SWEET BLOOD - carriejack03

Traduction : Cactus

Chapitre 2 - The day after


Furihata ouvrit lentement les yeux, réveillé par les rayons de soleil passant au travers de la fenêtre.

Il marmonna des paroles incohérentes et se redressa sur son lit, sifflant lorsqu'une douleur traversa tout son corps. Ne comprenant pas ce qu'il se passait, il posa une main sur son cou et gémit, ayant trop appuyé sur sa blessure.

Puis il se souvint de tout.

Les courses, l'allée sombre, Kise, des yeux rouges, une douleur, du sang.

Furihata frissonna. Il regarda ses mains et vit qu'elles tremblaient. Il en posa une sur sa bouche pour étouffer le sanglot qui était coincé dans sa gorge. Ce n'était même pas comme s'il pouvait dire à quelqu'un tu sais quoi ? Hier soir Kise Ryouta, le mannequin et prodige de basket-ball, m'a attaqué et a bu mon sang. Très mauvaise idée.

Furihata regarda son téléphone, les larmes aux yeux, se demandant s'il pouvait appeler Kuroko, mais rejeta cette idée immédiatement pour la même raison. Qui le croirait ? Il n'était personne...

Il essaya de rester droit, mais il sentit la tête lui tourner et il dut se tenir pour ne pas s'effondrer.

« Ugh... »

Il gémit de douleur, mais se dirigea tout de même vers la salle de bain, s'arrêtant tous les dix pas pour reprendre son souffle. Kise avait dit quelque chose à propos d'avoir pris trop de sang, mais ses souvenirs étaient flous et Furihata avait du mal à rester concentré.

Il finit par atteindre la salle de bain et attrapa l'évier de toute ses forces (soit, presque rien) et se rendit compte qu'il respirait aussi fort que pendant un entraînement intensif de Riko.

« Pourquoi... est-ce qu'ils... ne mettent... pas ça... dans les livres. »

Furihata serra les dents et déglutit difficilement, maudissant tous les auteurs qui ne disaient jamais à quel point le lendemain après avoir été le repas d'un vampire était horrible.

Il se regarda dans le miroir et poussa un cri de stupeur. Il avait une mine atroce : ses yeux étaient vides (heureusement qu'il n'avait pas de cernes), il était bien plus pâle qu'habituellement, ses cheveux étaient dans tous les sens et il s'était tellement mordu les lèvres qu'elles étaient coupées.

Mais le pire fut lorsqu'il enleva son bandage à moitié défait (Kise devrait sérieusement s'entraîner) : la peau de son cou était à vif, complètement rouge et violette, et deux demi-lunes y étaient gravées. Elles ressembleraient presque à un tatouage si on oubliait la douleur lancinante qu'il ressentait à chaque fois qu'il les frôlait.

Furihata décida de prendre une douche rapide, essayant de faire en sorte que l'eau ne touche pas son cou. C'était difficile puisqu'il devait se laver les cheveux, mais dix longues minutes plus tard après avoir presque explosé en sanglots plusieurs fois, il éteignit l'eau, se sentant un peu mieux.

Il refit son bandage (correctement cette fois-ci) et enfila son uniforme sans trop serrer sa cravate, ne voulant pas trop appuyer sur son cou.

Furihata se souvint ensuite des devoirs qu'il avait à faire et posa un regard d'horreur sur son bureau.

« Comment j'ai pu oublier de les faire ? se demanda-t-il avant de se souvenir de ce qu'il s'était passé. Ah, c'est vrai, cette histoire de vampire... »

C'était étrange de le dire. Il avait beaucoup pensé au mot vampire l'autre soir, mais le dire à voix haute rendait l'expérience plus réelle encore. Rien que de penser qu'une telle chose lui était arrivée le terrorisait. Il ne voulait pas aller en cours, mais il était obligé ; ses notes étaient loin d'être excellentes et il ne pouvait pas se permettre de s'absenter.

Il soupira et mit tous ses devoirs dans son sac avant de sortir de chez lui.

Ce ne fut que lorsqu'il fut dans la rue qu'il se rendit compte que la peur commençait à monter en lui. Et si Kise se cachait dans un coin, prêt à l'attaquer de nouveau ? Et si quelqu'un l'attrapait et le tirait dans une allée sombre ? Et s'il revoyait se rouge électrique de nouveau ? Et si ?! Et si ?!

Le cœur de Furihata battait si vite qu'il ne pouvait plus rien entendre autour de lui et sans s'en rendre compte, il se mit à courir et chaque fois qu'il voyait quelque chose de rouge il avait l'impression qu'il allait s'évanouir.

Il se retrouva rapidement devant son lycée, essoufflé comme s'il avait couru un marathon. La peur était si forte que ses jambes l'avaient amené à l'école deux fois plus vite que d'habitude.

Fukuda et Kawahara étaient déjà là et furent surpris de le voir (étant donné qu'il était toujours en retard) et le rejoignirent, inquiets.

« Ça va, Furi ? »

Fukuda fut le premier à prendre la parole et Furihata le regarda avec des yeux écarquillés. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il était arrivé, il essayait juste de reprendre son souffle, ayant couru bien plus vite que ce qu'il avait pensé.

« Oui... ça va... »

Furihata sentait ses jambes le lancer, son cœur résonnait dans ses oreilles, son cou lui faisait tellement mal qu'il avait l'impression qu'une épée y était plantée dedans et sa tête tournait encore plus. Peut-être qu'il n'avait rien remarqué quand il courait à cause de la peur et de l'adrénaline qu'il avait ressentis, mais maintenant tout lui tombait dessus d'un coup.

« Tu es sûr ? » Cette fois-ci c'était Kawahara et il semblait encore plus inquiet. « On aurait dit que tu fuyais un démon ! »

A ces mots, Furihata fit inconsciemment un pas en arrière, apeuré. Ce qu'il s'était passé l'autre soir lui revint en tête et il frissonna. Non, il ne voulait pas s'en rappeler !

« Tu trembles... remarqua Furihata en s'approchant de son ami pour poser une main sur son épaule.

Ah... peut-être que j'ai pris froid... dit Furihata en baissant les yeux, évitant le regard inquiet de Fukuda.

Je n'ai jamais vu quelqu'un malade courir comme ça... et c'est quoi ce bandage autour de ton cou ? demanda Kawahara en haussant les sourcils et pointant un doigt vers ledit bandage. »

Il y avait quelque chose d'étrange chez leur ami... mais ils ne savaient pas ce que c'était et Furihata ne semblait pas vouloir leur en parler.

Coup de chance pour Furihata, la cloche sonna et il soupira de soulagement. Il ne voulait pas répondre à leurs questions, même s'il savait que ses amis étaient juste inquiets pour lui.

Alors qu'ils se dépêchaient de rejoindre leur salle de cours, Furihata pensa aux mots de Kawahara.

« Un démon... chuchota-t-il. »

Ah, il avait vraiment choisi le bon mot...

Furihata ne comprenait toujours pas grand chose de cette situation, mais il était sûr d'une chose : cette journée allait être terrible.


La cloche sonna la fin des cours.

De toute sa vie, Furihata ne s'était jamais senti aussi soulagé d'entendre ce bruit. Il ne pouvait pas rester une minute de plus.

Son cou l'avait tiraillé toute la journée et il avait dû se mordre la langue pour ne pas hurler de douleur. Il avait aussi eu du mal à rester éveillé lorsque son professeur lisait un livre (dont il avait complètement oublié le titre). Sans compter les coups d'œil inquiets de Fukuda et Kawahara qui semblaient le transpercer. Mais que pouvait-il leur dire ? J'ai découvert que Kise était un vampire et il a bu mon sang ! Ah, j'ai oublié de vous dire que maintenant j'ai même peur de marcher dans la rue ! Ce n'était pas une très bonne idée... et même s'il leur montrait la morsure, ils penseraient probablement qu'il avait une copine ou quelque chose dans le genre...

Furihata parvint à les éviter pendant la pause déjeuner en se cachant dans la bibliothèque, disant qu'il devait réorganiser les livres avant de disparaître à toute vitesse. Il ne mangea rien même s'il avait apporté quelque chose. A chaque fois qu'il regardait son repas il voyait du rouge et ne pouvait s'empêcher de se souvenir de son sang quittant son corps. Il savait qu'il hallucinait, mais il ne pouvait en parler à personne... peut-être qu'avec du temps les choses rentreraient dans l'ordre... mais il ne savait pas combien de temps il tiendrait...

Il se vida l'esprit et se leva lentement pour aller au gymnase. Puisqu'il ne voulait pas s'évanouir et devoir expliquer pourquoi il avait une marque de dents sur son cou, il décida de demander à Riko de le laisser rentrer chez lui. Il n'avait pas vraiment la force de jouer.

Riko n'était pas vraiment heureuse, mais, voyant comment Furihata arrivait à peine à se ternir droit, elle soupira et posa une main sur son épaule.

« D'accord, tu peux rentrer chez toi, dit-elle en jetant un coup d'œil vers les autres qui couraient dans le gymnase, s'assurant qu'ils n'en profitaient pas pour se reposer, mais juste cette fois ! ajouta-t-elle sévèrement et Furihata ne pouvait que trembler en imaginant la punition s'il ratait l'entraînement une autre fois.

O-Oui ! Merci beaucoup ! »

Il lui sourit et elle soupira de nouveau en se passant une main sur le visage.

« Mais est-ce que tout va bien, Furihata-kun ? Tu as l'air étrange... dit Riko en le dévisageant de la tête aux pieds, inquiète. »

Furihata fut surpris par cette question. Combien de personnes allaient la lui poser ? Il voulait répondre que non, il n'allait pas bien. Il avait été attaqué par un foutu vampire...

Mais il ne dit rien. Il se mordit l'intérieur des joues et secoua la tête, sans dire un mot.

Riko ne sembla pas satisfait de cette réponse et réessaya. « Tu t'es fait mal ? C'est en rapport avec le bandage autour de ton cou ? »

Furihata posa par réflexe une main sur son cou et tressaillit de douleur. « Ah, oui... Je suis juste tombé hier, dit-il en forçant un rire. »

C'était une excuse qui ne tenait vraiment pas la route, mais c'était mieux que la vérité. Cependant, Riko ne fut pas dupe et elle plissa les yeux encore plus.

Il sentit soudainement un nouvelle vague de nausée le prendre et il perdit presque l'équilibre, se rattrapant de justesse en posant une main contre le mur.

« Furihata-kun ?! cria Riko en s'approchant du garçon lorsqu'elle le vit poser une main sur sa bouche, comme s'il allait vomir. Si tu veux vomir va aux toilettes des vestiaires ! s'exclama-t-elle en pointant une porte derrière elle. »

Furihata, la tête baissée, se dirigea d'un pas trembla vers la direction qu'elle lui indiquait.

Pendant ce temps, l'équipe s'était arrêtée pour regarder la scène, tous étant inquiets pour lui.

« Est-ce que ça va aller ? demanda Fukuda en voyant son ami dans cette condition. »

Le reste de l'équipe reporta son attention sur la coach qui semblait toujours aussi nerveuse et marmonnait nerveusement.

Riko soupira et se retourna pour leur envoyer un regard menaçant. « Furihata-kun ne se sent pas bien... mais vous êtes tous plein d'énergie ! Je suis sûre que si je double votre entraînement personne ne se plaindra ! déclara-t-elle joyeusement, leur donnant son sourire le plus innocent. »

Ils se rendirent tous compte qu'elle ne plaisantait pas et ils se dépêchèrent de reprendre l'entraînement. Ils ne voulaient pas mourir !

Cependant, lorsqu'ils furent de nouveau dos à Riko, ses yeux s'assombrirent. Elle aussi était inquiète, mais Furihata ne voulait pas lui en parler... elle détestait cette situation mais tout ce qu'elle pouvait faire était espérer que le garçon finirait par lui dire qu'elle se trompait.

« Une minute... » La voix de Hyuuga la sortit de ses pensées. « Où est Kuroko ? »


Furihata se lava le visage avec de l'eau froide mais il se sentait toujours aussi mal. Cependant l'envie de vomir lui était passée, probablement à cause du sang qu'il avait perdu et parce qu'il n'avait rien mangé au déjeuner.

« Furihata-kun ? »

Furihata sursauta lorsqu'il entendit une voix l'appeler. Il croyait qu'il était seul !

Il se retourna et vit le visage de familier de Kuroko qui le regardait curieusement. Il semblait aussi inquiet et son air débraillé semblait lui signaler qu'il venait de se changer. Ses yeux habituellement si calmes étaient si différents que si Furihata ne se sentait pas aussi mal, il aurait pu en rire.

« Furihata-kun, tu es vraiment pâle, remarqua Kuroko en s'approchant de lui. Peut-être que tu devrais aller à l'infirmerie. »

Furihata secoua la tête. S'il y allait, l'infirmière verrait probablement les marques sur sa peau et elle commencerait à lui poser des questions auxquelles il ne pourrait pas répondre.

« Je vais bien Kuroko, vraim– » Cependant, avant même qu'il finisse sa phrase, il fut pris d'un vertige si fort qu'il perdit l'équilibre. Pourquoi était-il aussi faible ? Il ne comprenait pas, il ne comprenait plus rien...

Kuroko, voyant le visage de son ami sur le point de rencontrer le sol, s'empressa de le rattraper par les épaules, évitant une catastrophe de peu.

Peut-être que c'était le destin ou juste une pure coïncidence, mais le bandage autour de son cou de défit et Kuroko put voir ce les marques dessous. Ce dernier pâlit soudainement et tira le brun de façon à ce qu'il soit couché sur le sol, la tête tournée sur le côté pour qu'il puisse mieux voir son cou.

Kuroko traça du bout des doigts les marques sur la peau pâle de Furihata et ce dernier gémit de peur. Il essaya de bouger mais il était si faible qu'il arrivait à peine à cligner des yeux, les formes et les couleurs se mélangeant.

« Furihata-kun, qui t'a fait ça ? » Kuroko était plus qu'énervé. Il était furieux et il donnait l'impression qu'il pourrait littéralement tuer quelqu'un.

Furihata ne pouvait pas commencer correctement et il semblait revoir l'autre soirée, lorsqu'il avait été attaqué par Kise, se dérouler sous ses yeux.

« Pitié... ne me... fais pas plus... de mal... chuchota-t-il d'une voix faible, complètement obnubilé par ses souvenirs.

Furihata-kun, je ne vais pas te faire de mal, dis-moi juste–

Non... ne... t'approche... pas... » Une larme silencieuse roula sur la joue de Furihata et il osa tourner la tête vers Kuroko. Ses yeux s'illuminèrent et il sembla reconnaître son ami, mettant fin à ses flash-back.

« Ku... ro... ko... » La voix de Furihata était à peine audible mais il pouvait toujours entendre la peur qu'il ressentait. « Ne... le... laisse pas... m'attraper... » Puis, à cause du manque de nourriture, il perdit conscience.

La dernière chose qu'il vit fut les yeux de Kuroko passer d'un bleu pâle à un rouge électrique dangereux.