Chapitre 5 : Les sentiments du duc.

La mère et le père d'Izuku avaient eu si peur pour leur fils qu'ils l'avaient serré jusqu'à l'étouffer. Mitsuki elle-même, s'était jetée dans ses bras en pleurant et en s'excusant, se sentant coupable pour ce qui était arrivé.

— Tu n'es pas obligé de continuer à servir mon fils, avait-elle dit. Je veux seulement que tu sois heureux et en bonne santé !

Izuku avait été ému.

— Si je tenais ce satané Endeavor entre mes doigts, avait-elle hurlé ensuite en le relâchant, je l'écrabouillerais.

Le garçon aux cheveux verts avait souri :

— Tout va bien, les avait-il rassurés tous, tout va bien, Kacchan m'a trouvé.

Ceci dit, les nuits depuis l'événement n'étaient pas faciles. Izuku faisait des cauchemars horribles où il se retrouvait dans des pièces dont les murs se refermaient sur lui et il se réveillait brutalement, en sueur, incapable de se rendormir.

Pour ne pas inquiéter ses parents plus qu'il ne s'en faut, il sortait discrètement de leur chambre et allait admirer les étoiles depuis le toit de l'écurie. Il avait besoin d'espace pour respirer, pour être sûr qu'il n'était plus enfermé.

Depuis quelques jours, Katsuki l'évitait. Il faisait semblant d'être malade pour ne pas voir les précepteurs et Izuku assistait aux cours seul. Quand l'adolescent aux cheveux verts rentrait dans une pièce où le duc était, ce dernier se trouvait une activité qui avait lieu à l'autre bout du manoir. Si jamais leurs regards venaient à se croiser, Katsuki détournait les yeux.

Izuku laissait couler. Katsuki devait s'en vouloir et il avait raison. Et puis, Izuku lui avait couru après pendant des années, alors pour une fois il aurait aimé que le duc s'arrête, le regarde et l'attende.

Katsuki de son côté n'allait pas bien. Tous les regards qui l'avaient un jour admiré avait disparu et soudain il se rendait compte à quel point les nobles et leurs idées de rangs supérieurs ou inférieurs l'avaient rendu sale. Izuku était son égal, qu'il soit noble ou roturier. Ils étaient tous deux des êtres humains avant tout. Pourquoi ne le comprenait-il que maintenant et pas quand le garçon lui avait tendu la main ?

Bien sûr qu'Izuku ne s'était pas senti supérieur à lui, il avait juste voulu l'aider. Katsuki revivait la scène et s'invectivait.

Comment réparer ses erreurs ? C'était sans doute trop tard. Mieux valait laisser Izuku tranquille comme lui avait conseillé Ochaco.

Il errait donc dans le manoir comme une âme en peine, et sans le faire exprès, il entra dans Inko qui apportait le thé à Mitsuki. Le plateau se renversa, et aussitôt Katsuki s'était baissé pour l'aider à ramasser.

— Ce n'est pas la peine Katsuki, fit Inko gentiment.

Elle n'avait jamais réussi à appeler « duc Bakugo » ce gamin qu'elle connaissait depuis sa naissance.

— C'est bon, c'est ma faute, fit-il, je vais vous aider.

Après avoir aidé Inko, il se releva et sans oser la regarder, il demanda :

— Comment va Izuku ?

— Pourquoi ne pas lui demander toi-même ?

Katsuki prit de court bafouilla :

— Je ne crois pas qu'il ait envie de me voir.

— Je crois le contraire, assura Inko.

Le duc secoua la tête, puis avec humilité (un comportement qu'il avait si peu eu ces dernières années) il dit :

— Je suis désolé, tout est arrivé par ma faute.

— Ce n'est pas à moi que tu dois présenter tes excuses.

— Je sais, mais j'ai l'impression que ce ne sera jamais assez.

— Tu les lui dois quand même, ajouta Inko.

Katsuki acquiesça et Inko ajouta :

— Ce n'est pas en l'évitant que les choses s'arrangeront. Si tu t'en veux vraiment, alors prouve-le-lui. Agis au lieu de fuir.

Ces paroles secouèrent le duc. Il avait décidé de laisser tranquille Izuku, mais au final ce n'était qu'une excuse pour fuir. Elle avait raison. Il avait fait le choix de la facilité plutôt que de regarder Izuku en face, de voir dans ses yeux à quel point il avait été mauvais.

Inko posa une main réconfortante sur l'épaule de Katsuki :

— Après toutes ces années, tu devrais le connaître non ? dit-elle rassurante. Izuku attend simplement que tu sois prêt pour faire un pas vers lui.

Si elle n'était plus comtesse, Inko était pleine de sagesse.

— Bon je dois me dépêcher, ta mère n'aime pas attendre son thé, tu la connais.

Puis elle s'éloigna en souriant.

Après un énième cauchemar, Izuku alla se réfugier sur le toit de l'écurie. Le ciel étoilé était si magnifique, si vaste, qu'il se sentait respirer. Il ne s'attendait pas à entendre quelqu'un monter l'échelle et méfiant tourna la tête vers son visiteur indésirable. Il reconnut Katsuki et la surprise se peignit sur son visage. Il était plus de minuit et Katsuki se couchait tôt et ne se réveillait que rarement au milieu de la nuit.

— Je t'ai trouvé, fit Katsuki en venant s'asseoir près de lui.

— Qu'est-ce que tu fais là ? interrogea Izuku.

— Je n'arrive pas à dormir en ce moment, expliqua le comte, quand je ferme les yeux… Je… Tu…

Il se tut. N'arrivant pas à expliquer que les cauchemars qui le poursuivaient concernaient Izuku enfermé dans ce coffre. Il arrivait trop tard et ne trouvait qu'un cadavre dans cette maudite boite.

— Moi aussi je fais des cauchemars, murmura Izuku.

Katsuki s'allongea à ses côtés et ils regardèrent les étoiles en silence. Jusqu'à ce que le duc le brise :

— Je suis désolé pour tout.

— Hmmm, fit Izuku.

— Tu n'es pas obligé de me pardonner d'avoir été un connard, mais je tenais à te demander pardon.

— Kacchan, je sais que je devrais te détester, mais je n'y arrive pas. Je n'ai jamais réussi. Je t'ai toujours trouvé incroyable et j'ai toujours eu envie de te suivre et de te rattraper. Tu t'es comporté comme un crétin, mais je me rappelais aussi de ce Kacchan avec qui j'avais partagé tellement de bons moments.

— Je suis désolé, murmura Katsuki. Je suis tellement désolé.

Izuku avoua sur le même ton :

— Je ne t'en veux déjà plus.

Katsuki se mit alors à beugler dans la nuit :

— Comment ça tu ne m'en veux plus ? Tu devrais me détester, me frapper et m'insulter, pas me pardonner au bout de cinq minutes. Est-ce que tu as un instinct de survie ?

Izuku se mit à rire et appuya son doigt sur la bouche de Katsuki :

— Chut, souffla-t-il, tu vas réveiller toute la maisonnée.

Le cœur de Katsuki s'arrêta dans sa poitrine et ses yeux s'écarquillèrent. Izuku retira son doigt et regarda de nouveau les étoiles.

— Tu as raison Kacchan, je suis stupide, mais tant pis, c'est comme ça.

Le blond ne le quittait pas du regard, mais un doux silence se réinstalla. Cette fois-ci, ce fut Izuku qui y mit fin :

— Les étoiles sont tellement belles, chuchota-t-il.

Et Katsuki, les yeux toujours rivés sur Izuku acquiesça doucement.

— C'est vrai, dit-il.

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Katsuki donna des cours d'épée à Izuku, il gueulait fort, et était sans pitié avec lui, mais cela faisait tellement plaisir à Izuku que son Kacchan fasse un pas vers lui, qu'il ne se plaignait jamais.

— T'es pas près de me rattraper, ronchonna Katsuki après un entraînement particulièrement difficile.

Izuku eut un petit rire :

— Je le sais bien Kacchan, tu es tellement incroyable.

Et Katsuki s'empourpra et se mit à gueuler que brosser l'instructeur dans le sens du poil ne l'empêcherait pas d'être sans pitié au prochain entraînement.

Les deux garçons faisaient de leur mieux pour recoller les morceaux de leur relation. Les choses ne redeviendraient jamais comme elles étaient quand ils étaient enfants, mais ils allaient tous deux dans la bonne direction et ils s'y dirigeaient côte à côte.

Katsuki aidait Izuku à réviser ses cours, en échange Izuku lui prêtait ses notes précises. Ils allaient se balader ensemble dans la forêt. Ils discutaient beaucoup, et se taisaient souvent. Inko et Mitsuki étaient tellement heureuses de les voir s'entendre à nouveau.

Ochaco avait lâché l'affaire. Elle ne convaincrait jamais Izuku de laisser tomber à propos de Katsuki.

— Tu en fais tellement son éloge, s'agaça-t-elle tout de même un jour, que je ne suis jamais sûre que tu parles bien du duc Bakugo.

— C'est parce que tu ne le connais pas aussi bien que moi, lui dit Izuku, il crie beaucoup, mais c'est aussi pour cacher ses émotions.

— C'est ça, soupira Ochaco.

Puis hésitante, elle reprit :

— Est-ce que tu te rends compte que tu… adores le duc ?

— Bien sûr, sourit Izuku l'air innocent.

Et Ochaco secoua la tête.

— Non, je ne crois pas que tu t'en rendes compte, dit-elle doucement, je crois que tu n'as pas du tout conscience de ce que tu ressens.

— De quoi tu parles ?

— De rien, dit-elle, je ne vois pas pourquoi je rendrais service au duc, moi je ne l'aime pas.

Izuku ne comprit rien, mais Ochaco refusa de donner plus d'explications.

Si Izuku était aveugle sur ce qu'il ressentait, Katsuki avait retrouvé la vue. C'était fou d'ailleurs, comment avait-il fait pour ne pas se rendre compte que l'enfant était devenu un adolescent tellement… Tellement mignon ? Avec ses grands yeux verts, ses taches de rousseurs, son sourire éclatant. Pas étonnant que la tête d'œuf ait des sentiments. Comment ne pas en avoir ?

Katsuki était tellement dans la merde. Il avait beau tenter de se raisonner, ou de crier plus fort en espérant que ça lui passe, ses sentiments pour Izuku ne voulaient pas disparaître. Peut-être que c'était parce que ça faisait trop longtemps qu'ils étaient là, même si le duc avait longtemps été dans le déni.

Mais voilà.

Il l'aimait.

Katsuki aimait Izuku. De tout son cœur, toute son âme, toute sa rage.

Il hésitait entre lui crier à la figure ce qu'il ressentait ou le cacher pour toujours et enterrer ses sentiments au plus profonds de lui-même.

Difficile de faire un choix, il ne savait pas comment réagirait Izuku, il ne savait pas ce que l'autre ressentait pour lui, et il était hors de question pour Katsuki de se faire jeter. Les râteaux c'était pour les jardiniers, par pour les ducs.

Les jours passèrent, plus paisibles, plus doux. Izuku et Katsuki renouaient des liens très forts, sans tout à fait s'en rendre compte. Ils s'apprivoisaient à nouveau. La plaie suintante de Katsuki se referma. Maintenant il comprenait ce qui lui avait fait si mal toutes ses années. Il n'avait jamais voulu qu'Izuku devienne son serviteur, il aurait toujours voulu le garder comme ami. Les adultes et leurs idées de rang avaient empoisonné leur relation. Maintenant Katsuki était prêt à se battre contre le monde « je suis duc et j'aime un roturier et alors ? Tu vas faire quoi hein ? Fais gaffe je sais me servir d'une épée ! ». Bon sauf que le principal concerné n'était pas encore au courant des véritables sentiments de Katsuki. Peut-être ne le serait-il jamais.

Perdu par ses sentiments, Katsuki finit par s'adresser à son père :

— Comment tu as fait ta déclaration à maman ? demanda-t-il.

Ce dernier sourit :

— C'est elle qui s'est déclaré la première, expliqua-t-il.

— Maman ? Vraiment ? Cette sorcière ?

— Oui.

Katsuki ne l'aurait jamais cru. Sa mère avait donc été la première à se déclarer. Le duc interrogea donc la duchesse :

— Comme tu as su que tu aimais papa ? interrogea-t-il.

— Comment veux-tu que je le sache ? Je ne m'en suis pas rendu compte tout de suite, et un jour c'est devenu évident que je voulais passer ma vie avec cet homme. Voilà tout.

— Mais si… Si papa avait été un roturier, est-ce que tu l'aurais aimé quand même ?

Mitsuki regarda son fils fixement, comme si elle lisait tout à coup dans les pensées de Katsuki.

— Je pense que oui, dit-elle, et j'aurais mordu le roi Endeavor s'il nous avait empêchés d'être ensemble.

— Alors tu n'aurais pas eu peur de perdre ton rang ?

— Non. Je l'aimais. C'était plus important que le reste. Le rang, l'argent, les terres, tout ça c'est du matériel. Les gens que tu aimes, voilà ce qui compte vraiment, parce que rien au monde ne peut les remplacer.

Katsuki chercha à cacher son trouble en se moquant :

— Je ne te savais pas si philosophe.

— Petit insolent, ricana sa mère.

Puis elle ajouta :

— Alors comme ça tu serais amoureux d'un roturier ?

Katsuki bouillonna et hurla :

— Non, mais ça va pas ? avant de s'enfuir, les joues empourprées.

Mitsuki sourit.

À suivre.

L'autatrice : voilà le chapitre de la semaine, un chapitre où enfin Bakugo se rend compte de ses sentiments pour le petit Izuku. En espérant que ça vous aura plu.