Bonjour à tous me revoilà !
Oui, comme on s'y attendait, j'ai mis bien plus de temps que prévu à reprendre... Je voulais avoir fini d'écrire tout avant de me remettre à poster, sauf que ben c'est pas le cas, mais ça fait longtemps que le chapitre 11 est écrit alors le voilà... (merci aux gens qui ont laissé un commentaire ça m'a beaucoup motivé). Le chapitre 12 est presque fini aussi donc il devrait arriver dans 2 semaines, mais pour le 13 je promets rien...
La seule chose de sûre c'est que cette fic ne sera jamais abandonnée, j'ai pas 50 000 mots dans mon google doc pour rien !
Merci à ceux qui sont encore là et bonne lecture !


Chapitre 11 : Ash la Guerrière

Il n'arrivait plus à respirer, il n'arrivait plus à respirer, il avait besoin d'air. Une main sur sa nuque le forçait à genoux, deux autres lui maintenaient les poignets dans le dos, mais rien qui n'égalait la terreur qu'il ressentit quand il vit Nakisa déposer son chat par terre.

"Pupuce sait que tu as désobéis, Eren. Tu vois, elle a très envie de jouer avec toi," sourit-elle et Eren se débattit de toute ses forces mais les mains le tenaient fermement au sol. L'obscurité de la pièce le faisait suffoquer alors qu'il discernait le chat blanc s'approcher d'un pas souple.

"Non non non non !" cria-t-il et des rires retentirent dans son dos juste avant que des griffes ne plongent dans sa cuisse.

Puis encore. Et encore, et encore, les griffes lui lacérant la peau. Ses cuisses, son ventre, ses vêtements, tout finissait en lambeaux. Nakisa finit par rappeler son chat, mais Eren n'arrivait pas à arrêter de trembler.

"Ça suffira," décida-t-elle et il vit ses pieds venir se planter devant lui. Il n'arrivait pas à respirer. "Et maintenant quoi ?" ajouta-t-elle en lui saisissant le menton pour le forcer à le regarder. "Pourquoi tu me laisses faire ? Pourquoi tu n'utilises pas ta magie, Eren ?" le provoqua–t-elle mais il ne pouvait pas. Le collier autour de son cou lui aspirait toute son énergie en plus de le faire suffoquer. Ses mains tremblaient, tout son corps lui criant de l'arracher. Il n'arrivait pas à respirer. "Pourquoi tu ne t'échappes pas ?!" s'exclama Nakisa avec colère et il releva la tête avec rage.

Elle voulait qu'il se révolte ? Il allait lui montrer. Elle ne savait pas de quoi il était capable. La main sur son cou avait disparu; il se dégagea d'un coup d'épaule, laissant toute son énergie noire ravager la pièce dans une vague meurtrière.

Le sourire de Nakisa s'élargit davantage alors qu'elle s'effondrait dans une mare de sang.

"C'est ça que je veux," déclara-t-elle une dernière fois en glissant au sol, "laisse la sortir…"

Eren se releva en chancelant et alors que la pièce se remplissait de sang.

"Laisse la sortir, laisse la sortir," commencèrent à scander des voix derrière lui et Eren se boucha les oreilles, se ruant vers la porte, le sang atteignant maintenant ses genoux.

La poignée résista quelques secondes avant de céder, mais la vision qui s'offrit à lui était pire que celle qu'il venait de quitter : des centaines de cadavres jonchaient le sol devant lui, les yeux révulsés, les corps marqués par la magie noire. Il trébucha sur l'un d'entre eux, et tomba nez à nez sur la tête d'Isabel, le corps baignant dans son sang et piétiné par les rats.

Une porte claqua au loin et Eren se réveilla en sursaut, le regard accusateur d'Isabel gravé dans sa mémoire.

"Oh putain…"

o O o

Eren toqua doucement et attendit le "entre" de Livai avant de pousser la porte. Celui-ci lui tournait le dos, finissant d'ajuster sa ceinture.

"Ton cou ?" demanda–t-il avec un bref regard en arrière, et Eren referma la porte derrière lui. Il allait avoir des ennuis.

"Ah, je m'en suis déjà occupé…" marmonna vaguement sans oser s'approcher.

"D'autres blessures ?"

Eren secoua la tête.

"Rien de sérieux."

A part que la magie noire commençait à vraiment s'attaquer à son énergie spirituelle, tout allait bien. Mais ça, Livai n'avait pas besoin de le savoir. La marque s'était bien estompée pendant la nuit, mais mettrait encore quelques jours à complètement disparaître… jusqu'à sa prochaine utilisation de magie noire en tout cas. Eren n'était pas idiot, il savait très bien que la magie noire faisait plus que des taches noires sur sa peau, mais il tenait plutôt bien jusque là. Il espérait pouvoir tenir encore un peu.

"Donc tu vas pouvoir m'expliquer c'était quoi ce bordel que tu nous as foutu ?" lâcha Livai en envahissant son espace personnel, et ah, on y était. Une personne de cette taille n'aurait pas dû être aussi intimidante.

"Je n'ai pas réfléchi…," commença-t-il avant de se rendre compte que ce n'était clairement pas la chose à dire.

"Tu te fous de ma gueule ?" rétorqua Livai, et Eren grimaça.

Ils avaient vraiment été à deux doigts d'y passer cette fois, et tout ça aurait pu être évité s'il avait fermé sa grande gueule. Tomber nez à nez avec Nakisa avait été un choc, mais il n'avait pas prévu de la tuer. Il avait totalement perdu le contrôle, et ça le terrifiait. Certes, il n'avait pas son stabilisateur d'émotions à ce moment, mais ce n'était pas une excuse suffisante.

Livai le dévisagea quelques instants, attendant une meilleure explication mais Eren baissa les yeux.

"Je pensais que je pouvais compter sur toi en cas de problème," lâcha-t-il finalement en faisant un pas en arrière.

Ouch. Il ne s'attendait pas à ce que ça fasse si mal. À choisir, il aurait préféré qu'il lui hurle dessus. Tout plutôt que ce regard déçu.

Eren ne savait même pas comment se défendre. Livai avait raison, s'il s'était toujours pensé plutôt fiable, les évènements de la veille lui avaient prouvé le contraire. Et dans des missions ou un moment de faiblesse pouvait coûter la vie de tous ceux impliqués… Il avait vraiment merdé.

Voyant qu'il ne disait toujours rien, Livai secoua la tête et fit volte-face.

"Livai attends," se réveilla enfin Eren en lui attrapant le bras. Celui-ci lui jeta un sale regard et il avala sa salive. "J'ai merdé," reconnut-il sans détour. "Il s'est passé des… comment dire, il s'est passé des trucs là-bas, je n'ai pas… Je n'étais pas dans mon état normal."

Livai le considéra quelques instants et Eren soutint son regard. Il voulait demander exactement ce qui lui était arrivé mais Eren savait qu'il ne le ferait pas. Son expression s'était un peu adoucie cependant, ce qui signifiait pour Livai qu'il n'avait juste plus l'air de vouloir le tuer activement. Jean n'aurait sans doute pas été de son avis, mais Jean était aussi fort pour lire le langage corporel des autres que pour avoir l'air intelligent, autrement dit, pas du tout.

"Tu nous as foutu dans une belle merde," répliqua Livai et Eren se mordit les lèvres, "mais bon, peut-être qu'on se serait fait cramé dans tous les cas," ajouta-t-il en haussant les épaules.

Eren en doutait, mais il supposait que c'était sa manière de dire que les erreurs ça arrive à tout le monde, ou un truc du genre.

"J'ai un peu foiré mon transfert d'énergie aussi," marmonna-t-il et Livai récupéra sa veste sur le dos de la chaise avant de l'enfiler.

"J'avais pas remarqué," lâcha-t-il d'un ton sarcastique. "Je te jure, à ce moment je me suis dit que si on s'en sortait vivant mais que tu m'avais bousillé mon énergie spirituelle, je te balancerais à Niles sans hésiter," annonça-t-il, mais cette fois, Eren pouvait affirmer qu'il n'était pas vraiment en colère. Enfin, il espérait.

"Je n'ai pas bousillé ton énergie spirituelle… si ?"

Les bouts des doigts de Livai se mirent à briller légèrement et Eren retint son souffle.

"Il en faudra plus que ça il semblerait," le rassura-t-il avec ce qui ressemblait à l'esquisse d'un sourire, et Eren soupira de soulagement.

Une des dernières choses qu'il voulait, c'était de lui avoir détruit définitivement sa capacité à faire de la magie. Juste en dessous de "le tuer à coup de magie noire".

"En vrai, c'est un miracle que ça ait marché," confia-t-il avec une grimace. Il évita le coup de pied dans ses tibias avec un glapissement qu'il nierait jusqu'à sa mort avoir émis.

"Je sais vraiment pas ce qui m'a pris de faire équipe avec un danger public comme toi !" s'exclama Livai et Eren lui offrit son plus beau sourire en échange. Cette fois il en était sûr, Livai l'avait pardonné. L'ambiance légère disparut aussi vite qu'elle s'était installée cependant, et l'alpha se passa une main dans les cheveux. "Merde. Va falloir aller se débarrasser des témoins maintenant," s'inquiéta-t-il, "Il est peut-être même trop tard."

"Ah, à propos de ça… Je m'en suis déjà occupé."

Livai plissa les yeux.

"Quand ?"

"Euh… juste avant qu'on se téléporte," marmonna-t-il et Livai sembla réaliser à quel point ils avaient frôlé la catastrophe.

"C'est un miracle qu'on soit encore en vie," fit-il remarquer en ouvrant la porte et Eren suivit avec un haussement d'épaules. Il n'aimait pas trop la facilité avec laquelle Livai avait accepté son explication. Sans magie noire, c'était impossible de tuer autant de gens d'un coup.

"J'ai forcément laissé des traces," l'avertit-il et il faillit lui rentrer dedans quand Livai s'arrêta dans les escaliers. "Ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils remontent jusqu'à moi."

Ils avaient fait une grosse erreur en tentant de s'attaquer à Traoma. Il pensait que ce serait un peu plus difficile que d'habitude mais il avait carrément sous-estimé à qui il s'attaquait. Des dizaines de personnes avaient vu son visage, et avec les énormes traces de magie noire qu'il avait laissées derrière, il ne doutait pas que ce ne serait pas si difficile de le retrouver si l'armée y mettait du sien. Et elle y mettrait du sien.

"Pas si j'ai mon mot à dire," déclara Livai et Eren secoua la tête.

"Tu es déjà sur le fil Livai, n'en rajoute pas."

"Qu'est-ce qui te fait dire ça ?"

Eren croisa les bras et s'appuya contre le mur. Ils bouchaient complètement l'escalier mais il n'y avait personne de toute façon.

"Tu viens d'être muté à Maria de un. Tu n'es pas un alpha conventionnel ni un soldat obéissant. Tu as utilisé ton influence pour dégager Farhad alors qu'il avait tous les droits de me tuer même s'il ne savait pas que je faisais partie d'Heidan. Je doute que tu sois meilleur pote de Niles mais tu es définitivement proche d'Erwin, qui lui-même est surveillé. Je continue ou ça te suffit ?"

"C'est mon problème," rétorqua Livai en descendant encore une marche. "Et j'en ai rien à foutre de ce que les haut-gradés pensent tant qu'ils n'ont pas de preuves contre moi."

"Juste… sois discret."

"Je me tiens au courant de l'enquête et je te transmets," déclara-t-il en reprenant sa descente et ça lui convenait. Ce qui était bien avec Livai c'est qu'ils avaient souvent le même chemin de pensée. Ça faisait du bien de se sentir connecté avec quelqu'un.

"Tu sais, si jamais…" commença-t-il avant d'être bousculé par une petite créature féroce, "ASLAN, NE COURS PAS DANS LES ESCALIERS !" cria-t-il en maranien avant de repasser en sinayen quand il vit qu'Aslan faisait semblant de ne pas l'avoir entendu, "je te jure… Enfin bref, si jamais tout se passe bien, tu restes le bienvenu au Fi Malja," finit-il alors qu'ils passaient devant la cuisine. Mikasa et Elena lancèrent des sales regards à Livai, alors que Soraya faisait un grand signe de la main, clairement heureuse de le voir d'apparence rétablie. "Enfin… peut-être que tout le monde n'est pas exactement de cet avis, mais c'est le mien alors…"

Il fut interrompu par Aslan qui lui courut dans les jambes. Il avait ramené avec lui sa poupée du Djinn Almakhadie.

"Tu t'en vas, Livai ?"

"Oui."

"Pourquoi ?" demanda Aslan et Livai chercha le regard d'Eren comme un appel à l'aide.

"Parce qu'il a sa propre maison, et beaucoup de choses à faire," répondit-il au lieu de "parce qu'il faut qu'il fasse en sorte qu'on ne se fasse pas tuer", et Aslan prit un air de chien battu.

"Tu reviendras jouer avec moi ?"

Livai contempla Aslan comme s'il n'arrivait pas à comprendre quelque chose. Peut-être comment il avait survécu jusqu'ici.

"...si tu veux."

"Dans tous les cas, tiens moi au courant," intervint Eren en passant distraitement une main dans les cheveux d'Aslan, "s'il y a besoin de se débarrasser de quelques preuves."

Tous les deux savaient que "preuves" ici signifiait "témoins". Livai hocha la tête et les salua avant de passer la porte, qu'Eren regarda se fermer avec un long soupir.

Il se sentait fatigué d'un coup. Cette mission avait été un désastre, et il n'était pas exactement en bonne posture. Si l'enquête remontait jusqu'à lui ou Livai…

Il se rendit compte qu'il regardait dans le vide quand il sentit Aslan tirer sur la toile de son pantalon, et il baissa les yeux pour le voir faire ses meilleurs yeux de chien battu.

"Est-ce que tu peux raconter une histoire ?"

Eren aurait préféré retourner se coucher mais il n'avait jamais été capable de refuser quoi que ce soit à Aslan.

"Viens là toi," marmonna-t-il en l'attrapant sous les bras pour le poser sur sa hanche. "Qu'est-ce que tu veux comme histoire ?"

"La fée des djinns !" s'écria Aslan en lui foutant sa poupée qui puait la mort dans la gueule et Eren se retint de soupirer.

"Tu voudrais pas plutôt celle de Ash la guerrière ?" demanda-t-il en l'amenant dans la cour intérieure. Il devait arrêter de penser à tout ça et faire confiance à Livai. Il ne pouvait pas faire grand chose dans cet état de toute manière.

"C'est qui ?"

"Une guerrière oméga qui a sauvé son pays."

"Elle était forte ?"

"Très forte," confirma Eren en s'installant sur le tapis sous l'acacia, et il vit Soraya les rejoindre pour écouter. "Tout commença une chaude nuit d'été…"

o O o

Cela faisait quatre jours qu'Eren avait commencé à raconter l'histoire d'Ash, mais au rythme où ils allaient, il aurait bientôt fini l'histoire. Aslan lui réclamait sans cesse la suite, et le reste des occupants du Fi Malja n'était pas beaucoup mieux.

"Le feu se propagea partout dans la demeure," retraça Eren en faisant danser des flammes devant lui, essayant de se rappeler comment le conteur faisait vivre la scène, "et Ash fut contrainte de s'enfuir sur le toit."

Tout le monde était rassemblé dans le salon, buvant ses paroles.

"Le feu continuait de monter autour d'elle, et bientôt Ash commença à suffoquer. Au moment où elle sut qu'elle ne pourrait plus s'en sortir, un miracle survint : le ciel auparavant d'un bleu sans tâche se couvrit de nuage, et la pluie se mit à tomber."

"C'est sûr c'est Naomi," murmura Soraya dans l'oreille de Mikasa et Eren lui jeta au visage l'eau qu'il venait de faire couler de sa paume.

"Arrête de gâcher la suite de l'histoire."

Aslan gloussa et Eren lui jeta de l'eau à lui aussi.

"C'était la grande prêtresse Naomi, qui avait accouru jusqu'ici, pour tenter de sauver sa bien-aimée."

Soraya jeta un regard appuyé à Mikasa et Eren vit du coin de l'œil Livai entrer discrètement et se poser contre un mur au fond de la salle. Il masqua un sourire, se forçant à rester dans son histoire.

"La pluie éteignit les flammes et emporta le méchant roi loin, très loin, là où personne ne le connaissait. Naomi devint reine à sa place et régna sur le royaume avec justesse et droiture. Elle épousa Ash et ensemble elles vécurent heureuses et eurent beaucoup d'enfants."

"Mais une grande prêtresse ne peut pas devenir reine, si ?" demanda Elena et Eren se dépêcha de trouver une réponse crédible :

"Euh…si, là elle peut."

Soraya leva un sourcil d'un air peu convaincu, mais il fut sauvé par l'arrivée de Darya qui venait chercher Aslan pour lui faire prendre son bain. Après une petite crise, Darya emmena un Aslan boudeur et le reste du groupe se dissolut rapidement, chacun vaquant à ses occupations. Livai attendit que tout le monde se soit éloigné avant de finalement le rejoindre.

"Ce n'était pas la vraie fin, si ?"

"Je ne vois pas ce qui te fait dire ça," répliqua-t-il avec un sourire en coin.

"On a aussi une version de cette histoire à Sina, mais la prêtresse arrive trop tard et elle se suicide."

Ouff. Que de joie.

"Les versions de Sina sont toujours horribles," marmonna Eren en se rasseyant sur le tapis et Livai le suivit.

"C'était la version de Maria alors ?"

"Euh, pas vraiment," hésita Eren, "C'est une histoire qu'un conteur a raconté dans ma ville quand j'étais jeune, mais bon, je n'ai pas pu revenir écouter la fin," marmonna-t-il comme si de rien n'était.

Comme si le seul fait d'y penser ne lui donnait pas des sueurs froides. Comme si cette nuit n'avait été qu'une parmi d'autres et non pas celle où son monde avait basculé.

5 ans plus tôt…

"Je te défends d'y retourner."

Eren leva les yeux de son assiette et regarda sa mère, incrédule. Il mit à peine deux secondes à comprendre de quoi elle parlait et se tourna vers Mikasa d'un air trahi.

"Mikasa ! T'as balancé ?!"

Sa sœur eut la décence de baisser les yeux mais Carla le força à reporter son attention sur elle en tapant sur la table.

"Et elle a bien fait ! Eren, ce que vous faites est très dangereux !"

"C'est juste des histoires !"

"Et vous vous baladez seuls la nuit sans protection ! Vous n'avez que quatorze ans, vous êtes des proies vulnérables ! Surtout toi Eren, n'oublie pas que tu es un oméga !"

À ces paroles, Eren se leva, sa chaise raclant le sol.

"Je ne peux pas l'oublier, vous me le rappeler tout le temps ! Eren tu es un oméga, tu ne peux pas faire-ci, tu ne peux pas faire ça ! J'en ai plus que marre !"

"C'est pour te protéger !" cria Carla, "dans ce monde, les omégas sont des proies faibles !"

"Je ne suis pas faible !"

"Eren," intervint son père, "tu n'es peut-être pas plus faible qu'un alpha ou un bêta normal, mais tu n'es pas assez fort pour pouvoir te défendre contre tout type de danger. Ta mère a raison et tu le sais : même s'ils ne sont pas tous faibles, les omégas sont beaucoup plus vulnérables aux attaques."

Eren secoua la tête avec rage.

"Je n'ai jamais demandé à être un oméga !" s'écria-t-il avant de se diriger vers sa chambre, en claquant la porte au passage.

Cette nuit-là, Eren y alla seul. Mikasa l'avait menacé de le dire aux parents s'il y retournait, et il avait fini par céder. Mais dès qu'elle se fut assurée qu'il était bien en train de dormir dans sa chambre -enfin c'était ce qu'elle croyait- il sortit par la fenêtre sans faire de bruit. Il avait déjà appris à maîtriser un talisman camoufleur à cette époque. Mikasa ne comprenait pas et Armin avait peur, mais pour lui ces rêves qu'on lui vendait tous les mardis soirs représentaient la liberté qu'on leur avait volée. C'était le seul moment où il ne se sentait pas emprisonné dans son propre pays, pas mieux que du bétail.

Quand Eren arriva à l'établissement, l'histoire avait déjà repris. Il se fraya un chemin comme à son habitude au premier rang, et le conteur sourit en le voyant. Eren répondit à son sourire et l'histoire continua. Il regarda avec émerveillement le conteur mimer une bataille féroce de l'héroïne contre au moins dix opposants.

"À ce moment, Ash utilisa un talisman magique pour brûler ses ennemis mais le feu se propagea dans toute la maison !" s'écria le conteur en soufflant sur sa paume, créant une gerbe de flammes.

Eren recula un peu alors que les étincelles passaient un peu trop près de ses cheveux à son goût et leva le regard vers le conteur. Celui-ci lui fit un clin d'œil derrière son masque et il secoua la tête avec un sourire. Le conteur savait ce qu'il faisait.

L'histoire commençait à prendre une tournure de plus en plus palpitante, le conteur déployant ses plus beaux tours de magie pour insuffler de la vie à ses personnages, quand le regard d'Eren fut attiré par un mouvement de l'autre côté de la scène. Le même homme que la dernière fois était en train de parler à un autre qu'il n'avait jamais vu, mais leurs regards étaient tous deux fixés sur lui. Eren détourna les yeux et fit semblant d'être à nouveau captivé par les histoires du conteur, mais son attention restait fixée sur eux. Peut-être qu'ils regardaient quelqu'un d'autre mais Eren avait le pressentiment que ce n'était pas le cas, et il en eut la confirmation quand il releva une nouvelle fois la tête et leurs regards se croisèrent. L'homme sourit d'un air pas vraiment rassurant et Eren feignit de reporter son attention sur la scène, mais son esprit tournait à toute vitesse. C'était la troisième fois qu'il voyait cet homme, et il lui foutait les jetons. Il n'avait rien d'inquiétant à première vue, mais quelque chose dans la façon dont il le regardait le mettait mal à l'aise. Quand il chercha à nouveau les hommes du regard, il les vit se diriger vers lui à travers la foule, et Eren n'attendit pas qu'ils arrivent à sa hauteur pour décamper.

Ce n'était pas la première fois qu'il recevait des regards non-sollicités, mais la plupart du temps, la présence de Mikasa suffisait à les tenir à distance. On pouvait dire ce qu'on voulait sur lui, Eren n'était pas si naïf. Des gens qui te fixent comme ça dans un cabaret n'était jamais bon signe. Il se résolut à partir, abandonnant l'histoire avec regret. Et dire qu'il avait fait tout un scandale pour venir jusqu'ici, pour au final repartir au bout d'à peine dix semisili…

Peut-être que ses parents avaient raison après tout, pensa-t-il sur le chemin du retour, être un oméga était trop injuste, ça l'empêchait même d'écouter des histoires. Ce qui était sûr, c'était qu'il ne reviendrait sans doute pas tout de suite à ce cabaret. Peut-être qu'il pourrait convaincre Mikasa la prochaine fois.

Un bruit se fit entendre derrière lui et Eren s'arrêta pour jeter un coup d'œil en arrière. La rue était complètement déserte mais ça ne le rassura pas pour autant. Sûrement un chat errant, essaya-t-il de se raisonner. Il attendit deux battements avant de se mettre à courir.

Les deux hommes du bar sortirent immédiatement de leur cachette et se lancèrent à sa poursuite. Eh merde, pensa Eren se forçant à courir encore plus vite. Sa maison était juste là, au coin de la rue, mais les hommes commençaient à le rattraper. Il n'osait pas regarder en arrière de peur de ralentir, mais il avait l'impression de les sentir juste derrière lui, et la panique commença à rapidement s'emparer de lui. Pourquoi n'avait-il pas écouté ses parents ?

Il déboula à toute vitesse dans la cour, le cœur battant dans ses tempes, et fonça vers la porte mais un des hommes réussit à l'attraper par le bras. Une grande main étouffa son cri et d'autres lui attrapèrent les poignets quand il essaya de se débattre. Il sentit quelque chose de lourd s'abattre à l'arrière de sa tête et il tomba au sol, du sang poisseux coulant dans ses cheveux. Il était si proche ! S'il arrivait à faire suffisamment de bruit, quelqu'un viendrait le sauver.

"Putain, il aura été difficile à choper celui-là," marmonna l'un des hommes, et Eren réalisa à travers le brouillard qui s'était emparé de son esprit qu'il parlait Sinayen, "Allez grouille, on l'embarque."

Eren se sentit soulevé mais le seul son qu'il parvint à émettre fut un gémissement.

Soudain, il entendit le bruit d'une porte qu'on ouvre puis la voix de sa mère crier son nom.

"Fais gaffe, cette enfoirée utilise de la magie !"

Une explosion, un flot de jurons, un hurlement de douleur, puis…

"Carla !"

Eren tomba lourdement sur la pierre de la rue quand l'homme le lâcha, et lorsqu'il parvint à relever la tête, il faillit vomir ce qui lui restait dans l'estomac. Les deux hommes avaient sortis des dagues, et Carla gisait sur le sol, éventrée. Grisha se tenait à quelques mètres, n'osant pas s'approcher davantage. Il aurait pu les tuer d'un claquement de doigts, Eren savait qu'il aurait pu les tuer si facilement ! Grisha était un expert en magie noire. Il savait aussi que s'il ne le faisait pas, c'était à cause de lui. Son père lui avait répété maintes et maintes fois à quel point la magie noire était incontrôlable, tuant tout le monde sur son passage. Si Grisha ne faisait rien, c'était pour ne pas le tuer, et parce qu'il ne connaissait pas la magie spirituelle, celle qu'utilisait Carla.

"Tue-le."

Eren vit son père hésiter, mais ses yeux se posèrent sur lui et il tomba sans un bruit, sans essayer de se défendre de peur de blesser son fils.

Non, non, non, non. Ce n'était pas possible. Eren sentit ses yeux se remplir de larmes, mais il n'enregistrait la scène qu'à moitié, toujours sonné par son coup à la tête.

"Putain, cette salope m'a bien eut," marmonna un des deux hommes en examinant son bras brûlé à vif, mais l'autre n'avait pas l'air de s'en soucier plus que ça.

"Mieux vaut se débarrasser des corps," dit en ramassant Carla et Eren voulut crier mais il luttait pour rester inconscient. Il ferma les yeux à peine quelques secondes, mais quand il les rouvrit, sa maison était un gigantesque brasier, les cadavres de ses parents sûrement en train de brûler parmi les flammes. Il mit quelques minutes à réaliser que Mikasa était toujours à l'intérieur.

"MIKASA !" hurla-t-il avec ses dernières forces. Il sentit qu'on le jetait par-dessus une épaule mais il trouva la force de se débattre et continua à crier le nom de sa sœur.

La dernière chose qu'il vit avant de se faire assommer fut sa maison dévorée par les flammes et avec elle vint la réalisation que sa famille avait été tuée à cause de lui.

"Eren ?"

Eren revint à la réalité et se tourna vers Livai qui le regardait avec inquiétude. Ce fut là qu'il se rendit compte qu'il avait les yeux humides.

"Ouais ?" répondit-il, essayant de faire comme si de rien n'était, mais même lui pouvait entendre le craquement dans sa voix.

Livai le dévisagea quelques instants avant de laisser tomber.

"J'ai des nouvelles sur l'enquête," dit-il et Eren essaya de se reconcentrer sur ce qu'il disait, "l'escouade qui travaille dessus a déjà fait un rapport, mais ils vont aller demain à Utgard pour affiner les détails et interroger de nouveaux témoins. Ça pourrait être l'occasion pour…savoir ce qu'il y a dans ce rapport ?"

"Tu veux dire le voler," clarifia Eren avec un regard appuyé et Livai haussa les épaules.

"Tant qu'on y est. Théoriquement je ne suis pas censé aller dans la salle des preuves sans autorisation, mais ce n'est pas une aile très fréquentée alors…"

"S'il s'agit d'infiltration, j'ai un meilleur moyen…"

"Qui est ?" demanda Livai en haussant un sourcil et Eren retrouva un semblant de sourire.

"Tu verras ça demain."

o

"Tadaa !"

"C'est ce truc que j'étais censé voir ?"

Eren fit la moue et reposa le petit bonhomme en papier qu'il venait de montrer à Livai. Il ne voyait pas le problème, il était parfaitement découpé d'abord.

"Ce 'truc' va servir de vassal pour une partie de mon âme, alors t'as intérêt à en prendre soin."

"Ton âme ?"

"Ma conscience si tu préfères. Tu n'auras qu'à me déposer pas trop loin du bureau et je pourrais me faufiler plus facilement comme ça."

"Et comment ça marche ?" demanda Livai, l'air intéressé.

"Euh, c'est de la magie très ancienne," répondit-il, ce qui signifiait 'j'en ai pas la moindre idée'.

"Et si ce… truc est déchiré ?"

"Soit je retourne dans mon corps, ou alors je crève, j'ai jamais testé."

Livai n'eut pas l'air amusé.

"Ce serait bien si on évitait de le découvrir," continua Eren en haussant les épaules, "mais ça devrait aller. J'espère."

Livai n'avait pas l'air aussi rassuré que lui, mais il l'avait déjà fait quelques fois et n'avait jamais eu d'ennuis.

Ils mirent au point quelques détails, puis Eren s'assit enfin à la table du petit salon. Il n'y avait personne à cette heure-ci, tout le monde était plutôt dans la cour. Il sortit un petit livre et le feuilleta avant de l'ouvrir sur un dessin qu'il recopia sur le dos de sa main, et la tête du bonhomme en papier. Une fois satisfait, il rangea l'encre et le livre et sortit sa dague sous le regard attentif de Livai.

"C'est parti," souffla-t-il en se pointant le bout du doigt avec une grimace. Ça ne faisait même pas mal, c'était juste par principe. Une goutte de sang perla, et il l'étala dans le cercle qu'il avait tracé sur bonhomme en papier.

"Sois mes yeux et mes oreilles, entre tes mains je confie mon âme."

Une lumière bleue éclaira la pièce et Eren se sentit quitter son corps. Peu importe le nombre de fois qu'il le faisait, ça lui ferait toujours bizarre comme sensation. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il vit Livai accompagner la tête de son corps désormais inconscient pour éviter qu'il ne se fracasse le front contre la table. Eren sourit et sauta dans la paume ouverte que lui tendait Livai. Vingt minutes plus tard, il le déposait sur le bord d'une fenêtre des brigades spéciales.

À moi de jouer maintenant.

Avec un dernier regard à Livai, il se faufila dans l'entrebâillement de la fenêtre et atterit sur un parquet clairement pas très propre. Aucun bruit ne lui parvenait, et Eren avait presque peur de faire craquer le parquet malgré le fait qu'il ne devait pas peser plus de deux grammes sous sa forme papier. Il avança avec précaution le long du couloir, mais la seule chose qu'il croisa fut un cafard qui détala aussitôt. C'était pas si étonnant : il était bientôt Shisili et les brigades spéciales n'étaient pas connues pour travailler tard le soir.

Juste à ce moment, il entendit des bruits de pas et se roula en boule dans un coin. La soldate lui passa devant sans faire attention. Comme quoi un bout de papier passait facilement inaperçu. À peine dix mètres plus loin, il dut à nouveau se camoufler en vitesse en voyant quelqu'un arriver. Il l'entendit passer devant lui mais avant qu'il puisse se sentir soulagé, la personne s'arrêta et revint sur ses pas.

"Hmm," commença une voix familière, "regardez qui voilà !"

Eren sentit qu'on le ramassait entre deux doigts et il se déplia malgré lui. Face à lui se trouvait le visage rayonnant d'Hanji, avec les cheveux à moitié défaits, les lunettes un peu de travers et un dossier sous le bras.

"C'est de la magie impressionnante que tu nous fais là, Eren !"

Comment elle m'a reconnu ?

"On peut discerner ton énergie," dit Hanji, et si Eren n'avait pas été sûr qu'il était incapable de parler sous cette forme, il aurait cru l'avoir dit à voix haute.

Décidément, Hanji était quelque chose d'autre. Même Livai avait reconnu pouvoir déceler une infime trace d'énergie, mais lui avait affirmé que son aura n'était pas reconnaissable. Il vit qu'elle s'apprêtait à lui poser une question lorsqu'une porte s'ouvrit sur leur droite, les faisant sursauter.

"Oh, tiens Hanji !" s'exclama l'homme d'une quarantaine d'années alors que celle-ci le fourrait rapidement dans sa poche.

Aw, elle avait manqué de peu de le déchirer. "Qu'est-ce que tu fais ici ?"

"Ah, j'avais un rendez-vous avec Niles mais il n'est pas là !" entendit-il de manière un peu étouffée.

"Vraiment ? Tu me diras, il part assez tôt en ce moment… Je te raccompagne, j'étais justement en train de partir."

Aïe, maintenant il était coincé dans la poche d'Hanji jusqu'à ce qu'ils sortent. Il devrait retrouver Livai et refaire tout le chemin, et les rondes de nuit n'allaient pas tarder à commencer.

"Tu travailles sur quoi en ce moment ?" demanda Hanji en même temps qu'il les sentit commencer à marcher.

"Je viens d'être affecté à la surveillance d'un groupe de personnes à l'Est de Shiganshina. On a repéré un commerçant d'épices qu'on soupçonne de transmettre des infos à Rose."

Ah, il ferait mieux de faire passer le message à Armin, il saurait sûrement de qui ils parlaient, pensa Eren au moment où Hanji le coinça entre ses doigts. Il n'eut pas le temps de réagir, d'un geste souple elle le sortit de sa poche et le laissa tomber sur le sol. Le temps qu'il se redresse, les deux soldats s'éloignaient en discutant tranquillement. Sur la porte à sa droite, il y avait marqué "salle des preuves".

o

Putain, c'est pas là non plus.

Eren se faufila sur l'étagère d'en face en sautant du haut de ses dix centimètres. Le problème quand on met son esprit dans un bout de papier de la taille de la modestie de Jean, c'est qu'on est pas très rapide. S'il ne se trompait pas, ça ne devait plus être très loin, se dit-il, mais c'était déjà la quatrième fois qu'il se disait ça. La salle était bien plus grande qu'il ne pensait, clairement super mal organisée, et pour couronner le tout, tout était évidemment écrit en Sinayen. Même s'il se vantait de très bien le parler, le lire, c'était autre chose. Il n'avait qu'une vague connaissance des caractères, ce qui rendait la lecture pénible et lui faisait perdre un temps précieux. Il allait passer devant un casier vide quand la porte s'ouvrit, laissant entrer deux soldats, et Eren recula rapidement pour se glisser entre deux casiers.

"...et pour une fois que Niles fait son travail," parvint une voix d'homme suivie d'une autre, plus féminine.

"Si tu veux mon avis, c'est pas maintenant qu'il arrivera à débusquer la Faucheuse," dit-elle et Eren se tendit imperceptiblement.

"Vu les dégâts qu'elle vient de faire, tu m'étonnes que Niles s'investisse."

"On est vraiment sûrs que c'est elle qui est intervenue ? Ce serait étonnant qu'elle ait manqué les généraux…"

Eren pouvait presque entendre l'homme hausser les épaules.

"Qu'on soit sûrs ou non, Niles veut récupérer tous les dossiers sur les accidents impliquant de la magie noire ces cinq dernières années."

"Il ne va pas y avoir grand chose, surtout qu'il a déjà saisi tout ce qu'il avait filé au Caporal Livai," la femme répondit en se rapprochant dangereusement de la position où il se trouvait. "Il était pas là le dossier du bordel d'Utgard ?" reprit-elle et Eren l'entendit à peine à travers le bruit du sang battant dans ses tempes. Elle ne devait pas être à plus d'une coudée. Si elle prenait le dossier derrière lequel il était caché, la suite deviendrait rapidement compliquée.

"Euh non, c'était un peu plus loin je crois," répondit l'homme et ils s'éloignèrent, laissant Eren relâcher son souffle. Il devrait arrêter de se mettre dans ce genre de situation sérieusement. Il stressait suffisamment pendant un jour normal pour se rajouter ce genre de frayeur.

"Pourquoi on doit remonter à cinq ans d'abord, ça fait même pas six mois que la Faucheuse est apparue, et avant il y a pas eu des traces de magie noire depuis des décennies !"

Ha ha, faux, pensa Eren, et la femme avait l'air de le savoir elle aussi.

"Les premières traces de magie noire depuis un petit moment remontent à il y a quatre-cinq ans. Deux soldats ont été retrouvés morts dans une ruelle."

"Ils étaient haut-gradés ?" demanda l'homme et Eren dut tendre l'oreille alors qu'ils passaient dans la rangée suivante.

"Même pas. Personne ne sait vraiment pourquoi c'est tombé sur eux, mais ça pourrait être parce qu'ils faisaient partie d'une équipe qui débusquait et tuait des résistants," répondit-elle et Eren sentit son sang se glacer. Il n'entendit que vaguement la suite, essayant de retrouver la sensation de respirer dans son corps resté au Fi Malja. "Il y avait aussi une histoire d'un bordel qui a été complètement annihilé."

Quelque chose…. Quelque chose était en train d'arriver à son corps.

"C'était pas le bordel en premier…?" entendit-il au loin, alors que le fourmillement remontait le long de son corps, atteignant sa poitrine puis sa gorge.

Il devait rentrer. Maintenant.

À suivre...