Disclaimer : L'univers de Kuroko no Basket que vous reconnaitrez aisément appartient à Fujimaki Tadatoshi. L'auteur me le prête très aimablement pour que je m'amuse avec et je ne retire aucun profit de quelque nature que ce soit de son utilisation si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue.
Note de l'auteur : Je veux remercier du fond du cœur ma béta-lectrice, Futae qui s'est servie de son "Eagle Eye" (fallait que j'la case celle-là !) pour corriger cette histoire et me conseiller. C'est grâce à son enthousiasme, ses encouragements et son sens de l'analyse et de la critique sans détour, que cette histoire a pu voir le jour.
Note importante : j'avais décidé de retirer toutes mes histoires de ce site suite à ce que je pense être un piratage. Je me suis laissée convaincre de les remettre, mais malheureusement ce site fonctionne tellement mal que je n'ai pas pu toutes les récupérer. J'ai donc décidé de les reposter. Si vous les lisez et qu'elles vous plaisent, n'hésitez pas à le dire, ça me fera plaisir et ça me remontera le moral même si les commentaires ne seront pas les mêmes qu'à l'origine.
Bonne lecture.
Shadow : merci pour ta review et d'être si fidèle à cette histoire. Alors MiHawk c'est un pur hasard ! Promis ! J'adore aussi One Piece et quand j'ai choisi leur pseudo de hacker à tous les deux, je n'imaginais pas que j'allais tomber sur ce nom pour leur société. Sur le coup, ça m'a fait rire et je l'ai gardé. Un gros clin d'œil à ce manga génialissime !
Ce n'est pas que Kagami n'est pas prêt, c'est juste qu'il ne se pose pas encore la question et il est un peu surpris qu'on lui en parle parce qu'il ne pensait pas que son couple pouvait renvoyer cette image.
Il fallait que l'animé soit très beau pour provoquer toutes ses réactions.
Pour ma prochaine histoire, ce sera sur un autre fandom dans le monde du poker Texas Holdem. Je viens à peine de la commencer donc elle ne sera pas en ligne avant un bon moment. Voilà la suite, bonne lecture.
Le roman de notre histoire
Chapitre 31
Onze mois plus tard, octobre 2030…
Assis sur l'engawa devant mon salon, je suis plongé dans la contemplation de mon jardin. Il est magnifique. Exactement tel que je l'avais imaginé quand j'ai emménagé. Les dégâts du séisme ne sont plus du tout visibles. Le vieux Takeda, que j'ai embauché pour s'en occuper, m'a dit que la terre est riche et qu'elle n'a pas besoin de beaucoup d'aide pour nourrir tout ce que je pourrais vouloir y planter. Et il a raison. Le ginko est lumineux comme un soleil sous ses couleurs automnales. L'érable éclabousse le paysage en une gerbe écarlate, tel le sang jaillissant d'une blessure que j'ai si souvent décrite dans mon roman. La flore est en train de se préparer pour l'hiver. Même si le climat se dérègle, les plantes obéissent à leur propre rythme. Le sol commence à se recouvrir de feuilles rouges et or. Le contraste avec le vert du reste de la végétation est de toute beauté. À mes yeux. Le bassin des carpes offre de la fraîcheur en été et le cerisier dans lequel j'ai trouvé Jade dispense une ombre agréable et m'a permis de fêter Hanami plusieurs fois avec ma famille et mes amis sous ses branches lourdes de fleurs d'un rose pastel délicat dont les pétales s'envolaient tout autour de nous comme une pluie légère et colorée.
J'éprouve, aujourd'hui, le besoin de faire le point sur ces deux années écoulées. Je n'aurais jamais imaginé qu'il puisse se passer autant de choses en si peu de temps. J'ai l'impression d'avoir vécu une vie entière en seulement quelques mois. Les évènements se sont succédé à une vitesse folle. J'ai une existence sereine, j'écris des romans historiques qui ont beaucoup de succès, j'ai acheté une maison traditionnelle pour laquelle je n'ai reçu que des compliments de la part de mes visiteurs. Mes études m'ont permis de décorer l'intérieur dans un style typique. Même sans ce cursus, j'aurais réussi à créer cette atmosphère zen et détendue que j'apprécie tellement pour laisser mon imagination s'épanouir. Je l'ai toujours appelé mon havre de paix.
C'est un lieu qui m'a octroyé la possibilité de me recentrer sur ma profession. J'invente des histoires qui offrent à mes lecteurs l'occasion de s'évader du quotidien pendant quelques heures. Ce que je faisais quand j'étais enfant et adolescent. Je dévorais des romans à tour de bras. Je m'imaginais shogun ou samouraï, chevalier auprès du roi Arthur ou explorateur de l'espace ou bien encore je partais au centre de la Terre grâce à Jules Verne. J'ai pu être tellement de personnages dans tellement d'univers et d'époque. J'ouvrais un livre comme on ouvre un coffre au trésor, mystérieux et foisonnant de secrets à découvrir, de contes et de légendes à vivre.
Mon père m'a donné le gout de l'histoire de mon pays. J'ai réussi à joindre mes deux passions. J'écris de romans historiques qui ont beaucoup de succès et je suis très heureux. Confucius a dit "choisi un métier que tu aimes, et tu n'auras pas à travailler un seul jour de ta vie". Cela signifie que cette activité ne sera pas perçue comme un travail, mais comme du plaisir. Tout le monde n'a pas la chance d'exercer le métier de son choix. On bosse parce qu'il y a des factures à payer. Moi je fais ce que j'ai toujours désiré. Et je suis conscient d'être privilégié. Personne ne rêve d'être éboueur ou caissière. Ce ne sont pas des professions dévalorisantes et il faut des personnes qui occupent ces postes, mais je doute qu'un enfant en rêve comme il pourrait rêver d'être astronaute. J'ai voulu être écrivain d'aussi loin que je me souvienne. Si je n'y étais pas parvenu, mes études m'auraient permis d'être professeur d'histoire ou de littérature, ça m'aurait également beaucoup plu. Heureusement pour moi, mon premier choix a été le bon. Mon tout premier roman a été un succès et j'ai poursuivi. La suite n'a fait que me conforter dans décision d'exercer ce métier. Je sais que je peux tomber dans l'oubli du jour au lendemain. Être un romancier de renom ne garantit pas que ça durera toute ma vie. Je profite de ce que j'ai, je me donne les moyens de réussir. Et j'aime ça. J'ai une imagination fertile, je l'exploite.
Je suis parti plusieurs fois en tournée de dédicaces. J'adore le contact avec les lecteurs. Ça me permet d'échanger des points de vue, des opinions et c'est enrichissant. Tout s'est assombri avec l'affaire Rakuzan et le vol des droits d'auteurs. Mon éditeur avait été trop sûr de lui, mais c'était bien dans sa nature mégalo, en jouant en bourse pour des raisons que je n'ai pas comprises et je doute y parvenir un jour. Il a perdu énormément d'argent et il a voulu se renflouer en nous dépossédant de nos droits d'auteurs à moi et à d'autres romanciers. Une erreur nous a permis de découvrir l'arnaque et nous avons porté plainte auprès de la brigade financière. Je me souviens encore avec quelle efficacité ils ont mené cette affaire. Aujourd'hui, la maison d'édition n'est plus ce qu'elle était. Un grand nombre d'écrivains l'ont désertée après la fin de leur contrat. Et l'image du groupe en a pris un coup dans l'aile.
Akashi m'a même relancé pour publier mon nouveau roman qu'il avait refusé au départ. Mais j'en ai fini avec lui. Je ne veux plus en entendre parler. Je suis un peu rancunier, certains de mes amis diront que je le suis beaucoup. Comme tout le monde, je n'aime pas qu'on se foute de moi et encore moins s'il s'agit de mon gagne-pain. J'ai peut-être une vie aisée, mais je bosse dur pour ça. Mon travail n'est pas physique, certes, mais la pression psychologique qu'il peut induire peut parfois être très lourde. Quand l'inspiration me fait défaut, je me dis que si ça continue, si je n'arrive à écrire et à publier mon livre, c'est une diminution drastique de mes revenus. J'ai deux crédits sur le dos, je dois les rembourser et pour ça, je dois gagner ma vie comme tout un chacun.
J'ai décidé que j'écrirai cette histoire. Elle m'envahissait trop l'esprit pour que je puisse l'ignorer. J'ai confié les premiers chapitres à Touou. C'est un des éditeurs les mieux placés pour la Science-Fiction. Et aujourd'hui encore, je remercie la providence, le hasard, la chance, ma bonne étoile, de ce choix. J'ai rencontré un correcteur qui est devenu indispensable à la rédaction de ce livre. Il en a saisi l'essence et il s'est investi à mes côtés comme jamais je n'aurais cru un superviseur capable de le faire à ce niveau. C'est presque comme s'il avait mis par écrit cette épopée avec moi, un roman à quatre mains. Ces idées étaient frappées au coin du bon sens. Il m'a poussé à développer les histoires secondaires en marge de la principale. Avec le recul, j'ai pris conscience de leur importance et de la richesse qu'elles apportent à la trame de base. D'un bouquin tout simple, le Prix de la Liberté est devenu une saga de trois tomes.
Mon choix de l'éditeur est encore bien plus essentiel que la publication de mon livre. Je devrais dire de mes livres. Il m'a permis de rencontrer l'homme de ma vie. Daiki. Je l'appelle toujours par son prénom dans l'intimité de mon esprit. Dès que nous nous sommes vus dans le bureau d'Harasawa, le PDG de Touou, j'ai senti que quelque chose avait claqué entre nous. Je voyais pour la première fois quelqu'un que j'avais l'impression d'avoir toujours connu. Comme si avant lui, je ne vivais pas vraiment. C'était une sensation très étrange. J'ignorais qui il était, mais j'ai immédiatement été à l'aise avec lui. Il y a eu des engueulades mémorables ou chacun tentait de convaincre l'autre que son point de vue était le meilleur. Même si je restais seul décisionnaire, on finissait par trouver un compromis et je préférais ça. Ses méthodes étaient peu orthodoxes. Me secouer comme un prunier dans un fauteuil-boule ou me laisser tomber en arrière dans ses bras n'était pas vraiment habituel. Mais ça a été diablement efficace.
Et c'est ainsi que j'ai rédigé des scènes, des passages tellement réels que j'en ai été moi-même surpris. L'atmosphère de danger, ou de paix, ou d'érotisme était intense. Les personnages prenaient naissance dans ma tête et je les retrouvais dans mes écrits exactement comme je les avais imaginés grâce à lui, à ses conseils, à ses suggestions. Il a l'art et la manière d'isoler un bout de texte de trente lignes pour m'en faire faire un chapitre entier. À côté de tout ce travail qu'on effectuait, un sentiment plus profond s'est développé. Je ne voulais pas mêler ma vie professionnelle et ma vie privée, mais là elles se sont rejointes et entrelacées de la plus intime des façons. Plus le temps passait, plus je me sentais attiré par lui. Mon personnage principal avait fini par lui ressembler. Mon correcteur était devenu mon héros. Mon livre et mon cœur, c'est lui.
Je viens de voir Jade sauter souplement du cerisier, ça me rappelle que je vais devoir l'emmener chez le vétérinaire. Cette belle jeune femme avec qui j'ai eu une aventure d'un soir est adorable et très compétente. On s'est revu pour les visites de ma petite chatte et aussi celles de Corail, le chat de Daiki, et en remarquant le joli diamant à son doigt, je l'ai félicité sincèrement. J'étais content pour elle. Le mariage est prévu pour le début de l'année prochaine. Je me souviens encore du Maneki Neko que j'avais acheté au temple où on s'est croisé par hasard avec Daiki qui était également venu pour ses vœux du Nouvel An. On y est retourné pour ramener la statuette puisque j'ai été exaucé. Mes proches sont en bonne santé, mes livres se vendent très bien et j'ai rencontré la personne qui va m'accompagner toute ma vie.
Un petit oiseau s'est posé sur une branche du cerisier et lance quelques trilles. Je souris, j'ai l'impression qu'il me parle, qu'il me remercie d'avoir conservé un petit peu de nature. Ou alors il m'engueule parce que je fais partie de cette espèce qui fout la planète en l'air. Mais elle a sa façon bien à elle de nous rappeler que nous ne sommes que de passage. Ce tremblement de terre, en mai 2029, m'a fait croire pendant plusieurs heures que j'avais perdu ma famille. Je ne parvenais pas à contacter mon père ni mon grand-père. Le réseau des téléphones portables était hors service. Mais finalement nous avons pu nous parler. Mais ce qui a failli avoir raison de ma santé mentale c'est que Daiki était injoignable. Pendant des heures j'ai cru que le pire était arrivé. Mon pays est certainement le mieux préparé au monde pour faire face à un séisme, mais ça n'empêche pas pour autant qu'il puisse y avoir des victimes.
Me rappeler de tous ces moments me tord encore le ventre. Jamais je n'ai éprouvé une telle peur. Non, c'était bien au-delà, c'était de la terreur et de la panique à la fois. L'éventualité de me retrouver seul, de les perdre m'épouvante encore aujourd'hui. Il y a eu d'autres tremblements de terre depuis, le Japon est secoué tous les jours, mais j'ai pu contacter tous mes proches pour me rassurer. Le grondement de mon estomac ravive un souvenir terrible et magnifique à la fois. Notre premier baiser.
Terrible parce que j'étais si concentré et inspiré que j'en ai presque oublié de manger. Moi ! Oublier de manger ! Alors que j'adore cuisiner et m'empiffrer – et je rends grâce à mon métabolisme rapide sinon je serais aussi haut que large –, je m'étais très mal nourri. Je voulais tant profiter de cette exaltation de l'esprit qui me permettait d'écrire des pages et des pages que je n'avais presque pas mangé. Daiki était venu à la maison ce soir-là, pour des corrections et de fil en aiguille, on s'est jeté l'un sur l'autre. On en avait tellement envie. Depuis des semaines ce désir qu'on éprouvait n'avait fait qu'éroder notre résistance à tel point qu'on avait fini par craquer. Et j'ai fait un malaise qui m'a valu plusieurs jours d'hospitalisation. Et la découverte des sentiments de Daiki à mon égard. J'ai été si heureux, presque euphorique, de savoir qu'il ressentait la même chose que moi. Et encore, il a fallu que Tatsuya m'ouvre les yeux. J'étais amoureux pour la première fois, je ne savais pas ce que ça faisait, ce qu'on éprouvait. Et ça, c'était magnifique. Alors que ce n'était pas quelque chose d'inconnu pour lui.
Quand j'ai appris qu'il avait déjà aimé quelqu'un, j'ai été jaloux. Pour moi, Daiki a été le premier à envahir mon cœur et mon esprit, alors que pour lui, je n'étais que le second. Un premier amour a toujours une place particulière et je me dis que si ce drame n'avait pas eu lieu, jamais nous n'aurions pu être ensemble. Je ne me réjouis pas de ce qui s'est passé, bien loin de moi cette idée, surtout que Daiki a fait une grave dépression. Que je comprends. Je sais qu'il va voir les parents d'Haruka, il me l'a dit. Il a gardé le contact avec eux et je ne trouve rien à redire, au contraire. Il leur a dit qu'il avait rencontré quelqu'un et qu'il avait l'impression qu'Haruka l'encourageait à poursuivre sa route. Sans lui. Avec moi.
Je ne suis pas le premier à me faire une place dans son cœur, mais je serai l'ultime homme de sa vie. Ça, j'en suis certain. Intimement convaincu. Je le sais, c'est tout. Je n'explique pas cette certitude. Daiki aussi sera le dernier dans mon cœur, mon âme, mon corps. Je lui appartiens tout comme il est à moi. Je n'aurais jamais cru qu'on puisse aimer à ce point. La simple idée qu'un jour il puisse ne plus être à mes côtés, je suffoque. J'étouffe ! Aimer est si bon, si intense et si douloureux à la fois. Il arrive qu'après l'amour, mon bonheur soit si immense que ça me fasse mal à en pleurer de joie. C'est paradoxal. Je suis heureux d'avoir mal. Parce que je l'aime. Mais il est tellement plus que ça, plus que l'homme de ma vie. Il est aussi mon premier fan. Ou disons qu'il a rejoint le club qui comprend mon père, mon grand-père, Himuro et Kuroko qui connaissaient déjà mes livres.
Il m'a aidé à accoucher du Prix de la Liberté. Je sais que sans lui, ça n'aurait été qu'un roman simple au lieu d'une saga. C'est un best-seller international. Un studio d'animation en a même fait une série qui remporte un succès incroyable tant au Japon qu'à l'étranger. À tel point que I.G. Productions veut poursuivre avec le second tome que j'ai presque terminé. Il est encore plus volumineux que le premier. J'ai tout pour être réjoui. Je le sais et je le suis. J'ai tout le temps le sourire aux lèvres. C'est ce que ma belle-mère me disait dernièrement lorsque mes beaux-parents sont venus à la maison. Je suis toujours de bonne humeur, je rayonne et je lui réponds que son fils me rend heureux. Je l'adore et j'aime beaucoup discuter avec elle de cuisine. C'est un vrai cordon bleu. Quand Daiki lui a dit que j'avais été en France, elle m'a posé des dizaines de questions sur la gastronomie la plus réputée du monde. Et mon beau-père ne cesse de parler du basket lycéen depuis qu'il sait que j'ai écrit des articles dans un journal sportif universitaire.
Je suis heureux. Le plus heureux des hommes. Je peux me targuer d'avoir tout ce dont je rêve. Ma famille, mes amis, mes romans et Daiki. J'ai un train de vie aisé, je suis propriétaire de ma maison et d'un appartement que je loue. C'est presque trop beau pour être vrai. Est-ce que ça va continuer comme ça pour toujours ou bien est-ce qu'il ne va pas se produire un malheur et je vais devoir payer la facture de tout ce bonheur ? La roue tourne, mais je me dis que seules les personnes malfaisantes sont rattrapées par leur karma. Je n'ai jamais fait de mal à quiconque à part peut-être à cet homme que j'ai frappé quand j'étais ado, mais je me suis amendé depuis. Mon karma ne doit pas être si mauvais. Quant à Daiki, il a déjà assez payé et c'est pour ça que tous les jours, je fais de mon mieux pour le rendre heureux comme il me rend heureux. La simple idée de ce bonheur que j'embrasse, j'ai les larmes aux yeux. J'ai dû accomplir quelque chose d'extraordinairement fabuleux dans une autre vie, pour être si comblé dans celle-ci.
Jade vient se frotter à mon bras. Elle doit avoir faim. Je pense à monsieur Takeda et madame Yoshino qui sont des personnes formidables. Tellement gentilles et serviables. J'ai fait la connaissance de leurs enfants et leurs familles lors du dernier Hanami où je les ai invités. Ce sont des gens simples qui ont le cœur sur la main. Madame Yoshino leur a raconté comment j'ai trouvé Jade et qu'elle avait dû acheter un panier, une boite de transport et de la nourriture adaptée. Il faut que je remplisse la gamelle du chat sinon, elle risque de me faire un caprice. Et Corail vient se joindre à elle. Je suis vaincu. Je n'ai aucune chance contre ces deux-là. Qui aurait cru qu'ils finiraient par si bien s'entendre ? Daiki a emménagé chez moi quand j'ai été hospitalisé par précaution vu que j'ai eu un traumatisme crânien en heurtant le coin de mon bureau dans ma chute. Je lui ai proposer d'amener son chat pour éviter que la pauvre bête ne sente abandonné et que lui-même ne fasse pas des allers-retours en permanence pour lu donner à manger. Les débuts de la cohabitation furent difficiles, mais maintenant les deux bestioles s'entendent plutôt bien.
J'ai presque fini d'écrire le second tome. Daiki a, une fois encore, fait la démonstration de sa passion pour son travail de correcteur. Il m'arrive de me servir de nos moments intimes pour une scène du roman et ça le fait sourire. C'est bien la preuve que je l'aime comme un fou. Et après tout, il est mon Spartus, mon héros. Et il se pourrait bien qu'il retrouve l'amour comme Daiki. C'est une idée qui me trotte dans la tête depuis un moment déjà. Puisque Daiki est mon Spartus, il pourrait peut-être rencontrer quelqu'un qui sera… moi. Et connaître à nouveau l'amour. Je suis un écrivain, j'ai de l'imagination, je peux inventer tout ce que je veux. Un personnage pourrait très bien rouvrir le cœur de Spartus tout comme j'ai conquis celui de Daiki. Ce n'était pas volontaire, je n'ai jamais été dans une démarche de séduction, mais les faits sont là. J'aime penser que nous nous sommes mutuellement séduits. Lors de son mariage, Kuroko m'a dit qu'il avait de suite vu qu'il y avait quelque chose entre nous. Il est très observateur et qu'il l'ait pressenti ne me surprend pas. Et surtout, il me connait bien. Pour lui, mon comportement ou mes réactions sont plus parlants que des mots.
Ça me fait penser que je l'ai mis en contact avec Himuro pour une histoire de piratage. Un client de la société de comptabilité de Kuroko s'est fait pirater et Himuro l'a aidé à prouver que ce n'était pas l'un des patrons qui avait fait le coup. Quand je pense qu'à l'époque, c'est mon avocat maître Midorima et moi-même qui avons, sans le vouloir, joué les entremetteurs entre lui et Takao, ça me fait sourire. Pour aider le hacker accrédité par la police afin qu'il puisse mettre la main sur un cyberterroriste, j'avais proposé que les deux informaticiens travaillent ensemble. L'un officiellement, l'autre pas. Et aujourd'hui, ils étaient en ménage. Si on m'avait dit que la rencontre de ces deux-là mènerait à la naissance d'un très beau couple et d'une société de cybersécurité, je n'y aurais pas cru. Mais en y réfléchissant bien, j'ai presque envie de dire que ça n'est pas si surprenant.
Ces deux-là sont bien trop complémentaires professionnellement parlant pour ne pas l'être dans leur vie privée. Ils s'entendaient tellement bien, c'était attendrissant de les voir l'un à côté de l'autre au mariage où ils avaient été invités, avec des gestes prévenants réciproques. Ça m'a vraiment sauté aux yeux ce jour-là. L'un offre un verre, l'autre lui tend une serviette en papier. Les regards complices étaient sans équivoque, brillants d'amour. Une caresse sur les doigts, un baiser sur le front, autant de petites choses si naturelles, qu'on aurait pu croire qu'ils étaient ensemble depuis des années comme Ogiwara et Kuroko. Mais je fais la même chose, non ? J'ai toujours des attentions envers Daiki, qu'il me rend bien. Ce genre d'effusions est la preuve, à mes yeux, que dans le couple tout va bien. C'est leur absence qui serait inquiétante. Lorsque plus rien ne va, ce sont ces petits riens qui disparaissent en premier. Alors que je les observe chez mes amis, ça me rassure, ça me dit qu'ils vont bien et qu'ils s'aiment profondément.
J'entends la voiture de Daiki. Il rentre de Touou. Les deux autres auteurs dont il s'occupe sont devenus célèbres. Mon homme n'a que des réussites professionnelles. Je suis tellement fier de lui. Je sais à quel point il aime son travail et il se donne sans compter. Il endosse sa panoplie de correcteur même les samedis et dimanches quand j'écris. L'inspiration n'a pas ce genre de considération. Le jour, la nuit, le week-end, qu'importe. Il m'arrive de me réveiller la nuit pour boire et il me retrouve devant mon ordinateur en train d'écrire parce qu'entre la chambre et la cuisine, une idée m'est venue et qu'il faut de je la note. Et je retourne me coucher quelques heures plus tard pendant qu'il lit ou qu'il va à son bureau. On a toujours autant d'engueulades à propos du roman, mais c'est tellement bon de s'expliquer, de tenter de se convaincre pour que finalement un compromis soit trouvé ou qu'une autre idée émerge. Ça rend mon histoire tellement plus vivante, plus riche et intéressante. C'est en tout cas ce que me dit mon père qui fait office de lecteur lambda. Il lui arrive aussi de faire des suggestions.
J'ai décidé de lui envoyer les chapitres à mesure qu'ils sont écrits pour avoir une opinion supplémentaire. Il n'est peut-être pas objectif, je le sais, mais lui non plus ne se mettra pas de gants pour me dire si ça lui plait ou pas. Et j'ai besoin de l'avis de quelqu'un qui ne soit pas un éditeur, un correcteur ou un critique littéraire, c'est devenu important pour moi. Et Daiki est d'accord. Après tout, ceux qui vont acheter mon livre ne sont pas des professionnels, juste des passionnés de beaux récits, quel que soit le genre. Touou avait lancé une enquête sur son site Internet pour savoir ce si mes lecteurs préféraient mes romans historiques ou bien celui-ci. Il en est ressorti que, ceux qui avaient lu le Prix de la Liberté c'étaient également procurés les précédents, sautant de la Science-Fiction à l'épopée historique, et que ceux qui me suivaient depuis mes débuts avaient été curieux de savoir ce que j'étais capable d'écrire en SF. Et tout le monde, ou presque, parce qu'il a toujours des gens qui ne sont pas satisfaits, avait aimé les deux genres d'histoire et les commentaires sur le site étaient largement positifs.
Je suis un homme comblé. Et ça me fait un peu peur. Comme dit l'adage, c'est trop beau pour être vrai. Mon téléphone vibre, un SMS. Et là, surprise ! Akashi qui me félicite pour le succès de mon roman et celui de la série. Il dit qu'il n'a pas raté un seul épisode et qu'il a adoré. Ma colère contre lui est retombée, mais je lui en voudrai toujours. Même sans preuve, je sais que c'est de sa faute si Koki a été agressé. Depuis j'ai aussi appris l'accident de Nebuya pendant le tremblement de terre. Je ne l'ai jamais aimé et je n'ai pas de compassion pour lui. Jamais je n'aurais souhaité qu'il lui arrive malheur, mais le karma n'oublie rien. Il a dû faire un truc pas joli joli, et il paye. C'est comme ça. Daiki vient d'entrer et s'approche de moi pour m'embrasser.
— Tu vas bien ? me demande-t-il en posant la sacoche de son ordinateur sur le fauteuil du bureau.
— Très bien, et toi ? Ta journée ?
— Fatigante. Wei Liu est difficile à convaincre…
Je me souviens que c'est l'auteur du Dernier Bastion. Un roman qui raconte l'histoire des derniers représentants de l'espèce humaine sur la base lunaire Jules Verne après qu'un virus ait décimé la population sur la Terre. Ils vont donc devoir s'adapter pour survivre. J'en ai lu des passages et j'ai adoré. Wei Liu a une imagination extraordinaire.
— T'as quand même réussi à lui faire développer les récits secondaires comme pour moi… lui dis-je en lui apportant une bière.
— Merci… Ouais et ça a pas été facile…
— Gros potentiel…
— Énorme… comme pour toi… Et toi ? T'as avancé ?
— J'ai fini le chapitre… Encore un et en principe, le second tome est bouclé…
— T'es une vraie bête de somme, dit-il en souriant.
Que je l'aime ce sourire qui fait pétiller ses magnifiques yeux bleus. Je sens un frisson me parcourir de la tête aux pieds. Un simple sourire et je m'enflamme. Comment fait-il pour me donner envie de lui avec un simple sourire ? C'est un magicien ! C'est ça ! Un sorcier ! Il m'a ensorcelé et maintenant je n'ai plus d'autre choix que de l'aimer, hein ? Il a utilisé un filtre d'amour. Je lui rends son sourire avec une œillade aguicheuse qui ne lui échappe pas. Il me connait tellement bien. Il fronce les sourcils en se demandant ce qui peut bien m'arriver. Je déboutonne ma chemise et je me lève.
— Termine ta bière… je monte…
Je n'ai pas le temps d'arriver jusqu'à notre chambre qu'il me ceinture et me jette sur le lit en riant. C'est à peine si je le laisse ôter son polo. Je suis déjà nu et je l'aide à finir de se déshabiller.
— T'as écrit une scène de sexe qui t'as excité ? me demande-t-il, goguenard.
— Pas besoin d'écrire… tu m'excites tout l'temps…
— J'vais pas m'plaindre…
Je l'étouffe de baisers. Sa bouche a encore le gout de la bière qu'il vient de boire. Ses cheveux ont l'odeur de l'air extérieur et celle du shampooing de ce matin. Son corps chaud contre ma peau et ses mains sur mes fesses pour me presser contre ses hanches font exploser mon désir. Je le veux, j'en ai un besoin vital. Mes caresses tracent des sillons brûlants qui le font soupirer. Je ne peux plus attendre, je descends entre ces cuisses où je m'installe confortablement parce que j'ai bien l'intention d'y passer un très long moment. Je veux le torturer jusqu'à l'agonie. Je veux l'entendre me supplier de le laisser jouir, mais c'est moi qui décide. Ses halètements me font fondre de désir. J'ai envie de l'écouter, mais j'en veux encore plus. Ses plaintes sont une mélodie divine à mes oreilles. Je me délecte de cette turgescence raide, je m'aventure sur son intimité. Je veux tout.
Je le reprends dans ma bouche, je le déguste tel un mets rare et succulent. Sa respiration erratique va au même rythme que mes va-et-vient sur sa fierté. J'adore lui procurer cette caresse, j'aime sa saveur salée, sa fermeté, sa douceur. Il est presque à bout de résistance. Il a mis ses mains sur son visage et gémit sans discontinuer. Je récupère le flacon dans le tiroir du chevet, il ne le remarque même pas. Je l'utilise et je m'empale sur lui avec un grondement rauque qui ne se termine qu'une fois que je le sens au fond de moi. Je sais qu'il a failli jouir, j'attends que la tension retombe. Il me regarde, me transperce que ce rayon bleu. Il me caresse enfin. Ses mains sur ma peau sont brûlantes et quand il passe sur mes tétons, un pic de désir me tord le ventre. Je commence mes mouvements, de bas en haut, d'avant en arrière, lentement, mes yeux dans les siens, la bouche ouverte. Parfois une sensation plus forte me fait gémir à la limite du cri, je me mords les lèvres tellement c'est bon. C'est même plus que ça…
— Mais qu'est-ce qui… annh… qui t'arrive ? demande-t-il encore entre deux hoquets de volupté.
Je lui souris et je suis bien incapable de lui fournir une réponse satisfaisante parce que je n'en ai pas. Je n'en cherche pas. Je désire juste éprouver cette jouissance de l'avoir entre mes reins, au plus profond de mon corps. Je veux tout ce qu'il peut me donner et je lui donnerais tout ce que j'ai d'amour, de tendresse. Je suis tout entier dévolu à son plaisir. Je m'enfonce toujours plus dans les méandres de la luxure. Notre corps à corps est intense, je ne veux pas que ça s'arrête. Mais c'est impossible. Mes mouvements se font plus rapides, je ne peux pas m'en empêcher. Je gémis de plus en plus fort, à chacun de ses retours mon excitation grandit. Tout comme la sienne. Je sens ses doigts crochetés dans mes hanches pour plus de rudesse. C'est si bon, ma main court sur ma virilité et brusquement ma joie éclabousse son ventre. Mon cri se bloque dans ma gorge, tout mon corps se tend à se briser. Dans un sursaut de conscience, je me libère de lui et sa jouissance gicle sur sa peau en se mêlant à la mienne. Sa plainte ressemble à mon cri et broie mon cœur de bonheur.
Je lèche notre plaisir et je l'embrasse. Le gout de notre extase c'est de l'ambroisie, le nectar des Dieux. Il me serre dans ses bras à me casser tous les os. Je ris doucement, je lui murmure des mots tendres, des mots d'amour auxquels il répond de la même façon. La fatigue nous tombe dessus et nous nous réveillons deux heures plus tard. C'est certainement le bruit de mon estomac qui a fait office de réveil. La soirée est bien entamée et je décide de le laisser dormir encore un peu. Je prends rapidement une douche et je vais mettre deux pizzas au four. Je sais qu'il ne pas va tarder à descendre. J'entends d'ailleurs l'eau dans la salle de bain.
— Ça sent bon, me dit-il en entrant dans la cuisine et en se serrant contre mon dos.
— T'as faim ?
— Je meurs de faim…
— Installe-toi, c'est presque prêt…
Je sors les pizzas et je les pose sur l'îlot. Je souris encore. Je me souviens de toutes ces fois où il m'a fait l'amour sur le plan de travail. C'était si spontané, j'adore quand c'est inattendu. Moi aussi je l'ai pris sur le froid du marbre. Je crois que nous avons baptisé tous les lieux possibles et imaginables de la maison. Même le lave-linge dans la buanderie. Et la remise sur le banc de musculation.
— Tu vas m'dire enfin pourquoi tu souris comme ça ? insiste-t-il avec un rictus amusé aux lèvres.
— Pulsions…
— Pulsions… t'as des pulsions… répètes-tu, dubitatif.
— Quoi ? J'ai pas l'droit de t'allumer et de t'sauter dessus ?
— Si, si… C'est pas ça… J'me demande ce qui a pu les provoquer, c'est tout…
— Rien en particulier… J'ai presque fini le tome deux, je t'aime chaque jour un peu plus, la série est géniale, le tome un est un best-seller, je t'aime chaque jour un plus peu plus… euh… j'l'ai déjà dit ça, non ?
Mon explication le fait rire. J'adore l'entendre rire. C'est communicatif. Alors je ris à mon tour. Je le dévore des yeux. Il est si beau, si séduisant et je l'aime si fort. Je lui parle de ce que j'ai écrit, on va relire ensemble et discuter des modifications à faire. Il va encore utiliser tes méthodes si spéciales qui sont si efficaces. Il m'a dit qu'il en avait fait usage avec Hayakawa et qu'il a été emballé. Comme je le comprends. Il m'aide à ranger la cuisine et il s'installes dans le bureau. Il veut lire ce que j'ai fini d'écrire aujourd'hui sans tarder.
— C'est génial… dit-il en croisant les mains derrière ta tête. Y a des trucs à revoir, mais dans l'ensemble, c'est excellent.
— Tu trouves ?
— Sinon je l'dirais pas…
Il n'a pas relevé l'amorce d'une nouvelle liaison pour Spartus. Ça me surprend un peu, mais ce n'est pas grave, ça apparaitra clairement dans le prochain tome. Parce que plus j'y réfléchis et plus j'ai envie qu'il retrouve l'amour après ce drame, comme lui. Et cette personne aura presque les mêmes traits que moi. Il a déjà accepté que Spartus te ressemble dans la série animée dessinée par Sakurai, alors je sais que qu'il acceptera qu'il tombe amoureux à nouveau. Et peut-être que son amant défunt lui apparaitra en rêve pour lui donner sa bénédiction. Un chef de guerre a aussi droit au repos du guerrier. Et au bonheur.
Nous montons nous coucher et il s'endors très vite. J'ose penser que c'est de ma faute. L'aurais-je épuisé ? Sa respiration devient plus profonde. À quoi rêve-t-il ? J'aimerais bien le savoir. Je devine sa silhouette sous le drap, j'en parcours les contours des yeux comme le feraient mes mains. À cette image, mon sexe réagit. Je ne suis jamais rassasié de lui. Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Si un météore frappe la Terre, il n'y aura pas de demain. Mais c'est peu probable, alors je peux faire des projets. Déjà, j'aimerais qu'on fasse une vraie pause et qu'on prenne quelques jours de vacances. Peu importe où, mais qu'on s'éloigne un peu du roman. J'emporterai mon ordinateur, c'est évident. Si une idée surgit, il faudra que je la note. Et puis non ! Un simple carnet suffira. Je sais encore écrire avec un stylo quand même. Je crois qu'on a besoin d'un bon break pour décompresser. Demain je lui en parlerai.
Pour l'instant, je sens le sommeil m'envelopper de ses voiles vaporeux et je me laisse glisser sans résister. Peut-être que je vais le rejoindre dans ses rêves…
À suivre…
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