Il se rendirent chez Barry, l'éleveur de chiens loup, le trajet fut rapide et, heureusement pour Teresa, car elle avait encore des nausées. Une fois devant le mobil-home, Jane se fit la réflexion que le niveau de vie de Barry ne devait pas être le même que les parents d'Elia. A peine arrivés, ils entendirent une meute de chiens aboyer. Jane regarda longuement les animaux derrière le grillage des enclos.

- Ils sont beaux les loulous, tu aimes les chiens ? dit il a Teresa

- Oui Jane et non Jane

- Quoi ?

- Oui j'aime les chiens mais c'est hors de question. Pas de gros chien en même temps qu'un bébé.

Il fit mine de bouder.

Barry arriva pour leur ouvrir le portail.

- Bonjour, leur dit-il. Je peux vous aider ?

- Bonjour Barry, c'est Teresa Lisbon, tu te souviens de moi ?

- Oh, Teresa, oui bien-sûr. Comment vas-tu ? Vous craignez les chiens ?

Ils lui firent signe que non et il ouvrit le grand portail, 3 gros d'entre eux sortirent les voir et les sentir.

- Magnifiques vos animaux.

- Merci, j'essaie d'avoir de bons croisements.

Teresa commença son interrogatoire en marchant sur des œufs.

- Barry, on est venu sur la tombe d'Elia. J'ai su un peu tard pour son suicide, je n'ai pas été prévenu pour l'enterrement.

- Oui j'ai remarqué que tu étais absente mais je me suis dit que personne n'avait moyen de te prévenir.

- Je sais que vous étiez bons amis avec Elia, que peux-tu nous dire à propos de son geste ? Sur les jours qui ont précédé ? C'était mon amie aussi et je souhaite savoir comment en est-elle arrivée là.

- Je sais juste qu'elle s'était séparée de son ex, Wesley, il y a environ 2 ans, quand elle a commencé à travailler à la caserne. Après, on sortait entre amis et elle n'avait pas l'air de déprimer, mais on n'était pas dans sa tête.

- Elle vous parlait de ses projets pour plus tard ? demanda Jane.

- Oui, comme tout le monde, elle voulait une famille et la sécurité professionnelle. Répondit-il.

- Et quelques jours avant sa mort ? Elle ne t'a pas paru inquiète ou bouleversée ? Poursuivit Lisbon.

- Inquiète, peut-être un peu ?! Elle sortait moins et juste avant sa mort, elle m'avait redemandé un chien adulte, elle ne se sentait pas en sécurité.

- Intéressant, dit alors Jane pensif. Vous saviez pour son téléphone ?

- Quel téléphone ?

- Celui d'Elia, apparemment elle l'avait perdu quelques jours avant, ajouta Teresa.

- Je peux vous dire avec certitude qu'elle m'a appelé la veille de sa mort, je m'en souviens bien, je voulais lui proposer Tesla. Il montra la chienne du doigt.

- Elle est jolie celle-là, répondit Jane.

- C'est une bonne chienne, elle a 3 ans, elle a toutes les bonnes caractéristiques de la race mais je ne peux plus la faire reproduire, elle a une maladie génétique, elle ne voit pas bien la nuit.

- D'accord, et vous lui cherchez une famille ?

- Je te vois venir Jane, c'est non ! Dit Teresa en repartant vers la voiture. Pas de poils de chien dans la maison.

- Ah, ça c'est bien vrai, presque un an après le décès de la chienne d'Elia, lorsqu'on allait chez elle, on revenait avec des poils de chien blanc. Dit Barry avec un grand sourire à la pensée de ce souvenir.

Une fois que Teresa s'était assez éloignée, Jane regarda Barry.

- Vous avez une carte avec un numéro de téléphone ?

- Oui, elle vous intéresse la chienne ? en lui tendant une carte professionnelle.

- Beaucoup, dit-il en partant. J'ai besoin d'un chien pour garder ma propriété.

- C'est une bonne gardienne, mais faudra pas la laisser dehors la nuit, elle voit très mal dans le noir.

- Parfait, et pas un mot à Teresa.

Barry lui serra la main en guise d'accord tacite.

Une fois dans la voiture, Teresa dit à Patrick :

- On va devoir aller à la caserne rien que pour vérifier cette histoire de clé.

- Oui je suis d'accord, si on prenait l'invitation de Costa ? Il m'a proposé de venir. Répondit Jane.

- Il faudra y aller sous un faux prétexte.

- Il peut être dans la confidence, j'ai confiance en lui.

Elle démarra la voiture et ils se dirigèrent vers la caserne. Une fois arrivés, ils cherchèrent le bureau du commandant, un pompier proche de la retraite les accosta afin de savoir ce qu'ils cherchaient.

- Je peux vous aider ? Vous cherchez quelqu'un ?

- Hum oui, on cherche le Commandant Costa, je suis Teresa Lisbon et voici mon mari Patrick, le commandant nous a invité à lui rende visite.

- Lisbon comme le sergent Lisbon ?

- Oui c'était mon père.

- J'ai bien connu votre père, un homme d'exception comme on en fait plus.

Un grand sourire se dessina sur le visage de la jeune femme, elle était ravie que l'on parle de son père en ces termes.

- Je vais vous conduire.

L'homme les amena devant le bureau du Commandant. Il les salua et partit.

- Commandant Costa ? Appela Jane.

- Monsieur Jane, entrez.

Ils entrèrent dans le bureau, celui-ci était très impersonnel, le Commandant ne devait pas être là depuis très longtemps.

- Je vous présente Teresa, ma femme.

- Enchanté Madame, dit il en lui serrant la main.

- J'ai parlé de notre petite entrevue de ce matin à Teresa.

- D'accord.

- J'ai profité de votre offre pour visiter la caserne, on aimerait vraiment voir ce qu'ouvre cette clé.

- Hum ouais, je vais faire semblant de vous faire visiter et on ira dans les vestiaires.

- Je savais qu'on pouvait compter sur vous, dit Jane enjoué.

- Je ferai tout ce que vous voulez si vous me promettez de faire la lumière sur cette histoire.

- Même si on arrête finalement un de vos collègues ? Demanda Lisbon.

- Je ne suis pas ici depuis longtemps et je ne protège que mon groupement.

- Et si c'est une personne de votre groupement ? insista Patrick.

- Je nierai vous avoir aidé.

Les deux agents se regardèrent un moment comme pour avoir l'accord l'un de l'autre sur la confiance à accorder à cet homme se tenant en face d'eux.

Tous les trois firent le tour de la caserne puis arrivèrent aux vestiaires. Le commandant leur dit :

- Attendez-moi là une seconde, je vérifie qu'il n'y ait personne et je vous fais entrer.

Lisbon en profita pour échanger deux mots avec son mari.

- Tu crois qu'on va trouver quoi ? Je ne vois pas ce que les pompiers auraient à cacher.

- Cette histoire se corse au fil du temps mais Elia ne se sentait pas en sécurité puis finalement, elle te lègue cette clé, ne doute pas chérie de ton instinct de flic.

Jane prit la clé dans ses mains et lui dit :

- Tu ne crois pas au suicide de ton amie et je pense de plus en plus que tu as raison.

Costa revint et les invita à entrer. C'était un vestiaire classique avec des rangées de casiers et une odeur de chaussettes sales d'hommes qui ont transpiré.

- Dites-moi le numéro sur la clé Monsieur Jane.

- 324, répondit-il du tac o tac.

- C'est par là, dit le Commandant.

Jane prit la clé et ouvrit le casier, malheureusement il semblait vide au premier abord. Lisbon était déçue, elle pensait trouver un dossier, des papiers, quelque chose de tangible qui étayerait leur doute. Patrick passa la main sur les parois cachées du casier que l'œil ne peut voir.

- Bingo ! s'écria-t-il

- Qu'est-ce qu'il y a ? demandèrent Lisbon et Costa.

Il y eut un bruit de scotch que l'on enlève et Patrick brandit une clé USB. Les trois protagonistes sortirent alors rapidement du local. Le commandant Costa leur proposa de venir dans son bureau voir ce que cachait la clé sur son ordinateur. Une fois dans le bureau, il l'inséra dans le PC et ouvrit l'unique dossier qu'elle contenait.

- C'est le tableau des casernes dit alors le Commandant.

Il fit la grimace en regardant les deux agents puis continua :

Je ne sais pas ce qu'il y a de confidentiel, nous y avons tous accès.

- Expliquez-nous Commandant, nous ne sommes pas pompiers. Demanda Jane.

- Suivant où l'appel de la victime est passé, cela déclenche telle ou telle caserne, et tout ceci est programmé en amont par un expert qui fait des calculs de distance. Il n'y a pas trop d'enjeux à posséder ce document.

- Peut-être une question de version ? dit Teresa.

- De version ?

- Oui, qui peut modifier ce document ? Demanda-t-elle.

- Euh… le technicien qui s'occupe du système informatique, je dirais, et Elia qui gérait les interventions.

- Tu as une idée ? questionna Jane.

- Oui peut être. Je me dis que peut être une personne aurait pu modifier ce doc par rapport à l'original ou lui avoir demandé de le changer afin de servir ses intérêts. Et qu'elle aurait voulu nous mener vers le fichier dans sa version initiale.

- Dans quel intérêt, un pompier aurait à modifier ce tableau ? demanda Jane.

- Pour l'argent et la gloire de sauver des vies plus que les autres…

Un officier toqua et ouvrit la porte du Commandant Costa.

- Commandant, on a besoin de vous en bas dans le garage.

- J'arrive merci. Dit-il, puis se tournant vers les deux agents du FBI :

Je vais vous raccompagner.

- Dite-nous où est Becky, on aimerait lui parler.

- Je vais vous conduire à son bureau.

Il les accompagna au bureau de la jeune femme et en serrant la main de Jane, il lui redonna la clé. Patrick lui fit un clin d'œil pour signifier qu'il avait compris qu'ils pouvaient être observés. Le commandant leur dit avant de partir :

- Je vais creuser un peu pour voir ce que je trouve sur le tableau des casernes et des modifications de version. Je vous tiens au courant. Bonne journée et bonne enquête.

- Merci Commandant, on ne manquera pas de vous recontacter si on a du nouveau. Dit Teresa en lui serrant la main.

Les deux agents du FBI le remercièrent, et Jane frappa à la porte de Becky. Il montra à Teresa en le soulignant de son doigt le nom d'Elia sur la porte. Une voie lui intima de rentrer. Becky était au téléphone et finissait sa conversation pendant que les deux visiteurs entraient.

C'était une pièce assez spacieuse pour une personne, seulement voilà, elles étaient initialement deux là-dedans. Jane parcourut la pièce du regard rapidement afin de se faire une idée, il se dirigea vers le bureau d'Elia. Il y vit une photo encadrée avec un chien blanc type berger, une tasse à thé genre mug refermable et tous les petits post-it très bien alignés, une boite à crayons débordant de trombones. Bref un bureau de fonctionnaire lambda sauf que celui-ci était très bien rangé, ce qui transparaissait d'un esprit mathématique et scientifique où chaque chose a sa place.

Becky finit son appel téléphonique et raccrocha :

- Madame, Monsieur que puis-je faire pour vous ?

- Nous sommes du FBI, entama Lisbon. Nous souhaiterions avoir des informations sur Elia, vous partagiez le bureau avec elle et nous pensons que vous pourriez peut-être nous donner des pistes pour comprendre son geste.

Becky prit un air interrogatif et Jane pu déceler un certain malaise.

- Le FBI ? il y a une enquête ouverte ? demanda t-elle.

- Non madame, nous sommes des amis d'Elia.

- Et des agents du FBI aussi ; dit Jane afin de la provoquer.

- Ah d'accord, dit-elle. Elle rangeait son bureau en même temps qu'elle commençait à parler.

Hum, Elia était discrète, ce n'était pas facile de voir si elle allait bien ou pas, mais dans l'ensemble elle n'allait pas très bien je trouve. Ce n'est que mon avis, mais j'ai vu que quelque chose clochait depuis un bon mois. Elle ne parlait plus du tout, même pour les banalités du quotidien. Je ne peux pas vous en dire plus.

- Vous êtes déjà allée chez Elia ? demanda Jane.

Teresa ne comprenait pas pourquoi il posait cette question mais elle suivait Jane depuis assez longtemps pour savoir que toute ses interventions avaient un but, elle observa la réaction de Becky.

- Non jamais, nous n'étions pas amis. Elle se remit à ranger son bureau, un crayon dans le pot à crayon, un post-it jeté à la poubelle. Elle semblait encore plus mal à l'aise.

- D'accord et vous avez un chien de chez Barry ?

Elle fit la grimace et s'interrogea tout en mettant de l'ordre dans les papiers posés devant elle.

- Pourquoi me demandez-vous ça ?

- Répondez à la question Becky s'il vous plait, dit Lisbon.

Elle se résigna.

- Non je n'ai pas d'animal.

Jane acquiesça et la laissa croire que l'entretien était terminé.

- Intéressant… dit il dans un murmure.

- Je vous remercie Becky, dit Lisbon en lui serrant la main.

- De rien.

Les deux agents étaient sur le départ quand Jane, devant la porte du bureau, se retourna et posa la question :

- Pourquoi des roses blanches sur sa tombe ?

- Je vous demande pardon ? demanda Becky.

- Pourquoi avoir mis des roses blanches ? Quelle est la signification ?

- Heu… c'était de circonstance pour un décès.

- Donc pas de signification particulière ?!

- Non, c'est souvent qu'on choisit des fleurs blanches pour une jeune personne, et les roses, je trouve cela très joli.

- D'accord. Merci Becky