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Chapitre 17 : Celui dans l'ombre

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Au fur et à mesure de la progression d'Harry sur le chemin, les arbres se clairsemèrent pour finalement révéler une petite clairière.

Des torches crasseuses, installées à la hâte, projetaient une lumière jaunâtre vacillante sur les cages soigneusement disposées sur le côté, le long des buissons.

Leurs barreaux, ternes et rouillés, témoignaient de leur utilisation régulière et du peu d'entretien dont elles avaient droit. Les créatures, à l'intérieur, s'agitaient nerveusement sans un bruit. Dans la pénombre, Harry discernait le scintillement de leurs yeux brillants. Il supposa qu'un sortilège « Sourdinam » avait été lancé sur elles, car le silence qui les enveloppaient était oppressant.

Il se dissimula dans les fourrés, observant la scène : la clairière était étrangement peu gardée, ce qui facilitait sa tâche délicate. Avec précaution, il s'approcha de la première cage, prenant bien soin de rester à couvert, sortit sa baguette et murmura « Alohomora », libérant ainsi la première créature. À l'intérieur, un étrange petit vautour au plumage noir semblait impatient de retrouver la liberté.

Avec habileté, Harry réduisit l'oiseau à la taille d'un œuf et le glissa dans la bourse en cuir que Drago lui avait confié, l'envoyant ainsi au Sanctuaire. Pour éviter d'attirer inutilement l'attention des gardes, il réalisa une illusion rapide : un simple brin de paille prit la forme de la bête emprisonnée, donnant l'impression que la cage était toujours occupée. Seul un observateur attentif aurait pu détecter la supercherie.

Harry continua ainsi son travail avec une précision et une rapidité remarquable, ouvrant une à une les cages, libérant les créatures captives tout en trompant la vigilance des gardes.

Soudain, un corps désarticulé vola à travers la clairière et fut projeté avec force à proximité d'Harry. Un frisson parcourut son échine alors qu'il se fondait encore plus dans l'obscurité, entre les cages.

Un homme encapuchonné gisait au sol, son visage enfoncé dans la boue. Il sortait visiblement d'un combat et ne semblait clairement pas victorieux.

Un garde massif, une véritable montagne de muscles, s'avança d'un pas décidé vers le blessé. Attrapant l'intrus par le cou, il le souleva sans effort apparent, puis le propulsa violemment en direction d'un arbre proche. Le corps de l'homme percuta le tronc dans un sinistre fracas d'os brisés.

Harry jeta un œil inquiet au blessé. Il hésitait à se montrer pour lui porter secours. Une étrange sensation de déjà-vu agita ses pensées ; Comme un soupçon de familiarité. Il l'avait déjà vu, non ?

Une voix masculine résonna brusquement : « Regarde ce que tu m'obliges à faire. Pourquoi a-t-il fallu que tu joues au plus malin avec nous ? Tu avais une voie en or, toute tracée devant toi. Mais tu as eu les yeux plus gros que le ventre. Tu nous as refilé des déchets et ça a contaminé toute notre cargaison. Sais-tu seulement combien tu me dois ? Heureusement pour toi, notre présidente est pleine de mansuétude : elle m'a demandé de ne pas trop t'abîmer. Juste de t'apprendre un peu... une ou deux choses. »

Un petit homme en costume fit son apparition. Harry ne l'avait jamais vu, mais il reconnut la voix : cet homme était présent dans l'entrepôt d'AnimaGuard le jour où Harry et Drago s'étaient infiltrés.

Le colosse saisit à nouveau l'homme par le col de sa cape, le soulevant comme une marionnette, avant de le projeter violemment au sol, aux pieds de l'agent en costume. Ce dernier s'accroupit près du corps avec une expression d'ennui pur. D'un geste nonchalant de sa baguette, il releva le menton de la victime : « Tu n'as aucune valeur à nos yeux. On m'a demandé d'être gentil, mais... entre nous... toi ou un autre... je trouverais autant de petites merdes comme toi où je veux, quand je veux. Qui s'apercevra qu'il manque un trafiquant ou deux ? Si je te tue et que je te donne au Grapcorne là-bas, qui saura ce qu'il se sera vraiment passé ? Puisqu'il ne restera plus rien de toi… »

Un couinement de détresse, empreint de désespoir, s'échappa de l'homme à terre : « S'il vous plaît. Je peux en trouver plus… demandez-moi ce que vous voulez. »

Harry se crispa en reconnaissant la voix : Ronald Weasley. La stupeur le figea, paralysant ses pensées.

« Mais tes produits sont avariés. Malades. Impropres à la revente. Tout ce que tu as fait jusqu'à présent, c'est nous faire perdre notre temps et notre argent. » L'homme en costume parlait d'une voix cruelle.

La clarté des torches accentuait les traits durs de son visage, laissant entrevoir en lui une bestialité implacable. Le colosse, imperturbable, maintenait Ron au sol, l'empêchant de se relever.

Les yeux de Ron, emplis de peur, balayèrent l'environnement qui l'entourait. Soudain, son regard rencontra celui d'Harry, toujours dissimulé entre les cages. Il tendit une main suppliante vers avant de ramper vers lui, cherchant refuge : « Harry ? C'est toi, Harry ? Aide-moi. Ne me laisse pas là ! Sauve-moi ! »

L'homme en costume se tourna brusquement vers Harry : « Là ! Un rat ! Tue-le ! »

Le colosse, rugissant de colère, s'empara de plusieurs cages qu'il lança violemment en direction de Harry. Celui-ci, réagissant avec une agilité impressionnante, esquiva de justesse, dégainant sa baguette d'un geste fluide.

« Confringo ! » hurla Harry, faisant exploser une des cages entre les mains du géant. Un cri de douleur s'échappa de lui avant qu'il ne fonce, dévastateur, droit sur Harry. Profitant de l'instant d'hésitation induit par un habile « Confundo », Harry se désengagea avec une habileté déconcertante.

Ron, profitant de la confusion, tenta de ramper loin du combat.

Le petit homme en costume se joignit à la mêlée en lançant un rayon rouge qui atteignit Harry à l'épaule. Grimaçant de douleur, il répliqua avec un violent : « Diffindo ! » Le sort découpa l'air, atteignant son adversaire à la jambe. Un rugissement s'éleva alors que sa peau se déchirait, mais Harry enchaînait déjà avec un « Sectumsempra » mortel.

« Deflecto ! » hurla le petit homme. Les deux sorts se rencontrèrent en crépitant et celui d'Harry dévia droit sur le colosse, ouvrant son ventre en deux. Il s'effondra au sol, laissant Harry face à son dernier adversaire.

« Protego ! » Harry évita un nouveau rayon et roula au sol avec agilité pour lancer un autre « Confringo ». L'explosion projeta l'homme en costume en arrière. Désorienté, il cherchait à reprendre le contrôle de la situation. Harry, malgré ses blessures, attaqua sans laisser de répit.

D'un mouvement rapide, il lança un « Diffindo » qui fendit l'air, atteignant l'homme au torse. Un cri de douleur résonna et l'homme s'effondra sur le sol. Profitant de cet instant critique, Harry se déchaîna, créant un « Bombarda » puissant. Une onde de chaleur l'enveloppa alors que son sort explosait sur l'homme à terre.

Le silence tomba sur la clairière.

Harry, haletant, s'approcha de lui ; D'un geste rapide, il désarma son adversaire. Mais c'était une précaution inutile.

Ron, qui avait réussi à s'éloigner du champ de bataille, observait la scène, les yeux écarquillés. Harry tourna enfin son regard vers lui et s'approcha pour l'aider à se relever, un peu désorienté : « Mais… je ne comprends pas… qu'est-ce que tu fais là ? »

Ron gémit en tenant son poignet : « Ils me l'ont cassé ! – puis il tourna un regard colérique vers Harry – Tu allais vraiment me laisser crever ici ? »

Harry, ne se laissa pas déstabiliser : « Dis-moi ce que tu fous ici, Ron ! »

« Qu'est-ce que tu crois ? Tout le monde ne croule pas sous l'argent comme toi ! Ils m'ont proposé pas mal de thune contre quelques petites bestioles. J'ai toute une famille à nourrir, moi. Tu crois que ça m'amuse ? »

Harry pâlit : « Tu fais ça depuis quand ? Pourquoi tu ne m'as rien dit ? »

Ron, renfrogné, lâcha d'un ton amer : « Depuis un bout de temps. Et tout se passait super bien. Bon, y a eu un petit problème la dernière fois, mais rien de si terrible. Et je ne t'ai rien dit parce que tu ne t'intéresses pas aux autres. Il n'y a que toi. Toujours toi. »

« Un petit problème ? Ron ! J'ai vu l'entrepôt ! Ce sont des centaines de bêtes qui sont mortes ! Ce sont des trafiquants, une véritable mafia ! »

« Pourquoi tu t'intéresses à un truc aussi insignifiant ? Je te rappelle que ta grande mission est de sauver le monde. Pas de libérer cinq bestioles stupides ! »

Harry, désemparé, répondit : « Ces animaux… est-ce que tu sais seulement ce qui leur arrive ? »

Ron haussa les épaules : « Ça ne m'intéresse pas. Excuse-moi d'avoir d'autres préoccupations. – il détourna le regard, luttant pour maintenir une façade stoïque alors que ses épaules s'affaissaient légèrement – Tout n'est pas aussi simple que tu le pense. T'as jamais compris la pression qu'il y a sur moi. »

Harry s'apprêtait à répliquer, lorsqu'une explosion retentit plus loin, secouant la forêt. Inquiet, il tourna la tête : Drago ! Les dix minutes ! Leur rendez-vous ! Il se tourna vers Ron : « Viens m'aider ! »

Mais Ronald Weasley se fondait déjà dans les ombres : « Désolé Harry, je suis blessé, je vais rentrer. De toute façon, tu vas t'en tirer, comme toujours. »

Il n'était déjà plus là.

Harry se précipita.

Il courut.

Arriva au point de rendez-vous.

Il y avait un corps.

Pas celui de Drago.

Un garde.

Et du sang.

Beaucoup trop de sang.

L'angoisse s'empara du cœur d'Harry quand il découvrit le tableau. La forêt sembla se refermer autour de lui. Il s'agenouilla près du garde, inspectant les blessures avec une expression sombre. Les indices révélaient un combat d'une violence inouïe.

Sa voix rauque perça le silence : « Drago ? »

Les secondes s'étirèrent dans l'obscurité.

Pas de réponse.

Il tendit l'oreille avant de se précipiter sur le chemin de gauche, attiré par un brouhaha indistinct qui montait de cette direction.

Des hommes armés se pressèrent sur lui.

Son regard frénétique cherchait désespérément Drago, mais parmi le chaos de la confrontation, il ne parvenait pas à le distinguer.

Harry fit un pas en arrière, anticipant le sort d'un garde. D'un geste précis, il esquiva trait rougeoyant lancé dans sa direction, pivotant avec une agilité féline.

Avec dextérité, il esquiva.

Attaqua.

Se protégea.

Certains échangèrent des regards incrédules, comme s'ils ne pouvaient pas croire qu'un seul sorcier pouvait leur résister ainsi : « C'est quoi ce type ? » murmura l'un d'eux, perplexe.

Mais le flot incessant de gardes qui tombaient sur lui semblait sans fin : chaque fois qu'il arrivait à se débarrasser d'un homme d'AnimaGuard, un autre prenait sa place, alimentant une lutte qui semblait interminable.

Enfin, il repéra Drago : affaissé sur une chaise, au bord de l'inconscience, le visage pâle, marqué de plaies sanglantes. Harry n'avait pas besoin de s'approcher pour comprendre qu'il avait été torturé. Tous ses doigts semblaient brisés, tordus dans des angles incongrus. Sa tête oscilla faiblement.

Il était encore vivant.

Harry se rua vers lui mais plusieurs gardes massifs barrèrent son chemin. Une silhouette élancée se détacha dans la pénombre et une femme aux traits rigides s'approcha. Ses cheveux blonds coupés court encadraient son visage sévère, accentuant son air autoritaire : « Voilà donc un autre petit fouineur. – Elle s'arrêta et le fixa un instant – Harry Potter ? Vous n'avez pas… d'autres chats à fouetter ? »

Harry reconnu sa voix : c'était l'autre personne du hangar, une des responsables d'AnimaGuard. Pointant sa baguette sur elle, il désigna Drago du menton : « Libérez-le. »

En réponse, tous les gardes pointèrent leurs baguettes vers Harry. La femme afficha un sourire dédaigneux avant de pencher la tête sur le côté : « Vous comprendrez certainement qu'il sera compliqué pour moi de répondre à cette requête... »

Drago releva vers Harry ses yeux tuméfiés. Sa voix était rauque. Les mots sortaient difficilement : « … butte-les. Ne fais pas attention à moi. »

La femme donna un coup sec dans un des pieds de la chaise, faisant glisser le blond qui se retrouva à genoux dans la terre. « Ou alors, Monsieur Potter, vous pourriez lâcher votre baguette. Et… nous pourrions discuter de la suite des événements. »

Un rire douloureux échappa à Drago : « Ils ne nous laisseront pas partir. Tu le sais. »

Harry hésita, faisant un pas vers Drago.

La femme reprit, persuasive : « Monsieur Potter. Soyez raisonnable. Votre ami et vous avez déjà fait échouer ma transaction. Arrêtons tout ça là. Vous avez encore le choix. Vous pouvez encore le sauver… »

Harry serra la mâchoire avant de baisser lentement sa baguette. Les gardes se jetèrent sur lui, le contraignant à s'agenouiller. La femme le dévisagea de ses yeux froids : « Bien. Bien. Brave garçon. »

Drago glissa une main tremblante dans sa poche et ses yeux d'acier accrochèrent les émeraudes. Un sourire doux étira ses lèvres tandis qu'il murmurait quelque chose, mais ses mots se perdirent dans le vent glacial.

Harry frissonna.

Il n'aimait pas ce regard.

Un sinistre pressentiment s'insinua sournoisement dans son esprit.

Soudain, Drago, animé par une force insoupçonnée, se redressa à moitié et se précipita sur Harry de toutes ses forces. Ses mains se plaquèrent sur sa poitrine, le projetant violemment au sol.

Tout le monde fut pris au dépourvu et il y eut un instant de flottement.

Puis les gardes lancèrent leurs sorts, des éclats verts crépitèrent de toutes parts en direction du Serpentard qui ne détacha pas son regard d'Harry.

« Plan B. Ne m'oublie pas, Potter. »

Ce fut tout ce qu'Harry parvint à entendre avant que tout ne se fige autour de lui.

Un éclat vert l'enveloppa et il baissa le regard sur son torse, découvrant les résidus d'une gemme réduite en morceaux sur son pull.

Il jeta un œil terrifié à Drago.

Les couleurs s'estompèrent autour de lui, les bruits du combat devinrent lointains, comme si le volume sonore avait été abaissé par une force invisible.

Le temps se suspendit, durant deux, peut-être trois secondes.

Harry tenta de crier, de tendre la main vers Drago, mais ses muscles refusèrent de répondre.

Il ressentit alors une force invisible le tirer violemment vers l'arrière.

Les arbres, les cages, AnimaGuard, Drago... tout disparut dans un éclat de lumière floue.