Petit mot de l'auteure : Ce texte a été écrit pour un atelier du discord de Nanthana, où il fallait partir d'une image (ici une lanterne sous la pluie)
Comme toujours, dès qu'il s'agit d'Edith, je dédie ce texte à Marina.
Je remercie les gens qui ont reviewés !
Elle était au croisement de la rue donnant sur les bureaux d'Edith lorsque la pluie se mis à tomber intensément. Le réverbère qui éclairait alors jusque là la rue clignota quelques secondes, semblant se battre pour rester éveillé, mais finit par s'éteindre sous la pression de l'averse londonienne.
Mary retint un juron – il fallait que le ciel se déchaîne ce soir là ! Venant de l'Angleterre, elle n'aurait pas dû être aussi surprise de la pluie, mais tout de même. Elle avait beau être patriote, elle reconnaissait que le temps n'était pas l'atout majeur de son pays. Surtout dans des soirs comme celui-là, où son moral était déjà bien bas.
Elle avait en effet dû se rendre à Londres pour passer quelques examens afin de surveiller que sa grossesse se déroule bien et Edith l'avait invité à dîner avec elle dans un restaurant de la ville. Leur relation s'était nettement améliorée avec le temps, mais restait fragile – Mary n'avait pas envie de tout gâcher encore une fois et c'était donc empressée d'accepter. Malgré tout, elle avait toujours une certaine appréhension de se retrouver face à sa cadette, ayant toujours peur de ne pas retenir le venin qu'elle savait avoir en elle ou que la blonde finisse par exploser une nouvelle fois pour l'assommer de reproches qu'elle admettait au fond mériter. Mais elle ne pouvait travailler sur elle-même et essayer de rattraper les années perdues si elle ne prenait pas ce genre de risque, alors malgré la pluie battante et la peur qui montait en elle, Mary resta debout sous le réverbère, à attendre qu'Edith ne la rejoigne.
Celle-ci finit par arriver cinq minutes après.
- Je suis désolée, j'ai dû finir quelque chose pour le journal en urgence.
Mary se contenta d'un sourire poli – elle était trop frigorifiée pour articuler quoi que ce soit. Mais lorsqu'elle avisa ce qui se cachait derrière sa sœur, son sourire se figea. Marigold tenait sa mère par la main, et était manifestement trempée jusqu'aux os.
- Oui, je n'ai pas pu la faire garder. La femme qui devait s'en occuper est tombée malade au dernier moment. Cela ne te dérange pas si elle vient avec nous ce soir ?
- Pas du tout, réussit à ouvrir la bouche Mary. Mais pauvre puce, tu dois être glacée sous cette pluie. Prend mon parapluie.
Et ainsi, sans qu'elle ne lui demande quoi que ce soit, Edith vit sa sœur donner son parapluie à Marigold.
Ce fut à son tour de sourire.
- Quoi ? demanda Mary.
- Rien du tout, répondit Edith. Allons manger.
Et alors qu'elles marchaient, Edith souriait toujours. Mary ne pouvait se rendre compte de ce que ce petit geste altruiste représentait pour elle et pour sa fille. Après tous les reproches quant à sa naissance, les regards qu'elle avait pu avoir sur elles deux, sa présence dont elle s'était servie pour tenter de gâcher sa vie, Edith craignait toujours un peu de devoir gérer Mary et Marigold dans la même pièce. Mais voir sa sœur lui donner son parapluie pour qu'elle soit à l'abris, tout en prenant elle-même le risque de geler sur place, et ce dans un pur élan spontané... C'était un geste qui importait beaucoup à ses yeux. Il voulait dire que sa sœur était peut-être véritablement capable de changer.
