Petit mot de l'auteure : Ce texte a été écrit pour l'anniversaire de Laura Carmichael.


Mary n'avait jamais été particulièrement portée sur la religion.

Pourtant, quand elle demanda à Edith quelle date Bertie et elle avaient arrêté pour le baptiser et que sa sœur lui répondit qu'elle ne comptait pas faire entrer leur nouveau-né dans l'église, elle en resta coite de stupeur. Puis, très rapidement, elle passa de médusée à mordante.

- Allons bon, soupira-t-elle agacée. C'est quoi cette lubie encore ?

- Ce n'est pas une lubie, répondit Edith tout aussi énervée. C'est une décision mûrement réfléchie.

- Fais moi rire.

La brune sentit qu'elle était allée trop loin dans le dédain au moment même où elle parla. Elle ne fut donc pas étonnée de voir sa petite sœur lui répondre un ton au-dessus.

- Tu veux savoir ce qui me fait rire ? Que dès qu'on fasse quelque chose différemment de la grande Mary Crowley, on subisse son jugement ! Mais tu sais quoi ? Si c'est pour être mesquine, mauvaise et méchante, je ne veux pas être comme toi !

- Ça tombe bien, moi non plus je ne veux pas être comme toi ! Hurla à son tour Mary.

Oui, cette réplique était terriblement mature.

- Je n'ai pas envie d'être aussi... aussi...

- Aussi quoi ? Demanda sarcastiquement la blonde.

- Aussi... Agaçante !

La phrase tomba entre elles. Durant quelques secondes, le silence fut total, rapidement brisé par un rire d'Edith.

- Agaçante ? Mary, je t'ai connue plus vive d'esprit que ça.

- C'est désolant, je sais, soupira l'aîné. Tout se perd.

- Si c'est une remarque pour ce non baptême, tu peux aller...

- Ce n'est pas ça, la coupa la brune. C'est que... je n'ai même plus envie de me disputer avec toi. Je ne trouve plus aucun plaisir à te dire des méchancetés.

- Et... en quoi est-ce une mauvaise chose ?

Mary envisagea un instant de retrouver sa verve toxique, de lui dire qu'il fallait bien que quelqu'un se charge de lui rappeler ce qu'elle pouvait faire de mal. Mais une faille dans son cœur la convainquit de choisir la vérité, pour une fois.

- Cela fait si longtemps que nous nous écharpons que je ne sais plus comment faire pour t'aimer correctement. Et vice versa. J'ai peur que si nous laissons notre haine de côté... Il ne reste plus rien de notre relation.

La noble vit sa sœur fermer les yeux brièvement, avant de s'asseoir à ses côtés.

- Il est vrai que notre mépris mutuel est une composante puissante de notre lien. Mais ce n'est pas une raison pour qu'il se limite à ce sentiment là. Nous pouvons en adjoindre d'autres. Cela sera un défi de taille mais... depuis quand les défis effraient-ils les Crowley ?

Mary n'eut pas besoin de lever la tête pour répondre en même temps que sa sœur :

- Jamais.