13 décembre - Pyjamas assortis
Fred et George déchirèrent avec empressement le gros paquet mou sur lequel étaient inscrits leurs deux prénoms. Il n'était pas rare qu'ils reçoivent des cadeaux à partager, ou des paires d'exemplaires semblables : ils avaient des goûts très similaires, et ne ressentaient pas le besoin de se différencier l'un de l'autre.
Pourtant, quand ils brandirent chacun une poignée de tissu écarlate, Fred et George échangèrent un regard émerveillé. C'était la première fois qu'ils recevaient des tenues identiques ! Un nouvel univers s'étalait devant leurs yeux, recelant de possibilités toutes plus alléchantes les unes que les autres. Ils s'élancèrent d'un pas enthousiaste vers leur chambre pour enfiler leurs nouveaux jouets, des pyjamas assortis.
Lorsque Molly aperçut ses jumeaux descendre des escaliers, elle eut un moment de recul et une sueur glacée coula dans son dos. Figée, elle ne put prononcer un mot alors que ses deux enfants se plantaient devant elle, un sourire joyeux plaqué sur leur visage.
− Maman ! Devine qui est qui ! gloussa le premier.
− Elle trouvera jamais ! renchérit le deuxième avec un éclat de rire.
Loin de s'amuser de leur farce, Molly avait considérablement pâli. Remarquant l'immobilité inhabituelle de sa femme, Arthur s'approcha, intrigué :
− Tout va bien, ma chérie ?
− Arthur… qui leur a offert ces pyjamas ?
Arthur s'avança vers l'océan de papiers cadeaux qui s'étendait sous le sapin, et se saisit de celui qui portrait la même marque que celle des pyjamas.
− C'est la tante Muriel.
La pâleur céda la place à un rouge soutenu sur le visage de Molly, dont les traits se crispèrent de colère.
− Elle le sait, pourtant, qu'on ne leur offre jamais de vêtements identiques !
− Ce n'est pas si grave, ma chérie… pourquoi t'en fais-tu à ce point ?
Molly adressa un avertissement muet à son mari, qui eut l'air encore plus étonné. Elle esquissa un geste agacé, indiquant qu'elle jetait l'éponge, et soupira.
− J'ai déjà fait cette erreur, quand ils étaient bébés… et je ne suis pas tout à fait sûre de ne pas les avoir échangés à un moment.
Cet aveu cloua Arthur sur place, choqué. Derrière lui, Fred et George affichaient une expression similaire. Ils n'auraient pas fait une autre tête si on avait brûlé tous leurs cadeaux de Noël. Une vague de culpabilité submergea Molly. Ils étaient si jeunes, elle n'avait pas trouvé cela si grave à l'époque, elle avait la tête à bien d'autres problèmes. Mais maintenant que la réalité reprenait ses droits sous ses yeux, elle réalisait que cela devait être traumatisant, pour un enfant.
− Écoutez mes chéris, je suis désolée…
− On peut pas rivaliser avec maman, coupa l'un des jumeaux, l'air sombre.
− Non, elle fait déjà nos blagues en mieux, confirma l'autre, tout aussi défait.
Molly se tut, éberluée.
− Bon, Gred, il est temps de nous remettre en question.
− Oui, Forge, nous devons trouver de meilleures farces !
Molly se pinça l'arête du nez tandis qu'Arthur, l'air blasé, regardait ses jumeaux filer vers leur chambre.
