Bonjour à tous !

C'est par une heure plutôt matinale (pour un dimanche) que je vous livre ce chapitre. Malheureusement l'horaire de publication habituel coïncidait aujourd'hui avec un repas de famille, pas besoin de vous faire un dessin donc sur ce qui est prioritaire ^^.

Cette moitié de semaine de repos (merci le jour férié !) aura en tout cas été très productive comme je l'espérais. J'ai même eu le temps de commencer à jouer à Resident Evil Village et... J'adore ! Je me suis même imaginé un scenario mêlant l'univers d'Harry Potter et certains personnages du jeu ; Je ne sais pas si cette idée se concrétisera, mais si une fiction devait voir le jour, elle serait automatiquement classée M sur ce site.

Sinon merci pour les reviews, j'essaierai de vous répondre rapidement mais aujourd'hui ça risquerait d'être compliqué. Peut-être ce soir?

Plmn : Merci pour ton commentaire !

Enfin pour ce qui est de ce chapitre, on revoit pour la première fois depuis un bon moment un personnage et on en apprend un peu plus sur elle... Devez-vous y voir un lien avec le titre? Peut-être...

Sur ce, bonne lecture !


Libéré de ses anciennes obligations, Dumbledore avait désormais beaucoup de temps libre pour lui, et la lecture lui permettait de le combler à loisir. Malgré le poids de l'âge, du siècle passé sur Terre et des contraintes rencontrées au cours de sa longue existence, le temps, au premier sens du terme, suivait une trajectoire diamétralement similaire à celle de la connaissance, et chaque moment de la vie ne devait être propice qu'à cela, autrement il était à ses yeux perdus.

Sa riche bibliothèque à Poudlard avait pendant des décennies vu quantités de livres, de grimoires, de textes anciens, d'ouvrages écrits et traduits dans toutes les langues possibles parlées ou disparues. Leur analyse, les commentaires qu'il y griffonnait de temps à autre, ses propres réflexions découlant de ces écrits et qui inspiraient en grande partie les discours qu'il prononçait autrefois devant le Magenmagot, accaparaient son temps autant que l'administration de l'école qu'il chérissait et regrettait chaque jour durant.

Lire lui procurait un plaisir singulier, tout à fait innocent et simple comme celui d'un enfant devant la vitrine d'une confiserie ou d'un artisan ayant sous les yeux le meuble qu'il s'échinait depuis des mois à créer. Il ne fallait pas grand chose d'autre qu'une page que l'on tourne, les yeux qui se posent sur les lignes parfaitement alignées d'une feuille jaunie par des années qui passent et l'éclat des rayons du soleil, l'odeur du papier qui persiste sur les doigts, que l'on hume en approchant son nez d'elles pour en apprécier le curieux parfum…

D'autres trouvaient du plaisir dans des raisons plus terre à terre, plus propre à la nature même de l'homme, aux relations qu'il tisse l'un avec l'autre, avec ce qu'il conçoit, ce qui peut lui échapper également, ce qui contribue à entretenir son imaginaire et sa créativité… L'amour était d'une certaine façon ce palliatif qui lui manquait mais que le reste du commun des mortels avait su se saisir, apprivoiser, garder pour lui et finalement offrir à la personne désirée. Lui n'avait jamais eu cette chance. Une fois seulement avait-il cru s'en approcher, toucher du doigt ce curieux sentiment que l'on pouvait éprouver à l'égard d'un autre, mais la déception fut grande, et le cœur en miettes, il s'était résigné à ne jamais plus ressentir cette douleur.

Les livres avaient pour eux de ne pas tromper les autres dans les sentiments qu'ils nous faisaient ressentir ; On n'en refermait rarement un en ayant l'impression d'être trahi par la chose que l'on tenait encore entre ses mains quelques secondes plus tôt et que l'on rangeait à présent dans une étagère sans plus s'en préoccuper ou se demander quand surviendra le moment où nos yeux se reposeront de nouveau sur elle. Dumbledore avait pour habitude de ne jamais se dire qu'il en terminait un pour ne plus jamais s'y intéresser à nouveau ; Le besoin d'éclaircissement, la piqûre de rappel, l'oubli momentané ou le désir d'éprouver à nouveau du plaisir à relire une histoire étaient des raisons suffisantes pour lui pour expliquer qu'il ne se passait jamais une journée sans qu'il n'en ait un sur sa table de chevet, sur son pupitre ou à portée de main.

Mais Aujourd'hui… Dumbledore était un homme amer.

Assis devant sa tente, le vent soufflait sur les pages du roman qu'il maintenait ouvert et qui lui faisait perdre celle à laquelle il était arrivé. En d'autres temps, ce livre n'aurait jamais fini dans sa bibliothèque, et l'histoire décousue et sans intérêt qui progressait à mesure qu'il avançait dans sa lecture n'avait pas le même attrait que les traités et les chartes, les biographies ou les formules alambiquées des ouvrages qu'Ombrage avait désormais sous les yeux lorsqu'elle s'asseyait sur ce qui était autrefois sa chaise du bureau. Mais on ne pouvait faire la fine bouche avec ce que les Weasley lui avaient procuré comme lecture, et il fallait se contenter du peu que l'on pouvait tirer d'eux.

Ses yeux parcouraient distraitement l'herbe verte devant lui, soufflée elle aussi par les bourrasques qui s'étaient abattues depuis quelques heures sur cette partie du pays. Le temps était gris, incertain, et de gros nuages au loin annonçaient la venue d'une pluie diluvienne qui risquait de tomber une bonne partie de la nuit. On pouvait déjà aisément en tendant un peu l'oreille entendre le vent traversant le feuillage mourant des arbres environnants. Les oiseaux se faisaient aussi plus rares, leur migration commençait à arriver et c'était en pensant à ce genre de petits constats qu'il en venait même à regretter les manuels d'ornithologie qu'il avait à Poudlard.

Par moment, son doigt suivait sans s'en rendre compte la ligne qu'il était en train de lire pour la sept ou huitième fois sans qu'il n'ait pu en retenir le moindre mot. Ses pensées n'étaient plus depuis un long moment sur la fine feuille écornée qu'il s'amusait parfois à plier davantage. Non, Dumbledore n'avait pas la tête à s'épancher plus longuement sur ce roman au style médiocre qu'il n'avait pas le courage de finir.

L'image d'une grotte, sombre, humide, sinistre et isolée sur une côte balayée par les flots et la marée montante hantait ses souvenirs comme un mauvais rêve que l'on ne parvenait pas à oublier. Cette grotte, où il avait si désespérément imaginé trouver un horcruxe, ce fiasco retentissant qui s'en est suivi, ce R.A.B dont il ignorait l'identité et qui lui avait enlevé ce moment de gloire… Perdre la face devant son allié de circonstance avait été pour le moins traumatisant ; Ce n'était pas qu'une question de fierté, l'assurance d'en savoir plus qu'un autre ou d'être le meneur d'une petite troupe singulière et déroutante par les personnalités la composant, c'était davantage une question de confiance en soi, en ses capacités physiques ou intellectuelles, en ce qui forgeait jusqu'alors l'essence même de l'ascendant psychologique qu'il pouvait exercer sur les autres. Et pourtant, si effectivement un horcruxe s'était trouvé dans cet grotte à un moment donné, quelqu'un lui avait arraché la trouvaille espérée, le doute s'était immiscé en lui, et plutôt que d'affronter les moqueries qui allaient sans aucun doute s'échapper des lèvres du prince et de sa mère, il avait fui comme un lâche, abandonnant là ses compagnons de route qu'il n'avait plus recontacté depuis lors.

Le livre tomba finalement de ses mains entrouvertes et sans énergie pour s'écraser mollement à ses pieds sans pour autant qu'il ne s'en rende vraiment compte. Il faisait frais aujourd'hui, et malgré la robe de sorcier qu'il avait sur le dos, malgré le charme de réchauffement qu'il avait appliqué sur lui, malgré la chaleur qu'il pouvait sentir de l'intérieur de la tente, il frissonnait. Ce n'était pas un frisson causé par le froid comme on pourrait s'y attendre, ni même celui provoqué par une quelconque maladie qu'une simple potion suffirait à guérir, mais plutôt le tremblement d'un homme qui appréhendait l'avenir, son avenir devrait-on même dire car son égoïsme et l'égocentrisme qui le caractérisait primaient avant le reste. Le vieil homme à la silhouette légèrement voûtée avait perdu de sa superbe depuis cette fâcheuse fuite en avant ce funeste soir au ministère de la magie ; Le gouvernement le cherchait encore, il se savait pourchassé par les escouades d'aurors et sa tête était même mise à prix auprès des classes les plus basses de la population prêtes à tous les sacrifices pour obtenir un peu d'argent.

L'autrefois tant estimé Albus Dumbledore, celui dont on disait qu'il pouvait jusqu'à approcher le ministre et lui chuchoter à l'oreille sans avoir à prendre de rendez-vous, en était aujourd'hui réduit à n'être qu'un vagabond, un vulgaire paria vivant dans une tente au beau milieu des bois et dont l'avenir s'écrivait aujourd'hui en pointillé sur une feuille ternie…

Sa vision fut brutalement noircie par quelque chose d'humide et qui ruisselait en abondance sur son visage pour venir mourir dans sa longue barbe. Las, il porta lentement la main vers le linge qui venait d'atterrir sur sa tête, l'en enleva et redressa ses lunettes en demi-lune qui avaient légèrement glissées de son nez.

- Quand arrêterez-vous vos enfantillages, Lily? Dit-il d'un ton désabusé en tournant la tête vers la forme qui venait subitement d'apparaître près de lui.

- Quand vous aurez décidé de me libérer, répondit froidement celle-ci.

La silhouette de Lily Potter le dominait de toute sa hauteur à l'heure actuelle, et les mains sur les hanches, elle le regardait avec une telle haine qu'il avait fini par s'en formaliser par habitude.

- Ou peut-être lorsque vous aurez décidé de laver votre linge vous-même et de ne pas m'envoyer le faire à la rivière, reprit-elle en désignant d'un signe de tête le panier à ses pieds.

- Chacun doit contribuer à la vie du campement pour sa bonne organisation, lui rappela t-il patiemment tandis qu'il séchait d'un coup de baguette magique ses vêtements.

- Vous pourriez accomplir cette tâche en une seconde avec une votre baguette, l'informa Lily en dardant quelques secondes son regard sur celle d'Albus.

- Oui, mais pardonnez moi de penser à votre bien être et de considérer qu'il serait salutaire pour vous de vous distraire autrement qu'en restant toute la journée allongée dans votre lit.

- Comme si vous aviez le moindre intérêt pour mon bien être, maugréa t-elle avec colère.

Effectivement il s'en fichait éperdument, mais la présence d'une femme à ses côtés avait au moins le mérite de lui épargner certaines tâches ingrates, inutiles ou dépassant le champ de ses compétences ; Peut-être aurait-il dû compléter sa collection d'ouvrages par des recettes de cuisine…

- Encore une fois Lily, je sais que la situation vous est pénible, et croyez bien qu'elle l'est tout autant pour moi. Mais cela dépend avant tout de facteurs que vous ne soupçonnez guère et qui impliquent le soutien inconditionnel de votre fils. Lorsqu'il aura terminé ce que je lui ai demandé d'accomplir, vous pourrez vaquer à vos occupations en toute insouciance, je vous le garantis.

- Oui oui, je commence à le savoir, tempêta t-elle en faisant les cent pas.

- Si vous avez à vous en prendre à quelqu'un, alors ce n'est certainement pas vers moi qu'il faut se…

- Ne vous avisez pas de ce petit jeu avec moi ! Le coupa t-elle fermement en pointant un doigt accusateur vers lui. Ce n'est pas de la faute d'Harry si un vieil imbécile s'est joué de moi et de ma crédulité en me faisant miroiter des retrouvailles avec mon autre fils ! Ce n'est pas non plus de sa faute si ce même imbécile s'est permis de m'enlever, de me retenir auprès de lui depuis des mois et de se servir de moi comme otage ! Comment osez-vous une seule seconde vous attribuer le beau rôle quand vous n'avez fait que tourmenter ma famille depuis des années ?!

- J'aurais peut-être dû agir autrement par moment, concéda t-il nonchalamment en croisant de nouveau ses mains. Mais je n'ai aucun regret sur ce que j'ai pu faire par le passé, et si c'était à refaire, alors je le referais sans hésiter.

Furieusement, Lily renversa du pied le panier de linge qui vint étaler son contenu et mouiller le bas de sa robe. Dumbledore regarda quelques secondes le résultat de sa saute d'humeur puis, tranquillement, releva la tête et lui parla calmement :

- Cela vous vaut un autre tour à la rivière, décréta t-il en faisant léviter le panier vers elle avant de remettre dedans le linge de nouveau sale.

- Ou? Dit-elle froidement sans se saisir de l'objet.

- Ou je puis vous assurer que vous passerez les deux prochains jours enchaînées à votre lit comme à votre arrivée, l'avertit t-il plus fermement.

Interdite, Lily resta quelques secondes à le regarder en se demandant peut-être s'il était sérieux ou non quant à sa menace. Puis, soufflant lourdement, elle finit par prendre les anses du panier de mauvaise grâce avant de s'éloigner de nouveau vers la rivière.

Satisfait, Dumbledore la regarda partir en souriant. Il n'était pas facile de dompter une femme au tempérament aussi impétueux et tenace que celui de Lily Potter, et les premières semaines de cohabitation entre eux n'avaient certainement pas été de tout repos pour lui. Mais avec le temps, de la patience, des menaces à peine voilées et l'utilisation de temps à autre de sa baguette pour la faire obéir, le résultat était aujourd'hui suffisamment satisfaisant pour qu'il l'autorise enfin à pouvoir sortir en dehors de la tente effectuer quelques tâches ménagères.

Respectant sa parole auprès d'Harry, jamais il ne l'avait violenté, jamais il ne lui avait fait du mal et il comptait bien la lui rendre en un seul morceau le jour fatidique où Voldemort serait finalement vaincu. Peut-être se ramollissait-il? Peut-être n'avait-il plus cette même ardeur qui animait chacun de ses gestes il y a encore peu de temps. À une époque pas si lointaine, il aurait sans aucun doute fait fi des recommandations du jeune prince et aurait agi à sa guise concernant le traitement à apporter à la captive. Mais maintenant, il n'éprouvait qu'un plaisir léger à la tourmenter, à l'empêcher de faire ce qu'elle souhaitait et de la regarder chaque jour obéir aux injonctions qu'il lui adressait.

La silhouette à demi agenouillée à quelques mètres de lui maintenant, vêtue de la même robe qu'elle portait déjà le jour où il l'avait enlevée et qui avait perdu de sa fraîcheur aujourd'hui, lui tournait ostensiblement le dos et frottait rageusement le tissu qu'elle avait entre ses mains. De temps à autre, Dumbledore la voyait porter une main à son front pour éponger la sueur qui devait sans doute perler sur sa peau laiteuse, ou s'arrêter quelques secondes pour lever la tête, regarder longuement la forêt qui entourait leur petit campement et se perdre sans doute dans ses souvenirs ; La curiosité aurait pu le pousser à regarder par lui-même dans l'esprit de la femme encore jeune qui lui tenait compagnie bien malgré elle pour connaître les pensées qui devaient germer en elle, mais après les longues séances de légilimancie effectuées sur sa personne et les nombreuses informations qu'il avait pu collecter sur sa vie depuis son départ de chez James, ses accointances avec la princesse de Lamballe, le devenir de ses deux enfants et même les relations personnelles qu'elle avait pu nouer depuis lors, Lily Potter n'avait plus aucun secret pour lui, et il ne voyait aucun intérêt à fouiner dans les méandres de sa tête pour ressentir encore une fois la peine qu'elle éprouvait d'être aussi éloignée de ses enfants.

Soupirant, il bascula légèrement la tête vers l'arrière pour admirer le ciel au dessus d'eux. Depuis des semaines le temps commençait à se gâter, l'air devenait lourd et les prémices de l'hiver approchaient. Vivre ainsi, à la dure et au crochet d'un autre, inconscient de ce qui pouvait se tramer dans le reste du pays et dans l'incapacité de pouvoir se promener à sa guise pour se dégourdir les jambes lui pesait plus qu'il ne l'admettrait jamais, et il ne se faisait toujours pas à ce nouveau mode de vie si différent de ce qu'il avait pu connaître auparavant. Les journées lui semblaient longues, mornes, ennuyantes. Les livres ne sauvaient sa misérable existence que l'espace d'un moment, puis il replongeait dans une torpeur et un abattement qui chaque jour devenaient insupportables. Pieds et poings liés, il lui semblait que vivant ainsi, il s'approchait inexorablement de la tombe, et que si ce n'était pas Voldemort ou le prince de Lamballe qui aurait raison de lui, alors ce serait très certainement cette misérable situation, cet abattement continuel et cette impression de n'être utile à rien qui finiraient par lui mettre le pied dans sa propre tombe.

Un «Dong» soudain l'extirpa de ses sombres pensées, et tournant à nouveau la tête vers Lily, il l'observa ramasser furieusement le linge qu'elle avait de toute évidence lancé devant elle dans l'espoir peut-être qu'il puisse passer à travers les protections qu'il avait mises en place. Un rictus s'esquissa sur ses lèvres, mais sa barbe fournie le masqua totalement. Pas une journée ne passait sans qu'elle ne tente de s'enfuir par divers moyens, et si au départ elle fonçait d'elle même sur le dôme translucide et magique pour en tester la résistance, à présent ses tentatives se faisaient beaucoup plus prudentes, discrètes et consistaient essentiellement à jeter un objet contre elles pour vérifier qu'elles étaient toujours en place.

- Je ne suis pas encore gâteux ma chère, commenta t-il tranquillement en la voyant retourner à sa position initiale, l'air penaude.

- ça reste à voir, répliqua t-elle en ne daignant même pas se tourner vers lui.

- Vous feriez bien de changer de ton avec moi maintenant ; Je n'aimerais pas avoir à vous punir en vous confiant aux bons soins de votre époux plutôt qu'à ceux de votre fils. Je doute qu'il puisse prendre avec le sourire ce que j'ai pu voir de vos relations intimes depuis votre séparation…

Un frisson la parcourut immédiatement, et elle retourna aussitôt à sa tâche.

- Quand tout ceci sera terminé, vous n'imaginez pas à quel point je vous souhaite tout le malheur possible, dit-elle malgré tout. Si les moldus disent vrais et qu'il y a vraiment un Dieu au dessus de nous, alors j'ose espérer qu'il s'occupera de votre cas.

- Je n'en attendais pas moins de votre part Lily, répondit avec une pointe d'amusement Dumbledore. Vous avez toujours eu la langue acerbe et la méchanceté sur le bout des lèvres… Mais soyez certaine d'une chose : Si par malheur il devait m'arriver quoi que ce soit de néfaste, alors je ferais en sorte que ma disparition serve au plus grand bien, même si cela implique d'emporter quelqu'un avec moi dans l'au-delà.

L'image furtive d'Harry lui traversa l'esprit, mais celui-ci n'était qu'une personne parmi les innombrables inscrites sur la liste de ses ennemis. Dumbledore redoutait surtout les représailles qu'engagerait le prince contre lui aussitôt qu'il récupérerait Lily, et pour avoir déjà goûté à sa colère à deux reprises, il se doutait que le duel risquait d'être beaucoup plus ardu qu'il n'aurait pu l'imaginer. Mais s'il devait y avoir un gagnant et si celui-ci devait être le fils de Lily, alors il s'arrangerait pour que le combat se termine finalement par un match nul… Quitte effectivement à ce qu'aucun participant n'en ressorte vivant.

Un «Pop» retentissant lui fit immédiatement lever la tête, et la baguette brandie, il l'orienta directement dans la direction d'où semblait provenir le bruit. Son bras vacilla légèrement en reconnaissant la silhouette d'Arthur Weasley, mais il continua à le garder en respect même lorsque l'homme passa à travers les protections mises en place et s'approchait de lui, mains levées.

- Quel est le dernier conseil que j'ai donné à Ron Weasley avant qu'il ne retourne à Poudlard? Demanda t-il froidement.

- Vous… Vous lui disiez qu'il fallait mettre de côté les querelles passées et continuer d'avancer, répondit maladroitement l'homme. Qu'il était plus difficile de se pardonner à soi que de pardonner aux autres, et que l'on apprenait mieux de ses erreurs que de celles commises par un tiers.

- En effet, confirma t-il en baissant finalement son bras. Que nous vaut le plaisir de votre visite, Arthur?

Monsieur Weasley ne lui répondit pas mais lui tendit un morceau de papier soigneusement plié.

- Arrivé ce matin même, expliqua t-il tandis que Dumbledore le dépliait. Ron n'a jamais eu le sens des convenances pour envoyer du courrier, mais je suppose qu'il n'a pas eu d'autre choix que de l'envoyer en pleine nuit pour éviter qu'il ne soit surpris à le faire et que ce soit lu. Vous savez comment est la nouvelle directrice concernant les correspondances…

- Évitez de la désigner par un titre qu'elle a usurpé Arthur, lui recommanda t-il. Surtout en face de moi, et lorsque cette fonction m'était autrefois attribuée.

L'homme opina du chef, mais déjà l'ancien directeur avait baissé les yeux sur les lignes irrégulières, écrites à la va-vite et constellées de fautes d'orthographe de son élève :

«Professeur,

Matthew a disparu depuis quatre jours après avoir agressé la directrice. Il n'a pas supporté d'être accusé du vol d'un objet ayant appartenu à Malefoy, un diadème apparemment. La directrice et les membres de la sécurité fouillent depuis l'entièreté du château sans résultat. C'est comme s'il s'était volatilisé. En revanche, elle persiste à vouloir mettre la main sur cet objet et n'hésite pas à fouiller jusque dans les dortoirs des élèves des quatre maisons pour y arriver.

De mon côté j'essaie d'en savoir plus auprès de Neville Londubat, mais il affirme ne pas savoir où il pourrait se trouver. Je pense qu'il est conscient qu'on puisse le soupçonner d'en savoir plus qu'il ne veut bien l'admettre, mais qu'il ne dira rien pour assurer la sécurité de Matthew. Si vous avez ou que vous connaissez des moyens pour lui soutirer des informations, je reste à votre disposition à tout moment.

Ron».

Les choses prenaient décidément une curieuse tournure, se disait-il en relevant les yeux. Distraitement, il finit par se lever de sa chaise pour la première fois depuis plusieurs heures, et passait sa main dans sa longue barbe pendant qu'il se mettait à marcher de long en large, pensif.

Que Matthew en vienne à attaquer Ombrage ne l'étonnait pas vraiment étant donné le caractère impulsif du jeune garçon, mais cette histoire de diadème l'intriguait. Son élève avait été par le passé un enfant colérique, égoïste, capricieux et grossier, mais jamais il n'avait été jusqu'à commettre un vol, à moins que cela fasse partie d'une énième querelle avec l'héritier Malefoy. Mais un diadème… La chose devait probablement avoir beaucoup de valeur si elle appartenait vraiment à Drago, et il ne comprenait pas pourquoi Matthew prendrait un tel risque pour subtiliser à Malefoy un objet aussi précieux.

Non quelque chose devait lui échapper, un élément clé pour comprendre cette étrange affaire. Mais le plus important était que maintenant Matthew Potter était à son tour dans la clandestinité, probablement à proximité de Poudlard à attendre peut-être que les choses se tassent pour réapparaître, l'air de rien.

Ou peut-être attendait-il que quelqu'un lui vienne en aide.

- Arthur, dit-il après quelques instants de silence, vous allez écrire à votre fils de ne rien faire, d'attendre. Je veux qu'il arrête immédiatement ses petites investigations, il est incapable de se montrer discret dans n'importe quelle circonstance. Dites lui de m'écrire uniquement s'il y a du nouveau pour Matthew, s'il aurait été retrouvé, s'il l'aurait aperçu.

- O-oui, bredouilla l'autre en amorçant déjà un premier pas pour s'éloigner.

- Dites lui également d'arrêter d'utiliser des termes équivoques, ajouta le directeur. S'il souhaite parler de Matthew, qu'il emploie un autre mot que son prénom. Cela lui évitera d'avoir à envoyer du courrier en pleine nuit et d'avoir à répondre à des questions embarrassantes si d'aventure ses lettres étaient effectivement lues.

Arthur hocha sa tête en s'éloignant davantage, et les deux hommes se saluèrent poliment lorsqu'il fut sur le point de sortir de la zone de protection, mais la voix de Lily l'arrêta dans sa course :

- Arthur ! Hurlait- elle en se précipitant vers lui avant de s'accrocher à son manteau. Je vous en supplie… Vous savez que ce qu'il fait est mal…

Sa voix était prise de tremolo, et des larmes commençaient à couler le long de ses joues sans qu'elle ne les retienne.

- Vous ne pouvez pas me laisser ici ! Le suppliait-elle en s'agrippant toujours plus fermement à son vêtement. Je vous en prie… Contactez quelqu'un… N'importe qui !

- Je… Lily Je…, balbutiait t-il tandis qu'il regarda nerveusement en direction de Dumbledore qui n'avait toujours pas bougé.

- Arthur, il me retient en otage ! Disait-elle d'une voix frénétique. Comment pouvez-vous accepter de savoir cela et de ne rien faire pour m'aider?! Est-ce que vous aimeriez savoir votre propre femme enfermée dans une pièce à la merci de ses geôliers et incapable de pouvoir s'échapper malgré la présence d'un ami parmi les gens qui la gardent?! N'avez-vous pas la moindre pitié pour…

Mais Dumbledore en avait assez entendu et l'assomma sommairement avec un sortilège. Le corps de Lily s'effondra sans plus de cérémonie sur l'herbe, inerte, et sous les yeux d'un Arthur Weasley décontenancé qui n'osait désormais plus le regarder.

- Filez Arthur, lui ordonna t-il sèchement avant de faire léviter le corps de Lily vers lui. Je vous ai déjà averti d'ignorer ses suppliques à plusieurs reprises, mais vous ne m'écoutez décidément pas !

Puis tournant les talons, lui même rentra dans la tente. Il n'eut pas besoin de se retourner pour avoir confirmation que le père de famille avait transplané lorsqu'il entendit le même bruit annonçant sa venue auparavant.

Le roman lui était déjà oublié, et face contre terre, la pluie commençait petit à petit à imbiber ses pages et à faire baver l'encre qui se mêlait à la terre.


A/N : Chapitre terminé. J'espère qu'il vous aura plu. Je me disais qu'il fallait au moins un chapitre sur la situation de Lily pour apporter un peu de lumière sur sa captivité. Bon on peut dire qu'elle ne s'en sort pas si mal, au moins Dumbledore respecte sa parole et la maintient en vie en attendant de la rendre à Harry... Oui moi aussi je sens une petite entourloupe arriver.

Ce chapitre était le dernier que je considère comme un ajout de dernière minute ; Le suivant est déjà écrit, et j'ai planifié ce qui devait se passer dans les cinq derniers. J'ai beau le répéter plusieurs fois, mais j'ai vraiment l'impression et le sentiment qu'on entre dans la dernière ligne droite de cette fiction... ça fait déjà tout drôle.

Comme dit juste avant j'ai déjà terminé l'écriture du prochain chapitre ; Si avant mercredi j'ai également terminé le 96, vous pourriez l'avoir en avance... Mais je ne promets rien.

Sur ce, à bientôt !