Note de l'auteur : Avant de vous lancer dans cette fanfiction, il me faut vous exposer quelques spécificités de cet univers alternatif. Étant familière de la VF, j'utiliserai les noms associés quoique je sache que ça n'a aucun sens pour des japonais. Faute avouée à moitié pardonnée ? Mon visionnage de la série remonte à au moins dix ans et je ne me souviens pas avoir jamais terminé la saison 3. Des événements pourront avoir lieu ou non, de telle ou telle façon, car l'AU l'exige ou que je ne me souviens tout simplement pas de leur déroulé initial. Si je fais bien mon boulot, ça passera néanmoins comme une lettre à la poste. Certains personnages n'auront pas le même background, notamment ceux issus de la saison 2. Il y a aura de menus changements dans la constitution des équipes (ex : Nathan appartient à la Royale) et les caractéristiques des super-techniques (détenteur de la capacité originale ou nombres de joueurs requis pour son exécution). Les personnages seront de jeunes adultes et les événements de la saison 1 auront eu lieu durant leurs années lycée, entre autres parce que je n'arrive tout simplement plus à écrire de romance avec des collégiens. Là-dessus, je vous souhaite une bonne lecture !

[… … …]

Ceci est une fanfiction ; tous droits réservés aux créateurs d'Inazuma Eleven.

Le siège du mur de fer

JOURNALISTE : Jude Sharp, David Samford, Joseph King, Nathan Swift, Byron Love, Claude Beacons, Bryce Whitingale, Jordan Greenway, Neil Turner, Shawn Froste, Hurley Kane, Maxwell Carson, Axel Blaze et leur capitaine Mark Evans, tous sont membres de l'Inazuma Japon ! Au terme d'un match d'anthologie face à l'Argentine, ils ont été sacrés champions du monde et les voici aujourd'hui, prêts à répondre à toutes nos questions ! Messieurs quel honneur de pouvoir conduire cette interview avec vous ! Comment allez-vous ?

Assis derrière des tables à micro disposées en arc de cercle, les quatorze jeunes hommes ont vingt-et-un – vingt-deux ans et sourient calmement aux caméras. L'entretien est enregistré et sera diffusé à la télévision avant d'être gratuitement mis à la disposition des internautes sur YouTube. Des réponses positives fusent de côté et d'autre.

JOURNALISTE : Fantastique ! Derrière leurs écrans, nos spectateurs rêvent d'en savoir davantage sur votre victoire, les risques effarants que vous avez pris et la débauche de super-techniques à laquelle a mené cette étrange stratégie, mais faisons-les mariner encore un peu… en revenant sur vos débuts ! Mark Evans, une semaine avant d'affronter la Royale Académie en match amical, votre équipe n'était toujours pas complète et le conseil administration menaçait de fermer votre club. Comment vous en êtes-vous sorti ?

MARK : *avec un grand sourire* Eh bien, j'ai couru dans tout le lycée avec une énorme pancarte, cherchant à convaincre absolument n'importe qui de nous rejoindre, et des élèves comme Max et Hurley se sont laissé tenter !

MAX : Je n'avais jamais touché un ballon de foot de ma vie, mais Mark déployait tellement d'énergie pour sauver son club que je me suis dit que jouer avec lui devait être marrant. J'étais curieux et comme je n'y connaissais vraiment rien, je ne réalisais pas le danger que représentait la Royale. J'avais bien compris que c'était une équipe puissante, mais pour moi ça restait un club de foot comme un autre.

JOURNALISTE : Grossière erreur, ça ! Vous avez dû sacrément déchanter durant la rencontre ! Et vous, Hurley ?

HURLEY : Un peu pareil que Max. Je n'étais dans aucun club. A la base mon kif c'est le surf, mais la plage la plus proche était à des heures de voiture. Je m'ennuyais ferme quand Mark s'est mis à harceler tous nos camarades les uns après les autres. Ça m'a fait tilt.

JOURNALISTE : Axel, vous ne vouliez plus jouer au foot, pourtant vous êtes intervenu face à la Royale, après la défection de l'un des joueurs. Un mot à ce sujet ?

AXEL : Je ne m'étendrai pas sur le grave accident qu'avait eu ma sœur et la culpabilité qui me rongeait. Tout le monde connaît déjà cette histoire. Mais à ce moment, voir Mark refuser d'abandonner alors que toute son équipe était à terre, ça m'a donné envie d'enfoncer les cages de la Royale. Ils méritaient de se prendre un but.

JUDE : *acquiesce* Et Ray Dark nous avait envoyés pour ça. Humilier l'équipe et s'acharner sur quiconque prétendrait se relever jusqu'à ce qu'Axel nous fasse une petite démonstration. Enchaîner les buts n'ayant pas suffi, nous n'avions d'autre choix que de viser les joueurs.

JOURNALISTE : Une bien triste histoire, Jude. Avec David, Joseph et Nathan, vous êtes tous les quatre des anciens de la Royale. Que ressentiez-vous, à l'époque ?

DAVID : Les entraînements étaient difficiles, bien sûr, et Ray Dark nous mettait la pression. Mais on aimait réellement le foot et on voulait jouer ensemble. La Royale fait collège et lycée, si bien que lorsqu'on a été nommés titulaires de l'équipe principale…

JOURNALISTE : L'équipe principale ?

JOSEPH : Entre les collégiens et les lycéens, on avait de quoi former près de cinq équipes. La principale, c'est celle que Ray Dark envoyait affronter les autres écoles.

JOURNALISTE : D'accord. Vous disiez, David ?

DAVID : Oui, donc, le jour de notre nomination, Jude, Nathan et moi nous connaissions depuis la 6e. Quant à Joseph, je le fréquentais depuis toujours puisque sa famille était voisine de la mienne. Nous étions fiers d'étudier dans la plus prestigieuse école du Japon, heureux d'avoir intégré le club de foot et euphoriques d'avoir gagné notre place en première ligne. Nous allions affronter les équipes d'autres écoles et nous voulions montrer ce que nous valions à tout le pays. Au fond, on savait que nous étions des brutes arrogantes et cruelles… *grimace*

JUDE : Mais nous étions conditionnés. On s'amusait entre nous, on écrasait nos adversaires. Nous étions des gamins influençables parmi d'autres, que la Royale moulait depuis leurs onze ans. D'autres avant nous avaient servi dans ce club et, avec la façon de faire de Ray Dark, nous étions invaincus depuis quarante ans. Ce qui se passait était normal. C'était notre héritage et nous voulions en être dignes.

NATHAN : Certains d'entre nous étaient moins convaincus que d'autres, mais personne n'avait envie d'être le pleurnichard qui viendrait fragiliser l'équipe avec ses doutes. On faisait donc semblant d'apprécier les massacres ordonnés et on tombait dans un cercle vicieux. Vous faites mine d'être à fond dans le délire, d'autres qui doutent font mine à leur tour parce qu'ils croient que c'est eux le problème, et ainsi de suite. C'était toxique, mais comme dit Jude…

JOSEPH : C'était normal.

NATHAN : *avec une moue de dégoût* Le match contre Raimon a été la goutte d'eau qui fait déborder le vase, me concernant. J'en étais malade d'écœurement. Je pense que j'aurais laissé tomber l'équipe si je n'avais pas tant craint les représailles de Ray Dark.

JOURNALISTE : Comment ça ?

JUDE : Quand vous êtes titulaire dans l'équipe principale, vous avez des responsabilités… et des privilèges. Quittez le navire, et vous êtes doublement traître. Si Ray Dark pouvait démolir des écoles entières après la défaite de leur équipe contre la nôtre sans que quiconque sourcille, c'était évidemment parce qu'il tenait les bonnes personnes par les couilles. Alors si un de ses poulains s'était avisé de lui tourner le dos, vous imaginez bien qu'il aurait ruiné son avenir d'une façon ou d'une autre. S'opposer à Ray Dark était suicidaire.

JOURNALISTE : C'est pourtant vous qui avez sauvé de l'équipe de Raimon lors d'un autre match !

JUDE : Oui, enfin là il était tout de même question d'une tentative de meurtre ! Ray Dark avait fait saboter le stade et c'est encore une chance que j'aie découvert son plan ! Si je n'avais pas prévenu Mark, la moitié de son équipe aurait été tuée ou mutilée ! A partir du moment où je savais ce qui allait arriver, je devais faire quelque chose, sans quoi j'en aurais été complice. Je n'aurais pas pu vivre avec ça sur la conscience.

HURLEY : Mark nous avait dit un truc comme « à tel moment, regroupez-vous près de mes cages ». Il ne voulait pas nous expliquer pourquoi, histoire qu'on ne trahisse pas qu'on s'attendait à ce qui allait nous tomber dessus, voyez ? Que Ray Dark ne modifie pas ses plans à la dernière minute.

JUDE : C'est moi qui ai conseillé à Mark de ne pas être clair avec son équipe. Si Ray Dark avait fait réajuster le moment de la chute parce que soupçonneux de ce que savait ou ne savait pas Raimon, le drame aurait eu lieu plus tôt ou plus tard, afin d'être sûr de ne pas manquer son coup.

JOURNALISTE : Il n'est donc pas accessoire de rappeler qu'à l'exception de Jude, la Royale ignorait totalement ce qui allait se passer.

DAVID : Absolument. Nous avions nos consignes habituelles, « soyez les meilleurs, broyez ces minables », mais Ray Dark n'a jamais, jamais évoqué ce projet devant nous. On était tous horrifiés. Les secondes qu'a mis le nuage de poussière à se dissiper ont été les plus longues de notre vie. On voyait déjà les cadavres, les mares de sang, les sacs noirs sur les brancards… Un cauchemar.

JOSEPH : *l'air grave* Et on a tout de suite su que ce n'était pas un accident. Le stade de la Royale était trop bien entretenu.

NATHAN : J'ai pleuré de soulagement lorsque j'ai vu que nos adversaires n'avaient rien, et je ne suis pas le seul.

HURLEY : On a tous eu la peur de notre vie.

AXEL : Mais les réactions de nos adversaires étaient authentiques et ça a évité au match de tourner au pugilat. Nous étions choqués, furieux, mais l'épouvante de la Royale était sincère et on a compris que nos adversaires n'étaient que des instruments entre les mains d'un cinglé.

MAX : Ouaip. Il fallait faire tomber Ray Dark. On ne savait pas comment mais on commencerait par écraser ses poulains. On devait lui montrer qu'on n'avait pas peur de lui et qu'on allait tout lui prendre.

BYRON : *quelque peu embarrassé* J'ai bien peur que ce soit à ce moment que les Zeus entrent en scène.

JOURNALISTE : Quelle stupeur, en effet, quand la nouvelle s'est répandue de la défaite écrasante essuyée par la Royale contre Zeus !

MARK : C'est vrai ! Le score est tombé et on s'est dit « ah bah, sans surprise avec ces gars-là », puis on apprend que tous ces buts ont été marqués par leurs adversaires ! Pire, qu'il y a des joueurs à l'hôpital !

MAX : Une équipe qui sort de nulle part et pulvérise les favoris du tournoi, on aurait dû se douter que c'était Ray Dark qui coulait son propre navire pour mieux mettre en valeur le nouveau.

BYRON : Nous étions son plan B, au cas où la Royale deviendrait ingérable, et l'équipe commençait à se rebiffer. Pour lui, si Raimon avait pu éviter le pire par deux fois, c'était que ses joueurs l'avaient espionné et cafardé.

JOURNALISTE : Par deux fois ?

NATHAN : *visiblement très mal à l'aise* Oui… Avant le sabotage du stade, Ray Dark estimait qu'il suffisait de se débarrasser de Mark. Il avait envoyé des malabars cagoulés le surprendre sur la colline où il s'entraînait seul afin de lui briser les membres. Il fallait que Mark ne puisse plus jamais jouer au foot. Sauf que j'étais dans le coin lorsque les deux voitures se sont garées en bas et ont déversé leur demi-douzaine d'exécuteurs armés jusqu'aux dents. Je savais que je serais fini s'ils me voyaient, alors je me suis fait aussi discret que possible…

MARK : *tout joyeux* Et plus rapide que le vent ! Il a surgi par un côté non praticable de la colline, m'a fait retirer le pneu que j'avais dans le dos et m'a chopé par le poignet ! On a dévalé la pente qu'il venait de gravir en se payant branches et racines ! On a déclenché des chutes de pierres qui ont manqué de nous emporter tous les deux et on a continué à courir jusqu'à ce que la colline ait disparu derrière les bâtiments ! Couverts de plaies et d'ecchymoses, les vêtements déchirés, on a rasé les murs jusque chez moi ! Ça avait mal commencé, mais ça s'est fini en soirée pyjama, ah, ah !

NATHAN : De retour à la Royale, j'ai prétendu qu'un chauffard m'avait contraint à me jeter dans un ravin. Ray Dark devait se douter de la vérité, mais je ne sais pas… Il s'est peut-être dit que ce n'était rien qu'une fois, qu'il aurait d'autres occasions de régler son compte à Mark, qu'il n'allait pas faire sauter un titulaire pour ça… Mais j'ai foutrement mal dormi jusqu'à ce qu'il se fasse officiellement retirer la direction de la Royale. Il avait échappé à la prison faute de preuves, mais les accusations qui pesaient sur lui depuis le sabotage du stade avaient au moins suffi à lui coûter son poste.

JOURNALISTE : Ouh, j'en ai des frissons. Il est décidément rassurant que cet homme ait fini sous les verrous ! C'est l'affaire Zeus qui a eu raison de lui, et puisque nous mentionnons cette équipe secrète qu'il entraînait parallèlement sous dopage… Byron, avez-vous des nouvelles de vos anciens coéquipiers ?

BYRON : Certains ont moins bien encaissé la drogue que d'autres. Nous en buvions un peu tous les jours afin de nous habituer aux doses croissantes. On a subi un conditionnement similaire à celui de la Royale et nous avons évidemment contracté une méchante dépendance. Mais rassurez-vous ! Depuis le temps, nous sommes tous parfaitement sevrés et remis des effets secondaires qui nous ont valu une sérieuse rééducation.

JOURNALISTE : Ça fait plaisir à entendre ! Et vous, Shawn ? Vous avez eu vos propres soucis, par le passé, quoiqu'ils n'aient pas été en lien avec Ray Dark.

SHAWN : J'étais atteint de troubles de la personnalité, oui. Je suis guéri.

JOURNALISTE : … Et terriblement loquace. Jordan ? Claude ? Bryce ?

JORDAN : Ah, enfin ! Nous, nous sommes des orphelins ! *poursuivant avec de grands gestes et quelques mimes* On jouait au foot dans un hangar désaffecté, avec des cages tracées à la craie ! On se fabriquait parfois des parcours avec les caisses vermoulues ou on estimait qu'un but comptait double si on arrivait à faire passer le ballon dans la courbe du crochet qui pendait au bout de telle chaîne. On s'inventait des défis, comme faire ricocher la balle un certain nombre de fois, écrouler une pyramide de caisses en un tir… ou plus dur ! N'en éjecter qu'une sans que les autres tombent ! On faisait tout et n'importe quoi avec ce ballon, et on est capables de dingueries une fois lâchés sur un terrain de « foot de rue ». C'est Claude qui a eu l'idée de se pointer aux sélections pour l'Inazuma Japon. On n'avait jamais joué sur un vrai terrain ou avec une équipe. Je pensais qu'on allait se faire démolir, mais on a été pris tous les trois et on s'est retrouvés avec tous ces joueurs qui faisaient déjà des folies !

CLAUDE : J'étais en mesure d'imiter la tempête de feu d'Axel et j'avais mon voile de feu.

BRYCE : Et moi mon voile d'eau, Jordan son sprint éclair.

JORDAN : Mais faut pas s'mentir… On avait quand même l'air à poil, comparés aux autres !

JOURNALISTE : Dans ce cas, qu'est-ce qui a poussé à votre sélection, d'après vous ?

DAVID : *manque de recracher sa gorgée d'eau* D'après eux ?! Mais je peux vous le dire, moi ! Dès qu'ils étaient dans la même équipe, ni leurs adversaires, ni leurs coéquipiers ne pouvaient plus avoir la balle ! S'ils mettaient la main, enfin, le pied, vous voyez ce que je veux dire… Bref ! Dès qu'ils mettaient la main dessus, et ils y arrivaient tôt ou tard, y'avait plus moyen de la récupérer, excepté dans les filets ! Ces types sont des anguilles ! Ils nous ont rendus chèvres !

MARK : *riant* Leur façon de jouer ne correspondait à rien de ce qu'on avait déjà pu voir ! On était complètement dépassés !

AXEL : Et remettons les choses dans leur contexte. Ils étaient parvenus à développer des super-techniques sans avoir jamais disputé un vrai match.

JUDE : *approuve d'un hochement de tête* Leur potentiel était indécent.

JOURNALISTE : Que d'éloges ! On raconte que la première expression du blizzard enflammé de Claude et Bryce était un hasard… Nous en direz-vous plus long ?

JOSEPH : C'était durant les qualifications pour le mondial.

JORDAN : Nos adversaires avaient compris que Claude était facile à provoquer et ils voulaient mettre à mal notre cohésion en le faisant sortir de ses gonds.

BRYCE : *soupire* Cet abruti n'a pas marché, il a couru.

CLAUDE : Je t'emmer-… !

BRYCE : Et il shooté de toutes ses forces dans le ballon, sans chercher à cadrer son tir un seul instant.

HURLEY : Le missile est parti droit sur les gradins et on est restés figés, bouche bée, du genre « oooh, s'il avait visé les cages… ». Mais il ne les avait pas visées, donc on l'avait dans l'os. Même nos adversaires n'en revenaient pas. Il ne leur manquait que la goutte de transpiration le long de la tempe, ah, ah ! Ils avaient bien pigé que leur gardien était passé à ça de déguster !

JORDAN : En un mot comme en cent, plus personne ne faisait attention à Bryce qui a bondi pour réorienter le tir. La bêtise de Claude avait réussi l'exploit de le faire sortir de ses gonds. Sa glace furax sur les flammes furax de Claude et paf, ça a fait des chocapics.

JUDE : Le tir était extrêmement instable et l'opposition de la moindre super-technique adverse l'aurait brisé, mais l'effet de surprise lui a permis de finir dans les filets. Ce sont durant les entraînements qui ont suivi que Claude et Bryce ont réellement mis au point le blizzard enflammé.

JOURNALISTE : En parlant de super-techniques… Les manchots empereurs font beaucoup parler d'eux. Malgré sa puissance, les gens en rient. Le saviez-vous ?

JUDE : *hausse les épaules* Je ne vois pas ce qu'elle a de drôle.

JORDAN : Sérieux ?

BYRON : Tout le monde aurait voulu voir le briefing.

HURLEY : *modifiant exagérément sa voix* Ok les gars, il nous faut une nouvelle super-technique, super-puissante, super-offensive, super-intimidante, des idées ?

JUDE : *fronçant les sourcils, perplexe* Qu'est-ce que…

JORDAN : Une charge de taureaux.

BYRON : Plutôt de fauves.

MAX : Non ! De raptors !

HURLEY : Arf… Vous manquez tellement d'imagination et d'ambition… Pauvres jeunes padawans ignares que vous êtes ! Comment avez-vous pu ne pas penser… *tape du poing sur la table* AUX PINGOUINS !

JORDAN, BYRON & MAX : *gasp*

HURLEY : Et oui, les enfants. Cinq pingouins très énervés qui sortent de terre comme des taupes, quoi de plus terrifiant ? ILS CRAINDRONT LA TOUTE-PUISSANTE ROYALE ACADÉMIE ! MOUAH AH AH ! *cesse soudain sa comédie* Ça y est, Jude ? Tu percutes ?

Même la journaliste pouffe.

JUDE : … *ne comprend toujours pas* Ce sont des manchots.

La journaliste explose de rire.

JOURNALISTE : Et… Et vous, Joseph ? Ah, ah ! David ? Nathan ? Un… ah, ah ! Un commentaire ?

NATHAN : David… Sors ton portable.

DAVID : Je ne vois pas pourquoi.

JOSEPH : Ne sois pas de mauvaise foi.

NATHAN : Ton portable, David.

DAVID : Je-…

JOSEPH : Ne m'oblige pas à te tenir pendant que Nathan fouille ton sac.

DAVID : Mais… Mais vous êtes deux traîtres !

Finalement, le portable est brandi et la caméra peut zoomer sur les manchots accrochés par des cordelettes, si nombreux qu'ils en forment une grappe plus imposante que l'appareil. David a croisé les bras, renfrogné.

NATHAN : Ils ont tous un nom. Ma préférée, c'est la fifille violette avec une couronne de fleurs.

JOSEPH : Bien entendu, il y en a un qui fait du football.

NATHAN : Il les repeint lui-même lorsque les frottements ont trop terni les couleurs.

JOSEPH : Ce fétiche des pingouins est ma faute. Je lui en ai offert un quand il a marqué son premier but contre moi. Depuis, il en ajoute un nouveau chaque année.

NATHAN : Il ne faut pas oublier que l'expression des super-techniques n'est pas systématiquement une volonté. Dans le cas des manchots empereurs, l'affect de David a beaucoup joué.

JOURNALISTE : Oh, nous nous moquons alors que c'est si mignon !

DAVID : *maugrée* Ce qui compte, c'est de marquer… Je peux récupérer mes pingouins, maintenant ?

JUDE : Mais enfin, ce sont des manchots !

A part Jude et David, tous se bidonnent ou au moins sourient.

JOURNALISTE : Calmons-nous, ah, ah ! Calmons-nous ! Quoi qu'on pense de vos super-techniques, elles sont le fruit de votre entraînement ! Que pouvez-vous nous révéler à ce sujet ?

JORDAN : *se frotte les mains* Excellent ! On arrive à la partie la plus hallucinante de notre existence de footballeurs ! Laissez-moi vous raconter notre premier jour, à Claude, Bryce et moi-même, au sein de l'Inazuma Japon. *se racle la gorge* Nous sommes en retard. Bryce aurait été à l'heure, mais il s'efforçait de nous lever, Claude et moi. Donc quand on débarque sur le terrain, tous les autres sont déjà là, sauf Shawn, qui n'a pas participé aux sélections et qu'on a recruté plus tard. Byron et Neil sont sur le côté, blêmes, en train de fixer un pneu de camion qui, suspendu à un câble, se balance et fonce droit sur Joseph qui ne semble vraiment, mais alors vraiment pas confiant. David est étalé par terre, écrasé sous le poids de la roue sur son dos. Nathan se traîne, mais il se traaaîîîne avec la sienne tandis que Jude est retenu par Axel et Hurley pendant que Mark le charge contre son gré. Les joueurs de Raimon se marrent. Byron se signe au moment où le pneu suspendu percute Joseph et l'envoie voler. Là, j'entends Bryce murmurer « on devrait partir tant qu'ils ne nous ont pas encore repérés » alors que Claude renifle son jus d'orange. J'amorce un repli stratégique, Mark lève les yeux… Bam ! On est baisés.

JOURNALISTE : Que… Quoi ?

BYRON : Le pire, c'est qu'on ne pouvait pas démentir l'efficacité de la méthode puisque c'est avec de tels entraînements que le Onze d'Inazuma a vaincu la Royale puis Zeus. On n'avait donc pas d'autre choix que de se plier docilement aux volontés saugrenues de notre capitaine. Il pêche ces idées dans des carnets rédigés par son grand-père, gribouillis que nul ne peut déchiffrer sinon lui. Encore que Mark, sous ses airs de *minaude* « je suis gentil, je suis tellement gentil, indéniablement gentil je suis », invente régulièrement de nouveaux moyens de nous torturer en toute légalité.

JORDAN : Aie confiaaance… Croâââ en moâââ !

MAX : Enfin, pour ce qui est de la docilité, vous repasserez, hein. Claude m'a mordu.

CLAUDE : Je ne m'en repens toujours pas.

JOURNALISTE : C'est… Mark, un mot pour votre défense ?

MARK : C'est un ignoble complot ! Mon grand-père était un génie et il savait comment aider ses joueurs à exploiter leur plein potentiel ! Nous nous donnons tous à fond et c'est grâce à ces exercices que nous repoussons nos limites !

JOURNALISTE : Shawn, Neil, vous rangez-vous à l'opinion de votre capitaine ?

SHAWN : Moi ? Je… *hésite*

NEIL : Je fais semblant de croire que tout ça a un sens.

MARK : *silencieusement scandalisé*

JOURNALISTE : Axel, Max, Hurley ? En tant qu'anciens de Raimon.

AXEL : C'est à la fois une question d'habitude et d'état d'esprit.

MAX : Ça a le bénéfice de déterminer qui sont les fragiles.

HURLEY : Et je trouve ça rigolo.

MARK : *silencieusement très scandalisé*

NATHAN : *avec un sourire gêné* Enfin, Byron a souligné un point important… C'est avec de telles méthodes que Raimon a remporté le Football Frontier.

JUDE : Ce qui ne signifie pas que ce sont des exercices sensés. On passe pour des fêlés chaque fois qu'on en parle. Ça veut tout dire.

MARK : Raaah ! Souvenez-vous du proverbe ! « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » ! Sommes-nous ou ne sommes-nous pas champions du monde ?!

BYRON : Si, si, si. Dans les larmes…

JORDAN : … et dans le sang.

MAX : Comme je le disais, on repère ainsi très facilement les fragiles.

CLAUDE : *plisse les yeux* A tout instant je te mords encore.

BRYCE : *cherchant à tuer dans l'œuf la dispute imminente* Prochaine question ?

JOURNALISTE : O-Oui ! Jordan évoquait tout à l'heure l'absence de Shawn lors des sélections. Comment l'avez-vous rencontré et en êtes-vous venus à le recruter ?

BYRON : *frissonne* Ah ! Le match maudit…

La plupart des joueurs semblent avoir vu un fantôme. Les sourires sont crispés. Même Mark paraît embarrassé.

MARK : Un mois après notre sélection, notre entraîneur nous annonce qu'il va nous mettre à l'épreuve lors d'un match amical contre une équipe universitaire, les Alpins. Il nous dit aussi qu'il y a là-bas notre futur quatorzième joueur et qu'il s'agit autant de le jauger que de le convaincre de nous rejoindre. Nous sommes donc tous très curieux ! Qui peut bien être ce gars qui ne se présente pas aux sélections mais qui est si fort qu'on va le chercher directement chez lui ?

JUDE : Et la formulation était contradictoire. Si on y allait pour le convaincre, alors notre entraîneur savait déjà ce que ce type valait. Pas besoin de le « jauger ».

MAX : Pas le temps de niaiser, tout le monde dans le bus ! Sur la route, Jordan et moi épluchons les forums en quête d'informations sur les Alpins. L'équipe ne participait plus à aucun tournoi depuis qu'ils avaient accueilli un nouveau défenseur…

JORDAN : … tout en étant invaincus depuis l'arrivée du type.

MAX : Ils disputaient leur match sans public, si bien qu'on n'avait que les témoignages d'adversaires terrorisés. M'enfin, de sales rumeurs couraient aussi sur l'Institut Occulte sans que l'obstacle se soit finalement avéré insurmontable. On est donc plus intrigués qu'autre chose.

JORDAN : En chemin, on se paye de tels vents qu'on doit s'arrêter plusieurs fois sur le bas-côté parce que les bourrasques emportent le bus. On approche de la montagne et il se met à neiger. On avance doucement, mais il neige, il neige, il neige… On s'arrête, on met les chaînes, on repart. Quelques lacets plus tard, on s'enlise ! On sort pour dégager le bus, ça repart, ça recommence… Un nouvel orage gronde au loin et avec cette température, ce sont des averses de grêle qui nous menacent. Ça repart, on s'enlise. Ça repart, on s'enlise. Le bus est définitivement pris dans la neige. Pas de réseau pour appeler les secours. On prend nos sacs et on fait les derniers kilomètres à pied. Avec ce temps de merde, la nuit est déjà tombée et on est tous à moitié morts de froid quand on touche enfin au but. On est reçus comme des rois mais on n'ose pas dire un mot parce qu'on claque tellement des dents qu'on a peur de se couper la langue dans la manœuvre. On remercie nos hôtes avec des sourires gercés alors qu'intérieurement on a tous giflé à sang le gros con qu'on est venus débusquer. On n'a qu'une hâte, disputer le match et partir. Le lendemain… Mark ne se lève pas.

MARK : Je suis tombé malade, ah, ah…

AXEL : Et pas qu'un peu. Il s'évanouissait dès qu'il essayait de se redresser. Le match n'avait lieu que dans quatre jours, mais même ce délai n'était pas suffisant pour qu'il soit rétabli à temps pour la rencontre.

MAX : Ce qui n'était pas bien grave. On avait Joseph pour garder vos cages et Jude pour reprendre le poste de capitaine.

JOSEPH : J'ai effectivement retrouvé mes buts, ce dont j'étais très content parce qu'on me faisait désormais travailler en défense. Mais dans la foulée, notre entraîneur tend le brassard à Nathan.

JORDAN : « Non. », qu'il a répondu. « C'était pas une question. », que rétorque notre entraîneur.

HURLEY : *se met à rire* Nathan désigne Jude, il argumente, il insiste. Notre entraîneur ne fléchit pas, du coup Nathan pointe Byron du doigt. « Lui aussi a déjà été capitaine ! » Notre entraîneur est comme « Je sais, gamin. » Nathan panique total. « Je vais constamment demander à Jude de confirmer mes choix ! » *hilare* Notre entraîneur dégaine alors son joker. Il saisit Nathan par les épaules et le regarde droit dans les yeux. « Gamin… J'en ai parlé avec Mark, et il te demande de porter son équipe pour lui. Tu peux faire ça ? » Nathan est devenu tout rouge et a cédé en bafouillant que c'était une erreur monumentale. *pleure de rire* Depuis, chaque fois qu'il ne veut pas faire un truc, on lui réplique que c'est pour Mark.

NATHAN : *cramoisi*

JORDAN : Nathan, tu peux faire la vaisselle à ma place, s'il te plaît ? Non ?

HURLEY & JORDAN : Mais c'est pour Mââârk !

BYRON : Nathan, tu viens faire les boutiques avec moi ? Non ?

HURLEY, JORDAN & BYRON : Mais c'est pour Mââârk !

DAVID : *ouvre la bouche*

NATHAN : *entre ses dents* La ferme, espèce de faux frère.

DAVID : *lui aussi entre ses dents* Vengeance pour mes pingouins. Faux frère toi-même. *à voix haute* Nathan, tu m'aides avec la lessive ? Non ?

HURLEY, JORDAN, BYRON & DAVID : Mais c'est pour Mââârk !

Mark rougit sans s'en mêler.

NATHAN : *grondant* Et pourquoi on ne reviendrait pas au désastre qui a suivi ?

JUDE : Ça n'a rien eu à voir avec tes directives.

JOSEPH : Exact. Quoique les Alpins possèdent un stade couvert, notre entraîneur a tenu à ce qu'on joue sur le terrain extérieur. Il voulait aller jusqu'au bout de nos désavantages. Bien que déblayée, la neige continuait à tomber et on en a très vite eu à nouveau jusqu'aux chevilles. Sans parler des plaques de verglas invisibles en dessous. Les Alpins étaient habitués à ces conditions alors que nous grelottions dans d'épais manteaux qui entravaient nos mouvements.

MAX : Là, on s'est naïvement dit qu'on avait touché le fond. On allait se prendre une raclée et rentrer chez nous en crachant nos poumons.

NEIL : J'étais sur le banc. Nathan balisait tandis qu'on perdait la balle aussitôt après l'avoir récupérée, patinant plutôt que courant.

MAX : Notez que, sapés en Bibendum, on ne se faisait pas mal en s'étalant.

BYRON : Puis le ballon est arrivé dans les pieds de Shawn. Ce n'était pas la première fois depuis le début du match, mais ce coup-ci et pour aucune raison particulière… Il nous a fait une Dr. Jekyll.

HURLEY : Yep. Et on a dégusté.

BYRON : Il a planté notre attaque, remonté le terrain et fracassé notre défense sans la moindre difficulté.

JOSEPH : C'était comme voir un ours charger. Oui, il y a des Kevin Dragonfly qui vous invoquent un dragon… lequel peut être désintégré et n'a pas de volonté propre. Dans le cas de Shawn, ça faisait quatre jours qu'on croisait ce gars, comment dire ?…

MAX : Trop doux et trop mignon ?

JOSEPH : Trop… Oui, c'est ça, « trop doux et trop mignon » et soudain ce n'était plus lui. Ses coéquipiers nous avaient prévenus qu'il était bipolaire et que ça pouvait être impressionnant. Vous parlez d'un euphémisme ! Ce qui me fonçait dessus ne devait même pas se rappeler son propre nom et ça se pourléchait à l'idée de se battre. Son premier tir m'a fracturé deux côtes. Et ce n'était pas juste une douleur cuisante qui vous fait vous demander si peut-être quelque chose n'aurait pas cassé. J'ai entendu le craquement.

DAVID : *se penche pour poser ses mains sur les épaules de Joseph* Mesdames et messieurs, voici Joseph. Joseph-ce-n'est-rien, on le surnommait déjà dans la Royale. Pourquoi ? Parce que peu importe la blessure, Joseph se relève et vous assure que « ça va, ça va, c'est rien ». Or, quand on s'est tous réunis autour de lui après le tir de Shawn, il m'a attrapé le bras et m'a chuchoté… « va falloir resserrer la défense ». *lâche Joseph* Donc moi, je vais voir Nathan et je lui dis « on déclare forfait et on appelle un médecin ». Logique, pas vrai ? Ah, ah, ah… Personne ne m'a soutenu ! Nathan s'arrachait les cheveux sans savoir quoi faire, Jude affirmait que si Joseph pensait pouvoir tenir avec une défense resserrée, bah on resserrait la défense et puis c'est marre… Mais quelle. défense ?! Y'avait un tank sur le terrain ! Et les autres, remontés à bloc « on peut se faire ce fumier, allez, on va se le faire » ! *mettant les bras en croix* Spoiler Alert. On ne se l'est pas fait du tout.

JOSEPH : Deuxième tir de Shawn. Il me retourne trois doigts. Littéralement. J'ai l'auriculaire, l'annulaire et le majeur droit qui sont plaqués sur le dos de ma main.

BYRON : Son hurlement de douleur aurait pu déclencher une avalanche.

JORDAN : Chaos complet. David tient Nathan par le col et exige qu'on déclare forfait. Jude et Bryce sont occupés à réparer notre gardien. Des Alpins ceinturent Shawn pour l'empêcher de repartir à l'attaque. Max, Byron et moi ceinturons Claude pour l'empêcher d'aller casser la gueule à Shawn. Joseph se relève avec son attelle de fortune. « Allumez-moi ce fils de pute ! », qu'il nous rugit.

DAVID : Spoiler Alert ?

JOURNALISTE : *d'une petite voix* C'est vous qui avez été… allumés ?

DAVID : Évidemment. Coup de sifflet. Mi-temps. On rampe vers Neil et notre entraîneur.

JUDE : C'est à ce moment que la décision de faire de Nathan notre capitaine a pris tout son sens. Moi, j'étudiais l'équipe adverse, étant toujours parti du principe que tout obstacle a une faille. Nathan lui, regarde avant tout ses coéquipiers. A la Royale, nous savions que son poste reculé à l'extrémité de la défense lui permettait de tous nous voir. Il était capable de repérer toute faiblesse de notre côté et de venir seconder tel ou tel joueur en un éclair puisqu' étant extrêmement rapide et endurant. Vous saisissez la nuance de point de vue et de méthode ? Contre les Alpins, il a passé l'essentiel du repos de la mi-temps à fixer le terrain, recroquevillé dans la neige. Lorsqu'il s'est redressé, il avait totalement changé d'expression. On ne pouvait pas exploiter les faiblesses de l'obstacle parce que la principale faiblesse venait de nous.

BYRON : Il affirme donc en me regardant « Si on ne peut pas courir, on va voler ». *repousse élégamment une mèche de cheveux* Ma super-technique du savoir suprême a des ailes et son plan repose dessus. Il me laisse Claude et Bryce pour me couvrir avec leurs voiles alors que tout le reste de l'équipe se groupe autour des cages. Je dois rester en avant et attendre qu'on m'envoie le ballon.

JORDAN : En défense, on attend l'arrivée des Alpins pour leur reprendre la balle. Notre positionnement est si serré qu'on n'a pas tellement besoin de courir.

MAX : On encaisse, on embouteille, on embrouille.

DAVID : Dès que l'un de nous chope le ballon, il doit tirer loin au-dessus du terrain, hors de portée des Alpins. On doit balancer nos super-techniques sans se soucier de ce que pourra ou ne pourra pas en faire Byron.

BYRON : Je m'envole avec les ailes de mon savoir suprême et je réoriente le tir en m'efforçant d'entrer en résonance avec la super-technique reçue. Et quand ça fonctionne… *s'interrompt sur un sourire carnassier*

MAX : Le phœnix noir de Nathan, la tornade de feu d'Axel, le tout récent tir astral de Jordan et mon tir spirale ont tous pu être couplés. On est sortis du match avec un phœnix et une tornade suprêmes, ainsi qu'avec une spirale et un astre divins. Ils n'ont pas fonctionné à tous les coups, pour ça il nous aurait fallu les pratiquer à l'entraînement, mais la volée de manchots de David se perdait systématiquement. *hausse les épaules* Faut croire que Byron a un problème avec les pingouins. Donc Nathan a demandé un changement de joueur et il a fait entrer Neil à la place de David.

NATHAN : Neil est un brillant imitateur. Il ne peut bien sûr pas reproduire seul une super-technique double comme l'oiseau de feu, mais toutes les capacités solos sont à sa portée. Il n'en égale pas forcément la puissance, mais ça a de quoi déstabiliser et décourager lorsque, par exemple, Axel est marqué, qu'on refile la balle à Neil et que la tornade de feu part quand même. Sans parler qu'il lui suffit souvent d'observer un moment nos adversaires pour retourner leurs super-techniques contre eux. C'est pourquoi on ne le fait jamais entrer en première mi-temps.

CLAUDE : Tout le monde a déjà eu envie d'étrangler ce p'tit bâtard. Vous vous tuez à l'entraînement pour mettre au point une nouvelle super-technique, vous suez sang et eau afin d'y parvenir, il vous voit la réaliser et il vous la reproduit dans le quart d'heure.

JOURNALISTE : C'est vrai, Neil ! Vous vous êtes fait beaucoup d'admirateurs avec cette surprenante faculté !

NEIL : J'ai aussi arrêté de compter les fois où un joueur enragé m'a pris au col. De plus, les super-techniques des gardiens m'échappent toujours. Quoi qu'il en soit, la stratégie de Nathan nous a permis de remonter contre les Alpins. Ils ont pu marquer encore un ou deux buts mais la défaite n'a pas été aussi écrasante que la première mi-temps le laissait présager. Le match s'est terminé sur un 10 – 06. Le bilan des blessures a été autrement plus accablant.

MAX : Ouaip. Une vraie boucherie. C'est bien simple, on a tous passé une semaine à se faire porter la bouffe au lit. Les Alpins se pliaient en quatre pour nous et, quand on a enfin mis le nez hors de nos chambres, les autres élèves étaient « Woh ! Incroyable ! Vous avez marqué six buts ! C'est ouf ! Comment vous avez tenu ?! On veut trop vous voir jouer ! C'est qui vos prochains adversaires ?! Rétablissez-vous vite ! Wouh-ouh ! ». Alors que nous on était plutôt… hm…

CLAUDE : « Pourquoi ce taré est dans une équipe de foot et non dans un hôpital psychiatrique ? »

JOURNALISTE : *se tourne vers Shawn qui la devance*

SHAWN : Ça m'aidait. Je me défoulais et c'était terrible pour ceux que j'affrontais, mais j'aimais sincèrement le foot et le fait que les Alpins m'aient accepté et aient composé avec le danger que je représentais m'a évité de vraiment très mal tourner. Je leur serai éternellement reconnaissant, ainsi qu'à l'Inazuma Japon.

JOURNALISTE : Vous n'aviez pas participé aux sélections. Qu'est-ce qui vous a poussé à accepter de rejoindre cette équipe venue vous chercher ?

SHAWN : Oh, je… Je ne voulais pas. Je pensais que c'était une très mauvaise idée. Mais la météo a coincé l'équipe avec nous pendant plus de deux mois. Nombre de mes actuels coéquipiers m'ont fui comme la peste après ce match, mais d'autres ont fait tellement d'efforts pour comprendre ce que j'avais et comment m'intégrer malgré tout… Ils se remettaient de leurs blessures et je les regardais s'exercer… Certains se connaissaient depuis l'enfance, le collège, le lycée ou juste depuis les sélections… Pourtant j'avais l'impression de voir, eh… *cherche ses mots* de voir une espèce de… *cherche encore* seule et unique grande machine… organique ? Un tout. Je… J'aurais tellement voulu être ce coéquipier sur lequel on peut compter, mais j'étais… j'étais malade et lorsque je devenais ce… *sourit tristement* cet ours qui charge… Enfin, je pensais que je ne serais jamais comme ces gars-là.

HURLEY : *passe un bras autour de Shawn et le sert contre lui* Mais on insistait ! « Viens jouer avec nous ! C'est pas grave, tu seras remplaçant ! Juste un p'tit tir ! Tu vas voir, c'est cool ! On tiendra nos furieux en laisse, c'est promis ! Tout ira bien ! » *lui frotte le dessus de la tête* Eh, eh ! On a fini par le faire craquer !

JOURNALISTE : C'est une histoire vraiment touchante ! Nous en partageriez-vous d'autres de ce genre ? Ou même simplement amusantes ? Allez, une pour chacun de vous ! Jude, vous commencez ?

JUDE : Moi ?

JOURNALISTE : Oui ! Quelque chose de touchant ou d'amusant, en lien ou non avec le football, comme vous voulez !

JUDE : *réfléchit un moment* Ah ! Je pense que j'ai trouvé.

JOURNALISTE : Nous vous écoutons !

JUDE : Eh bien, mes parents se sont séparés lorsque j'étais encore très jeune. Environ deux ans plus tard, ma mère s'est arrangée avec mon père pour me revoir et me présenter ma demi-sœur. Elle a posé Célia devant moi, par terre dans le salon. J'ai examiné ce machin baveux qui marchait à quatre pattes en ne comprenant pas au nom de quoi j'étais supposé l'estimer fréquentable. Quand je m'en suis détourné, dégoûté et fermement décidé à aller jouer dans ma chambre en attendant que ma mère ait débarrassé le plancher de cette chose, mon ballon de foot m'a échappé des mains et a roulé vers Célia. Avec ses doigts minuscules et ses gestes maladroits, elle a essayé de l'entourer de ses bras. Le ballon s'est évidemment fait la malle, mais elle est retournée à la charge en riant. Du haut de mes cinq ou six ans, j'ai donc naturellement autorisé ma mère à prétendre que ceci était bien ma petite sœur.

JOURNALISTE : Oh, oh ! C'est tout bonnement a-do-ra-ble ! Vous placez la barre très haut ! A votre tour, David !

DAVID : Parce que c'est un concours ? *fait craquer ses cervicales* Pas de souci. Quand j'étais petit, j'ai eu un accident dont je ne garde qu'un souvenir très flou et qui m'a coûté mon œil droit. J'ai passé pas mal de temps à l'hôpital et lorsque j'en suis enfin sorti, ça été pour être claquemuré chez moi. Je devais rester au calme et ça m'allait très bien parce que je me disais que si les copains me voyaient avec mes affreux pansements, ils allaient se moquer ou flipper. Quant à mon rêve de devenir un grand footballeur, je croyais que c'était foutu avec un angle mort pareil. J'ai donc copieusement déprimé. Sauf que Joseph était mon voisin et qu'il ne comprenait pas pourquoi je ne pouvais plus sortir et encore moins pourquoi je ne voulais pas qu'il vienne me voir. Non sans avoir préalablement obtenu l'autorisation de mes parents, il a commencé à s'entraîner au tir sur ma porte de chambre. Bang. « Sors. » Bang. « Sors. » Bang. « Sors. » Ça pouvait durer des heures. Il m'a eu à l'usure. Sans lui, je ne serais pas ici aujourd'hui.

JOURNALISTE : Ah oui, tout de même ! Joseph, vous êtes un héros ! Que pouvez-vous nous raconter ?

JOSEPH : Une fois, pour un 1er Avril, j'ai convaincu l'intégralité de l'équipe de s'amener déguisée en pingouins. On avait maté des dizaines de vidéos afin d'imiter à peu près les mouvements et maladresses de ces bestioles. Seul Jude n'était pas au courant. Cette séance d'entraînement n'était pas sur notre planning, mais on lui avait donné rendez-vous sous couvert de bosser une nouvelle super-technique en heures supp'. Il s'est donc présenté en tenue de sport et… *ricane* Vous auriez vu sa tête.

DAVID & NATHAN : *se tordent de rire*

JOSEPH : On avait préparé une petite chorégraphie, avec un discours à la Team Rocket. On lui a jeté une cape sur les épaules puis on a pris la pose. Comment ça se terminait, déjà ? On avait fait un jeu de mots à la con… Ah oui ! « Quand le capitaine siffle ses manchots, le Pingou'Institut ne prend aucun repos ! »

DAVID : *essoufflé* Aah, c'était le plus beau jour de ma vie…

JOSEPH : On aurait été dans un manga que ses verres de lunettes se seraient fendus. Comme on était dans la réalité, il a juste fait demi-tour sans un mot, oubliant sous le coup de l'émotion qu'il portait toujours sa cape, et on l'a suivi en file indienne jusque dans les vestiaires.

DAVID : On se dandinait en chantant « Le papa pingouin ! »

DAVID & NATHAN : « Le papa pingouin ! »

DAVID, NATHAN & JOSEPH : « Le papa, le papa, le papa pingouin ! Le papa pingouin s'ennuie sur sa banqui-i-se ! Le papa pingouin ! Le papa pingouin ! Le papa, le papa, le papa pingouin ! Le papa pingouin voudrait faire sa vali-i-se ! »

NDA : Si vous n'avez pas la référence, vous êtes plus jeunes que moi.

JOSEPH : On a foiré les manchots empereurs pendant un peu plus d'une semaine après cette farce.

JOURNALISTE : *écroulée* Oh mon Dieu ! Si vous avez des photos, il faut absolument les confier au monteur !

JUDE : Certainement p-…

NATHAN : Ça roule.

Le tour de table continue, avec des histoires tantôt connues du reste de l'équipe, tantôt d'une partie seulement voire d'aucun autre membre. Les joueurs réagissent autant que la journaliste. Shawn évoque la première fois qu'il est parvenu à reprendre le contrôle lors d'une de ses crises, se découvrant alors sur la voie de la guérison. Axel avoue que sa petite sœur est une fangirl et qu'il doit constamment lui interdire d'épouser tel ou tel de ses coéquipiers. Vient le tour de Mark.

MARK : Oh, euh… *se gratte la nuque, indécis* Il paraît que je parle dans mon sommeil et que j'ai tendance à me cramponner à mon voisin. Alors les chambres ou tentes partagées sont très vite devenues la hantise de mes coéquipiers. *poursuit avec un grand sourire et quelques rougeurs* Ils tiraient à la courte paille pour savoir qui envoyer à l'échafaud. Une fois, Nathan s'est porté volontaire parce que tout le monde commençait déjà à ronchonner. Depuis, les autres ne lui laissent plus le choix.

Silence dans la salle.

MARK : Désolé, c'était ce que j'avais de mieux en réserve…

Nouveau silence. L'équipe oscille entre l'incrédulité et les sourires en coin. Certains joueurs se regardent furtivement, excepté Nathan qui vire à l'écrevisse.

BRYCE : Tout ceci est assurément très vrai.

MARK : *vexé* Bah évidemment ! Pourquoi j'aurais été l'inventer ?!

BRYCE : *tranquillement* Ne t'inquiète pas, Mark. Personne ne t'accuse de fabuler ni ne doute que les gens riront en nous imaginant te réveiller à coups d'oreiller.

MAX : A coups d'oreiller ? Moi je lui enfonçais mon coude dans l'estomac.

MARK : Alors c'est quoi votre problème ?! Je suis gardien de buts, pas conteur !

Le visage de Nathan a disparu dans ses mains. Mark n'a rien remarqué. La journaliste saisit la perche au vol.

JOURNALISTE : Gardien de buts, oui ! Pourtant, lors de votre match contre l'Argentine, vous avez passé bien peu de temps dans vos cages ! Mark ! Nos téléspectateurs et internautes n'attendent que ça… Parlez-nous de cette stratégie qui a laissé le public et les commentateurs abasourdis !

MARK : *retrouve brusquement toute sa gaieté* Oh ça ! C'était l'idée de Max, justement ! On regardait des vidéos des matchs de l'Argentine en réfléchissant à comment passer le mur de fer de Thiago Torres lorsqu'il a grommelé que ça ne pouvait quand même pas être plus dur que d'assiéger une forteresse !

JUDE : La comparaison était tout sauf absurde. Il fallait le harceler, ne pas lui laisser l'opportunité de souffler, le contraindre à maintenir sa super-technique active et la bombarder. Mais comment ? Toute l'équipe devait monter en attaque.

BRYCE : Après une première mi-temps très défensive, nous comptions sur l'effet de surprise. Nous voir tous passer à l'attaque en même temps les a pris au dépourvu et ils ont tous foncé en défense, soupçonnant une nouvelle super-technique ou une fourberie quelconque. Ils pensaient qu'on chercherait à déborder Thiago, à le contourner, à le passer avant qu'il n'ait pu élever son mur.

AXEL : Claude et Bryce ont mis leurs voiles en contact afin que la rencontre du feu et de l'eau couvre un instant le terrain de vapeur, confortant nos adversaires aveuglés dans leur idée. Dans la confusion, Thiago a invoqué le mur de fer et coincé une partie de son équipe derrière lui, réduisant le nombre de joueurs restés de notre côté et susceptibles de nous marquer ou nous prendre la balle.

BYRON : La suite, vous la connaissez. Nous avons enchaîné les tirs, misant sur la vitesse plutôt que la puissance, profitant de notre surnombre côté assiégeants pour réaliser des super-techniques doubles ou triples. Nos adversaires ne pouvaient pas tous nous marcher.

JORDAN : Dès que le ballon repartait vers nous après avoir été repoussé par le mur de fer, nous tirions de nouveau ! Thiago ne devait pas pouvoir relâcher son mur, au risque de laisser passer un boulet de canon ! C'était tellement intense !

DAVID : Nous savions que si nous perdions la balle, nos adversaires auraient le champ libre jusqu'à nos cages et Thiago pourrait respirer.

MAX : Shawn, Joseph et moi étions sur le banc pour cette seconde mi-temps. Shawn tremblait comme une feuille, les yeux exorbités. Joseph avait l'air d'incanter des trucs mais je l'entendais « Brise-toi… Allez, brise-toi… Brise-toi. Brise-toi. Brise-toi. » alors que je frôlais la crise cardiaque chaque fois qu'un argentin menaçait de récupérer le ballon.

JUDE : Puis le mur est tombé. Thiago était épuisé, incapable de le maintenir davantage et de l'invoquer après ça. Nous avons pu marquer. Une fois, puis deux…

JOURNALISTE : Puis trois. Vous l'avez emporté sur un 3 – 2. Le mondial était à vous, et la vidéo de ce passage de la finale est devenue virale. Cette stratégie était effroyablement risquée mais nul n'en saurait nier le spectaculaire. Vous avez été formidables, et les quatre années qui nous séparent du prochain mondial vont être interminables. L'Argentine réclame une revanche et nous voulons tous voir ça !

MARK : Et nous avons hâte d'y être ! Pas vrai, les gars ?! D'ici là, on va s'entraîner et s'entraîner, et on reviendra avec de nouvelles super-techniques, de nouvelles stratégies, et on se donnera à fond, encore et encore, tous ensemble, parce que c'est ça, le football !

TOUS : PARCE QUE C'EST ÇA, LE FOOTBALL !

[… … …]

Note de l'auteur : S'il vous plaît de vous prêter au jeu, n'hésitez pas à lâcher vos propres questions dans un commentaire ou un message privé. J'en ferai une seconde partie, comme si la journaliste lisait les questions de fans tirés au sort. Cette histoire n'est certainement pas une prouesse, mais l'idée me trottait dans la tête et me faisait rire. Ça rendrait forcément beaucoup mieux sous forme de fancomic, mais que voulez-vous ? Je n'ai aucune compétence en dessin. Il faudra donc vous contenter de ce script. J'espère néanmoins que vous aurez passé un bon moment en la compagnie de ces imbéciles.