Chalut tout le monde !
Bonne Année, bonne santé à tous ! (Y compris aux quatre pattes)
Bonne lecture !
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Jour 2
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Reese s'éveilla avec la sensation d'une gêne, un sentiment diffus, pas vraiment une douleur. Il passa la main sur son flanc, cherchant l'origine de la sensation. Il se tourna vers le réveil, 3H40. Tout était calme dans le service. A peine le son de quelques moniteurs lointains. Repoussant le drap, il se leva et fit quelques pas dans la chambre. Il souleva le volet quelques instants, dehors la nuit régnait, un ciel clair piqueté d'étoiles, seulement troublé par la lumière des lampadaires du parking en face où s'attardait une dizaine de véhicules, sans doute ceux du personnel. Il n'y avait pas âme qui vive. Laissant retomber le volet, il gagna la petite salle de bains. L'eau fraiche sur son visage lui fit du bien. Il s'observa un instant dans le miroir, traits tirés, les yeux soulignés de larges cernes et les cheveux en bataille, il n'était pas précisément à son avantage, mais il n'en était plus à ce genre de considération. La sensation de malaise avait disparue, il décida de retourner dans son lit mais resta un long moment assit au bord sans se recoucher, son esprit ressassant certains détails de la journée, quelques bons conseils échangés avec une vieille dame débonnaire et généreuse. Un bruit de pas dans le couloir finit par le tirer de sa rêverie, il se recoucha, peu désireux d'être surpris en éveil et questionné à ce sujet. Peut-être avait-il juste rêvé ou avait il fait un faux mouvement. Il se força au sommeil et se rendormit jusqu'au matin sans autre incident.
A 8H Beth vint assurer les soins et les relevés. John s'en étonna
-« Mégan n'est pas là ? » demanda t-il
-« Si mais elle commence sa journée en chirurgie, tous les médecins ont été réquisitionné »
-« Y'a-t-il eu un évènement ? »
-« Plus ou moins » répondit la jeune femme « Il y a eu une opération de police sur les docks cette nuit et cela a tourné à la fusillade, on compte sept blessés chez les trafiquants, mais les policiers au moins sont indemnes. Et ce n'était pas la juridiction de l'inspecteur Fusco » précisa t-elle
-« Tant mieux » murmura Reese « Il en a assez avec les voyous ordinaires » jugea-t-il
-« Oui ! Et c'est mieux pour Mégan » approuva Beth « Je sais qu'elle s'inquiète quand il a une affaire compliquée » John hocha la tête
-« C'est normal »
-« L'inspecteur Fusco est quelqu'un de bien et je sais que Mégan l'aime beaucoup »
-« C'est réciproque » remarqua l'ex agent
-« Ils vont bien ensemble » approuva Beth « Surtout quand il s'agit de s'allier pour défendre un lutin »
-« C'est ce que pensait Harold »
L'infirmière sourit
-« Mégan m'a dit que M Wren avait un peu contribué à leur rapprochement » s'amusa t-elle « C'était une brillante idée »
-« Comme toutes ses idées » remarqua John
-« Oh ce n'est pas vous qui me dirait le contraire bien sur » approuva la jeune femme en riant « Tout est correct M Randall, rien à signaler ? » demanda t-elle finalement
A cette question John resta un instant hésitant, se rappelant le malaise de la nuit, mais il repoussa cette pensée
-« Non rien » affirma t-il
-« Très bien. Mégan passera tout à l'heure » précisa l'infirmière avant de se diriger vers la porte, John l'interpella
-« Beth ? »
-« Oui ? »
-« Pensez vous que je puisse à nouveau emprunter le fauteuil ? »
-« Si la passagère n'y voit pas d'inconvénient rien ne s'y oppose » affirma la jeune femme avec un sourire « Et je suis persuadée qu'elle sera d'accord ! »
Reese n'en doutait pas lui non plus, et la compagnie de la vieille dame lui faisait du bien.
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La sonnerie du téléphone réveilla l'informaticien avant 8H. Il s'empressa de décrocher, inquiet, mais se sentit rassuré en entendant la machine délivrer son message. Il ne pouvait s'empêcher de craindre un appel de l'hôpital même si Megan avant été rassurante à chacun de ses appels. Il s'était assis au bord du lit et grimaça en sentant son dos douloureux, une tension dans ses muscles. Baer le sollicitait à grand coup de museau pour lui rappeler sa présence et son soutien.
-« Bonjour mon chien, tu es en forme toi ! Oui je suis content que tu sois là » affirma t-il en le câlinant « Je vais t'ouvrir » ajouta t-il en levant péniblement. Bear le suivi, sortit faire un petit tour, mais revint rapidement surveiller son maître, l'instinct en éveil. Après un court passage à la salle de bains, Finch avait pris place devant son ordinateur pour identifier leur numéro. Avec les premiers éléments il devina que l'affaire ne serait sans doute pas très compliquée. Il collecta les informations et décida d'appeler Fusco pour lui confier l'affaire. Celui-ci répondit rapidement
-« Salut Finch, vous êtes bien matinal ! »
-« Bonjour inspecteur. En effet, la journée commence tôt »
-« Je viens juste d'arriver au poste et j'ai déjà mon chef sur le dos, je sens que la journée va être chargée ! »
-« Je suis désolé de la rendre plus lourde encore»
-« Ne vous en faites pas Finch, je ne suis pas non plus surchargé de boulot en ce moment, allez-y, dites moi qui est le client »
L'informaticien lui donna quelques informations succinctes
-« Je continue les recherches et je vous enverrai le complément sur votre téléphone »
-« On a déjà de quoi bosser » jugea Fusco « J'y vais dès que j'aurais retrouvé le dossier que m'a demandé le chef. Et à part ça vous allez bien Finch ? »
-« Oui merci inspecteur »
-« C'est pas trop long ? » insista ce dernier
-« Je ne suis pas seul » remarqua Finch et Bear jappa en approbation
-« Ouais je me doute qu'il est à l'affut » s'amusa Lionel « Bon, on se rappelle, à plus Finch »
-« Soyez prudent inspecteur » murmura l'informaticien par habitude. Il disait si souvent ces mots-là à son agent et puisque Fusco le remplaçait… Il secoua la tête et repris ses recherches pour s'occuper l'esprit, mais Bear n'était pas de cet avis, revenant régulièrement le solliciter. Au quatrième assaut Finch céda
-« Je sais ce que tu veux Bear, tu surveilles le petit déjeuner, mais il n'y aura ni beignet ni gaufre tu sais ? » Le chien se rapprocha et chercha à l'entrainer « D'accord, je viens. Tu es très persuasif »
Harold se leva et grimaça en se sentant un peu trop raide. Décidément c'était une mauvaise journée. Il suivit le malinois jusqu'à la cuisine, prépara son thé et fit réchauffer quelques croissants. Son regard glissa vers la cafetière et il pinça les lèvres, frustré. Ce fut Bear qui fit honneur aux croissants. Finch grignota le sien pour avaler un antidouleur puis il décida d'aller prendre une douche pour détendre ses muscles. L'absence de John se faisait encore plus cruellement sentir lors de ces réveils douloureux, ses soins attentifs aussi efficaces que ses comprimés lui manquaient. Il soupira en constatant cette dépendance, lui le solitaire. Il se rendit à la salle de bains, suivit son rituel du matin et se sentit mieux. Il sortit un instant sur le seuil, Bear toujours à ses cotés le suivant comme son ombre, tout était calme, apaisant. Il failli s'installer sur le fauteuil, se reposer, cesser de penser quelques minutes… La sonnerie du téléphone le ramena à la réalité. Il retourna à l'intérieur et se réinstalla devant son écran pour reprendre ses recherches et répondre aux questions de l'inspecteur.
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Reese eut confirmation que son idée était bonne lorsqu'il se présenta à la porte d'Hortense après le déjeuner
-« Vous avez commandé un taxi Mme Hortense ? » demanda-t-il. La vieille dame lui offrit un large sourire
-« Non mais je m'en voudrais qu'il se soit déplacé pour rien ! » gloussa t-elle. Reese l'aida à prendre place « Allons y chauffeur ! » lança-t-elle, ravie « Direction avenue des platanes, boulevard de l'air frais ! »
-« Avec arrêt à la biscuiterie ? » suggéra John
-« Ma foi ! Il ne faut jamais contrarier le chauffeur ! » Approuva Hortense. Sa bonne humeur était communicative et faisait sourire tous ceux qu'ils croisaient dans les couloirs. Beth leur adressa un regard bienveillant et le vendeur de la boutique se réjouit qu'une de ses meilleures clientes s'amuse autant.
-« Meilleure cliente, meilleure cliente ! Il exagère un peu quand même » marmonna Hortense
-« Je crois que vos visites quotidiennes ne sont pas passées inaperçues » s'amusa Reese
-« Oh ! Est-ce ma faute si on mange si mal à l'hôpital ? Je ne vais pas me laisser dépérir ! » Protesta la mamie
-« Et si ses biscuits étaient moins bons vous seriez moins tentée » jugea John
-« Ah ! Vous voyez ! Vous aussi vous trouvez qu'il est un peu coupable ! »
-« C'est le genre d'excuse que je connais bien » murmura l'ex agent
-« Et bien moi je trouve cela très juste » gloussa la vieille dame
Ils s'installèrent au même endroit que la veille et la mamie, bien calée dans son fauteuil, reprit son joyeux bavardage, sautant d'un sujet à l'autre sans jamais manquer d'inspiration.
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Bear sommeillait aux pieds de son maître lorsqu'il se redressa brusquement, aux aguets. Finch le vit faire, étonné
-« Qu'y a-t-il Bear ? » Le chien se leva et se précipita dehors. L'informaticien hésita à le suivre même si le malinois ne semblait pas être sur la défensive. Il l'entendit alors japper joyeusement et se décida à sortir. Il vit le chien revenir avec Fusco. Celui-ci essayait d'avancer en protégeant ses sachets des assauts du malinois
-« Ça c'est du gardien ! » clama-t-il en riant « Je ne risque pas de pouvoir vous surprendre Finch ! »
-« Non en effet inspecteur » répondit l'informaticien sans pouvoir s'empêcher de sourire devant l'exubérance du chien
-« C'est son flair, et peut être le poulet aussi ! Je suis passé chez Stan, on déjeune Finch ?»
-« Déjeuner ? » répéta Harold
-« Il est déjà 13H, Vous n'aviez pas remarqué ? »
-« Non j'avoue… »
-« Vous inquiétez pas pour l'enquête, je l'ai bouclé avant de venir. Vous aviez raison ça a été vite réglé ! »
-« C'était bien une vengeance ? »
-« Plutôt la jalousie. La routine en fait ! »
-« Il est vrai que c'est un motif que l'on retrouve très souvent »
-« On s'installe sur le perron ? » suggéra Lionel
-« Si vous voulez. Je vais chercher une carafe » Fusco déballa ses sachets et il ne fut pas surpris de retrouver Bear devant un bon morceau de poulet à son retour
-« Hum… »
-« Ce n'est pas un si gros morceau Finch »
-« Je connais Stan inspecteur. Il n'a pas la main légère lorsqu'il s'agit de servir ses clients, surtout ceux à quatre pattes »
-« De toute façon ici Bear a de quoi se dépenser » L'informaticien fronça les sourcils, à moitié convaincu « Est-ce que ça va Finch ?, vous êtes un peu pâle ? » enchaina Lionel pour détourner l'attention « une migraine ? »
-« Non. Quelques douleurs » concéda l'informaticien « Rien d'important »
-« Vous avez de quoi vous soigner ? »
-« Oui bien sûr »
-« Sinon j'ai le numéro de votre doc, je suis sûr qu'elle ne mettrait pas longtemps à débarquer » s'amusa Fusco
-« Je sais inspecteur, j'ai beaucoup de chance »
-« Elle m'a dit que John va mieux. Au moins physiquement »
-« En effet. Moralement il faudra un peu plus de temps »
-« S'il était moins têtu ! » grogna Lionel
-« Ce ne serait pas John » rétorqua Harold
-« Pas faux » admit l'inspecteur « On va faire avec alors ! » il observa son vis-à-vis « Mais si vous vous ennuyez trop vous pouvez passer à l'appartement, Lee ne voit aucun inconvénient à prêter son lit vous savez, surtout si Bear est en visite »
-« Je sais inspecteur. Et je vous remercie de votre proposition. Mais je vais bien je vous assure et Bear est avec moi. C'est un surveillant très persévérant ! »
-« Ok, mais gardez bien mon offre en tête au cas où »
-« Je vous le promets. Et vous n'oubliez pas que je vous ai invité avec Lee, il devrait être heureux de profiter de la plage.
-« Oh non ! Dès que John va mieux on débarque ! Lee m'en parle assez ! » Finch sourit. L'amitié de l'inspecteur avait un côté réconfortant qui lui fit du bien.
-« Et comment s'est passé l'entrevue avec votre chef ? »
-« J'ai retrouvé le dossier qu'il voulait, un vieux truc qui ressort régulièrement. Une fille qui avait été assassinée, on n'a jamais eu la moindre piste sur ce crime. Enfin à l'époque, ce n'était pas mon dossier, mais l'inspecteur qui le suivait est parti en retraite et on me l'a refilé. J'ai bien essayé de travailler dessus, seulement au bout de six ans, et sans avoir été sur le terrain, c'était compliqué, je ne fais pas de miracle ! »
-«Et il y a un fait nouveau pour reprendre l'enquête ? »
-« Non. Le chef ressort le dossier par ce que la fille était la filleule d'un politicien. D'ailleurs elle avait été retrouvé dans un studio qui appartenait à son parrain. Alors de temps en temps on a un journaliste qui fait du zèle et cherche un lien entre le meurtre et les activités du gars »
-« Sans doute pour nuire à la carrière de cet homme ? »
-« Oui ou pour se faire remarquer. Si cette fille n'avait pas été la filleule d'un type en vue ça fait longtemps que le dossier serait enterré, il faut bien le reconnaitre. En tous cas on a jamais trouvé le moindre indice qui établisse un lien entre le crime et la situation du parrain »
-« C'est peut être simplement une rencontre qui a mal tourné ? Ou un hasard » suggéra Finch. Fusco haussa les épaules
-« Le tueur n'a pas laissé la moindre trace de sa présence. Tout ce qu'on sait c'est qu'il n'y avait pas eu d'effraction et en général on ouvre à quelqu'un qu'on connait »
-« Ou que l'on attend »
-« Mais je me rappelle qu'on n'avait pas trouvé de rendez vous dans son agenda, et pas grand-chose dans les relevés téléphoniques. Mais ça fait onze ans maintenant, à l'époque les méthodes n'étaient pas aussi performantes » remarqua Lionel « Enfin peut être que si c'était vous qui aviez cherché on aurait trouvé plus d'indice » ajouta t-il, taquin
-« Vous me surestimez un peu inspecteur »
-« Même pas Finch ! »
-« Voudriez-vous que j'examine ce dossier ? »
-« Il faudrait un miracle pour le résoudre mais je me dis que vous savez faire ça ! Je vous le donnerais un de ces jours, dès que tout sera revenu à la normale, ce n'est pas urgent »
-« D'accord inspecteur »
-« Et demain je vous ramène votre agent ! »
-« Je peux très bien aller le chercher »
-« Ca me permettra de vérifier s'il est de bonne humeur et éventuellement de lui dire ce que je pense de ses idées »
-« Inspecteur, je sais que cela part d'un bon sentiment mais John est intelligent, je suis sûr qu'il aura compris la leçon »
-« Toujours à le défendre hein ? » constata Lionel « Bon, je ne dirais rien mais s'il recommence… »
-« Alors c'est moi qui vous appellerait » tempéra Finch
-« Marché conclu ! » approuva Fusco. Ils bavardèrent encore quelques minutes puis il retourna prendre son poste. Harold hésita puis décida de s'absenter quelques heures pour aller vérifier son installation à la bibliothèque.
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-« Quel dommage que je n'ai plus de laine, ça occupe les mains de tricoter un peu » soupira Hortense
-« Votre fils ne devait pas vous en ramener ? »
-« Si, mais il oublie tout le temps. Et il faut bien dire qu'une mercerie ce n'est pas vraiment le magasin le plus fréquenté par les messieurs » constata la vieille dame
-« Sans doute pas » murmura John en rectifiant sa position
-« Mais vous par contre vous devez fréquenter les tailleurs ! »
-« En effet. Mais pas de mon plein gré » précisa Reese
-« C'est Harold qui vous habille ? »
-« Oui. Il choisit tout à ma place et je préfère cela »
-« Il a un goût très sûr »
-« Et un tailleur très compétent. Juste un peu difficile à supporter lors des essayages »
-« Pour vous sans doute ! Je parie que lui adore ça ! » Gloussa la mamie
-« Adorer peut être pas, mais il y prend plaisir c'est certain. Personne ne le prendra en défaut sur le sujet de l'élégance vestimentaire »
-« Je veux bien le croire. Et vous ? »
-« En ce qui me concerne je choisirais plus simple mais je m'adapte à ses choix »
-« Je suppose qu'il sait comment vous convaincre » remarqua Hortense avec un clin d'œil complice
-« Il a ses arguments » approuva John « J'arrive quand même à l'influencer de temps en temps pour que son costumes soit moins stricte ou avec certaines couleurs »
Hortense l'observa comme il remuait à nouveau, elle se tourna vers lui et le fixa un instant, perplexe,
-« Vous êtes sûr que tout va bien John ? »
-« Oui pourquoi ? »
-« Je vous vois assez… agité » remarqua la vieille dame « Quelque chose dans votre maintien. Vous êtes certain de ne pas avoir de douleur ? Même une petite ? »
-« Non » Reese hésita, mal à l'aise devant la perspicacité de sa compagne. « Je n'ai pas de douleur » avoua t-il finalement « Juste une gêne. Mais ce n'est rien »
-« Ah ! Je le savais bien ! » Triompha la mamie. John sourit
-« Vous êtes très observatrice »
-« C'est que j'étais à bonne école ! Edward était comme ça : jamais il ne se plaignait, il fallait deviner. Résultat, chaque fois qu'il était malade, le temps que je m'en rende compte, ça empirait et c'était bien plus compliqué à soigner. Plus long à guérir aussi » précisa-t-elle « Pourquoi ne pas parler de cette gêne avec le docteur Tillman dès maintenant ? »
-« Ce n'est vraiment pas douloureux » affirma l'ex agent
-« Non, mais c'est tout de même un ressenti puisque cela influe sur votre façon de vous tenir ! » répliqua Hortense qui tenait à son idée
-« Un peu » concéda Reese. La vieille dame tendit la main pour saisir la sienne
-« Voyons John, si vous ne dites rien et que c'est important, vous risquez de rentrer chez vous demain puis de devoir revenir dans deux jours. Ne vaut-il pas mieux agir tout de suite ? Ce sera bien plus facile !
-« Rien ne dit que ça va durer » tenta l'ex agent
-« Et ce sera moins de stress pour Harold » continua la vieille dame sans retenir sa réponse « Ca ne doit pas être drôle pour lui de voir son compagnon retourner à l'hôpital tous les trois jours ! » L'argument fit mouche, John céda
-Vous avez sans doute raison » jugea-t-il « C'est plus sage. Je parlerai au docteur Tillman ce soir »
-« Bien » approuva Hortense à demi satisfaite « Au fait, Harold, il va bien ? »
-« Oui » murmura Reese évitant toutefois le regard clair de sa vis-à-vis
-« Le pauvre ! Il est bien secoué avec tout ça ! Mais il est solide, Alina me l'a dit. Et heureusement vous sortez bientôt ! »
-« Oui » approuva John. Hortense laissa passer quelques minutes puis repris :
-« Vous savez je vous ai un peu menti hier » l'ex agent releva les yeux, l'interrogeant du regard
-« Quand je vous ai dit que ma fille ne venait pas me voir parce qu'elle est loin. C'est vrai, elle est en Amérique du sud et ça fait pas mal de kilomètres. Mas elle ne vient pas avant tout parce que nous sommes fâchées depuis bien longtemps »
-« Cela peut arriver » jugea Reese « Vous m'avez dit qu'elle était spéciale… » Hortense lui adressa un large sourire
-« Vous m'écoutiez vraiment alors ? » s'amusa t-elle
-« Bien sur »
-« C'est courageux ! »
-« Je ne trouve pas »
-« Un peu quand même ! Je suis tellement bavarde ! » jugea la vieille dame « Mais à mon âge soit je bavarde soit je m'endors ! »
-« C'est distrayant de vous écouter » remarqua John
-« Flatteur ! » protesta la mamie en riant « Edward disait un peu la même chose ! » elle réfléchit puis ajouta : « Si nos enfants avaient pu être aussi souple que nous, nous aurions surement eu de meilleurs rapports » soupira t-elle.
-« Elle a continué à vous reprocher vos méthodes d'éducation ? »
-« C'est parti de là » jugea Hortense « Pourtant quand nos enfants étaient petits nous avons essayé de leur donner le meilleur, pour l'éducation, pour le quotidien, tout notre temps libre et ils avaient une nurse qui agissait plutôt comme une grand-mère. Mike ne s'est jamais plaint, au contraire, mais Lydia n'était jamais satisfaite, toujours jalouse de notre week end chaque mois. Heureusement que la nurse avait beaucoup d'expérience, c'est elle qui nous a fait comprendre que nous avions aussi le droit d'avoir un peu de temps pour nous et qui nous a appris à démêler le vrai du faux, parce que Lydia avait pris l'habitude de tomber malade la veille de chacun de nos week end. Fausse maladie généralement, mais la ruse avait tendance à nous gâcher le repos. A cause de ça elle avait pris en grippe cette brave femme »
-« Elle ne devait pas apprécier sa clairvoyance »
-« Non. Ensuite elle a continué. Dès le collège, elle a demandé à être pensionnaire, c'était soit disant plus facile pour elle de se concentrer sur ses études en restant sur place. Plus tard nous avons découvert qu'elle allait souvent passer les week end chez des camarades en faisant croire qu'elle avait notre autorisation, mais elle ne revenait chez nous que pour les vacances de noël. Ce fut pareil au lycée. Puis elle obtenu son diplôme de fin d'étude et elle a choisi un cursus de trois ans dans une université suffisamment éloignée de la maison pour avoir une bonne excuse de ne jamais rentrer aux petites vacances. Edward a financé en grognant un peu de ne pas être plus considéré, mais il voulait qu'elle ait un bon avenir. Puis à la fin de la troisième année elle a débarqué pendant les vacances de printemps avec un jeune homme qu'elle nous a présenté comme son fiancé. Ils s'étaient rencontrés à la première rentrée, se fréquentaient donc depuis trois ans et ils nous ont annoncés vouloir se marier dès l'obtention de leur diplômes. Felipe était un gentil garçon. Intelligent et courageux. Il nous a fait bonne impression. Il avait étudié l'agronomie avec l'intention de retourner dans son pays pour reprendre l'exploitation de ses parents. Une très belle exploitation agricole, déjà bien prospère mais qu'il espérait rendre encore plus rentable avec de nouvelles techniques. Nous étions un peu perplexes, c'est sur, parce que Lydia avait choisi des études de commerce, plutôt axées vers la mode, et pour nous elle ne connaissait rien à la culture ou à l'élevage, mais si elle voulait essayer et surtout si elle était bien avec ce garçon, pourquoi pas ! »
-« Elle aurait même pu changer de caractère » suggéra Reese »
-« Oui » s'amusa Hortense « Mais ça n'est jamais arrivé ! » affirma-t-elle en secouant la tête « Elle est repartie en nous donnant une date pour la remise des diplômes et nous nous sommes empressés de préparer le déplacement, en songeant qu'ensuite il faudrait organiser le mariage. Sauf que ce fut le pire voyage de notre vie ! » soupira la vieille dame « Lorsque nous sommes arrivés nous avons trouvé le campus désert, sans la moindre animation. Alors nous sommes allés au secrétariat et là ils nous ont expliqué que la remise des diplômes avait eu lieu une semaine plus tôt et ils nous ont montré le dossier de notre fille, la copie de son diplôme, obtenu après deux années d'études agronomes… Elle nous a même montré le dossier de Felipe qui lui avait obtenu un diplôme d'ingénieur agronome puisqu'il avait étudié une année de plus. Nous ne savions même pas qu'elle avait changé d'orientation !, sans doute pour suivre son fiancé et pouvoir travailler avec lui. C'est alors qu'Edward a fait remarquer un détail sur les documents que nous présentait la secrétaire : notre fille figurait déjà sous le nom de son fiancé. Je me rappelle le regard navré de l'assistante qui avait bien remarqué l'anormalité de la situation. Elle n'a rien dit, elle nous a juste tendu un document qui était dans le dossier, une copie du certificat de mariage, daté du noël précédent. Nous avons réalisés qu'ils étaient venus chercher une bénédiction dont ils n'avaient finalement que faire puisqu'ils étaient mariés depuis six mois ! Par la suite nous avons su que c'était sur l'insistance de Felipe qui voulait nous rencontrer au moins une fois. Dès le lendemain de leur visite ils avaient repris l'avion pour aller s'installer chez lui où la famille avait organisé un grand mariage auquel bien sur nous n'étions pas invités. Pour Edward ça a été la goutte d'eau. En quittant l'université il m'a dit qu'il n'avait plus de fille et il n'a plus jamais parlé d'elle. J'avais des nouvelles par son frère, seul membre de la famille avec qui elle communiquait, même s'il ne partageait pas ses idées.. Au bout d'un an nous avons fini par renouer par téléphone mais toujours des conversations brèves, rigides, à peser les mots. Elle me ventait sans cesse sa vie parfaite et je ne pouvais pas objecter. Ça a duré deux ans. Puis un jour je lui ai demandé quand elle comptait m'annoncer la naissance d'un petit enfant. Elle m'a répondu que cela n'arriverait jamais avant de se lancer dans un discours hargneux, qu'elle avait sans doute bien ressassée avant, sur le fait qu'elle préférait ne pas avoir d'enfant plutôt que d'être un parent négligeant qui n'a pas de temps à lui consacrer, allusion à notre façon de l'éduquer évidement.. J'ai fini par raccrocher et depuis je ne lui ai plus adressé une seule parole et elle non plus. Même pas quand Edward est parti, elle ne s'est pas manifestée. Je crois que je suis venue à penser comme lui… »
-« Votre fille vous a reproché toute sa vie une absence qui n'existait pas vraiment » remarqua Reese « C'est très exagéré. A sa place tout le monde préfèrerais des parents absents un week end par mois à des parents définitivement absents » jugea t-il. Hortense le fixa un instant
-« C'est ce que je pense aussi » approuva-t-elle
-« Vous n'êtes pas en faute » insista John
-« C'est aussi ce qu'à du penser le karma » affirma Hortense «Ca ne lui a pas porté bonheur. Je suppose qu'au début son époux était d'accord avec peut être l'idée de lui faire changer d'avis, mais il n'a pas réussi et je suppose qu'il en a eu assez. Aujourd'hui ils vivent séparément dans le grand domaine, chacun ses quartiers, mais ils ne sont pas divorcés, il y aurait beaucoup en jeu et surtout Lydia refuse catégoriquement d'en entendre parler. Pourtant Felipe s'est installé avec une autre femme et leurs deux fils. Je ne sais comment cela finira mais elle doit être bien seule »
-« On finit toujours seul » murmura Reese
-« Sauf si l'on sait s'entourer d'amis fidèles. Ou si l'on a la chance d'avoir quelqu'un qui vous aime inconditionnellement. Hortense se tourna pour lui sourire « Harold ne sera jamais seul tant que vous serez en vie n'est ce pas ? » affirma t-elle avec un clin d'œil complice « Et vous ne serez jamais seul tant qu'il sera là »
-« C'est vrai » confirma John. Il hésita puis avoua « Je ne l'ai pas appelé hier soir. Megan nous a interdit de communiquer. Parce que je n'ai pas été très coopératif pour les soins »
-« Oh ! Et bien vous voilà vraiment puni ! »
-« Plus que jamais » soupira Reese
-« Mais j'imagine que vous pouvez réparer cela » suggéra Hortense. Elle reprit sa main et la serra en guise d'encouragement « Si vous commenciez par être sincère et par aller dire au docteur que quelque chose vous gêne ? Ce serait un bon début !»
-« Je vous ai dit que je le ferai » répondit l'ex agent
-« Alors qu'attendez-vous ?
-« Maintenant ? »
-« Mais oui ! Pourquoi perdre du temps ? Vous reviendrez me chercher ensuite. Allez vous faire soigner ! »
-« D'accord » céda John. Il se leva, hésita puis pressa la main de la vieille dame « Merci » ajouta t-il. Elle lui adressa un grand sourire et le suivi des yeux tandis qu'il se dirigeait vers le bâtiment principal.
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John quitta l'ascenseur et se dirigea vers l'extrémité du couloir à la recherche du docteur Tillman ou de Beth. Le bureau de la médecin était vide mais elle s'y trouvait rarement. Il revint vers sa chambre, décidé à sonner s'il ne trouvait personne, lorsqu'il capta le son de sa voix provenant de l'une des chambres. Il s'arrêta pour l'attendre à la porte. La jeune femme sortit quelques minutes plus tard et sursauta en voyant l'ex agent se dresser devant elle
-« John ? Vous m'avez fait peur ! »
-« Désolé. Il faut que je vous parle » répondit Reese
-« Quelque chose ne va pas ? » demanda Megan, alertée par son ton direct
-« Pouvons-nous aller dans la chambre ? »
-« Bien sur John » La médecin s'y dirigea aussitôt. Reese la suivit et s'assit au bord du lit
-« John ? » interrogea Megan, perplexe comme il ne disait rien. Il soupira et leva les yeux vers elle
-« J'ai… » commença t-il « J'éprouve depuis cette nuit une sensation un peu étrange, au côté »
-« Une sensation ? »
-« Comme une gêne, pas une douleur, juste un poids. Ce n'est pas permanent mais ça se répète assez souvent depuis la nuit dernière »
-« Je vais vous examiner, allongez-vous » intima Megan. John obéit et se laissa faire docilement « Je vais palper la zone opérée, arrêtez-moi si c'est douloureux » affirma-t-elle « Ici ? »
-« Non »
-« Et ici ? » continua la jeune femme
-« Non. Plus à droite »
-« Hum » la jeune femme fronça les sourcils « Et là ?» demanda-t-elle soupçonneuse
-« Oui, là c'est un peu douloureux »
-« Je vois » murmura Megan « Je vais écarter le pansement » annonça t-elle avant de reprendre ses palpations. Elle sentit son patient se raidir légèrement « Ok » marmonna-t-elle alors
-« Qu'est ce que c'est ? » interrogea John
-« Rien de grave John. C'est le drain qui vous gêne. Cela arrive lorsqu'il commence à devenir plus ou moins inutile. Normalement c'est plus long mais j'avais parié avec Harold qu'avec vous ce serait rapide ! J'avais raison !»
-« Et maintenant ? » interrogea l'ex agent
-« Nous allons le retirer. Ca ne prendra que quelques minutes » précisa la médecin en réajustant le pansement « C'est une toute petite intervention comparé au reste » Elle leva la tête et il la vit pincer les lèvres. Il la devança :
-« Mais je suppose que vous préfèreriez prendre votre temps pour le faire ? Par exemple demain matin ? Avec une surveillance d'une journée ? »
-« Je ne dis pas non » approuva Megan « Je suis désolée mais… » Reese se redressa et affirma avec un haussement des épaules, fataliste
-« Je suppose que je ne suis plus à une journée près. Je préfère encore que vous interveniez et ne pas avoir à revenir »
-« C'est la voix de la sagesse » remarqua la médecin
-« On m'a donné de bons conseils » précisa l'ex agent
-« Alors vous aussi vous collectionnez les mamies ?» tenta Megan pour alléger l'atmosphère
-« En quelque sorte » jugea Reese « Vous préviendrez Harold ? »
-« Oui et je le rassurerai » Megan posa la main sur son bras « Et je lui dirais que vous pensez à lui »
-« A chaque minute » souffla John
-« Je lui répèterai. Et je suis sure qu'il en est de même pour lui » John ne répondit pas, le regard vague « John ? » insista Megan
-« Je n'ai pas été le compagnon idéal ces dernières semaines »
-« Je sais… Je sais que la convalescence est difficile »
-« Entre autre » émit l'ex agent
-« Vous ne devez pas vous inquiéter. Quand vous sortirez vous vous expliquerez tous les deux et tout ira bien. C'est juste un incident de parcours mais ça ne changera rien John » la jeune femme resserra sa prise « Harold vous aime trop et vous l'aimez trop pour que ça change et vous aurez tout le temps de lui montrer d'ici la fin de la convalescence. Et ne comptez pas la raccourcir je veille ! »
-« Je ferai tout pour que ça marche »
-« Juste être présent et raisonnable, je suis sure qu'Harold ne vous demandera rien de plus » John hocha la tête en signe d'approbation « Je vais noter l'intervention pour demain matin, en attendant reposez-vous et évitez de faire des efforts physiques »
-« Est-ce que je peux tout de même pousser un fauteuil ? » Megan lui adressa un regard étonné
-« Hortense m'attend » justifia-t-il
-« Oh ! Ou avez-vous abandonné ma patiente ? » Protesta la médecin, l'air faussement outragée
-« Sous les tilleuls » s'amusa Reese « Mais elle était d'accord »
-« Ca je m'en doute » répondit Megan sur le même ton « D'accord, mais si cela tire trop, demandez de l'aide à un infirmier »
-« Entendu »
-« J'y vais, mais on se revoit ce soir » précisa la jeune femme avant de le quitter. John réfléchit quelques instants puis repris la direction du parc. Hortense n'avait pas bougé et sirotait tranquillement un jus de fruit
-« Alors ? » lança-t-elle dès qu'elle le vit. John s'assied près d'elle
-« C'est le drain. Megan va le retirer demain matin »
-« Demain » répéta la vieille dame « Cela va retarder la sortie… »
-« Oui mais c'est nécessaire » Hortense sourit
-« Voilà qui est raisonnable ! Je suis fière de vous ! Harold le sera aussi j'en suis certaine !» John lui rendit son sourire
-« Je l'espère. En attendant nous pourrions profiter du gouter ? » Proposa John en prenant la boite de biscuit
-« Excellente idée ! Surtout que ce soir ils vont vous faire jeuner ! Faisons des réserves ! » Approuva la mamie en lui donnant un biscuit « Avec un bon jus de fruit, c'est le paradis ! »
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Lorsqu'ils retournèrent dans leurs chambres pour l'heure du diner, Hortense le retint un instant
-« Soyez sage demain, tout va bien se passer ! » affirma t-elle, confiante « Vous êtes entre de bonnes mains »
-« C'est promis »
-« Allez ! Bonne nuit John ! A demain au réveil ! »
-« Bonne nuit » murmura l'ex agent. Il regagna sa chambre où Beth l'attendait avec son diner et quelques consignes
-« Même si vous avez l'habitude maintenant M Randall »
-« Un peu trop Beth. Pour cela aussi je devrais m'améliorer »
-« C'est une résolution que j'approuve ! » affirma l'infirmière « Je reviendrais tout à l'heure avec votre médicament et ensuite je vous laisserai tranquille »
-« Merci Beth. John la suivit des yeux et se força à avaler son diner, décidé à se montrer raisonnable.
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Finch posa son sac et ôta sa veste avant de prendre place dans son fauteuil, épuisé. Il n'avait pas vu passer l'après-midi. Son installation quelque peu délaissée lui avait demandé beaucoup d'attention. Mais elle était maintenant soigneusement mise à jour. Ces heures de concentrations avaient réveillé ses douleurs et son dos le faisait souffrir à nouveau. Il avait un peu abusé de ses forces. Si John avait été près de lui il aurait veillé, quitte à le menacer de débrancher la prise ! Si John…
Finch soupira et se leva pour rejoindre la cuisine. Il allait réchauffer un plat pour prendre un comprimé puis il irait se coucher avec un livre pour se détendre. Voyant l'heure, il garda précieusement son téléphone, guettant l'appel de Megan. Comme chaque soir il décrocha dès la première sonnerie
-« Bonsoir docteur »
-« Bonsoir M Wren. Comment allez-vous ? »
-« Bien » répondit Finch, pas décidé à évoquer ses problèmes. Il n'était pas le sujet « Et vous ? » ajouta t-il poliment
-« Selon la formule consacrée j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle » affirma Megan
-« Mais encore ? » demanda l'informaticien, tendu
-« La mauvaise nouvelle c'est que je vais devoir garder votre compagnon une journée de plus. La bonne c'est qu'il fait des progrès en communication »
-« Pourquoi une journée de plus ? » questionna Harold, ne retenant que cela
-« Je dois retirer le dernier drain. Mais ne vous inquiétez pas c'est une petite intervention. Vous rappelez vous notre conversation juste après l'opération ? Je vous avais dit qu'il ne le garderai pas longtemps »
-« Je me souviens. Mais êtes vous sure que c'est déjà nécessaire ? »
-« Certaine. Il provoque une gêne et cela pourrait dégénérer. C'est John qui est venu me le signaler » Il y eu un blanc. Megan affirma : « Je vous ai dit qu'il fait des progrès. Et il m'a dit lui-même qu'il préférait rester un jour de plus plutôt que de risquer un nouvel aller-retour ici qui ne ferait que vous stresser »
-« Il vous a dit cela ? » murmura Finch
-« Oui. Il semble avoir pris conscience de certaines choses. Un peu aidé par une de mes patientes » remarqua la médecin « John est devenu très ami avec Hortense, une des mamies d'Alina. Vous ne serez pas jaloux Harold ? » Demanda Megan, amusée
-« Non docteur. Je ferai une exception »
-« Tant mieux » affirma la jeune femme. « Et je suppose que vous êtes fier de ses efforts ? »
-« J'en suis heureux » Mégan sourit, puis elle reprit plus sérieusement
-« Parfois cela fait du bien de parler avec quelqu'un qui ne vous connait pas et discute sans jugement. John est très bon pour cela. Hortense n'a jamais eu aussi bon moral depuis le départ d'Alina et en échange elle est de bons conseils »
-« C'est une bonne chose »
-« J'espère que cela ne vous ennuie pas ? » demanda Megan
-« Non, pas du tout docteur » affirma l'informaticien. Il se voyait mal prendre ombrage des discussions de John avec Hortense, quand lui aussi avait eu un jour besoin d'échanger avec un tiers. L'essentiel n'était-il pas qu'au final ils se retrouvent ?
-« Donc je vous le renverrai après demain, en bonne forme. Et j'espère qu'il le restera ! »
-« Merci docteur »
-« En attendant je lui dis que vous l'aimez ? Ou avez-vous changé d'avis » taquina Megan
-« C'est une option que je n'envisage même pas docteur » affirma l'informaticien, songeant à quel point il avait envie qu'il soit près de lui en cet instant.
-« Dans ce cas j'insisterai M Wren et je sais que ce sera apprécié. Mon patient étant de toute évidence dans les mêmes dispositions. Il m'a bien demandé de vous rappeler qu'il vous aime. A chaque instant »
-« Moi aussi » murmura Finch
-« Je transmettrais Harold » approuva Megan.
-« Merci »
-« Prenez soin de vous Harold »
-« Vous aussi docteur »
-« A demain. Je vous appellerai après l'intervention »
-« A demain » souffla Finch avant de raccrocher. Il aurait aimé être avec lui pour le soutenir, cela aurait un peu apaisé ses inquiétudes. Bear se manifesta « Ton maître va bien » lui affirma t-il « Tu devras juste l'attendre un jour de plus mais ensuite tu le retrouveras en forme pour vos promenades » Le malinois approuva puis se concentra sur la table faisant comprendre à l'informaticien qu'il devait achever son dîner. Finch obéit puis rangea la cuisine avant d'aller s'étendre. La lecture ne tarda pas à l'endormir et Bear s'allongea près de lui pour veiller sur son sommeil.
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Megan se glissa dans la chambre sans bruit mais John tourna la tête vers elle
-« Je me demande s'il est possible de vous surprendre » remarqua t-elle, amusée « Je suis sure que je n'y arriverai pas même si vous étiez endormi ! »
-« Un réflexe » répondit John « Une habitude. Je ne suis jamais totalement détendu, enfin sauf… »
-« Quand vous êtes avec Harold ? »
-« C'est ça. Quand je suis avec lui et Bear. Est-ce qu'il va bien ? »
-« Oui. Et il vous aime toujours autant. Peut-être même plus ce soir »
-« Pourquoi cela ? »
-« Parce qu'il est fier que vous ayez décidé de vous soigner. Que vous m'ayez parlé de vos problèmes spontanément : c'est un progrès. J'ai même envie de dire que c'est une preuve d'amour pour Harold » Reese ne répondit pas mais Mégan savait qu'il la comprenait « Maintenant essayez de dormir et demain matin je m'occupe de vous ! »
-« Je serais entre de bonnes mains » affirma l'ex agent en répétant les paroles de sa vieille amie
-« Merci John » Megan sourit « Et bonne nuit ! »
-« A demain. » Reese regarda la porte se refermer derrière elle. Etre seul ne lui avait jamais autant pesé. Le manque d'une seule présence en réalité. Mais il le retrouverait bientôt. Ils se retrouveraient bientôt.
