Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas.
Note : Cette Fanfiction a été écrite dans le cadre du fest' organisé par FESTUMSEMPRA sur le thème « Seven Deadly Sins »
De mes ténèbres, tes ombres
Ta seule ombre, Godric, est celle que le soleil peint en s'échouant sur ton corps. Il n'y a en toi aucune obscurité pesante, tu es l'éclat glorieux qui guide les démunis, le phare assez brillant pour illuminer une nuit sans lune. Tu ignores tout des ténèbres qui broient l'esprit et l'âme, tu n'as jamais éprouvé rien d'autre que la chaleur du monde. Ce n'est pas sans raison si ta maison porte les couleurs du feu, tu es la flamme dévorante, tu es le phénix qui tombe et se relève avec plus de force et de courage. Ton dortoir s'élève si haut, il palabre avec le ciel, rit avec les astres, et domine de sa tour l'ensemble du château, tout comme tu imposes ta silhouette à ces élèves émerveillés et désireux de te ressembler. Déjà ton nom s'est forgé une place dans l'Histoire, toi le preux chevalier à la main de fer mais au cœur tendre.
Ici seulement, au creux de ton sommeil et de mes bras, les ombres t'effleurent, sans que tu en aies conscience. Elles voudraient te dévorer avec la même passion que celle qui m'anime lorsque ma chair s'abat sur la tienne. J'aimerais admirer ton regard plongé dans le noir de la folie, j'aimerais m'abreuver à la source de tes peurs, j'aimerais aspirer ton essence bienheureuse pour n'y laisser qu'une place vide et glacée. Sous mes paumes, les battements de ton cœur sont apaisés, loin de cette furieuse cavalcade qui était la leur quelques instants plus tôt alors que nos soupirs lézardaient le silence de ma chambre. Tu as le visage d'un ange, Godric, auréolé d'ardeur, accroché au paradis de ton existence bien que je sois là pour précipiter ta chute vers mon enfer. Tu pourrais devenir mon porteur de lumière, l'étoile de mes matins filant au gré de nos humeurs, toi qui as ravi tout ce qui m'appartenait.
Dans ma bouche, un goût de cendres demeure. Je n'ai pas l'intelligence de Rowena, la douceur d'Helga, ou le courage qui est le tien, je n'ai que la ruse pour me tirer de mes mauvais choix, et pour m'attacher à la douleur de l'impossible. Je ne suis pas sourd aux murmures qui bruissent au sein de notre communauté, nombreux sont ceux qui attendent de toi des actes bien plus flamboyants. Ils te veulent en chef incontesté, ils estiment que tu perds ton temps auprès de nous, à enseigner le savoir et la magie à toutes ces générations de sorciers et sorcières. Tes prouesses sont spectaculaires, Godric, tu es un maître, comme le fut autrefois Merlin. Quant à moi, l'oublié, je navigue dans les eaux empoisonnées de la magie noire, je bois les gouttes des philtres de mort pour me démarquer de mes semblables.
Combien de fois, ces derniers mois, ai-je rêvé de t'entraîner dans mes abîmes ? Il me plairait de te tendre la main vers mes fantômes, de danser avec toi les pas de la camarde, de souffler sur les braises d'un nouveau feu. Ton corps est mien, Godric, peut-être ton cœur l'est-il aussi, mais un fossé nous sépare, creusé par tes bienfaits et ma jalousie. Sais-tu à quel point elle serre mes entrailles d'une main implacable, en sifflant à mes oreilles une mélopée à laquelle je cède peu à peu ? Tu es le lion aux griffes acérées, je ne suis que le serpent à la langue fourchue. Que ne donnerais-je pas pour que tu rampes à mes côtés, embourbé dans les feuilles, et non dressé en majesté sur ton roc.
« Salazar ? »
Mes doigts se sont serrés sur ta peau, t'éveillant. Dans la cheminée, le feu s'est éteint depuis longtemps mais je n'ai pas besoin de ses flammes pour deviner le froncement de tes sourcils ou le pli de ta bouche. Je me presse contre toi en m'excusant, glissant dans ce geste les ombres de mon corps qui s'étendent sur le tien. Tu ne plies devant personne, Godric, tous sont à tes pieds et réclament ta clémence en tremblant. Face à moi, tu ôtes l'armure du guerrier pour revêtir la soie de l'amant, me permettant à loisir de contempler l'homme derrière le sorcier. Tu marmonnes quelques mots, la voix ensommeillée, et tu rejoins le pays des songes. J'ai failli utiliser ma magie sur toi pour percer tes défenses et entrer dans tes illusions oniriques mais jamais je n'en ai eu l'audace, pleutre que je suis. Courageux mais pas téméraire, dirait l'adage ; je ne suis ni l'un ni l'autre.
Ton souffle est lent, endormi, et moi je ne parviens pas à fermer l'œil. Pour cela aussi je te jalouse, Godric. Tu es capable de sombrer en un instant et de redevenir un redoutable combattant dans le grain de sable qui s'écoule ensuite. Tu ne dormirais pas aussi sagement si tu savais quelle créature prendra bientôt ses aises dans ce lieu-même qui a vu naître et grandir nos ébats. Demain, à l'heure où le soleil aura décru pour offrir au monde le regard borgne de la nuit, je ne serai plus là, à Poudlard. Cette chambre où dort notre secret est vouée à disparaître dès que je quitterai l'enceinte du château. J'ai pris du temps pour tisser ce sortilège, j'en suis assez fier, moi qui n'ai pas l'art de Rowena. Toi-même, tu ne retrouveras pas cette pièce malgré les heures que tu y as passées, et tu ne pourras pas l'ouvrir.
Tu connais mon intérêt pour le dessin et mes regrets de ne jamais avoir eu le courage de présenter mes tableaux à de nobles acquéreurs. J'ai esquissé une salle immense, merveilleuse, où mon visage trônera aux côtés d'une bête de mon cru. Je suis Salazar Serpentard, l'emblème de ma maison est un serpent, il est normal que mon dernier héritage dans cette école en soit à la hauteur. Le basilic ne te fera aucun mal, ni à toi ni à tes élèves ; je le laisse là pour l'avenir, pour qui aura l'audace de percer mon secret et d'en devenir le nouveau propriétaire. Parler le fourchelang est un don rare et précieux mais j'ai le sentiment qu'un jour ou l'autre, quelqu'un prendra ma relève. Et au-dessus de cette pièce, au-dessus du souvenir de nos moments volés, de ta silhouette épousant la mienne en un improbable brasier, un long conduit rejoindra une salle d'aisance pour décourager les importuns. Qui sait ce qu'elle sera dans quelques siècles, Poudlard se conforme si bien au temps qui passe et aux changements qui s'opèrent.
En un mot, je rallume le feu, projetant des ombres sur les murs et sur ta peau. Je bouge mes doigts sur ta chair, inventant une mélodie dans le silence, obnubilé par les formes qui s'agitent sur la pierre. Si tu étais comme moi, Godric, tu ouvrirais tes bras aux ténèbres en riant de leur caresse phantasmagorique. Tu as accepté mes baisers, mes étreintes enfiévrées, mes désirs, alors prends cette obscurité qui suinte de mon être. Embrasse la noirceur de mon âme, comme si elle était tienne, comme si tu en avais besoin pour compléter ta vie.
« Dors un peu, grognes-tu en ouvrant les yeux. Nous devrons aller dans la forêt interdite demain, pour les potions d'Helga.
— Quelques sortilèges rempliront nos paniers. Tu as été absent pendant deux lunes, Godric, je peux bien profiter de ta présence. »
Un sourire endormi flatte tes lèvres et illumine tes traits. Tu portes une main à mon visage, tes phalanges glissent sur ma mâchoire, dévalent ma nuque, se perdent sur l'arrondi de mon épaule. Je frissonne, non de froid mais de remord, conscient que ces moments vont me manquer. Je suis un assoiffé qui se repaît de tes membres vigoureux, de ton corps qui ploie sous le mien, de ta voix qui murmure mon prénom avec une dévotion sans égale. Ta bouche a commencé sa quête en s'aventurant sur ma peau, brouillant mes pensées les plus rationnelles. Je pourrais changer d'avis pour toi, Godric, pour me réveiller tous les matins dans tes bras, pour peindre l'avenir aux couleurs de tes yeux, pour oser affronter ce monde avec ton courage.
D'un geste doux, j'interromps tes baisers, te poussant à revenir vers ma bouche. Je me nourris à tes lèvres, moi qui vais bientôt m'imposer un jeûne douloureux. Bientôt, je deviendrai l'un de ces sorciers ayant eu une vie qui suivait un chemin tracé à l'avance. Je trouverai une femme, Godric, et je la comblerai d'enfants pour lui faire oublier que nul amour n'existera entre nous ; son affection se portera sur nos descendants. Les sorciers de sang-pur agissent ainsi, n'est-ce pas ? Ils perpétuent leur sang et leur magie, en dédaignant les moldus et leur engeance. Tu me répètes souvent que rien de cela n'a d'importance mais notre relation contredit tes mots. Rowena et Helga ignorent que tes soirées brûlent avec les miennes, tu leur as dissimulé la vérité, et j'ai accepté d'entrer dans ton jeu. Mais de nous deux, qui est celui qui gagne aux échecs ? Qui est l'homme qui a tant de fois abattu ton roi ?
« Où es-tu, Salazar ? t'enquiers-tu alors que des doutes luisent dans tes pupilles. »
Tes doigts effleurent mes tempes, en une autorisation muette que je te refuse. Ne lis pas ces mots qui flottent dans ma tête, pas aujourd'hui, pas cette nuit. Si je suis encore là ce soir, ce n'est pas par hasard, je voulais te faire mes adieux, à ma manière. J'efface ton trouble en une caresse, presque possessive, sentant croître ton désir dans le creux de ma main. Pendant que les flammes dévorent le bois dans la cheminée, j'embrase ta chair, je lie nos corps, ivre de ton souffle contre moi. Cette étreinte sera la dernière, parce que je l'ai décidé ainsi, parce que je ne peux plus ceindre la couronne du plaisir sans songer à nos secrets et à nos mensonges, parce que je t'appartiens sans être tout à fait à toi.
Un coup frappé à ma porte interrompt le baiser que je pose sur tes lèvres. Je pense mimer l'endormissement mais la voix de Rowena, à l'extérieur, m'enjoint de me lever. Encore ruisselant de notre ébat, je marmonne un sort pour me rendre une apparence plus décente, remontant mes draps sur ton corps nu. Je ne compte pas inviter la plus intelligente d'entre nous dans ma chambre, elle ne comprendrait pas ce lien qui nous unit et ne l'approuverait sans doute pas. J'entrouvre la porte et arbore un rictus agacé, de ceux qui me caractérisent si bien. Rowena, en robe de jour, m'adresse un regard pénétrant.
« Nous avons encore besoin de toi, Salazar, annonce-t-elle de cet air sérieux qui s'est gravé sur ses traits.
— La nuit règne, Rowena, j'essaye de dormir.
— Les flammes de ta cheminée, et le feu qui brûle ton cœur, démontrent le contraire. Je sais quelle est ta volonté et je te conjure de rester ici. »
Que Merlin maudisse le don de la sorcière. Aucune vision ne s'est présentée à elle depuis des lunes, pourquoi ce soir ? Comme dans nos parties d'échecs, je la dupe, teintant mes projets d'une couche de mensonges. Je prétexte une expédition pour le bien de l'école, arguant que vous avez tous les trois franchi les limites de Poudlard à de nombreuses reprises. Elle n'est pas convaincue par mon plaidoyer, elle serre ses mains l'une contre l'autre en me dévisageant puis pousse un soupir. Elle esquisse un mouvement, se reprend et m'apprend que mes choix sont insensés. Mais n'est-ce pas là l'image que vous avez de moi ? Salazar le colérique, Salazar l'intolérant, Salazar le méprisant, Salazar le fou ? Fou, je le suis, fou d'enliser mon cœur dans ton nom, Godric, fou d'humer ta gloire dans les restes nauséabonds de ma déchéance, fou d'user tes nuits dans mes draps en mettant à genoux le plus fort des hommes.
Dans un froissement de tissus, Rowena me tourne le dos, résignée. Elle a commencé une nouvelle vie, sa fille démontre des capacités aussi merveilleuses que celles de sa mère, et elle a ébauché un avenir de prospérité pour les siens. Les fils jumeaux d'Helga ont appris à guérir en manipulant plantes et sortilèges, ils suivent eux-aussi les pas de leur génitrice. Mais pour toi et moi, Godric, nulle terre fertile se présente. Nous ne serons pas des époux, seulement des amants qui dérobent du temps dans le secret des nuits, sans étinceler au grand jour. Nombreux sont les pères qui réclament ton attention pour leurs filles, afin de faire perdurer ta lignée, afin de s'enorgueillir d'être du sang de tes enfants. Si j'étais une femme, je mettrais au monde ta descendance, riche en magie, mais je ne suis que ton ombre pécheresse.
Irrité par la visite inattendue de Rowena, je referme la porte, dos à toi. Tes mains se posent sur mes hanches, ton souffle brûle ma nuque. Tu voulais du repos mais ton corps n'est pas rassasié. Est-ce la raison d'être de mon ultime nuit au château ? Mener nos êtres jusqu'à l'épuisement ? Marquer nos chairs pour que les souvenirs s'accompagnent de cicatrices ? Je suis empli de ta présence, Godric, t'avoir auprès de moi vaut bien plus que de longs discours. Nous avons toujours été avares de mots l'un envers l'autre mais les gestes remplacent nos propos.
Combien de fois nos ventres se tordent-ils pour nous libérer au cours de la nuit ? Je suis épuisé et endolori, mon esprit m'hurle de m'écrouler mais, une dernière fois, je te possède à même le sol, devant ma cheminée et ses flammes toujours vaillantes. Sur les murs, nos ombres semblent se battre, toi le lion et moi le serpent. L'extase fauche mes forces, les tiennes s'écoulent sur les dalles, et nos respirations haletantes m'évoquent nos premiers ébats. Lorsque j'aurai quitté l'école et sa sécurité, tu penseras à cette nuit, Godric, et tu sauras que c'était mon adieu. Jamais encore ton nom n'a autant franchi mes lèvres mais jamais plus il n'en sortira.
Un peu de magie remet ma chambre en état. Ma table se redresse, mes draps reprennent leur place initiale, les traces de nos ébats s'effacent. Je sèche nos corps en résistant à ce désir de plonger avec toi dans le lac. Te souviens-tu de cette nuit, alors que l'école était vide, où nous nous sommes étendus sous l'arbre ? J'ai crié ton nom sous les étoiles, tu as soufflé le mien dans mon oreille. Je jalouse celle qui vivra ces mêmes instants avec toi, celle dont l'union te donnera enfin cet héritier que te promet Rowena, celle qui apprendra à connaître les aspérités de ta chair et ces gestes qui enflamment tes veines.
Nous nous allongeons sous les draps, l'un en face de l'autre. Le feu durcit tes traits et les rendent identiques à ceux d'une statue. Il existe des sortilèges qui pourraient te figer à jamais dans ta gloire, tu serais le gardien de ma maisonnée, sans que le temps n'ait d'emprise sur toi. Je suis tenté de noircir ta peau, de pétrifier ta perfection que je n'égale que dans mes rêves. Je me contente de fermer les yeux, bercé par ta respiration et par la sensation de tes mains sur ma chair.
Au chant du coq, tu sursautes, puis te détends. Tu embrasses le creux de mon cou, te lèves et dissimules ta nudité sous tes vêtements. Un dernier baiser effleure ma bouche et tu me souris avant de me laisser seul dans mes ténèbres. J'observe longuement cette pièce, celle qui n'a connu comme chaleur que les flammes de la cheminée et le feu de nos étreintes. Elle était notre antre, elle ne vivait que pour toi et moi, il n'est donc pas surprenant que je la métamorphose puisqu'elle n'aura plus rien à offrir si ce ne sont les fantômes de nos baisers.
Je ne suis pas triste, pas tout à fait. Aucune larme ne viendra perler à mes yeux, aucun pleur ne sonnera dans ma gorge. Je suis las d'être un acteur caché sous son masque, je veux que mes ombres peignent les murs de nos existences. Derrière moi, la porte se referme, le sortilège débute sa longue transformation. Je remonte en hâte ce couloir inconnu de la plupart des habitants du château, je me mêle à quelques élèves une fois parvenu aux grands escaliers. Regarde-les, Godric, ils sont libres, ils rient de cette vie enchantée, ils profitent de cet enseignement qui les met sur un pied d'égalité. Ils sont insouciants, heureux, bien plus que je ne le serai jamais.
Il est étrange de passer les grandes portes de Poudlard en sachant que je ne reviendrai pas. Le froid de l'hiver accueille mon départ, saupoudrant ma peau de flocons blancs. Je m'avance vers le chemin qui mène au portail, là où je pourrai transplaner à ma guise mais un pressentiment m'oblige à me retourner. Tu es là en haut des marches, Godric, et tu m'observes de ce regard acéré que tu ne m'adresses plus depuis si longtemps. Es-tu déçu ? Tu ne le devrais pas, tu sais que je ne suis pas de ceux qui font des promesses, je m'enivre de l'instant présent en évitant de songer à ce que sera demain.
« Rowena m'a dit que je te trouverais là. »
Le manque de considération de la sorcière à mon égard n'est pas surprenant, elle a toujours douté de moi, depuis le début. Si Helga a accepté ma présence avec sa bienveillance coutumière, ce n'est pas le cas de Rowena. Sans doute savait-elle déjà que je ne demeurerais pas avec vous.
« Retourne auprès de tes sang-de-bourbe bien aimés. »
Mon ton aigri ne te trompe pas, tu descends les marches dans ma direction. Dans un geste irréfléchi, je brandis ma baguette vers toi, une lueur brille à son extrémité. Je n'ai pas besoin d'elle pour jeter un sort, nous avons appris à maîtriser nos pouvoirs sans artefact mais cela rend l'instant plus concret. Tu ne veux pas de ce duel, Godric, alors recule avant qu'il ne soit trop tard. Mais tu es un guerrier, le sorcier sans peur, et nombreux sont ceux qui nous épient depuis les fenêtres de Poudlard. Tu as à peine le temps de prendre ta baguette que mon premier sort s'abat sur ton bouclier. Nos étincelles éclairent la neige, les tiennes sont rouges comme les rubis de ta maison, les miennes verdissent l'air d'une lueur glauque.
Dans un combat contre toi, magie contre magie, je ne suis jamais vainqueur malgré mes connaissances ; ce n'est pas sans raison si tu es vu comme le plus valeureux des fondateurs. La seule bataille qu'il te plaît de perdre est celle que nous menons au corps à corps ; mais ce moment précis est loin de notre passion, loin de nos membres entremêlés.
« Je t'en prie, Salazar, nous pourrions … »
Nous pourrions quoi, Godric ? Discuter devant les flammes en révélant les tourments de nos cœurs ? Ni toi ni moi ne le désirons vraiment, la parole n'est pas nôtre. Helga croit à l'amour qui vainc tout. Je ne lis que des défaites sur les parchemins de notre histoire. Quelle ire divine avons-nous provoquée, Godric ?
Suis-je maudit d'oser rêver t'entourer de mes ténèbres ? Nos routes auraient dû cheminer l'une à côté de l'autre, sans jamais se rejoindre. J'esquisse un autre sortilège, je frappe ton torse d'une découpe profonde. Un hoquet vient briser l'instant, échappant aux lèvres d'Helga alors que le sang imprègne ta tunique. Ton air hagard me tire un rictus ; pensais-tu que je me contenterais de sorts mineurs ? Le rouge est ta couleur, celle de ta maison, celle du soleil qui se couche pour embraser la terre ; elle te sied, Godric.
Un sortilège me frôle, lancé par Rowena. Il aurait pu me toucher mais tu l'as détourné d'un bref mouvement de ta main, pour me protéger. Tes sentiments te perdront, tu sauves ton adversaire devant tous les regards. Ils n'y verront que l'acte désespéré d'un homme pour épargner son ami, sans déceler notre vérité. Cette faiblesse finira par te tuer, les émotions sont acérées, elles percent le cœur et l'âme. Choisis la raison, Godric, elle sera ta plus belle alliée.
En un coup de baguette, je brise la statue à mon effigie, celle de la grande cour, celle qui jouxte la tienne et celles de Rowena et Helga. Certaines civilisations estiment que la perte d'un nom ou d'une image entraîne l'anéantissement de celui qu'ils désignent. Je m'ôte moi-même de vos vies, Godric, et je te l'avoue avec brutalité. Aucun de vous ne me retient lorsque je me dirige vers les grilles. Je m'arrête à la limite des défenses de Poudlard, me retournant une dernière fois. Un seul regard, un dernier, pour toi, pour ce que nous étions et ne serons jamais.
Enfin, je la vois, cette ombre qui t'enrobe, mon ultime victoire. Te voilà paré de ma noirceur, Godric. Une part de moi sera toujours en toi, mon amour.
Note : Donc les contraintes de ce texte : Le péché : la jalousie. L'ambiance : Lindsey Stirling - Shadows. Le prompt : Il/elle déploie toute son imagination pour mettre X dans l'ombre. Son obsession pour X est liée à quelque chose de spécial, qui le/la rend unique, quelque chose qu'il/elle veut plus que tout.
