Ne pas déranger… Processus de guérison en cours…


Emma émergea d'un sommeil dans lequel elle ne se souvenait pas avoir plongé. Son manteau, son écharpe, son bonnet et son pull avaient disparu. Elle se trouvait dans un lit de fortune, au sein du bureau de la médecin et Ruby se rapprocha pendant qu'elle découvrait la pièce.

– Comment tu te sens ?

– Ça peut aller… Mais je flotte un peu…

– C'est normal, on t'a donné des trucs pour la douleur. C'est ce qui t'a endormi aussi…

– C'est si horrible que ça ?

– On va pas se mentir, ça a pas l'air beau. La médecin voulait attendre que tu te réveilles pour faire des examens et en savoir plus.

– Merde…

Emma grimaça, puis une femme vêtue d'une blouse blanche entra. Elle prit de ses nouvelles en se plaçant devant le lit. Elle dévisagea longuement sa patiente après qu'elle lui ait dit qu'elle avait eu de la chance.

– Je suis soulagée que vous n'ayez que des bleus, même si je soupçonne quand même deux côtes fêlées. Il va falloir que vous passiez une radio pour le confirmer.

Emma croisa le regard de Ruby en communiquant silencieusement.

– T'inquiète pas, lui murmura-t-elle en hésitant à prendre sa main, de peur d'appuyer sur un bleu.

– Il vous faudra aussi des antalgiques pour les prochaines semaines au moins.

Nouvel échange de regard entre les deux amies. Ce dernier ne passa pas inaperçu, et la médecin sonda sa patiente du regard.

– Je me dois de demander. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

– Je cherche toujours à comprendre, répondit immédiatement Ruby.

– Je sais pas, lâcha Emma lorsqu'elle insista avec les yeux.

– Vous n'avez pas vu qui vous a fait ça ?

Elle haussa les épaules d'un air hagard. Elle n'arrivait pas à réfléchir mais tout ce dont elle se rappelait était qu'elle ne pouvait pas parler.

La jeune femme soupira et décida de la laisser tranquille.

Les deux amies patientèrent un instant pour être certaines qu'elle ne revenait pas. Puis en quelques secondes, Emma fondit en larme en silence. Ruby se pencha la mine inquiète pour la rapprocher d'elle au bord du lit et la serrer contre elle.

– Est-ce que tu sais pourquoi il a fait ça ? lui demanda Ruby dès qu'elle se fut un peu calmé.

La question la démangeait depuis de longues minutes.

– Non ! Il m'a demandé ce que j'avais dit à Mills et il a prétendu que je l'avais menacé !

– Tu… tu crois que ça pourrait être elle qui l'a envoyé ?

Cela faisait de longues minutes qu'elle envisageait cette possibilité. L'avait-elle encouragé avec son intervention ? Elle ne se le pardonnerait jamais si c'était le cas…

– Quoi ? Mais non ! Quand même pas… Enfin je pense pas, j'espère pas… Ce serait pas trop son genre.

– On la connaît pas Emma. On n'a aucune idée de ce dont elle est capable.

Suite à ça, Emma dévisagea Ruby en essayant de savoir à quel point c'était vrai. Elle se sentait tellement désespérée… Elle ferma fort les yeux et se rallongea. De toute façon, elle n'avait jamais eu de chance…

– Désolée, je devrais te laisser te reposer.

Ruby semblait prête à exploser lorsqu'elle s'éloigna du lit pour faire les cent pas. Emma émergeait petit à petit au fil des minutes. Elle fut doucement bercée par les pas répétitifs de son amie pendant dix bonnes minutes. Elle avait l'impression que son cerveau tournait à deux à l'heure mais ses pensées prenaient sens à nouveau.

– Putain ça m'a fait tellement peur… marmonna la brune. T'étais par terre comme si t'étais… plus là… J'ai cru que j'allais jamais réussir à te faire revenir sur Terre…

– Je sais. Moi aussi j'ai eu peur. Mais je sais aussi qu'il ne payera pas.

Cette seule pensée tournait dans sa tête depuis dix minutes.

– Pourquoi ?

– Il y a de gros risques qu'en cherchant à comprendre comment on en est arrivées là, les gens apprennent ce qu'il s'est passé entre moi et Mills… Et mis à part le fait que le directeur serait très intéressé, j'ai pas du tout envie que tout le monde soit au courant, soupira Emma en se redressant doucement. Les gens me prennent pour une cible facile. Je veux pas que ce soit un sujet de conversation pendant au moins deux semaines entières… Et je crois que Mills préfèrerait que j'en parle pas, et j'ai pas envie d'avoir tout le monde à dos. C'est mieux pour tout le monde.

– Emma… lâcha désespérément Ruby. Je suis désolée que le monde soit si moche.

– Ça ira, lui fit remarquer Emma. C'est vraiment pas grand-chose.

Elle lui partagea un sourire réconfortant et attrapa sa main pour la rassurer. La brune resta auprès d'elle durant deux bonnes heures, lui tenant compagnie avec une humeur assez légère.

Près de la fin d'après-midi, la femme qui semblait s'être autoproclamée enquêtrice revint dans la pièce avec un air qui n'était plus perplexe mais déterminé. Elle était accompagnée de deux hommes qui se postèrent derrière elle.

En les voyant arriver, Emma et Ruby échangèrent un regard inquiet.

– Nous avons besoin de savoir dans quelles conditions vous avez eu ces blessures. Surtout si cela s'est produit à l'intérieur de Storybrooke, annonça la médecin d'un ton à présent beaucoup plus ferme.

– C'est un mec, on l'a pas reconnu, il est sorti de nulle part…

L'enquêtrice soupira et jeta un coup d'œil aux deux bonshommes derrière elle.

– Venez avec moi, lança un des deux en direction de Ruby.

Après un énième regard, elle les suivit sans pression. La femme s'avança alors et agrippa le lit face à elle.

– Je suis certaine que vous savez au moins une chose sur votre agresseur. Je sais repérer les menteurs et je ne quitterai pas cette pièce avant de connaître la vérité, avertit-elle en s'approchant de la blonde pour avoir toute son attention.

– Pourquoi vous voulez savoir ? Ça vous concerne pas.

– Parce que je ne veux laisser personne en danger. Vous auriez pu vous en sortir avec beaucoup plus que ça. Alors s'il vous plait, parlez-moi, de toute évidence, vous avez besoin d'aide.

– Ce n'est pas… ce n'est pas ce que vous croyez, soupira Emma. Vous ne pouvez rien faire.

– Eh bien, dites-moi ce dont il s'agit.

– Je peux pas.

– Pourquoi ? Vous prétendez que vous n'êtes pas en danger mais vous ne pouvez pas me le prouver.

Elle était de plus en plus suspecte, Emma fit chauffer ses neurones pour trouver une solution. Sa tête lui faisait si mal que son cerveau sembla partir en fumée.

– J'ai une fille. Elle et moi, on est très proches, se mit-elle à raconter. Elle rentre cette année au lycée, elle devient une femme et j'ai tous les jours peur qu'elle tombe sur une personne qui ne lui veut que du mal. Aidez-moi à protéger d'autres jeunes femmes contre le type de personne qui vous a fait ça.

Emma se redressa légèrement et s'autorisa finalement à la regarder directement. Elle avait tant envie de faire payer Hood… Elle devrait. Elle douta un instant de son choix, jusqu'à ce qu'elle ferme les yeux. Peut-être qu'un demi-mensonge lui suffirait.

– D'accord… C'est le copain de mon « ex » qui est venu avoir une petite conversation. Je ne peux pas le dénoncer parce que mon « ex » ne veut pas que notre ancienne relation soit découverte. Voilà, vous savez tout, ça vous va ? Vous pensez que je mens encore ?

– Non, je ne pense pas que vous mentez. Mais vous avez omis beaucoup de détails. Je ne comprends pas pourquoi l'avis de votre ex sur votre relation est plus important que votre justice. Et comment pouvez-vous être sûre que votre agresseur ne reviendra pas ?

– On va avoir des soucis si les gens découvrent ça. Et je ferai très attention s'il revient. Mon entourage aussi.

– Et qu'est-ce qu'il voulait alors ? Quelles sont ses raisons ?

– Ça, j'en sais rien, j'ai rien compris et je cherche toujours à comprendre. Il est juste cinglé, soupira Emma avec épuisement. Il était peut-être jaloux ou une histoire dans le genre…

Pendant un instant, elle sembla avoir besoin de déduire si elle se montrait honnête ou non. Elle finit par se détacher du lit, laissant la pression retomber.

– Merci pour vos réponses…

– C'est pas comme si j'avais eu le choix…

– Je vais vous laisser vous reposer, conclut-elle avant de sortir de la pièce.

Un moment plus tard, Ruby la rejoignit et son amie lui résuma la conversation en deux mots.

Alors qu'elle rangeait ses affaires lors de la fin de sa journée de travail, Regina vit arriver Mary-Margaret très nerveuse.

– Regina, je suis tellement désolée. C'est ma faute si Robin a attaqué cette étudiante. Je viens seulement de découvrir qu'il y a des rumeurs qui disent qu'il peut devenir violent. Beaucoup d'étudiants déclarent tous qu'ils ont peur de lui et de ses soudaines crises de colère… Je n'aurais jamais dû t'encourager vers lui… C'est ma faute.

– Tes intentions étaient bonnes, c'est pas ta faute. J'aurais dû le deviner plus tôt, c'est moi qui ai été proche de lui dans tous les sens du terme… J'aurais dû voir le problème.

Comment pouvaient-ils ne pas être au courant auparavant ? Regina hésita à formuler sa question tout haut, mais en fin de compte elle connaissait la réponse…

– Tu sais ce qui l'a entraîné à faire ça ? Pourquoi il est allé la voir ? l'interrogea Mary-Margaret.

Regina frotta son visage avec ses mains de fatigue. Voilà que les mensonges devaient commencer, elle n'avait pas le choix.

– L'étudiante est venue vers moi pour se plaindre de ses notes. Elle a insisté et Robin l'a vu faire, je crois qu'il n'a pas aimé la manière dont elle m'a parlé. Moi non plus je n'ai pas aimé, mais ce n'est vraiment pas une raison…

Pour son plus grand soulagement, sa collègue ne douta pas de ses mots.

– J'espère que l'étudiante portera plainte…

Regina se tendit face à cette réflexion. En temps normal, elle aurait été plus que d'accord. Mais leur situation n'était pas normale. Elle ne pouvait pas porter l'attention sur toutes les deux. Le directeur apprendrait ce qu'il s'est passé et elle était certaine que rien de bon n'arriverait.

– J'ai quelque chose à te demander, lui annonça Regina sans savoir comment éviter d'éveiller les soupçons. J'aimerais que tu ne parles à personne de cette histoire. Ça ne concerne seulement moi, ma relation privée avec Robin et l'étudiante.

– Qu'as-tu en tête Regina ?

– C'est elle la victime de ses actes. C'est son choix d'en parler ou non.

– Mais il faut qu'il soit responsable de ses actes.

– Je sais. Mais rappelle-toi qu'accuser un professeur quand on est étudiante n'est jamais une chose facile, même si nous sommes là pour appuyer la vérité. Nous ne pouvons pas prendre les devants et la forcer à traverser ça.

Ce n'était pas compliqué de convaincre son amie puisqu'elle ne mentait pas, même si ses raisons d'adopter cette position n'étaient pas celles qu'elle croyait être. Avec un silence, sa collègue lui donna raison. Regina fut mal à l'aise de la tromper ainsi. Elle avait le pouvoir de faire payer Robin correctement en réalité, mais elle ne pouvait simplement pas s'en servir.

Les épaules de Mary-Margaret s'abaissèrent quand elle vit la frustration qui rongeait Regina.

– Il est tard, remarqua cette dernière. Il faut que j'y aille.

Elle la salua en vitesse et se dirigea sans plus réfléchir vers le médecin du campus. Elle venait de passer plusieurs heures à culpabiliser à propos de Mademoiselle Swan, et elle cédait à son caprice : elle devait savoir comment elle se portait. Et peut-être s'excuser.

Regina avança avec angoisse, en imaginant de ce qu'elle allait découvrir, craignant aussi qu'elle refuse de la voir. Ce n'était probablement pas une bonne idée, pourtant elle parcourut d'un pas rapide les couloirs en jetant des coups d'œil furtifs un peu partout et en évitant soigneusement d'attirer l'attention.

Au détour du chemin, elle l'aperçut enfin. Elle semblait dormir sur le petit lit où elle était installée. Elle paraissait étonnamment paisible, malgré les nombreux bleus et contusions que Regina pouvait observer à plusieurs mètres. La professeure détailla du regard tout son corps sans gêne, voulant être sûre et certaine qu'elle allait bien. Les bleus devaient être si douloureux… Et resteraient-ils toujours visibles dans plusieurs mois ? Son estomac se troua…

– Qu'est-ce que vous faites là ?

Regina se retourna et se retrouva face à la pire personne qui aurait pu la prendre par surprise. L'amie de Mademoiselle Swan se trouvait devant elle avec un café à la main et un air sévère. Elle eut besoin d'un instant pour revenir sur terre.

– Je voulais savoir comment elle va. Je sais que je ne devrais pas être là.

Ruby eut du mal à juger si elle était sincère. Elle lui avait semblé si froide vis-à-vis d'Emma à peine quelques heures auparavant…

– C'est votre faute ce qu'il s'est passé ? l'interrogea Ruby avec méfiance.

Le picotement dans son cou lui donna envie de remettre la jeune femme à sa place. Pour le soulager, Regina croisa fermement les bras et réussit à garder un ton neutre.

– Ce n'était pas mon intention, mais malheureusement oui.

Ruby la dévisagea encore quelques secondes et lui demanda tout bas de s'éloigner pour éviter que Emma l'aperçoive. Elle entra même dans un bureau vide afin qu'il n'y ait aucun risque que qui que ce soit les voit.

– Ça m'étonne moi-même mais je vous crois.

– Dites-moi comment elle va, l'interrogea Regina qui se sentait de plus en plus gênée.

La professeure attendit sa réponse avec tant d'impatience que Ruby comprit que cela faisait un moment qu'elle ne pouvait s'empêcher de se poser la question.

– Elle va plutôt bien, elle a plusieurs bleus et des côtes fêlées soupçonnées. Et elle est très fatiguée. Elle doit passer une radio pour en être sûre.

Regina laissa partir un long soupir.

– À défaut de pouvoir lui dire, j'aimerais que vous sachiez que je suis désolée…

– Vous êtes désolée de quoi ? Qu'un autre professeur l'ait attaqué ou que vous ayez levé la main sur elle ?

En temps normal, l'idée de parler ainsi à un de ses professeurs ne lui aurait jamais traversé l'esprit…

– C'était un accident… soupira Regina qui n'avait pas la tête à la confrontation. S'il y a quelque chose que je peux faire pour l'aider, faites-moi savoir.

– Il y a bien une chose dont elle aurait besoin, déclara Ruby en doutant fort de son honnêteté.

– Dites-moi ?

– Elle n'a pas vraiment les moyens de payer la radio. Je le ferais bien pour elle mais moi non plus.

– Je m'en charge.

Malgré son fort étonnement, Ruby ne perdit pas de temps pour acquiescer et l'avertir qu'elle lui enverrait la facture dès qu'elle l'aurait. Elle lui précisa que Emma ne serait au courant de rien, qu'elle ne devait rien savoir et Regina approuva. Elle fouilla ensuite dans son sac sous l'air intrigué de Ruby.

– Voici aussi un peu d'argent pour payer les antidouleurs ou autres soins dont elle aura besoin une fois chez elle, déclara-t-elle en tendant une petite botte de billet.

Cette fois-ci, elle resta estomaquée quelques secondes sans réussir à deviner le montant total tellement les billets étaient nombreux. Elle les prit en main en marmonnant des remerciements puis Regina ne s'attarda pas plus et la laissa retrouver Emma. Mais après quelques pas, à cause d'une question la taraudant, elle fit demi-tour.

– Est-ce que… est-ce qu'elle a dit quelque chose ? Ce qu'elle aimerait faire ?

– Vous voulez savoir si elle va porter plainte, ou si elle va parler au directeur.

– Oui.

– C'est pas dans ses projets. Je crois que vous êtes chanceuse.

Regina baissa la tête pour ne pas dévoiler sa réaction à son interlocutrice. Elle finit simplement par acquiescer puis elle sortit enfin.

Ruby était chamboulée quand elle rejoignit Emma, mais celle-ci qui s'était assise ne sembla pas le remarquer.

– Je croyais que la machine à café était juste devant ? T'as pris ton temps.

– Tu veux réquisitionner tout mon temps maintenant ? répliqua Ruby en s'approchant d'elle.

Un poids énorme venait de s'enlever de ses épaules et ce n'est qu'en voyant son amie qu'elle s'en rendit compte.

– C'est toi qui m'as amené ici. Alors maintenant, assume les conséquences et prends soin de moi.

– Pour le meilleur et surtout pour le pire, soupira Ruby.

De son côté, Regina ne perdit pas un instant et retrouva Robin.

– Alors tu as changé d'avis ? Tu viens me remercier pour ce que j'ai fait ? lança Robin dès qu'il l'aperçut approcher.

La professeure se pinça l'arête du nez en détestant d'ores et déjà cette conversation.

– Je crois que tu n'as pas compris. Ce que tu as fait est une grave faute. Je viens de prendre des nouvelles de l'étudiante et tu as de la chance, j'ai réussi à sauver tes fesses et à la convaincre de ne pas porter plainte. Elle semblait prête à t'envoyer dix pieds sous terre, ça n'a pas été une mince affaire… Mais ça ne veut pas dire que tu es tiré d'affaire, elle risque de changer d'avis à tout moment, alors je te conseille de faire profil bas si tu souhaites rien qu'une infime chance de t'en sortir.

Regina ne parvint pas à savoir ce qu'il en pensait. Elle s'était montrée la plus convaincante possible pour éviter qu'il fanfaronne davantage, pour qu'il se sente en danger, mais elle avait peur que ce ne soit pas assez. L'homme ne répondit rien et ce fut la limite de sa patience.

– Tu as entendu ?

– Ouais.

– Retiens-le, ordonna-t-elle du même ton avec lequel elle s'adressait à la plupart des étudiants. Et n'essaye pas de tenter la moindre chose, je t'ai à l'œil.

Elle ne s'attarda pas une seconde de plus, l'envie de s'en prendre à nouveau à lui étant difficile à résister. C'était étonnant de ne plus l'entendre débiter, mais c'était étrangement satisfaisant. S'éloigner de lui fit le plus grand bien.

Quelques minutes plus tard, Ruby guidait Emma jusqu'à la voiture en direction de l'hôpital. Cette dernière n'arrivait toujours pas à marcher sans grimacer, même avec les antidouleurs. La brune soupira, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir toute sa douleur.

Bonne nouvelle : elle n'avait qu'une seule côte fêlée. Ruby essaya de se montrer optimiste mais cela n'eut aucun effet sur son amie. Elle réussit à récupérer la facture sans trop éveiller les soupçons. Emma semblait de toute manière trop déphasée pour ça. Elle la ramena chez elle avec une grosse boite d'antalgiques et resta une grande partie de la soirée, histoire de se rassurer sur sa santé. Elle la quitta uniquement lorsqu'elle fut certaine que tout irait bien et qu'elle ne manquait de rien pour cette nuit.

Une fois seule dans la chambre, assommée par tout ce qu'il venait de se passer, Emma céda et quelques larmes coulèrent sur ses joues. Elle les avait retenus depuis les coups reçus, et cela lui fit un bien fou d'enfin les laisser s'échapper.

Le lendemain matin, Ruby arriva à neuf heures pétantes, comme elle avait promis.

– Bonjour ! Comment tu vas aujourd'hui ?

– Un peu mieux.

Ruby hésitait à lui partager la dernière nouvelle qui lui était parvenue. Mais maintenant qu'elle le découvrait triste et angoissée, elle ne pouvait pas la garder pour elle. Alors en allant lui préparer un déjeuner, elle lui offrit un petit sourire.

– J'ai une bonne nouvelle pour toi. Je sais pas si t'as entendu mais plusieurs personnes ont vu hier Mills et Hood avoir une rencontre assez violente. Les gens disent qu'elle l'a giflé bien fort et qu'elle l'a menacé.

Emma ne comprit pas trop quelle réaction cette nouvelle provoqua en elle. C'était un mélange confus de surprise, de nostalgie, de regret et de colère.

– Je sais que ça va pas te soulager mais au moins il sait à quoi s'attendre s'il revient.

– Ruby s'il te plait, j'ai plus du tout envie de parler de ce qu'il s'est passé ou d'en entendre parler… lui fit remarquer Emma avant de la remercier pour le jus d'orange qu'elle lui avait versé.

– J'imagine, désolée…

Les deux derniers jours de la semaine, Ruby resta avec Emma chez elle. Elles avaient improvisé un weekend de révision, étant donné qu'elle était interdite du moindre effort physique pendant un moment.

La nuit, Emma dormait mal, cela faisait plusieurs années qu'elle n'avait pas dormi aussi mal. Elle devait sans arrêt se retourner pour ne pas souffrir. Mais cette nuit, des songes particulièrement familiers lui apparurent.

De retour avec son agresseur, Ruby n'était nulle part en vue. L'homme ne prenait même plus le temps de lui poser des questions et Emma avait l'impression que c'était sans fin. Elle se sentait pleurer à chaude larme et ne ressentait rien d'autre. Elle se répéta sans cesse qu'elle allait mourir ici. Elle tenta tout ce qu'elle put jusqu'à ce qu'elle se réveille, ne pleurant pas moins que dans son rêve.

Quand une vague de rage la traversa, ses larmes ne coulèrent plus.

C'était stupide de ne pas faire payer Hood par un moyen ou un autre ! Et comment en était-il arrivé là ? Cette question l'obsédait depuis… Emma pourrait presque mettre sa main à couper que Mills avait une responsabilité dans l'histoire ! Ou alors pas mieux : elle n'était même pas au courant de ce que son petit copain lui avait fait… Ruby avait beau avoir rapporté que la professeure s'était disputée avec lui, le sujet pouvait être un autre que le sien… Après tout, c'était bien Madame Mills qui avait commencé à s'en prendre à elle…

Finalement elle n'en avait aucune idée… Et c'était sans aucun doute encore plus énervant !

Elle arrêta de se plaindre quand un faux mouvement la fit souffrir. Elle se laissa doucement tomber dans ses draps avant d'attraper son téléphone.

Il était déjà six heures, alors sachant qu'elle ne se rendormirait pas, elle se leva. En quelques minutes à peine elle fut prête pour sa journée et n'attendit pas pour sortir. Storybrooke la mettant un peu mal à l'aise ces derniers temps, elle conduisit plutôt jusqu'à chez Ruby. Celle-ci la tuerait probablement pour avoir conduit sur quelques kilomètres, mais le médecin lui avait bien dit que c'était seulement à limiter.

– Ah c'est toi, réagit son amie lorsqu'elle la vit devant sa porte. Viens, il est trop tôt pour pas être au lit.

Ruby ne perdit pas une seconde pour retrouver la chaleur de son lit, invitant Emma à la rejoindre une fois qu'elle eut enlevé sa veste.

– Alors, qu'est-ce que tu fais là si tôt ?

En la regardant, il était évident qu'elle venait de la réveiller. Mais aucun reproche ne sonnait dans sa voix. Malgré tout, Emma se sentit obligée de s'excuser avant de lui expliquer.

– Je dors mal…

– Les antidouleurs marchent pas ?

– Si je crois. J'ai un peu mal mais c'est supportable…

– Tu fais des insomnies ?

– Et des cauchemars…

– Tu veux dormir ici ce soir ?

– On verra…

L'apercevant fermer les yeux, Ruby arrêta les questions. Comme elle l'avait deviné, elle s'endormit vite. C'était sa dernière journée de repos avant de devoir revenir à Storybrooke et elle méritait bien un peu de répit.

Mary-Margaret regardait depuis cinq bonnes minutes la porte du bureau du directeur de Storybrooke.

En général, elle était incroyablement angoissée lorsque Monsieur Williams la convoquait. Elle savait qu'il n'y avait pas vraiment d'inquiétude à se faire, mais il n'était pas du genre à mettre à l'aise ses interlocuteurs. Néanmoins, quand elle entra dans son bureau après avoir toqué, l'homme lui offrit un sourire de politesse avant de la saluer.

– Installez-vous rapidement, nous n'en aurons pas pour longtemps. J'ai seulement quelques questions, si vous voulez bien, nous allons commencer immédiatement.

Sans manquer de son entrain habituel, elle s'assit en essayant d'occulter son angoisse comme elle pouvait.

– Que pensez-vous de votre collègue Regina Mills ? s'empressa Monsieur Williams.

Alors elle avait vu juste. Il était au courant.

Mary-Margaret était habituée par ce genre d'interrogatoire mais prit tout de même un moment pour répondre.

– Elle est très douée et investie dans son travail. Je ne crois pas qu'on puisse lui reprocher quelque chose.

L'homme la sonda du regard, semblant deviner qu'elle ne disait pas tout. Depuis de longues années, il n'avait jamais douté de son honnêteté. Mary-Margaret savait que ce n'était pas très intelligent de ne pas mentionner l'accident alors qu'il en avait certainement déjà entendu parler.

– Pourtant il s'est passé quelque chose. Expliquez-moi.

À son air curieux, la professeure comprit qu'il n'en être au courant pas grand-chose, surement de vagues rumeurs. Et il comptait sur elle…

– Ce… ce n'était rien monsieur… Monsieur Hood s'est mêlé des affaires de Madame Mills. Il a parlé avec une étudiante qui avait eu une conversation avec elle et cette étudiante lui a manqué de respect. Rien de grave étant donné qu'elle n'en a pas parlé… Elle n'a même pas semblé frustrée par un quelconque sujet. Ma collègue n'a pas aimé son geste, c'était vraiment intrusif ! Alors elle le lui a fait comprendre. Elle aurait pas dû le faire devant des étudiants, c'est vrai, mais la colère a pris le dessus et je suis certaine que ma collègue regrette…

– Que lui a dit l'étudiante qu'elle n'a pas aimée ?

– Elle voulait qu'elle change ses notes aux derniers examens.

Le directeur poussa un long soupir à n'en pas finir. Puis il s'adossa contre son siège sans la lâcher du regard.

– Peut-être qu'elle n'a simplement pas encore fait quelque chose qu'on puisse lui reprocher, conclut l'homme avant de se pencher vers elle. Votre collègue est la plus jeune professeure à avoir travaillé dans cette école. Vous savez comme moi, lorsqu'on est jeune, on peut vite changer d'avis. Elle a à peine la trentaine et elle a déjà un quotidien d'une femme de la quarantaine… C'est aussi remarquable qu'inquiétant.

Mary-Margaret était perplexe, Regina semblait tellement professionnelle qu'elle se demandait parfois si elle savait vraiment se détendre. Elle ne voyait pas en quoi le directeur se méfiait d'elle…

– J'aimerais que vous continuiez à garder un œil sur elle. Je veux savoir tout ce qu'elle fait à Storybrooke, avec qui elle s'entend et avec qui elle ne s'entend pas.

Mary-Margaret fut étonnée qu'il ne l'interroge pas davantage. Elle n'osa pas faire de remarques ni poser de questions. Elle acquiesça simplement.

– Bien qu'elle ait passé une première année exemplaire au sein de Storybrooke, je suis certain qu'elle nous réserve beaucoup de surprises.

– Donc vous me demandez de l'espionner ?

– Je vous demande de veiller sur elle. Faites en sorte qu'elle prenne le bon chemin.

Mary-Margaret parut comprendre et acquiesça à nouveau, avec tout de même hésitation.

– Si vous apprenez la moindre chose que vous estimez importante à propos de Madame Mills, venez m'en faire part.

– Entendu.

Quelques instants plus tard, le directeur la laissa sortir de son bureau.

Mary-Margaret faisait partie de cette école depuis de longues années, pourtant la plupart du temps, elle ne s'y sentait pas à l'aise.

Elle était d'accord avec le directeur sur un seul point : sa collègue était vraiment intrigante. Mary-Margaret avait elle aussi très envie de la connaître davantage.


Wouah comment ce chapitre m'a cassé la tête ! Du coup j'espère qu'il vous plait

Je vous souhaite de bonnes fêtes et une bonne année d'avance !