Petit mot de l'auteure : Ce texte a été écrit pour le jour 1 du calendrier de l'avent proposé par Nanthana : écrire un texte à partir du mot Sapin !

Je remercie les gens qui ont reviewés !

Le manoir était en pleine effervescence ce matin là.

La raison en était simple : aujourd'hui, on était le premier décembre. Traditionnellement, chez les Crowley, ce jour marquait un événement important : c'était le jour de la confection du sapin. Celui-ci était un arbre magnifique toujours choisis avec soin par le comte et monsieur Carson. Il était ensuite ramené à Downton Abbey où toute la maisonnée pouvait alors découvrir le majestueux arbre, qui restait nu quelques jours, le temps que la date traditionnellement retenue arrive enfin. Chaque matin, la famille passait devant, avec l'envie de venir le décorer, tout en se gardant bien de le faire – personne n'avait envie de s'adresser les foudres du majordome ou de la comtesse Douairière qui ne manqueraient pas de leur reprocher.

Ainsi, au matin du premier décembre, tout le monde fut réveillé assez tôt. S'il revenait à Cora de superviser l'arrangement final afin que l'ensemble forme une décoration harmonieuse, chaque habitant du manoir – domestique comme maître – avait le droit de mettre sa propre décoration où il le souhaitait.

L'honneur de poser la première pierre à l'édifice fut confiée aux trois plus jeunes membres de la famille, à savoir Sybil, George et Marigold. Les deux premiers, plus grands et mieux habitués au rituel du sapin, déposèrent rapidement leur décoration. La blonde resta en revanche en retrait, ne sachant que faire de la boule de Noël rouge qu'elle tenait entre les mains.

Voyant sa fille désorientée, Edith fut à deux doigts de s'approcher de celle-ci pour la guider. Mais elle s'arrêta net en voyant George prendre la main de sa cousine.

- Tu peux la mettre à côté de la mienne, si tu veux.

La petite fille, soulagée d'avoir été tirée de ce mauvais pas, s'exécuta. Elle admira quelques secondes son chef d'œuvre, avant de suivre ses cousins vers le salon pour suivre le reste des préparatifs tout en laissant la place aux autres apprentis décorateurs de sapin. Assis à même le sol, ils n'eurent alors d'yeux plus que pour le sapin qui prenait peu à peu vie sous leurs yeux. Parfois, Sybil, la plus grande, donnait quelques explications aux deux petits qui écoutaient religieusement.

Edith et Mary, en revanche, n'étaient nullement intéressées par l'arbre. Leurs regards étaient tournés vers leurs enfants qui communiquaient dans un babillage maladroit mais joyeux.

- Nous n'avons fait ça, murmura Mary.

- Fait quoi ?

- Partager une branche. Mes plus anciens souvenirs de Noël sont nous deux nous battants pour avoir le meilleur emplacement sans vouloir nous le partager. Je me rappelle qu'il était hors de question pour moi de t'avoir près de ma branche.

- Moi je me rappelle surtout de la colère que j'avais fait pour que nos chaussons ne se touchent pas, renchérit Edith avec ton mélancolique. Nous étions assez... idiotes.

- J'aurais plutôt dit déterminées et conscientes de ce que nous voulions, rétorqua Mary avant de s'adoucir. Mais certes. Peut-être un peu idiotes aussi. Je suis en tout cas heureuse de voir que George et Marigold n'ont pas hérités de notre... inimité passée. Ils ont un beau lien.

- Puisse-t-il être solide et profond, et ce durant de nombreuses années.

Les deux sœurs demeurèrent silencieuses quelques instants, jusqu'à ce que Edith soit appelée pour aller déposer sa propre décoration. La blonde fit un pas, avant de se figer. Elle se tourna vers son aînée, une hésitation perceptible dans la voix.

- Tu sais... il n'est jamais trop tard. Voudrais-tu venir déposer ta boule avec moi ?

La brune fut surprise par la proposition – tout comme le restant de la famille, qui fut d'avantage étonnée en la voyant accepter.

Sur le sapin des Crowley trônerait ainsi cette année là une branche soutenant les deux décorations de deux sœurs anciennement ennemies, bien décidées à faire fonctionner l'adage de Noël : les miracles existaient bien.