La suite !
Au programme : de la lâcheté, une engueulade, et mon favori qui intervient.
Très franchement, je suis déçue par ce chapitre. Je n'ai pas été au top du top, je le trouve médiocre et mal écrit par rapport aux autres xD Je ne peux en vouloir qu'à moi-même.
Bref, je vous souhaite une bonne lecture tout de même, et merci à ceux qui me suivent =) !
Enjoy !
Note : excusez les blancs, comme toujours. Je fais du mieux que je peux pour rajouter les points-virgules effacés, mais j'en oublie toujours un ou deux. Le jour où on m'expliquera pourquoi ne les prend pas en compte sur les fichiers doc…
Selene sut tout. La mort de son père, pourquoi on l'avait exécuté, la situation des Auditore à ce jour, et la menace qui planait aujourd'hui sur tous les héritiers.
Depuis qu'ils étaient rentrés à cheval, gracieusement fourni, jusqu'à la Rose Fleurie, la jeune femme avait écouté Claudia et Maria sans prononcer un mot, pensive, le choc du massacre n'étant pas encore passé. Quant à Ezio, il avait tenu jusque là. Blessé, il avait saigné abondamment et lutté contre l'évanouissement, aidé par les secousses du cheval lancé au petit trot. Le tiraillement que lui causaient ses plaies ouvertes l'avait maintenu éveillé pendant le trajet, qui lui avait paru atrocement long. Mais, une fois devant les portes de la maison close, il avait sombré dans l'inconscience. Le but atteint, l'homme s'était autorisé à lâcher prise, et s'était effondré sur le pavé dans un nuage de poussière. On prenait à présent soin de lui dans une chambre à côté.
Claudia vint lui rendre visite après avoir parlé à Selene. Elle frappa à la porte ; pas de réponse. Elle tourna la poignée, passa la tête dans l'embrasure Ezio dormait, le souffle régulier. La jeune femme entra et vint s'asseoir à son chevet. Elle observa longuement son frère plongé dans le sommeil. Le ruban rouge qui tenait son catogan avait glissé ; il était rare de voir l'homme les cheveux libres. Il était blême, de profondes cernes avait creusé ses paupières et les bandages qui lui enserraient le corps n'ajoutaient rien de très rassurant au tableau.
« Dans quoi t'es-tu encore fourré, Grand Frère ? » soupira la jeune femme.
Ezio fronça le nez, visiblement dérangé par le bruit. Claudia pouffa. Finalement, l'homme ouvrit les yeux ils lui semblèrent deux billes de plomb. Une migraine lui serra les tempes, et il souhaita ne jamais s'être réveillé. A travers la brume de ses pupilles encore pleines sommeil, il distingua le visage de sa petite sœur. Un sourire étira ses lèvres pâles :
« Je suppose que tu vas m'enguirlander, dit-il d'une voix faible.
-Evidemment, qu'est-ce que tu crois ! s'exclama Claudia, les poings sur les hanches. On n'a pas idée de sortir sans armes ni protections lorsqu'on est l'un des hommes les plus recherchés d'Italie ! C'est de l'inconscience, Ezio ! »
Elle secoua la tête, plus sérieuse :
« Tu aurais pu y rester.
-Je sais… Pardonne-moi ».
Il enfonça sa tête dans l'oreiller, espérant étouffer son mal de crâne et effacer les scènes de la matinée qui lui revenaient en mémoire. En vain. La mine de Claudia s'assombrit :
« Ce n'est pas à moi que tu dois demander pardon, Grand Frère… »
Ezio baissa les yeux, puis interrogea, la gorge nouée :
« Comment va-t-elle ?
-Tu l'as, comment dire… traumatisée.
-Je n'ai pas réfléchi. J'étais tellement en colère et… j'avais si peur, Claudia. »
Il regarda sa sœur droit dans les yeux.
« Je ne veux plus que ça arrive ».
Claudia baissa la tête Ezio n'avait pas besoin d'en dire plus, elle avait compris.
« Je ne veux plus avoir à me sentir coupable de la mort de quelqu'un parce que je n'ai pas eu soit la bravoure, soit le pouvoir d'intervenir à temps ».
L'échafaud, la corde, le bourreau ; tout était encore beaucoup trop clair.
« J'étais terrifié, Petite Sœur. J'ai eu peur à l'idée que ma famille puisse une fois de plus être détruite. »
Il se renfrogna :
« J'ai échoué. J'ai sous-estimé le danger, et j'ai déçu tout le monde. Moi y compris ».
oOo
C'était une douce après-midi. Selene avait troqué sa robe bleue de velours épais, poisseux et tâché du sang de son oncle contre un habit vert clair plus léger que lui avait donné Claudia, brodé de dentelle et de fils dorés au col et aux manches. Les nuages de la matinée avaient laissé place à un grand soleil réconfortant. Les oiseaux chantaient malgré le froid tout inspirait la paix. Qui aurait cru que, quelques heures auparavant, une tuerie avait eu lieu en face du Colisée ? Selene eut un sourire ironique : les gladiateurs étaient sortis de l'arène pour s'affronter en privé. La jeune femme avait déjà vu des morts et du sang, les règlements de comptes étaient fréquents à San Gimignano, comme partout ailleurs. Elle avait su éviter les affrontements sur la route, mais n'avait pas trouvé le courage de prêter main forte à ceux que l'on dépouillait. De toute façon, qui aurait été effrayée par une femme ?
Ezio Auditore donnait l'impression d'un homme bon, doux, courtois et respectable. Ce qu'elle avait vu ne coïncidait pas avec l'image qu'elle se faisait de lui. Bien sûr, il s'était battu pour se défendre. Il l'avait même secourue. D'une façon si… bestiale, et cruelle.
La jeune femme ouvrit la fenêtre la lumière entra, vive et chaleureuse, accompagnée des bruits étouffés de la ville grouillante : les roues des charrettes sur les pavés, le claquement des sabots des chevaux, les aboiements des chiens et les cris des badauds. Rien à voir avec le calme de sa campagne natale une tranquillité qui lui manquait, après plusieurs mois dans les grandes cités de l'Italie.
Selene s'accouda à la fenêtre et laissa l'air froid de l'hiver lui remettre les idées en place. Ezio Auditore était un Assassin. Et son père, Federico Auditore, en avait été un aussi, comme d'autres de la lignée avant lui. Ce qui, fatalement, avait causé sa perte.
A vrai dire, c'était la dernière chose qu'elle aurait pu imaginer sur son géniteur. Mais tout devenait clair, à présent. Le plus difficile serait de l'annoncer à Concetta. Cependant, il était sans doute préférable pour elle de le savoir mort que de le croire parti avec une autre. Et, surtout, elle n'espérerait plus inutilement.
Selene s'installa à son bureau, s'empara d'une plume, de papier et de son encrier, puis commença à écrire.
Ma très chère mère,
Pardonne-moi tout d'abord de ne pas t'avoir écrit plus tôt je n'ai plus rien envoyé depuis mon départ de Sienne, il y a quelques temps déjà. Je n'ai aucune excuse à ce manque de nouvelles, à part peut-être ma trop grande excitation qui m'a fait t'oublier.
En vérité, j'étais en route pour Rome, là où, m'a-t-on dit, se cachaient les Auditore. Imagine donc ma joie ! Je suis arrivée mardi dans la capitale, il y a trois jours donc, et j'ai trouvé ce que je cherchais. J'ai été bien accueillie, et j'ai beaucoup appris. Je ne compte pas rester plus longtemps, il est temps de rentrer. J'ai tant de choses à te raconter ! Mais je ne confierai rien dans cette lettre je préfère tout te dire de vive voix. Il te faudra donc m'attendre.
Pardonne-moi encore pour cette courte missive. Porte-toi bien, et patiente encore un peu.
Affectueusement,
Selene
Comme toujours, le courrier finirait dans la cheminée après sa lecture. Concetta ne gardait jamais celles qui s'adressaient à la « très chère mère ». Il était risqué de conserver de telles preuves en sa possession. Le feu la dévorerait, l'encre brûlerait, et le papier craquerait délicieusement avant d'être réduit en cendres. Concetta aimait ce son, si faible et furtif qu'il soit.
Résolue, Selene plia la lettre, la cacheta, et entreprit de l'envoyer au plus vite la voiture du messager ferait une halte dans une heure, au plus tard. Du regard, elle balaya sa petite chambre, décorée des tons chauds les plus incitatifs à la débauche. Elle n'avait que quelques affaires qui seraient vite remballées. Quitter ce lieu d'orgies lui ferait le plus grand bien.
Dans le couloir, elle croisa Claudia, qui ne fut pas dupe.
« Selene, tu nous quittes déjà ?
Devant la mine déçue de sa tante, la jeune femme se demanda si c'était une bonne idée, et elle faillit revenir sur sa décision. Claudia ne la retint pas :
« Tu fais ce que tu veux. Mais c'est dommage. Nous ne sommes pas des criminels, si c'est ainsi que tu nous vois ».
Selene secoua la tête.
« Je pense que je ne suis pas en sécurité ici. Et j'aspire à une vie tranquille.
-Je comprends ».
Claudia eut un sourire triste. Sa nièce avait raison, mais elle eut tout de même un pincement au cœur. On leur rendait un parent, auquel il fallait renoncer aussitôt, sans avoir pris le temps de se connaître mieux.
« Passe-voir Mère, et Ezio, avant de t'en aller. Il s'en veut énormément ».
oOo
« Alors tu pars ».
Ce n'était pas une question ; plutôt une affirmation qui laissait un goût amer sur la langue une fois les mots libérés. Ezio avait du mal à accepter la décision de Selene. Celle-ci lui énonça sa raison :
« Oui. Il est préférable que je me cache ».
Assis sur son lit, adossé à deux gros oreillers de plumes, Ezio passa une main sur son visage blanc et fatigué.
« Tu n'as pas tort. Je te présente mes excuses, pour… bref, tu sais ».
Selene acquiesça.
« Toutefois, reprit-il, j'ai une proposition à te faire.
-Mon oncle…
-Ecoute, l'interrompit-il, je sais que tout ne s'est pas déroulé comme tu l'avais prévu, ni comme je l'aurais voulu. Nous nous sommes trompés tous les deux, moi par négligence, toi par ignorance ».
Selene tiqua, vexée. Elle ne se sentait coupable de rien, et elle le trouva culotté de la désigner fautive.
« Afin d'honorer la mémoire de ton père, et de nous aider dans notre tâche, accepterais-tu de rejoindre la Confrérie ? »
La réponse de la jeune fille fut rapide et sans appel :
« Non ».
L'homme fronça les sourcils. Selene répéta.
« Qu'est-ce qui t'en empêche ?
-Je ne veux pas être mêlée à tout ça, je n'ai rien à voir avec vous ! s'écria-t-elle, la tête entre les mains. Ce n'est pas ce que je suis venue chercher ! J'aimerais ne jamais vous avoir connus ».
Cette remarque qui, il le savait, était trop sincère, blessa Ezio et le rendit immensément triste. Il eut même la désagréable impression de décevoir Federico. Une fois de plus.
« Je ne veux pas mourir » bredouilla-t-elle, un tremblement dans la voix.
Elle avait la mort aux trousses ; elle en était malade, à la limite de la folie. Ezio se redressa, la mine grave, et lui énonça la vérité :
« Tu ne peux plus fuir, Selene. Que tu le veuilles ou non, tu seras désormais toujours en danger.
-Vous avez tué les témoins.
-Pas tous. Quelques soldats seulement ».
Selene faillit s'évanouir. Elle s'assit au bout du lit. Un long frisson courut le long de son échine et elle sentit son front se perler de sueur.
« On sait qui tu es, ajouta Ezio, pourtant conscient de l'effet qu'avaient ses paroles sur sa nièce. On t'a vue, on t'a entendue. On te traquera, tu ne peux pas l'éviter.
-C'est à cause de vous, gronda Selene, dont la colère augmentait au fur et à mesure.
-A cause du nom que tu portes, rectifia Ezio. Ca serait arrivé, tôt ou tard ».
Elle se releva brusquement et se mit à hurler, folle de rage :
« Ce nom ! Ce nom ! Toujours remettre la faute sur ce nom ! Soyez maudits, Auditore, vous tous et ma putain de mère ! »
Selene dépassait les bornes. Ezio fulminait. N'y tenant plus, il se mit debout des étoiles ; dansèrent devant ses yeux. Il chancela, s'appuya contre le mur et se retint de la gifler.
« Je t'interdis d'outrager le nom de ma famille ! beugla l'homme, hors de lui. Tu n'es pas digne d'être des nôtres en agissant de la sorte. Je suis dans la même situation que toi, je ne l'ai pas choisi non plus. C'est venu à moi, je n'ai pas pu y échapper ! Ce nom, comme tu dis ! On a assassiné mon père et mes frères, anéanti mon bonheur ! On m'a pourchassé comme une bête. Je n'ai pas eu d'autres choix que de me défendre, de riposter, et d'assassiner à mon tour. Regarde ce qu'est ma vie, à présent ! J'inflige la souffrance et je la reçois. Je ne connais aucun repos ! ».
Il s'arrêta un instant la tête lui tournait.
« Cesse de te lamenter, pauvre lâche. Les gens comme toi me hérissent le poil. Il y en a, ici-même, qui ont vécu plus d'horreurs que toi, et je ne les entends jamais se plaindre ni pleurer ! Retourne chez toi, tu en es partie de ton plein gré, nous n'avons jamais demandé à te rencontrer. Tu ne peux en vouloir qu'à toi-même ! Alors arrête de nous insulter, terre-toi à San Gimignano, et prie pour qu'on oublie ta misérable existence ! »
Désemparée, Selene écoutait son oncle déverser sa fureur sur elle, sensible à son ressentiment jusqu'au plus profond d'elle-même. Elle en fut sévèrement ébranlée, et sentit la honte l'envahir petit à petit.
Malgré l'étourdissement, Ezio se traîna jusqu'à la porte. Il fallait qu'il s'éloigne de sa nièce, pour laquelle il était pris d'un soudain accès de haine et de dégoût. Hors de question qu'il tolère sa présence, après un tel discours. Dire qu'il avait failli crever, ce matin, juste pour la protéger !
Il ouvrit la porte et, sous la surprise, eut un mouvement de recul : Leonardo da Vinci se tenait dans l'encadrement, l'air incrédule. Ezio tomba en arrière, mais l'artiste lui saisit le poignet et le retint d'un bras puissant ; il fut étonné de sentir autant de force dans ce petit bras d'ingénieur fragile. Avec un sourire en coin, Leonardo railla…
« On dirait que j'arrive au mauvais moment ».
… et le remit sur ses pieds en l'attirant vers lui. Ezio le gratifia d'une embrassade amicale, sur le point de le remercier d'être là, et se sentit tout de suite apaisé. Les traits de son visage se détendirent; il eut même envie de rire devant l'absurdité de la situation. Se retrouver nez à nez avec Leonardo maintenant semblait inespéré.
« Pas du tout, mon ami ».
Cette fois-ci, il était très heureux de le voir.
