Petit mot de l'auteure : écrit pour les 24h du FoF sur le thème "je t'ai toujours haïs"
- Pourquoi ?
Edith détesta la douleur perceptible dans sa voix. Après tout ce temps, elle aurait dû être habituée aux traquenards et coups fourrés de Mary. De ce fait, elle n'aurait pas dû se laisser atteindre par ces derniers. Et pourtant, alors qu'elle demandait des explications à sa sœur, son ton n'arrivait pas à masquer le fait qu'elle était blessée.
- Pourquoi répandre cette rumeur ? répéta-t-elle. Tu sais très bien quelles conséquences cela aura pour moi ! Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ta haine à la fin ?
D'ordinaire, Mary ne cherchait même pas à répondre. Sûrement qu'elle avait des préoccupations plus importantes que sa petite sœur malheureuse. Paradoxe lorsqu'on voyait combien son aîné dépensait d'énergie pour lui saboter la vie... Là, cette fois-ci, Mary n'évita pas la question. Elle se contenta de la dévisager, avant de soupirer en détournant le regard.
- Rien, murmura-t-elle.
- Comment ?
- Tu n'as rien fait, reprit Mary un peu plus fort. Je t'ai toujours haïs. Peut-être de la jalousie d'enfant qui n'a jamais été réglé. Mais la vérité, c'est que si je te hais, je le fais sans véritable raison. Je ne sais pas si c'est pire ou mieux pour toi de le savoir.
Edith avait rarement entendu des propos aussi horribles. Pourtant, étrangement, elle en tira un grand réconfort. Sa sœur venait de le lui : elle l'a haïssait sans raison. Ce qui signifiait que le problème ne venait pas d'elle... mais bien de Mary elle-même. Et cela... cela faisait toute la différence : c'était à Mary de travailler sur elle-même, de guérir ses plaies, d'apprendre à gérer ses colères ailleurs que sur elle.
Elle sécha donc ses larmes. Si un jour sa sœur était prête à régler ses problèmes, elle serait ravie de leur donner une chance. Mais d'ici là, elle pouvait s'accrocher à l'idée qu'elle n'avait rien à se reprocher et que, au fond d'elle-même, Mary le savait pertinemment.
