Un chapitre court, très très court, mais nécessaire ! J'essaye de vous uploader un chapitre plus long avant le weekend prochain !

Merci une nouvelle fois aux lecteurs, à ceux qui me laissent une petite review, et aux nouveaux arrivants !


Cesare Borgia ne trouva pas le sommeil de la nuit. Il avait pourtant tout essayé : il avait mangé beaucoup, avait bu tout autant, puis avait passé d'agréables heures dans les bras ronds d'une charmante maîtresse qui dormait à présent, épuisée par la cadence infernale que le Prince lui avait infligée.

Malgré la ripaille et le sexe, Cesare demeurait éveillé, enlisé jusqu'au cou dans une colère noire. Il ne supportait pas l'idée d'avoir été humiliée par une femme. Non, une femme ne l'humiliait pas, lui, Cesare Borgia, neveu du Pape et duc du Valentinois. Une femme se possédait, elle n'était rien de plus qu'un trophée que l'on promenait au bout du bras. Mais une femme ne s'infiltrait pas chez lui, ne narguait pas son armée entière, et ne se volatilisait pas en plongeant dans un cours d'eau sale.

Et celle-ci n'était pas n'importe quelle femme. Son intuition lui disait qu'il s'agissait de la nièce de son ennemi, qu'il n'avait jamais vue mais dont il connaissait l'histoire, car il n'y avait qu'un Auditore pour oser braver ses murailles et fouiller dans ses affaires.

Elle avait réussi à se faire oublier pour resurgir, et se moquer de lui à sa fenêtre.

Cesare savait, de source sûre, que les Assassins rattrapaient leur retard sur les Templiers dans cette course effrénée pour le Fragment d'Eden. Que ceux-ci seraient certainement à ses trousses au printemps prochain, lorsque ses espions entameraient leur périple en France. L'assassinat de Scalabrino, les mercenaires enrôlés soudain punis de leur traîtrise, l'irruption de cette catin, bref tout cela prouvait bien qu'on cherchait des indices et que malgré toutes les précautions prises, des taupes faisaient un bon travail au sein de son Ordre.

« Nous avons tous nos faiblesses, apparemment. »

Cesare fulminait. Car, en parallèle, l'étau de la Confrérie ennemie se refermait sur lui. Les caisses du Vatican s'étaient vidées, parce que son vieux père sénile ne savait pas gérer son argent. Les Borgia perdaient du terrain chaque jour un peu plus, leur suprématie sur Rome s'effaçait, et les Français le sentaient : les lettres de Louis XII se faisaient rares et banales, les généraux leur tournaient le dos, et il savait que la récente éviction du Baron de Valois finirait par lui porter préjudice.

« Peut-être aurais-je dû lui donner plus de terres, à cette andouille. »

Il n'avait pas eu d'autre choix. Si Octavien venait à apprendre son alliance avec le cardinal Georges d'Amboise, alors il le trahirait sans plus attendre, et Cesare n'était pas encore assez puissant pour rivaliser avec l'armée française. Il valait donc mieux que le Baron s'éloigne un peu du Vatican, par précaution.

Or la Pomme, qu'il était certain de récupérer en premier, l'aiderait à reprendre le pouvoir sur Rome et sur la scène politique à la place de Rodrigo, devenu trop paresseux pour le faire. Enfin, il rassemblerait toute l'Italie sous la bannière des Templiers, et, les Assassins définitivement rayés de la carte, on le glorifierait comme le grand Sauveur du pays

Puisque le saccage de Monteriggioni n'avait pas suffi, il infligerait aux Auditore une deuxième leçon dont ils se souviendraient, pour qu'ils comprennent que l'on ne défiait pas les Borgia, qu'on ne leur manquait pas de respect sans en payer le prix.

Ils les briseraient. Tous.

Cette certitude le rasséréna un peu, et il s'endormit quand l'aurore darda ses premiers rayons de lumière.