Petit mot de l'auteure : écrit pour l'atelier surprise de Bibliothèque de fictions : quelqu'un pleure / un père et sa fille / une rupture (amicale, familiale, amoureuse...)


Robert était en train de gagner sa chambre lorsqu'il entendit des pleurs. Intrigué et légèrement inquiet, il se dirigea vers ces derniers. Son cœur se serra quand il comprit qui les poussaient : Edith.

Depuis son mariage avorté avec Anthony, sa fille était constamment triste. Elle restait enfermée de longues heures dans sa chambre. Quand elle quittait ses quartiers, elle passait d'une pièce à l'autre l'air absente, indifférente à tout et à tout le monde. Robert avait d'abord cru que cette mélancolie la quitterait mais cela faisait un mois désormais que la rupture avait eu lieu et Edith ne semblait pas aller mieux. La preuve en était à ces sanglots déchirants...

Bien décidé à ne pas jouer à celui qui n'aurait pas entendu, Robert frappa doucement à la porte.

- Edith ? C'est moi. Tout va bien ?

De longues secondes passèrent avant que Edith ne l'autorise à rentrer. Quand il pénétra dans la chambre, plusieurs choses lui serrèrent le cœur ; l'ambiance sombre qui y régnait ainsi que la pâleur de Edith. Mais ce qui lui fit le plus mal, ce fut de constater que sa fille s'était employée à masquer ses larmes. Il était son père ! Si il y avait bien quelqu'un devant qui elle aurait dû s'autoriser à se laisser aller, c'était bien lui. Robert en était blessé pourtant... comment le reprocher à Edith ? C'était lui-même qui était à l'origine de son malheur. Il avait pensé agir dans son intérêt en poussant Anthony à renoncer au mariage. Mais quand il voyait Edith plongée dans une telle détresse... il ne pouvait que comprendre son erreur.

- Ma chérie... murmura-t-il en s'asseyant près d'elle. Je suis désolé. Je suis... tellement désolé.

- Pourquoi ? Pour m'avoir privé d'un avenir ? D'avoir cru que vous sauriez mieux que moi ce qui convenait de faire de ma vie ? Pour avoir conduit Anthony à m'humilier devant tout le monde ?

Les mots étaient durs. Dans d'autres circonstances, Robert n'aurait jamais laissé une de ses filles lui parler sur ce ton. Mais l'heure n'était pas aux remontrances ; du moins, à celles qui ne lui seraient pas adressées. Il se contenta alors d'encaisser les reproches justifiés.

- Je suis désolé, répéta-t-il. Je... j'ai tendance à vous voir encore comme une enfant. Mais vous avez raison. Vous êtes une femme, désormais. J'aurais dû vous écouter. Vous seule savez ce qui est le mieux pour vous.

Il tendit une main hésitante. Le soulagement qu'il ressentit quand elle lui prit fut immense.

- Je sais qu'il est trop tard pour Anthony, reprit-il doucement. Mais je vous promets de... de faire mieux la prochaine fois. De vous donner la confiance que vous méritez. Et d'ici là... mon épaule est là, si vous le voulez. Car même si je ne le montre pas toujours de la bonne manière, je vous aime, Edith. De tout mon cœur.

Des larmes coulèrent alors sur les joues de Edith. Sans qu'il ne puisse se contrôler, Robert lui ouvrit ses bras, et elle vint s'y réfugier. Tandis qu'elle pleurait contre son torse, il lui caressa les cheveux.

- Tout ira bien, murmura-t-il. Je vous le promet.

Et Robert n'en doutait pas, pour la simple et bonne raison qu'il allait travailler pour devenir le père que Edith méritait.