Bonjour, bonsoir ! Très, mais alors trèèès contente de retrouver cette histoire après des années de traversée du désert en matière d'écriture et de lui redonner un sursaut de vie. c: J'ai pris énormément de plaisir à renouer avec Pansy et George, et j'espère que vous en aurez tout autant.

Je vous souhaite une bien belle lecture !

(pas beta-ed, sorry not sorry)

.

.


LEÇON 3 : Les dragons de la discorde


Temperance et George riaient à gorge déployée tandis que l'envie de disparaître de Pansy grandissait seconde après seconde. Ses joues, rouges, et la chaleur qui irradiait dans tout son corps trahissaient une gêne incommensurable car Tam-Tam n'était pas parvenue à s'arrêter après avoir compté sa mésaventure avec le Calmar géant — oh, ça non !

Elle avait ensuite enchaîné avec sa mémorable collision avec un arbre alors qu'elle tentait de faire la paix avec son balai volant, il y a de cela deux années, et qui lui avait laissé une longue cicatrice sous le menton qui n'avait jamais réellement disparue et des genoux dans un pitoyable état (« Lève donc la tête, Parkinson ? »), puis ses tentatives de potion d'invisibilité qui lui avaient fait perdre ses cheveux (à ce moment-là, George s'était étouffé avec sa boisson) pour terminer par une colonie de Botrucs qui l'avait prise en chasse pour avoir essayé de couper une branche d'un arbre dans lequel ils vivaient.

L'humiliation était donc complète et rondement bien menée.

Pansy rejeta la tête en arrière dans un grognement alors que sa tante arrachait un nouveau rire, à ses dépens, à George. C'était une chose de raconter ces anecdotes devant Tracey, Milicent ou encore Drago — qui avait participé activement, de près ou de loin, à de nombreuses d'entre elles —, c'en était une tout autre de les raconter devant George qui, pour son plus grand effroi, séduisait un peu plus Temperance minute après minute. Lorsqu'il s'excusa pour aller au petit coin, sa tante n'eut même pas la décence d'attendre qu'il soit hors de portée pour frapper, à l'aide de son éventail fermé, les phalanges de Pansy. Celle-ci fit un bond de sa chaise, un cri de surprise lui échappant.

« Je l'aime bien, approuva Tam-Tam en lui glissant un regard entendu. »

Pansy roula des yeux.

« Évidemment. Tu pourrais te prendre d'affection pour la plus horrible des créatures que je ne serai même pas étonnée. Qui ne trouve pas grâce à tes yeux ?

- Tu connais déjà la réponse à cette question. » Temperance termina sa tasse de thé en deux grandes gorgées avant de la reposer sur sa soucoupe, feignant d'ignorer la crispation soudaine de sa nièce. « Est-ce qu'elle t'a écrit, récemment, d'ailleurs ?

- Maman m'a envoyé quelques gallions en début d'année pour que je m'achète une nouvelle robe. »

Temperance haussa les sourcils, une ride d'inquiétude se dessinant entre ces derniers. Dans la seconde qui suivit, ses mains plongèrent dans son sac à main à la recherche de son porte-monnaie.

« Tu as besoin d'une nouvelle robe ? Pourquoi tu ne m'as pas—

- Je n'ai besoin de rien, coupa la jeune fille avec douceur en lui interceptant les poignets avant qu'elle n'ait le temps de lui donner, de force, de l'argent. Je lui ai envoyé une lettre de remerciement, mais elle ne m'a pas écrit depuis. Je crois que sa chouette n'arrive plus à franchir la barrière magique de Poudlard.

- Cette chose doit empester la magie noire, rien d'étonnant, renifla-t-elle.

- Il y a donc une chance pour que je ne puisse pas retourner à Poudlard à la rentrée prochaine, quel pied. »

La plaisanterie de Pansy lui valut un nouveau coup d'éventail, mais elle vit très clairement le rictus amusé que sa tante ne parvint pas à masquer suffisamment rapidement. Pour le moment, et malgré les rumeurs qui s'intensifiaient autour du retour de Celui-Dont-On-Ne-Devait-Pas-Prononcer-Le-Nom, Pansy préférait encore en plaisanter. Un jour, peut-être, elle se pencherait plus sérieusement sur la question.

George revint à point nommé, avant que ses appréhensions quant à son avenir n'envahissent toutes ses pensées, avec une nouvelle théière. Temperance l'acclama bien trop bruyamment sous le regard las de la jeune sorcière.

« Quel charmant jeune homme ! » s'exclama-t-elle en resservant toute la tablée. Elle leur proposa le plateau de biscuits qu'ils avaient à peine touché, mais ils refusèrent poliment. « Oh, vraiment ? Quel dommage, ils sont pourtant excellents, commenta-t-elle avec un très grand sérieux avant d'en croquer un. Hmm, vraiment excellent. Enfin — Assez parlé de ma Pansy ! Comment se portent vos parents ? Cela fait une éternité que je ne les ai pas vus ! Ce cher Arthur travaille-t-il toujours au Ministère de la Magie ? »

Pansy arqua un sourcil. Il ne lui semblait pas qu'elle ait un jour entendu sa tante prononcer le nom des Weasley, hormis plus tôt dans l'après-midi, mais elle ne fit aucune remarque — ils faisaient, après tout, tous les deux partis des Vingt-huit Sacrées, il ne lui paraissait donc pas improbable que leurs routes aient pu un jour se croiser.

« Toujours, oui, acquiesça Geroge, tout autant interloqué que la jeune fille. Je ne savais pas que vous vous connaissiez. »

Temperance bascula la tête en arrière et un rire cristallin s'échappa de ses lèvres, comme s'il s'agissait d'une excellente plaisanterie. Quelques têtes se tournèrent dans leur direction avant qu'elles ne se détournent tout aussi rapidement lorsqu'ils se rendirent compte de qui provenait ce rire ; Pansy ne sut dire si elle en était soulagée ou incroyablement embarrassée.

« Arthur et moi partagions de nombreuses passions communes lors de nos fastes années à Poudlard, répondit-elle avec une sincère affection qui fit disparaitre les sourcils de George sous ses cheveux. Quant à Molly... » Son regard se perdit momentanément dans le vague avant qu'un sourire nostalgique ne prenne place sur son visage. « Molly était l'une des poursuiveuses de Gryffondors lorsque je jouais pour Serpentard. Nous avons eu de très grands, que dis-je, d'extraordinaires matchs ensembles.

- Toi, joueuse de quidditch ? rebondit Pansy, amusée. Je crois que je ne t'ai jamais vue sur un balai.

- Et c'est peut-être bien là mon erreur », soupira-t-elle. Elle se pencha vers George avec une mine conspiratrice. « Ma Pansy a une peur bleue des balais, mais je suis persuadée que si sa mère, ma très chère soeur, que Merlin ait pitié de son âme, m'avait laissée lui offrir un balai dès qu'elle a su mettre deux pieds l'un devant l'autre, elle serait devenue l'une des plus grandes gardiennes que l'équipe de Serpentard ait eu depuis très très longtemps. Cette petite a d'excellents réflexes. »

Pansy roula des yeux de manière tout à fait exagérée. Elle se pencha, à son tour, vers George, sans jamais quitter du regard sa tante à qui elle adressa un sourire goguenard accompagné d'un papillonnement d'yeux excessif.

« Tam-Tam est persuadée de beaucoup de choses. Dans deux tasses de thé, elle pourra t'affirmer, le plus sérieusement du monde, qu'un jour je serai à la tête du Ministère de la Magie. »

Temperance lui tapa gentiment l'avant-bras à l'aide de son éventail et Pansy gloussa — gloussa, insista le cerveau de George.

« Jeune fille, dois-je te rappeler que Perseus— », commença-t-elle à réprimander avant que son regard ne glisse sur l'unique horloge du salon. Ses yeux s'écarquillèrent de façon presque comique et elle bondit sur ses pieds. « Par la barbe de Merlin, je suis complètement et irrémédiablement en retard ! George, ce fut un plaisir de faire votre connaissance, salua-t-elle en le prenant brièvement dans ses bras avant qu'il n'ait le temps de se lever. J'ose espérer que nos chemins se recroiseront très prochainement. »

Puis, elle étouffa Pansy avec un câlin qu'elle seule maîtrisait, la faisant se dodeliner de gauche à droite, et lui plaqua un baiser bruyant sur chaque joue.

« Tu me manques déjà, couina-t-elle dans son oreille et la jeune sorcière crut perdre un tympan. Écris-moi plus souvent, d'accord ?

- Promis. »

Temperance prit son visage en coupe et lui releva le menton.

« Toujours la tête haute.

- Quoi qu'il arrive, acquiesça Pansy. »

Elle lui offrit un large sourire qui l'enveloppa d'une chaleur bienvenue avant de disparaître pour de bon après avoir pris soin de laisser quelques gallions sur la table et un généreux pourboire au serveur. La jeune sorcière l'aperçut, à travers l'une des fenêtres, fendre la foule à toute allure, les plumes de son chapeau virevoltant au gré de ses pas. Elle baissa la tête un court instant, l'ombre d'un sourire jouant sur ses lèvres, mais le raclement de gorge de son indésirable compagnon ne lui laissa pas le temps de s'apesentir sur le fait qu'elle lui manquait déjà tout autant.

Pansy se retourna puis prit place, l'index levé en guise de mise en garde, en face de George.

« Aucune remarque désobligeante, ni même une toute petite moquerie ou plaisanterie sur ma tante ne sera tolérée, avertit-elle en plantant son regard dans le sien.

- Sur ta tante ? » répéta-t-il, un sourcil arqué. Il s'esclaffa très brièvement. « La seule personne dont j'ai envie de rire, là, tout de suite, c'est toi, Parkinson. Comment as-tu pu survivre durant toutes ces années ?

- Je sais, chouina-t-elle en enfouissant son visage entre ses mains.

- Des botrucs ont manqué de te crever les yeux.

- Je sais...

- Le calmar géant a essayé de te noyer.

- Je sais ! »

Pansy écarta les mains de son visage et les fit glisser jusqu'à son cou alors que l'énième gémissement guttural de la journée lui échappait.

« Chaque année, poursuivit-elle, les yeux fermés, d'une voix fatiguée, il m'arrive quelque chose de suffisamment grave pour que non seulement, je finisse à l'infirmerie, mais qu'en plus, on doive aller chercher manu militari ma tante ou mes parents. » Elle bascula la tête en arrière. « Alors avec ce tournoi, c'est certain qu'il va m'arriver quelque chose d'incroyablement horrible cette année.

- Ne t'approche pas des dragons. »

Écarquillant les yeux, la jeune sorcière baissa si rapidement la tête que sa nuque fit un drôle de bruit. Son coeur loupa un battement.

« Quels dragons ?

- Ceux du tournoi, rétorqua-t-il avec un haussement d'épaules, comme si c'était évident. »

Elle fronça les sourcils.

« Ne te fiche pas de moi, Weasley, je crois que je m'en souviendrai si Dumbledore avait mentionné que des foutus dragons seraient là.

- Comme tu veux. Je t'aurais prévenu, rétorqua-t-il en levant les mains en l'air. »

Durant de longues secondes, Pansy le scruta, incapable de discerner s'il mentait ou disait vrai. D'ordinaire, un tressautement de lèvres, des doigts qui s'agitaient sans raison, un regard fuyant lui mettaient la puce à l'oreille, mais George ne se dérobait pas d'une manière ou d'une autre. Ses yeux pourtant rieurs qu'elle nota bleus, presque gris, pour la première fois, soutenaient sans flancher les siens. Elle pencha la tête sur le côté. Il ne parvint pas à masquer son rictus plus longtemps lorsqu'il l'imita et qu'il vit sa mâchoire se crisper sous l'exaspération. Agacer Pansy Parkinson commençait à devenir doucement, mais sûrement l'une de ses activités favorites.

« Et... Pourquoi personne n'a encore vu ces dragons ? »

Pansy mima des guillemets dans les airs.

« Parce qu'ils ne sont pas encore arrivés.

- Tiens donc, quel heureux hasard ! rétorqua-t-elle en plissant les yeux. Et ils sont censés arriver quand ? »

George se tapota le menton, les yeux rivés vers le plafond, faisant mine de réfléchir, ce qui finit par la convaincre que tout ça n'était que du flanc.

« Hmm, la semaine prochaine, mercredi, il me semble.

- Parfait ! s'exclama-t-elle en placardant un faux sourire sur ses lèvres. Je termine à quinze heures, tu n'oublieras pas de m'y emmener. »

Pansy sentit sa superbe vaciller lorsque les yeux de George s'illuminèrent soudainement ; elle les avait vus, son frère et lui, se jouer suffisamment de leurs adversaires avec malice lors des matchs de quidditch pour savoir que la lueur qui y brillait ne présageait jamais rien de bon. Les avant-bras posés à plat sur la table, il se pencha vers elle avec un sourire qui, lui aussi, lui promettait des tourments qu'elle n'était absolument pas prête à affronter. Elle esquissa un mouvement de recul, mais rencontra rapidement le dossier de sa chaise avant qu'elle ne juge la distance entre eux suffisante.

« Ce serait une joie, que dis-je, un immense honneur d'être au premier rang de cette catastrophe annoncée, jubila-t-il alors que ses canines se dévoilaient. »

Pansy roula des yeux avec exagération pour masquer son anxiété grandissante. Elle essuya ses mains déjà moites sur sa jupe. Dans quel pétrin s'était-elle encore fourrée volontairement ?

« Je suis impatiente de voir ces dragons, ajouta-t-elle néanmoins en relevant le menton. »

George tapota la table de ses mains tandis qu'il se redressait sur son siège.

« Est-ce que je dois prévenir ta tante maintenant ou—

- Ressers-moi du thé, plutôt, le coupa-t-elle en poussant sa tasse jusqu'à lui. »

Elle nota avec effarement que ses doigts tremblaient suffisamment pour qu'elle le remarque à l'oeil nu et s'empressa donc de repositionner ses mains sur ses cuisses, sous la table, avant de les frotter l'une contre l'autre.

« D'ailleurs, n'as-tu pas quelqu'un d'autre à aller ennuyer ? » questionna-t-elle en portant sa tasse à ses lèvres. L'espace d'une seconde, George grimaça et elle arqua un sourcil. Oh ? Elle avait mis le doigt sur quelque chose. « Quoi, ne me dis qu'il y avait réellement quelqu'un et que tu l'as oublié. »

Il dodelina la tête de gauche à droite tandis qu'une nouvelle grimace étirait ses traits. Alicia Spinnet était effectivement sortie de sa tête dès l'instant où Temperance avait ouvert la bouche pour conter la fois où, par une fraîche matinée de printemps, Severus Rogue accompagné d'une petite dame aux joues rondes — Pomona Chourave — était apparu dans son salon, par sa cheminée qui n'avait pas été ramonée depuis de nombreuses années, pour lui annoncer qu'un « événement fâcheux », termes exacts employés, mais terriblement inadéquats, s'était produit. Pansy avait enfoui son visage entre ses mains pour étouffer un râle.

« Quelque chose comme ça, admit-il finalement du bout des lèvres.

- S'il te plait, égaie ma journée, et dis-moi que ce quelqu'un n'était ni ton frère, ni ton copain mal élevé qui parle beaucoup trop fort. »

Il secoua la tête et les yeux de Pansy s'illuminèrent soudainement alors qu'un rire incrédule et spontané lui échappait — par Salazar, cette après-midi maudite prenait enfin une tournure plus qu'intéressante ! Les coudes appuyés sur la table les séparant, elle reposa son menton au creux de sa main droite. Son hilarité, désormais silencieuse, mais toujours bien présente, creusait de fines ridules aux coins de ses lèvres amusées et de ses yeux émeraudes. George se demanderait, plus tard, si ce n'était pas à cause de ces derniers, auxquels il n'avait jamais prêté attention jusqu'alors car inexpressifs au possible, mais il se remémora, à ce moment très précis, la description peu flatteuse que Ron lui avait faite, le mois dernier ; il se surprit à songer que si elle n'était peut-être pas aussi renversante que les sorcières de Beauxbâtons, il y avait, indéniablement, chez elle ce petit quelque chose qui attirait le regard — du moins, quand elle abandonnait son air las perpétuel et cessait de lever les yeux au ciel pour ponctuer la moindre de ses phrases.

« Oublier son rencard », s'amusa Pansy en dévoilant des dents parfaitement alignées, incapable de réfréner un large sourire, quoique moqueur. Elle pencha la tête sur le côté et fit mine d'examiner ses ongles. « J'en suis presque flattée.

- Que veux-tu, Parkinson, personne ne peut te résister, rétorqua-t-il sur le même ton, après s'être raclé la gorge. »

Elle balaya son faux compliment d'un revers de main.

« Je sais, et ce n'est pas facile tous les jours..., soupira-t-elle avant de se lever et d'enfiler promptement son manteau. En revanche, moi, je n'ai pas oublié mes amies qui doivent sans aucun doute m'attendre à la librairie. Bonne chance pour te faire pardonner, joli cœur. »

Emmitouflée jusqu'au nez, Pansy lui adressa un clin d'œil par-dessus son épaule alors qu'elle franchissait la porte d'entrée. Il devina, plus qu'il ne le vit, à son regard pétillant, le sourire railleur qui devait se dessiner sur ses lèvres. Là, ce petit quelque chose.

Les yeux clos, George rejeta la tête en arrière. Génial.

.

.


.

Theodore Nott était un être brillant, de ceux qui ne voient le jour qu'une fois par siècle, et Pansy passa plus de la moitié de l'heure de tutorat à l'observer avec un mélange d'admiration et d'effroi. L'autre moitié de l'heure, son génie n'eut de cesse de la ramener à sa propre médiocrité et aucun mot d'encouragement, ni compliment, ne put faire disparaître le poids qui s'était installé, au fur et à mesure, au creux de son estomac.

Theodore effaçait soigneusement le tableau lorsqu'elle se lamenta à voix haute :

« Comment veux-tu que j'arrive à retenir autant de choses ? Ptolémée aurait listé seulement quinze constellations que j'aurais été fichue d'en oublier la moitié et tu veux que j'arrive à en retenir quarante-huit ? »

Theodore reposa l'éponge, puis se retourna.

« Non seulement tu vas devoir les retenir, mais tu vas devoir également les retrouver dans le ciel et les placer correctement sur une carte, répondit-il avec pragmatisme.

- Ok, super. Je suis foutue. »

Pansy reposa son front contre la table, tandis qu'un râle d'agonie grondait dans sa gorge. Les informations lui rentraient par une oreille et lui sortaient par l'autre, et la technique de Cho Chang n'y changerait malheureusement rien. Le flot de nouveautés qu'elle devait emmagasiner dans sa petite tête était tellement important qu'elle n'y gagnerait qu'une addiction au sucre et une nouvelle quatrième année. C'était peine perdue.

La jeune sorcière entendit Theodore descendre de l'estrade, le parquet usé craquant sous ses pas, et venir jusqu'à elle. Maladroitement et dans une vaine tentative de réconfort, il lui tapota l'épaule et Pansy ne put s'empêcher de penser qu'en d'autres circonstances, elle aurait trouvé ce geste venant de lui absolument ridicule.

« L'examen de fin de trimestre est dans un mois. Il nous reste encore suffisamment de temps pour que tu puisses réussir. »

Pansy pouffa de désespoir. Un mois ? Mais qu'on lui donne un T immédiatement !

« Comment tu peux en être aussi certain ? Tu les entends comme moi dans la salle commune — Blaise, Vaisey et les autres, marmonna-t-elle, sa voix étouffée par la table. »

Encore ce matin, elle avait essuyé une remarque particulièrement humiliante de Blaise (« Alors Pans', tu penses avoir combien à la prochaine éval' de métamorphose, D ou T ? »), remarque sur laquelle Vaisey avait rebondi (« Un T, c'est certain ! Qui veut parier un gallion avec moi ? ») et qui avait lancé des paris auxquels avaient même participé des premières années qu'elle avait trouvé bien trop à leur aise à son goût et qui étaient montés jusqu'à 8 gallions pour un T et 5 gallions pour un D jusqu'à l'intervention divine de Millicent. Avec sa verve acérée, elle avait aboyé sur Blaise qui dut battre en retraite en reniflant avec dédain, puis avait botté les fesses de Cassius, pourtant loin d'être un idiot comme les autres, pour s'être laissé si facilement entraîné. Montague qui était, quant à lui, un idiot fini, avait papillonné des yeux pour s'excuser et Millicent s'était immédiatement radoucie.

Pansy sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle prit une profonde inspiration, compta jusqu'à dix, puis expira par la bouche. Entre le moment surréel de ce matin et le tutorat de cet après-midi, son ego en avait pris un sacré coup.

« Depuis quand prêtes-tu attention aux âneries de Blaise et Vaisey ?

- Depuis que tout le monde dit la même chose ? C'est forcément vrai... »

Theodore claqua sa langue contre son palais, désapprobateur.

« Alors ça, c'est bien la chose la plus stupide que tu n'aies jamais dite et je suis pourtant ton binôme en potions, rétorqua-t-il avec une franchise qui la laissa sans voix. »

Pansy releva la tête tandis qu'un rire, franc et tonitruant, de ceux que seule Millicent parvenait à lui arracher, s'échappait de sa bouche. Les larmes qui perlèrent au coin de ses yeux eurent un goût moins âpre.

« C'est aussi insultant que gentil », parvint-elle à prononcer après quelques secondes. Elle essuya ses yeux avec un soupir encore teinté de son rire. « Mais tu n'as pas répondu à ma question ; comment tu peux en être aussi certain ?

- Parce que tu es une Parkinson et qu'aussi longtemps que la Terre tournera autour du soleil, vous êtes et serez l'une des familles de sorciers les plus douées en astronomie, répondit-il comme si c'était une évidence.

- Et si j'étais la brebis galeuse de la famille ? contrecarra-t-elle, un sourcil arqué.

- Laisse-moi un mois pour te prouver que tu ne l'es pas. Tu peux au moins avoir un E.

- E ? s'étrangla-t-elle. C'est bien plus que—

- Un mois, répéta-t-il avec assurance. Et d'ici à la fin de l'année, tu prendras ma place pour m'expliquer les notions que je n'ai pas comprises. »

Theodore lui offrit un sourire si rassurant que la petite voix qui ne cessait de lui répéter, de plus en plus fort, qu'elle n'était qu'une idiote se tut enfin. Ses lèvres s'étirèrent également tandis qu'elle hochait la tête à plusieurs reprises.

« OK, un mois. »

.

Lorsqu'elle passa le seuil de la porte, après avoir salué et remercier à demi-mots Theodore pour ses paroles dont elle n'avait pas eu conscience, jusqu'à présent, qu'elle avait réellement besoin d'entendre, son regard fut immédiatement attiré par la silhouette longiligne de George, adossé au mur en pierres, les mains dans les poches, à quelques mètres de là. Pansy marqua un bref temps d'arrêt avant que ses jambes ne décident d'elles-mêmes d'aller à sa rencontre. Il se redressa en l'apercevant à son tour. Une fois à sa hauteur, la jeune sorcière fronça légèrement les sourcils ; elle n'aimait ni la lueur qui dansait dans son regard, ni le fait qu'il semblait incapable de réfréner un large sourire.

« Ils sont arrivés, annonça-t-il en haussant à plusieurs reprises les sourcils. »

Pansy posa ses mains sur ses hanches.

« Qui donc ?

- Les dragons, par Merlin ! »

- Les dragons », répéta-t-elle platement. Son cœur loupa, néanmoins, un battement et elle sentit un nœud se former dans sa gorge. Elle croisa les bras sur sa poitrine. « Donc là, tout de suite, au moment où nous parlons, il y a des dragons à Poudlard. » George opina vivement du chef, tandis que ses yeux s'illuminaient davantage. « Et, étrangement, personne, à part toi, n'en parle. »

Plus elle y pensait, plus elle songeait qu'elle était ridicule d'avoir douté, une seule seconde — des dragons à Poudlard ! Mais de qui se fichait-on ? Comme si leurs professeurs étaient suffisamment inconscients pour permettre à des dragons de franchir la barrière magique, d'autant plus pour une épreuve du Tournoi. Ils ne mettraient pas la vie des participants en danger, non ? Un sourcil haussé, Pansy releva le menton tandis que la porte de la salle tutorat grinçait de nouveau derrière elle.

« Je t'en prie, Weasley, montre-moi donc ces dragons, je te suis, poursuivit-elle en faisant un geste de la main.

- Vous allez voir les dragons ? »

La question de Theodore figea dans les airs la main de Pansy. Elle cligna plusieurs fois des yeux, ouvrit la bouche pour la refermer aussi tôt, à court de mots et de souffle. Pitié, pitié, pitié. Elle ne prêta pas attention à la réponse de George, ni à la réplique enjouée de Theodore, et encore moins au fait que ces deux-là conversaient de manière tout à fait normale et civilisée, presque amicale, comme s'il s'agissait d'une occurrence récurrente. Loin, très loin, dans un coin de sa tête, alors qu'un bourdonnement sifflait dans ses oreilles, elle entendit la voix indulgente de Tracey résonner — oh ma chérie, tu as encore tellement de choses à apprendre.

C'était donc à quinze ans et des poussières que sa vie allait s'achever, dévorée par un sanguinaire dragon.

Pansy fit un bond en avant, puis volte-face, lorsque le souffle de George vint chatouiller la peau derrière son oreille.

« Prête à rencontrer ces dragons ? »

Il mima des guillemets et elle eut, plus que jamais, envie de lui faire ravaler son sourire goguenard. Si seulement elle avait prêté une oreille plus attentive aux cours de sortilèges...

.

Pansy les entendit avant de les voir. Un rugissement sourd et puissant qui fit vibrer le sol et s'envoler une myriade d'oiseaux qui n'avaient pas encore pris la fuite. Elle s'arrêta net, ses jambes refusant soudainement d'avancer davantage sur le chemin boueux que George lui faisait emprunter depuis plus d'une quinzaine de minutes. Elle jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule ; le château, bien qu'éloigné, était encore visible. Peut-être que si elle—

Un autre rugissement, encore plus terrible que le premier, la força à combler la distance qui s'était creusée entre George et elle en quelques rapides enjambées. Elle se rattrapa in extremis au bras du jeune homme quand elle sentit sa jambe droite lui faire faux bond et glisser sur près d'un mètre, la faute à un sol trop humide. Sous le regard rieur du Gryffondor, ses joues se parèrent de rose.

« Pas un mot ou je fais demi-tour », bougonna-t-elle en baissant les yeux sur ses chaussures couvertes de boue.

Le professeur Flitwick ne pouvait-il pas leur enseigner des sortilèges utiles, tel l'enchantement des semelles, en lieu et place du sortilège de peintenlair, par exemple ? Elle pouvait écrire une dissertation de cinq pages sur la futilité de celui-ci.

« Voyons, moi, m'amuser d'une chute ? C'est mal me connaître.

- Je pense que je pourrais citer une bonne dizaine de contre-exemples, sans aucune difficulté.

- Par la barbe de Merlin, tant que ça..., médita-t-il à voix haute. Dis-moi, Parkinson, est-ce que je ne t'obséderai pas un peu ? »

George lui coula de nouveau un regard amusé, agitant les sourcils.

« Je suis donc si transparente... »

Pansy feignit un soupir, puis leva le bras qui n'était pas accroché à celui de George, les doigts écartés. Durant une demi-seconde, elle creusa au fond de sa mémoire avant que les mots ne lui reviennent avec un naturel déconcertant :

« Morbleu, faut-il que je vous aime ! Ah ! Que si de vos mains, je rattrape mon cœur, je bénirai le ciel de ce rare bonheur ! »

George arqua un sourcil tandis qu'un rictus jouait sur ses lèvres.

« Molière, Weasley, Molière, précisa-t-elle devant sa confusion, non sans une petite pointe de fierté.

- Et tu ne connais toujours pas la date de la révolution des gobelins ? rétorqua-t-il en secouant la tête. Je ne sais pas si je dois être impressionné que tu parviennes à me répondre par une réplique d'une pièce de théâtre aussi rapidement ou atterré par ta mémoire plus que sélective.

- Tss. Impressionné, évidemment. »

George sembla réfléchir un instant à sa réponse avant d'acquiescer, admettant qu'effectivement, c'était plutôt impressionnant.

« Et là, tu es censé me demander d'où me vient cette incroyable culture, reprit la jeune sorcière, enfonçant son index à plusieurs reprises dans son bras. Pour entretenir la conversation, tu vois ?

- Hmm, vraiment ? » Il fit la moue. « Non, je pense que je vais en rester là, je suis bizarrement pas très fan des conversations qui te mettent en valeur. »

Les yeux levés au ciel, Pansy lui donna un coup d'épaule. Alors qu'elle ouvrait la bouche pour lui expliquer — et peut-être également pour se mettre un peu en valeur, elle le concédait volontiers — que sa tante avait, durant de longues années, dirigé une troupe de comédiens amateurs et qu'elle avait, bon gré mal gré, été biberonnée aux plus grands classiques de la littérature, les arbres qui obscurcissaient l'horizon se firent de moins en moins nombreux. Là, dans une immense plaine parsemée de végétaux, Pansy vit des dragons pour la toute première fois de sa vie.

Ses yeux s'écarquillèrent, sa respiration se fit irrégulière.

Des dragons. Il y avait quatre dragons, juste devant elle, qui demandaient, chacun, la force d'une petite dizaine d'hommes pour être maîtrisés et maintenus au sol à l'aide de chaînes autour de leurs pattes et de leur cou. Bien que le chemin boueux avait laissé place à une terre dure et solide, Pansy resserra sa prise autour du bras de George.

« Ils sont gigantesques, souffla-t-elle, la voix empreinte de trémolos. Est-ce... Est-ce qu'on a le droit d'être ici ? »

George acquiesça, même si elle ne lui prêta aucune attention, trop absorbée par le spectacle qui se jouait devant ses yeux. L'un des dragons, d'un rouge aussi ardent que la lave en fusion, poussa un rugissement strident avant de lever son long cou en direction du ciel et de cracher un nuage de feu ; de là où elle se trouvait, Pansy put en ressentir la chaleur. Plusieurs sorciers lui lancèrent un sortilège de Stupéfixion, avec plus ou moins de succès, et cette scène lui laissa une drôle de sensation dans le ventre. Elle fronça les sourcils lorsque le dragon cessa tout mouvement.

« Est-ce qu'il souffre ? questionna-t-elle en lorgnant longuement cette impressionnante masse inanimée.

- Absolument pas ! » répondit une voix bien plus grave que celle de George, derrière eux. Dans un couinement qui ne la caractérisait pourtant pas, Pansy sursauta en avant, une main sur le cœur. « Arrête-moi si je me trompe, Georgie, mais n'existe-t-il pas de lieu moins dangereux pour un rendez-vous amoureux ? Le salon de thé de Madame Pieddodu, à tout hasard ? »

Pansy se retourna. L'inconnu, qui leur faisait face, avait les traits tirés par la fatigue — des cernes sombres sous les yeux, un rictus las —, une tignasse rousse désordonnée qui mangeait allégrement son visage constellé de taches de rousseur. Elle plissa les yeux ; l'inconnu ne semblait pas si inconnu que ça.

« Charlie ! s'exclama George avant que les deux hommes ne se donnent une chaleureuse accolade. »

Non, ce n'était définitivement pas un inconnu. Lorsqu'ils se séparèrent, George les présenta ; elle leva la main, le coin des lèvres pincé en guise de sourire, et Charlie l'imita, autant sur la réserve qu'elle.

« Pansy rêvait de rencontrer des dragons, ajouta-t-il. »

La lueur de mauvais présage était de retour dans son regard.

« Ce n'est pas exactement vrai », corrigea-t-elle en papillonnant des yeux, à son attention, de façon excessive.

Peut-être comprendrait-il mieux qu'il fallait qu'il cesse tout de suite de l'ennuyer de la sorte si elle lui écrasait son pied ? Parce qu'avec la veine qu'elle avait, elle craignait—

« Vous voulez les voir de plus près ? »

— qu'une proposition de ce genre soit faite.

.

Les dix premières minutes, bien que les quatre dragons aient été stupéfixiés, et tandis que Charlie prenait un plaisir difficilement ignorable à leur expliquer pourquoi, de toutes les races qui existaient, il adorait particulièrement travailler avec le Suédois à museau court, Pansy resta à une distance raisonnable desdites créatures. Régulièrement, elle leur coulait un regard en coin, car s'il existait une possibilité, aussi infime soit-elle, qu'un des sorciers présents ait mal lancé son sort, elle était certaine que les conséquences seraient uniquement pour sa petite et délicieuse personne — c'était, après tout, le propre de la loi de Pansy Parkinson.

(Elle fit promptement taire la petite voix dans sa tête qui se demanda si elle tenait toute entière dans la gueule d'un dragon ou s'il devait la croquer en deux bouchées.)

« Tiens, Pansy, approche, l'invita Charlie d'un geste de la tête. »

La jeune sorcière cligna des yeux à plusieurs reprises alors que Charlie enjambait les chaînes pour se rapprocher du Boutefeu chinois. Il posa une main à la jonction entre son cou et les épines dorées qui entouraient son crâne. Agitant ses mains devant elle, Pansy fit un pas en arrière.

« Je ne suis pas sûre que—

- Allez Parkinson », la coupa George. Il lui donna un coup d'épaule suffisamment puissant pour qu'elle se retrouve à tituber sur quelques mètres en avant. « Je sais que le courage n'est pas la plus grande qualité des Serpentards, mais quand même. Il est stupéfixé ; que veux-tu qu'il t'arrive ? »

Elle le fusilla du regard par-dessus son épaule.

« George », admonesta Charlie avant qu'elle n'ait le temps de lui signifier le fond de sa pensée. Puis, son ton se fit plus doux, plus pédagogue lorsqu'il s'adressa à Pansy : « Je te promets qu'il ne t'arrivera rien, tu as ma parole. » Il dut lire l'éclair d'hésitation qui traversa ses yeux, car il s'empressa d'ajouter : « Mais tu n'es obligée en rien si tu ne te sens vraiment pas à l'aise à l'idée d'être aussi proche d'un dragon. Crois-moi, j'ai bien conscience qu'ils sont très impressionnants. »

Ce qui, ironiquement, finit par la convaincre de le rejoindre. Arrivée à sa hauteur, Pansy retint son souffle. Les écailles, tantôt rouge amarante, tantôt rouge capucine, dessinaient un pattern obsédant. Du bout des doigts, et sous les encouragements murmurés de Charlie, elle se laissa aller à la tentation de suivre un chemin le long de son cou. La texture était rigide, acérée là où une écaille s'était brisée en deux, mais curieusement douce. Elle fronça les sourcils à cette constatation. C'était bien loin de ce qu'elle avait imaginé.

George, qui les avait finalement rejoints, fit part à voix haute du même étonnement.

« Le Boutefeu chinois est l'une race ayant les écailles les plus lisses, avec le Dent-de-Vipère du Pérou », acquiesça Charlie. Il donna un coup de tête en direction du Magyar à pointes. « Lui, en revanche, n'est pas franchement agréable au toucher. »

Le coeur de Pansy loupa un battement lorsqu'elle coula un regard à la créature qui, même ainsi figée, était absolument effrayante. Ses yeux jaunes, immenses, aux pupilles verticales, semblaient ne jamais la quitter.

« Il n'est pas franchement agréable à regarder non plus, rétorqua-t-elle avant de reporter rapidement son attention sur le Boutefeu chinois, ignorant l'intense frisson qui était remonté le long de son échine.

- Un cousin à toi, non ? ne put s'empêcher de lui glisser George. »

Pansy roula des yeux. Elle mobilisa toute sa volonté pour ne pas l'envoyer paître dans la boue d'un coup de coude aussi surprenant qu'efficace.

« Ah-ah-ah, hi-la-rant. Tu comptes me tirer les couettes à la récréation, aussi, tant qu'on est dans ce registre ? »

Sans marquer aucune hésitation, George lui tira une mèche de cheveux à l'arrière de son crâne qui lui arracha un cri de surprise. Elle porta ses deux mains à sa tête, se tournant vers lui avec de gros yeux — sérieusement ?

« Hmm, nan, pas assez amusant, finalement », constata-t-il en feignant une grimace.

Elle lui donna un coup de coude qu'il ne prit pas la peine d'éviter et, les traits rieurs, George fit quelques pas sur le côté. S'il avait pu avoir le moindre doute, il en était désormais certain : c'était bel et bien l'un de ses passe-temps favoris. Elle lui lança un regard courroucé et il leva les mains en l'air en signe de reddition.

« Il est vrai qu'il n'est pas réputé pour être agréable tout court, concéda Charlie pour rebondir sur la précédente remarque de Pansy. Je souhaite bien du courage à celui qui le tirera au sort pour le Tournoi. »

Pansy, qui s'apprêtait à toucher les pointes dorées entourant sa tête, suspendit son geste et se tourna vers lui. Elle en avait presque oublié la raison de leur présence ici et, maintenant qu'elle y réflechissait, elle ne parvenait à imaginer aucune épreuve inoffensive qui impliquerait de près ou de loin ces dragons — et encore moins le Magyar à pointes.

« Celui qui le tirera au sort..., répéta-t-elle, pensive. Mais de quel genre d'épreuve parle-t-on, au juste ? »

.

.


.

Onze jours durant, Alicia n'adressa ni la moindre parole, ni le moindre regard à George, songeant naïvement qu'il viendrait à elle. Lorsqu'il parut évident à la jeune femme qu'il ne s'excuserait pas pour l'avoir laissée poireauter pendant près de deux heures au salon de thé de Madame Pieddodu, au milieu de tous ces couples, elle le coinça devant tous leurs camarades de classe, juste après leur cours de défense contre les forces du mal.

Alicia posa ses mains sur ses hanches, une position qui lui rappelait bien trop celle de sa mère, et le toisa de la tête aux pieds.

« Combien de temps comptais-tu encore m'ignorer ? »

Sa voix, forte et assurée, le fit reculer d'un pas tandis qu'il balaya rapidement du regard la salle de classe qui se vidait à la recherche de son frère jumeau — Fred avait toujours été le plus courageux des deux. Il le trouva à l'entrée de la salle, l'air franchement amusé par la scène qui allait se dérouler devant ses yeux. D'une manière qu'il pensait discrète, George lui fit les gros yeux —s'il te plait, sors-moi de là—, mais Fred secoua la tête et bougea ses lèvres sans émettre le moindre son. Je t'avais prévenu.

Alice jeta un regard par-dessus son épaule et souffla d'agacement lorsque Fred lui fit un bref salut de la main.

« Vraiment, George ? Ce que tu peux être immature », soupira-t-elle en levant les yeux au ciel. Elle combla la distance qui les séparait avant qu'il n'ait le temps d'esquisser le moindre mouvement de retraite et planta fermement son index dans son torse. « Ne m'adresse plus jamais la parole, ni pendant les cours, ni pendant les entrainements de quidditch — plus-ja-mais. » Elle tourna les tâlons, mais s'arrêta à hauteur du dernier rang. « Oh, et au cas où ça ne serait pas suffisament évident pour ton ridicule cerveau de veracrasse, je n'irai pas au bal de Noël avec toi. Trouve-toi quelqu'un d'autre d'assez stupide pour tolérer le goujat que tu es. »

Alicia bouscula volontairement Fred sur son chemin tandis que des sifflements de Gryffondors et de Poufsouffles, qui n'avaient pas encore quitté la salle, s'élévèrent dans les airs accompagnés de quelques rires moqueurs.

« Attends, attends, pause, interjecta, une fois qu'elle fut sortie, Lee Jordan. Je crois que j'ai loupé un épisode. Depuis quand oses-tu ignorer Alicia Spinnet, je répète, Alicia Spinnet ? »

Fred abattit sa main sur son épaule et y exerça une légère pression.

« Depuis que mon très cher frère est un parfait idiot, concéda-t-il avec un amusement à peine voilé.

- Pourquoi je ne suis pas au courant de ce détail qui n'est pas un détail ? insista Lee, ignorant la réponse de Fred. »

George glissa les lanières de son sac à dos usé sur ses épaules.

« Parce que c'est sans importance ? »

Lee porta la main à son torse, la bouche grande ouverte, et feigna un soupir outragé.

« Sans importance ? répéta-t-il avec un ricanement incrédule. Je vendrai père et mère pour, je le répète avec insistance et de manière mélodramatique, Alicia Spinnet. »

George aboya un rire.

« Elle est tout à toi ! Quoique, t'associer à moi n'ira pas en ta faveur pour le bal de Noël.

- Lee est libre comme le vent, rétorqua celui-ci d'un air présomptueux avant que son expression ne se radoucisse. Plus sérieusement, qu'est-ce que tu lui as fait ?

- Demande-lui plutôt ce qu'il n'a pas fait, intervint Fred. »

George leva brièvement les yeux au ciel tandis qu'ils se dirigeaient vers la sortie de la classe.

« C'est sans importance, répéta-t-il.

- Mais—

- Gred a été absolument terrifié par Alicia, l'interrompit Fred en passant son bras autour de ses épaules et lui ébouriffant ses cheveux. Qui ne le serait pas ? »

Par-dessus l'épaule de leur ami, son frère lui adressa un clin d'oeil tandis que Lee opinait vivement du chef, ajoutant qu'effectivement, c'était un sacré bout de femme. Oublier et planter Alicia au salon de thé de Madame Pieddodu était une chose. Il lui était déjà arrivé d'oublier de mettre des chaussures avant de se rendre en cours et ni la froideur de la pierre, ni les rires de ses camarades ne lui avaient mis la puce à l'oreille. Il oubliait aussi parfois de se rendre aux entrainements de quidditch alors même qu'ils avaient lieu le même jour et à la même heure depuis qu'il avait rejoint l'équipe. Il avait même déjà laissé en plant Olivier Dubois aux Trois Balais, il était donc coutumier du fait.

En revanche, oublier et planter Alicia au salon de thé de Madame Pieddodu à cause de Pansy Parkinson et, une fois la mémoire revenue, ne finalement jamais s'y rendre était une tout autre chose. Un haussement de sourcils, puis un rire franc accompagné d'une tape dans le dos, fut la seule réaction de Fred qui, étrangement, ne fit aucun autre commentaire. Lee... Lee serait tout en exclamations et en gesticulations, il attirerait les regards et aurait certainement un avis que personne ne voudrait entendre ; George avait peut-être envie, pour une fois, d'un peu plus de quiétude autour de toute cette problématique sur laquelle il n'avait vraiment, mais alors vraiment pas envie de s'attarder dans l'immédiat — ce que Fred semblait avoir parfaitement intégré en une demi-seconde.

George joignit ses mains pour le remercier silencieusement. Il pria également pour que Lee oublie rapidement cette histoire.

.

.


.

Harry Potter dut faire face au Magyar à pointes.

De sa place dans les tribunes, les sourcils froncés, Pansy se demanda très sincèrement si les dés n'avaient pas été pipés. Elle arracha le badge Vive Cedric Diggory — le vrai champion de Poudlard/A bas Potter de son écharpe tandis que ce dernier se saisissait de l'oeuf doré. Milicent haussa un sourcil. Tracey hocha la tête à plusieurs reprises, un maigre sourire aux lèvres.

.

.


.

Merci d'avoir lu, j'vous aime !