Bonjouuur !

Je suis en pleine réflexion sur les évènements finaux de la fic, pour pouvoir écrire la suite de manière cohérente. J'ai des idées qui viennent petit à petit hihi

En attendant je vous laisse avec le nouveau chapitre !

Attention TW pour ce chapitre : automutilation

Bonne lecture !


Asuna Konoe avait dix ans.

Elle était enfermée dans sa chambre, et se faisait passer pour malade depuis près de dix jours. Depuis qu'elle était allée dans ce parc, et qu'elle avait compris que le moindre de ses désirs seraient exaucé, pour peu qu'elle le veuille vraiment, et qu'elle sache que c'était possible.

Elle avait compris. Elle savait que tout était possible.

Elle était donc en danger de mort.

Asuna avait convaincu le médecin qui était venu la voir qu'elle avait de grosses douleurs liées à son accident, quelques mois plus tôt. Par chance, il en avait conclu qu'elle avait somatisé le traumatisme, qu'elle avait surtout besoin d'une longue période de repos, et l'avait laissée tranquille pour au moins quelques semaines avec une jolie prescription. Asuna ignorait quelle part de son pouvoir avait joué là-dedans, mais elle avait un besoin vital de cette période de solitude.

L'enfant prenait constamment des analgésiques et des anxiolytiques qui ralentissaient ses pensées, dans l'espoir d'endormir son cerveau, et donc d'endormir ses souhaits. Dans l'obscurité de sa chambre, à l'abri de stimuli qui pourraient l'emporter dans des chemins de pensée dangereux, elle passait ses journées dans le brouillard, à se répéter constamment des comptines ou des litanies sans aucun sens, à faire des gestes répétitifs avec ses bras ou ses jambes, juste pour occuper son esprit, et s'empêcher de réfléchir à une quelconque envie létale qui pourrait lui passer par la tête.

Asuna était dans un état méditatif où elle ne faisait que contempler la réalité de loin, sans vraiment réaliser qu'elle était ancrée à un corps. Parfois même, Asuna oubliait qu'elle existait. Elle n'était plus rien, rien de plus qu'un train de pensées monotone qui ne devait jamais dévier, jamais s'arrêter, sous peine de mourir.

Au fond de son cerveau, pourtant, elle savait une chose. Elle avait bien pris soin de ne pas en faire une envie, un désir, quelque chose qui venait du coeur. Elle l'avait dépouillée de tout sentiment, et l'observait comme si c'était une curiosité, un objet qui ne l'impactait pas vraiment. Elle savait qu'elle devait trouver une solution. Pas parce qu'elle le désirait, pas parce qu'elle ne voulait pas mourir. Juste parce qu'il le fallait.

C'était la seule pensée qu'elle s'autorisait à garder, et seulement parce qu'elle avait réussi à la détacher d'un quelconque désir. C'était la seule qu'elle avait choisi de sauver, parce que c'était la seule indispensable.

Pourtant, elle ne suffisait pas. Il fallait qu'elle puisse réfléchir. Elle tenait depuis dix jours, et elle considérait cela comme une victoire. Les jours passaient pourtant, et l'ombre d'une solution ne se profilait toujours pas. Elle n'y arrivait pas, elle ne pouvait pas y penser, elle avait trop peur.

Il allait pourtant falloir qu'elle se lance.

Asuna savait désormais reconnaître lorsque ses pensées s'envolaient vers des destinations interdites, c'est-à-dire tout ce qui n'était pas une comptine ou la simple pensée qu'elle devait trouver une solution. Dès que cela arrivait, avant d'avoir pu imaginer une chose quelconque qu'elle pourrait désirer, elle se faisait mal. C'était la seule façon qu'elle avait trouvée pour vider son cerveau d'un coup. Les médicaments n'allaient pas assez vite en cas d'urgence.

Au début, elle se griffait, se plantait ses ongles dans sa paume, se donnait des coups de poing. Quand son cerveau ne voulait pas s'arrêter, cependant, il fallait qu'elle se fasse plus mal. Alors elle se coupait, avec une lame de ses ciseaux, là où personne ne pourrait le voir : ses épaules, son ventre, ses cuisses. Ce n'était probablement pas sa meilleure idée puisqu'à rester alitée elle allait forcément revoir le médecin à un moment, mais réfléchir était impossible. Il fallait juste couper. Couper ses pensées. Couper sa peau.

Petit à petit, Asuna commença à réaliser que cela fonctionnait. Elle avait moins besoin de se couper. Elle avait probablement l'air d'un zombie mais elle n'était plus rien. Rien que des comptines, des gestes répétitifs qu'elle faisait avec ses mains, et la certitude qu'elle devait trouver une solution.

Enfin, après environ un mois d'alitement, prête à se couper au moindre problème, elle s'autorisa à réfléchir. Elle essaya de d'envisager la situation de manière détachée, comme si sa propre personne lui était extérieure, et qu'elle n'était qu'une énigme intéressante à résoudre. Aucun désir, simplement des pensées pures, rationnelles, et la nécessité de continuer. Dès qu'elle sentait qu'elle glissait sur une pente dangereuse, elle se coupait, et se forçait à reprendre son raisonnement depuis le début. Elle n'avait plus de désirs, plus de moteur. La seule chose qui avait le droit de la pousser en avant, était la rationalité. Elle avançait, parce qu'elle le devait. C'était tout. Les objectifs étaient des données, la réflexion un moyen d'y parvenir. Rien de plus.

J'ai faim. Je suis fatiguée. Je m'ennuie. J'ai mal.

Rien n'était bien, rien n'était mal. Tout était là.

J'ai faim. J'ai envie de…

Chaque fois qu'elle déviait, la douleur la remettait dans le droit chemin.

J'ai faim. C'est tout. J'ai faim, c'est tout. J'ai faim. Voilà, rien de plus. C'est là. Je dois manger.

Petit à petit, ce mode de fonctionnement devint de plus en plus naturel pour Asuna. Elle pouvait analyser différents paramètres, les comparer à son objectif, et pousser des raisonnements pour l'atteindre. Elle pouvait fonctionner ainsi. Elle le devait. Pas d'envies, seulement des devoirs.

Lorsque le médecin revint lui rendre visite, au bout de deux mois, elle était aussi prête que possible. Elle prétendit se sentir beaucoup mieux, et il sembla convaincu. Elle s'autorisa même à utiliser son pouvoir pour qu'il ne l'examine pas.

Elle avait veillé à se rationner les médicaments, de façon à être capable d'en garder en réserve. Elle avait tout fait pour que ses nouveaux automatismes soient assez solides à l'épreuve de la vie, mais elle avait besoin d'issues de secours. Elle aurait aussi probablement besoin de les entretenir et de les solidifier au contact de situations variées. C'est pourquoi elle avait déniché plusieurs petits couteaux, qu'elle gardait en permanence sur elle, au cas où.

Asuna consacra le temps qu'il lui restait avant la rentrée à se préparer. L'avant-dernière année avant le collège ne serait qu'une formalité pour elle, elle avait déjà ses amis, déjà ses repères dans le quartier et dans l'école. Elle n'aurait aucun problème scolaire non plus. Son objectif serait simplement de vivre une année normalement.

C'est-à-dire, sans mourir.

Elle recommença à sortir, ses lames toujours à portée de main, contemplant le monde extérieur, indifférente à la réalité tout en s'efforçant d'observer le moindre détail qu'elle pouvait saisir des scènes qui l'entouraient. La rue, le parc, la ville. Des immeubles, des arbres, des oiseaux. Des personnes, des conversations. Elle intégrait tout, acceptait tout, mémorisait tout. Tout ce qui pouvait avoir un impact sur elle, devenait de simples données, prêtes à être exploitées selon ce qu'elle déciderait. Elle-même n'était plus qu'une donnée comme les autres. Les ressentis pouvaient exister, tant qu'ils n'étaient que cela. Tant qu'ils ne donnaient pas lieu à des désirs.

Enfin, la rentrée arriva, et Asuna se sentait prête.

Son objectif était clair, et elle mettrait tout en oeuvre pour y parvenir.

Survivre un an.


Lorsqu'Asuna se réveilla ce matin-là, elle se sentait bizarrement fraîche et reposée. Comme si sécher son entraînement et prendre du temps pour se reposer était bénéfique pour son corps. Asuna rejeta cette hypothèse ridicule et se leva pour se préparer, bien décidée à mettre à profit sa séance d'entraînement avec Mina le soir-même pour se rattraper. Elle avait très faim, il fallait donc qu'elle passe aux cuisines avant les cours.

La journée se déroula normalement. La détentrice de l'Alter Chance écouta attentivement en cours, partagea son repas de midi avec Mina et Kirishima, alla nettoyer les toilettes après les cours de l'après-midi sans croiser Bakugo qui s'occupait des douches et finalement, se prépara pour sa séance d'entraînement avec Mina.

Asuna n'avait pas oublié que son amie lui cachait quelque chose. Elle n'avait pas le sentiment que son Alter ait servi à quoi que ce soit pour aider Mina pendant le cours d'All Might, et pourtant celle-ci l'avait remerciée. Avait-elle le pouvoir de détecter les Alters ? Les intentions ? Les émotions ?

Elle n'avait pas encore décidé si elle allait la confronter ou pas. Elle allait voir comment se déroulait leur séance, puis elle aviserait.

L'objet de ses réflexions la rejoignit au centre d'une petite clairière percée dans la forêt qui ceignait le campus. Toutes deux avaient revêtu leur tenue de sport, et apporté de quoi boire et grignoter. Mina avait même ramené une enceinte portable, de façon à pouvoir écouter de la musique pendant l'entraînement.

Asuna suggéra qu'elles commencent à s'échauffer en trottinant aux alentours, puis avec des exercices spécifiques, ce que Mina approuva avec enthousiasme. Après environ vingt minutes, Asuna estima qu'elles pouvaient passer aux choses sérieuses.

« Selon toi c'est quoi, ton niveau en combat, à peu près ? demanda Asuna, soucieuse d'adapter son enseignement à son élève.

– Globalement, je sais me défendre, estima Mina. J'ai la souplesse, la force physique, pas mal de technique, mais je manque surtout de tactique.

– Parfait, c'est ma spécialité.

– J'avais remarqué ! »

Souvent, Asuna se questionnait sur l'image qu'elle renvoyait auprès des autres. Était-elle si lisible ? Cette idée la révulsait.

Les deux amies se postèrent l'une en face de l'autre au centre de la clairière, séparées de quelques mètres.

« La clef, c'est l'entraînement et la répétition, avec méthode. Je vais t'attaquer, toujours de la même façon, et tu devras trouver le moyen de me mettre le plus en difficulté possible, en utilisant le moins de ressources possible. Les ressources, c'est ton temps et ton énergie. Dès que tu auras trouvé la parade optimale, je t'attaquerai d'une autre façon. »

Mina hocha la tête et toute trace d'aménité disparut de son visage pour laisser place à une intense concentration et une expression vaguement hargneuse. Elle se mit en garde.

En face, Asuna l'imita. Puis passa à l'action.

Chaque situation de combat pouvait être réduite à la somme de différents paramètres élémentaires : la distance entre les adversaires, leur vitesse et leur accélération, leur inclinaison par rapport aux différents axes d'intérêt – les axes fixes du référentiel du décor mais également les axes mouvants de leur adversaire, leur position qui était elle même décomposable en plusieurs paramètres élémentaires – comme la flexion des jambes, la rotation du visage ou la posture du dos. La complexité était immense, mais il était possible de trouver des moyens de simplifier l'analyse. En ordonnant les paramètres en différents degrés de complexité, et en éliminant les combinaisons non pertinentes, on pouvait élaborer une méthode permettant de construire des réflexes à toute épreuve, allant des situations les moins complexes aux plus complexes, comme une construction de briques. Le combat, finalement, n'était qu'une allégorie de ce qu'était la vie d'Asuna au complet.

Les deux amies passèrent les deux heures qui suivirent à s'entraîner sur différentes situations amenées par Asuna, sans jamais enchaîner plus d'une action pour l'instant. Les enchaînements viendraient plus tard.

À la fin, elles se laissèrent tomber au sol, en sueur, et se désaltérèrent. Elles sortirent les différents snacks qu'elles avaient récolté à la cuisine, et entamèrent leur pique-nique improvisé.

Il s'écoula à peine quelques minutes avant que Mina ne prenne la parole. Elle avait un ton hésitant, qui n'était pas habituel chez elle et qui ne lui allait pas.

« Asuna… Est-ce que tu m'en veux ? »

Asuna ne put retenir l'expression ébahie qui lui échappa. Rien n'allait dans cette phrase. Pourquoi en voudrait-elle à Mina ? Pourquoi en voudrait-elle à qui que ce soit ? Elle n'attendait rien de personne, elle n'était même pas sûre d'avoir déjà réellement expérimenté du ressentiment vis-à-vis de quelqu'un.

Son visage devait parler pour elle, car avant qu'elle ait pu trouver quoi répondre, Mina reprit :

« Je veux dire… J'ai l'impression que tu n'as plus confiance en moi, depuis notre combat, hier. »

Confiance.

Confiance.

Le mot résonna étrangement dans le crâne d'Asuna, jusqu'à ce qu'enfin elle parvienne à faire le lien.

Confiance. Combat. Hier.

Le sentiment inconnu.

La révélation lui fit l'effet d'un électrochoc. Ses yeux s'arrondirent sous la surprise. Elle croisa le regard incertain de Mina. Trop troublée pour sauver les apparences, Asuna décida impulsivement de mettre les pieds dans le plat. Avec élan, si possible. Elle avait besoin d'extérioriser.

« C'est ça, n'est-ce pas ? Ton pouvoir. »

Cette fois, ce fut au tour de Mina d'afficher une expression choquée. Décidant de lui épargner la lourde tâche de déterminer si elle devait se confier ou pas, Asuna lui coupa l'herbe sous le pied :

« Pendant le combat, je me souviens de ce que j'ai ressenti. C'était un élan de confiance en toi. C'est pour ça que ton pouvoir était si puissant, pour ça que tu m'as remerciée. Tu puises ton pouvoir dans la confiance que t'accordent les autres. »

C'était pour cette raison que son Alter à elle n'avait pas eu besoin d'être utilisé : la puissance qu'elle avait insufflée sans le savoir à Mina avait suffi à exaucer son souhait de la sauver. Et lorsqu'Asuna avait eu peur que son amie n'ait découvert son secret, la confiance avait disparu d'un coup, d'où la crainte de cette dernière. Elle était probablement capable de capter ce sentiment qui alimentait son Alter.

En face, Mina avait repris une contenance. Son visage était fermé.

« Ou la confiance que je m'accorde moi-même. Plus je suis sûre de moi, plus je suis puissante. »

Asuna hocha la tête en signe de compréhension. Cela faisait sens.

« Mais tu n'allais pas si bien hier, se souvint-elle. C'est pour ça que tu as eu besoin de mon aide ?

– En gros, oui, soupira Mina. La confiance en moi, ce n'est pas quelque chose d'inné chez moi. Ni d'acquis. Tout le contraire, même.

– Comment ça ? »

Mina planta ses yeux dans les siens pendant de longues secondes. Vaguement mal à l'aise, Asuna attendit le résultat du test qu'elle était visiblement en train de passer.

« Je serais d'accord pour t'en parler à un moment, d'autant plus que je sens que tu as de nouveau confiance en moi, hésita Mina. Mais moi, je n'ai plus confiance. J'ai besoin de savoir pourquoi tu n'avais plus confiance en moi, hier, quand je t'ai remerciée.

– Je ne comprenais pas pourquoi tu m'avais remerciée.

– Ce n'est pas suffisant.

– Tu sais, j'ai besoin de comprendre ce qu'il se passe autour de moi… » Asuna ne pensait pas trop en dire sur elle en avançant ce qui était probablement déjà évident. « Je t'ai trouvée bizarre, c'est tout. »

Mina se pinça l'arête du nez en secouant la tête.

« Tu me prends vraiment pour une débile, hein ? La confiance s'est rompue, d'un coup, comme ça. C'était comme un fouet qui claque dans mon esprit. Tu vas me faire croire que tu réagis comme ça quand tes potes te disent merci ? »

Asuna prit quelques secondes pour réfléchir. Elle était reconnaissante envers Mina de lui avoir permis de poser un nom sur ce sentiment nouveau, la confiance – il faudrait d'ailleurs qu'elle réfléchisse à ce que cela impliquait pour elle. Elle n'avait plus de doute sur le fait que Mina puisse avoir découvert son secret, puisque toute cette histoire n'était qu'une malheureuse coïncidence. Pourtant, elle ne ressentait pas de soulagement.

Elle avait confiance en Mina.

Elle ne voulait pas lui mentir. Même Bakugo connaissait la vérité !

La sensation de chaleur enfla, quelque part près de son coeur.

« J'ai un Alter, lâcha-t-elle de but en blanc. J'ai eu peur que tu l'aies découvert. »

Mina abandonna son expression peu amène pour ouvrir de grands yeux ronds. Elle se reprit rapidement et se rapprocha d'elle, les yeux brillants de curiosité.

« Quel Alter ?

– La Chance.

– Tu m'as donné de la chance pour que je parvienne à m'en sortir ?

– C'est ça. Mais je pense qu'elle n'a pas servi.

– Et tu as cru que je t'avais remerciée pour ça ?

– Oui. »

Mina éclata de rire. Un peu étonnée, Asuna se laissa finalement contaminer et joignit son rire au sien. Après quelques dizaines de secondes, son amie reprit, les sourcils légèrement froncés :

« Pourquoi tu le caches ?

– Parce que c'est un pouvoir dangereux. Je préfère être la seule à en connaître l'existence, de façon à pouvoir mieux le maîtriser.

– Qui d'autre est au courant ?

– Midoriya et Bakugo. Ils ont deviné, je n'ai pas eu le choix. »

Mina fronça les sourcils et sembla vouloir poser d'autres questions, puis se ravisa, comme pour les remettre à plus tard. Elle rouvrit cependant la bouche après quelques secondes, semblant choisir ses mots avec soin :

« Pourquoi cet élan de confiance au moment de m'aider avec ton Alter ? C'était à couper le souffle. Je ne suis pas sûre d'avoir déjà ressenti une confiance en moi aussi intense. C'était comme si tu me confiais… ta vie. »

Asuna hocha la tête. Cette question était prévisible, elle-même se la posait. La réponse se déroula sur ses lèvres en même temps que dans ses pensées.

« Parce que c'était le cas. C'est un peu difficile à expliquer sans décrire précisément le fonctionnement de mon Alter, mais je ne l'utilise que quand je suis sûre de ce que je fais, à cent pour cent. Si je me trompe, je risque je payer un prix élevé, et la peine peut être capitale. Je ne voyais pas la situation dans laquelle tu étais, je ne pouvais pas doser ma quantité de pouvoir pour t'aider, mais j'ai lâché prise. J'ai eu confiance dans le fait que tu as des capacités énormes, et que je n'aurais pas à payer une trop grande quantité de pouvoir pour que tu t'en tires. »

Les yeux de Mina n'étaient plus brillants de curiosité. Ils étaient brillants de larmes. Asuna se sentit soudain désemparée.

« Tu as confiance en moi à ce point ? demanda-t-elle d'une voix brisée.

– Oui », répondit Asuna sans hésitation malgré la gêne qui s'intensifiait. Si elle était bien certaine d'une chose, c'était de sa capacité à cerner les autres. « Je t'ai déjà vue plusieurs fois à l'oeuvre, et tu es forte. Tu maîtrises très bien ton corps. J'ai confiance dans tes capacités. »

Asuna n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit, que Mina se jetait dans ses bras pour la serrer contre elle.

La chaleur explosa dans sa poitrine, se muant en brasier.

D'un coup, le cerveau d'Asuna se déconnecta. Elle ne réfléchissait plus, ne ressentait plus. Dissociée de la réalité, elle se vit comme de l'extérieur rendre machinalement son étreinte à Mina. Elle attendit un temps qui lui sembla acceptable, avant de déclarer, d'une voix calme :

« On devrait rentrer. »

Elle ignora le regard interrogateur de son amie. Cette dernière sembla vouloir dire quelque chose, mais elle abandonna pour suivre Asuna qui se relevait.

Les deux amies rangèrent leur pique-nique, rassemblèrent leurs affaires, et se rendirent d'un pas rapide à leur bâtiment.


Les choses revenaient peu à peu à la normale. Une semaine s'était passée depuis le cours d'All Might. Asuna avait repris son quotidien, à base d'assiduité en cours et dans ses entraînements personnels, qu'elle partageait avec Kirishima et Mina, et parfois d'autres personnes. La routine se remettait en place, et la rassurait.

Elle avait eu l'occasion de repenser aux évènements de la semaine passée. Ce nouveau sentiment, la confiance qu'elle avait accordée à Mina, à Bakugo, et selon toute probabilité à Midoriya aussi, avait été accepté et rangé à sa place. Asuna avait assimilé le fait que dans une certaine mesure, elle n'était plus complètement seule. La question qu'elle se posait souvent, c'était pourquoi ?

Pourquoi ce sentiment était-il apparu chez elle ? Pourquoi envers ces personnes ?

Pour Midoriya et Mina, elle pouvait se dire que c'était à cause du fait qu'elle détenait également leurs secrets. C'était loin d'être suffisant, mais c'était un début d'explication.

Mais Bakugo ? C'était un mystère.

Alors, comme elle ne voyait pas de danger imminent à cette situation, Asuna avait accepté ce nouvel état de fait comme une donnée. À défaut de réellement comprendre, ou plutôt en attendant que ce soit le cas, elle devrait faire avec. Ça, au moins, c'était un domaine dans lequel elle excellait.

En fait, elle était surtout tourmentée par ce qu'il s'était passé avec Mina, à la fin de leur entraînement. Cette chaleur brûlante qu'elle avait ressentie, c'était une sensation qu'elle connaissait, et qu'elle avait aimé ressentir par moments. Elle était d'ordinaire agréable, et apparaissait souvent quand elle utilisait son Alter, ou qu'elle s'amusait. Ces derniers temps, elle était apparue en côtoyant d'autres personnes, Bakugo par exemple. Mais elle avait atteint une intensité jamais égalée quand Mina l'avait prise dans ses bras, et à ce moment là, elle avait eu l'impression d'être en danger. Elle avait eu peur de mourir.

La dernière fois qu'elle avait ressenti cela, elle avait dix ans et tentait par tous les moyens de dompter son esprit pour que son Alter ne la tue pas.

Ce n'étaient pas de bons souvenirs.

Asuna avait décidé de laisser cet évènement de côté, incapable d'y repenser sans être saisie d'une peur difficilement maîtrisable. Elle avait préféré se reconcentrer sur ses objectifs et faire le point.

Elle pouvait désormais affirmer avec certitude qu'elle avait une connaissance approfondie de ses camarades, de leurs Alters, des relations qu'ils entretenaient les uns avec les autres et de leurs personnalités. Le campus de Yuei n'avait plus de secret pour elle, et elle-même était satisfaite des relations qu'elle avait construites depuis la rentrée, notamment avec Mina, Kirishima et Midoriya. Elles étaient suffisantes pour l'instant, elle était intégrée mais restait discrète. Les secrets qui la liaient à Mina et Midoriya étaient puissants, et elle espérait pouvoir en faire bon usage à l'avenir. Elle avait réussi à se lier au successeur d'All Might, et comptait tirer parti de cette relation. Elle sentait qu'elle avait réussi à stabiliser son pouvoir dans ce nouvel environnement. Elle comptait établir un plan prochainement pour avancer vers son objectif final.

Avant cela, toutefois, elle avait besoin d'en savoir plus sur l'Alter du professeur Aizawa, qui pouvait se révéler être un élément important duquel elle devrait tenir compte dans ses plans. Elle ne savait pas si celui-ci avait deviné qu'elle avait un Alter, mais elle comptait trouver ses réponses dès que l'occasion se présenterait.

Bakugo et elle avaient terminé leurs corvées la semaine passée, et n'avaient plus échangé depuis leur brève discussion. Apparemment, il n'avait pas cru Midoriya quand celui-ci lui avait avoué la nature de son pouvoir. Asuna était scandalisée qu'il puisse faire preuve d'autant de clairvoyance vis-à-vis d'elle tout en restant si prodigieusement stupide lorsqu'il s'agissait de Midoriya. Elle aurait préféré qu'il soit stupide tout le temps, ça l'aurait arrangée. Non pas qu'il ne soit pas évident que le but ultime de Bakugo était de la faire chier.

Les élections des délégués avaient eu lieu la veille. La journée avait été mouvementée, puisqu'une alerte intrusion avait été déclenchée au milieu de la pause déjeuner par une horde de journalistes qui avaient appris qu'All Might donnaient des cours à Yuei. Asuna s'en était sortie sans mal, à l'abri des mouvements de foule des élèves paniqués grâce à son pouvoir, mais beaucoup d'entre eux avaient été secoués. Finalement, Iida et Yaoyorozu avaient été désignés pour être délégué et déléguée suppléante. Cette décision convenait parfaitement à Asuna. Après tout, personne ne ressemblait plus qu'eux à un papa et une maman dans cette classe, il fallait bien que ça serve à quelque chose.

Ce matin-là, toute la classe avait été réunie dans le simulateur de catastrophes et d'accidents (SCA) du lycée Yuei. L'endroit faisait partie des facilités qu'Asuna n'avait pas pu explorer, puisqu'elles étaient fermées en l'absence de cours dédié au sauvetage et à la gestion des désastres et catastrophes naturelles. Elle écoutait attentivement Numéro 13, la professeure spécialisée dans le domaine, dont l'Alter lui permettait de créer des trous noirs.

« Mon pouvoir est puissant, mais potentiellement mortel, expliqua Numéro 13. Certains parmi vous peuvent me comprendre. Notre société réglemente l'utilisation d'Alters, de façon à nous protéger, mais il existe des pouvoirs qui peuvent tuer à la moindre erreur. »

Asuna n'eut pas de réaction. Ce qu'énonçait la professeure était une évidence.

« Vous avez découvert avec le professeur Aizawa – il hocha la tête – le potentiel que recèlent vos Alters, et le cours d'All Might – il était absent – vous a appris les conséquences que peuvent avoir vos pouvoirs sur les autres. Le but de mon cours est de vous apprendre à utiliser vos pouvoirs pour sauver des vies. »

Asuna retint un sourire ironique. Si Numéro 13 parvenait à lui apprendre ne serait-ce qu'à sauver sa propre vie, elle lui vouerait un culte.

La voix du professeur Aizawa venait à peine de s'élever pour énoncer des instructions, une fois les applaudissements des apprentis héros galvanisés par le discours de Numéro 13 apaisés, qu'une immense ombre apparut au dessus de la fontaine de la place centrale. D'après la tête d'Aizawa, ce n'était visiblement pas prévu. Immédiatement, Asuna se tendit. Ignorant les paroles de ses camarades à ses côtés, elle se concentra toute entière sur ce qui était en train de se dérouler sous ses yeux.

« Restez où vous êtes. Ce sont des super vilains », déclara Aizawa en chaussant ses lunettes de combat.


Et voilà, le début d'un nouvel arc…

Dites moi ce que vous avez pensé de l'entraînement avec Mina ! Des fois, j'ai l'impression que mon personnage m'échappe mdr. Mon but est qu'elle soit cohérente, des fois j'ai envie de placer des informations ou des discussions mais ce n'est pas le moment, parce qu'Asuna a une personnalité assez complexe que j'essaye de respecter. Breefffff n'hésitez pas à me faire part de vos avis/conseils/interrogations !

Bisouuuus

Eanthy