Bonne année 2024 !
Je vous souhaite beaucoup de bonheur, de chance et de réussite dans tout ce que vous entreprendrez.
Voici mon premier chapitre de l'année.
Bonne lecture !
Disclaimer: Le Seigneur des Anneaux appartient à J.R.R. Tolkien. Et Final Fantasy 7 à Square Enix.
Chapitre 4 :
Telle une ombre
Passé l'instant de surprise, Morwen détailla en silence l'étranger. D'où sortait-il ? Pourquoi ne l'avait-elle pas vu ni même entendu entrer ?
À sa position nonchalante, on aurait dit qu'il était là depuis un moment. Et il semblait tellement à l'aise qu'on aurait pu croire qu'il vivait ici.
– Vous êtes qui, vous ? demanda Morwen.
Avec un sourire charmeur, l'inconnu s'agenouilla devant la fillette et porta la main à sa poitrine.
– J'ai de nombreux noms, mais tu peux m'appeler Aulendil. Et toi ?
– … Morwen.
L'homme parut surpris par sa réponse.
– Je ne m'attendais pas à ce qu'on te donne un nom aussi sinistre. Sais-tu ce qu'il signifie ?
– Euh, non.
– Cela veut dire « sombre dame ». Il y a eu une femme avant toi, la dame Morwen, épouse de Húrin, de la maison de Bëor. Morgoth maudit son époux pour avoir refusé de lui révéler l'emplacement de la cité cachée de Gondolin, aussi la malheureuse se retrouva seule avec ses enfants. Elle tenta de rejoindre son mari, des années plus tard. Sa fille Niennor la suivit dans la brume, mais elle la perdit de vue et fut rendue amnésique par le dragon Glaurung. Morwen ne réapparut que plus tard près de la tombe élevée à la mémoire de ses enfants suicidés, où elle sera elle-même inhumée.
L'enfant fit une grimace. En effet, cette histoire était tout sauf réjouissante. Pourquoi lui avoir donné un nom pareil ? Elle voulut formuler sa question à voix haute, quand la porte s'ouvrit, laissant entrer Faelwen avec un grand baquet d'eau chaude et une serviette.
– Le bain est prêt, dit-elle en refermant la porte.
Morwen se tourna vers le mystérieux visiteur, mais il avait disparu. Surprise, elle balaya la pièce du regard, mais ne le vit nulle part.
– Morwen ? Tout va bien ?
En entendant son nom, la petite fille lui offrit une grimace dégoûtée. Ce nom, qu'elle avait toujours trouvé joli, lui semblait soudain salissant.
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Tapi dans l'ombre, invisible, Il sourit. La grimace de la petite en entendant son nom était une réaction aussi prévisible qu'agréable.
Il avait réussi à instiller les premières graines du doute en elle. Bientôt, si tout allait bien, il en ferait Son alliée. Et elle ferait tout ce qu'Il souhaiterait.
Il fallait simplement attendre.
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Allongée sur son lit, seule dans le noir, Morwen fixait le plafond.
Cette journée avait été riche en rebondissements. D'abord la visite chez Radagast, puis le papillon soigné et maintenant ce… cet homme bizarre qui lui avait révélé des choses pour le moins choquantes.
Est-ce qu'il était réel, lui, au moins ?
Il lui sembla soudain distinguer une silhouette au pied de son lit. Inquiète, elle tira en réflexe les draps vers elle, mais en voyant l'obscurité s'écarter pour révéler Aulendil, elle se détendit légèrement.
– Tout va bien, mon enfant ?
Morwen fit la moue. Après tout ce qu'elle avait vécu aujourd'hui, voir cet homme surgir des ombres n'était plus si surprenant.
– Est-ce que t'es un… fantôme ?
Aulendil leva la main devant lui. En effet, à bien regarder, sa peau était semi-transparente.
– Ce n'est peut-être pas tout à fait le terme adapté, mais… oui. Quoiqu'autrefois, j'avais un corps et j'étais bien plus puissant.
Morwen tourna la tête vers la porte. Il avait parlé haut et fort, mais personne ne semblait l'avoir entendu. Les elfes, avec leur ouïe incroyable, auraient déjà accouru en entendant la voix d'un étranger dans sa chambre.
– Et toi ? Quel être surprenant es-tu pour arriver à me voir ?
– Je ne sais pas, soupira l'enfant. Personne ne veut me dire qui je suis… ou ce que je suis.
Elle sursauta en voyant la main d'Aulendil se poser sur son bras. Il le traversa, lui laissant une impression de froid désagréable.
– N'as-tu pas de famille ? Les elfes te maltraitent-ils ? Est-ce qu'ils t'ont enlevée à tes parents ?
– Non ! Non, je… je vis ici depuis ma naissance, je… Enfin… je crois.
Souain, la porte s'ouvrit. Faelwen entra.
– Morwen ? À qui parles-tu ?
– Euh…
La fillette regarda Aulendil, qui lui répondit en haussant un sourcil.
– À mon ami imaginaire.
Faelwen parut surprise par sa réponse. Son regard se posa à l'endroit où se tenait Aulendil, mais ses yeux ne se fixèrent sur aucun point précis.
– Eh bien… Ton ami va devoir te laisser. Il faut que tu dormes, maintenant. Demain, tu as une nouvelle leçon avec Radagast.
– D'accord. Bonne nuit !
– Bonne nuit, penneth.
Sitôt la porte fermée, Aulendil se pencha pour effleurer les cheveux de la fillette.
– Elle a raison, tu dois dormir. Fais de beaux rêves, Morwen.
Il se leva pour se diriger vers l'obscurité de la chambre, quand la voix de l'enfant l'arrêta.
– Attends ! dit-elle dans un souffle. Tu reviendras ?
Resté de dos, Aulendil eut un sourire hypocrite.
– Bien sûr ! Quel ami serais-je, sinon ?
– … Merci.
– Ce n'est rien. Bonne nuit, petite.
Morwen le regarda disparaître. Elle fixa l'endroit où l'ombre l'avait englouti encore un instant, puis elle ferma les yeux.
Cette nuit-là, elle rêva qu'elle était de retour dans la maison de Radagast. Et à chaque fois que le magicien lui tendait un animal blessé ou malade, elle refusait de le soigner. Et à chaque fois, le magicien lui offrait un visage triste et résigné.
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Quelque chose avait changé chez Morwen, Legolas le sentait.
Assise devant lui sur la selle de son cheval, l'enfant n'avait pas pipé mot depuis ce matin.
Elle avait un air froid et fermé qui ne lui plaisait guère.
– Tout va bien, mon enfant ? demanda-t-il avec douceur.
Sa voix parut tirer l'enfant de sa sombre torpeur.
– Oui, pourquoi ? demanda-t-elle sur un ton sec.
– Tu sembles… contrariée. Je pensais que tu aimerais revoir Radagast.
– C'est le cas.
Même si elle se souvenait encore de l'horrible rêve qu'elle avait fait, cette nuit. Tous ces pauvres animaux morts… Cela n'avait été qu'un songe, mais elle s'était sentie mal au réveil. Comme si elle avait leur sang sur les mains.
– Qu'est-ce qui ne va pas, dans ce cas ?
Morwen soupira, puis se tourna vers l'elfe. En voyant une inquiétude sincère dans ses yeux, elle se radoucit.
– Pourquoi je dois suivre des leçons avec un magicien ? Pourquoi je ne suis pas une elfe ? Pourquoi on ne veut rien me dire sur mes parents ? Et qui a choisi mon nom ? Il est horrible ! Pourquoi m'avoir donné le nom d'une femme maudite ?
Legolas parut surpris.
– Comment sais-tu cela ?
Il doutait fort que quiconque ait raconté l'histoire de l'épouse de Húrin à une petite fille de son âge.
– J'ai posé des questions en premier, dit Morwen sur un ton sérieux.
L'elfe parut désarçonné, quand il réalisa qu'ils étaient arrivés devant la maison du magicien.
– On y est, dit-il en sautant de selle.
Il aida Morwen à descendre. Comprenant qu'il ne lui dirait rien, l'enfant se dirigea vers la maison.
– Attends !
Elle se retourna et vit le prince lui tendre un paquet. Elle l'ouvrit et fut surprise d'y trouver des lembas et des gâteaux au miel.
– Ce sera meilleur que les pâtisseries de Radagast.
En voyant l'enfant lui répondre par un sourire touché, Legolas se détendit. Mais tandis qu'elle marchait vers la maison, il sentit l'inquiétude grandir en lui.
Qui que fût le responsable, Morwen se posait maintenant des questions qui pourraient s'avérer dangereuses. Il en parlerait à Faelwen dès son retour.
Déterminé, il remonta en selle et prit le chemin du palais.
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La journée s'écoula au rythme de nombreuses séances de magie.
Radagast semblait insister pour que Morwen développe ce mystérieux don qui lui avait permis de sauver le papillon.
Au lieu d'utiliser des baumes et des bandages, elle apprit à canaliser l'énergie en elle pour la transmettre à des oiseaux et des bêtes blessées.
Au bout de quatre animaux, elle était en nage et ne tenait plus sur ses jambes. Radagast l'allongea sur son lit et la laissa manger du lembas.
– Radagast ?
– Mmmm ?
– Pourquoi vous m'apprenez tout ça ? Ne vous méprenez pas, j'aime beaucoup soigner des animaux, mais… c'est pour quoi ? Est-ce que je vais devenir une Istari, comme vous, une fois adulte ?
– Pourquoi pas ? Si c'est ce que tu souhaites…
Morwen fit la moue.
– Je ne suis pas sûre que ce soit ce que je souhaite.
– Ah non ? Qu'est-ce que tu voudrais, dans ce cas ?
Retrouver ma vie d'avant, pensa la fillette.
Mais cela avait peu de chance d'arriver, elle s'en doutait. Cela faisait déjà plusieurs années… et pourtant, elle avait l'impression que c'était hier.
Une fois reposée, elle reprit ses séances de soin. Cette fois, Radagast la fit utiliser son don sur des champignons et des troncs d'arbre atteints d'une espèce de moisissure noirâtre.
Morwen eut plus de mal à les soigner, car dès qu'elle connectait son énergie aux végétaux, elle sentait le mal qui circulait en eux. Ce n'était pas un nuage d'énergie isolé, c'était comme un fluide noirâtre et malfaisant qui venait du sol.
Chaque fois qu'elle parvenait à purifier un végétal, ce dernier retombait malade au bout d'une minute.
Radagast finit par mettre un terme à la leçon, mais la félicita malgré tout pour ses efforts.
À la fin de la journée, lorsque Legolas vint la chercher, Morwen était vidée.
Sitôt dans sa chambre, elle s'allongea sur son lit et s'endormit tout habillée.
Quand elle se réveilla, elle vit que la lumière du soleil couchait traversait la fenêtre pour venir éclairer son lit.
Souriante, elle se dirigea vers le balcon et admira le coucher de soleil. La forêt était si belle, dans ces moments-là… Les feuilles des arbres prenaient une teinte dorée qui évoquait les prémices de l'automne.
– Bonjour, jeune fille.
Surprise, Morwen se tourna vers Aulendil.
– Salut, dit l'enfant.
Son mystérieux fantôme la considéra avec inquiétude.
– Tu es bien pâle. Es-tu souffrante ?
– Non, juste fatiguée. J'ai passé la journée à soigner des plantes et des animaux ! dit-elle avec fierté.
Loin de paraître enthousiaste ou impressionné, Aulendil s'agenouilla pour la regarder dans les yeux.
– Ce n'est pas un travail pour une petite fille. Pourquoi ne te laisse-t-on pas plutôt faire des choses normales ? À ton âge, tu devrais t'amuser, jouer avec d'autres enfants !
Morwen devait reconnaître qu'il avait raison, mais il n'y avait pas d'enfants parmi les elfes de Mirkwood.
– Ce n'est pas grave. J'aime bien ce que je fais.
Aulendil secoua la tête.
– Les elfes n'ont jamais traité les autres races avec respect. Ils sont si hautains, ils croient qu'ils peuvent manipuler les Hommes à leur guise.
– Quoi ? C'est pas vrai ! Radagast, Faelwen et Legolas sont gentils.
– Oh, vraiment ? Dans ce cas, pourquoi t'avoir affublée d'un nom aussi triste, sachant que tu as le don de sauver des vies ?
La question fit mouche, réveillant le doute en elle. En effet, pourquoi ? Elle voulut parler, quand Aulendil reprit la parole.
– J'ai aussi eu droit à des noms bien tristes et sombres, parce qu'on me jugeait prompt à blesser autrui. C'est pour ça que je suis dans cet état, incapable de prendre une forme physique.
– Ah bon ? Et pourquoi ? C'est quoi, vos autres noms ?
Aulendil écarta ses questions d'un geste de la main.
– Ça n'a plus d'importance, maintenant. Toi, en revanche, nous pourrions élucider ton mystère. Tu l'as dit toi-même : ils refusent de répondre à tes questions. Veux-tu que je t'aide dans tes recherches ?
– Comment ?
Se relevant, l'homme lui tendit la main. Morwen hésita, puis approcha sa paume de la sienne. Sitôt en contact, elle vit l'environnement changer. Tout devint gris et nimbé de fumée.
– Je t'ai fait glisser avec moi dans le Monde des Ombres. Ce n'est que tu temporaire, il nous faut faire vite. Suis-moi !
Surprise, Morwen le suivit vers la porte de sa chambre. Celle-ci s'ouvrit sur Faelwen, mais l'elfe avait changé. Une lumière blanche semblait émaner de sa poitrine, comme si elle renfermait une étoile.
– Morwen ? Où es-tu ? s'inquiéta la guérisseuse.
Aulendil fit signe à l'enfant de se taire, ce qu'elle fit. Faelwen balaya la pièce du regard, avant de ressortir en laissant la porte ouverte.
L'homme se pencha par l'ouverture, puis lui fit signe de venir, ce qu'elle fit.
Tout excitée, Morwen le suivit aussi silencieusement que possible à travers le palais.
C'était incroyable ! Elle évoluait telle une ombre, invisible et silencieuse, au milieu des elfes. Comme Faelwen, tous semblaient renfermer en eux une lumière.
Par contre, lorsqu'elle croisa le regard d'Aulendil, elle vit que ses yeux brillaient d'un éclat doré surnaturel. Cette lumière la choqua. Il avait les yeux de la même couleur que son œil gauche ! Elle fut tentée de l'interroger, mais il l'arrêta d'un geste de la main, lui rappelant que si elle parlait, elle perdrait son invisibilité.
Bientôt, ils s'arrêtèrent devant une porte imposante, couverte de sculptures représentant des cerfs broutant sous un arbre imposant.
Morwen ignorait où ils se trouvaient, cette aile du palais lui était inconnue.
Aulendil lui fit signe d'attendre, puis il passa la main sur la poignée. Celle-ci s'actionna, ouvrant le battant.
Morwen n'hésita que brièvement avant de franchir le seuil. Aussitôt, la brume environnante disparut. Tout redevint lumineux et plus vivant.
Elle vit qu'elle se trouvait dans un bureau. Des tentures raffinées ornaient les murs. Le siège était en bois sombre et imposant, orné de sculptures de feuilles et de fleurs.
Une liasse de parchemins et une bouteille de vin trônaient sur le meuble, attendant le retour de leur propriétaire.
– Où on est ? demanda Morwen.
– Dans le bureau de celui qui connaît tous les sujets de ce royaume. Qu'attends-tu ? Allez, cherche des réponses !
Morwen regarda alternativement Aulendil et le bureau. Quoi, comment ça chercher des réponses ?
Elle s'approcha des parchemins et lut le premier, qui parlait de rapports d'éclaireurs concernant des nids d'araignée dans la forêt.
Avisant une boîte en argent ornée d'un cerf à côté des papiers, Morwen fut prise d'un doute. Ce genre de décoration luxueuse, ces meubles raffinés…
Je ne serais quand même pas dans le bureau de… ?
Soudain, le grincement de la poignée la fit sursauter. Catastrophée, elle chercha des yeux Aulendil, mais il avait disparu. Elle n'eut d'autre choix que courir se coucher derrière la tenture la plus proche.
La porte s'ouvrit dans un grincement qui lui parut horrible, puis elle entendit le glissement d'un manteau sur le sol. Son propriétaire se dirigea vers son bureau… avant de s'immobiliser.
Puis, avec une rapidité affolante, il se rapprocha. La tenture fut brusquement écartée, révélant le roi Thranduil.
Il considéra Morwen avec surprise.
– Que fais-tu ici, jeune fille ?
L'enfant se crispa. Le ton était plus surpris qu'indigné, mais si elle tardait à répondre, il pourrait s'énerver.
– Je… me suis perdue.
Le roi fronça les sourcils.
– Perdue, vraiment ? Et comment es-tu entrée sans que personne ne te voie ?
Aïe, il était trop intelligent !
– Je… ne sais pas.
Et c'était la vérité, en un sens. Elle ignorait comment Aulendil l'avait rendue invisible.
– Je n'aime pas les mensonges, dit Thranduil. Dis-moi la vérité tout de suite, ou ta punition sera terrible !
– Je… je voulais des réponses ! gémit l'enfant, paniquée.
– Des réponses ?
– Oui, je voulais… je voulais savoir qui sont mes parents.
Sa réponse parut légèrement radoucir le roi. Il perdit son air courroucé, mais une lueur sévère brillait toujours dans ses yeux.
– Tu n'as pas besoin de savoir ce genre de choses, dit-il en lui tournant le dos.
– Quoi ?! Mais si, j'ai le droit. Comme tout le monde !
– Comme tout le monde, mmmmm ? Et qu'est-ce qui te fait croire que tu es comme tout le monde ?
Le ton sonnait amusé, mais le sourire du roi était cruel, comme s'il se délectait d'être le seul à connaître un secret.
– Je veux juste savoir d'où je viens, dit l'enfant sur un ton plus grave.
Thranduil parut réfléchir un moment, avant de répondre :
– Quand tu seras plus grande, peut-être.
– Mais… Mais enfin, pourquoi ?
– Suffit ! Tu es entrée dans mon bureau sans permission, n'aggrave pas ton cas ou je cesserai de faire preuve de clémence.
Morwen sentit la colère enfler en elle. Pourquoi la privait-on de la vérité ? Avait-il seulement conscience que ces questions lui taraudaient l'esprit depuis la naissance ?
– C'est pas juste, dit-elle dans un souffle, plus pour elle-même que lui.
Le roi haussa un sourcil et la considéra en silence. Morwen craignit qu'il se mette en colère, quand il reprit d'une voix calme :
– Si tu tiens tant à le savoir… Je chargerai quelqu'un de t'éclairer sur ce mystère, dès demain.
– Radagast ? demanda Morwen avec espoir.
– Quoi, cette stupide parodie de magicien ? Bien sûr que non !
Elle se crispa en l'entendant parler ainsi de son ami. Radagast était certes bizarre, presque un pitre par moment, mais c'était quelqu'un de foncièrement doux et bienveillant. Elle fut tentée de le lui faire remarquer, mais un regard du roi lui fit comprendre qu'il ne voulait pas entendre son avis.
Le roi rouvrit sa porte et ordonna à un garde de ramener Morwen. L'elfe parut surpris de trouver l'enfant avec lui. Visiblement, il ne l'avait pas vue entrer.
Résignée à se taire, Morwen le suivit jusqu'à sa chambre. Là, une Faelwen passablement agitée l'accueillit.
– Morwen ! Comment as-tu osé !? Te glisser dans le bureau du roi et fouiller dans ses affaires ! Aurais-tu perdu la tête ?
Morwen voulut se justifier, mais elle réalisa que ça ne servirait à rien. Elle laissa donc la guérisseuse lui faire la leçon pendant de longues minutes, en se répétant en tête ce que le roi lui avait promis. Elle ne savait pas pourquoi, mais le sourire du roi, lorsqu'il lui avait annoncé qu'elle aurait des réponses demain, lui avait fait froid dans le dos. Que pouvait-il mijoter ?
Demain… Demain, j'aurai des réponses, se dit-elle pour se rassurer.
Ce soir-là, après avoir mis Morwen au lit, Faelwen partit se coucher dans sa propre chambre, mais ne parvint pas à trouver le sommeil.
Depuis hier, la petite semblait changée. Ces cours avec Radagast semblaient l'avoir rendue plus sombre et mystérieuse. Une sorte de mur semblait se dresser entre elle et la petite, à présent.
Elle aurait aimé qu'il n'en soit pas ainsi, sans compter qu'après son intrusion dans le bureau, le roi l'avait convoquée. La guérisseuse avait craint le pire. Le roi lui avait fait la leçon. Les joues en feu, les yeux baissés, elle avait enduré son sermon en silence.
Elle avait craint que son souverain la punisse, au lieu de quoi il lui avait part d'une décision qui l'avait fortement surprise… et inquiétée.
En pensant à ce qui attendait Morwen demain, elle se crispa. Pauvre enfant ! Malgré ses bêtises, elle ne méritait pas cela. Pas à son âge.
Pourtant, l'elfe savait qu'elle ne pouvait rien y changer.
Tout ce qu'elle pouvait faire à présent, c'était attendre… et espérer.
