NDA : Texte écrit dans le cadre des 169eme nuit d'écriture du FOF avec pour thème : Chronométrer.

Le titre est inspiré de la chanson "Déclaration" de Stromae.


Cela ne lui ressemblait pas. Absolument pas. Et pourtant, voilà que Hermione Granger était en retard sur ses devoirs.

De toutes ses années à Poudlard, la jeune femme avait montré une organisation à toute épreuve. Même lorsqu'un dangereux mage noir se trouvait plus ou moins à ses trousses.

Alors comment était-ce possible ?

Posant sa plume dans son encrier, elle s'adossa à sa table. Sur celle-ci reposait un parchemin à peine gribouillé où elle put y lire pour la troisième fois le sujet :

En quoi l'ordre juridique international magique est-il spécifique par rapport aux ordres juridiques magiques du Royaume-Uni ?

Elle avait les réponses mais le temps lui manquait. Ce parchemin devait être envoyé avant minuit et il était presque 20h.

Soupirant, la jeune femme se leva, nostalgique de l'époque où elle possédait un retourneur de temps.

Finalement, la vérité était peut-être là : elle n'était qu'une tricheuse et ne méritait rien.

Elle s'en sortait à Poudlard car elle connaissait les codes mais maintenant qu'elle se trouvait dans les études supérieures, son visage était révélé au grand jour.

Elle ne méritait rien.

Son estime d'elle-même au plus bas, les larmes se mirent à brouiller sa vue.

Ron entra au même moment dans l'appartement.

- Chérie ! Il faut que je te dise l'idée qu'on a trouvé avec George ! Chérie ? Hermione ?

La jeune femme s'effondra sur le canapé, pleurant de tout son saoul. Quelques années plus tôt, Ron aurait dansé sur ses pieds voire se serait moqué délibérement de la jeune femme.

Mais pas cette fois. Ron avait mûrit.

Il s'approcha d'Hermione et la prit dans ses bras, attendant patiemment qu'elle explique ce qui la tracassait de la sorte.

- Je n'y arrive pas. Je suis nulle !

- Ne dis pas ça ! Tu es la meilleure et tu vas réussir comme toujours…

Hermione se détacha de lui, la tristesse se transformant en colère.

- J'en ai marre qu'on me dise ça ! Est-ce que tu sais à quel point j'ai une charge de travail énorme ? Je devais rendre trois devoirs en l'espace d'une semaine. En plus de cela, je jongle avec mon stage au Ministère et c'est sans parler de cet appartement que je dois gérer comme une femme au foyer !

Ron se recula, les yeux ronds comme des soucoupes.

Soudainement, Hermione comprit d'où venait cette tension constante qui lui pesait sur les épaules depuis des semaines. La tête dans le guidon, elle n'avait pas eu le temps de prendre le recul nécessaire pour voir qu'elle fonçait droit dans le mur.

Mais c'était clair comme de l'eau de roche maintenant.

- Je travaille autant que toi Ron, si ce n'est plus. Et lorsque je rentre le soir, c'est non seulement le dîner, les machines et le rangement que je dois me coltiner mais aussi mes devoirs. Et je ne suis pas celle qui met le plus de bazar dans l'appartement !

- Je… Je suis désolée Mione…

Et il avait l'air sincère. Il s'approcha un peu plus d'elle, cherchant à prendre ses mains dans les siennes.

- Je ne m'en suis pas rendu compte. Je pensais que ça te convenait et j'avoue que je n'ai jamais remis ce modèle en question.

Hermione se mit de nouveau à pleurer, submergée par ses émotions.

- Je pensais que mes remarques auraient été suffisantes.

- Et ça aurait dû. Pardonne-moi, je suis qu'un idiot. Ma chérie, regarde-moi. Tu vas te remettre sur ce devoir et tu vas faire du mieux que tu peux, d'accord ? En attendant, je vais préparer le dîner. Je ne te promets pas de faire de la grande gastronomie mais…

- Je m'en fiche de ça, coupa Hermione. J'ai juste besoin qu'on soit à deux à gérer ce foyer. Je ne peux pas passer mon temps à te dire quand faire une machine, quand plier le linge et quand ranger tes pantalons qui trainent !

Les oreilles de Ron virèrent au rouge vif. Il opina du chef, penaud.

- Va travailler, je m'occupe de tout.

Il déposa un léger baiser sur sa joue et la jeune femme retourna à son travail.

Pendant qu'il cuisinait des pâtes à la sauce tomate, Ron se maudissait.

Il ne voulait pas perdre Hermione. Et il savait que ce moment qu'ils venaient de vivre devait être pris avec sérieux.

Toute sa vie, il avait connu le modèle de ses parents mais les mœurs évoluaient. Penser qu'Hermione était tellement forte qu'elle allait encore une fois tout gérer l'arrangeait bien.

Il n'était qu'un idiot.

Il dressa une jolie table et Hermione, les cernes sous les yeux, mangea rapidement. Lorsqu'elle sortit sa baguette pour débarrasser, Ron l'arrêta d'un geste.

- Vas-y, je m'en occupe. Et je voulais te proposer un truc… C'est ce que Harry et Ginny font…

- Je t'écoute ?

- Pour les prochaines fois, celui qui prépare le repas n'est pas de corvée vaisselle et inversement ? Qu'en dis-tu ?

Hermione hocha la tête dans un petit sourire avant de retourner à son bureau.

Minuit approchait lorsqu'elle mit un point final à sa rédaction et qu'elle l'envoya par hibou.

Ron ne chercha pas à l'embêter avec des questions et ils se mirent au lit en silence. Lorsqu'il entoura la taille de la jeune femme avec son bras, Hermione se blottit contre lui.

Il pensa alors à Lee Jordan qui était en plein divorce. Il disait souvent qu'il n'avait pas vu venir la rupture mais Hermione et Ginny rappelaient que ça se voyait comme un troll au milieu du salon que la femme de Lee était malheureuse.

Hermione avait même marmonné un jour :

- Parfois, il est trop tard mais ce n'est pas faute d'avoir montré les signes que ça n'allait plus dans le couple.

Et désormais, tout était clair.

Ron se fit la promesse ce soir-là que le temps ne jouerait jamais contre eux. Et à bien y réfléchir, ce n'était même pas un effort à faire.

Parce qu'il aimait Hermione Granger de tout son être.