Bonjour à tous ! Je vous souhaite une très bonne année 2024 et une bonne lecture pour la commencer !
« Maman, tu as vu mon autre botte ? »
« Elles sont dehors près du fil à linge, ma chérie. » répondit Maman sur un ton absent, plaçant une nouvelle part de tarte dans l'assiette de Ron.
« Il y en avait une, mais pas l'autre. »
« Près des poules ? »
« J'ai déjà regardé là-bas. » dit Ginny en croisant les bras.
« Et bien, je ne les ai pas vu alors. » dit Maman.
Ginny continua de la foudroyer des yeux et ouvrit la bouche – dans l'idée de dire à Maman de lancer un sortilège d'Attraction ou quelque chose comme ça – mais Maman tendit son assiette à Ron et en attrapa une autre, sans même regarder sa fille.
« Maintenant, assieds-toi et mange quelque chose avant de t'en aller. Je t'aiderais à les chercher après. »
Maman tendit une assiette à Ginny et Ginny, voyant qu'elle n'avait pas d'autre choix, se laissa tomber sur la chaise, l'air boudeur. Ron engloutit son déjeuner, tandis que Ginny ne faisait que jouer avec.
« Arrête de bouder. » lui lança Maman.
Ginny la fusilla du regard et enfourna une bonne partie de la tarte dans sa bouche, avant de mâcher bruyamment avec la bouche grande ouverte.
« Ginny ! » s'écria Maman.
Ron ricana. Maman lui lança un regard menaçant et il évita soigneusement de la regarder. Ginny déglutit et croisa à nouveau les bras.
« Je ne t'ai pas appris à manger comme- »
« Ron ? » suggéra Ginny.
Maman jeta un œil à Ron – qui, malheureusement, choisit cet instant pour essayer de fourrer deux gros morceaux dans sa bouche – et leva les bras en l'air.
« Oh, Ron, sérieusement, tu as presque onze ans ! » dit Maman, exaspérée.
« Merfi beau'oup. » réussit à articuler Ron en direction de Ginny, qui grimaça en voyant que l'attention de Maman était maintenant accaparée par lui.
« Tu devrais vraiment faire plus attention. Que vont penser les gens en te voyant manger comme- »
« 'a per'onne i'i. » protesta Ron.
« Ce n'est pas la question ! » s'écria Maman.
Elle se gratta la nuque d'un air absent, avant d'afficher sa frustration.
« Et ne me réponds pas. Et encore moins avec la bouche pleine. »
Elle coinça son torchon dans son tablier et envoya le plateau de desserts flotter vers la cuisine.
« Deux parts .. Je ne sais pas à quoi tu pensais ! »
Ron lança un regard interrogateur à Ginny, mais ne reçut qu'un haussement d'épaules en retour.
Ron avala sa bouchée – et pensa qu'en effet, il avait eu les yeux plus gros que le ventre – et attrapa le dernier morceau de tarte dans son assiette, avant de sauter de sa chaise et de se diriger vers les escaliers. Ginny commença à le suivre, mais Maman la repéra et commença à la disputer car elle n'avait pas fini son repas. Ron ne resta pas regarder la suite.
Quand Maman commençait à s'échauffer – et cela semblait être le cas – c'était mieux de fuir ou de subir la colère et d'essayer de la faire doucement revenir à la raison. Charlie avait une fois dit à Ron que Maman exagérait souvent, mais qu'elle ne commençait jamais sans raison. Ron n'y croyait pas vraiment, mais Charlie était meilleur que lui avec ce genre de choses, alors Ron lui faisait confiance. Ron savait que Bill avait dit quelque chose de similaire à Ginny, mais elle semblait avoir décider que répondre était un meilleur choix et elle utilisait cette technique avec Maman depuis presque un an, avec plus ou moins de succès.
La première fois qu'elle avait répliqué, Maman avait été si choquée qu'elle avait arrêté de crier. Ron avait trouvé la scène terrifiante, mais c'était aussi probablement la chose la plus cool qu'il ait jamais vu, car Maman pouvait être effrayante parfois. La deuxième fois, Maman avait été surprise, mais pas impressionnée du tout (à raison, Ginny était sortie pendant la nuit pour faire Merlin-sait-quoi et n'était pas dans son lit le lendemain matin. D'une façon ou d'une autre, elle s'était cassée la jambe et Papa et Ron l'avaient retrouvé près du verger, tôt le matin). Elle avait été si énervée et si inquiète que Ron avait eu sincèrement peur qu'elle explose. Et à chaque fois après cela, elles s'étaient toutes deux montrées si bornées et remontées pour céder, causant des scènes que Ron – et Papa, quand il était à la maison – préférait éviter.
Ron s'arrêta une fois dans les escaliers pour se gratter. Il ne savait pas où ça le grattait, il savait juste que quelque chose n'allait pas. Après quelques secondes à chercher sur ses côtes et ses épaules, sans trouver la partie responsable de son inconfort, Ron baissa la main à contrecœur et continua de monter jusqu'à sa chambre.
Étrange, pensa-t-il en secouant la tête. Il ne se sentait pas mieux, mais ne pouvait pas trouver la raison. Il haussa les épaules et frotta ses pieds sur le tapis devant la chambre de Fred et George, mais cela n'aida pas plus. Déconcerté, Ron décida d'essayer d'oublier. Cela finirait bien par partir.
Ginny le rattrapa dans les escaliers, cherchant apparemment de la compagnie, et Ron fut heureux de la distraction.
« Qui a gagné ? » demanda Ron en poussant la porte de sa chambre.
« Maman, répondit rapidement Ginny en se grattant les côtes. Tu n'aurais pas vu ma botte ? »
« Non. » dit Ron en donnant un coup de pied dans un tee-shirt sale, qui était sur son chemin jusqu'au lit.
Il s'y laissa tomber, ayant décidé de s'allonger un peu pour digérer avant de faire quoi que ce soit d'autre. Ginny le suivit à l'intérieur, ayant apparemment l'impression que sa situation difficile lui laissait le droit d'entrer.
« Ginny ! »
« Quoi ? » demanda-t-elle, ses joues rosissants.
Ron savait qu'elle savait.
« T'as le droit d'entrer dans ma chambre, toi ! C'est normal que j'ai aussi le droit- »
« Dehors ! » lui dit Ron en désignant la porte.
« Mais Ron- »
« Ginny, dehors ! lança-t-il fermement. Tu connais les règles. »
« C'est une règle stupide. » s'exclama Ginny.
Mais elle sortit rapidement et s'assit sur le pallier. Ron se mit à sourire largement et Ginny renifla en croisant les bras.
« Pourquoi tu cherches tes bottes, en fait ? »
« Je suis censée aller chez Luna. » soupira Ginny.
Ron ricana. Par chance, il n'avait jamais rien à faire avec Luna Lovegood. Maman et Mme Lovegood réunissaient Ginny et Luna depuis qu'elles étaient petites, mais Ron avait toujours réussi à éviter ces réunions et n'avait aucune intention d'y participer. Luna était – d'après absolument tout le monde – très étrange.
« Oh, arrête ! » dit Ginny.
Elle rampa dans sa chambre – Ron commença à protester – et attrapa une basket solitaire, la lui lança et rampa pour ressortir. La chaussure lui toucha l'épaule et Ron savait qu'il était chanceux qu'elle n'ait pas atteint son visage. Ginny était une très bonne lanceuse.
« Luna n'est pas si mal. »
« Elle est cinglée. » dit Ron.
« Tu ne lui parles jamais. » protesta Ginny.
« Ouais, mais quand je l'ai fait, elle m'a dit que ma tête était remplie de Jonche-trucs et quand on est allés là-bas pour le nouvel an, son père a servi cette horrible chose, croustillante- »
« Oh, la salade de scarabées. » répondit Ginny, l'air malade.
« Ne prononce pas ce nom ! dit Ron en grimaçant. Beurk, j'ai encore le goût dans la bouche ! »
Il se leva, attrapa une Chocogrenouille sur son bureau, la coupa en deux et en jeta une moitié à Ginny, qui la fourra rapidement dans sa bouche, malgré sa réticence à manger son déjeuner.
« C'était vraiment horrible, admit Ginny en frissonnant. Mais ça ne veut pas dire que Luna- »
« Elle mange de la nourriture bizarre et elle parle de trucs que je ne comprends pas. » dit Ron.
Il savait qu'il était le Weasley le plus bête – Bill et Percy étaient brillants, tout comme les jumeaux dans leur propre registre, et Ginny possédait les talents académiques et expérimentaux de ses frères aînés, en moins maligne, tandis que Charlie était le Weasley le plus actif, mais il était quand même doué dans ses domaines de prédilection – mais cela ne voulait pas dire que Ron aimait qu'on le lui rappelle et c'était exactement ce que Luna faisait tout le temps. Elle avait l'habitude de faire des remarques incompréhensibles et n'offrait jamais d'explication.
« Pauvre de toi. » dit ironiquement Ginny en frottant son épaule contre l'encadrement de la porte.
Ron se rappela soudain sa propre main, se grattant vigoureusement le genou, sans en tirer le moindre soulagement.
« Je pense que Luna est fantastique et- »
« Ça te gratte ? » demanda Ron.
Ginny se stoppa dans ce qu'elle faisait et pencha la tête vers lui.
« Euh oui, mais- »
Il y eut un son étrange à l'étage inférieur et Ron sauta sur ses pieds et passa devant une Ginny perplexe pour se rendre sur le pallier.
« Maman ? appela-t-il, passant la tête par-dessus la rampe de l'escalier. Maman ! »
« Ginny ! » appela Maman, sa voix résonnant dans la maison.
Ron s'offusqua, avant de réaliser que Maman n'avait pas vraiment confondu leur voix. Elle appelait vraiment Ginny.
« Luna est arrivée, ma chérie. »
« Je pensais que tu allais là-bas ? » demanda Ron en se tournant vers sa sœur.
« C'est ce qui était prévu. » dit Ginny en se levant, tournant un regard nerveux vers l'escalier.
La voix étouffée de Maman remontait jusqu'à l'étage, mais Ron ne pouvait pas comprendre ce qu'elle disait. Ils échangèrent tous les deux un regard, avant que Ginny ne se dirige vers l'escalier. Ron, conscient qu'il se passait quelque chose, se gratta distraitement le coude et la suivit.
« Salut Luna. » lança Ginny, alors qu'ils arrivaient dans la cuisine.
Maman et Luna étaient assises sur le canapé, le dos tourné vers eux, mais Maman se tourna aussitôt que Ginny ouvrit la bouche. L'inconfort de Ron grimpa encore quand il vit les larmes sur le visage de Maman.
Luna se tourna plus lentement, mais quand elle s'exécuta, elle était plus pâle qu'à l'accoutumée et avait les yeux plein de larmes – ce qui était très inhabituel chez Luna, qui était toujours si rêveuse et détachée. Son cou était marqué par plusieurs égratignures. Ron remarqua qu'elles étaient recouvertes de bleu, la potion de guérison favorite de Maman.
« Bonjour Ginny, dit-elle platement. C'est une bonne chose que tu aies été en retard. »
Ginny regarda Ron, qui ne savait pas pourquoi elle le regardait lui et pas Maman. Il n'était pas sûr de savoir ce qui se passait ou ce qu'il devrait dire (s'il devait dire quelque chose tout court), alors il ne serait pas d'une grande aide. Il haussa les épaules.
« Maman ? » demanda Ginny, incertaine.
« Mme Lovegood a eu un accident, ma chérie. » dit Maman, l'air triste.
L'estomac de Ron se serra, car rien de ce qui faisait pleurer Maman comme ça ne pouvait être bon signe.
« Elle est morte. » dit Luna sur le ton de la conversation.
Il y eut un silence horrifié. Ginny fit un pas de côté vers Ron et Ron essaya de réaliser que quelqu'un qu'il connaissait était mort. La main de Maman se posa sur l'épaule tremblante de Luna – Maman ne semblait apparemment pas savoir si elle devait la tapoter – et Luna les regarda tous avec ses grands yeux.
Alors Luna éclata en sanglots. Maman eut l'air horrifié et leva son autre main – voulant apparemment l'étreindre – mais Ginny la prit de vitesse. Elle s'approcha rapidement, mais avec assurance, grimpa sur le canapé – Maman ne la réprimanda même pas – et enlaça Luna.
« M. Lovegood est avec les Aurors, dit Maman à Ron d'une voix étouffée. Une fois qu'ils auront fini, ils viendront parler à Luna. »
Maman renifla et regarda l'horloge – à part la sienne, celles de Ron et Ginny, toutes les aiguilles indiquaient travail ou école. Elle tourna ensuite les yeux vers Ron, avec une expression défaite. Il fallut un moment pour que Ron comprenne ce qu'elle voulait. Papa n'était pas là, Bill et Charlie non plus, eux qui pourtant étaient bien meilleurs que Ron pour gérer ces choses.
J'imagine que c'est à moi de le faire, pensa Ron, avant d'étreindre Maman. Elle laissa échapper un sanglot et le serra plus fort encore. Ron se gratta la joue – par chance, les démangeaisons commençaient à s'en aller – et la laissa le serrer fort.
Sirius avait averti Hagrid voilà plusieurs jours que lui et Harry passeraient le voir et Hagrid était connu pour être très mauvais à garder les choses secrètes. Alors lorsque Hagrid ouvrit la porte pour les accueillir, Sirius ne fut pas vraiment surpris de voir Dumbledore assis à la table de la cuisine, tenant entre ses mains une tasse de thé de la taille d'un tonneau.
Sirius hésita, ne sachant pas comment réagir à cela – devrait-il se montrer amical, froid, poli ou devrait-il faire un scandale ? – mais avant de pouvoir réagir, lui – et un Harry stupéfait – furent emportés dans une étreinte à s'en briser des os.
« Comment ça va ? » demanda Hagrid, radieux, tout en les laissant respirer.
Harry en ressortit ébouriffé, dut replacer ses lunettes, mais il sourit timidement. Il n'avait rencontré Hagrid qu'une fois, lors du procès.
« Bien, dit Sirius en sentant un sourire illuminer son visage. On s'occupe – je suis de retour au Département de la Justice Magique, à faire tout un tas de trucs- »
Il regarda Dumbledore, qui restait impassible, et Sirius se douta qu'il avait du en entendre parler par Amélia ou Fol-Oeil.
« -et le reste du temps, je suis à la maison avec celui-ci. »
Les yeux noirs de Hagrid se plissèrent en regardant Harry, qui se trémoussa un peu, apparemment pas sûr de savoir quoi faire de cette observation.
« Je parie que ça t'occupe, dit Hagrid en riant. Les meilleurs sorciers que j'ai connu, ta mère et ton père, mais ton père, c'était pas toujours une mince affaire, il fallait avoir une sacrée poigne. »
Tout en fixant l'énorme main de Hagrid, Harry afficha un drôle de sourire et Sirius aurait parié n'importe quoi qu'il était en train d'essayer de déterminer si Hagrid parlait de sa poigne à lui.
« Il est plus sage. » dit Sirius.
Harry lui adressa un large sourire et Sirius se rappela brusquement que deux jours plus tôt, Harry et Remus avaient convaincu Kreattur de les aider à glisser dans le thé matinal de Sirius une potion capable de changer son apparence. Il devait reconnaître leur réussite d'ailleurs. Les effets s'étaient avérés subtiles et il était juste devenu légèrement orange. Tout le monde, au boulot, l'avait regardé étrangement. Encore maintenant, Sirius avait l'air d'être un peu trop bronzé.
« Malgré les efforts de Remus … Une influence terrible, celui-là. »
Il secoua la tête. Hagrid explosa de rire et derrière lui, Dumbledore prit une gorgée de thé pour cacher son sourire.
« Où est Remus ? demanda Hagrid. Je pensais qu'il serait venu avec vous. »
« Il déjeune avec un ami, dit Sirius. Il nous a quand même dit de passer le bonjour et qu'il viendrait bientôt te rendre visite. »
Hagrid leur sourit à nouveau largement, avant de faire un pas de côté pour les laisser entrer dans sa cabane. Sirius entra en premier et Harry suivit sans hésitation. Rien n'avait beaucoup changé depuis la dernière fois que Sirius était venu ici. Tout avait l'air un peu plus ancien et le sol était plus fatigué, mais les tasses étaient neuves et la fenêtre semblait avoir été remplacé récemment. Hunter, le vieux chien de Hagrid, était décédé et avait été remplacé par un dogue allemand plutôt menaçant – connaissant les chiens de Hagrid, celui-ci était probablement aussi dangereux qu'un Boursouf – et par une autre étrange créature – une sorte de grenouille croisée avec un papillon – qui éventait ses ailes dans une cage au soleil près de la fenêtre, en observant les flocons de neige virevolter dehors.
« Sirius. » dit poliment Dumbledore.
Le sourire qu'il adressa à Sirius était hésitant et Sirius se sentit étrangement réconforté par le fait que Dumbledore ne savait pas non plus comment se comporter avec lui.
« Monsieur. Comment allez-vous ? »
« Bien, merci. Et Harry. » dit Dumbledore, souriant de manière bien plus chaleureuse.
Une sourire apparut presque immédiatement sur le visage de Harry.
« Bonjour Monsieur. » dit-il.
Le chien de Hagrid choisit ce moment pour s'approcher et se présenter. Harry, pas inquiet du tout, tendit une main pour qu'il puisse le renifler avant de s'avancer pour le caresser. La queue du chien commença à battre doucement et Dumbledore observa Harry, le chien et Sirius avec une expression incrédule.
« C'est Crockdur, annonça Hagrid. Faites attention à vos robes – il bave et il en met partout- »
« Comme Patmol. » dit Harry avec un large sourire.
Les yeux de Dumbledore pétillèrent de malice et Hagrid eut d'abord l'air confus avant de se remettre à rire.
Ils s'installèrent à table – Harry s'assit entre Dumbledore et Sirius et Sirius se demanda s'il avait senti la tension et l'avait fait exprès ou si c'était un hasard. Hagrid leur apporta du thé, des sandwichs à la fouine et des caramels avant de s'asseoir à son tour. Crockdur était passé de Harry à Sirius et s'appuyait contre lui au lieu de se tenir debout sur ses quatre pattes.
Feignant, pensa Sirius, amusé, tout en grattant Crockdur derrière les oreilles, avant d'être remercié par un soupir de plaisir.
« Merci Hagrid, dit Dumbledore en levant la main lorsque Hagrid s'approcha pour lui resservir une nouvelle tasse de thé. Mais il faut que j'y aille. »
« Oh, dit Hagrid, un peu déçu. Et bien, merci d'être passé. Laissez-moi vous raccompagner- »
« Je connais le chemin, indiqua gentiment Dumbledore. Restez avec vos invités. »
Il leur sourit à nouveau et cette fois, le sourire de Sirius n'était pas aussi forcé.
Il les salua et se retira, laissant Hagrid et Sirius se lancer dans une grande conversation, tandis que Harry écoutait et fixait la chose sur le rebord de la fenêtre, avant qu'ils ne se mettent à parler de l'objet de leur visite.
« En fait, je voulais te demander ce qu'il en était de ma vieille moto, dit Sirius en avalant une gorgée de thé. Je ne l'ai jamais récupéré après Halloween, bien sûr- »
Les deux adultes jetèrent un coup d'œil à Harry, qui manqua cela car son attention était attirée ailleurs.
« -et après l'arrestation et Azkaban et tout le reste, je me demandais un peu ce qui lui était arrivé. »
« Et bien, j'ai essayé de te trouver, bien sûr, dit Hagrid. Mais tu avais été emmené, alors je l'ai ramené ici. J'savais pas quoi faire avec, mais Dumbledore – un grand homme, Dumbledore- »
Cette réflexion fit sourire Sirius.
« - il savait, lui. Il l'a emmené au château et il l'a gardé en lieu sûr. »
« Tu sais où ? » demanda Sirius.
Hagrid secoua sa grosse tête.
« Le mieux, j'dirais, c'est d'lui demander. » dit Hagrid.
« D'accord, répondit Sirius. Que- gamin, ne touche pas ça, on ne sait pas ce que c'est. »
Bien que les chiens de Hagrid étaient généralement amicaux et doux, Sirius n'était pas prêt à dire la même chose des autres animaux de Hagrid. En général, ils étaient tous venimeux ou violents. Harry, qui s'était approché de la grenouille-papillon sur le rebord de la fenêtre, sursauta et afficha un air coupable.
« Je ne pensais pas le toucher. » s'écria-t-il.
La chose tressaillit et Harry laissa échapper un cri, avant d'arborer un visage gêné.
« C'est quoi ? » demanda-t-il à Hagrid, qui rayonnait.
« Moitié papillon, moitié strangulot. » répondit-il avec fierté.
« Où t'as eu ça ? » demanda Sirius en fronçant les sourcils.
Hagrid eut l'air fuyant et Sirius suspecta que la réponse qu'il allait obtenir ne serait pas entièrement véridique.
« Je l'ai trouvé- »
Il y eut un coup contre la porte et Hagrid, l'air soulagé, mais confus, s'empressa de se lever et d'aller ouvrir.
« Bonjour Hagrid. » lança une voix bien trop familière.
Sirius fronça les sourcils et tourna les yeux vers la porte, mais il ne pouvait rien voir derrière la montagne qu'était Hagrid.
« Dis bonjour, Drago. »
« Bonjour Hagrid. » dit poliment Drago.
Les sourcils de Sirius se levèrent. Le dédain de Lucius envers Hagrid n'était pas un secret très bien gardé et Sirius était agréablement surpris que son fils ne ressente pas la même chose.
« Professeur Rogue, dit Hagrid. Et- c'est Drago ? »
« Drago Malefoy. » dit le concerné.
« Le fils de Lucius Malefoy ? » demanda Hagrid, franchement stupéfait.
Sa tête bougea et Sirius aurait parié qu'il dévisageait Rogue.
« L'un d'eux, oui. Pouvons-nous entrer ? »
Le pauvre Hagrid était probablement si surpris et confus qu'il les laissa entrer sans aucune question. Rogue entra, vêtu de noir comme toujours, et Drago le suivit, regardant autour de lui avec curiosité avant de sourire et de se diriger droit vers Harry, n'ayant absolument pas l'air surpris de le trouver là.
« C'est pour toi. » dit Rogue en tendant à Sirius un carnet familier, sans aucune sorte de salutation.
« Bonjour à toi aussi, dit Sirius en levant les yeux au ciel et en attrapant ses notes sur l'Occlumancie. Comment tu- »
« -savais que tu étais là ? finit Rogue pour lui, s'asseyant sur le siège que Dumbledore avait occupé plus tôt. Rien ne reste secret à Poudlard, comme tu le sais, et encore moins quand certaines personnes sont concernées ... »
Ses yeux noirs se posèrent sur Hagrid. Le pauvre Hagrid se tenait toujours debout près de la porte, l'air franchement déconcerté.
« Je peux vous servir du thé ? » demanda-t-il faiblement.
« Non, merci. » répondit Rogue avec un rictus à peine dissimulé.
Hagrid avait l'air perdu, alors Sirius lui demanda une nouvelle dose de thé. Hagrid lui adressa un regard reconnaissant.
« Il y a des choses intéressantes là-dedans, ajouta-t-il en désignant du menton le carnet posé sur la table en face de Sirius. Exprimées de façon médiocre, manquant complètement de descriptions techniques, mais intéressantes malgré tout. »
« Je n'ai pas gâché ton temps précieux ? » demanda Sirius en ricanant.
Sirius aurait voulu demander si Rogue avait essayé d'utiliser le Patronus mental qu'il avait construit, mais il savait qu'il n'obtiendrait jamais une réponse honnête.
« Pas trop, répondit Rogue en ayant l'air d'avoir mordu quelque chose d'amer. Félicitations Black. Pour la première fois en trente ans, tu as réussi à accomplir quelque chose de valable. Il semble que ton cerveau fonctionne finalement. »
« Quel chanceux je suis. » murmura Sirius.
Il prit une gorgée de thé et croisa les bras, pendant que Hagrid se rasseyait.
« Drago, je ne ferais pas- » dit Harry.
Sirius et Rogue se tournèrent en même temps pour voir Drago qui louchait sur la créature.
« Drago. » lança Rogue sur un ton menaçant.
Drago sursauta comme s'il s'était brûlé.
« Tu as promis de te tenir. »
« Je me tiens bien. » marmonna Drago.
Rogue le fixa et Drago le fusilla du regard – Sirius pensa que c'était une sorte de combat de regard comme lui et Harry pouvaient le faire, mais ils ne semblaient pas essayer de communiquer. Il semblait que c'était plutôt une bataille de volontés. Ils détournèrent le regard tous les deux en même temps. Rogue ne rajouta rien sur le comportement de Drago et Drago s'éloigna de la créature. Sirius croisa le regard de Harry et haussa les épaules.
« Bon, il va falloir qu'on y aille. » annonça Patmol, à peu près une demi-heure après que Drago et Rogue soient arrivés.
Hagrid avait été appelé à l'école pour aider le professeur Diggle avec un accident en Défense contre les forces du mal et Harry, Patmol, Drago et Rogue étaient donc sortis dehors, se promenant dans le parc enneigé. Près de Harry, Drago afficha un visage déçu.
« Je dois vite aller voir Dumbledore et après, on rentrera à la maison par la Cheminée. » expliqua Patmol, plus à Harry qu'à Rogue et Drago cette fois.
Harry adressa un regard d'excuse à Drago et celui-ci haussa les épaules, mais il y avait définitivement une sorte d'abattement dans son geste.
« Tu n'as pas spécialement besoin de traîner le garçon partout. » railla Rogue en regardant Patmol.
« J'appelle pas ça 'le traîner'. » répliqua Patmol.
« Il est trop jeune et trop comme son père pour penser autre chose. » dit Rogue.
Harry cligna des yeux. Il ne savait pas vraiment ce qui s'était passé entre Rogue et Patmol et ils n'étaient toujours pas amicaux, mais ils se montraient certainement civils. Et c'était la première fois que Rogue mentionnait James sans l'insulter.
« Alors quoi, je devrais le laisser là ? demanda Patmol. Se débrouiller tout seul, et le laisser t'écouter dire à quel point je suis un parrain désastreux, irresponsable- »
« Je ne ferais pas- »
« Tu le ferais. Tu l'as fait, dit Patmol. A la pleine lune, tu te souviens ? »
Le visage blafard de Rogue devint un peu rose, avant de redevenir si vite normal que Harry pensa qu'il l'avait sans doute imaginé.
« Je ne serais pas contre le fait de le surveiller pour toi. » dit Rogue.
Les yeux de Rogue étaient fixés sur Drago tandis qu'il parlait et il semblait plus enclin à passer du temps avec la créature sur le rebord de la fenêtre de Hagrid plutôt qu'avec Harry, mais il l'avait quand même proposé. Harry et Patmol restèrent tous les deux bouche bée.
« Toi ? » demanda Patmol.
« Je suis formé pour m'occuper d'enfants, Black, le railla Rogue. Plusieurs en même temps. Deux, ça devrait aller, même si l'un des deux est le rejeton de James Potter et qu'il a été élevé par toi et ton ami à fourrure. »
« Mais- tu- détestes- » bredouilla Patmol.
Rogue leva les yeux au ciel.
« Bouge et va voir le Directeur, dit-il. Potter sera là, sain et sauf quand tu reviendras, je te l'assure. »
« Tu veux rester ? » demanda Patmol. »
« Oh, alors maintenant le garçon a le choix- »
« Tais-toi, Servilus- »
A nouveau, Harry était surprit par l'absence de venin dans leur voix et par le fait que Rogue n'ait pas l'air trop ennuyé par le surnom.
« -et laisse Harry répondre. »
« Bien sûr. » dit Harry.
Il n'était pas sûr de comprendre ce qu'il se passait, mais il était suffisamment curieux pour vouloir rester et comprendre pourquoi. Patmol avait l'air stupéfait.
« Voilà, dit Rogue. Maintenant, dépêche-toi, Black, tu gâches ton temps. »
Patmol les observa et croisa le regard de Harry, tapotant sa poche. Harry acquiesça, il avait sa baguette. Patmol hocha la tête en réponse.
« Je reviens vite. » dit-il.
Ils le regardèrent tous les trois monter jusqu'au château. Alors, Drago tourna les yeux vers Rogue et articula un remerciement en silence, un merci que Harry n'était apparemment pas destiné à voir. Rogue acquiesça et leur fit signe – visiblement, sa notion de surveillance impliquait de mettre une certaine distance entre eux – mais il les avertit de rester à portée de vue ou il y aurait des conséquences douloureuses.
« C'était quoi ce truc ? » demanda Harry, tandis que lui et Drago s'approchaient du lac.
« Rien. » dit Drago.
« Je ne suis pas un idiot. » dit Harry.
Drago lui lança un regard dubitatif et Harry leva les yeux au ciel.
« Rogue déteste- enfin, peut-être qu'il ne me déteste pas, mais il ne m'aime pas. Il n'aurait pas proposé de passer du temps avec moi- »
« Il nous a éloigné. » dit Drago en désignant une silhouette noire assise sur un rocher.
A travers la neige et aussi loin, Rogue ressemblait franchement à un Détraqueur.
« C'est pas vraiment ce que j'appelle passer du temps avec lui. »
« Quand même. » dit Harry.
Drago ne répondit rien. Harry abandonna l'idée d'obtenir une réponse au bout d'une minute et décida de rester également silencieux. Si Drago voulait parler, il n'avait qu'à commencer la conversation.
Et il s'exécuta finalement.
« Mon père pense que je suis fou, lui dit Drago. Ou malade. »
Il ajouta ce dernier mot après réflexion, en donnant un coup de pied dans la neige.
« Il quoi ? »
« Il m'a fait passer des examens. » dit doucement Drago.
Il choisit un rocher près du rivage glacé et s'assit dessus, resserrant sa cape grise autour de lui. Harry resserra sa propre cape, qui était rouge foncé, pour se protéger du froid. L'air près du lac était plus frais.
« Pourquoi ? »
« Je ne sais pas. » dit Drago, et Harry décida de le croire.
« Tu ne penses pas que ça a un rapport avec l'histoire des nés-moldus ? » demanda Harry.
Drago haussa les épaules.
« Je pense que c'est idiot, répondit finalement Drago sur un ton hautain. Je veux dire, si quelqu'un devrait passer des tests de folie, Potter, ce serait logique que ce soit plutôt toi. »
Le commentaire fut suivi par un sourire, qui s'affadit rapidement quand Harry lui lança une boule de neige dessus. Drago cracha et se couvrit la tête avec ses mains, mais Harry s'empressa d'attaquer à nouveau.
« Par Merlin, pourquoi tu fais ça ? demanda Drago en le regardant à travers ses doigts. T'es censé être gentil, Potter. »
Harry n'était pas sûr de savoir quoi répondre à ça. Il ne se considérait pas comme une personne méchante, alors il ne contredit pas Drago, mais il n'arrivait pas à trouver une façon de répondre qui ne paraisse pas arrogante.
« Euh … merci ? »
« C'est une bonne chose. » lui assura Drago.
Et alors, avant que Harry n'ait pu répondre, Drago soupira.
« C'est probablement pour ça que Père m'a fait examiner. Un Malefoy, ami avec un Potter. »
« Ami ? » demanda Harry, un peu surpris.
Il appréciait davantage Drago que lors de son séjour au Manoir, mais il n'avait toujours aucune idée de comment se comporter avec lui et il était toujours aussi perplexe face à ses diverses personnalités. Il s'était imaginé que Drago était tolérant à son égard, pas que Drago le considérait véritablement comme son ami.
« Oui, Potter, ami. » dit Drago.
« Je croyais que tu pensais que j'étais un idiot. » dit Harry en souriant.
« Oh, je le pense, dit Drago, pragmatique. Tu es incroyablement agaçant et je doute que tu aies même jeté un œil au dictionnaire que je t'ai offert- »
Harry l'avait fait une fois, pendant cinq minutes, alors il ne fit pas l'effort de le contredire.
« -mais c'est sympa. La simplicité. »
« Je suis ton ami parce que je suis simple ? » demanda Harry en fronçant le nez.
« Exactement, Potter. Tu es la personne la moins compliquée que j'ai jamais rencontré et c'est un changement agréable. »
Harry était raisonnablement sûr qu'il devrait se sentir insulté, mais il était tout aussi sûr que Drago le disait comme un compliment, alors il ne savait pas quoi dire.
« Euh, merci. » dit-il, hésitant.
« Tu vois, dit Drago. Simple. Ne change jamais, Potter. »
