11 décembre - Bougies
La veille du Nouvel An n'avait jamais été un jour spécial pour Tom Jedusor.
Non, c'était faux. C'était un jour particulier, puisque c'était celui qui avait marqué le début de sa vie, et la fin de celle de sa mère. C'était une date qui marquait sa venue dans un monde médiocre et fade, rempli d'individus tous plus remplaçables les uns que les autres. C'était un jour à la fois exceptionnel et détestable.
Exceptionnel, parce que lui l'était. Détestable, parce que rien n'était jamais sorti de l'ordinaire le jour de son anniversaire. Tom était spécial. Il savait au fond de lui qu'un jour, personne ne pourrait rêver d'égaler sa puissance. Il était destiné à de grandes choses, ceux qui l'entouraient n'avaient jamais été que des insectes sous son pied. Il aurait dû être adulé à chacun de ses anniversaires, fêté comme le sorcier grandiose qu'il était, à la hauteur de l'avenir qu'il construirait. Or, personne n'avait jamais célébré son anniversaire. Comme si le trente-et-un décembre était un jour comme un autre.
Tom n'était pas comme les autres. Il ne ressemblait en rien aux enfants de l'orphelinat, ni à ceux de Poudlard.
Lorsque Dumbledore lui avait appris l'existence de la magie, il s'était demandé une folle seconde s'il allait enfin rencontrer des personnes qui lui ressemblaient. Tom ricana à cette pensée. Évidemment que non. La magie n'était pas ce qui le rendait spécial. Personne ne serait jamais à sa hauteur, pas même Dumbledore.
Allongé sous les épais rideaux de son lit à baldaquin, Tom se promit qu'il ne succomberait plus à la faiblesse. Il n'attendrait plus rien des autres : ce qu'il désirerait, il l'obtiendrait. Le jour de son anniversaire n'avait jamais été banal, et ne le serait jamais, quoi qu'en disent ceux qui n'étaient pas encore à ses pieds. Le monde avait déjà tenté de lui faire croire qu'il n'était qu'un vulgaire Moldu, mais bientôt, il s'inclinerait devant lui.
Ce premier anniversaire à Poudlard marquait le début de son ascension.
– Lacarnum inflamarae.
La flammèche dansa devant son visage, plantée dans l'if de sa baguette. Tom se perdit une brève seconde dans sa contemplation. Ce serait la première fois qu'il soufflerait une bougie le jour de son anniversaire. Lorsqu'elle s'éteindrait, lorsque Tom aurait réalisé cette tradition stupide qui rassemblait les humains, il serait libre. Sans attaches, sans attentes, sans déception. Il ne laisserait plus personne lui faire croire qu'il n'était pas exceptionnel. Et en temps voulu, il n'existerait plus une âme vivante capable de ne pas le considérer comme son maître.
Tom aimait les gestes symboliques.
Il prit une inspiration et souffla.
