La Citroën s'arrêta dans l'allée chez Elia. Teresa descendit du véhicule et Jane ouvrit la porte arrière au chien.
- Je peux savoir ce que fait ce chien avec nous ?
- C'est pour que vous fassiez connaissance.
- Ce n'est pas trop le moment Jane.
- Laisse-lui une chance. Dit-il en caressant la tête de Tesla.
Patrick avait pris la chienne avec lui au cas où cela tournerait mal, un animal de ce type est dissuasif. Ils entrèrent chez la jeune femme décédée, les cartons jonchaient le sol, la famille d'Elia commençait à rassembler ses affaires. Jane sentit que Teresa avait un peu de nostalgie à voir les effets personnels de son amie ainsi emballés. Elle parcourait les pièces en posant ses yeux partout, elle inspectait les photos qui restaient ça et là.
- Je pense qu'Elia serait heureuse que tu sois sur le point de coincer son meurtrier.
- Oui je crois qu'elle serait touchée.
Jane parcourut aussi la pièce à la recherche d'une cachette.
- Tiens, là, si on se mettait là-dessous ? A plat ventre. Qu'est-ce que tu en penses ? Dit-il en montrant le meuble qui pourrait les cacher.
- Oui, ça sera parfait. Allons y.
Ils se placèrent sous le meuble en question, Tesla se coucha à côté d'eux. Jane sourit en voyant Lisbon se débattre avec le napperon qui recouvrait le meuble.
- Tu vas y arriver ? Demanda t-il avec un air moqueur. Ou il faut que j'appelle les pompiers ?
- Ah ah ah, très drôle Jane…
Elle soupira bruyamment. Patrick regarda sa montre, le ou les suspects ne tarderaient pas à arriver. Pendant ce temps, il se décida à avouer à sa femme ses manigances au niveau des travaux de leur chalet.
- Hum, Chérie, j'ai fait appel à Stan pour réaliser les travaux au chalet. Je ne t'en ai pas parlé car je souhaitais les faire moi-même mais, vu le timing, je pense que j'ai bien fait de les appeler.
- Les appeler ?
- Oui Jimmy vient aussi nous aider.
Teresa était plutôt heureuse que Jane ait pris cette initiative.
- Tu sais Jane, même les meilleurs ont besoin d'un coup de main. Comme tu dis, le temps nous manque, je suis contente que tu ais fait appel à eux.
- Le truc qui me met mal à l'aise, c'est que ton frère ne veut pas d'argent. Il m'a dit que comme tu l'avais aidé financièrement, il ne nous fera rien payer.
- Ah oui, en effet.
- Tu aurais une idée pour le remercier ?
Lisbon réfléchit pendant une minute ou deux puis déclara :
- Je sais ce qu'on va faire. Tu aimerais faire baptiser cet enfant ?
- Ah ,c'est une bonne idée ! Tu veux en faire le parrain ?
Elle le regarda et acquiesça.
Puis au bout d'une petite heure, Tesla se réveilla et se mit à grogner.
- Ca y-est, quelqu'un arrive. Dit Patrick.
La porte s'ouvrit et Lisbon fut surprise en voyant Becky entrer. Elle regarda Jane qui souriait, des déductions se firent dans sa tête à la vitesse d'un avion de chasse. Tesla se mit à aboyer et Becky, surprise, sursauta.
- Bonjour Becky, que faites-vous ici ? Demanda Lisbon en sortant son arme.
- Je…je voulais venir voir…heu…je…
- C'est vous l'auteur de la lettre du suicide d'Elia n'est-ce pas ? J'ai volé vos notes, vous faite d'innombrables fautes d'orthographe et une en particulier. Une qui se trouve dans la lettre que vous avez écrite.
- Cela ne prouve rien, se défendit-elle.
- C'est la clé que vous cherchez avec le fichier Excel ?
Elle s'avança vers lui avec l'intention de lui prendre mais Tesla se mit à grogner.
- Donnez-la-moi ! ordonna-t-elle.
- Si vous voulez, on en a des copies. Il lui jeta l'objet. Vous avez volontairement demandé à Elia de modifier ce document pour incriminer un pompier. Je pense que vous avez une liaison avec l'homme qu'on a failli ne pas identifier ; mais je sais que c'est l'un des deux à qui j'ai dit où pouvait se trouver cette clé. Je me suis bien gardé de vous le dire également. Il vous a certainement envoyé à sa place.
- Vous ne savez rien monsieur Jane.
- Oh si, je sais. Il continua après un moment. Je sais que vous nous avez menti lors de notre entrevue au bureau. Vous êtes allé chez Elia car vous aviez de nombreux poil blanc sur votre écharpe. Je dirais d'un chien de type berger blanc, les poils restent longtemps dans les maisons après leur mort et vous nous avez pourtant indiqué ne pas avoir d'animal.
- C'est tout ce que vous avez ? Dit -elle en ricanant.
- Non, ce sont les roses blanches qui m'ont le plus travaillé. Pourquoi mettre des roses blanches sur sa tombe ? Bien sûr, vous partagiez le bureau d'Elia mais vous n'étiez pas si proches. Vous en avez trop fait sur ce coup-là, des roses blanches c'est vraiment personnel. Vous êtes la seule à nous avoir sous-entendu qu'elle s'était suicidée. Personne n'y a cru mais vous, si. Vous aviez accès à ses mails. Vous avez senti qu'elle allait tout raconter à la Police.
Vous avez voulu faire tomber le Commandant Costa pour la mort de ce pauvre garçon il y a un mois ; ce en changeant le planning de garde et le document que nous a laissé Elia stipulant que c'était bien le Colonel qui s'était rendu sur les lieux ce soir-là… mais 10 minutes trop tard. Pourquoi ? Car il n'est pas parti de chez lui mais de chez vous. Dit-il en la pointant du doigt.
Il continua son monologue, Becky sembla de plus en plus pâle.
Mais vous avez commis une terrible erreur en demandant à Elia de vous aider à effectuer cette modification ; de plus, vous saviez qu'elle se rendrait compte des conséquences pour le Commandant. Vous avez su demander à la seule personne lui octroyant une loyauté sans faille du fait de ses sentiments, mais ça, vous ne l'avez pas su tout de suite. Elia s'est montrée de plus en plus méfiante et semblait ne plus se sentir en sécurité ; vous avez alors fouillé dans ses mails et avez constaté qu'elle affectionnait le Commandant bien plus qu'elle ne le devait. Vous vous êtes finalement rendue chez elle pour discuter et votre complice vous y a rejoint pour maquiller la scène de crime. Vous êtes une belle bande d'ordures.
Soudain, un homme surgit derrière eux et pris l'arme des mains de Teresa, la poussant violemment au sol. Il les tenait maintenant en joue.
- C'est Elia l'ordure. Dit-il avec un accent des pays de l'Est.
- Tiens, voilà le complice, dit Jane en levant les mains. Comment ça va Colonel ?
- Comment avez-vous su que c'était moi ?
- Votre montre Colonel, vous avez dit au père d'Elia, collectionneur de montres, qu'elle avait perdu son téléphone alors qu'un de ses amis était persuadé de l'avoir appelé la veille de sa mort. Vous avez détruit son téléphone car vous vouliez effacer les traces de vos appels.
- Juste ma montre ? Vous plaisantez j'espère.
- Non. Le commandant m'a de plus dit une chose lorsqu'il est venu me voir à l'hôtel, il n'est pas sorti avec Elia car il aimait sa femme et voulait garder le droit de voir ses enfants. Alors pourquoi tout risquer pour sortir avec Becky ? Quand j'ai vu Becky ce soir, j'ai su que c'était vous mais j'avoue avoir bluffé, j'avais un doute jusqu'à vous voir débarquer.
- Après tout ce qu'on a fait pour elle, elle nous devait bien ça et elle nous a trahit. Elle s'est donnée la mort, point barre, et vous, vous allez périr dans un incendie ; quel dommage que les pompiers ne soient pas arrivés à temps !
Le Commandant Costa fit soudain irruption dans l'embrasure de la porte et donna un coup de bâton sur le poignet du colonel Antonov. L'arme tomba au sol et il la ramassa, la pointant vers son supérieur.
- On peut dire que vous êtes l'homme qui tombe à pic.
Dit Jane avec un grand sourire, très fier de lui. Mais celui-ci s'effaça en une seconde.
Patrick vit alors le regard du Commandant vriller vers Becky, il savait ce que ressentait le militaire à ce moment précis, et savait ce qui allait se passer. Il prit Teresa par le bras et la tira vers le sol, attrapant le collier du chien qui aboyait suite à la bagarre.
Deux coups de feu retentirent alors et touchèrent Becky en plein thorax, la tuant sur le coup. Le Commandant retourna l'arme vers son supérieur et appuya sur la détente une troisième fois. Il prit alors place dans un fauteuil et regarda le Colonel agonir sous ses yeux.
- On ne devrait pas appeler les secours ? demanda Teresa.
- Non, dit alors Costa, ils sont déjà sur place et n'ont pu que constater le décès.
Jane ne trouva pas d'autres mots à ajouter à part un « c'est lui qui a le flingue ». Le Colonel cessa de respirer et Costa laissa tomber son arme. Jane la prit doucement et la donna à Lisbon qui la désamorça. Il s'agenouilla devant le Commandant atterré par ce qu'il venait de se passer. Patrick lui parla en lui mettant une main réconfortante sur l'épaule.
- Je sais ce que vous ressentez Costa, vous protégiez les votre et je peux comprendre ça. Il marqua un temps d'arrêt avant de poursuivre. J'ai regardé mourir l'homme qui a tué deux êtres chers à mes yeux et je ne connais rien de plus savoureux que cela. Mais il faut vous dire, Commandant, que la vie continue, vous avez arrêté un couple d'ordures et vengé votre amie, ma femme et moi pouvons comprendre, un jury sans doute moins. Alors on va rester sur de la légitime défense et appeler le central pour leur dire qu'on a deux morts. On fera notre déposition en votre faveur, ça vous va ?
Teresa, pleine de compassion, fit oui de la tête. Mais elle grimaça de douleur, son ventre lui faisait mal. Jane s'empressa d'aller la rejoindre.
- Ca va ? Tu es blessée ?
- Non, j'ai juste mal au ventre.
Costa sortit de sa léthargie et partit en courant vers son véhicule. Jane et Lisbon ne comprirent pas tout de suite ce qu'il allait faire.
- Mais qu'est-ce qu'il fait ? Il s'enfuit ? Demanda Lisbon.
- Après ce qu'il vient de faire, je ne vais pas aller lui demander l'heure. Après quelques secondes :
Ha, il revient !
Il revint près d'eux avec un monitoring afin d'écouter le cœur du bébé. Il le positionna sur le ventre de Teresa et le mit en route. Lisbon vu que quelque chose clochait car le Commandant pris un air sérieux.
- Il bat beaucoup trop vite, il faut vous calmer.
Tesla, curieuse face au bruit de l'appareil vint se mettre entre les jambes de Lisbon et posa sa truffe sur son ventre. Elle commença à suter et poussa de petits grognements.
- Qu'est-ce qu'elle fait ? demanda Teresa.
Jane eu un sourire immense quand le monitoring se calma. Il regarda sa femme, émerveillé par la situation.
- Elle lui parle, on dirait.
- Le rythme cardiaque se calme… il est stable, je pense que c'est passé. Dit le pompier.
Lisbon caressa la tête du chien et la regarda avec beaucoup de tendresse.
- Tu es un bon chien Tesla. Puis elle se tourna vers Jane. Quelques poils à la maison ne me semblent pas un trop gros obstacle à son adoption.
Patrick embrassa sa femme, soulagé que tout aille pour le mieux.
