Olivia et Elliot marchaient l'un à côté de l'autre, sortant du bureau de cette dernière. Après une enquête des plus complexes et intenses, ils avaient dû allier leurs forces, craignant en plus de viols, un réseau de drogues avec soupçon de crimes. Cela s'était révélé inexact pour ce dernier point. Néanmoins, une femme et sa fille avaient été toutes deux violées et violentées par respectivement le mari et père de ces dernières. Chacune des victimes ignorait que l'autre en était une également. En conséquence, il avait régné sur cette enquête une tension vraiment étouffante, pleine de non-dits. Comme si finalement, chacune se doutait plus ou moins consciemment de ce qui se passait pour l'autre. Il avait fallu pousser chacune des victimes à sortir cette affreuse vérité, d'abord pour que chacune réalise pleinement son statut de victime, ensuite pour qu'elles puissent témoigner et que l'agresseur soit emprisonné par la suite. Cela allait d'ailleurs être le cas puisque celui-ci en avait pris pour dix ans.
C'était une maigre consolation pour les deux enquêteurs. Ils avaient été pris à partie entre la mère et la fille, puis entre celles-ci et le père. Les unes omettant beaucoup de détails, l'autre mentant effrontément... Cela avait bien failli se terminer en bain de sang. La fille s'était mise en tête de tuer son père avec l'arme que celui-ci détenait illégalement. Mais Elliot et Olivia avaient su, tour à tour, trouver les mots justes...

Ce faisant, ils étaient chacun plongés dans leurs pensées en se dirigeant vers leurs voitures respectives, garées l'une à côté de l'autre. Olivia avait été ébranlée par cette relation mère-fille à la fois si forte mais aussi si fragile, si malsaine finalement. Elliot, quant à lui, restait toujours choqué lorsque des petites filles subissaient des viols. Néanmoins, en parfait gentleman et ami, il s'enquérait toujours de l'état d'Olivia :

- « Est-ce que ça va, Olivia ? », murmura-t-il, comme pour atténuer l'horreur de cette enquête par la douceur de sa voix.

- « Elliot... tu ne vas pas commencer ?! », répondit-elle sur la défensive. « Cette enquête n'a été évidente pour personne mais on en a vu d'autres...
- Pas à moi Liv, je ne te connais que trop bien !
- Ah oui, vous croyez ça très cher ?! », répondit-elle d'un air mystérieux et joueur.
Elliot la regarda à la dérobée d'un air surpris. Certes, elle éludait la question et il en était parfaitement conscient. Cela dit, elle s'était considérablement détendue ces derniers temps. Il ignorait si elle avait réellement digéré son départ et son silence de dix ans. Mais du moins, les choses allaient dans le bon sens. Elle avait même l'air joueuse, presque charmeuse, même si elle n'avait pas besoin de rentrer dans ce jeu-là pour l'être, au demeurant.
Il ne répondit pas à sa question, se contentant d'un regard appuyé et d'un petit sourire. Il n'était pas très loquace, il le savait. Son père lui avait malheureusement légué cela.
Seulement, il lui devait bien des explications, il lui devait de s'exposer davantage. Il savait à quel point il avait pu la heurter. Il en avait honte en fait même s'il avait fait comme il avait pu.

Cela étant, il fallait bien se lancer, initier quelque chose, pour recoller les morceaux, leur amitié...

- « Ecoute, Olivia, Kathleen devait venir manger à la maison ce soir mais elle a dû annuler tout à l'heure. Viens à la maison, il y en a assez pour un régiment... »
Détectant son hésitation, il ajouta :
- « Tu n'oserais pas me laisser seul tout de même ?! … Je vous invite toi et Noah et tu n'as pas le droit de refuser ! Et puis, après cette journée, on a bien mérité une soirée un peu plus agréable!
- Si je comprends bien, je n'ai pas vraiment le choix ! Très bien, je vais donc m'incliner. Par contre, Noah est chez un ami, chez lequel il dormira.
- Ce n'est que partie remise pour lui alors mais je suis content que tu acceptes. Je sais que les choses n'ont pas été simples... »
Elliot ne sût que dire de plus, parfois, mieux valait ne pas en rajouter.
Mais Olivia lui sourit d'une air réconfortant.
Alors il mit fin à la conversation afin qu'ils puissent prendre leur voiture et se rejoindre chez lui.

Dans sa voiture, Olivia se demanda ce qui lui avait pris d'accepter. Elle n'était pas vraiment sûre de lui avoir pardonné. Mais, par-dessus tout, elle était de plus en plus déstabilisée en sa présence. Ils avaient été collègues, amis depuis tellement d'années. Bien sûr, un certain fossé, une ensemble de non-dits aussi s'était créé pendant ces dix années où il était parti. Mais ce quelque chose entre eux avait refait surface aussi clairement qu'avant, voire même comme une flamme qui s'embraserait à présent. Si trivialement, elle comprenait qu'elle était très attachée à Eliott, elle ne saisissait pas bien ce qui se passait réellement.
C'était compliqué pour elle, il y avait d'abord eu sa femme en même temps que l'aspect professionnel de leur relation, puis son absence de dix ans. Et à présent, il était seul, libre...
Et ce quelque chose qui tourmentait Olivia et l'avait poussé dans un abîme menaçait à nouveau. Elle n'avait jamais connu ça avec aucun autre homme.

Elle arriva enfin chez son ami, sonna à la porte, en attendant avec angoisse. Elle avait tout de même pris le temps de passer chez elle, tout juste vingt minutes pour prendre une douche et passer une robe noire, toute simple, mais plus élégante. Une petite touche de maquillage terminait l'ensemble. Elle n'avait pas voulu trop en faire, juste être plus présentable et sortir du cadre purement professionnel.
Cela dit, quand il ouvrit la porte, sans doute ne put-il s'en empêcher mais elle vit son regard se troubler et passer en revue sa tenue de haut en bas. Il esquissa un sourire et lui lança presque nonchalamment :

- « Tu es très élégante Liv.
- Oh, tu sais, j'ai juste voulu faire un brin de toilette », se contenta-t-elle de répondre sur le même ton.
Il était intelligent. Elle savait qu'il restait sobre dans son compliment, pour ne pas la brusquer.
D'un côté, cela la rassurait, d'un autre, c'était vertigineux. Cela prouvait qu'il lisait clairement en elle, il savait à quel point elle avait peur de tout ça. Tout ça quoi exactement ? Nul ne le savait vraiment... Mais elle se sentait aspirée par un gouffre...

Cela faisait quelques minutes qu'Elliot cuisinait tout en alimentant la conversation comme il le pouvait. Olivia était confortablement installée sur son canapé. Une bouteille de vin rouge était ouverte et elle buvait lentement son verre, absorbée par ses pensées, le temps qu'Elliot puisse être à nouveau disponible.

De temps en temps, Elliot tournait les yeux vers Olivia. Il essayait de rester les pieds sur terre mais il devait admettre qu'elle était ravissante dans sa robe. Elle paraissait plus détendue aussi . Peut-être était-ce le vin ?

Lorsqu'il la rejoignit, il se sentit tout à coup un peu tendu, l'atmosphère était très agréable, chaleureuse mais aussi intimiste. Il n'avait allumé qu'une petite lampe qui éclairait certes très bien mais était à l'autre bout de la pièce. De fait, le salon était plongé dans une semi-pénombre.
Il lui demanda si elle voulait qu'il allume l'ampoule du plafonnier mais elle le rassura : elle n'aimait pas les lumières fortes. Il lui sourit et lui servit son plat : des spaghettis à la bolognaise. C'était un plat très simple mais il n'était pas le meilleur cuisinier et néanmoins, il avait lui-même réalisé la bolognaise. Il fallait aussi reconnaître que ce plat restait un incontournable.

Ils commencèrent à manger dans un silence qui devenait peu à peu gênant.
Alors, Elliot relança la conversation, d'abord sur des vieux souvenirs, en glissant quelques blagues. L'atmosphère fut petit à petit plus détendue. Il se décida alors à parler de ces années où il était parti...

Presque timidement, il lui dit :

- « Olivia, si tu me disais ce que j'ai manqué pendant ces dix ans...

- ...où tu es parti... », finit-elle à la fois en plaisantant et en laissant filtrer son amertume.
- « Touché », murmura-t-il en baissant la tête, contemplant son plat.
Elle mettait les pieds dans le plat, cela tombait bien même s'il était conscient de s'avancer en eaux troubles.
- « Ecoute... Liv, je... je ne pourrais jamais assez m'excuser... », lança-t-il d'un ton hésitant.
Elle demeura quelques instants silencieuse, consciente que l'atmosphère s'était tout à coup alourdie. Ce n'est pas ce qu'elle voulait, mais les choses en étaient là. Ce n'était certainement pas un hasard. Elle avait envie de fuir mais en même temps, ils en étaient rendus à un tel point... un point de non retour. Venait un moment où l'éléphant était au milieu de la pièce quoiqu'on fasse... Elle était obligée de poursuivre. Nerveusement, elle ne pouvait pas en supporter davantage. Alors, elle se lança en le regardant droit dans les yeux, fixement :

- « Tu ne cesses de t'excuser Elliot, mais la vérité, c'est qu'aujourd'hui encore, je ne comprends pas ce qui s'est passé, comment ça a pu se passer. Que tu partes sans mot dire, sans explications et sans donner aucune nouvelle pendant dix ans. Ce n'est tout de même pas veux vraiment t'excuser, alors explique-moi ! »
Lui aussi la regardait fixement, il soutenait son regard sans ciller, percevant l'intensité du sien, saisissant le sérieux et la nécessité de sa démarche. Cependant, il ne pût qu'éluder :

- « Comme je te l'ai déjà dit, j'avais peur qu'en entendant ta voix...
- ...quoi Elliot ? Tu vas vraiment me resservir ça ? Tu ne crois pas que je mérite mieux ? », dit-elle en haussant le ton, le pourpre commençant à s'emparer de ses joues.
Heureusement, la pénombre masquait cela, du moins, le croyait-elle.
Décidée à aller plus en profondeur dans cette conversation, elle poursuivit :

- « Pourquoi es-tu parti ? Est-ce réellement à cause de notre dernière affaire ? Pourquoi ce silence avec moi ? Et s'il-te-plaît, ne me sers plus ces excuses ! Je veux de vraies explications... »
Sa voix sembla se briser mais elle se reprit en toussotant.
Cette fois, elle ne le regardait plus. Elle était fatiguée par tout ça. Dix ans d'absence, de silence, de non-dits, de questionnements incessants. Quelque chose grondait en elle...
Elle ne pouvait plus le regarder. Elle ne le supportait plus...
Elliot était à présent gêné. Il s'essuya nerveusement le front.
Enfin, après un temps qui sembla infini, sans la regarder, il commença :

- « C'était tellement compliqué à l'époque. Tu le disais toi-même... »
Il semblait chercher son approbation mais elle ne sourcilla pas, se contentant de fixer obstinément le mur devant elle.
Alors, il enchaîna :

- « J'ai tué cette jeune fille ce jour-là et... et je le regretterai jusqu'à la fin de mes jours... »
Olivia ne bougea toujours pas mais une rage commençait à enfler en elle en entendant son ancien coéquipier en revenir à des excuses purement professionnelles, qui, certes, étaient terribles, mais ne justifiaient pas son comportement. Ils en avait vécu bien d'autres. Cependant, il poursuivit :
- « Je crois que c'était le coup de trop, un trop-plein sûrement. Enfin, je ne suis pas psy... Mais je continue de voir le regard de cette fille lorsqu'elle s'est effondrée, tu comprends ? »
Olivia ne pût s'empêcher de lui lancer un regard mais celui-ci était indescriptible, il semblait plus vide qu'autre chose. Comme si celle-ci était blasée...
- « Et puis, bien sûr, il y avait toi, nous... »
Olivia releva alors la tête pour sonder le regard de son ami. Se pourrait-il enfin qu'il aborde LE sujet ?
Prenant soudain peur, elle fit marche arrière :

- « Elliot, laisse tomber, après tout, tu voulais partir, c'était ton droit...
- C'était peut-être mon droit, mais je n'aurais pas du... pas comme ça en tout cas. Je... je... »
Il bégayait à présent, cherchant ses mots... Il ne la regardait plus, semblait embarrassé. Mais, il semblait vouloir en découdre :
- « Nous étions si proches Olivia. »
A présent, c'était lui qui fixait le mur devant lui et Olivia le regardait avec intensité, les yeux brillants. L'émotion était palpable.
Il poursuivit, se forçant à aller chercher les choses en lui. Il voulait lui faire ce cadeau que de lui dire ce qu'il ressentait. Elle le méritait. Mais il avait des difficultés à trouver les mots.
- « Je crois que je ne savais plus où j'en étais professionnellement, mais aussi personnellement. J'étais marié, père de cinq enfants . Une famille idéale, un cocon. Et puis, il y avait... toi. Ma coéquipière, mon amie. Dieu sait qu'on a passé plus de temps ensemble qu'avec n'importe qui d'autre. Je ne vais pas me plaindre. J'avais tout finalement. Mais... »
Il se tût un instant, baissant la tête... Etait-ce la culpabilité qui le rongeait ?
Elle l'entendit presque chuchoter :
- « Mais... Je crois qu'à un moment, c'est devenu trop, trop de pression, le travail, toi, ma famille. J'imagine que je me sentais écartelé. Et... quel était ma place finalement à tes côtés ? »
Soudainement, il sembla retrouver ses forces, releva la tête et chercha son regard :
- « Alors, oui, il fallait que je parte. Et la vérité est que je ne savais pas quoi dire, pas quoi te dire à toi. J'ai pensé que partir sans se retourner était plus simple pour tout le monde. Ou plutôt, je n'ai pas vraiment pensé, j'ai fui. J'ai fui Liv, je t'ai fuie Liv. Je suis désolée. »
Un silence terrible régna ensuite. Elliot continuait de regarder Olivia mais celle-ci le regardait sans vraiment le voir à présent. Elle réfléchissait à toute vitesse. Il avait fait de gros efforts pour s'ouvrir à elle, pour se sonder et s'expliquer. Cela la touchait infiniment car ça ne lui ressemblait absolument pas. Mais, par-dessus tout, il lui semblait qu'il lui avouait à demi-mots tenir à elle.
Hors, il n'avait jamais franchi cette limite bien sûr, marié qu'il était, en plus de la barrière du contexte professionnel. C'est vrai qu'on ne pouvait pas lui reprocher cela. Il était finalement toujours resté à sa place. Ironiquement, cela renforçait l'idéalisme qu'elle plaçait en lui... mais aussi la frustration de ce qui la dévorait tant et qu'elle avait du maintenir caché, y compris à elle-même.

Elle était un peu sonnée et se voyait mal parler davantage. Les mots lui manquaient à présent. Du reste, l'émotion était trop forte.
Elle ne pût que dire un « merci » à peine audible. Il lui fit un petit sourire.
Puis, il se leva d'un coup et commença à ramasser la vaisselle, comme pour se donner du courage.
Olivia se leva également et parcourut son salon. Elle tomba sur des photos de famille vraiment adorables. On y voyait Dickie faire une horrible grimace... Elle saisit cela pour faire redescendre la tension :
- « Je vois que Dickie aime toujours autant les photos ! »
Observant à son tour la photo de la cuisine, Elliot rit doucement :
- « Ah oui, impossible de prendre une photo correcte avec lui !
- C'est tout le charme de la photo El ! », ajouta-t-elle en souriant.
- « Sans doute ! », rit-il.
Pour achever de détendre l'atmosphère, il lui proposa de la glace mais elle lui fit signe que ça suffisait. Alors, il lui proposa un digestif. Elle allait refuser poliment mais il ajouta, taquin :
- « Allez, un petit digestif avec moi ?!
- D'accord, d'accord... »
Elle poursuivit son tour du salon, cela lui permettait de s'apaiser, le fait de contempler les photos, les tableaux... C'était une excellente diversion. Elle se retrouva d'ailleurs devant un tableau qui la captiva. Il était splendide. Des volutes d'une fumée d'un doux rose s'échappaient ici et là et on apercevait au loin un voilier bleu pâle. Elle était tellement en admiration qu'elle n'entendit pas Elliot se rapprocher. Elle eut un sursaut lorsqu'elle l'entendit parler doucement derrière elle :
- « Je ne suis pas féru d'art mais c'est un cadeau de Maureen. Elle y tient énormément et même s'il dénote dans le paysage, je ne me voyais pas ne pas l'accrocher dans le salon...
- Ta fille a bon goût !
- Comme son papa...! »
Il avait juste voulu être taquin mais entre la faible luminosité de la pièce et l'intensité qu'il y avait entre eux, l'air était chargé d'électricité et sa remarque était comme emplie de sensualité.
Elle pouvait sentir son regard derrière elle et son souffle chaud sur sa nuque également. Cela lui procura des petits frissons. Elle était paralysée.
Il était juste derrière elle, presque collé à elle. Elle le sentait. C'était grisant mais aussi intimidant.
Elle se sentait tellement comme une lycéenne auprès de lui... Cela ne cessait de la surprendre et de l'exaspérer aussi. Dans la vie de tous les jours, elle arrivait à peu près à se montrer forte, mais auprès d'Elliot, elle... fondait.
Lentement, presque comme au ralenti, elle se retourna pour se retrouver face à lui. Ils étaient réellement très proches.

Cela lui rappela instantanément chez elle, quand il lui avait demandé du sucre... Elle avait failli l'embrasser, perdue... Heureusement, il avait senti qu'elle n'était pas prête, qu'il y avait quelque chose qui clochait...

Aujourd'hui, les choses étaient plus claires entre eux. Beaucoup de choses restaient toujours à éclaircir mais ils avaient déjà fait un grand pas depuis un certain temps. Et bien sûr, durant cette soirée, Elliot s'était davantage livré.

Il la regardait intensément. Il ne cillait pas, ne souriait pas. Mais son regard, quoique profond, était doux, dénotant une certaine confiance, une confiance mutuelle.

Il ne voulait pas la brusquer. Il savait qu'elle était terrifiée. Les relations amoureuses sérieuses l'avaient toujours fait fuir. Et il se trouve que leur relation était sérieuse, solide, ancienne, comme gravée dans le temps. Elle devait probablement avoir envie de prendre ses jambes à son cou. Il avait beau avoir son regard qui se perdait entre son regard et ses lèvres, surtout ses lèvres, il ne voulait pas la toucher. Il en avait envie bien sûr, c'était viscéral. Aujourd'hui, il l'entendait, ce besoin... ce besoin qu'il avait tu, qu'il avait retenu. S'il était honnête avec lui-même, c'était LA raison de son départ il y avait de cela dix ans.

Olivia était blême. A l'instant où elle s'était retournée et avait croisé son regard, quelque chose s'était allumé en elle. Une chaleur s'était instantanément répandue dans son corps. Si le regard d'Elliot ne laissait transparaître que bienveillance, ses mâchoires, en revanche, tendues, serrées à l'extrême, elles,témoignaient de son désir.
C'était enivrant. Elle n'avait jamais lu cela dans son regard. Encore moins la concernant.
Quelques centimètres seulement les séparaient mais il lui semblait sentir comme un courant entre leurs corps.

Olivia comprit rapidement qu'il ne ferait pas le premier pas. Après ce qui s'était passé la dernière fois, elle le connaissait, il la laisserait s'approcher quand elle serait prête.
Et elle était prête... enfin... peu importe... elle n'en pouvait plus... il fallait que quelque chose se passe ou elle finirait folle.

Alors, elle esquissa timidement un petit mouvement pour déjà saisir ses mains. Chacune de ses mains avança timidement à la recherche de ses doigts, de son approbation aussi. Aussitôt, il répondit en entremêlant ses doigts avec les siens. Elle était scotchée sur place, son corps bouillait, éperdu de désir et de peur. Il lui fit un bref sourire rassurant qui se perdit rapidement dans son propre désir.

Ce fut sans doute LE signal pour elle. Son corps était perdu, ou était-ce l'inverse ? Venait-elle de se trouver ?
Quoiqu'il en soit, c'était comme si un feu brûlait en elle, ils avaient atteint le point de non retour, ils le sentaient tous les deux. Ils ne pouvaient plus faire marche arrière. Ils n'étaient que deux lueurs incandescentes...

Alors, lentement, elle se rapprocha de lui, desserra ses mains de leurs étreintes et le pris par la taille pour le rapprocher d'elle. Si elle avait agi avec douceur, la tension entre eux le propulsa plus fortement que prévu contre elle. Elle sentit son corps s'embraser davantage, sentant son torse contre sa poitrine. Cela pouvait paraître presque anodin mais ils n'en revenaient pas tous les deux. Enfin, ils étaient l'un contre l'autre, ils sentaient la chaleur de l'autre, les battements de cœur de chacun semblaient battre à l'unisson. Leurs souffles, réguliers mais forts, s'entremêlaient.

Elliot rapprocha son visage de celui d'Olivia, il voulait qu'ils se sentent parfaitement connectés. Il la regarda dans les yeux et surprit son regard presque hagard de désir. Ce qui ne fit que raviver le sien. Sa coéquipière était contre lui, il avait peine à le croire.
Il baissa alors la tête, avançant doucement ses lèvres des siennes, sans les toucher. Là encore, il voulait que les choses viennent d'elles. Il sentait qu'elle en avait besoin. Et même s'il lui était difficile de s'arrêter là, il avait besoin de lui laisser le soin de faire ce pas-là aussi.

Olivia vit les lèvres d'Elliot se rapprocher des siennes. Elle pensa qu'il allait l'embrasser puis fut stupéfaite de le voir s'arrêter à mi-chemin. Un petit cri de frustration lui échappa... Se ressaisissant, elle se bascula davantage contre son torse pour aller chercher presque tendrement ses lèvres. Ils fermèrent alors tous les deux les yeux, une onde de choc se propageant dans leurs corps...

Puis, ce fut comme lors d'un concert philharmonique, lorsque tout s'emballe et que rien ne semble pouvoir arrêter les différents instruments...

Toute la frustration et leur désir refoulés se retrouvèrent comme mis à nus. Leurs corps ne leur appartenaient plus. Le désir les submergeait alors.

Elliot la poussa à la fois doucement mais fermement contre le mur. Sa retenue des quelques instants précédents s'était évanouie. Il était perdu. Il ne pouvait plus attendre. Il voulait la toucher, partout, s'emparer d'elle, être en elle, la posséder.
Il s'empara pleinement de ses lèvres, l'embrassant fougueusement.
Surprise par ses propres élans, elle poussa un petit cri qui s'étouffa aussitôt. Sa langue allait trouver la sienne sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte. Elle colla au maximum son corps contre le sien, sentant en même temps son désir contre elle.
Mais ça ne lui suffisait pas, ça ne lui suffisait plus, elle voulait le sentir davantage. Aussi resserra-t-elle une de ses jambes autour de sa taille pour l'approcher au plus près d'elle.
Il lui sembla entendre Elliot gémir.
Impossible d'en être sûre. Ils étaient comme fous, possédés.
Il n'y avait plus de retenue entre eux. Une urgence de se posséder l'un l'autre.

Elliot la souleva prestement pour l'amener à sa chambre qui était juste à côté. Et tout en continuant de s'embrasser presque violemment tellement leur désir était ardent, il la déshabilla en un tour de main. Arrivé à son soutien-gorge, qui mettait indubitablement ses formes en valeur, il lui lança un regard auquel elle répondit par un énième baiser langoureux. Il poursuivit donc et lui retira lentement, ostensiblement... son soutien-gorge, passant enfin pleinement ses doigts sur sa peau. Il la sentit frissonner, ce qui ne fit que raviver son désir. Il la caressa doucement puis poursuivit avec toujours plus d'ardeur vers le bas.
Mais elle n'était pas en reste et s'empara aussi de lui. Il ne protesta pas quand elle ouvrit presque violemment sa chemise d'un geste brusque, sans prendre la peine de la déboutonner. La chemise céda immédiatement. Satisfaite, Olivia pût enfin parcourir son torse de ses mains électrisées.
Sa peur avait complètement disparu. Il ne restait que son désir, leur désir.

Alors, quelques instants plus tard, après avoir chacun découvert le corps de l'autre dans une frénésie incontrôlable, leurs corps complètement abandonnés de toute raison, Elliot la prit enfin tout en l'embrassant furieusement. Ils étaient enfin pleinement l'un à l'autre. Plus de barrière, plus de limites, personne entre eux. Juste un peau-à-peau délectable... Il ne formait littéralement qu'un, comme ça avait toujours était spirituellement le cas...