.

Notes de l'Auteure :

Je ne comptais pas vraiment écrire ce songe, mais j'ai failli mourir après l'avoir vécu.

Oui, oui, pour de vrai, IRL, en pleine nuit. Vers la fin de ce cauchemar, alors que je me trouvais encore dans l'horreur et que nous nous cachions des Nazis (vous comprendrez si vous lisez le récit) emmitouflée dans mon lit pour me protéger des -5°C, j'ai commencé à m'étouffer.

J'ai arrêté de respirer quelques longues secondes, puis je me suis réveillée en sursaut en toussant et en crachant mes poumons. J'ai réveillé mon chéri à ma gauche sans le faire exprès, il était tout aussi perdu que moi. Je voulais allumer la lumière, mais nous n'avons pas de lampe de chevet dans notre taudis, donc je suis restée dans le noir à m'étouffer.

Littéralement.

C'était la même sensation que lorsque vous regagnez la surface après être resté trop longtemps sous l'eau, vous revenez à l'air libre et vous essayez de reprendre votre respiration.

Je n'arrêtais pas de tousser, tout en essayant de respirer, car je me sentais mourir. Mon chéri m'a soutenu et après cette crise étrange, je me suis rallongée, complètement K.O. Durant la demi-heure suivante, j'ai toussé et j'ai avalé ma salive de manière compulsive pour me forcer à respirer.

Pour illustrer ce songe, qui sera court, j'ai choisi la chanson :

'Only the young' de Taylor Swift. La musique résonnait en boucle dans mon Palais Mental ce matin, alors que non, je n'écoute pas du tout Taylor Swift. J'aime beaucoup la personne, je respecte l'artiste, mais je ne suis pas vraiment la cible pour ses chansons.

.

.

.

« It keeps me awake,
The look on your face,
The moment you heard the news,
You're screaming inside,
And frozen in time,
You did all that you could do. »

.

Allemagne, en 1944 :

Je ne suis pas Allemande, mais par la force des choses, j'ai appris un peu à parler la langue. Disons que, j'ai appris à réciter les phrases que la Wehrmacht et les Schutzstaffel (les SS) voulaient entendre le plus. J'étais littéralement perdu en plein milieu de Berlin, au milieu de l'odeur de la poudre, tout en évitant les raides des Alliés.

Comme je ne suis pas bien grande (1m58), je peux me faufiler partout telle une anguille. J'ai la peau blanche, pâle, presque blafarde. Malheureusement pour moi, dans ce contexte-ci, je ne suis pas blonde aux yeux bleus. Non, j'ai de très longs cheveux châtains noués en une grande tresse dans mon dos, et des yeux noirs. Ce jour-là, je portais une vieille robe bleu marine, avec des collants blanc et des souliers sombres.

Le ciel était gris et menaçant, mais je courais dehors pour me diriger vers l'apothicaire le plus proche, en espérant que la boutique soit toujours debout.

Les gens couraient autour de moi. Certains en hurlant, certains en pleurant, certains en suivant les groupes de Soldats Allemands qui ouvraient la marche au milieu de quelques débris.

Je fus soulagé de constater que la bicoque se trouvait toujours dans la petite rue angoissante. Je n'ai pas perdu plus de temps, je me suis engouffrée à l'intérieur, en lâchant un :

- Guten morgen !

Le vieil homme derrière le comptoir me connaissait bien, puisque je venais régulièrement récupérer mes aiguilles d'insuline.

Non, ce n'était effectivement pas du tout facile d'être diabétique en pleine guerre. Mais bon, je suppose que c'est la vie.

Enfin, la vie qui les arrange eux.

.

« The game was rigged, the ref got tricked,
The wrong ones think they're right,
You were outnumbered, this time,
But only the young,
Only the young
Can run, so run,
And run, and run. »

.

J'ai caché mon petit sac de cuir dans une poche secrète de ma robe et je me suis ensuite dirigée vers la grande rue. J'avais désormais un autre objectif, et pas des moindres :

Retrouver et sauver Mick.

Mick Davies.

Mon mari.

Tout comme moi, il n'était pas du tout Allemand, mais il avait néanmoins terminé à Berlin, d'abord en tant que 'Prisonnier de Guerre' puis comme captif au service de la Wehrmacht. Pour cela, il me fallait seulement suivre les camions Opel Blitz et espérer retrouver mon chéri. J'ai bousculé les Berlinois pour me faufiler avec plus de fluidité et plus de facilité au milieu de la foule.

J'ai suivi le défilé le plus longtemps possible, jusqu'à la fin, lorsque les Blitz et les tanks militaires se sont arrêtés. Bien sûr, j'ai continué d'avancer encore et encore, car je savais ce que je cherchais et où je le cherchais.

Une fois devant le convoi, je suis tombée inévitablement sur quelques Waffen-SS, mais surtout sur les sbires Nazis du Führer avec leurs fameux costumes de cuir noir.

Mon cœur tambourinait dans ma poitrine, à cause de ma course effrénée, mais surtout en voyant le conducteur de la grande Mercedes-Benz 770.

De la porte de devant sortit celui que j'attendais :

Mick.

Mon cœur rata un battement...

.

« So every day now,
You brace for the sound,
You've only heard on TV,
You go to class, scared,
Wondering where the best hiding spot would be,
And the big bad man and his big bad clan,
Their hands are stained with red,
Oh, how quickly, they forget. »

.

Il était si différent et pourtant toujours le même.

Mon Mick. Il avait perdu quelques kilos, par logique, portait un pantalon noir avec d'épaisses bretelles qui passaient par-dessus ses épaules. Il avait une chemise blanche, mais froissée, une veste brune et une horrible casquette Allemande estampillée de l'aigle et de la croix gammée. Néanmoins, mon mari avait désormais la peau pâle, malnutrition sûrement, ses yeux bleus translucides avaient perdu de leurs éclats et les cernes assombrissaient son regard. Ses cheveux ébène nécessitaient un bon coup de ciseau et de peigne. Il ouvrit les portières aux officiers attendant dans la Mercedes-Benz. Plusieurs Nazis en sortir. Lentement, mais sûrement, je me suis glissée vers l'imposante voiture pour me rapprocher de Mick.

Je ne me sentais pas très bien, je savais que je devrais très vite m'injecter l'insuline qui attendait sagement dans la poche secrète de ma robe abîmée.

Seulement, j'étais tellement focalisé sur mon mari, que je n'ai ni vu, ni entendu l'homme arriver derrière moi pour me tirer par l'arrière de ma nuque, en m'invectivant en Allemand :

- Wer zum Teufel sind Sie ?!

J'ai sursauté et j'ai levé les mains en l'air en signe de reddition, par réflexe, en paniquant :

- Es tut mir leid ! Es tut mir leid ! Mein name ist Alisone.

L'horrible Nazi éclata de rire et railla à ses collègues à côté de lui :

- Französisch !

Les autres rirent de concert également. Mick tourna enfin sa tête vers moi et un voile de peur et de tristesse traversa ses yeux bleu pâle.

Il tiqua puis, lentement, il se glissa vers moi pour me prendre ses bras, toujours sous les éclats de rire des Soldats Allemands. Après leurs fous rires, le Commandant lorgna mauvaisement Mick en crachant des insanités dans sa langue. Je ne compris pas tous les mots, mais je compris assez pour savoir qu'il se moquait de lui. Il le tourna en ridicule, notamment son accent Anglais qui ressortait fortement lorsqu'il parlait Allemand. Sans parler du fait que les Nazis haïssaient les Britanniques, pour des raisons évidentes. Ils haïssaient les Français aussi, d'ailleurs. Mais... Ils appréciaient pas mal les Françaises, aussi pour des raisons évidentes, plus malsaines.

.

« They aren't gonna help us,
Too busy helping themselves,
They aren't gonna change this,
We gotta do it ourselves,
They think that it's over,
But it's just begun. »

.

Sans vergogne, les Nazis nous ont tirés vers eux, Mick et moi, pour que nous les suivons de près alors qu'ils se dirigeaient vers un autre convoi militaire.

Une fois devant une nouvelle grande route, les Soldats firent le fameux Salut Nazi en observant les voitures passer. L'un des SS nous jeta un regard noir et colérique vers Mick et moi.

Mon cœur rata un battement.

Mon ventre se noua.

Néanmoins, je fis la seule chose que je me devais de faire pour rester en vie. J'ai levé mon bras et j'ai lâché :

- Heil Hitler !

J'eus un horrible haut-le-cœur et je luttai pour ne pas vomir de dégoût sur les bottes de cuir de nos ravisseurs. En jetant un coup d'œil vers mon mari, je compris qu'il se sentait comme moi.

Outre l'horreur de la situation, la raison pour laquelle je commençais à tourner de l'œil était à cause de mon hypoglycémie. Il me faudrait très bientôt utiliser ma seringue pour m'injecter mon insuline. Mick le comprit aussi, d'ailleurs. Il glissa sa main tremblante dans la mienne, à l'abri des regards sournois des Nazis qui nous entouraient. Nous savions que la Grande Mercedes du Führer s'apprêtait à passer devant nous. Personnellement, je n'avais aucune envie de voir de mes propres yeux le Dictateur du Troisième Reich.

Je pouvais sentir la tension de Mick passer à travers nos doigts entrelacés.

Nous devions faire quelque chose.

Et vite.

.

« Don't say you're too tired to fight,
It's just a matter of time,
Up there's the finish line,
Only the young,
Can... »

.

- … RUN ! hurla Mick, en me tenant toujours par la main.

Les SS ne tardèrent pas à nous courser, mais nous étions plus petits, plus légers et plus jeunes que ces imposants tyrans. Mick et moi, courions à perdre haleine, slalomant au milieu des Berlinois plutôt perturbé de voir des Nazis détaler aussi rapidement auteur d'eux.

Nous ne nous arrêtions pas. Nous tracions, un peu au hasard dans les rues de la capitale, mais les derniers mètres furent trop laborieux pour moi. Mick sentit mes jambes ralentirent.

- Alisone ? s'inquiéta-t-il.

J'essayais d'inspirer et de respirer, tout en expliquant :

- Tout va bien... Insuline...

Mick tiqua et comprit. Avec cette fidèle inquiétude, il chercha un coin isolé du regard, puis me soutena du côté gauche pour me tirer vers la porte camouflée dans la ruelle.

Une fois cachée des Nazis, qui continuaient de courir dans tous les sens, Mick défonça la porte abîmée et nous glissâmes à l'intérieur avant de la refermer aussi rapidement que possible. Des lumières grésillantes éclairaient une pièce exiguë, sombre et poussiéreuse. Je n'ai pas attendu plus longtemps, j'ai glissé mes doigts dans la poche de ma robe pour en sortir ma petite sacoche de cuir. J'ai attrapé la fiole d'insuline, pendant que Mick préparait la seringue de ses mains tremblantes. Puis, j'ai inspiré un long coup avant d'enfoncer l'aiguille dans mon ventre, déjà bien couvert de bleus. Une fois fait, je commençais à me sentir bien mieux. Les points noirs devant mes yeux se dissipèrent enfin et je souris en découvrant le visage de mon mari. Il sourit à son tour, se pencha vers moi et m'embrassa amoureusement.

Nous avons attendu une heure avant de quitter notre cachette pour en trouver une nouvelle un peu plus probante. Puis, toujours, main dans la main, nous défilâmes dans les ombres des bâtiments détruis pour en chercher un encore debout, mais assez caché pour nous. La nuit n'allait pas tarder à arriver et il nous fallait nous mettre rapidement à l'abri.

.

« Don't say you're too tired to fight,
It's just a matter of time,
Up there's the finish line,
So run, and run, and run,
Don't say you're too tired to fight,
It's just a matter of time,
Up there's the finish line,
And run, and run, and run.
Only the young,
Can run ! »

.

Au moment où les bombardements ont commencé, Mick et moi avions enfin trouvé une bâtisse où rentrer. C'était un édifice en bois, un peu démoli par endroit, mais qui tenait néanmoins encore debout. Nous avons passé la première grande porte qui nous mena dans un hall un peu démoli, mais plutôt imposant et haut. Il y avait plusieurs portes sur notre droite, des usées, des épaisses, des cadenassées, etc.

J'ai suivi mon instinct en me dirigeant un peu étrangement vers la troisième porte à ma droite. Sans même toquer, j'ai ouvert l'épais battant.

Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir cinq personnes à l'intérieur !

Ils sursautèrent en même temps, sans hurler, trop habitué à resté silencieux pour éviter de se faire repérer. Mick et moi expliquâmes aux survivants que nous n'étions pas des Allemands et que nous cherchions un refuge pour la nuit. Ils acceptèrent tous à l'unisson et nous entrâmes dans leur cachette en refermant la porte à clef derrière nous.

Une fois en sécurité, j'en ai profité pour analyser plus sérieusement la pièce. Il y avait un immense matelas posé sur le sol dans un angle, puis un petit coin servait à une cuisine rudimentaire. Je découvris aussi des chaises, des fauteuils, des étagères et des livres ainsi que des coussins par terre. Le tout était recouvert de plaids, de couvertures moelleuses et de vieux tartans.

Quant aux réfugiés, il y avait trois garçons et deux filles :

Will Scarlet, 30 ans, comme Mick et moi.

Peter Pevensie, 25 ans.

Susan Pevensie, 21 ans.

Edmund Pevensie, 15 ans.

Et Lucy Pevensie, 10 ans.

La seule enfant dans la salle secrète. Mick et moi commençâmes à parler à nos nouveaux amis et le courant passa très bien entre nous.

Honnêtement, rien ne pouvait gâcher notre refuge, à part peut-être l'horrible bruit qui résonna dans le hall. Soudain, tout le monde se tut. Nous arrêtâmes de respirer et tendîmes l'oreille.

La porte vibra, une personne de l'autre côté s'excita sur celle-ci en hurlant en Allemand.

Oh, non.

C'était une femme qui s'égosillait les poumons. Elle frappait encore et encore sur la porte. J'étais collé au battant pour essayer de voir à travers le trou sur ma gauche. L'Allemande était rouge de colère et cherchait un endroit où y glisser ses mains gantées de cuir noir.

Mick tenta de me tirer en arrière, mais il était déjà trop tard. L'étrangère agressive brisa une planche pourrie, juste assez pour y faire passer son poing dont les doigts crochus agrippèrent mon fin poignet avec hargne. Elle tira vers elle, à travers la porte, et ma main fut désormais coincée contre le bois. Mick cria à son tour, tout comme moi à cause de la douleur qui s'empara de mon corps, tandis que l'Allemande me poussait toujours plus pour me faire mal, tout en essayant d'entrer dans notre cachette.

.

.

.

Puis, je me suis réveillée en m'étouffant, à deux doigts de mourir, comme je l'ai écrit au début.

.

Les phrases en Allemand :

Guten morgen ! = Good morning !

Wer zum Teufel sind Sie ?! = Who the Hell are you ?!

Es tut mir leid ! Es tut mir leid ! Mein name ist Alisone = I'm sorry. I'm sorry. My name is Alisone.

Französisch ! = French !

.

11.12.2023

Copyright © 2023 by Alisone DAVIES - All rights reserved.