Disclaimer : L'univers de Kuroko no Basket que vous reconnaitrez aisément appartient à Fujimaki Tadatoshi. L'auteur me le prête très aimablement pour que je m'amuse avec et je ne retire aucun profit de quelque nature que ce soit de son utilisation si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue.

Note de l'auteur : Je veux remercier du fond du cœur ma béta-lectrice, Futae qui s'est servie de son "Eagle Eye" (fallait que j'la case celle-là ! ^^) pour corriger cette histoire et me conseiller. C'est grâce à son enthousiasme, ses encouragements et son sens de l'analyse et de la critique sans détour, que cette histoire a pu voir le jour.

Note importante : j'avais décidé de retirer toutes mes histoires de ce site suite à ce que je pense être un piratage. Je me suis laissée convaincre de les remettre, mais malheureusement ce site fonctionne tellement mal que je n'ai pas pu toutes les récupérer. J'ai donc décidé de les reposter. Si vous les lisez et qu'elles vous plaisent, n'hésitez pas à le dire, ça me fera plaisir et ça me remontera le moral même si les commentaires ne seront pas les mêmes qu'à l'origine.


Le roman de notre histoire

Chapitre 14

Il attendait depuis des mois que l'occasion se présente enfin et sa patience venait d'être récompensée. Il savait que la maison était sous vidéosurveillance, mais avec un masque, personne ne le reconnaitrait. Il s'était assuré les compétences d'un hacker pour couper les caméras. Tout était relié à des serveurs informatiques plus ou moins bien protégés en fonction du prix payé au prestataire. Il était loin le temps où il fallait juste sectionner des fils. L'alarme fut également neutralisée sans que personne ne s'en aperçoive et elle ne sonnerait pas non plus au central de la police.

Il était resté au service d'Akashi plusieurs années et le salaire mirobolant qu'il avait perçu, mettant ainsi un joli magot de côté qui lui permettait aujourd'hui à s'offrir les compétences de ce hacker discret, mais efficace : Cheat Demon, le démon tricheur (1). Celui-ci s'était assuré d'enregistrer trois heures de vidéo où il ne se passait rien, pour ensuite les diffuser en boucle, laissant dès lors le champ libre à Nebuya pour faire ce qu'il avait décidé de faire.

À l'heure dite, il reçut un SMS qui lui donnait leu feu vert. Il mit son masque et ses gants puis sauta par-dessus la clôture. Finalement, il avait jugé qu'il était plus sûr de faire ça lui-même sans aide extérieure hormis celle du hacker. Malgré la somme qu'il aurait dû verser, elle ne garantissait pas un silence total d'un autre complice. Il se faufila dans le petit jardin jusqu'à une fenêtre qu'il crocheta. Il pénétra dans ce qui semblait être la salle à manger plongée dans le noir. Par la porte entrouverte, il y avait de la lumière, sans doute la cuisine. Il entendit des bruits de vaisselle et des voix d'enfants, plutôt des adolescents. Il risqua un œil par l'entrebâillement et vit une femme qui s'affairait à préparer très probablement le repas. Nebuya se demanda pourquoi Higuchi n'avait pas de cuisinière avec le salaire qu'il avait. Il s'approcha silencieux comme un chat. D'un geste vif, il la bâillonna d'une main et la serra contre lui par la taille, de l'autre.

— Tu cries, tu crèves, murmura-t-il à son oreille d'un ton menaçant. T'as compris ?

La pauvre femme tremblante de peur ne put qu'opiner du chef. Elle pensait avant tout à ses enfants, là-haut dans leur chambre, qui ne se doutaient de rien. Elle fut brutalement assise sur l'une des chaises disposées autour de la table et solidement attachée.

— Maint'nant, dis à tes gosses de v'nir, sinon j'te fais mal, dit-il en fermant le poing et toujours en camouflant sa voix derrière des chuchotements.

Elle le regarda, les yeux pleins de larmes, et fit non de la tête. Le coup qu'elle prit dans l'estomac lui coupa le souffle.

— Fais-le sinon j'vais les chercher et y vont pas aimer.

La mort dans l'âme, elle les appela. Comme tout bon adolescent qui se respecte, ils demandèrent ce qu'elle voulait. Elle recommença plus fermement et Nebuya les entendit descendre l'escalier. Ils se figèrent et poussèrent un cri en voyant leur mère ligotée avec un couteau de combat (2) sous la gorge et tenue par un homme masqué.

— Fermez-la ! Assis !

— Faites ce qu'il dit, larmoya leur mère.

— Toi, la fille, passe la corde autour du cou de ton frère et attache-lui les mains dans le dos avec les chevilles.

Tremblante comme une feuille, elle obéit. Il délaissa la femme et s'occupa d'entraver la fille de la même manière. De cette façon, au moindre mouvement, le lien se resserrait autour de la gorge. Ce n'était pas dangereux, mais particulièrement effrayant, et ça obligeait la personne à rester totalement immobile.

— Maintenant, on attend ton mari, fit-il en giflant violemment la femme d'Higuchi.

Le sang gicla de lèvre éclatée et les enfants poussèrent des cris étouffés par leur bâillon et en voyant leur mère maltraitée. Mais que faisait leur père ? Pourquoi n'était-il pas encore à la maison ? La jeune fille pleurait, son frère avait un regard plein de haine et leur mère priait pour qu'ils ne se fassent pas trop remarquer afin que ce fou ne s'en prenne pas à eux. Il devait se concentrer sur elle et personne d'autre. Même si son mari rentrait maintenant, que pourrait-il faire si ce n'est se plier aux ordres de ce malade mental ? Non, il ne devait pas revenir à la maison, pas encore. L'alarme intrusion avait dû se déclencher et la police serait bientôt là. Il fallait juste être patient sans énerver cet homme.

Nebuya avait sa vengeance à portée de main. Il avait peaufiné son plan pendant des semaines. Il n'était pas compliqué, mais il ne fallait rien laisser au hasard. Il n'était pas du genre à se faire insulter sans rien dire. Higuchi l'avait viré en étant très grossier. S'il lui avait dit "Je suis désolé, on ne peut pas vous garder parce qu'il y a déjà quelqu'un qui accomplit exactement le même travail que vous. Si une place se libère, nous vous contacterons en priorité." À la limite ça aurait pu passer, mais là, le jeter comme un vulgaire déchet avec dédain et mépris, non ! Nebuya l'avait toujours en travers de la gorge. Il avait bien failli le frapper sur le moment si Mibuchi et Hayama ne l'avaient pas retenu.

Alors il était parti en laissant les clés de la voiture à la secrétaire ainsi qu'on le lui avait ordonné. Mais déjà, il pensait à sa revanche. Ça ne lui rendrait pas son emploi, mais ça satisferait son ego. Ses parents avaient été au service des Akashi, et Seijuro, plus jeune que lui de quelques mois, l'avait toujours considéré comme un grand frère. Les deux familles ne voyaient aucun inconvénient à ce que les garçons se fréquentent tant que chacun savait où était sa place et y restait. L'éducation de l'héritier avait modifié sa personnalité, mais jamais il n'avait fait preuve de méchanceté ou de mépris vis-à-vis de ce grand gaillard. Eikichi avait développé un sentiment protecteur et loyal envers ce garçon qui avait perdu sa mère bien trop tôt. C'était sans compter sur son père qui l'éleva comme un cheval de course, pour gagner.

À son décès, Akashi avait pris les rênes de Rakuzan et il avait fait de Nebuya son chauffeur et son garde du corps. Mais celui-ci avait bien remarqué que Seijuro n'était plus le même. Qu'à cela ne tienne, il lui vouait toujours une admiration sans bornes et un profond respect. À lui, le fils d'un couple de simples employés de maison, il avait donné un boulot rémunéré au-delà d'un salaire habituel pour le même poste. Il le protègerait quoiqu'il lui en coûte.

— C'est moi, je suis rentré, éclata la voix d'Higuchi dans le silence assourdissant de la demeure.


Himuro se retourna dans le lit et se sentit bien seul. Takao n'était pas là. Il se souleva sur les coudes et vit un rai de lumière qui passait sous la porte. Que pouvait-il bien faire à une heure pareille ?

Il avait emménagé chez Kazunari depuis quelques semaines et tous les deux filaient le parfait amour. Ils s'entendaient bien, ne se disputaient jamais, étaient d'accord sur tout et est-ce que quelqu'un pourrait-il leur dire que le début d'une histoire est toujours idyllique ? C'est quand la routine s'installe que les choses deviennent moins parfaites. C'est normal, la vie réelle reprend ses droits. Il trouva son compagnon assis à son bureau devant son écran géant. Il glissa ses bars autour de son cou et appuya son menton sur sa tête. Takao attrapa sa main et y déposa un baiser.

— Tu fais quoi ? demanda Tatsuya d'une voix encore pleine de sommeil.

— Une alerte sur mon téléphone.

— Comment ça ?

— Certains systèmes d'alarme sont reliés au central de la police. Banques, bijouteries, entreprises, entrepôts, magasins, particuliers. Ils ne sont jamais déconnectés même quand le client coupe l'alarme, par exemple quand le patron entre dans son magasin pour commencer sa journée. Il y a toujours un lien avec le central. Là, j'ai une rupture complète.

— Et ? fit son compagnon qui voulait en savoir plus.

— C'est pas normal. Il faut entrer dans le serveur pour couper la liaison.

— Donc hacking, conclut Himuro en s'asseyant sur l'autre fauteuil. Bien ! À nous d'jouer !

— J't'envoie les données et essaie de trouver de qui il s'agit et moi, j'le trace dans le serveur.

— C'est parti, sourit le hacker en faisant craquer ses phalanges.

Dans la pièce, on entendait plus que le tapotement de leurs doigts sur les claviers. Ils étaient concentrés, rapides, performants. Depuis qu'Himuro avait reçu son accréditation, leur collaboration était d'une redoutable efficacité. Leurs compétences se complétaient à merveille.

— Au fait, j'ai enfin décodé le serveur d'Haizaki, dit Tatsuya en poursuivant sa recherche.

— T'as fait vite ! C'est génial ! s'exclama son compagnon. J'ai sa signature !

— Vite ? Il m'a fallu presque trois semaines ! Tu sais qui c'est ?

— Un gars que j'avais pas vu depuis très longtemps. Trois semaines avec un cryptage pareil, moi j'dis chapeau !

— C'est qui ?

— Cheat Demon ! Ce salopard est toujours dans des coups de merde ! grogna Kazunari.

— Je l'ai ! Higuchi Shota. Je t'envoie son adresse. Préviens la brigade.

— Higuchi Shota… marié… deux enfants… Vice-Président intérimaire de… Rakuzan ?

— Encore ? s'énerva Himuro. J'croyais qu'on en avait fini avec eux...

— Apparemment non ! La mauvaise herbe a la vie dure...

— C'est ce Cheat Demon ? Kazu, rebranche la vidéosurveillance.

— Pourquoi ?

— C'est une boucle !

— OK, donne-moi quelques secondes et… voilà !

— Putain ! Alerte la brigade d'intervention ! Et enregistre !

Sous leurs yeux incrédules, la vidéosurveillance leur montrait l'agression en temps réel. Higuchi avait fait installer des caméras dans toutes les pièces sauf les chambres et les sanitaires. Il n'était pas particulièrement paranoïaque, mais plusieurs cambriolages avec violence ayant eu lieu dans son quartier, il avait préféré jouer la carte de la prudence pour sa famille.

L'enregistrement venait d'être interrompu par Takao et les images parvenaient désormais au central de la police. Dans moins de dix minutes, plusieurs voitures arriveraient sur place.

— Regarde le type masqué, fit Takao en le montrant du doigt sur l'écran. Il n'a pas l'air inquiet, il continue à frapper le mec au sol.

— Il doit croire que la boucle est toujours en place. Tu connais ce Cheat Demon ?

— Pas vraiment... Surtout des rumeurs qui circulent. Un jour, j'ai vu sa signature dans une affaire... C'est un gars super discret, mais très doué... Il vole des infos sensibles pour les vendre au plus offrant... Il est très fort...

— Y a toujours fort que soi… Il aurait fait ça pour qui ?

— Aucune idée… Peut-être pour lui-même... Il n'a jamais été inquiété, il arrive constamment à passer à travers les mailles du filet...

— C'est le genre d'infos qui peut valoir une fortune... C'est une pourriture de première catégorie, quoi…

— Exactement... Ce qui m'intrigue c'est ce qu'il vient faire dans cette histoire avec Higuchi ?

— Besoin d'argent frais rapidement ?

— Tu rigoles… Ce type est blindé comme la réserve d'or américaine... D'ailleurs, c'est étrange qu'il s'implique pour une affaire aussi simple… surtout qu'ses tarifs c'est du très haut de gamme... Ou alors… il teste le système…, murmura Takao, pensif.

— Le temps de réactivité pour le bloquer et l'intervention de la police ?

— Possible… Ça y est, regarde… les gars ont maitrisé ce taré !

— Les ambulances sont arrivées sur place…

— On fait pas un peu voyeurs ou espions quand même ? demanda Himuro, un sourcil levé.

— Peut-être, mais c'est pratique non, tu trouves pas ? Surtout dans ce genre de situation…

— Oui, c'est sûr…

— Et puis, on n'oblige pas les gens avec le couteau sous la gorge à mettre des caméras de surveillance chez eux. Ils le font en toute connaissance de cause.

— Vu comme ça… je comprends mieux pourquoi on accepte et on signe le code de déontologie qui régit notre activité.

— Oui, mais on peut quand même tout faire ou presque en passant outre ce code. Après, c'est une question d'éthique, précisa Takao.

— C'est ce qui rend les gars comme nous dangereux, songea Tatsuya à voix haute.

— Mouais…

Les deux hommes restèrent silencieux, plongés dans leurs pensées jusqu'à ce que Takao se lève et prenne la main de son compagnon pour retourner se coucher. Demain, il fera jour…


— Nous avons définitivement perdu Kagami, déclara Akashi à Hayama et Mibuchi qui participaient à la réunion de travail de chaque lundi matin.

— Comme ça ? demanda le responsable des promotions. Nous avons ses livres, non ?

— Oui, avec notre format habituel ainsi que son dernier et ultime roman, précisa le jeune PDG. Tous les autres sont édités en poche par Seirin et le prochain, c'est Touou qui s'en charge.

— Ils ont un département SF très renommé, observa Mibuchi en triturant une mèche de cheveux.

— Je lui ai dit que nous ouvrions deux nouvelles sections, dont la Science-Fiction, il n'a rien voulu savoir. Il pourra bientôt proposer "Sur les plages de Sado" à d'autres éditeurs. Il ne nous restera que notre format pour approvisionner les points de vente comme le juge l'a ordonné aussi longtemps que ce livre se vendra.

— Et si nous proposions d'autres formats, nous aussi ? suggéra Hayama. Un qui soit moins onéreux pour nous et plus abordable pour le lecteur. Nous pourrions augmenter les ventes.

— Nous pourrions aussi baisser le prix du numérique, appuya Mibuchi. Nos marges seraient légèrement réduites, mais nous serions toujours bénéficiaires.

— J'ai déjà demandé une étude de marché dans ce sens, j'attends les conclusions. Mais nos auteurs nous quittent les uns après les autres et j'ai parfaitement conscience que c'est entièrement de mon fait.

Un silence pesant s'établit dans le bureau. Chacun était plongé dans ses réflexions et seul Akashi ne maudissait pas Kagami ou Furihata qui étaient à l'origine de leur débâcle. Il savait que l'unique responsable de ce désastre, c'était lui. Inutile de chercher un autre fautif. À chaque fois qu'il voyait cet éclat de culpabilité dans les yeux de son compagnon, Mibuchi avait le cœur qui se serrait. Il avait beau l'entourer de toute la tendresse et l'amour qu'il éprouvait pour lui, il ne parvenait pas à rallumer cette petite flamme d'espoir au fond de son regard.

— Bonjour messieurs, claironna Nijimura en entrant dans la pièce sans même frapper pour bien montrer qui était le patron, le seul, le vrai, l'unique.

— Quel mauvais vent t'amène, le railla Akashi.

— Tu crois pas si bien dire, rétorqua l'actionnaire majoritaire et heureux de l'être. Tu ne te demandes pas où est Higuchi ce matin ?

— Je ne fais pas son emploi du temps, mais il est effectivement en retard à cette réunion hebdomadaire...

— Et ça ne t'étonne pas ? s'énerva son patron. Tu n'as même pas pris la peine de t'inquiéter de son retard ?

— Si tu sais quelque chose, dis-le. Arrête de jouer à question-sans-réponse, c'est agaçant !

— Il est à l'hôpital avec son épouse et ses gosses parce que ce gros crétin débile de Nebuya les a tabassés en s'introduisant par effraction chez lui !

— Pardon ! s'écria Akashi en se levant et plaquant brutalement ses deux mains sur le plateau de son bureau.

— T'as très bien entendu. Higuchi a un bras fracturé, un poignet luxé, un traumatisme crânien et pour l'instant il n'a pas repris connaissance. Sa femme est défigurée tant Nebuya l'a frappée au visage et elle a une hémorragie interne à cause de plusieurs coups violents au ventre. Son pronostic vital est engagé. Seuls les gosses n'ont rien, ils ont juste été ligotés, mais ils sont en observation par précaution. Nebuya est en garde à vue. Il va certainement te téléphoner. À ta place, je garderais mes distances avec ce malade.

— Je peux savoir comment t'es au courant de tout ça ? C'est pas censé être confidentiel ?

— Je suis la personne de confiance d'Higuchi dans l'entreprise, c'est normal que l'on m'ait prévenu. Pour l'instant je te rends les rênes des éditions, mais c'est temporaire... C'est à moi directement que tu rendras des comptes... Et d'après ce que je sais, tu as perdu notre auteur phare, Kagami. Décidément, t'en rates pas une ! Ton père doit se retourner dans sa tombe. À sa place je t'aurais déshérité...

— Heureusement, tu n'es pas mon père, assena Akashi d'une voix glaciale.

— Non, j'ai de la chance… Avoir un fils tel que toi serait un déshonneur sur plusieurs générations... Mets-toi au travail et essaie de juguler l'hémorragie des auteurs qui nous quittent... Que tes équipes se bougent un peu pour mériter ce qu'elles coûtent à Rakuzan...

Et Nijimura ressortit comme il était entré, en coup de vent sans même refermer la porte derrière lui. Akashi se leva et verrouilla le double battant du bureau. Il retourna s'asseoir et croisa les mains sous son menton. Mibuchi et Hayama l'observaient en se jetant parfois des regards d'incompréhension. Ils craignaient surtout une explosion de colère cataclysmique. Qui ne vint pas.

— Kotaro, parla enfin leur patron, tu vas te pencher sur les promotions et réduire les coûts des tournées de dédicaces.

— De combien ?

— Autant que tu peux, mais qu'on reste bénéficiaire. Vois ça avec tes équipes en région. Et ne traine pas. Reo, combien d'auteurs supervises-tu ?

— J'ai encore Mayuzumi Chihiro. Le bouquin est presque terminé.

— Mayuzumi ? Les livres pour enfants ?

— C'est ça.

— C'est un créneau très porteur... Mets le paquet sur lui et ensuite Kotaro s'en occupera... Le 5 mai (3) est loin, c'est dommage.

— C'est vrai que pour cette fête, ses livres se sont toujours très bien vendus, observa Kotaro. On pourra faire une promotion pour cette occasion même si le livre est déjà sorti...

— Je suis d'accord. On peut différer sa mise en vente ? demanda Akashi en tapotant son stylo plume sur son sous-main.

— Oui, mais pas si loin, répondit Mibuchi. Je ne pense pas qu'il acceptera...

— Essaie de le convaincre ou du moins, qu'il attende le plus possible... Il sait que ce jour férié est important pour les auteurs comme lui...

— Et s'il refuse ?

— On retardera autant que possible... Ça réduira également nos coûts... Et propose-lui le format poche...

— Les imprimeurs vont être surpris, observa Kotaro.

— J'en fais mon affaire... Toi, tu montes une campagne publicitaire pour informer le public que Rakuzan ouvre deux nouveaux départements : l'Heroic Fantasy et la Science-Fiction. Tous les écrivains doivent savoir qu'on se positionne sur ce créneau. Et on va donner leur chance aux débutants...

— On revoit nos critères à la baisse ? fit remarquer Hayama d'un ton légèrement méprisant.

— Non, on élargit notre champ d'action. Un novice n'est pas forcément moins bon qu'un auteur célèbre...

— Il faudra embaucher des correcteurs pour ce genre littéraire, déclara Mibuchi de plus en plus excité par tous ces projets qui venaient de rallumer la flamme dans les yeux d'Akashi.

— On a beaucoup de travail alors secouez vos équipes. Allez ! Au boulot !

Les deux hommes sortirent presque en courant du bureau pour s'atteler à leur tâche respective aussi rapidement que possible. Il avait essayé de le cacher, mais les paroles de Nijimura lui avaient fait mal. Ces insultes à peine voilées l'avaient atteint en plein cœur. Il avait très vite réfléchi et en était arrivé à la seule et unique conclusion : il avait raison. Ce n'était pas à Rakuzan de regagner la confiance des marchés financiers, mais bien à lui Akashi Seijuro de montrer qu'il était capable de se relever et de se battre à nouveau pour le groupe et toutes les personnes qui en dépendaient de près ou de loin. Il fut interrompu dans ses pensées par la sonnerie de son téléphone.

C'est moi…

— Eikichi ? Mais qu'est-ce qui t'est passé par la tête ?

J'vois qu't'es au courant, fit la voix grave de son ami.

— Je vais appeler Shirogane pour qu'il soit ton avocat. Jusque-là, tu te tais.

J'ai déjà tout avoué… J'ai été arrêté sur les lieux, ça servait à rien de nier…

— Pourquoi t'as fait ça ?

Il m'a traité comme une merde. T'étais pas là, tu sais rien. Demande aux deux autres, ils te l'diront. J'encaisse beaucoup, mais pas ça. Il te hait toi aussi. Méfie-toi.

— Tu sais que sa femme risque de mourir ?

Non, je l'ignorais, fit l'ex-chauffeur après un silence. Si elle crève, je vais en prendre pour un paquet d'années, ça, c'est sûr.

— Écoute, ne te fais pas remarquer. Quoi qu'on te dise, je t'en prie, garde ton calme. J'appelle Shirogane, d'accord ?

D'accord. Seijuro?

— Oui ?

J'ai aussi dit que l'agression de l'écrivain, c'était moi…

— Eikichi… Tu te rends compte dans quel pétrin tu t'es mis ? soupira lourdement Akashi.

Je sais… C'est pas grave… j'ai toujours voulu t'aider…

— Je n'en doute pas, absolument pas, mais ce n'était pas la bonne façon… Tu aurais dû me parler de tout ça.

Tu m'aurais empêché d'agir…

— C'est certain… Reste tranquille maintenant, j'appelle ton avocat. Accroche-toi !

Il jeta son téléphone sur son bureau d'un geste désabusé. Il se passa les mains sur le visage, dans l'espoir vain de faire disparaitre toute cette inquiétude. À ce moment, il fut envahi d'une profonde lassitude. Il n'arrivait pas à imaginer comment il allait pouvoir sortir son ami de cette situation. Il contacta son avocat et lui expliqua le problème. Son parrain accepta non sans bien lui faire comprendre qu'il fallait qu'il oublie Nebuya. Il n'était pas près d'être libéré même si l'épouse d'Higuchi en réchappait. Il allait en prendre certainement pour plusieurs années d'incarcération et le mieux à faire c'était de le laisser se débrouiller. À sa sortie, il serait temps de voir s'il y avait quelque chose à faire pour lui.

L'ancien Akashi aurait sans doute agi ainsi, en jetant dans les toilettes un souci encombrant et en tirant la chasse d'eau sans presque aucun remords. Bien qu'il s'agisse quand même de son ami d'enfance, il fallait parfois savoir faire place nette. Mais maintenant il ne pouvait plus s'y résoudre. Il garderait le contacte en allant le voir le plus souvent possible au parloir, quoiqu'il lui en coûte.

Il reçut, dans le même temps, un SMS de Nijimura qui disait qu'Higuchi venait de se réveiller et que sa femme avait de grandes chances de guérir. Il poussa un soupir de soulagement cette fois, et sourit. Une bonne nouvelle dans cette journée pourrie. Un peu comme une petite fleur fragile qui éclot, on ne sait pas trop comment, dans le sable aride du désert…


Quelques jours plus tard, Akashi prit son courage à deux mains et se rendit au chevet du Vice-Président. Il savait qu'il serait très mal accueilli, mais il estimait que c'était son devoir. Il avait longuement réfléchi et il en était arrivé à la conclusion que son amitié avec Nebuya allait lui poser des problèmes. Il n'abandonnerait jamais son ami d'enfance, mais il allait devoir prendre ses distances s'il voulait redorer le blason de Rakuzan. L'opinion publique ne devait pas l'associer à un homme aussi violent qui avait bien failli tuer une mère de famille.

Devant la porte de la chambre d'hôpital, il marqua un temps d'arrêt. Il respira profondément à plusieurs reprises, et serra dans le fond de sa poche, les omamori qu'il avait apportés. Il redressa les épaules et entra.

— Bonjour Higuchi, dit-il d'une voix douce. Je suis venu voir comment tu allais.

Le Vice-Président n'en crut pas ses yeux. Qu'est-ce que ce petit crétin venait donc faire ? Voir s'il était encore vivant ou proche de la mort ? Il fronça les sourcils et son regard devint dur comme l'acier.

— Qu'est-ce que tu veux ? l'agressa-t-il d'emblée.

— Je viens prendre des nouvelles de ta famille et de toi.

— Depuis quand ça t'intéresse ?

— Je sais que tu me détestes et je n'ai jamais compris pourquoi. Je ne t'ai jamais fait de tort. En tout cas pas à ma connaissance. Mais je peux t'assurer que je condamne fermement ce qui vous est arrivé. C'est ignoble.

— C'est pourtant bien toi qui as dit à Nebuya de nous étriper, non ? T'étais au courant !

— Higuchi, j'te promets que j'ignorais c'qu'il voulait faire.

— C'est ton ami, non ?

— Oui, mais j'suis pas derrière lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre. J'ai su que t'avais été très dur avec lui. Nebuya est un sanguin. Tu l'as humilié, il a voulu te l'faire payer. Mais je condamne totalement son acte.

— Tu condamnes, hein ? Va dire ça à ma femme qui a eu la rate éclatée et une hémorragie interne. Mes enfants ont failli perdre leur mère ! s'écria le blessé, ivre de rage. Et toi, tu condamnes ? Tu n'es qu'un sale petit gosse de riche arrogant qui n'a rien trouvé de mieux que de jouer avec la vie des gens et avec leur argent.

— Je sais, et tu as raison. Ce que j'ai fait est inexcusable. J'ai été sanctionné et maintenant j'essaie de me racheter. Mais je n'ai rien fait. Nebuya a agi de sa propre initiative.

Akashi s'en voulut de ses paroles. Il mettait déjà, par ces mots, une distance entre son ami d'enfance et lui. Même si c'était la vérité, ça le rendait triste de devoir s'éloigner de cet homme qui l'avait toujours protégé. Il serait livré à lui-même en prison et il savait qu'il n'était du genre à s'incliner, loin de là. Il avait pris la mauvaise décision et il en payait le prix. Comme lui, quelques mois plus tôt. Il espérait juste que Nebuya en tirerait les bonnes leçons, ainsi que lui-même l'avait fait.

— J'ai travaillé comme un forçat pour en arriver où j'en suis, alors que toi ça t'est tombé tout cru dans l'bec parce que t'es né avec une cuillère en argent dans la bouche. J'ai horreur des petits cons prétentieux dans ton genre. Tu ne sais pas ce que c'est que trimer douze ou quatorze heures par jour pendant des années, ne presque pas voir ses enfants grandir pour leur assurer un avenir meilleur.

— Tu as raison, je ne sais pas ce que c'est.

— Bien sûr que non ! s'emporta Higuchi devant le calme olympien d'Akashi.

Il aurait préféré qu'il se moque, qu'il lui serve ce sourire suffisant et plein de dédain, qu'il dise ou fasse n'importe quoi, mais qu'il n'ait pas cette attitude humble remplie de contritions. C'en était écœurant et insultant pour sa famille.

— Sors d'ici, j'veux plus t'voir.

— Je voulais te donner ça avant.

— C'est quoi ?

— Des omamori. La santé pour ta femme et toi et la réussite scolaire pour tes enfants. Je les pose sur la table. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est sincère.

Higuchi n'eut pas le temps de répliquer que déjà Akashi avait quitté la pièce. Il était abasourdi. Il ne s'attendait pas du tout à cette visite et encore moins à ces petits cadeaux. Il les regarda. La santé et la réussite scolaire. Sa première réaction fut de les jeter. Qu'avait-il à faire de présent de la part d'un monstre ? Mais après avoir vu son comportement plutôt étrange, qui ne ressemblait pas du tout au jeune PDG qu'il avait toujours connu, il les garda. Après tout, ce n'était que des omamori...

Dire qu'il se sentait mieux eût été un bien grand mot. Il avait beau être totalement innocent des agressions de Nebuya contre Furihata d'abord et maintenant Higuchi, il ne pouvait se départir d'un sentiment de culpabilité lourd à porter. Il savait qu'Eikichi s'emportait vite et qu'il avait développé ce sentiment très protecteur envers lui, mais il n'avait jamais imaginé, ne serait-ce qu'une seconde, qu'il en arriverait à de telles extrémités. Son avocat avait raison, une fois encore. Sans le laisser complètement tomber, il allait devoir prendre ses distances. De toute manière, il allait être incarcéré pour un long moment. Il irait le voir de temps en temps pour qu'il sache qu'il était toujours là, à ses côtés. Il ne pourra rien faire de plus. Il regagna son bureau sans plus penser à tout ça. Il avait une maison d'édition à remonter et ça allait occuper beaucoup de son temps. Il avait donné ses directives, maintenant il fallait attendre les résultats qui ne se feraient sentir que dans plusieurs semaines. Mais une autre idée commença à germer dans son esprit.

— Kotaro, ne fais pas de pub pour les nouveaux départements, ordonna Akashi quand Hayama répondit.

T'as changé d'avis?

— Stoppe tout. Dis-le à Mibuchi, je vous expliqu'rai...

Il se doutait bien que les deux hommes allaient le harceler de questions, surtout qu'il en avait déjà parlé à Kagami pour essayer de le récupérer. Mais cette idée qui venait de lui exploser dans la tête était insistante depuis plusieurs semaines. Un évènement qui allait surprendre parce que personne n'aurait pu l'imaginer tant ce sera, le moment venu, totalement incroyable.


Après le départ d'Akashi, Higuchi avait téléphoné à Nijimura pour lui relater la visite de celui-ci et lui parler de ce changement d'attitude qu'il avait perçu en lui. Le patron du groupe était lui aussi intrigué, bien que sa dernière entrevue avec le jeune PDG en titre seulement, fut très tendue et quelques réparties brutales échangées. Il avait également ressenti cette transformation chez le fils de son mentor. Il ne savait pas à quoi cela était dû, mais il en avait une petite idée. Son séjour en prison avait très certainement eu un effet recadrant sur Akashi. Il restait encore agressif et mordant dans certains propos, mais il se montrait plus… respectueux ? Oui, peut-être. Il ne semblait plus considérer les gens comme des inférieurs et lui au-dessus de tous. Son incarcération avait eu ça de bon qu'elle l'avait fait redescendre sur terre, au niveau du commun des mortels. Et pour ce qu'il en avait vu, Mibuchi ne paraissait pas étranger à ce nouveau comportement. Il avait réussi là où tous les autres avaient échoué : faire comprendre à ce petit prétentieux arrogant qu'il n'était pas Dieu le Père et que les personnes qui le côtoyaient n'étaient pas ses ouailles serviles. Il s'agissait sans le moindre doute d'un des effets de l'éducation qu'il avait reçue. À trop s'entendre dire qu'il devait être le meilleur, et être parvenu à un tel niveau d'excellence imposé par son père, il en était arrivé à croire que rien ne pouvait lui résister. Les gens, le travail, le monde.

Mais peu importait à Nijimura le genre de relation qu'ils entretenaient du moment qu'il avait les mains libres pour diriger le groupe Rakuzan comme il le désirait. Ainsi que le père et le grand-père de Seijuro avaient voulu que ce soit fait. Ils avaient conquis des parts de marchés de manière agressive en cassant les prix par rapport à leurs concurrents. Ils s'étaient imposés dans de multiples domaines tels que le bâtiment, les transports maritimes dans l'Asie du Sud-est, l'informatique et la téléphonie mobile, les éditions évidemment, permettant à de nombreuses entreprises plus ou moins grandes à travers tout le pays, de travailler avec le groupe. Nijimura voulait s'étendre davantage à l'international, mais les frasques d'Akashi avaient mis un brusque coup de frein à ses ambitions. Regagner la confiance des places financières allait s'avérer compliqué, mais pas impossible avec de la patience et des stratégies bien élaborées et surtout impeccablement exécutées. Il avait décidé de le laisser s'amuser avec la maison d'édition qu'il semblait apprécier plus que tout le reste, mais jamais il ne lui rendrait le contrôle du groupe appuyé par tout le conseil d'administration.


Au terme d'une enquête assez simple, la brigade financière était parvenue à mettre en évidence les exactions du chef comptable de la Shinkyo PMS Traders. Tout le monde pensait qu'il s'agissait d'un piratage informatique – ce qui était le cas – sauf que ce monsieur en était l'instigateur. Et grâce aux informations trouvées sur le serveur d'Haizaki qu'Himuro avait fini par décrypter, il s'avéra qu'il était mêlé à ce détournement de fonds moyennant un pourcentage pour le hacker qui venaient alourdir un peu plus son dossier. Kuroko attendait d'être introduit auprès des policiers quand un avocat qu'il connaissait entra.

— Bonjour, maitre Midorima, fit-il.

— Kuroko, dire que je suis content de vous revoir serait mentir, mais ça me plaisir, sourit l'homme de loi en serrant la main qu'il lui tendait.

— Je comprends, fit le comptable. L'affaire Shinkyo ?

— Oui, le personnel s'est constitué partie civile et je viens voir avec les enquêteurs quels sont les documents qu'ils détiennent.

— J'en ai aussi à leur remettre.

— Bonjour Messieurs. Je suis l'inspecteur Otsubo et voici le lieutenant Kasamatsu. Kuroko, heureux de vous revoir. Et vous devez être maitre Midorima. Bien. Où en sommes-nous ?

Cet homme paraissait être une vraie tornade et son coéquipier de même. Ils ne semblaient, ni l'un ni l'autre, prendre le temps de quoi que ce soit. Il fallait que ça bouge et que ça bouge vite. Pour arrêter des criminels, ils devaient courir plus vite qu'eux.

— Voici des pièces supplémentaires trouvées dans le serveur du hacker, commença le comptable en leur faisant passer une grosse enveloppe pleine de feuilles. Il y a des relevés de bancaires dans des paradis fiscaux, des transactions d'investissements, toutes sortes de documents qui prouvent sans l'ombre d'un doute la malversation financière.

— Maitre Midorima, vous avez les dépôts de plainte des employées ? demanda Kasamatsu.

Il fallut quelques secondes à l'avocat pour détourner les yeux de l'inspecteur et répondre à son coéquipier. Il était impressionné par ce policier qui ne prenait pas le temps de souffler une seconde. Lui arrivait-il seulement de respirer ?

— Oui, toutes les plaintes sont là et il me faut tous les documents en votre possession pour les faire parvenir à l'avocat du patron de la Shinkyo PMS Traders.

— Selon, vous, ce sera une affaire facile ? lui demanda Otsubo en le clouant du regard.

— Eh bien…, hésita-t-il avant de se reprendre, avec toutes ses preuves, il ne devrait y avoir aucun problème. Le juge statuera en faveur des plaignants. Malheureusement j'ai peur que la totalité des fonds ne soit pas retrouvée. Une grande partie a déjà été dépensée et a dû passer de compte off-shore à d'autres.

— Une partie, ce sera mieux que rien, constata doctement Kasamatsu, qui voyait toujours le verre à moitié plein.

Durant cet entretien, Midorima n'avait cessé d'observer Otsubo du coin de l'œil et il le trouvait très séduisant. Son assurance et son charisme avaient rencontré un écho en lui. L'homme ne lui déplaisait pas, au contraire. Il semblait solide et droit. Comme doit l'être un flic. Et comme il les aimait.

— Bien, je crois que nous en avons terminé, déclara l'inspecteur en se levant imité pour tous. Mon collègue et moi serons au tribunal puisque nous avons arrêté le coupable.

— Je serai certainement cité comme témoin puisque j'ai découvert les écritures frauduleuses, les informa Kuroko.

— C'est possible, mais pas obligatoire, dit l'avocat.

— Fort bien, nous nous reverrons pour le procès, alors. Maitre Midorima, un instant s'il vous plait ? demanda Otsubo à qui le sourire en coin de Kasamatsu n'avait pas échappé.

— Que puis-je pour vous ?

— J'ai su que vous vous étiez occupé des plaignants dans l'affaire Rakuzan il y a quelques mois.

— C'est exact.

— Vous avez fait de l'excellent travail si j'en crois les éloges du procureur.

— Oh… Vous m'en voyez flatté. Malheureusement, il ne m'a rien dit à moi, sourit tristement l'avocat.

— Takeuchi est avare en compliments. Si vous le désirez, je peux vous dire tout ce qu'il a pu raconter, si vous avez le temps de prendre un verre avec moi. Samedi midi ? Je connais un café très sympa, pas très loin. Vous me rejoignez ici, et nous irons ensemble...

L'avocat le regarda quelques secondes, pour le moins surpris d'une telle invitation. Cet homme ne semblait pas s'embarrasser des convenances et allait droit au but. Il devait aimer donner des ordres, aussi et l'avocat eut le réflexe de protester pour la forme. Mais il n'en fit rien, craignant de voir une occasion de mieux connaitre cet homme, lui échapper.

— Vous êtes toujours aussi direct dans vos approches ? demanda-t-il d'un ton légèrement guindé et étonné, mais ravi de cette opportunité lui qui, jusqu'à présent, n'avait fait qu'épier et goûter la vue.

— Si je vous ai mis mal à l'aise, veuillez m'excuser. Je pensais que vos regards sous-entendaient un intérêt qui est réciproque, n'en doutez pas, déclara Otsubo d'une voix troublante qui ne laissa pas son interlocuteur indifférent.

L'avocat eut un léger sursaut, un peu vexé de s'être fait remarquer et également gêné de savoir que lui-même était estimé. Il avait juste oublié qu'il avait en face de lui un policier observateur, curieux, sachant interpréter le langage du corps. Ce qui n'était pas un mince exploit quand on sait que quatre-vingt-dix pour cent de la communication est non verbale. Il faut être formé et entrainé pour ça.

— Vous n'avez jamais essayé la subtilité ? tenta Midorima pour le moins un peu déstabilisé par cette attitude. Elle souvent appréciée.

— Je n'aime pas tourner autour du pot... Déformation professionnelle, sans doute...

— Samedi midi, ça me convient, finit-il par accepter avec un léger sourire.

— J'en suis ravi... Voici ma carte avec mon téléphone, si jamais vous aviez un empêchement.

— Mes coordonnées sont sur les documents que je vous ai remis au cas où vous ne pourriez pas vous libérer...

— Je ferai tout pour que ça n'arrive pas. À samedi, alors.

À suivre…


(1) Hanamiya Makoto – Cheat Demon – le démon tricheur.

(2) Photo : Couteau de combat de Nebuya.

(3) 5 mai Kodomo no Hi = Jour férié. La fête des enfants. On honore les garçons et les filles et on exprime reconnaissance et gratitude envers les mères.

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