Bonjour à tous, et bon dimanche !
J'espère que vous allez bien? Comme d'habitude, voici le nouveau chapitre rien que pour vous. Il est terminé depuis... lundi je crois, mais autant respecter les délais. En tout cas il ne m'a pas donné beaucoup de mal à écrire, mais il est trèèèèèèèès long et ne manque pas d'action !
J'avais pronostiqué environ 6 à 7000 mots pour ce chapitre... On en arrive finalement à plus de 8000 :/. Je m'étais pourtant juré de ne plus jamais écrire de chapitre aussi long, mais bon, quand on est pris dans le feu de l'action et compte tenu de ce qui se trouve à l'intérieur, on se laisse facilement emporter par son imagination.
Encore merci pour les quatre reviews laissés pour le précédent chapitre, je vous répondrai dès que possible (ce qui signifie certainement que je risque d'oublier de le faire avant la semaine prochaine...).
Plmn : Merci pour ton commentaire !
Aussidagility : Merci pour ton commentaire ! Effectivement, j'adore ça, ça laisse un peu de suspens pour la suite x)
Sur ce, bonne lecture !
La nature était ainsi faite. Dans le monde animal, chacun se nourrissait en fonction de ses besoins primordiaux, de sa constitution, de ce qui se trouvait à sa portée, par nécessité ou par gourmandise, d'une seule traite ou en faisant des réserves, pour lui seul ou pour l'ensemble d'une troupe ou colonie. L'herbivore trouvait de quoi se satisfaire à même le sol, dans les feuillages ou en creusant la terre pour y trouver de quoi se sustenter, l'insectivore n'avait qu'à fouiller les plus petits recoins, pencher légèrement la tête dans le moindre trou d'une roche ou d'un arbre, attraper au vol le malheureux insecte tentant de s'échapper de ses dents acérés ou de son bec crochu, et le carnivore à traquer lentement sa proie, attendre patiemment le bon moment pour se jeter sur elle, gueule grande ouverte, et planter ses crocs dans la chair tendre de la malheureuse bête qui ferait office pour lui d'un bon repas.
D'autres encore se contentaient de cadavres abandonnés là, déjà en partie dévorés et dont il ne resterait bientôt que des os à nettoyer. Ce qui se passait sur terre arrivait également dans les airs et sous l'eau, et l'état rapide des lieux que l'on pouvait faire du règne animal sur la face solide que foulait du pied Harry pouvait tout aussi bien l'être dans ces deux autres environnements.
Pourtant, et alors qu'il songeait à la multitude d'espèces magiques ou tout à fait normales observées dans ses lectures ou de ses propres yeux, c'était bien la première fois qu'il voyait non seulement un animal s'attaquer à une proie, mais surtout que celle-ci en soit pleinement consciente et accepte le sort qui lui était destiné.
Et c'était là le choix de Voldemort.
- Aviez-vous imaginé une pareille tournure? Marmonna t-il d'une voix incrédule.
- Je dois admettre que non, lui certifia Dumbledore du même ton inquiet que le sien.
Nagini finissait d'avaler la silhouette du seigneur des ténèbres, et ses pieds disparurent dans sa bouche en quelques secondes seulement. La forme que dessinait Voldemort à l'intérieur de son corps glissait lentement dans le tube digestif de l'animal alors qu'il se tenait immobile, ses deux yeux noirs fixant intensément les deux personnes encore présentes dans la clairière en attendant une attaque qui ne venait pas. Des sifflements sortaient de temps à autre de sa gueule légèrement ouverte, et sa langue fourchue dépassait par intermittence tandis qu'il semblait humer l'air. Puis tout à coup, cette même gueule s'ouvrit largement. Un long sifflement sortit des entrailles de la bête avant qu'elle ne se mette à briller d'un éclat aveuglant.
- Qu'est-ce que…, commença Harry, mais une violente bourrasque de vent l'interrompit.
Par précaution, il porta son avant bras devant son visage pour se protéger des hypothétiques débris qui pourraient le heurter alors que la rafale continuait à balayer violemment la zone depuis le corps même de Nagini. Le serpent criait toujours, comme pris d'une violente douleur qui ne se tarissait jamais, et il étendait son corps de tout son long pour faire glisser plus rapidement la silhouette du seigneur des ténèbres.
Le vent s'arrêta alors aussi rapidement qu'il était apparu, mais Nagini continuait à briller si intensément qu'Harry se sentit obligé de fermer brièvement les yeux pour ne pas se retrouver aveuglé par cette étrange lumière.
- Je crois qu'il grossit, intervint à côté de lui Dumbledore.
Le serpent commençait effectivement à gagner en taille et surtout en poids, et à mesure que les secondes défilaient, Harry pouvait également constater qu'il n'avait déjà plus rien à voir avec ce qu'il était en arrivant ici. Les troncs autour d'eux avaient bientôt le même diamètre que son corps , et si l'on pouvait l'étirer de la tête jusqu'au bout de la queue, il ne faudrait pas grand-chose pour qu'il finisse par atteindre la cime des arbres.
Sous ses yeux exorbités, le serpent personnel de Lord Voldemort était en train de devenir un véritable reptile géant.
- Je ne sais pas ce qui est le mieux maintenant, affronter Voldemort dès l'instant où son horcruxe est détruit où le laisser se faire dévorer par son serpent de compagnie et devoir désormais se mesurer à un monstre vingt fois plus grand que moi, commenta t-il amèrement en fusillant du regard le vieil homme à ses côtés.
- J'en viens effectivement à reconsidérer l'intérêt de ma prise de risque, concéda t-il.
Nagini était désormais aussi gigantesque que les plus gros pins de la forêt interdite, et si lourd que le sol s'affaissait légèrement sous son poids. L'étrange lumière avait depuis quelques instants disparu et tous deux eurent tout le loisir de constater qu'hormis le décuplement de son apparence, rien n'avait vraiment changé sur lui hormis ses yeux devenus aussi rouges que ceux du seigneur des ténèbres. Ses sifflements redevinrent plus réguliers, plus lents et, si cela était possible, plus inquiétants encore qu'ils l'étaient auparavant. La créature les regardait encore sans réagir, ses yeux froids les fixant intensément tandis que sa tête s'avançait très lentement dans leur direction. Puis tout à coup, un gloussement guttural, comme venu d'outre tombe ou depuis l'intérieur du corps du serpent se fit entendre.
- Je vous avais bien dit que je ne vous faciliterai pas la tâche, commenta avec un plaisir manifeste le seigneur des ténèbres. Maintenant que dites-vous de cela?
Au même moment, la gueule de Nagini s'ouvrit et un sifflement particulièrement sonore les obligea à couvrir leurs oreilles.
- C'est ça, ployez devant ma toute puissance ! Reprit Voldemort. J'ai choisi de sacrifier mon dernier horcruxe et de renoncer à mon immortalité pour fusionner avec Nagini, et ainsi acquérir une puissance nouvelle amplement suffisante pour vous écraser ! Je n'aurais qu'à en créer deux nouveaux une fois que je me serai débarrassé de vous !
Et comme un signal de départ, Nagini souleva son énorme queue. D'un geste circulaire surpuissant, il fondit alors sur eux en détruisant tous les arbres se trouvant sur son passage comme de simples brindilles. Les débris de bois volaient dans tous les sens et se retrouvaient projetés dans leur direction à une si grande vitesse qu'Harry ne devait son salut qu'à ses réflexes si particuliers. Par mesure de précaution, et voyant les troncs d'arbre fondre sur lui, il utilisa alors sa technique de déplacement, et la fumée grise n'avait pas terminé de l'entourer qu'il se précipitait déjà dans les airs et se réceptionnait sur une branche à mi-hauteur. Dumbledore le rejoignit quelques instants plus tard, le temps pour lui de zigzaguer entre les différentes souches qui voletaient comme des fétus de paille partout autour d'eux. À leurs pieds, l'endroit n'était déjà plus que désolation, et de la poussière en grande quantité s'échappait de l'amas de bois qui se formait dans toute la zone.
Harry réutilisa alors sa technique de déplacement pour mettre de nouveau pied à terre, et sans perdre une seconde, il leva sa baguette magique et ferma les yeux pour mieux se concentrer. Les débris d'arbres s'agitèrent et tremblèrent de longues secondes avant de commencer à léviter autour de lui dans de sinistres craquements et bruissements de feuillages, puis tournoyèrent sur eux-mêmes de plus en plus vite si bien qu'il fut bientôt difficile de pouvoir observer le moindre petit coup sur leur écorce.
- Mère serait ravie d'apprendre que j'utilise ses propres sortilèges, commenta t-il narquoisement en soutenant du regard celui du serpent géant qui lui faisait face.
D'un autre geste de sa baguette, les projectiles s'élancèrent alors vers leur cible, et si Nagini parvint à en briser quelques-uns avec le bout de sa queue, d'autres parvinrent à le toucher et à s'écraser contre sa peau. De nouveau, les débris semblèrent exploser tout autour d'eux à mesure qu'ils faisaient mouche, et dans le capharnaüm qu'était devenue la zone de combat, il devenait difficile de savoir où chacun se trouvait et si leurs attaques avaient le moindre effet.
- Belle tentative, le complimenta Dumbledore en atterrissant à ses côtés.
Lui-même commençait à effectuer quelques mouvements compliqués avec sa baguette alors que devant eux, la longue silhouette reptilienne du serpent émergeait de l'amas de bois qui s'était formé autour de lui. Un vent encore plus puissant que celui de tout à l'heure s'échappa alors de la baguette de Dumbledore, et se faufilant dans la moindre ouverture sur son chemin, il tailladait, découpait, sciait littéralement tout ce qui se trouvait à portée de tir. La végétation déjà durement touchée par les dernières attaques pâtit davantage encore de celle du vieil homme, et formant une ligne droite parfaite de plusieurs mètres de largeur, la bourrasque déracina tous les vieux arbres se trouvant derrière Nagini en dégageant une épaisse fumée de poussières qui s'élevait bientôt bien au dessus de la forêt. L'attaque fut brutale, particulièrement violente et probablement mortelle pour le malchanceux se trouvant dans son axe, mais pas pour le serpent géant qui se trouvait être leur adversaire ce soir. Sa peau écailleuse ne semblait même pas meurtrie par leurs deux tentatives, et se dégageant tranquillement, il dominait bientôt de toute sa hauteur la surface de combat.
- Pauvres fous, se moqua Voldemort à travers le corps de Nagini. Vous ne pouvez rien contre moi ! Je vous l'ai dit, ma puissance est écrasante, et je vais vous le prouver !
La longue silhouette de Nagini se raidit alors, et soudainement, il bascula en avant, le corps droit comme une brindille, avant de s'écrouler littéralement sur eux. Harry parvint à l'esquiver en roulant péniblement sur le côté, mais il n'eut pas le temps de s'interroger sur le fait que Dumbledore n'ait peut-être pas eu autant de chance que lui que déjà le serpent se relevait, se dressait de nouveau et replongeait dans sa direction en l'obligeant à éviter son attaque par une autre acrobatie.
Chaque fois, la terre était prise d'une violente secousse, et des morceaux aussi lourds que lui se retrouvaient projetés dans les airs et le manquaient de peu. L'impact lui-même le repoussait plus loin encore que ses petites roulades désespérées, et légèrement étourdi, il mettait de plus en plus de temps à prendre conscience du danger imminent qui menaçait de s'abattre sur son corps et de l'écraser comme une punaise.
Et pourtant, il y arrivait tout de même.
Son uniforme était déjà constellé de tâches en tout genre et de déchirures, et en d'autres occasions, Pajol lui aurait probablement fait nettoyer les latrines de l'académie devant un tel manque de discipline et de soin. L'espace d'une seconde, il eut dans l'idée d'utiliser le portoloin de son supérieur pour fuir ce combat, mais jamais encore il n'avait reculé devant l'adversité, et ce n'était certainement pas ce soir qu'il allait s'y mettre. Ne se disait-il pas très justement tout à l'heure qu'il se sentait prêt à mourir ce soir? Le moment était peut-être venu, alors autant le faire avec panache.
- Allez-y, sautez mes petits amis ! Gloussait de son côté Voldemort en continuant inlassablement de s'écraser volontairement sur eux. Vous n'imaginez pas à quel point je trouve notre petite joute divertissante !
Décidant qu'il fallait agir, Harry attendit d'être de nouveau sur ses deux pieds pour s'agenouiller, pointer sa baguette magique sur le sol meuble devant lui et s'écrier :
- Concussio subterrānĕus !
Un étrange son, semblable à une explosion souterraine, parvint aussitôt à leurs oreilles, au moment même où la terre se mettait subitement à trembler. Le sol bougeait, comme si un tremblement de terre avait lieu, et de multiples petites brèches se formaient et grandissaient à vue d'œil pour recouvrir l'ensemble de la zone. Harry se recula aussitôt à bonne distance sous un arbre miraculeusement encore debout, tandis que devant lui, Nagini était déstabilisé par la soudaine fragilité du sol sur lequel reposait son énorme corps. Un craquement sinistre se fit alors entendre, et la terre qui remuait toujours semblait s'effondrer sur elle-même et recouverte par d'autres couches comme des sables mouvants.
Le serpent géant poussa alors un sifflement strident alors qu'il était lui-même absorbé par le sol et s'y enfonçait rapidement. Il tentait vainement de se débattre, de s'agiter dans tous les sens pour essayer de s'échapper de cette prison de terre qui l'attirait vers le fond et essayait de se cramponner au moindre objet pouvant lui permettre de garder la tête en dehors de ce piège naturel, mais bientôt celle-ci disparut également sous des tonnes de terre. Le terrain remua encore de longues secondes dans un entrechoquement de roches, de bois et de boue, avant de finalement ralentir puis s'arrêter définitivement.
Haletant, Harry porta instinctivement la main vers sa poitrine alors qu'il sentait son cœur battre nerveusement et sa respiration reprendre difficilement un rythme normal. Ses yeux eux ne quittaient pas l'endroit où le serpent de Voldemort – ou était-ce Voldemort lui-même? - venait de disparaître, et même si un calme relatif était revenu maintenant, il demeurait perplexe quant à la réussite de son attaque.
- C'était brillant Harry, lui lança Dumbledore en s'approchant prudemment. Un choix astucieux d'utiliser le terrain pour exploiter à notre avantage l'embarras que devait être un corps aussi lourd et imposant.
- Vous avez vu par vous même que nos sortilèges ont été sans effet pour venir à bout de ses écailles, alors je doute que nous l'ayons vaincu si facilement, répliqua t-il durement. Je n'ai fait que gagner du temps, rien d'autre. Il faut que l'on pense rapidement à un plan si on veut s'en sortir indemne… Que savez-vous sur les serpents et quelles sont leurs faiblesses?
Le vieil homme observa distraitement la zone sous laquelle s'était noyé leur adversaire, probablement plongé dans une profonde réflexion. Les secondes défilèrent sans qu'aucune proposition ne s'offrit à lui, et Harry pouvait sentir l'impatience le gagner en songeant que Dumbledore ne semblait pas prendre conscience de l'imminence du retour de Voldemort et de son serpent de compagnie.
- Il est difficile de le savoir avec exactitude, marmonna pensivement Dumbledore. Certains craignent le froid, d'autres les chaleurs extrêmes… Leur principal ennemi demeure le rapace, mais cela ne nous sera d'aucune utilité contre un serpent d'au moins vingt mètres de long… Oh !
Le sol recommençait à remuer, et ceux-ci devinrent de plus en plus violents au point que Dumbledore en perdit l'équilibre. La terre sous lui se soulevait légèrement et formait un petit monticule qui gagnait en taille progressivement. Puis tout à coup, cette bosse se dressa de plusieurs mètres et eut l'air d'exploser dans un nuage de poussières alors qu'une forme énorme en sortait et se précipitait dans les airs. Harry se masqua les yeux pour éviter d'être aveuglé par les grains de poussière qui virevoltaient partout autour de lui, et il entendit à quelques mètres de lui un grand boum, comme un objet particulièrement lourd qui venait de chuter lourdement sur le sol.
- Bien tenté Potter ! Siffla Voldemort alors qu'Harry se faisait la réflexion qu'il venait d'être complimenté par Dumbledore et le seigneur des ténèbres dans un même combat. Malheureusement pour toi ta tentative s'avère vaine, comme le seront toutes les suivantes. Je ne voudrais pas te désespérer, mais tes chances de succès dans ce duel sont quasi-nulles…
- C'est qu'il y a un espoir malgré tout, trancha t-il fermement en se remettant debout.
Un autre ricanement résonna depuis les entrailles de Nagini, et malgré le nuage de gravats qui persistait à ne pas vouloir disparaître du terrain, il parvint difficilement à entrapercevoir la forme tubuleuse qu'il devait affronter.
- Tu as du cran jeune homme, et j'apprécie les gens qui ne manquent pas de courage même devant la mort, l'informa Voldemort. Tu en avais déjà beaucoup lorsque, fièrement, tu t'es présenté devant moi pour me faire face lorsque je te menaçais d'éliminer ton petit frère en premier. Cela remonte à… Comme c'est curieux… Quinze ans exactement. Oui, ce soir, cela fait quinze ans depuis cette pénible soirée où tu aurais pu anéantir mes espoirs de pouvoir si mes chers horcruxes n'avaient pas été là.
Quinze ans? Maintenant qu'il réfléchissait à la date de cette journée, Harry se rendait effectivement compte qu'il était bien le 31 octobre, et qu'à cette même date il y a quinze ans, un petit garçon d'à peine quatre ans avait dû faire face à la plus grande menace du siècle passé. Il ne gardait aucun souvenir de cette soirée et devait uniquement se fier aux paroles de la seule autre personne présente sur les lieux pour avoir un compte rendu de ce qui s'y était passé, mais il parvenait aisément à s'imaginer se tenir debout auprès du berceau de Matthew et se précipiter entre lui et le sortilège de Voldemort pour le sauver.
- Tu n'imagines pas les tourments que tu as causés depuis lors à Lord Voldemort, reprit-il plus froidement. Tu as retardé mes plans, anéanti mes espoirs pour un temps et dispersé mes forces incapables de pouvoir poursuivre la guerre en mon absence…
- Devrais-je m'apitoyer sur ton sort? Objecta narquoisement Harry alors qu'il voyait de mieux en mieux la haute silhouette de Nagini se détacher du brouillard environnant. Tu as détruit ma famille et laissé ce vieil imbécile en prendre le contrôle. Nous avons vécu dans un mensonge pendant une dizaine d'années en croyant que Matthew était celui qui t'avait vaincu, alors qu'il n'en était rien. J'ai connu aussi de nombreux tourments, des revers et des douleurs parce que tu avais osé t'attaquer à la famille Potter, mais contrairement à toi, j'ai réussi à surmonter ces échecs, ces obstacles qui n'ont fait que me gêner dans la route qui se traçait devant moi. Je n'ai pas passé toutes ces années à me lamenter sur mon sort, j'ai avancé, j'ai choisi ma propre voie, et aujourd'hui je suis fier de l'homme que je suis, un homme qui n'a pas eu besoin de la menace que représentait Lord Voldemort pour lui pour devenir quelqu'un d'honnête, de fier et de respectable.
- Je vois que nous partageons la même opinion concernant Albus Dumbledore, nota le seigneur des ténèbres sans revenir sur le reste de son monologue. Je me demande bien la raison pour laquelle tu t'associes avec lui pour essayer de me vaincre, mais connaissant le bonhomme, je suis persuadé que les raisons pourraient me plaire...
Le serpent avança légèrement sa tête, et sa langue sortait frénétiquement de sa gueule comme pour indiquer l'imminence d'une nouvelle attaque.
- Mais je n'ai pas le temps de m'attarder sur de si futiles banalités.
Nagini s'élança alors vers lui, bouche grande ouverte, et s'écrasa tête la première là où Harry se trouvait quelques secondes plus tôt. Comme pour sa précédent attaque, des débris voltigèrent partout autour de lui, et il en sentit plusieurs lui heurter le visage et l'obliger à fermer les yeux pour ne pas se retrouver aveuglé. La seule différence qu'il nota était que le seigneur des ténèbres ne se contentait pas de frapper la terre avec sa propre tête mais qu'il s'y enfonçait totalement et y faisait disparaître l'intégralité de son corps, comme un ver de terre. Le trou était béant, d'un diamètre comparable à celui du serpent géant, et tellement profond qu'il était impossible de pouvoir en voir le fond. Un grondement sourd se faisait entendre à l'intérieur, comme si la bête continuait à creuser, puis Harry sentit le sol sous ses pieds se mettre à son tour à trembler, et anticipant ce qui allait se passer, il se recula précipitamment à une bonne distance avant de voir l'endroit où il se trouvait encore auparavant être soufflé par la monstrueuse tête de Nagini.
Le serpent sortit rapidement du trou qu'il venait de créer, glisser de tout son long à bonne distance de lui, observer les environs à la recherche de ses cibles avant que ses yeux ne se posent de nouveau sur Harry. Sans attendre, il se précipita une fois encore vers lui, sembla sauter dans les airs avant de brutalement s'écraser dans l'espace que le prince de Lamballe eut tout juste le temps d'abandonner afin d'éviter de mourir atrocement. Une fois encore il roula sur le dos, des roches lui tombant à de multiples reprises sur le corps alors qu'il s'extrayait pêle-mêle des débris qui jonchaient le sol pour se remettre sur ses jambes.
- Combien de temps résisteras-tu avant de finir aplati sous mon corps? Ricana Voldemort depuis le nouveau tunnel qu'il était en train de concevoir. Combien de temps tes ridicules roulades te permettront-elles de survivre?
L'attaque de Voldemort persista encore à deux reprises, et Harry ne devait à chaque fois le fait d'être en vie qu'à ces mêmes roulades que son adversaire dénigrait pour autant. Cependant à la quatrième tentative, et tandis que le seigneur des ténèbres plongeait de nouveau dans les profondeurs du terrain, Dumbledore réapparut au centre de ce qui fut autrefois une clairière, brandi sa baguette qu'il pointa dans le trou le plus proche avant de s'exclamer :
- Incendĭum prŏcellōsus !
Un brasier ardent s'extirpa de sa baguette tel une colonne de flammes pour se précipiter à l'intérieur alors que l'atmosphère tendait à se réchauffer rapidement. Le même grondement qui accompagnait les déplacements souterrains du seigneur des ténèbres redoubla de vigueur du fait de cette attaque, et bientôt les flammes sortirent des différents trous creusés par les soins du serpent en une multitude de tornades incandescentes léchant la cime des arbres qui n'avaient pas encore eu le malheur de subir les foudres du combat. La scène avait des airs de fin du monde, l'enfer semblait s'être finalement abattu sur terre et Harry imaginait déjà le diable lui-même s'échapper de cette fournaise et cette chaleur si accablante qu'il sentait la sueur perler abondamment sur son front.
Mais ce ne fut pas un monstre à corne qui souleva une dernière fois la terre mais bien la tête puissante de Nagini s'échappant de sa prison de feu à l'instant même où Dumbledore rompait son sortilège et tentait d'échapper aux projectiles qui retombaient autour de lui. Le directeur fut alors entouré d'une fumée blanche et opaque qui lui servit à se déplacer bien plus haut en hauteur, sur la branche d'un arbre de laquelle il pouvait avoir un meilleur aperçu du terrain.
- Pauvre fou, se moqua Voldemort en tournant alternativement sa tête vers Harry et Dumbledore, Ta pathétique tentative n'aura fait que me chatouiller le corps et rien d'autre. Es-tu à ce point sénile pour ne pas te rendre compte que rien ne peut atteindre cette peau? Elle résistera à la moindre de vos attaques !
- Ce n'était pas faute d'essayer, répondit platement le vieil homme. C'est en faisant des erreurs que l'on avance et que l'on apprend d'elle afin de ne pas les commettre à nouveau.
La seule réponse apportée par Voldemort fut de précipiter rapidement sa tête vers l'endroit où il se trouvait, et Dumbledore échappa à cette attaque en réutilisant les flammes blanches lui permettant de se déplacer. Ses pieds avaient à peine quitté la branche que celle-ci explosa sous l'impact. Tout le haut de l'arbre s'ébranla, bascula sur le côté avant de tomber contre ses racines. Voldemort tenta également de le toucher en vol à l'aide de sa queue, mais Dumbledore semblait s'amuser à esquiver ses coups en tournoyant, glissant, changeant de trajectoire à la dernière seconde à la grande frustration du serpent qui sifflait de fureur à chaque fois.
- Tu me fais obstacle depuis trop longtemps Albus, cracha le seigneur des ténèbres au moment où Dumbledore reprenait position au centre de la clairière. Pendant trop longtemps j'ai toléré ton existence, je t'ai accordé beaucoup trop d'importance alors que tu n'es qu'un vieillard sénile, vestige d'une époque révolue et dépassée. Tu aurais dû mourir depuis longtemps, mais comme une mauvaise herbe tu persistes et tu t'accroches alors même que personne ne veut de toi.
- Lorsque l'on entreprend pendant plus de trente ans de conquérir par la force et la peur un pays qui ne le souhaite pas, que l'on s'avère incapable d'y parvenir et qu'un enfant de quatre ans soit susceptible de nous anéantir, alors il faudrait peut-être reconsidérer son existence et se poser les bonnes questions quant à ses véritables capacités, répliqua d'une voix moqueuse Dumbledore. Si je suis un vestige du passé, alors tu l'es tout autant.
- Mais j'ai encore un grand avenir qui s'offre à moi, lui assura du même ton Voldemort. Les prochains horcruxes que je créerai me permettront d'accomplir le grand œuvre que je me suis fixé et apprécier pendant les siècles à venir le fruit de mes machinations et des complots que j'ai tramés.
- Au détriment de ta santé mentale, rétorqua t-il. Chaque horcruxe que tu conçois implique de sacrifier tes capacités de raisonnement, de déduction et de logique. À terme, tu finiras par devenir fou et incapable de gouverner ce pays. Est-ce le destin que tu as choisi, Tom?
- Je pense qu'il n'y a pas besoin de chercher longuement pour se rendre compte qu'il a déjà perdu le sens des réalités, ajouta narquoisement Harry. Je ne le trouve pas spécialement effrayant à vrai dire, et de ce que je peux en juger, il ferait un bien piètre chef de gouvernement à l'image du lamentable maître des mangemorts qui se font actuellement terrasser par nos renforts.
De rage, le serpent ouvrit de nouveau sa bouche alors qu'un sifflement aigu s'échappait de sa gorge, mais alors qu'Harry croyait qu'il allait à nouveau fondre sur eux, il eut la surprise de voir une giclée de liquide se précipiter vers eux depuis les crocs du reptile. Il baissa la tête, se recroquevilla presque sur lui-même en prévision de l'attaque à venir, mais le jet le rata et se répandit au contraire sur les morceaux de bois amoncelés derrière lui. Aussitôt de la fumée s'échappa au contact de ce curieux liquide, et avec stupéfaction, il remarqua que celui-ci rongeait littéralement et profondément l'écorce là où il s'était répandu. Un halètement de douleur lui fit tourner la tête vers Dumbledore qui se tenait le bras gauche en essayant péniblement d'arracher sa manche qui fumait également.
- Je n'ai malheureusement pas touché les deux, mais j'aurais au moins la satisfaction de voir de mes propres yeux Albus Dumbledore terrassé par mon venin ! Se réjouissait Voldemort.
Son avant-bras ainsi que l'épaule étaient recouverts de cloques purulentes et d'un rouge vif, mais il était parvenu de toute évidence à empêcher le venin acide et corrosif d'attaquer plus grièvement sa peau au risque de perdre l'usage de son membre. Se tenant l'épaule, le bras désormais ballant et inutilisable, il persistait malgré tout à défier du regard le serpent géant qu'ils affrontaient tous deux, et bien malgré lui, Harry éprouva à ce moment là pour Albus Dumbledore une once de respect qu'il ne pensait jamais avoir.
- Tu es fini vieillard, se moqua le seigneur des ténèbres.
- Aussi longtemps que j'aurai toute ma lucidité et ma force je ne serai jamais fini, rétorqua froidement Dumbledore.
Lui comme Harry se lancèrent alors dans un long étalage de tous les sorts à leur disposition pour tenter de percer la peau du reptile, de lui crever les yeux, de tenter de l'immobiliser par divers moyens s'avérant inefficaces, de le ralentir, de l'empoisonner, d'essayer même de l'endormir… Mais rien n'y faisait. Voldemort semblait totalement indifférent à leurs attaques. Il esquivait tranquillement certaines d'entre elles, se laissait toucher par d'autres en sifflant de plaisir, se moquait de leurs tentatives en les assurant qu'ils y arriveraient probablement à la prochaine, ou contre-attaquait soudainement lorsqu'une opportunité se présentait à lui.
- ça ne sert à rien, il est beaucoup trop puissant ! Éructa Harry en prenant appui sur une branche surélevée.
Dumbledore, qui atterrit juste à côté de lui, se tenait toujours le bras et regardait pensivement le serpent géant préparer une autre de ses attaques.
- Il doit y avoir un moyen…, marmonna t-il avant qu'ils soient tous deux obligés de fuir de nouveau lorsque la gueule béante de Nagini se referma sur la branche qui explosa sous la pression des mâchoires.
- Et si nous nous trompions? Argua alors Harry lorsqu'ils se posèrent de nouveau sur un autre point de vue en hauteur.
- Que veux-tu dire? S'enquit Dumbledore.
- L'enveloppe extérieure est indestructible, du moins nos compétences sont-elles insuffisantes pour la percer, énonça t-il. Mais qu'en est-il de l'intérieur? De ses entrailles? Même de sa bouche?
L'idée lui était venue soudainement lorsqu'il vit les copeaux de bois tomber de la gueule du serpent. La chair à cet endroit était tendre, sans la moindre protection et parfaitement sensible à la moindre attaque, alors peut-être que le point faible se trouvait là, sous leurs yeux depuis le départ. Mais encore fallait-il maintenant parvenir à viser juste, au bon moment, et que sa supposition se confirme.
La tête du serpent vint se rappeler d'ailleurs à son bon souvenir lorsqu'il fondit une énième fois sur leur cachette, les manquant de quelques centimètres tout en détruisant frontalement le pauvre pin qui n'en demandait pas tant.
- C'est une possibilité comme une autre, mais qu'avons-nous d'autre à proposer? Reprit t-il après s'être de nouveau mis à l'abri derrière un tronc d'arbre.
- Il nous faudrait faire preuve d'une incroyable habileté et d'un concours de circonstances en notre faveur pour parvenir à atteindre l'intérieur de son corps avec un sortilège, objecta Dumbledore. Ou alors…
- Ou alors? Répéta Harry.
- Que l'un de nous se sacrifie et plonge volontairement dans la gueule du serpent pour avoir tout le loisir de l'attaquer de l'intérieur, proposa le vieil homme le plus sérieusement du monde.
- Je vous vois venir et vous pouvez toujours rêver pour que je me porte volontaire pour votre opération suicidaire, répliqua le prince de Lamballe.
Dumbledore haussa simplement ses épaules, mais leur cachette fut brusquement soufflée par une autre attaque du reptile qui semblait savoir où ils se terraient même sans les voir. Ses assauts étaient précis bien qu'il ne parvenait jamais à les toucher, mais il n'en était pas de même lorsqu'ils se trouvaient tous les deux dans les airs. Le poids de son corps devait très certainement le ralentir, et ses jets de venin n'atteignaient jamais leur cible même lorsqu'ils ne se trouvaient qu'à quelques mètres. Pour autant, leur adversaire demeurait extrêmement dangereux, et il ne fallait jamais baisser sa garde.
- Il faudrait trouver le moyen de l'immobiliser quelques secondes, énonça Harry.
Ils s'étaient retrouvés sur la terre ferme, tous deux en position de combat même si Dumbledore montrait de sérieux signes de fatigue.
- Je vais faire diversion, proposa t-il alors en se tournant vers le vieil homme. Vous, allez vous cacher et réfléchissez à un moyen d'y parvenir, je m'occupe du reste.
- Harry…
- Arrêtez de m'appeler comme cela, répliqua durement le prince de Lamballe. Je vous ai déjà dit que je ne tolérerai pas la moindre familiarité entre nous, et même maintenant vous tiendrez parole. Harry Potter n'existe plus. Maintenant allez-y, et ne discutez pas.
Dumbledore le regarda de longues secondes encore sans mot dire, et Harry crut qu'il allait encore avoir à argumenter avec lui pour l'obliger à obéir. Mais après un hochement de tête, le vieil homme s'éloigna dans la forêt à grandes enjambées, les pans de sa robe de sorcier disparaissant finalement derrière un arbre encore debout.
- Ce lâche a finalement compris, ou est-ce une autre de vos fourberies? Lui demanda Voldemort alors qu'ils se retrouvaient à nouveau seuls.
- Pourquoi ne viendrais-tu pas me poser la question plus près? Le défia t-il.
- Je ne tomberai pas dans vos ruses pathétiques, répliqua froidement le seigneur des ténèbres.
- Ce n'était pas une ruse, argua Harry d'un ton narquois. Mais puisque c'est comme ça, allons-y.
Et pointant sa baguette magique vers lui, il l'agita légèrement tandis que de lourdes chaînes de métal s'extirpaient du petit morceau de bois pour se précipiter vers le serpent géant. Celles-ci allaient si vite qu'il n'eut pas le temps de les esquiver, et elles s'enroulèrent autour de son corps en de multiples endroits avant d'en faire autant sur les arbres se trouvant à sa portée. Le reptile s'agitait en secouant violemment son corps pour tester la résistance de ses entraves, et de ce qu'Harry pouvait en juger, le bois commençait déjà à craqueler au rythme des mouvements de son adversaire.
- Si tu crois que cela me retiendra ! Se moqua Voldemort en continuant de se débattre.
Au même instant, une corde s'enroula autour de sa gueule en faisant plusieurs tours pour tenter de l'immobiliser durablement. Ses mouvements redoublèrent de vigueur, et le feuillage des arbres tombait abondamment sur lui comme de grosses gouttes de pluie sous les piaillements des oiseaux effrayés par tant de remue-ménage.
Harry en profita pour lancer quelques sortilèges à proximité du corps de la créature, provoquant de multiples explosions remuant la terre déjà dévastée de l'endroit et éparpillant tout autour d'eux des gravats en tout genre. Lentement, il en fit alors léviter plusieurs dizaines, et d'un autre geste de sa baguette, les expédia rapidement en direction de la tête du serpent qui ne parvenait pas à échapper à la pluie de grêlons heurtant sa peau écailleuse sans parvenir à la percer.
- Quand comprendras-tu que tes attaques demeurent vaines? Lui demanda Voldemort malgré le fait que la gueule du serpent était toujours muselée.
Harry ne lui répondit pas, et préférant continuer à le distraire, il effectua un geste en direction de la cime des deux arbres contre lesquels le reptile demeurait toujours attaché. Ceux-ci tremblèrent violemment puis, dans un grincement sinistre de planches que l'on casserait, basculèrent sur le côté et s'effondrèrent lourdement sur sa tête. Le choc parut pour la première fois avoir un effet sur lui, et pendant quelques secondes, le serpent ne bougea plus, comme sonné par les deux impacts.
- Tu… Tu vas me le payer ! Hurla t-il alors en la secouant violemment.
Rendus moins solides par leur décapitation, les arbres se soulevaient à présent chaque fois que Voldemort tentait de s'extirper de sa prison de chaînes, et après une énième tentative, parvint finalement à les déraciner et à se libérer. Les chaînes tombèrent par terre dans un cliquetis sonore tandis que la corde se déchira sous la pression exercée par les mâchoires du reptile. De nouveau parfaitement maître de son corps, le serpent s'étira quelques temps, se redressa et vérifia qu'il était en pleine capacité de ses moyens avant de tourner son hideuse figure vers le jeune homme se trouvant bien plus bas.
- J'ai perdu bien trop de temps avec un avorton comme toi ! Rugit le reptile en s'approchant lentement de lui. Ce combat aurait dû se finir depuis longtemps, mais à l'image de ton mentor, tu persistes à rester en vie ! Qu'avez-vous donc à vous obstiner à vous dresser devant moi? N'avez-vous pas peur de la mort?
- La mort n'est que la fin d'un cycle auquel nous serons tous confrontés tôt ou tard, répliqua Harry en portant la main au pommeau de son épée.
Quitte à mourir maintenant, autant le faire avec panache et l'arme à la main.
- Personne n'a peur de la mort, seulement de la manière dont nous arriverons à cet état. Contrairement à vous qui vivez dans cette crainte et vous cramponnez à la vie par peur de l'au-delà, moi je l'accueille à bras ouverts, car je sais que même si mon existence s'arrête ici, dans cette forêt, d'autres choses m'attendent ailleurs, en relation directe avec tous les bienfaits et les pêchés que j'ai pu commettre durant ma vie. Je me remets entièrement entre les mains de mon Seigneur car je sais que son jugement sera le bon.
- Assez de tes balivernes, le coupa en raillant le seigneur des ténèbres.
Le serpent s'avançait vers lui, et pour autant Harry ne recula pas d'un pouce. Il resta debout au beau milieu des débris, la tête haute et défiant du regard le reptile d'approcher davantage. Le ciel désormais pleinement dégagé et visible en raison des destructions commises laissait apercevoir la lune, juste au dessus de leur tête, et illuminant comme un halo la silhouette gigantesque qui s'approchait de lui. Harry aurait voulu fermer les yeux devant la mort imminente qui glissait sur le sol, s'avouer vaincu et courber l'échine en attendant que la gueule monstrueuse ne se referme sur son petit corps, mais il ne bougea pas.
Cependant, le terrain fut brusquement obscurci, et s'il crut au départ que la raison provenait de l'avancée inexorable de Nagini lui masquant la lune, il se rendit compte que même le serpent était plongé dans le noir. Sa course fut d'ailleurs interrompu comme si lui-même se rendait compte que quelque chose se tramait. Il leva alors sa tête vers le ciel, s'interrogeant sans doute sur les raisons pouvant l'expliquer, puis siffla d'effroi lorsqu'un gigantesque carré noir amorçait sa descente directement sur lui.
Le prince de Lamballe lui-même n'en menait pas large, et les yeux écarquillés, il se sentit soudainement l'envie de s'éloigner au plus vite de cette nouvelle menace en se précipitant loin de la zone d'impact. Le dos tourné, il entendit les sifflements du serpent redoubler, puis le bruit d'un choc lourd et enfin une bourrasque de vent l'atteindre et le projeter loin devant directement contre un tronc d'arbre. Le contact du bois contre sa tête fut brutal, et il s'écroula face contre terre tandis qu'une vilaine douleur apparaissait contre son front.
Trop faible pour bouger, il demeura là, allongé de tout son long pendant de longues secondes, écoutant distraitement les bruits l'entourant sans plus se soucier de leur provenance. La raison même pour laquelle il se retrouvait là lui échappa comme tout le reste, son esprit était brouillé par des pensées parasites n'ayant plus rien à voir avec le combat qu'il avait engagé, sa vue obscurcie par un nouveau nuage de poussières particulièrement épais l'empêchant de pouvoir voir à plus de deux mètres. Il se sentait las, fatigué, déboussolé et sans réaction, et pourtant, il se savait dans l'obligation de se relever, de bouger ne serait-ce que ses doigts pour ne pas sombrer dans l'inconscience, comme si la vie reprenait ses droits et lui intimait l'ordre de se remuer, de ne pas abandonner.
Lentement, il serra les poings contre la surface molle du terrain, pris appui sur eux pour se redresser, un bras avant l'autre, puis la poitrine qui se soulevait du sol, les jambes, les genoux, puis les pieds qui tentaient maladroitement de maintenir debout sa silhouette. Son mal de tête empirait à mesure que le temps passait, et fébrilement, il porta sa main vers son front où il pouvait sentir ses cheveux poisseux et sales se mêler à un liquide sombre coulant entre ses doigts.
- B-bon sang…, marmonna t-il en se pressant contre le même tronc contre lequel il s'était cogné.
Sa respiration était difficile, et ses pensées pas encore ordonnées, mais la réalité dans laquelle il se retrouvait plongé revint progressivement à lui tout comme son champ de vision devint plus net. Une énorme masse sombre se trouvait devant lui, comme un énorme rocher soudainement arrivé là sans prévenir. Était-ce une météorite? Cette possibilité lui semblait inenvisageable, et pourtant il ne parvenait pas à comprendre comment un amas aussi imposant pouvait s'être subitement trouvé là.
En plissant les yeux, il remarqua également une autre forme s'agiter sous le rocher, quelque chose de tout aussi imposant qui parvenait avec peine à bouger et se retrouvait coincée sans parvenir pour le moment à s'échapper de cet énorme poids sur son corps longiligne et cylindrique.
- VOUS ME LE PAIEREZ ! Hurlait la voix de Voldemort alors que seule la tête du serpent dépassait du rocher.
Une partie du corps se trouvait effectivement sous celui-ci, mais le reste dépassait encore de l'autre côté et continuait de s'agiter comme un ver.
Les idées plus claires, Harry comprit alors que le rocher n'était définitivement pas une météorite, mais plutôt la dernière idée loufoque d'Albus Dumbledore. Son approche était pour le moins étonnante, voire déroutante, mais le résultat était au-delà des espérances qu'il aurait pu avoir des capacités du vieil homme. Leur plan avait réussi, le serpent était effectivement piégé, mais cela ne signifiait pas encore qu'il pourrait trouver le moyen de se libérer.
C'était à lui de jouer désormais.
- JE VOUS TUERAI POUR CE QUE VOUS AVEZ FAIT ! S'époumonait Voldemort alors que le serpent ouvrait grand sa gueule de fureur.
Le moment était venu.
Sans vraiment savoir quoi faire désormais, poussé par son seul instinct, Harry se précipita alors vers lui en courant, faisant fi des obstacles se trouvant sur sa route et de la douleur qu'il pouvait ressentir maintenant à plusieurs endroits de son corps. Il évita facilement les jets de venin que Voldemort crachait dans sa direction, envoya au passage un bloc de pierre dans la bouche de celui-ci pour momentanément l'empêcher de pouvoir continuer puis, suffisamment proche de lui, ferma les yeux et se concentra pour la première fois depuis bien longtemps sur son noyau magique.
Cela faisait des années qu'il n'avait pas eu besoin d'employer cette technique, et sa puissance était telle qu'il n'avait jamais songé à un motif valable pour pouvoir l'employer. La princesse de Lamballe elle-même, quoique impressionnée par ce talent, n'avait pas davantage déterminé l'intérêt d'une telle maîtrise de son noyau magique hormis de pouvoir détruire tout ce qu'il souhaitait d'un simple geste en puisant abondamment dans ses réserves de magie. Les leçons de Marie-Louise lui revinrent brièvement en mémoire, cette époque révolue où elle lui apprenait à maîtriser ses capacités, ce talent hors norme qu'il avait et cette magie qu'il pouvait à sa guise manipuler.
Il pouvait déjà la sentir couler le long de son bras, dans le moindre pore de sa peau en direction de ses doigts, se concentrer en eux en attendant d'être expulsée d'un seul coup en direction de sa cible. Il pouvait entendre le rocher craquer sous la pression des mâchoires du reptile, ses parois se fissurer à mesure qu'elles se refermaient puis se briser et se répandre dans sa bouche.
Il ouvrit alors les yeux, profita de l'aubaine qui s'offrait à lui pour amorcer un premier pas dans sa gueule, ses bottes s'enfonçant dans la chair gluante du serpent alors qu'il tendait sa main le plus profondément possible vers la gorge du serpent. Il toucha alors son palais du bout des doigts, et une lumière intense, d'un blanc éblouissant, jaillit de sa paume et s'échappa pour le frapper de plein fouet. Il y eut alors comme une explosion, uniquement concentrée là où il avait touché, et il pouvait voir sa magie pénétrer profondément dans la boite crânienne du reptile sous les sifflements de douleur du serpent.
Harry n'attendit pas de voir la suite de son attaque pour s'échapper de la gueule de son adversaire. Il roula sur le côté, se tint les côtes en raison d'une mauvaise réception et boitilla à bonne distance pour se mettre à l'abri. Derrière lui, il entendait encore les cris d'agonie de la bête, Voldemort hurlant des «NON !» à maintes reprises, mais lorsqu'il se retourna finalement, adossé encore une fois à une grosse pierre pour regarder ce qui se passait, il ne voyait qu'un serpent de plusieurs dizaines de mètres remuer faiblement tandis que son corps devenait d'un blanc grisâtre et se désagrégeait sous ses yeux en une multitude de petits morceaux semblables à du calcaire.
Pour la première fois depuis près d'une heure, le calme était revenu. Un silence de cathédrale tombait sur la surface de combat que rien ne venait perturber. Harry pouvait seulement percevoir les battements encore irréguliers de son cœur, sa respiration devenue sifflante et le vent frais qui venait caresser son visage ensanglanté et faire danser l'uniforme déchiré qu'il portait encore. Ses yeux se posèrent quelques instants sur le ciel tout aussi calme et apaisant que l'environnement tout autour de lui, puis il les ferma pour mieux apprécier cette soudaine tranquillité qui petit à petit le gagnait.
Combien de temps resta t-il ainsi? Lui-même n'aurait pu le dire, mais un halètement proche les lui fit rouvrir pour darder les restes du reptile. Quelque part au beau milieu d'eux, quelque chose semblait encore vivre, remuer bien que faiblement, et émettait des sons si faibles qu'il n'avait pas la certitude de les avoir bien entendu. Se relevant péniblement, il se traîna alors en boitant vers eux, le bras tenant sa baguette pendant mollement contre son flanc alors qu'il s'approchait prudemment.
- ça par exemple…, marmonna t-il lorsqu'il fut suffisamment proche.
Devant lui, au beau milieu des fragments subsistant de Nagini, nu comme un ver et allongé sans parvenir à bouger autre chose que son bras et sa tête, la longue silhouette de Voldemort semblait l'attendre à défaut d'attendre la mort qui tardait à venir pour lui. Le seigneur des ténèbres tourna légèrement sa tête pour le regarder, sans doute alerté par le bruit de ses pas, et l'effet de surprise passé, il tendit sa main aux longs doigts blanchâtres dans sa direction.
- Potter…, murmura t-il faiblement.
Harry s'agenouilla à ses côtés et prit le temps d'analyser du regard l'intégralité de son corps. Aucune blessure n'était visible sur lui, pas la moindre petite égratignure sur sa peau imberbe ou le plus petit filet de sang s'écoulant d'une quelconque plaie. Physiquement, il avait l'air tout à fait indemne, mais le problème était certainement plus profond et invisible à l'œil nu.
- Tu as gagné…, marmonna Voldemort. J'aurais dû être plus prudent, plus… attentif aux signes… Comment ai-je pu perdre contre quelqu'un d'aussi insignifiant que toi…?
Son état aurait pu en d'autres occasions lui faire éprouver un minimum de pitié, mais Harry demeurait de marbre, indifférent aux suppliques de l'homme qui souhaitait encore sa mort quelques minutes plus tôt.
- Si tu pouvais comprendre seulement les raisons m'ayant poussé à… à faire ce que j'ai fait, alors peut-être que tu…
- N'essayez pas de m'amadouer, l'interrompit-il froidement. Vous êtes un meurtrier de masse, un suprémaciste sans le moindre scrupule qui n'hésiterait pas à tuer père et mère pour assouvir sa soif de puissance. Votre règne de terreur se finit ce soir ici-même, et j'aurai tout le loisir de savourer votre défaite et d'en avoir été l'instrument jusqu'à la fin de mes jours.
- Par pitié…., bredouilla difficilement l'homme allongé près de lui. Ne me laisse pas finir comme ça… Aide moi… je t'en supplie...
Harry ne put s'empêcher de renifler de mépris aux derniers mots du seigneur des ténèbres avant de se pencher au dessus de lui et de rapprocher son visage du sien.
- Si je t'épargne, alors tu recommenceras. Tu terroriseras de nouveau les sorciers, tu assassineras à tour de bras tout ce qui s'opposeront à toi, ceux qui ne trouvent pas grâce à tes yeux, ceux dont la vie ne t'est d'aucune utilité. Tu referas de nouveaux horcruxes au risque comme Dumbledore l'a affirmé d'en perdre la raison. Tu deviendras encore plus dangereux, plus revanchard, plus déterminé à me retrouver, à laver ton honneur par le sang. Tu pourrais même pour cela t'en prendre à ceux que j'aime pour me faire souffrir, et je me verrai alors dans l'obligation de t'affronter de nouveau, à te corriger si nécessaire en songeant avec regret que je n'aurais pas eu besoin de le faire si je t'avais achevé ici-même, dans cette forêt ou tu te cachais comme un vulgaire rat.
- Je t'en prie…, marmonna d'une voix suppliante Voldemort en levant légèrement sa main vers lui. Tu es quelqu'un de bien… Tu ne pourrais pas… Tuer quelqu'un d'affaibli, à ta merci…
Un sourire se répandit sur la visage d'Harry alors qu'il contemplait le regard larmoyant de celui qui fut jusqu'alors la plus grande menace pesant sur le Royaume-Uni.
- Tu n'as aucune idée de ce dont je suis capable pour assurer ma sécurité et celle des miens, lui dit-il froidement. Même Dumbledore n'en sait rien. J'ai fait des choses que je peux regretter par la suite, mais appelle cela de l'inconséquence ou un manque de réflexion momentanée, contre les immondices dans ton genre, je n'ai pas la moindre once d'humanité lorsqu'il s'agit de purifier cette terre de la menace que vous représentez.
Puis levant son sabre au dessus du corps immobile du seigneur des ténèbres, il ajouta :
- Ce qu'il adviendra de toi dans la mort n'est pas de mon ressort. C'est à Dieu de trancher, je ne suis que son bras armé. Puisses-tu trouver la rédemption là où tu iras.
Et sans plus de cérémonie, il abattit son sabre directement dans le cœur de Voldemort. Son corps tressaillit, pris de légers soubresauts alors que du sang jaillissait de sa plaie et de sa bouche. Il tenta de porter la main vers le sabre de son bourreau comme pour retirer la lame de son corps, mais les tremblements devinrent si nombreux et la vie s'échappant de son être, ses yeux se fixèrent une dernière fois sur le regard froid d'Harry avant de soulever sa poitrine, ouvrir légèrement la bouche sans qu'aucun mot n'en ressorte et de s'effondrer par terre, inerte.
Lord Voldemort, Celui-Dont-On-Ne-Devait-Pas-Prononcer-Le-Nom, le seigneur des ténèbres, venait finalement de mourir.
Harry lui continuait à regarder le visage étrangement paisible de l'homme qui tenta autrefois de le tuer lorsqu'il avait à peine quatre ans. Cette victoire aurait dû le rendre euphorique, le satisfaire d'une certaine manière et lui ôter le poids d'une tâche qu'il sentait peser sur ses épaules depuis quelques mois, mais à la réflexion, il ne ressentait absolument rien. Il avait l'impression d'avoir accompli une mission comme une autre, un travail qu'il aurait été chargé de remplir avant de passer à un autre et ne plus s'en préoccuper. Son manque de satisfaction l'étonnait, tout comme il s'étonnait de ne rien ressentir en contemplant le corps immobile du seigneur des ténèbres. Était-il à ce point détaché de toutes les préoccupations qui inquiétaient journellement le reste des sorciers de ce pays? Devait-il faire quelque chose, sourire devant la mort? Verser une larme pour le combattant disparu? Éclater de rire en songeant qu'il avait sabré Lord Voldemort? La vérité était qu'il ne savait pas quoi faire désormais, il se sentait perdu, désorienté, ne sachant que faire du cadavre allongé devant lui, où aller à présent et à qui s'adresser.
Précautionneusement, il retira la lame de son sabre du corps encore chaud de Voldemort, l'essuya sur son uniforme avant de la ranger dans son fourreau. Le sang coulait davantage encore de la plaie sur la peau couleur de craie du seigneur des ténèbres en formant de minuscules ruisseaux disparaissant dans la terre soulevée et les feuilles mortes qui recouvraient comme un tapis le terrain sur lequel tous deux avaient longtemps lutté.
De nouveau ce silence pesant l'angoissa, comme si le simple fait que le calme qui succédait généralement aux tempêtes comme celle qu'avait connu cette forêt n'était pas quelque chose ordinaire sur lequel on n'aurait pas à se soucier longuement. L'autre bataille, celle qui se jouait près de Pré-Au-Lard, était sans doute terminée depuis longtemps, et avec le remue-ménage causé par leur duel, il s'étonnait de ne pas avoir encore aperçu l'ombre d'un uniforme s'approcher avec prudence de lui, l'éclat du métal d'un fusil attirer son regard au beau milieu de l'obscurité ou un écho se faire entendre par delà les limites de l'ancienne clairière.
Il resta là longtemps, aussi immobile que le corps qui semblait dormir devant lui, à attendre sans trop savoir quoi ou qui, ne prêtant plus attention à ce qui se passait autour de lui. Mais il ne put omettre la pression qu'il sentit tout à coup contre sa tempe, le bout de bois qui le mettait en joue et à l'autre bout duquel se trouvait un sorcier qu'il avait failli oublier et qui lui dit calmement :
- à nous deux maintenant.
A/N : Chapitre terminé. Voilà, Voldemort est finalement mort. Mais maintenant une autre confrontation semble approcher. Qui en sortira vainqueur?
Le combat en lui-même n'est pas aussi magique qu'on aurait pu le croire ; C'est plus un affrontement entre une créature géante utilisant ses capacités physiques face à deux magiciens tentant vainement de survivre à ses assauts. Il est malgré tout très spectaculaire, et on peut parfaitement imaginer les dégâts causés sur toute la surface de combat à la fin ^^.
Avant que l'on m'interroge à ce sujet d'ailleurs, je ne savais pas vraiment s'il fallait appeler le serpent Nagini ou Voldemort, d'où une transition assez hasardeuse en cours d'écriture d'une appellation à l'autre.
Certains pourraient également voir un parallèle entre mon serpent géant et Orochimaru du manga Naruto ; Je le conçois, je l'ai moi-même fait à mesure que j'écrivais ce chapitre, mais à aucun moment je n'ai pensé à m'inspirer du personnage pour décrire le combat.
J'ai essayé de me renseigner sur les points faibles possibles des serpents pour trouver une autre solution pour venir à bout de Nagini/Voldemort, mais j'ai eu le plus grand mal à trouver une info sur le web hormis des renseignements sur ses principaux prédateurs. Qui plus est, il fallait faire avec les informations connues sur eux à l'époque, et je ne pense pas que les Hommes savaient à ce moment là que ce reptile avait une vision similaire aux infrarouges ou qu'il repérait ses proies en humant l'air avec sa langue ^^. Il a fallu faire des choix, et le réalisme en a peut-être pâti.
Quant à la technique d'Harry, c'est vrai que ça fait très longtemps que je n'en avais plus parlé ; Je crois que la dernière fois que je la mentionne, c'est lorsqu'il apprenait à contrôler sa magie à Lamballe, avant même d'intégrer l'académie (ou lors de son premier examen). Autant dire que ça remonte à la première partie de l'histoire. Je n'ai plus la moindre idée de ce que j'avais l'intention de faire de cette technique lorsque j'ai commencé cette fiction, alors j'en suis réduit à ne voir en elle qu'une sorte d'expulsion de magie détruisant la zone/personne ciblée, un peu comme une boule de Ki dans Dragon Ball Z.
Je pense oublier de vous parler de certaines choses, mais si vous avez d'autres questions concernant ce chapitre, je suis preneur.
Le prochain chapitre est déjà quasiment terminé : j'ai le début, la fin, et une partie du milieu (drôle de manière de procéder ^^). Ensuite ne restera plus que le chapitre 100... Et je pourrai définitivement tourner la page de cette fiction.
Sur ce, à la semaine prochaine !
