Petit mot de l'auteure : Ce texte a été écrit pour un atelier de la fabrique à plumes, écrire sur Une femme avec une femme de Mecano. Ca m'a inspiré un petit Edith x Daisy (pourquoi ? mystère) donc on sort du canon mais tadam !
Je remercie les gens qui ont reviewés !
Mary a passé sa vie entière à critiquer les choix d'Edith.
Même si elle essaye depuis leur grosse dispute de cesser cette vilaine habitude, les réflexes ont la vie dure. Ainsi, quand elle rentre dans la bibliothèque pour tomber sur sa cadette en train d'embrasser Daisy, elle l'admet, sa première réaction est de vouloir manifester sa présence en lui riant au nez – ou de faire un reniflement de dédain, voir les deux.
Pourtant, elle se retient.
Elle se contente de rester dans l'embrasure, surprise, avant de repartir aussi doucement qu'elle n'était venue. Au final, les deux femmes n'ont pas remarqué qu'elles avaient été interrompues. Ce qui est une bonne chose ; elle n'aurait pas su expliquer pourquoi elle ne ressent pas l'envie de critiquer cette relation pour le moins questionnable.
Peut-être est-ce parce qu'elle a déjà assuré son soutient tout entier à Thomas et qu'il serait idiot de le refuser à Daisy et Edith alors qu'elles sont confrontées à l'exacte même problématique.
Ou peut-être parce qu'elle est heureuse de voir que la domestique, d'ordinaire si gauche et malheureuse en amour, a enfin réussi à trouver son bonheur.
Ou alors peut-être parce que la culpabilité d'avoir causé tant de tords à Edith avec Anthony, Georges et Bertie l'empêche de lui faire un peu plus mal.
Toutes ces raisons sont vérités, mais au fond d'elle, elle sait que ce n'est pas l'explication principale.
La vérité, c'est que si il lui a fallu du temps pour le voir, Edith est la femme la plus forte qu'elle connaisse. Daisy elle aussi a toujours été sous-estimée mais c'est est devenue au fil du temps une jeune femme de caractère, n'hésitant pas à lever sa voix. Alors Mary pressent que face à deux tornades pareilles, leur jeter la pierre ne servirait à rien : elles ne feraient que les utiliser pour construire une forteresse. Une forteresse qui les protégeraient, mais qui éloignerait Edith d'elle ; et ça, elle le refuse. Pas maintenant, pas après tout le chemin qu'elles ont traversé pour enfin se pardonner leurs tords mutuels.
Il ne lui reste donc plus qu'une seule chose à faire : les laisser en paix.
