Jour 2 : L'étrange Village des Mouettes
Il paraissait évident que cette île était contrôlée par quelque chose ou quelqu'un. Comment, par qui et pourquoi ? Je l'ignorais encore. Cependant, énormément d'indices se faisaient entrevoir de-ci, de-là, m'aidant à parvenir à cette conclusion. Comment expliquer sinon que, depuis que j'avais récupéré mon épée sur cette plage, d'autres lieux me soient soudain accessibles ? Toujours bien peu par rapport à la surface totale de ce bout de terre perdu au milieu des flots et dont je devinais à peine la vraie superficie, mais tout de même.
Ayant pris le temps de la réflexion sur le littoral, je décidais qu'avant de partir poursuivre ce volubile volatil, je devais auparavant tenter de réunir quelques informations. Quoi de mieux pour cela que d'aller interroger les habitants du village de mon arrivée ? Après tout, cela ne pouvait pas faire de mal, sachant qu'en plus j'ignorais même où trouver la forêt mentionnée par ce Hibou. Enfin, j'en avais une vague idée, les grands arbres au nord du bourg étant un bon indice. Mais se jeter dans la bataille sans rien savoir ne me plaisait pas plus que cela.
Ma première rencontre eut lieu avec le seul et unique habitant de la plage : un crocodile bleu du nom d'Alligo. Enfin, seul habitant si l'on omet ce singe impoli qui jette des noix de coco à qui passerait trop près de son palmier j'entends. Le reptile bleuté ne m'apprit pas grand-chose, se bornant à répéter qu'il adore manger des bananes et qu'il collectionne les…boîtes de conserves ? Drôle de passion…
Je n'eus pas vraiment plus de chance avec le reste des villageois…
Une dame avec d'étranges animaux en forme de boule avec des dents ne me dit rien de très utile non plus. En plus, son plus gros animal de compagnie, attaché dehors, ne ressemblait à rien de ce que j'avais pu voir jusqu'à maintenant. Il me faisait vaguement penser à un chien, mais seul son aboiement pouvait l'en rapprocher à la limite. Et ce bruit incessant qu'il n'arrêtait de produire, avec ses mâchoires s'ouvrant et se fermant…
*Chompchomp*
Ce son vous poursuit même une fois le « Toutou » déjà loin. A croire qu'il mâche quelque chose sans discontinuer. Et puis quelle est cette histoire de « pelage » ? Sans vouloir risquer d'approcher de trop près pour m'en rendre compte, j'étais pourtant certain que cette boule était aussi lisse que le crâne de Pépé le Ramollo.
Ramollo guère causant lorsque je l'ai lui aussi interrogé. A part peut-être au téléphone, où il devient aussi bavard que ce Hibou, même si moins sibyllin déjà. Je lui retéléphonerais peut-être de nouveau, si d'aventure je me perdais. Il semblait au moins bien renseigné sur la région et sa géographie.
J'éviterais de m'attarder sur la famille où vit un homme qui semble avoir déjà prévu qu'il se perdra dans la montagne un peu plus loin et requiert par avance mon aide à son sauvetage. Il pourrait tout simplement prendre une carte sinon, ou même juste ne pas partir en randonnée.
J'évoquerais également cette vieille dame – la femme de Pépé le Ramollo ? – qui semblait si joyeuse de passer son balai, mais ne m'a rien dit de plus si ce n'est un « YOUPI » tonitruant. J'ignorais que faire le ménage pouvais procurer tant de bonheur, mais grand bien lui fasse après tout.
Et puis il y a aussi ce marchand, tenant plus de l'escroc si l'on me demande mon avis… Depuis quand vend-on une pelle à deux cents rubis ? Croit-il que ces petites gemmes précieuses et colorées poussent dans les arbres ? Bon… Ce n'était peut-être pas une hypothèse si tirée par les cheveux en fait. Du moins sur cette île, puisqu'en débroussaillant mon chemin dans les hautes herbes, j'en avais trouvé quelques-uns. Mais tout de même ! Ses prix sont bien trop élevés et j'en viens à me demander sérieusement s'il ne vaudrait pas mieux lui dérober discrètement cette pelle...
Tous ces gens sont si bizarres…
Je voulus retourner à la maison de Marine et son père pour les interroger aussi, mais ne trouvais personne à mon arrivée. Peut-être étaient-ils sortis ? M'aventurant de nouveau dans le village, je finis par tomber sur la jeune fille près d'une girouette en forme de coq. Avec un sourire, elle m'apprit que son père était parti dans la forêt justement, pour y cueillir des champignons. J'aurais bien aimé lui demander à lui aussi ce qu'il savait de cette île. Je me dis que finalement, le mieux restait encore d'aller le retrouver directement là-bas puisque j'y avais aussi rendez-vous en quelque sorte.
Les dernières notes de la voix de Marine en tête chantant la Ballade du Poisson-Rêve, je me mis donc en route pour cette fameuse Forêt Enchantée. Je gardai néanmoins à l'esprit que c'était la seconde fois déjà que j'entendais le nom de ce poisson ici. Mais la jeune fille semblait ne pas comprendre quand je lui demandai d'où venait cette chanson, répondant simplement que son père la lui chantait étant enfant.
Avant de partir en exploration forestière, il me restait cependant un tout dernier endroit à visiter. Suite aux conseils téléphoniques de Pépé, je me rendis dans la bibliothèque du village pour tenter une dernière fois de glaner quelques informations utiles. J'y découvris notamment un atlas de l'île me permettant de mieux savoir comment elle s'agençait. Je constatais alors qu'elle était plutôt vaste et remplie de diverses régions assez variées dans leurs environnements respectifs. L'explorer intégralement n'allait visiblement pas être de tout repos, aussi j'espérais trouver quelques outils utiles pour faciliter mon aventure dans le futur.
Le cambriolage éventuel de la boutique de ce marchand frauduleux commençait de plus en plus à m'apparaître comme une solution viable. D'autant si à l'avenir ma bourse demeurait aussi vide…
Quelques lectures de plus me donnèrent des astuces d'utilisation de mon épée et du bouclier. Je pris quelques temps à les mettre en pratique pour les maîtriser à la perfection avant de m'aventurer dans cette forêt. J'avais le sentiment que je n'allais pas en ressortir tout de suite et qu'elle serait semée d'embuches en tous genres.
Autant être aussi paré que possible…
