Ahsoka, Anakin et Obi-Wan étaient en train de sortir de la salle de conférence du Temple Jedi. Après tant de temps, le Sénat prévoyait de voter dans les prochains jours pour l'organisation de pourparler de paix officiel entre la République et la Confédération. Le Conseil avait décidé, dans l'éventualité d'un vote favorable, de pétitionner le chancelier pour envoyer un observateur Jedi. Adi Gallia s'était porté volontaire, pour la tâche.

Ahsoka réalisait que tout cela avait probablement été organisé, ou du moins planifié par Kairos et son organisation. La jeune Jedi savait que Kairos avait en partie orchestré la rencontre politique d'il y a quelques mois lors de la Jeunesse Républicaine, et peut-être que la présence d'Adi Gallia avait directement mené à la décision du Conseil aujourd'hui.

Ce genre d'influence que les Fils de l'Harmonie pouvaient avoir… que Kairos pouvait avoir… Ahsoka comprenait maintenant bien comment cela changeait Kairos. Elle espérait seulement qu'il ne change pas complètement. Ils ne s'étaient pas parlé depuis environ un mois, Ahsoka savait que ceux-ci seraient forcés de se confronter de nouveau un jour, même si elle redoutait cette conversation. Peu importe, sa relation avec Kairos ne devait pas l'aveugler plus que ce qu'elle était.

-… et le chancelier serait probablement plus enclin à accepter d'envoyer un émissaire Jedi si cela avait été toi qui lui demanderais.

Anakin leva les bras comme s'il n'avait pas de pouvoir sur la situation devant le commentaire d'Obi-Wan.

- Que voulez-vous maître, vous savez que je ne suis pas le meilleur candidat pour ce genre de mission diplomatique. Maîtresse Gallia, en plus d'avoir un siège au Conseil, est reconnu pour son tact politique.

Obi-Wan soupira légèrement.

- Et je crains que ce soit exactement pour cette raison que le chancelier pourrait être réticent à l'idée.

Ahsoka remarqua qu'Anakin sembla légèrement irrité face au propos d'Obi-Wan alors que celui-ci dit un peu trop brusquement.

- Je lui parlerais s'il hésite à accorder la requête du Conseil, mais le chancelier Palpatine n'est pas du genre à agir sans bonnes raisons.

Le célèbre Jedi devança Ahsoka et Obi-Wan et se tourna vers eux.

- Bon, Rex m'attend pour passer en revue les préparations pour notre prochaine mission. On se retrouve plus tard Ahsoka.

Avant même qu'elle ou Obi-Wan n'ait le temps de dire leur adieu, Anakin était déjà partie avec empressement.

Obi-Wan mit sa main sur son visage en soupirant.

- Il n'a même pas encore reçu sa prochaine mission…

Ahsoka sourit à moitié. Elle ne savait pas ce qui était plus drôle, le fait qu'Anakin mente aussi mal pour justifier ses escapades avec Padmé ou le fait qu'Obi-Wan était apparemment au courant du manque de discrétion de son apprenti. Mais bien qu'elle aurait aimé faire un commentaire pour rire de la situation, son sourire disparu rapidement pour laisser place à une fine trace d'inquiétude.

- N'êtes-vous pas inquiet qu'Anakin soit toujours aussi proche du chancelier, demanda-t-elle à Obi-Wan.

Ceux-ci continuèrent à marcher à travers les halls du Temple.

- Je le suis aussi Ahsoka. Même si Anakin n'en est pas conscient lui-même, sa relation avec le chancelier est probablement plus utilitaire qu'une véritable amitié…

Ahsoka était davantage inquiète parce le fait que le chancelier était apparemment un Sith, plus que par le fait qu'il n'était un politicien.

- … Mais je me console dans le fait que cette « relation » n'a rien de caché. Le Conseil est bien au courant de celle-ci et nous la surveillons pour nous assurer que le chancelier n'abuse pas de la bonne volonté d'Anakin. Plusieurs chanceliers de la République avaient des contacts avec l'Ordre, donc la situation d'Anakin n'est pas si exceptionnelle.

Cela rassura Ahsoka. Quelque chose lui disait qu'Obi-Wan n'était peut-être pas si inconscient. Et bien qu'elle voulait dire à Obi-Wan que le chancelier était un Seigneur Sith, elle savait que cela ne fonctionnerait pas. Kairos lui avait à de multiples reprises expliqué l'emprise du chancelier sur la République et comment le dévoiler trop tôt pourrait être catastrophique.

Soudainement, en marchant, Ahsoka réalisa qu'elle pouvait parler avec Obi-Wan de sujets auquel elle réfléchissait depuis certains temps, qu'elle n'avait pas réussi à aborder avec Anakin.

- Hmmm… il y a déjà eu des chanceliers qui étaient des Jedis n'est-ce pas?

Obi-Wan haussa les sourcils face à la question, mais répondus avec bonne volonté.

- Oui, plusieurs au travers l'Histoire de la République. Mais, tous ces Jedis sont bien différents de ceux qui composent l'Ordre aujourd'hui. On te l'a probablement enseigné, mais depuis le dernier chancelier Jedi, l'Ordre a changé grandement.

Ahsoka acquiesca.

- Oui, vous avez raison…

Il y a plus de 1000 ans, certains Jedis portaient le titre de « Seigneur » comme les Siths qu'ils combattaient. Ils étaient beaucoup plus liés au monde profane et matériel expliquant probablement pourquoi ceux-ci avaient pu occuper la position de chancelier.

Ahsoka continua son fil de pensée.

- … Après certaines de mes discussions avec la sénatrice Amidala et Anakin, je me demandais à quoi ressemblerait un Jedi d'aujourd'hui qui occuperait une position de dirigeant. J'ai déjà cru que le pouvoir conféré en devenant un tel dirigeant pouvait mener un Jedi au côté obscur, comme pour le Comte Dooku, mais j'ai réalisé plus tard que ce n'était pas aussi simple justement à cause de ces anciens chanceliers Jedis. Je sais que l'Ordre Jedi est censé être apolitique de nos jours, mais je ne suis pas sûr de comprendre complètement les raisons derrière cela.

Ahsoka et Obi-Wan entrèrent dans un des jardins du Temple et y s'asseoir au-dessous d'un arbre verdoyant, plein de fleur. Obi-Wan acquiesça de la tête face au questionnement d'Ahsoka, semblant être heureux d'offrir son aide dans son enseignement.

- Je comprends ta difficulté, c'est un questionnement assez profond devant lequel tu es face, commença Obi-Wan intéressé par l'état d'esprit de la jeune Padawan. D'abord, je ne crois pas que le cas du Comte Dooku et celui des anciens chanceliers Jedis soient très similaires. Les Jedis d'il y a 1000 ans étaient en perpétuelle guerre avec les Siths. Ils seraient probablement considérés comme des extrémistes aujourd'hui, puisqu'ils étaient des chefs de guerre qui menaient la République pour combattre les Siths. Le pouvoir politique que certains d'entre eux ont pu avoir relevait probablement plus de l'époque trouble dans lesquels ils vivaient. C'est justement en réponse à sa période sombre de la République que l'Ordre Jedi est redevenu apolitique. Lorsque des périodes de l'Histoire où les Jedis étaient des guerriers, ils sont devenus des dirigeants militaires et politiques, mais lorsque les conflits ont terminé, les Jedis sont redevenus des protecteurs de la paix. En tant que protecteurs de la paix, c'est justement à nous de nous assurer de ne pas retourner à une période aussi violente, de ne pas redevenir des guerriers et de laisser la République être dirigé par ses propres citoyens. En ce sens, un Jedi représentant l'Ordre Jedi ne pourrait pas vraiment être un dirigeant sans aller contre la mission de l'Ordre. On peut avoir tendance à l'oublier, mais nous sommes un groupe religieux mineur dans la vaste République, ce n'est pas à l'Ordre de diriger ou même de guider la galaxie.

Ahsoka acquiesca de la tête. C'était bien ce qu'elle croyait, Obi-Wan semblait éclaircir les intuitions qu'elle avait déjà en elle.

- Mais, avec la guerre, l'Ordre ne risque-t-il pas de revenir à l'époque où les Jedi étaient des dirigeants militaires et politiques?

Obi-Wan sourit tristement.

- C'est une possibilité… c'est ce que nous voulons éviter à tout prix. Voilà pourquoi l'Ordre a dû agir lorsque Dooku s'est révélé comme Seigneur Sith. Si les Sith sont laissés à leur dessein, nous pourrions retomber dans une époque de guerre constante. Dans la situation actuelle, l'inaction de l'Ordre aurait probablement été plus dommageable pour la galaxie que l'action.

- Alors, si c'était pour arrêter les Siths et la guerre, est-ce que le Conseil prendrait le pouvoir politique?

Obi-Wan soutenu le regard d'Ahsoka.

- C'est justement ce dilemme que nous essayons d'éviter en essayant de mettre fin à cette guerre et au plan de Dooku avant qu'il ne soit trop tard.

Ahsoka comprenait mieux maintenant. Évidemment qu'un Jedi de l'Ordre ne pourrait jamais occuper des positions de dirigeant; ce n'est pas à l'Ordre de représenter la République, mais bien de la protéger. On lui avait souvent dit que la situation aurait été très différente si Dooku n'avait pas été à la tête de la Confédération des Systèmes neutres et elle croyait mieux comprendre pourquoi maintenant.

- Pour ce qui est du Comte Dooku, continua Obi-Wan, je ne crois pas que nous connaissons exactement l'histoire de comment il a été corrompu par le côté obscur. Mais je crois que ce n'est pas aussi simple que celui-ci sombrant dans le côté obscur en cherchant à acquérir du pouvoir. Dooku a quitté l'Ordre parce qu'il a toujours cru que les Jedis devaient être plus actifs politiquement. Il est même devenu Comte de Serreno espérant probablement agir selon ses idéaux. Personnellement, je ne crois pas que c'est ses idéaux politiques et sa position qui l'ont mené au côté obscur. Nous avons plusieurs raisons de soupçonner que celui-ci a un maître Sith qui l'a tenté et corrompu. Je crois que par après, le fait que celui-ci a construit le mouvement séparatiste afin d'en devenir le leader relève plus d'un symptôme du côté obscur, plutôt que d'une cause.

« La recherche du pouvoir n'est pas nécessairement quelque chose qui corrompt et qui peu mené au côté obscur. Les anciens Jedi le cherchaient par nécessité, pour combattre les Siths. Le Comte Dooku le cherchait, du moins au début, probablement pour atteindre ses idéaux, car j'ai beaucoup de difficulté à accepter que le Dooku que j'ai connu à travers maître Qui-Gon Jin aurait simplement agi par gains personnels. C'est en créant et dirigeant le mouvement séparatiste que je vois la tentation du côté obscure d'accroître son pouvoir.

Ahsoka réfléchit, celle-ci tentant de tirer des conclusions des propos d'Obi-Wan.

- Donc, un Jedi mis dans une position de dirigeant ne sera pas nécessairement corrompu par le côté obscur?

- C'est ce que je crois en effet. Cela dépend entièrement de comment ceux-ci régulent leurs passions et émotions. Et être un dirigeant emmène son lot de passion.

Ahsoka réalisa finalement où son questionnement la menait.

- Et qu'en est-il du besoin de contrôle?

Obi-Wan parut quelque peu confus face à la soudaine interrogation directe de la jeune Padawan.

- Euhm… j'ai entendu que les dirigeants peuvent développer au fil du temps un besoin de contrôle étant donné leur position. Est-ce que c'est un sentiment dangereux à votre avis?

Obi-Wan réfléchit rapidement.

- Eh bien, oui je le crois. Mais même des gens qui ne sont pas des dirigeants peuvent avoir ce sentiment. Je dirais que si ce besoin de contrôle est motivé par la peur, alors oui elle peut être une force corruptrice. Mais comme pour les anciens Jedi, si leur sentiment est motivé par un sens de nécessité, alors peut-être ceux-ci peuvent tempérer suffisamment la peur liée à ce besoin de contrôle et alors on parlerait justement d'un sentiment de responsabilité. La compulsion de vouloir contrôler les choses autour de soi est une peur très naturelle. Mais comme toute peur elle peut être tempérée et transformée en quelque chose de positif comme un sens de responsabilité. Je pense que dans le sentiment de besoin de contrôle, la différence entre être motivé par la peur et par un sens des responsabilités est une ligne très fine.

Ahsoka leva sa tête regardant l'arbre en fleur sous laquelle elle était assise. Les mots d'Obi-Wan l'aidaient à mettre en perspective les intuitions qu'elle avait eues quant à Kairos. Elle ne savait tout simplement pas par quoi son besoin de contrôle était motivé. Voilà pourquoi elle s'inquiétait tant pour lui. Mais elle savait une chose.

- Et on peut aussi être étouffé par ce sens des responsabilités, dit Ahsoka dans un quasi-murmure.

Obi-Wan leva sa tête aussi, rejoignant la Togruta dans sa contemplation.

- Je crois que nous sommes tous affectés par cette épreuve. Et nous le surmonterons tous ensemble.

Ahsoka ne se sentit pas rassuré par ses mots. Pas car elle n'y croyait pas, mais bien parce qu'elle savait qu'un homme portait encore plus de responsabilités sur ses épaules que n'importe quel Jedi et que celui-ci était seul dans sa condition.

Les deux Jedi restèrent assis, contemplant la nature autour d'eux, dans un silence serein.


Suspendu entre deux moments, Kalifa serra la main de l'homme qu'elle aimait alors qu'elle finissait son histoire.

- … Et c'est pour cela que nous devons notre vie à Kairos. Depuis que nous sommes retournés à l'Ordre, ils nous aident grandement. De temps en temps nous nous réunissons et il nous enseigne…

Kalifa hésita. Jawan, serra très légèrement sa main et conclut pour elle.

- … des techniques de méditation et pour contrôler nos émotions.

- En plus de son savoir assez inorthodoxe sur différent domaine de la Force et l'Ordre Jedi. Je suis sûr qu'ils vous en ont déjà touché quelques mots, conclu Jinx à côté de ses amis.

Le vieil homme devant eux, ainsi que quelques autres Jedis le suivant, firent une courte révérence, remerciant leurs interlocuteurs pour leur histoire.

Kalifa, Jawan et Jinx avaient été introduits aux Jedi Altisiens par Kairos. De ce que Kalifa avait compris, Kairos avait rencontré ce groupe de Jedi non orthodoxe il y a quelques semaines et avaient pu échangé plusieurs fois avec eux depuis. Kairos lui avait dit que ces Jedis ne croyaient pas en la prohibition de l'attachement et qu'ils acceptaient les couples Jedis. La jeune Padawan avait été surprise et très intéressée de rencontrer ces Jedis qui ne jugeraient pas sa relation avec Jawan.

En ce moment, suspendu dans le temps bien sûr, ils se trouvaient sur le vaisseau de ses Jedis non orthodoxe pendant que Kairos allait chercher Barriss sur Drongar. Il leur avait laissé du temps seul à seul avec ces Jedis qu'il croyait de confiance. Celui-ci leur accordait même assez de confiance pour leur divulguer son vrai nom.

Avec ses deux amis elles avaient raconté leur histoire et celle de comment ils avaient rencontré et été sauvé par Ahsoka et Kairos, en entendant le retour de ce dernier.

Justement, avant que celui-ci parte pour Drongar, elle lui avait demandé si Ahsoka les rejoindrait. Kairos avait répondu sobrement qu'en ce moment, celui-ci n'était pas exactement en bons termes avec Ahsoka en ce moment. Elle avait été surprise d'entendre cela et avait essayé d'en apprendre plus, mais Kairos lui avait dit cordialement que ce n'était pas la première fois qu'ils avaient leurs désagréments et qu'éventuellement la situation se réglerait. Kalifa avait compris que celui-ci ne voulait pas parler de sa situation personnelle, mais qu'il souhaitait être honnête avec elle. Celle-ci avait décidé de ne pas le questionner davantage à ce sujet.

- Votre histoire est vraiment fantastique, je suis soulagé que vous soyez tous deux encore vivants malgré les évènements, dit Maître Djin Altis honnêtement impressionné.

- J'ai encore de la difficulté à croire qu'il puisse ramener des gens à la vie avec autant de facilité. Ses pouvoirs sont véritablement miraculeux, dit Callista en fixant les deux jeunes Jedis resurectés.

Jinx ricana.

- Je parie qu'il fait cet effet à tout le monde.

Kalifa dit avec conviction :

- Le don de Kairos est en effet exceptionnel, mais il faut nous compter chanceux que ce soit quelqu'un avec un cœur comme le sien qui a découvert ce pouvoir. Je n'imagine pas à quoi la galaxie ressemblerait si cela avait été quelqu'un d'autre.

Kalifa se calma un peu, celle-ci étant un peu gêné d'avoir parlé sous l'effet de la passion, mais dans le regard du vieux maître Jedi celle-ci ne vu pas de la réprobation. Elle croyait même que celui-ci était heureux de la voir parler avec passion.

Le vieux maître Jedi acquiesça.

- En effet, nous ne le connaissons pas encore totalement, mais de nos discussions que nous avons eues ensemble, il me semble un jeune homme tout à fait raisonnable avec du cœur.

Un autre des Jedis, Geith, commença à parler avec émotion.

- Je ne comprends pas comment l'Ordre a pu abandonner des initiés. Des enfants! Je comprends que le Conseil est concentré sur la guerre, mais à quel coût? Je n'ai pas besoin de chercher plus loin pour voir comment leur aversion à l'attachement est simplement erronée!

- Tu as raison Geith, dit maître Altis en hochant de la tête. Même si l'idéal Jedi est de faire preuve d'empathie universelle, cela ne déroge pas l'Ordre de prendre soin particulièrement de ceux qui sont à leur charge. Je suis terriblement désolé que l'Ordre ait failli à ses responsabilités.

- Nous avons appris à vivre avec les torts de l'Ordre.

Jinx et Jawan acquiescèrent la tête, étant sur la même longueur d'onde que leur ami.

- Kairos nous a encouragés à continuer notre entraînement même si nous ne pouvons totalement pardonner l'Ordre, ajouta Jinx. Et bien que cela est difficile, selon moi c'est simplement une autre épreuve à surmonter.

Kalifa et Jawan acquiescèrent.

- Vous êtes très fort et résilient pour de jeunes Padawan. Je suis sûr certain que partager vos expériences inspirerons notre modeste groupe, dit maître Djin Altis humblement.

Callista sourit et ajouta :

- Vous savez, notre porte sera toujours ouverte pour des gens comme vous…

Kalifa réalisa que Callista et Geith serrait leurs mains similairement à comment elle serrait celle de Jawan. Pendant un instant elle put se voir à la place de la jeune femme devant elle. Elle secoua sa tête légèrement et sourit.

- Merci de l'offre, nous la garderons en tête. Mais personnellement, j'en suis arrivé à la conclusion que je souhaite changer l'Ordre de l'intérieur. Je sais que c'est un chemin difficile étant donné que j'ai du ressentiment contre l'Ordre, mais je me dis que si j'ai eu une seconde chance à la vie que je ne la passerais pas sans changer les choses. Si je peux m'assurer que l'Ordre n'abandonne aucun autre initié, alors je vais faire tout en mon pouvoir pour changer les dogmes de l'Ordre. Et si un jour je suis chassé de l'Ordre parce que j'aime Jawan, je serais ravi de vous rejoindre.

Jinx et Jawan furent figés quelques instants devant les mots de leur amie. Tous deux le savaient déjà, mais c'était peut-être la première fois qu'ils les entendaient aussi clairement.

Jinx mit sa main sur l'épaule de son ami.

- Ah… on dirait que je suis toujours en train de te suivre, mais c'est juste parce que tu voles mes idées, dit-il avec humour.

Jawan se rapprocha légèrement de Kalifa et dit :

- J'ai tout le respect pour votre groupe, mais comme Kalifa le dit, si nous pouvions avoir nos propres idées et les partager aux autres membres de l'Ordre sans en être exclus… c'est un idéal que je suis prêt à travailler vers.

Les Jedi Altisiens se regardèrent pleins d'espoir pour la prochaine génération. Geith pris parole :

- Et bien, j'espère pour vous que vous pourrez atteindre ce rêve. Qui sait, peut-être après cette guerre l'Ordre sera forcé de faire un grand travail d'introspection.

Kalifa réfléchissant aux nombreuses conversations qu'elle avait eu avec Barriss dit simplement :

- Je suis sûr que lorsque le temps viendra, l'Ordre sera forcé d'écouter et d'évoluer.


Kairos se mit en garde. Il était dans une salle d'entraînement au Foyer et avait en main une réplique des bâtons de combat que l'on donnait aux initiés et Padawan pour se préparer à utiliser un sabre laser.

Devant lui se retrouvait l'amiral Adeyma. Elle avait laissé son uniforme d'officier au profit d'une camisole d'entraînement et avait en main une réplique des armes cérémonielles Echani, reflétant une large épée à double lame.

Celle-ci fit une révérence, probablement une tradition Echani, se dit Kairos, alors qu'il tenta de l'imiter. Le combat pouvait commencer.

Immédiatement, celui-ci la poussa avec la Force, pas trop fort, mais assez pour briser sa combat stance alors qu'il fonça directement sur elle. La jeune Echani lui avait dit de ne pas surtout pas se retenir et de se battre « le plus honnêtement ».

Alors que le sabre de Kairos s'apprêtait à s'abattre sur le flanc gauche d'Adeyma, celle-ci ayant perdu son équilibre en profita pour faire un demi-tour arrière et esquiver de justesse l'attaque de Kairos. Profitant de l'élan, certes instable, qu'elle avait pris en tournant elle finit rapidement son tour sur elle-même et frappa de toute force le côté gauche de Kairos.

Celui-ci surprit par la rapidité de son opposante, bloqua sa large lame, mais celle-ci fit un court mouvement pour changer la position du sabre de Kairos de façon à ce qu'il mette sa force vers le bas. La manœuvre effectuée, elle tourna rapidement son arme et attaqua avec sa deuxième lame alors que Kairos tentait de ramener son sabre vers le haut.

Remarquant qu'il n'aurait pas le temps de réagir, il fut forcé de faire une courte roulade pour mettre de la distance entre eux deux.

Il sourit appréciant la technique de la jeune Echani. Il savait qu'elle n'avait pas prédit son premier mouvement, mais dès qu'il avait commencé son attaque, celle-ci avait déjà calculé trois étapes en avance. L'entraînement Echani, bien que davantage oublié que répandu à l'époque de Kairos, demeurait impressionnant.

Kairos aurait voulu lancer quelques remarques, mais se retient par respect pour l'Echani. Ce combat était une forme de communication non verbale et Kairos était curieuse de ce que l'impressionnante femme devant lui pourrait lire de son combat.

Il attendit son offensive, celle-ci chargeant vers le jeune homme qui était peut-être un centimètre plus petit qu'elle. Son premier coup ne fut qu'une invitation pour le second, elle força Kairos à esquiver directement dans son attaque, mais cela Kairos avait pu le prévoir.

Bloquant le second coup d'Adeyma, il en profita pour frapper de plein fouet son arme pour la déstabilisé espérant la désarmer. Alors que sa feinte semblait avoir fonctionné et que son sabre avait l'espace nécessaire pour aller vers le cou de son opposante, il sentit soudainement sa jambe se plier sous la douleur, alors qu'il remarqua qu'elle venait de lui donner un coup de pied. Elle profita du moment pour s'accroupir et le sabre de Kairos passa au-dessus de sa tête sans frôler aucun de ses cheveux.

Kairos dut retenir son souffle, s'empêchant de puiser dans sa colère et d'utiliser la Force et le côté obscur. Adeyma n'était nullement entraîné contre les personnes sensibles à la Force cela ne serait nullement équitable pour lui d'utiliser l'éventail de ses pouvoirs.

Il sauta malgré la douleur, l'Echani visant ses jambes avec sa lame, et bondit au-dessus d'elle, puis se manoeuvrant pour atterrir juste derrière elle. Il put voir qu'elle n'avait pas prédit ce niveau d'agilité, bien sûr aidé par la Force. Il tenta de frapper son dos alors qu'elle se rapprocha du sol, se collant quasiment à celui-ci levant son arme en dessous de son épaule pour bloquer Kairos au dernier moment.

La position d'Adeyma étant très désavantageuse, celle-ci tenta de se retourner pour faire face à Kairos en tournant sa lame vers sa tête, mais celui-ci prédit son mouvement et la laissa tourner son corps de façon à ce qu'il se près du centre de gravité de sa double lame, si l'arme était réelle, elle n'aurait pas l'espace pour infliger une blessure mortelle, mais Kairos lui, avait son sabre prêt à transpercer Adeyma au niveau de sa poitrine.

Ne voyant qu'une seule solution, elle dut donner un coup direct sur Kairos de façon à le pousser. Kairos avait prédit ce mouvement et se laissa pousser lui donnant la fenêtre exacte pour changer son sabre de sa main droite à sa gauche et frapper au moment exact où Adeyma laissait son flanc droit exposé.

Alors que celui-ci allait frapper Adeyma qui ne pouvait ni bloquer ni esquiver, celle-ci fit l'impensable. Elle lâcha et poussa son arme pour que celle-ci tombe sur celle de Kairos et décocha un crochet du droit percutant le crâne de Kairos. Il sentit son sabre frôler Adeyma, mais clairement pas assez pour assener des dégâts mortels.

Profitant du moment de confusion, celle-ci saisit le bras de Kairos visant à le désarmer, mais l'amirale s'arrêta avant de le briser. Kairos s'apprêtait lui-même à donner un coup de pied à Adeyma pour la forcer à perdre l'équilibre, mais s'arrêta aussi, voyant que le combat était fini.

Il sentit les mains de la jeune Echani se décrisper de son bras jusqu'à devenir doux, toute trace d'hostilité effacée.

- Je crois que j'aurais pu te désarmer malgré mes blessures, mais j'étais clairement en position de faiblesse, donc il y a plus de chance que tu ne prennes la victoire.

Elle laissa le bras de Kairos et recula faisant une courte révérence.

Kairos lâcha l'arme essuyant le peu de sang qui était tombé de son nez après que son amiral l'est frappé dans sa face.

- Ah, je ne suis pas sûr, je dois avouer ne pas être habitué de me faire frapper en plein visage, donc j'étais quelque peu perdu vers la fin. Très bonne adaptabilité.

Kairos était très impressionné que son amirale ait été aussi « honnête » dans sa manière de combattre. Il espérait qu'il avait atteint ses attentes.

- Faute de mieux j'appellerais cela un match nul.

Adeyma sourit.

- Bien sûr. Quoiqu'un combat comme celui-ci est bien plus qu'une simple « victoire » ou « défaite » et n'a rien de « nul ».

Kairos acquiesça et fit signe à son amirale de s'asseoir avec lui.

- Oui, justement je suis très intéressé par ce que tu as pu lire de ce combat. Je dois être fasciné par cet aspect de la tradition Echani.

Kairos avait remarqué qu'Adeyma avait commencé à le tutoyer après le combat. Il n'était nullement offensé et appréciait cette marque de familiarité.

Adeyma rigola légèrement en s'asseyant.

- La première chose qui est assez évidente est que tu es très curieux, analytique… ouvert à de nouvelles expériences et voulant apprendre plutôt qu'enseigné. Mais ça j'aurais pu le deviner même sans ce combat.

Kairos sourit.

- Mon hobby principal est d'apprendre de nouvelles choses, après tout ce n'est pas comme si je manquais de temps.

Il levait ses mains semblant monter leur situation. Ceux-ci étaient bel et bien suspendus dans le temps, Kairos ayant créé une bulle autour d'eux pour leur séance d'entraînement.

Le jeune dirigeant avait demandé à Adeyma si celle-ci avait un problème à ce qu'il n'arrête le temps avant leur séance. Il savait que le silence que créait son pouvoir était assez intimidant, mais à sa grande surprise celle-ci lui avait dit qu'en fait celle-ci appréciait le silence surnaturel. C'était bien la première personne qui lui confiait cela; tout le monde, y compris lui-même avant qu'il ne s'y habitue, étaient mal à l'aise face à se lourd silence. Adeyma lui avait expliqué que dans un combat Echani, seuls les deux combattants existaient le monde extérieur devant complètement être oublié. Elle trouvait que le pouvoir de Kairos de suspendre le temps rendait cet exercice de conscience une réalité. Elle appréciait l'idée de changer le monde pour que rien d'autre dans la galaxie sauf elle et lui ne soit réel. Si les Echanis ne prenaient pas aussi au sérieux leur combat, Kairos aurait pu croire que ce qu'Adeyma lui avait dit aurait été une tentative de flirt. Heureusement, Adeyma était très différente de Katerina.

- En effet, répondit l'Echani face à la remarque de Kairos. Comme d'habitude je peux voir la dimension temporelle à tes mouvements, calculant les coups très similairement à comment nous calculons les mouvements de nos opposants dans l'art Echani.

Pendant un instant, Kairos eut une pensée pour son droïde garde du corps se cachant un instant dans le futur, dans une zone de temps déphasé. Il se demandait si son créateur s'était inspiré de la façon les Echanis percevaient les combats comme un art, lorsqu'il avait programmé le droïde pour percevoir l'assassinat comme un art.

- Mais, continua-t-elle, j'ai remarqué que tu as une personnalité plus camouflée que je ne le pensais. Certes il y a de l'honnêteté et franchise dans les mouvements, mais ceux-ci sont calculé dévoilant certaines choses pour en cacher d'autres. Je ne l'avais pas remarqué précédemment, car nous n'avons jamais combattu face à face, mais cette franchise des mouvements est en fait une façon de cacher certains autres.

Kairos pouvait reconnaître certains enseignements de Nataniel, peut-être même de Dooku, dans l'analyse d'Adeyma.

- Je crois que tu es honnête et aime les gens directs et francs, mais que tu as besoin d'avoir toujours un pas dans l'ombre, ce qui me mène à ma seconde observation.

Kairos fit signe à la jeune femme de continuer, celui-ci déjà impressionna. Celle-ci sembla hésiter quelque peu, mais se décida rapidement.

- La façon dont tu as forcé mes mouvements, surtout avec ta manœuvre à la fin, témoigne d'une recherche de contrôle. J'étais quasiment à terre et dos à toi, lorsque tu aurais pu frapper. Tu avais de grandes chances de me toucher à ce moment, mais tu as préféré me donner le temps de me retourner afin de contrôler ma position et mes mouvements pour faire ton attaque. Tu as attendu que tous les facteurs s'alignent pour te donner le plus de contrôle sur la situation. Je crois que cela a du sens avec ma première observation. Tu as une partie cachée, camouflée permettant l'adaptabilité nécessaire pour prendre contrôle d'une situation, mais reste assez ouvert et franc pour avoir le pouvoir de capitaliser sur ce contrôle.

« D'ailleurs l'attaque du début était aussi une tactique reflétant ce désir de contrôle. Tu aurais pu garder cette attaque avec la Force secrète jusqu'au moment crucial, mais en ouvrant le combat avec cela, tu affirmes déjà ton avantage pour que je sois forcé à le prendre en considération pour le reste de mes mouvements. Dès le début, la dynamique est changée et mise en ta faveur, certes diminuant l'avantage, mais donnant un contrôle direct de la situation sur lequel tu as pu capitaliser en m'empêchant de mener la dance.

Les traits de Kairos devenu sérieux, mais nullement mécontent. Adeyma avait raison.

- Est-ce que tu crois que cette recherche de contrôle est une erreur?

Adeyma paru surpris de la question directe, mais celle-ci secoua la tête rapidement.

- Non. Quelqu'un serait stupide de ne pas utiliser son pouvoir pour du contrôle. Même si tu dis ne pas être un très bon combattant, tu sais que tu as plus de pouvoir, que ce soit avec la Force ou tes pouvoirs temporels. Si le pouvoir de quelqu'un ou d'une organisation est un potentiel, le contrôle est l'action logique pour utiliser ce pouvoir. Je comprends très bien que les Fils de l'Harmonie et par extension son dirigeant ont un pouvoir immense, mais celui-ci ne se concrétise seulement par des actions concrètent. C'est pourquoi vous m'avez nommée amirale. Vous voulez que la flotte des Fils soit utilisée. Pour beaucoup de temps, celle-ci n'était qu'un autre pouvoir potentiel dans l'arsenal des Fils, mais elle n'établissait pas de contrôle sur la galaxie. Dès l'opération voile d'Erebus et toutes les opérations subséquentes, la flotte est devenue un outil de contrôle pour l'organisation, restant camouflé, mais agissant pour stabiliser, ordonner et aider certaines parties de la galaxie. Si vous voulez mon opinion complète, monsieur, je crois que vous n'agissez pas comme la plupart des gens. Les gens peuvent rechercher le contrôle par peur ou par appât du gain, mais vous le faites simplement parce qu'il vous faut utiliser votre pouvoir sinon il serait gâché. Bien sûr, votre don pourrait être utilisé encore plus honnêtement et directement sans chercher à contrôler quoi que ce soit, mais comme je l'ai dit, ce serait stupide. Un homme pourrait décidé de gagné à la loterie, ou se transformer en héros avec un tel pouvoir, mais ce ne sont pas des investissements, ce sont des actions éphémères; un pouvoir sans contrôle reste en majeur parti un potentiel non exploité.

« Cela me ramène à notre combat, vous aviez un pouvoir et vous l'avez investi dès le départ en multipliant les mouvements que je devais calculer face à votre aptitude avec la Force. Lorsque j'étais en position désavantageuse, vous aviez tout le pouvoir et au lieu de l'utiliser sur le champ vous l'avez transformé en contrôle en forçant mes mouvements pour me mettre en position d'échec et mat.

- Et pourtant vous avez pu riposter et briser mon avantage.

Kairos était sérieux, mais Adeyma eut un sourire quelque peu cocasse.

- Et bien, le désavantage d'une stratégie de contrôle est l'attaque directe et imprévisible après tout. Mais bien sûr, un combat au corps à corps est beaucoup plus rapide que bien des situations, donc il est plus difficile de profiter de l'investissement du contrôle que dans d'autres situations.

Le sourire de Kairos revenu. La jeune femme devant lui était terriblement impressionnante, il se disait. Il était charmé… par ses connaissances et ses capacités d'analyses.

- Et bien, je serais très curieux d'en savoir plus sur tes propres stratégies puisque j'ai été lu aussi facilement.

- Pour cela, il faudra que tu lises mes mouvements corporels toi-même, répondit-elle directement. Si vous êtes intéressé, je pourrais commencer à vous enseigner dans l'art Echani, mais cela prendra beaucoup de temps et je doute que quelqu'un qui n'est pas né dans notre culture puisse l'intérioriser complètement.

Kairos aimait le fait que son amirale soit toujours directe.

- Et donc tu ne peux pas me dire plus à propos de tes propres stratégies, comme tu l'as fait pour moi.

Adeyma sourit comme si ce que Kairos était ridicule.

- Mon attention lors du combat n'était pas sur mon corps, mais sur le tien…

Kairos jura intérieurement. Il savait pertinemment qu'il n'y avait rien de suggéré dans les mots d'Adeyma, mais à cause de son exposition à Katerina, il remarquait maintenant que certaines phrases pouvaient laisser des sous-entendus. Il se reconcentra.

- … Pour les Echanis, les combats peuvent être des formes de discussion, mais dans le nôtre, c'était comme une discussion avec un sourd. Je n'ai donc pas cherché à communiquer quoi que ce soit, mais davantage à écouter.

Kairos hocha de la tête.

- Bon point, cela a du sens. J'aimerais que la prochaine fois notre conversation soit à double sens dans ce cas. En écoutant tes observations, j'ai moi-même remarqué que tu souhaitais me communiquer quelque chose. J'ai une petite idée de c'est quoi et je suis certain que je pourrais te poser des questions pour en apprendre plus, mais je dois avouer aimer cet autre type de conversation.

Adeyma se leva en faisant quelques étirements.

- Et bien je suis partante pour un autre combat. Maintenant que tu sais ce que tes mouvements peuvent exprimer, peut-être que tu es prêt a partagé encore plus. Et je communiquerais moi aussi cette fois-ci. Je préfère cette façon de communiquer de toute façon.

Kairos imita les mouvements de la jeune femme devant lui se préparant à un nouveau combat. Mais alors que celui-ci allait saisir son sabre d'entraînement, Adeyma l'arrêta.

- Cette fois-ci nous allons le faire à main nue. Si possible je te recommande d'échanger ton habit pour quelque chose qui cache moins ton corps. Nous allons faire de la lutte en nous basant sur certains rituels Echani.

Kairos surpris, mais curieux, commencèrent à enlever son habit de prédilection et se changèrent rapidement en prenant une camisole et un short.

- La lutte rituelle permet normalement une conversation plus profonde et détaillée, mais pour nous je crois que cela servira davantage à rendre clairs nos messages. Au début, suis mes mouvements, un peu comme une danse, et par la suite tu pourras laisser ton corps continuer selon ta propre volition. Je te ferais comprendre quand la partie rituelle finira et quand la lutte commencera.

Kairos très curieux hocha de la tête. Il était reconnaissant qu'Adeyma soit aussi prêt à lui enseigner sa tradition Echani. Il s'était dit que celle-ci aurait peut-être eu un malaise à faire cela avec son supérieur direct, mais depuis qu'il l'avait promu, celle-ci avait démontré mainte fois qu'elle cherchait à en apprendre plus sur lui. Et c'était ce qu'il lui avait demandé, donc il n'avait pas de quoi se plaindre.

- Et sous quelle condition le combat se terminera?

Adeyma regarda encore une fois Kairos comme s'il était un enfant qui posait une question évidente.

- Quand on aura tout dit ce qu'on a à dire.

Kairos acquiesça, comprenant et se sentant même un peu stupide pour sa question. Adeyma refit la révérence qu'elle avait faite au début du premier combat et Kairos l'imita.

- Prêt?

- Oui.

- Alors, suis mes mouvements.

Kairos porta son attention complète au corps d'Adeyma. Pour un seul instant, celui-ci l'admira pour son physique, mais il effaça rapidement ce type d'admiration de son esprit de Jedi.

En se levant, Adeyma leva ses deux poings et les éloigna de son torse invitant Kairos à faire de même. Ses avant-bras se collèrent contre ceux d'Adeyma. Celle-ci commença à marcher, traçant un cercle et tournant lentement, Kairos la suivant dans ses mouvements.

D'un mouvement rapide, elle leva son bras droit pour l'entrechoquer avec celui de Kairos qui fut assez rapide pour imiter son mouvement, alors qu'elle plaça le bras gauche dans son dos, le jeune Jedi continuant à l'imiter.

Les deux firent un tour sur eux-mêmes avant de se frapper leur avant-bras droit avec force, mais sans violence. Prenant de la vitesse en tournant en cercle, Kairos commençait à peiner de garder le rythme sans s'étourdir, lorsqu'Adeyma s'arrêta, mimiquant un coup de pied latéral qui s'arrêta à quelques centimètres du torse de Kairos, sans donné de coup. Kairos comprit et essaya de refaire le même mouvement et s'ajusta pour lever son pied sans donner de coup à Adeyma.

Leur deux pieds se tenait maintenant à quelques centimètres de leur corps respectif, mais sans contact, ceux-ci se tenant sur un pied chacun. Heureusement qu'ils étaient à peu près de la même taille sinon, l'équilibre aurait été plus difficile à maintenir. C'est alors que Kairos réagit instinctivement à Adeyma, les deux combattants s'agrippant le bras droit. Un choc parcouru Kairos alors que ses yeux percèrent ceux de son amirale. Il comprit que le lien de communication venait d'être établie par un leur symétrie.

L'instant d'après, le temps sembla se ralentir, métaphoriquement cette fois, alors que tous deux se lâchèrent, sortant rapidement leur bras gauche de leur dos pour s'entrechoquer une troisième fois, marquant le début du combat.

Tous deux firent un petit saut pour s'éloigner et retombèrent sur leur deux pieds à quelques mètres de l'autre. La discussion et le combat pouvaient commencer.

Kairos avait fait la paix dans son esprit éliminant ses pensées analytiques pour ne laisser que parler les instincts. Il se mit en garde et attendit Adeyma.

Après un instant où tout mouvement fut suspendu, Adeyma fit quelques pas rapides, télégraphiant son coup de poing gauche, celle-ci étant ambidexe, vers la défense et la tête de Kairos . Celui-ci put le contrer et arrêter son mouvement en levant son bras droit rapidement, alors que l'Echani leva sa jambe droite pour frapper le flanc gauche de Kairos. Celui-ci le repoussa instinctivement avec son bras gauche, préparant son prochain mouvement, mais Adeyma percuta son poing gauche sur la poitrine de Kairos au niveau de son cœur.

Pendant un instant, Kairos jura se disant qu'il avait fait une erreur de débutant, mais il remarqua que le coup d'Adeyma n'avait pas eu beaucoup d'efforce, celle-ci n'ayant pas autant d'équilibre à cause de ses manœuvres. Il se refocusa et oublia ses pensées de surface, suivant le combat naturellement.

Usant de l'ouverture qu'elle lui avait fournie, le jeune Jedi empoigna sa jambe et d'un mouvement brusque la repoussa la faisant revoler quelques mètres plus loin, celle-ci mordant la poussière pour un instant.

Comme si rien ne lui était arrivé, Adeyma se releva et repassa l'attaque. Plus vite qu'il ne put réagir, celle-ci fit une feinte et brisa la posture de Kairos en le faisant trébucher contre son pied. Alors que Kairos était en train de tomber sur son dos, Adeyma étendit son bras prêt à frapper l'estomac de son opposant. Kairos saisit l'opportunité qu'Adeyma lui avait donnée et agrippa son bras, stoppant son attaque. Usant de la gravité alors qu'il tombait et de la masse d'Adeyma, il tira son corps de façon à ce qu'elle tombe avec lui, mais au dernier moment il la projeta sur son dos pour qu'elle se fracasse contre le sol.

Il se releva plus vite qu'elle cette fois-ci, celle-ci ayant encore été mise en échec avec une certaine brutalité. Kairos attendit que la femme se relève, puis tenta de l'attaquer pour briser sa garde.

D'un coup de genou, Adeyma brisa l'élan de Kairos, coupant son souffle, celui-ci n'ayant pas été assez rapide pour réagir. Il grogna de douleur et de surprise. Sa défense étant baissée, Adeyma s'apprêtait à donner un coup de coude directement au niveau de la tempe de Kairos, mais celui-ci reprit ses esprits rapidement. Il écarta sa tête rapidement et agrippa le coude et le bras de celle-ci, le tordant avec toute sa force.

Celle-ci fit une attaque rapide avec son autre bras pour briser la prise de Kairos, celle-ci percutant ses côtes envoyant des éclairs de douleur dans Kairos. Mais, il ne flancha pas et, gardant son bras droit plié, presque fracturé, il poussa de toute force Adeyma pour qu'elle tombe sous lui.

Pour la troisième fois, elle percuta le sol de plein fouet, mais cette fois-ci Kairos ne se retenu pas. Il sauta sur elle, tentant de la clouer au sol et de la mettre en défaite. Usant de son poids, il percuta violemment son torse et sa poitrine, l'écrasant avec son épaule pour couper son souffle. Adeyma avec ses jambes, peina à le repoussa, mais réussi à le pousser sur son côté de façon à ce qu'il ne soi plus sur lui.

Il lâcha son bras droit et celle-ci le repoussa sur son côté de façon à se défaire de lui pour ouvrir ses mouvements. Mais Kairos ne lui accorda pas le temps de ne rien faire avec cette ouverture. Se relevant rapidement, il s'éleva au-dessus d'Adeyma se préparant à ce qu'elle le saisisse pour user de son propre poids afin de se défaire de son emprise, c'était une des techniques qu'Ahsoka avait déjà utilisées contre lui, mais celui-ci fut quasiment surpris quand Adeyma ne fit rien.

Profitant de l'instant il plongea directement vers ses bras, les plaquant au sol et verrouillant son corps entre ses jambes pour qu'elle ne puisse pas s'enfuir. Cela avait été trop facile, il avait dû faire une erreur quelque part…

Adeyma tenta de lui donner un coup de tête, mais Kairos se souvenant du combat précédent et des tactiques d'Adeyma, fut capable de le prédire, se reculant assez vite pour l'éviter, donnant la chance à Adeyma de se ressaisir et libérer ses bras, agrippant le corps de Kairos pour le retourner à terre.

Alors que Kairos était en train de se faire retourner par Adeyma, une bouffée de rage le poussa à se défaire de l'étreinte d'Adeyma et la fit retomber au sol avant qu'elle n'ait fini son mouvement, cette fois-ci, celui-ci mettant son coude sur son cou la menaçant de l'étouffer.

Pendant un moment, Kairos s'attendit à ce qu'elle réplique, mais il remarqua qu'Adeyma avait arrêté de bouger et restait parfaitement immobile. Le combat était terminé.

Il vit le regard de la jeune Echani et sentit une connexion pendant un instant. Il se releva, la libérant de son joug et lui tendit la main. Elle prit sa main se relevant avec facilité, malgré qu'elle avait probablement été sonnée par le combat.

Kairos fit une révérence en silence et Adeyma l'imita. L'esprit du jeune Jedi était rempli… l'expérience qu'il avait vécue avait été plus intime qu'il ne croyait et il pouvait voir que les yeux de son amirale se posaient sur lui avec un nouveau regard. Les mots ne venaient pas facilement à son esprit, ayant de la difficulté à processeser ce qu'ils avaient fait.

- Bravo, tu as réussi à t'ouvrir et communiquer intentionnellement et honnêtement.

Kairos baissa le regard. Il était habitué à manier les mots plus que les autres types de communication. Et des fois les non-dits avec Ahsoka… mais c'était différent se dit-il.

- Je suis content de l'entendre, mais je dois avouer ne pas avoir pensé à ce que je communiquais. Dès que le combat a commencé, j'étais concentré sur tes mouvements, tentant de les lire comme tu l'as fait avec moi juste avant. J'ai l'impression que j'en ai oublié de communiquer efficacement.

Adeyma sourit en se frottant son bras, probablement douloureux après les attaques de Kairos.

- C'est justement en se concentrant sur les mouvements que la communication Echani se fait. Et son but n'est certainement pas d'être « efficace ». Dis-moi, que penses-tu avoir dit dans ce combat.

Kairos soupira. Il avait une idée, mais très imprécise. Il était même déçu, mais décida de continuer à être honnête.

- J'ai l'impression que ce que j'ai fait reflétait mes faiblesses, mon sentiment d'être perdu… et probablement mon besoin de toujours avoir le dessus sur tout.

Adeyma pour un instant vit la jeunesse de son supérieur alors qu'il avait son regard au sol. Mais cela ne dura qu'un instant, lorsqu'il releva le regard elle y vu l'homme adornant le masque de l'Harmonie.

- Oui, tu as montré tes vulnérabilités et j'ai un immense respect pour cela; c'est une marque de confiance que je tiens très à cœur, donc je m'efforcerais d'être à la hauteur. Pour ce qui est du besoin de contrôle, oui c'est vrai que cela était communiqué surtout par tes tentatives de me clouer au sol. Mais je crois que tu m'a montré quelque chose de plus profond que cela. Peut-être même les raisons derrière ce besoin.

Kairos était de toute oreille, il était très curieux d'entendre l'analyse d'Adeyma. Il lui fit signe de continuer.

- … Pour ce qui est d'être perdu, je pense que tu m'as montré tout sauf « quelqu'un de perdu ». Ce que j'ai entendu c'est « Je suis fatigué. Je suis frustré. Et j'ai besoin de connexion. »

Kairos cligna des yeux, quelque peu surpris de ce qu'il venait d'entendre. Était-ce vraiment ce qu'elle avait lu à travers ce combat.

- Ta posture passive, tes ouvertures et le fait que tu n'as pas pris l'initiative dans ce combat représentait ta fatigue. Tu n'essayais pas de prouver ta valeur comme dans le combat précédent, tu t'es laissé aller. C'est exactement acceptable dans le cadre d'un tel combat rituel. Le but de ce genre de combat n'est pas de gagner, mais de laisser son cœur et son corps parlé à la place…

Kairos acquiesça. Il était fatigué, c'était certain, et bien qu'il fasse du mieux qu'il pouvait pour le cacher des gens l'entourant, c'était probablement futile. Il était surpris que ses instincts l'avait mené à représenter cela physiquement par contre.

-… Lorsque je te frappais, je pouvais sentir ta frustration dans les coups qui suivaient due à leur violence. Ce n'était pas tant de la frustration contre les circonstances ou contre mes attaques, c'était de la frustration envers toi-même. Je ne saurais l'expliquer en détail avec des mots, mais le type de chaleur que je sentais était comme un feu se dévorant soi-même…

Le jeune Jedi effaça le petit sourire qu'il avait eu jusqu'à maintenant. Elle avait raison bien sûr et il connaissait très bien la raison pour laquelle il avait été particulièrement frustré ces derniers temps. Il avait toujours cru que la raison était extérieure, comme les coups qu'Adeyma lui portait, mais il savait, qu'au fond, sa frustration était tournée vers lui-même et ses erreurs.

- … Mais, ces émotions n'étaient pas celles de quelqu'un de perdu selon moi. Elle était exprimée avec calcul; bien qu'imparfait, tes mouvements étaient faits avec intention et un but précise. Tu es capable de reconnaître les menaces et les actions à porter pour les éliminer. Mon impression n'est pas celle d'un homme perdu, mais celle d'un homme qui a de la difficulté à croire en ces propres plans et avoir confiance en sa propre vision.

Peut-être… Kairos avait un but et il n'avait pas changé depuis longtemps. Il n'avait peut-être pas perdu sa voie, mais le chemin à parcourir était si immense…

- Et je pense que c'est pour ça que j'ai senti un désir de connexion. La façon dont tu connectais tes coups, que tu agrippais mon corps avait une intensité propre à la recherche d'un lien. Ce n'était ni destructeur, ni dominateur, ni repoussant. Tu accueillais mes coups, recevait mes mouvements tout en allant me chercher lorsque je laissais une ouverture… cela expliquerait le besoin de contrôle, probablement parce que tu penses, consciemment ou inconsciemment, que tu as besoin d'un environnement contrôlé pour te connecté avec d'autres.

Étrangement, Kairos ne fut pas aussi dérangé ou surpris par ce pronostic. Après tout, il avait demandé à Adeyma de combattre ainsi aujourd'hui pour une raison. Et il réalisait avec les mots de celles-ci que peut-être ses raisons avaient été quelque peu égoïstes. Il fut quelque peut irriter de sa décision… Au final, inconsciemment, il recherchait une connexion pour remplacer celle qui avait été brisée depuis un mois.

Kairos sourit :

- Pour une Echani qui en connaît tant sur l'art du combat, tu as aussi un talent pour l'art des mots.

- Je ne fais qu'expliquer ce que j'ai vu. J'assume beaucoup de choses et je peux même me tromper sur toute la ligne. Mais je crois que j'ai au moins quelques graines de vérité, puisque vous vous êtes ouvert à moi; l'alternative est que vous êtes un menteur hors pair et je ne suis pas prêt à l'accepter.

Adeyma finit son exposé, la tête haute, fière et directe comme à son habitude.

- Je crois que tu as effectivement bien lu et entendu ce que je communiquais, j'ai peut-être été un peu trop honnête maintenant que j'entends ce que tu y as lu. Un leader ne doit pas montrer autant de vulnérabilité avec ses lieutenants.

Kairos considérait maintenant la possibilité de retourner le temps. Il ne pensait pas devoir le faire, mais il n'était pas totalement à l'aise d'avoir partagé autant avec Adeyma et surtout il n'était pas à l'aise avec la raison pour lequel il l'avait fait, maintenant qu'il la réalisait. Après tout, il ne connaissait pas Adeyma autant que quelqu'un qu'il aurait connu depuis son enfance.

- Avec tout le respect que je vous dois monsieur, c'est faux. Vous… tu m'as dit que tu souhaitais qu'on apprenne à se connaître par cet entraînement et ses combats pour pouvoir avoir une plus grande synchronicité entre amirale et dirigeant des Fils de l'Harmonie. Je ne crois pas que vous regrettiez véritablement de vous être dévoilé.

Elle parlait avec confiance quasiment aveugle se dit Kairos, mais elle savait que c'était l'effet qu'Adeyma faisait lorsqu'elle exprimait ses opinions. Elle était simplement quelqu'un qui parlait clairement, limpidement et à cœur ouvert. Il l'admirait pour être capable de faire ce dont il était incapable malgré tous ces pouvoirs.

- Je n'accorde pas facilement ma confiance à des personnes que je ne connais pas depuis longtemps. Malgré mes pouvoirs immenses, il suffit de m'approcher de la même personne pour tout perdre.

Adeyma s'avança devant Kairos, le percutant du regard et se montrant à lui, quasiment défiante.

- Tu t'es approché de moi, alors tu devrais maintenant mieux connaître qui je suis. C'est le temps de dire ce que tu as compris de notre discussion, voir si tu as vraiment saisi la tradition Echani.

Encore une fois, Kairos admira la jeune femme devant lui. S'il n'avait pas été un moine il aurait pu être habité d'un certain désir, ou peut-être était-ce exactement parce qu'il avait été enfermé si longtemps qu'il avait maintenant ce genre de pensée. Mais cette fois, il n'étouffa pas les pensées et les sentiments; il fit l'harmonie avec elle.

- « Laisse-moi être ton bras; j'ai foi en toi; je ne te laisserais pas tomber » C'est ce que j'ai entendu de ta part. Est-ce que j'ai raison.

Kairos avait eu le temps d'analyser et interpréter les mouvements d'Adeyma. Elle avait pris l'initiative, signifiant qu'elle avait une demande ou un message clair à faire passer. Tout le long du combat, elle lui avait laissé des ouvertures à chaque fois qu'elle l'attaquait; elle le laissait l'utiliser pour atteindre ses propres buts. Cela témoignant d'une confiance absolue et d'une invitation. Pour chaque coup qu'il donnait, elle avait répliqué montrant qu'elle n'abandonnait pas si facilement, mais lorsqu'il avait menacé sa vie elle avait fait preuve de foi, montrant qu'elle était prête à laisser sa vie entre ses mains. Pour Kairos, cela avait été très clair, seulement difficile à mettre en mots.

Adeyma le regarda et Kairos put lire une lueur d'émotion dans ses yeux normalement impassibles.

- Oui c'est vrai. Je suis impressionné.

Kairos rigola un peu.

- Et bien je suis content d'avoir été capable de faire honneur à la tradition Echani.

Il savait que l'empathie Jedi l'avait probablement aidé beaucoup à deviner ce qu'Adeyma avait essayé de communiquer à travers ses mouvements, mais cela ne le rendait pas moins fier d'apprendre à utiliser cette fascinante technique.

- Quelle est votre réponse? dit Adeyma très sérieuse.

Kairos, d'abord surpris de l'attitude d'Adeyma, sourira devant sa question.

- Hmmm… Je te la donnerais lors de notre prochain combat.

La jeune Echani se décontracta et sourit à son tour, rigolant.

- D'accord. C'est un rendez-vous alors.