroula comme un serpent autour de la virilité qui se tendait désespérément pour obtenir un peu d'attention. Le cri de surprise qu'il récolta le fit sourire et il accéléra le rythme de ses reins. Aomine, les mains accrochées à l'accoudoir au-dessus de sa tête, encourageait son amant à aller plus vite, plus fort. La torture que lui infligeait son romancier était diaboliquement délicieuse. Kagami déversa sa jouissance et son amour au plus profond de ce corps brûlant pour lequel il avait une véritable adoration. Son visage revêtit un masque de plaisir si voluptueux qu'il eut raison d'Aomine qui ne le quittait pas des yeux et qui s'épancha sur son ventre, tremblant sous la puissance de son orgasme. Ils visaient toujours l'éternité d'une étreinte, et comme ils n'y parvenaient jamais, ils recommençaient inlassablement. Un jour, peut-être, l'atteindraient-ils.

Ils restèrent longtemps l'un sur l'autre, appréciant la chaleur de leurs corps. Leurs doigts traçaient des sillons brûlants sur leur peau, leurs baisers étaient exigeants, leur langue se délectait de la saveur salée de leur sueur, leurs souffles étaient une mélodie rythmée par les battements de leur cœur. Ils s'aimaient par-delà le charnel, au-delà des sentiments, de tout leur cœur, de toute leur âme.

— C'est si fort… que parfois ça m'fait mal…

— Comme moi, chuchota Aomine, comme si parler plus fort allait faire fuir la magie de l'instant. On dirait que mon cœur est trop petit pour l'amour que j'ai pour toi…

— Tu crois qu'un cœur peut contenir un amour infini ?

— C'est très beau c'que tu viens de dire…

— J'ai l'impression d'étouffer et quand j'suis dans tes bras, je respire à nouveau…, fit Kagami en les resserrant autour d'Aomine.

— On dirait que j'agonise, mais j'veux pas que ça s'arrête… jamais…

— Non, jamais…

Ils s'extirpèrent du canapé, l'esprit et le corps encore en proie aux dernières vagues de volupté qui les berçaient doucement. Ils prirent un bain ensemble et ne ressortirent de la baignoire qu'une heure et demie plus tard…


Kagami et Aomine avaient profité du week-end et du fait que les routes étaient dégagées pour rendre visite au père et au grand-père de l'écrivain et ensuite aux parents du correcteur. C'était la première fois que le romancier allait rencontrer ses beaux-parents et il était un peu stressé. Il avait souvent entendu son amant leur parler au téléphone et ils savaient que leur fils avait fait la connaissance de quelqu'un. C'était une étape de plus dans leur relation et elle était importante. Aomine avait déjà vu son père et son grand-père pour Hanami et n'avait pas semblé plus nerveux que ça. Il prenait la chose de façon plus décontractée que lui.

En fin de compte, la journée se déroula à merveille et les deux hommes furent heureux de constater que leur couple était accepté par tout le monde. C'était important pour eux. Ensuite ce sera la rencontre entre les deux familles, mais ça, ce serait pour un peu plus tard. Ils en avaient discuté sans entrer dans les détails, mais ça semblait une évidence pour tous les deux.

Dans les semaines qui suivirent, Kagami mit un point final au premier tome du Prix de la Liberté et comme les corrections étaient quasiment faites en temps réel, le moment tant attendu était proche. Kise avait monté une campagne publicitaire autour du nom de Mori Tora avec la possibilité de précommander le livre en format papier et numérique sur le site de Touou. Et sur celui de Seirin, le format poche battait des records de demandes. Et le livre n'était même pas encore en vente. Il reçut un SMS d'Higuchi qui le félicitait alors que Rakuzan devait approvisionner les librairies avec les romans historiques dont les ventes avaient de nouveau augmenté. Kagami se doutait qu'il y aurait une recrudescence d'achats par les lecteurs pour ses précédents ouvrages, mais il ne s'attendait pas à être contacté. Après tout, si ça faisait plaisir au nouveau responsable des éditions, tant mieux. Mais il ne fallait pas qu'il croie qu'il allait le récupérer.

Kise avait proposé d'attendre la date du 2 août, le jour de son anniversaire pour la mise en vente, tous formats confondus. Kagami avait eu l'idée de faire dessiner ses personnages dans le style manga par un jeune artiste, Sakurai Ryo. Il avait vu de quoi été capable le dessinateur et fut emballé par son coup de crayon. Il avait travaillé avec lui quelques jours et ses personnages avaient pris corps. Ils s'exposeraient grandeur nature sur les panneaux publicitaires urbains. À la vue du succès des précommandes, Kise avait fait faire des affichages dans le métro, sur les bus, ainsi qu'un spot sur les radios. Au début, l'écrivain s'était dit qu'il valait mieux laisser aux lecteurs le soin d'imaginer, mais dans un pays où le manga faisait partie intégrante de la culture littéraire, pourquoi pas ? Et qui sait si un studio d'animation ne serait pas intéressé ? Par la suite, il allait falloir prévoir également une tournée de dédicaces qui allait s'avérer énorme. Un phénoménal succès était en train de naître.

Quelques jours avant la sortie du Prix de la Liberté, Kagami reçut un mail de l'hôpital. Il s'agissait des derniers résultats de son analyse de sang. Dans ce genre de cas, un examen complet était fait pour que les médecins sachent à quoi ils devaient s'attendre, en complément des dossiers médicaux numériques. Pour certains bilans, il fallait patienter plusieurs semaines, et ils étaient enfin là. Il consulta le fichier et sourit. Son cœur se mit à battre et des larmes firent briller ses yeux grenat. Il était heureux et l'imprima, mais il ne savait pas trop comment l'annoncer à Aomine. Il ne voulait pas qu'il se sente obligé de faire la même chose. Mais ce serait tellement fabuleux d'être véritablement libre. Il allait devoir trouver un moyen d'amener la chose en douceur. Il plia les feuilles et les mit dans sa poche.

— T'en es où des dernières corrections ? demanda Aomine qui relisait pour la millième fois l'ultime chapitre de ce premier tome.

— Presque finies… encore une demi-heure…

— T'as vu Sakurai ?

— Oui, c'matin en visio et on a arrêté les persos et les arrière-plans. Y a plus rien à toucher. Kise va faire les intégrations dans les affiches auprès des imprimeurs.

— Tu t'sens d'attaque pour le prochain volet ?

— Plus que jamais, sourit le romancier en tournant son fauteuil vers son amant. Mais là, tout de suite, c'que j'me sens d'attaquer c'est ton corps… Viens là…

— Non ! Non, pas sur ton fauteuil ! s'écria le correcteur en riant. Rappelle-toi la dernière fois qu'on s'est assis d'ssus tous les deux ?

— C'est pas faux… Alors j'vais aller dans la chambre, me déshabiller, m'allonger sur le lit… nu… caresser mon corps en imaginant que c'est toi…

À mesure qu'il égrainait sa liste, il était parti vers les escaliers en laissant ses chaussons, son t-shirt, ses chaussettes, son pantalon et quand Aomine, qui le suivait de loin, vit le boxer voler par la porte pour finir dans le couloir, il se précipita dans la pièce. Kagami n'avait pas menti, il était effectivement sur le lit, nu, et ses mains parcouraient son corps d'une manière très sensuelle et particulièrement aguicheuse. Il savait que son amant adorait quand il lui faisait ce genre de plan.

— T'es vraiment insatiable… murmura Aomine en faisant remonter son index le long du sexe dressé récoltant un gémissement de pure concupiscence.

— Tu veux t'plaindre, peut-être ?

— J'me plains pas…, je constate, c'est tout, rétorqua-t-il en mettant un coup de langue sur les lèvres entrouvertes qui lassaient échapper un souffle rauque.

— Et si tu venais constater de plus près, murmura Kagami en s'allongeant.

Le désir fouetta les reins d'Aomine qui se sentait très à l'étroit dans son jeans. Il commença à se déshabiller à son tour, très lentement, en effleurant son corps à la manière d'un strip-teaser. La réaction fut immédiate. Kagami se redressa et posa sa main sur la cuisse en l'attirant vers lui. Son amant ne fit pas prier et lorsqu'il se vit disparaître dans cette bouche avide, il feula comme une panthère en colère à qui il ne valait mieux pas dérober sa proie. Ses doigts se crispèrent sur la chevelure aux reflets auburn et il balança paresseusement ses hanches, dominant la scène de toute sa hauteur, ce qui l'excitait au plus haut point. Mais c'était encore trop tôt, il voulait que ça dure, comme à chaque fois. Il poussa Kagami qui s'allongea sur le ventre en un geste explicite.

Aomine rampa sur son dos, dévorant sa peau parfumée de baisers incendiaires. Il aimait quand son homme s'offrait à lui comme ça, qu'il s'abandonnait complètement entre ses bras. Kagami soulevait ses hanches contre cette virilité qui s'appuyait et glissait entre ses fesses. Il devait encore attendre, mais pas trop non plus. Il vit Aomine prendre le gel et les préservatifs dans le tiroir du chevet et c'est l'instant qu'il choisit.

— Regarde…, dit-il en tendant deux feuilles par-dessus son épaule, qu'il avait préalablement dissimulées sous le coussin et sur lesquelles Aomine reconnut le logo de l'hôpital.

Il les parcourut d'un air inquiet au départ et il vit un résultat qui le fit sourire comme un gosse qui vient de recevoir le cadeau de ses rêves. Il se leva, dévala les escaliers, et revint un instant plus tard avec des feuillets identiques. Kagami les lut et sa réaction fut la même. Une joie indicible les fit rire.

— T'as fait ça quand ? demanda le romancier.

— T'étais à l'hôpital… j'me suis dit que, du temps qu'tu t'réveilles, autant faire quelque chose d'utile… surtout qu'on venait de s'embrasser alors…

— Et si nous deux ça avait pas marché ?

— Ça reste quand même important de savoir ça… Ça rassure… Mais je savais qu'ça marcherait… toi et moi…

— Et tu t'es pas trompé…

— J'voulais attendre ton anniversaire pour te l'donner, mais… t'as été plus rapide…

— Moi j'avais plus la patience… fallait que j'te le montre, et je cherchais le bon moment…

— Plus besoin de capotes alors…

— Non, plus besoin…

— Je t'aime si fort, murmura Aomine en embrassant tendrement son amant.

— Moi aussi… je t'aime tellement…

Ils firent l'amour libre de toute entrave pour la toute première fois. Ils s'étaient toujours protégés depuis les débuts de leur vie sexuelle, et ils ne connaissaient pas les sensations éprouvées lors d'un contact direct. Ils croyaient être au paradis à chaque étreinte, mais là ils comprirent qu'ils en étaient loin. Tout était amplifié, démesuré, augmenté à l'extrême. Ils ne purent retenir les larmes de plaisir et bonheur qu'ils coulèrent sur leurs joues, car ils venaient d'offrir à l'autre la dernière parcelle d'intimité encore pure qu'il leur restait…

À suivre…

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