Au bout d'une bonne heure de marche, Eleonore s'était calmée et se tenait nonchalamment, un coude posé sur le dos large du guerrier, blasée, le menton dans sa main, son autre main pendant dans le vide et se balançant au gré des pas du démon. L'âne, heureux d'avoir une nouvelle amie plus encline à parler que Piccolo, lui posait tout un tas de questions.

« Mais dites Princesse, vous avez l'air d'être bien renseignée en amour alors j'aimerais un conseil. Parce que vous voyez, une fois j'ai eu une nana, c'était une belle nana hein, une superbe rousse de Maradi. Elle avait de jolies cornes, elle sautillait partout, c'est une chèvre en même temps hein ? Mais le truc, il passait pas. Elle était folle de moi mais moi, voilà quoi. Alors comment le gus il lui dit à l'autre, hein ? Comment il repousse ses avances sans la froisser et surtout sans se prendre un coup de cornes dans les roubignoles ? Comment il fait le gus ? »
« Il lui dit simplement qu'elle n'est pas son grand amour. Chacun en son cœur extasié ne peut douter quand il… »

Mais tandis qu'elle faisait sa superbe tirade sur l'amour, Piccolo lui mit un coup d'épaule sous l'estomac pour la faire taire. Ce genre de discours lui filait de l'urticaire.

« Ehhhh ! » fit-elle. Puis elle souffla en baissant la tête avant de reprendre. « J'ai grand hâte d'apercevoir les remparts de Siseria. »
« Oh vous allez voir Princesse, c'est beau comme tout ! » lui fit l'âne en souriant.
« Ah oui ? Et mon futur époux, ce Geoffroy, comment est-il ? »

A ces mots, Piccolo laissa tomber son paquetage sur le sol sans ménagement. Arydel lui jeta un regard blasé. Ce démon était vraiment terrible.

« Oh mais vous n'avez pas besoin de savoir, puisque de toute façon, c'est votre grand amour. N'est-ce pas ? » dit-il railleur. « Mais pour ma part, ce prétentieux m'a gonflé. Son père, le Roi August le Grand, était bien plus classe. »
« Vous n'êtes qu'un vil jaloux de toute évidence ! » lui lança Eleonore. « Je suis sûre que le Prince Geoffroy est un homme parfait, sinon, le destin ne l'aurait pas mis sur ma route. »
« Oh ben vous avez sûrement raison Princesse… », fit finalement Piccolo en souriant, moqueur. « D'ailleurs, vous aurez l'occasion de voir par vous-même lorsque vous le rencontrerez demain. »

Eleonore sembla soudainement prise de panique. Elle se tourna vers l'horizon et vit effectivement que le soleil était bien bas. Les trois fées se firent un regard entendu en souriant.

« Comment, demain ? Le voyage sera si long ? Dans ce cas, arrêtons-nous pour la nuit ! »
« Non, le voyage serait encore plus long. Allez on marche. »
« Mais… Mais les bois regorgent de coupe-jarrets ! »

A ces mots, l'âne paniqua à son tour.

« Ouuu ! Là je dis Pouce Piccolo ! Camper c'est une vachement bonne idée ! »
« De quoi t'as peur ? J'suis plus effrayant que tout ce qui regorge dans cette forêt… », lui répondit Piccolo légèrement abattu.

Mais Eleonore ne l'entendit pas de cette oreille et se campa devant lui, puis cria.

« Je veux que nous nous arrêtions pour camper c'est un ordre ! »

Piccolo dut bien admettre qu'il était difficile de lui tenir tête. Reculant un peu, presque effrayé par sa soudaine colère, il finit par obtempérer. Les six voyageurs s'arrêtèrent sur un promontoire où se trouvait une petite grotte, cachée par un gros rocher. Sans la moindre peine, Piccolo saisit la pierre énorme et la déplaça, libérant l'ouverture.

« Piccolo ! T'es pas sérieux ?! On pourrait trouver mieux pour une princesse ! » lui fit l'âne.

Mais Eleonore, paniquée en voyant le soleil presque disparu, lança.

« Non non c'est parfait ! Il n'y manque que ma petite touche perso… »
« Votre petite touche perso ? » lui demanda Piccolo. «Comme quoi ? »

Elle arracha d'un gros arbre une grande portion d'écorce.

« Une porte. Bien. Messieurs... Les fées... Je vous souhaite la bonne nuit. »

Et elle alla s'enfermer dans sa grotte. Piccolo se mit soudain à sourire et regarda le rocher, puis la grotte, sous l'œil perplexe de l'âne.

« T'es pas sérieux… », lui fit l'animal en ayant compris.
« Oh ça va, si on peut même plus s'amuser… »
« Ah parce que t'es capable de t'amuser, toi ? »

Piccolo se renfrogna et s'éloigna. Non. Normalement, Piccolo ne s'amusait jamais. Mais depuis qu'Eleonore était là, sans vraiment savoir pourquoi, il avait envie de l'asticoter, de l'embêter, la faire sortir de ses gonds. Il ne le montrait pas, mais en réalité, elle le faisait rire. Avec ses grands airs de princesse et ses grandes tirades grotesques. Il alla faire un feu, plus pour réchauffer l'âne que pour lui qui ne craignait pas le froid, en réalisant qu'il faisait quelque chose pour quelqu'un d'autre. En plus, quelqu'un d'horripilant. L'animal vint s'asseoir auprès de lui. Levant les yeux au ciel, Piccolo observa les étoiles. Elles étaient bien plus voyantes que dans son ancien monde. Chez lui, à cause des grandes villes, il fallait partir loin pour que les lumières artificielles ne gâchent pas le spectacle. Il repensa à son passé. A son père, qui voulait réduire tout le monde en esclavage. Il avait chacun de ses horribles souvenirs. Au moins, il n'entendait plus sa voix dans sa tête. Mais son héritage le suivait partout où il allait. Piccolo avait honte pour des actes qu'il n'avait pas commis. Il soupira profondément, et se perdit dans sa contemplation. C'est à ce moment que l'âne décida qu'il était nécessaire de parler. Arydel, Astriza et Leonyd décidèrent de les laisser seuls. Les trois fées sourirent d'un air entendu et s'évaporèrent.

« Dis ? Qu'est-ce qu'on fera quand on aura nos terres ? » demanda l'âne.
« Attends… Pardon ? "Nos" terres… ? »
« Ouais tu sais la jolie forêt, la rivière et la grotte, une fois qu'on aura ramené la princesse à son beau prince parfait. »
« Je t'arrête tout de suite, y'a pas de "nos terres", y'a que moi, ma grotte, ma rivière et ma forêt. Et personne d'autre. D'ailleurs, je pense que je devrais faire bâtir une muraille tout autour de MA forêt ! »

Piccolo lui tourna violemment le dos, assis les bras croisés sur le torse et les jambes en lotus.

« Tu m'fais beaucoup de peine Piccolo, là tu m'as miné, pour des siècles… »

Mais bien loin d'être miné en réalité, l'âne reprit de plus belle. Il contourna le guerrier pour le regarder en face.

« Tu sais c'que j'crois ?! J'crois surtout que c'est pour que personne ne voit ce qu'il y a derrière, ton histoire de muraille ! »
« Non ?! Tu crois ?! » répondit Piccolo en s'asseyant dans un autre sens.
« T'as quelque chose à cacher ?! » insista l'animal têtu.
« Laisse tomber, l'âne… Maintenant lâche-moi, j'aimerais méditer en paix. »
« Pourquoi tu t'obstines, tu veux pas en parler ? »
« Pourquoi TU t'obstines, je veux pas en parler ! »

Piccolo se tourna à nouveau mais à chaque fois l'âne insistait et se remettait face à lui.

« Pourquoi t'es bloqué ? »
« Je suis pas bloqué ! »
« Mais si tu l'es ! »
« Arrête l'âne… ! Je t'aurais prévenu… ! » fit soudain Piccolo en montrant les crocs.
« De qui tu t'planques, vas-y, crache le morceau ! »

Piccolo inspira violemment puis cria.

« De tout le monde ! T'es content ?! »

Mais l'âne, bien loin de s'offusquer, continua en souriant.

« Bah ça y est ! Voilà, on progresse ! »
« Mais c'est pas vrai, mais je suis maudit… ! »

Piccolo se leva et alla s'installer vers la falaise, les jambes dans le vide, les épaules basses. Ni lui ni l'âne ne remarquèrent que la porte d'écorce s'était ouverte et qu'ils étaient observés et écoutés.

« Hé dis-moi, c'est quoi ton problème ? » demanda l'animal. « Pourquoi t'es fâché avec le monde entier ? »
« Non… C'est pas moi qui suis fâché avec le monde entier. C'est le monde entier qui est fâché avec moi… Il suffit que quelqu'un pose les yeux sur moi et… Aaahhh qu'il est laid ! Quel monstre horrible ! Fuyons devant le démon ! »

Piccolo baissa à nouveau les épaules.

« Si encore il n'y avait que mon physique… mais mon passé… il me poursuit… J'ai… Enfin, ce n'était pas vraiment moi mais… disons… que dans une autre vie… ce corps n'a pas fait que de belles choses… »
« Attends une seconde… Comment ça dans une autre vie… ? »
« C'est… une longue histoire… »
« Bah la nuit est encore longue et j'ai tout mon temps… »

Piccolo se tourna vers l'âne qui lui souriait tendrement. Il soupira. Puis se lança.

« Il y a bien longtemps, dans un monde différent du tien, très différent, mon… père… a fait d'horribles choses… à des milliers, des centaines de milliers de gens… C'était un véritable monstre, pas qu'en apparence. Il torturait, tuait… violait… Hommes, femmes… enfants… Pour lui, il n'y avait aucune différence… Un jour, il a été emprisonné dans un cuiseur à riz, grâce à la magie. Mais après plusieurs siècles, il a été libéré par des gens avides de pouvoir. Sauf que c'est lui qui a repris le commandement et tout a recommencé… Un jour, enfin, un homme s'est dressé sur sa route et cette fois, a réussi à le tuer. Mais c'était sans compter sur sa détermination à régner sur les hommes. Mon père, sur le point de mourir, a pondu un œuf, et l'a lancé très loin, hors de portée de ses ennemis. Puis, il est mort. Dans cet œuf, il y avait moi. J'étais son fils… mais aussi… sa réincarnation… Je possède tous les souvenirs de sa vie entière… »

Piccolo se tourna vers l'âne et une horrible douleur dans le regard, lui dit.

« Toutes les atrocités qu'il a commises, elles sont là ! Dans ma tête ! » cria-t-il en pointant son doigt sur son front. « Je peux m'estimer chanceux car avant de quitter mon monde et d'être amené dans le tien, il me parlait ! Constamment ! Me disait à quel point il avait honte de moi ! Me poussait chaque jour à refaire les mêmes horreurs que lui ! Au moins, maintenant, je ne l'entends plus… Mais ma mémoire est toujours envahie… de tout… Je n'ai jamais voulu faire perdurer son héritage, mais malgré tout, les gens me jugent sans me connaître… Toujours… Je sais, je ne suis pas facile à vivre, mais… de toute façon, que puis-je espérer… ? Je suis un démon, ma place n'est pas parmi les humains… Alors peu à peu, j'ai fini par devenir aussi distant que possible. Par peur… de déraper… Mais aussi, pour me protéger… C'est plus facile de vivre seul que d'être constamment haï parce qu'on est laid et horrible… »

L'âne approcha et vint se poster à ses côtés.

« Tu sais quand on s'est rencontré, la première fois, moi j't'ai trouvé ni laid ni horrible… »

Piccolo fit un minuscule sourire en coin, puis jeta un œil sur le côté, regardant l'animal qui lui souriait gentiment.

« Ouais… je sais… »

Derrière eux, la porte en écorce se referma sans un bruit. Eleonore n'en croyait pas ses oreilles. Ainsi, Piccolo n'était pas de ce monde… Comment était-il arrivé ici ? Elle se remémora ses paroles et eût de la peine pour lui, puis se sentit honteuse. Ce fichu caractère, c'était une armure qu'il portait. En réalité, Piccolo était quelqu'un de sensible, et terriblement blessé par la vie. Elle se jura d'être à l'avenir plus gentille et compréhensive avec lui.

Dehors, l'âne s'assit et regarda les étoiles.

« T'y connais quelque chose toi en étoiles ? Y'aurait pas un âne qui constelle là-haut ? »

Piccolo ricana, puis répondit.

« Bah… y'a… blablabla. Qui est pas grand, mais qu'est-ce qu'il cause… »
« Ah oui oui oui oui je vois ouais ouais c'est la grosse qui brille là devant, c'est celle-là ?! »
« Ça c'est la lune… »
« Ah bon… »

Le lendemain, Piccolo fut sorti de sa médiation par un bruit de pas. Il se retourna et vit Eleonore s'approcher du feu et s'agenouiller. Comment avait-il pu méditer sans rien remarquer plus tôt ? Il avait dû… s'endormir. Cela ne lui arrivait pourtant jamais. La jeune femme faisair chauffer une pierre plate et y avait déposer trois oeufs à cuire au plat.

« Oh… Bonjour… », lui lança-t-elle en remarquant qu'il était réveillé.

L'âne, couché et toujours endormi sur le sol, s'agita.

« Oh oui c'est bon… Oh oui caresse-moi la crinière… Oui, monte sur ma selle, j't'emmène au ciel… »
« L'âne ! » fit Piccolo en lui fermant la bouche avec sa grande main. « Réveille-toi… ! »
« Hein quoi…? Qu'est-ce qu'il y a…? Pourquoi… ? »

Eleonore le salua également et demanda.

« Euh… comment aimez-vous vos œufs ? »

L'âne se leva d'un bond.

« Oh bonjour, Princesse ! »

Piccolo, ne sachant pas trop comment réagir, finit par demander.

« Euh… c'est quoi ça… On fête quelque chose ou quoi ? »

Eleonore se leva avec la pierre et les œufs, une grande feuille verte et épaisse lui servant de manique. Puis, elle déposa le tout devant l'âne et Piccolo.

« Messire… Je crois que nous avons pris un mauvais départ… et je tenais à m'excuser… Après tout, c'est vous qui m'avez délivrée… »

Piccolo allait lui dire qu'il n'avait pas besoin de manger mais finalement s'abstint.

« Euh… merci… »
« Mangez maintenant. Nous avons une longue route devant nous… »

Et elle s'éloigna en chantonnant. Piccolo regarda l'âne, puis les œufs. A nouveau, comme la veille quand elle s'était inquiétée pour lui, une drôle de chaleur lui réchauffa le ventre. Ce n'était pas désagréable, au contraire même. Pour ne pas froisser la princesse, il mangea un œuf, laissant le reste à l'âne qui apparemment ne se contentait pas de brouter de l'herbe. Puis tous trois reprirent leur chemin. Ils marchaient tranquillement quand soudain…

« Aaahhh ! » cria Eleonore lorsqu'un homme en collants verts surgit du bois sur une liane, l'emportant avec lui jusque sur une branche d'arbre.
« Princesse ! » cria Piccolo soudain paniqué et en montrant les crocs à l'étranger.

Eleonore se détacha tant bien que mal du personnage rieur.

« Oh pas de panique la belle en cuisse, car voici votre sauveur ! »

L'homme saisit la main d'Eleonore et se mit à la lui baiser, en remontant le long de son bras, la faisant frissonner, mais de dégoût. Piccolo courut vers l'arbre, prêt à intervenir.

« Hey ! C'est MA princesse ! Va t'en chercher une autre ! »

A ces mots, Eleonore pouffa.

« Oh ! Vil monstre ! Ne vois-tu pas que je suis en pleine… gaudriole ! »

Cette fois, Eleonore s'énerva contre cet homme qui ressemblait davantage à un bouffon qu'à un héros et le poussa sans ménagement, puis planta son doigt sur sa poitrine.

« Écoute, vieux ! Je sais pas pour qui tu t'prends, ni qui tu es ! »
« Oh le maroufle ! » s'exclama l'homme en se frappant magistralement le front. « Quel butor suis-je… Madame ! Permettez-moi de m'introduire moi-même… Oh compagnon-onnnns ! Hahahaha ! »

A son cri d'appel, une horde de joyeux hommes en collants se mit à envahir l'espace en chantant gaiement au son d'un accordéon. Piccolo n'en croyait pas ses yeux.

« C'est une comédie musicale ou quoi ce monde ?! »

Celui qui ressemblait en réalité à un Robin des Bois un peu stupide continua sa chansonnette, secondé par ses compagnons.

« 🎶J'aime culbuter la racaille et les pucelles en bas et dentelles…🎶 »
« 🎶Détrousser les marquis, ramasser l'or à la…🎶 »
« 🎶… pelle !🎶 »

Piccolo avait bien de la peine à suivre les paroles, les yeux rivés sur les gambettes moulées dans leurs collants faisant des claquettes ridicules. Mais tandis que le "gentilhomme" parlait de démon, donc de lui, il s'approcha, un poignard à la main.

« 🎶Je dégaine mon glaive et lui embroche le coeur, attention compagnons, je vais pour son malheuuuuuuur !🎶 »

Mais au moment où Piccolo allait réagir, pas le moins du monde effrayé mais plus scotché par la bêtise du groupe, Eleonore sauta de sa branche accrochée à une liane et balança son pied à la figure du beau parleur, l'envoyant au tapis, avant d'atterrir au sol après un salto avant. Piccolo resta figé tandis que Eleonore le regardait.

« Là, j'suis vraiment fâchée… »
« Oh ! Bougresse ! » s'écria un homme derrière en tirant une flèche sur elle.

La suite Piccolo ne la comprit pas vraiment. Telle une championne en arts martiaux de son propre monde, Eleonore évita le projectile et bondit vers l'archer dans une enchaînement de culbutes puis le rétama d'une série de coups de poing. Le suivant arrivant par derrière, se prit un coup de coude puis un coup de tête et enfin, une grande natte tressée comme un fouet en pleine figure. Deux des derniers danseurs folkloriques se jetèrent sur elle mais la jeune femme sauta en l'air et des deux pieds, envoya les hommes dans le décor. L'accordéoniste la poursuivit jusqu'à un arbre, sur lequel la princesse courut avant de sauter dans un salto arrière, atterrissant derrière le gros personnage, et lui assénant un violent coup de poing à travers son instrument. Le dernier homme arrivant par derrière, fut balayé d'un coup de pied tournoyant. Eleonore finit en position les jambes bien écartées et stables, les bras ouverts, un tendu derrière elle, l'autre tendu devant, sa main aux doigts repliés comme une parfaite experte d'arts martiaux. Elle souffla, puis comme si de rien n'était passa devant Piccolo et l'âne, qui avait sauté dans les bras de ce dernier. Le guerrier le tenait toujours sans réagir. Eleonore, en avançant et en souriant, un peu mal à l'aise, lança un :

« Euh… Allons-y… ? »