HARRY ET LE JOUEUR DE FLUTE

Chapitre 1 : Les ravampires

Bienvenue dans le premier chapitre de Harry et le joueur de flûte

:)

Avertissements :

1) Je déconseille mon histoire aux moins de 10 ans

2) Pour que le masculin ne l'emporte pas sur le féminin, j'utilise une forme d'écriture inclusive : pronom neutre / "iel", "elleux", déterminant / "celleux", et point médian/ "·".

3) L'histoire de Harry Potter ne m'appartient pas, je m'inspire des personnages et du récit inventés par J.K. Rowling, et je n'en retire aucun bénéfice.

Bonne lecture !

Le directeur du bureau de Aurors et la Ministre de la Magie, encapuchonnés d'épaisses capes grises, s'enfonçaient à petits pas dans le labyrinthe suintant des égouts de Londres. Ces deux mages n'en étaient pas à leurs première aventure. Dès leur rencontre à Poudlard, une bonne trentaine d'années auparavant, alors que s'annonçait la guerre contre le Seigneur des Ténèbres, les plus grands dangers s'étaient abattus sur lui et elle.

Au fil de leurs années d'étude, puis de leur entrée dans le monde adulte, elle et lui avaient ainsi appris, et avec d'autres élèves, à combattre ensemble. On disait que la profonde amitié qui les liait les avait rendu, lorsqu'ils avait marché contre l'ennemi, quasi invincibles.

Leur renommée était aujourd'hui telle que leurs portraits avaient été immortalisés sur des cartes Chocogrenouilles (celle de l'homme était, il faut le reconnaître, plus grande que celle de la femme). Elle s'appelait Hermione Granger et lui, n'était autres que Harry Potter.

Cela faisait deux longs jours que Harry et Hermione parcourraient les tunnels obscurs et humides des égouts londoniens, où se déversaient les eaux usées de la ville. Protégés de la puanteur grâce à un enchantement, et éclairés grâce à leurs baguettes magiques, il et elle suivaient un immense plan en accordéon aux coins déchirés. Ce plan datait du 19ème siècle, et avait était dessiné par Joseph Bazalguette en personne, c'est-à-dire le grand ingénieur qui avait conçu les égouts de Londres. Hermione avait secrètement volé le précieux plan dans le monde moldu, persuadée qu'il serait plus fiable que des plans modernes.

Harry passa la main sur son front suant puis se massa les tempes. Il se sentait déjà épuisé, le dos fourbu. La marche dans les profondeurs étouffantes affaiblissait son corps. Peut-être aussi, que bien qu'il n'ait pas encore atteint la cinquantaine, il regrettait l'ardeur de ses trente ans, et se sentait vieux. La peur de vieillir lui donna un instant envie de rentrer chez lui, au chaud, auprès de son gros chat Souafflou.

Par ailleurs, leur recherche ne portait pas ses fruits. Harry fit part à Hermione de ses doutes :

- Il n'y a rien ici, pas même un rat ! Venir dans les égouts était peut-être une mauvaise idée après tout...

Hermione le regarda avec étonnement, et il perçut dans ses yeux une lueur d'inquiétude. Elle répondit sèchement :

- C'est bien le problème, Harry. Il n'y a pas un rat alors qu'il devrait y avoir des colonies entières de rats ici. Leur absence est suspecte. Continuons jusqu'à demain au moins. Nous ne pouvons pas nous permettre de passer à côté d'un indice.

Le tunnel amorça un long virage dans lequel s'était formé un monticule de cailloux et de déchets informes et visqueux, et au bout duquel se formait une fourche, ouvrant sur deux nouveaux tunnels. Le tunnel de gauche semblait bifurquer à droite sur une surface plane, tandis que celui de droite plongeait plus profond, en pente raide.

- A droite, dit Hermione en consultant son immense plan moldu.

- En effet, les tunnels niveau inférieur semble aboutir sur une salle, appuya Harry qui regardait par dessus son épaule.

Pour sûr, la chose qu'iel recherchaient se cachaient dans les recoins les plus sombres des égouts. Harry engagea la descente. Ce faisant, il marcha sur une chose molle, qui craqua sous son pied. Eclairant le sol, il découvrit une petite ratte ensanglantée.

« Retourne-le » murmura Hermione.

Harry la fit rouler du bout de son soulier. La ratte avait sur toute la longueur de son ventre une horrible plaie. On devinait la mâchoire d'un animal de plus grande taille. « La chair est coupée net, comme avec une lame tranchante » remarqua Harry, avant d'échanger un regard entendu avec Hermione. Harry photographia la ratte avec l'appareil moldu détourné que son ami Ron lui avait offert. Hermione regarda l'appareil d'un œil triste, puis se détourna. Harry savait qu'elle avait du mal à se remettre du divorce avec Ron. Il se releva et lui proposa avec douceur de reprendre le chemin vers le niveau inférieur.

A chaque pas, Hermione prenait garde de ne pas glisser. Par chance le tunnel était fait d'immenses tubes cylindrique de béton, régulièrement striés de lignes, ce qui sécurisaient ses appuis. Mais elle sentait la peur monter en elle, et ce n'était pas dû uniquement au manque d'oxygène. Elle se sentait en danger. A ses côtés, Harry, malgré les cernes violettes qui semblaient palpiter sous ses yeux, avait repris un air calme et déterminé.

Elle repensa à la réunion de crise qui avait précédé leur départ en mission. Harry était venu l'alerter, son parchemin-rapporteur frémissant sous le bras. Le bureau des Aurors avait reçu quatre signalements en deux semaines, de l'irruption soudaine de dangereuses créatures magiques en Grande-Bretagne. Après enquête, il avait appris de source sûre, que ce phénomène soudain touchait également le monde sorcier français et allemand.

Harry avait tapoté le parchemin-rapporteur du bout de sa baguette. Ce dernier s'était déroulé dans les airs avec un grincement, et tout tremblotant, il avait rapporté le détail de l'enquête d'une voix enrouée et monocorde :

- Les cas répertoriés par Monsieur Potter font apparaître des récurrences. Il s'agirait d'énormes rats, infligeant des morsures mortelles, au cou, au bras ou à l'intérieur de la cuisse. Leurs morsures seraient capables de vider ...hem...un sorcier de sa magie... et , hem, pardon...de son sang, en...hem, quelques minutes seulement.

Le vieux parchemin avait terminé la phrase d'une voix subitement aigüe, entrecoupée de quintes de toux. Harry lui avait alors tapoté le verso pour l'aider, et le parchemin avait repris à toute allure.

- Les rats ont été localisés près de zones ou habitent habituellement les rats. Certains témoins ont donné des descriptions : les rats en question seraient plus grand que la normale, gros comme des chats de champagne ou même des moutons noirs, et ils émettraient des grincements de dents stridents. Des paires d'yeux brillants sont mentionnés dans tous les témoignages, mais nous n'avons pas de détails clairs sur leurs yeux. Une de ces créatures a été capturée en France, et des études sont en cours. Oh, zut… Je tombe ! »

Harry avait replacé à hauteur du regard d'Hermione le parchemin qui venait brusquement de perdre de la hauteur. Elle avait alors pu observer la photographie qu'il affichait sur sa page jaunie. Le rat capturé était d'une taille hors norme, mais on ne pouvait bien voir ni ses yeux, ni ses dents. Il faut dire que la photographie était un peu floue.

- Serait-ce là une forme de « ravampire » ? Avait-elle répondu calmement, en haussant le sourcil. A vrai dire, aucun rat de cette sorte n'a été répertorié jusqu'ici, on pourrait même croire à une légende urbaine... Et comment a t-on établi cette histoire de magie qui se ferait aspirer par le sang ?

Le parchemin-rapporteur s'offusqua et se mit à éructer :

- Une légende ? Une légende ! Inadmissible ! On remet en question la véracité de mon rap...

Mais Harry l'avait interrompu avec passion :

- Hermione, nous sommes en lien avec quelques rescapé·es. Leur magie est profondément altérée, voir anihilée. Iels sont devenus comme des cracmols. Hermione, sache que j'ai aussi espéré une fausse alerte, mais la situation est grave. En Allemagne, un hameau sorcier a été attaqué et décimé, tous les habitant·es sont morts. Leur ministre m'a informé qu'il n'avait pas osé transmettre l'information à la presse, de peur de terroriser la population, et les plus grand·es magicien·nes de gouvernement ont été missionnés pour éradiquer les rats. Hermione, le phénomène peut prendre de l'ampleur, nous devons faire en sorte que ces rats-vampires ne se multiplient pas ici. Il va de notre responsabilité mener des enquêtes. Nous devons agir !

Pour finir, Harry avait fait signe au parchemin-rapporteur, qui, fatigué de toutes ces émotions, s'était mit à ronfler bruyamment, de se replier. Hermione avait qu'acquiescé, prenant peu à peu conscience de la situation. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu Harry s'emporter ainsi. Elle était fière d'avoir auprès d'elle un ami et un Auror aussi fiable. Puis elle l'avait invité à boire un thé à la lavande, méditant sur le fait qu'il était peut-être temps de rénover le matériel poussiéreux du Ministère, voir même les uniformes et les programmes de Poudlard, qui n'avait pas changé depuis cent ans. Cette pensée lui provoqua, sans qu'elle sur dire pourquoi, un pincement au coeur.

Les Aurors en assemblée avaient décidé de chercher les potentiels nids de ravampires (comme leur Ministre, et ancienne employée du Département de contrôle et de régulation des créatures magique les avait justement baptisé) sur tout le territoire, en privilégiant les zones habités par les rats gris et noirs. Harry avait à ce moment-là évoqué les égouts de Londres.

En tant que Ministre de la Magie, Hermione n'aurait jamais du partir en mission avec Harry. Il aurait du proposer un·e autre Auror d'enquêter avec lui. Mais pour une raison qu'elle avait du mal à cerner, elle avait imposé sa présence. Etait-ce sa curiosité pour les créatures magiques ? La solitude de sa vie de politicienne - les affaires magiques étaient, aussi sein de ministère, bien routinières depuis une dizaine d'année ? Ou encore l'intuition qu'enquêter dans les égouts de Londres serait dangereux, et qu'elle voulait être aux côtés de Harry ? Il s'était d'abord opposé, mais il avait fini par se plier à son autorité.

Alors qu'Hermione descendait le tunnel sombre, l'inquiétude grandissait en elle. « Ce n'est pas une bande de gros rats maléfiques qui vont me faire peur » se forçait-elle à penser pour se rassurer. Mais l'image de la ratte déchiqueté à l'entrée du tunnel la hantait. Aussi, il y avait autre chose qui s'agitait dans son coeur, comme un secret enfoui, qui lui donnait le vertige.

Hermione glissait ainsi dans l'angoisse, laissant son plan de déplier jusqu'au sol, dans l'eau grise, quand Harry la stoppa brutalement, bras contre la poitrine.

- Hermione.

Devant elleux, à quelques mètres, là où le tunnel débouchait sur la salle souterraine, brillaient une dizaine de petits yeux. D'un murmure, Hermione élargit le champ de lumière projeté par sa baguette magique. Harry perçut alors à la teinte bleutée de son « Lumos » qu'Hermione avait peur.

- Hermione, n'ai pas peur.

- Je n'ai pas peur. Mentit-elle.

- Je vois que tu as peur, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Elle ne répondit pas. Elle regardait en direction des paires d'yeux brillants. Iel faisaient donc face à ce qui s'apparentait à cinq énormes ravampires. Ces créatures était effectivement hideuses. Leur pelage maigre laissait apparaître par endroits des croûtes sombres. Leurs membres tortueux étaient parcourus de spasmes excités, et leurs longs museaux découvraient des dents crasseuses, effroyablement acérées. Mais le plus effrayant étaient leurs yeux. Si inattendus sur une tête de rat, qu'il était difficile de trouver les mots pour les décrire à première vue.

Harry se préparait mentalement à capturer les créatures, mais il était déstabilisé par l'état d'Hermione. Il ne l'avait jamais vu faillir, elle avait affronté de bien plus grands dangers sans trembler. Il la vit faire un pas en arrière. Elle haletait :

- Harry, leurs yeux… ce sont des yeux humains, ce sont des humains n'est-ce pas ?

- Oui, on pourrait croire. Hermione, reprends-toi. Ne les regarde pas dans les yeux.

- Ils vont … ils vont me tuer… je le sens.

Harry sentit au ton de sa voix qu'elle parlait sincèrement, et il fut gagné par le malaise. Il parla d'une voix ferme, pour rassurer son amie :

- Nous sommes ensemble, Hermione, tu ne vas pas mourir, reste près de moi. Capturons ces bestioles et finissons-en.

Hermione hocha de la tête en serrant les lèvres, et jeta précipitamment un maléfice de saucisson sur les monstres « Petrificus totalus ! ». Harry la seconda. Par chance, les premiers ravampires furent ainsi immobilisés, mais l'affrontement attira une foule de ravampires. Bientôt leur nombre devint tel que Harry et Hermione furent encerclés. Hermione créa avec difficulté un cercle de feu protecteur autour de Harry et elle. Dos à dos, assaillis de toute part, les deux amis durent combattre à mort les affreuses bestioles.

Harry n'avait plus que deux ravampires face à lui, il s'apprêtait à les neutraliser, lorsque la situation dégénéra. Il sentit dans son dos, Hermione s'effondrer. Un énorme ravampire, couvert de croûtes noires, était parvenu à atteindre le corps d'Hermione sous sa cape, et avait enfoncé ses longues dents à l'intérieur de sa cuisse, au coeur d'une artère. Suçant le sang avec avidité, le ravampire déployait toute sa puissance maléfique. Hermione se débattait furieusement. Harry se précipita, neutralisa les dernières créatures qui s'approchaient d'elle, et d'un éclair aussi puissant que la lumière d'une étoile, il tenta de repousser la bête. Cette dernière s'accrocha de plus belle à Hermione, sans doute renforcée par la magie qu'elle lui suçait, mais elle finit par la lâcher, roulant sur le dos dans un affreux bruit de gargouillis. Hermione tenta de se relever en vain, pâle comme la mort. Elle murmurait d'une voix faible :

- Non… je ne veux pas mourir...

- Hermione, je suis là, je vais te sauver. Il se pencha vers elle.

- Derrière-toi... Harry...Attention... le cercle de feu... »

Le cercle de feu protecteur s'était éteint et Harry sentit une douleur aiguë lui percer le mollet, il laissa tomber sa baguette au sol. Le dernier ravampire restant grimpa sur son torse, le griffa au visage, et l'attrapa au cou. La vue de Harry se brouilla de douleur, il tomba à genoux, repoussant dans sa chute l'horrible créature. Alors qu'il cherchait sa baguette, l'animal reprit l'assaut et planta ses dents acérées dans le creux de son bras. Harry sentit une chaleur brûlante se répandre dans son bras. Le ravampire aspirait goulûment sa magie. Harry entendit alors Hermione gémir de loin, elle l'encourageait :

« N'abandonne pas, Harry... je t'aime... par pitié »

Hermione agonaisait.

Hurlant à plein poumons sa haine et sa douleur, Harry se défit de l'emprise du ravampire. Dans un dernier élan magique, il attira à lui sa baguette et prononça pour la première fois de sa vie : «Avada Kedavra ! ».

Alors qu'il perdait connaissance, il vit, dans une lumière éblouissante, une forme claire se lever au-dessus de lui, et traverser la salle. Indistinctement la voix d'Hermione sembla murmurer une dernière parole. Son amie la plus chère, Hermione Granger, était morte. Un sanglot immense étreignit son coeur puis ce fut l'obscurité.