Chapitre 25
Renée est épuisée alors Charlie s'est dévoué pour aller chercher Phil à l'aéroport. La peau nécrosée autour des yeux de Renée s'est légèrement élargie dans une bande un peu plus épaisse d'où partent les petites veinules noires qui disparaissent à la limite des pommettes. Ses ongles sont un peu plus noirs, maintenant. Renée serre ses mains en poing quand elle se rend compte que je fixe ses doigts.
« Ça va aller, Bella, murmure-t-elle. Ne t'inquiète pas.
Je lui souris doucement et hoche la tête. Je ne pense pas qu'elle veuille entendre que je ne peux pas être inquiète alors je fais semblant. Quelqu'un frappe à la porte, je me lève et vais ouvrir. Angéla se tient sur le perron, elle me sourit.
« Salut Bella, tu vas bien ? Je ne t'ai pas vue au lycée, hier et la veille alors je m'inquiétais que tu ne sois malade.
« Non, c'est ma mère qui l'est et mon père m'a permis de rester à la maison. C'est compliqué, en ce moment pour ma famille et moi.
Je la fais entrer. Angéla a un temps d'arrêt en découvrant ma mère, elle est clairement inquiète.
« Bonjour madame. Je suis Angéla, une amie du lycée de Bella. Est-ce que je peux faire quelque-chose ?
« Bonjour, merci à toi mais non, je n'ai besoin de rien.
Angéla hoche la tête.
« N'hésitez pas, surtout. Mon père est pasteur, il pourrait... aider, spirituellement parlant.
« Je ne suis pas vraiment croyante, fait ma mère avec une grimace d'excuse.
« Oh, ce n'est pas une question de croyance, balaie Angéla. Il s'agit seulement de vous et de votre âme.
« J'y penserai, sourit Renée.
J'emmène Angéla dans ma chambre. Heureusement, le livre qu'elle m'a offert est dans mon tiroir, je ne pense pas qu'elle aimerait la façon dont j'ai modifié la couverture.
« Qu'est-ce qu'il lui arrive, à ta mère ? S'enquiert-elle en fermant la porte.
« On ne sait pas. Le médecin pense qu'elle est en train de mourir et il n'y a rien à faire contre ça. Elle ne veut pas rester à l'hôpital s'ils ne peuvent pas la soigner.
« Ça te fait peur ?
« Bien sûr. Je suis inquiète, évidemment.
« Je suis désolée pour ce qu'il lui arrive.
« Merci, murmuré-je. On peut parler d'autre chose ? J'ai besoin de me changer les idées. Comment ça va, au lycée ?
« Rien de nouveau, Lauren est toujours fidèle à elle-même et ses copains la suivent toujours. Il y a une rumeur à propos de Mlle Garner qui aurait des relations... intimes avec un élève. C'est monté aux oreilles de la direction, elle a été virée même s'il n'y a pas de preuve, pour tuer tout scandale dans l'œuf mais ça a plutôt eu pour effet de rendre la rumeur plus réelle.
« Et tu penses que c'est vrai ?
« Ce que j'en pense n'a pas d'importance mais si c'est vrai, c'est mal.
« C'est clair, confirmé-je.
« Ta mère devrait s'installer à La Push, conseille Angéla.
« Pourquoi ?
« Je pense que ça l'aiderait, la terre des Quileutes portent beaucoup de spiritualité. Ça ne la guérira pas mais ça lui donnera peut-être un peu plus de temps. Tu devrais aussi la convaincre de venir voir mon père.
« Je lui en parlerai mais je ne vois pas ce que ça changera.
« Ça ne coûte rien d'essayer, n'est-ce pas ?
« À part du temps, je suppose.
« Oui, c'est vrai qu'il est précieux quand il est compté. Bon, je suis désolée, je dois y aller. Je suis seulement venue m'assurer que tu allais bien. Je dois me rendre à Port Angeles, pour distribuer les repas. Veux-tu venir avec moi ? Puisque tu as besoin de te changer les idées...
« Non merci, mon beau-père va bientôt arriver.
Je raccompagne Angéla et suis surprise de voir Edward dans l'allée quand j'ouvre la porte.
« Salut les filles, nous lance-t-il.
« Bonjour Edward, le salue Angéla. Comment vas-tu ?
« Bien et toi ?
« Très bien, merci, répond-elle. Je m'en allais alors à lundi.
« À bientôt, sourit Edward qui se décale pour la laisser passer.
Il la regarde s'éloigner puis se tourne vers moi et dépose un baiser sur mes lèvres.
« Qu'est-ce qu'elle voulait ?
« Savoir si j'allais bien. Comment peux-tu ne pas le savoir ? Fais-je en tapotant ma tempe.
« Je ne suis pas toujours en train d'espionner, tu sais ? J'ai demandé à Carlisle s'il sait quelque-chose à propos du Hollow day. Il n'a jamais entendu parlé de ça mais il va se rapprocher d'un vieil ami qui s'intéresse beaucoup à l'histoire des peuples, des cultures et tout ça. Lui pourrait en avoir entendu parler, il a beaucoup voyagé, ça doit bien venir de quelque-part.
« Ok, il va lui téléphoner ?
« Non, il va partir à sa recherche, son ami n'a pas de téléphone, c'est un nomade. Ça risque de prendre du temps.
« Ok. Tu entres ?
Il m'approche pour m'embrasser.
« Bien sûr. Je t'emmènerai quelque-part, cet après-midi.
Je l'interroge du regard mais il ne me dit rien et se contente d'entrer.
« Bonjour Renée, salue Edward en s'arrêtant sous l'arche du salon.
« Bonjour Edward. Veux-tu manger avec nous, ce midi ?
« Avec plaisir, accepte-t-il.
« Bien, montez en haut, j'ai cet épisode à finir, sourit-elle en montrant la télé allumée.
Edward sourit en retour et hoche la tête. Nous montons dans ma chambre, je le fais s'asseoir contre la tête de lit et m'installe devant lui, il place ses mains sur mon ventre, je place les miennes sur les siennes.
« C'est parce que t'es un vampire que tu ne manges pas beaucoup ?
« Je ne suis pas censé avaler autre chose que du sang, m'avoue-t-il. La nourriture et les boissons sont un enfer à avaler. Notre venin fini par les détruire dans notre estomac et ce n'est pas agréable non plus.
« Tu as accepté de déjeuner avec nous.
« Je dois faire semblant d'être humain, ça passe aussi par des repas partagés avec la famille de ma petite-amie.
« Comment tu es devenu vampire ?
« Carlisle m'a transformé, je mourrais de la fièvre espagnole, en 1918.
« Tu es si vieux, soufflé-je.
Il ricane dans mes cheveux.
« Si Charlie savait, il t'arrêterait pour détournement de mineur.
« Je suis mineur aussi, j'ai toujours 17 ans. La transformation arrête toute forme de vieillissement ou de maturité. C'est pour ça que nous n'avons pas le droit de transformer des enfants, ils tueraient tout le monde par caprice, par jeu, par gourmandise ou parce qu'ils sont incapable de gérer leur force et leur vitesse surhumaine.
« Ah ouais, ok. Donc c'est moi qui finirait par te détourner.
« Effectivement.
« Sauf si tu me transformes, relevé-je.
« Je crains que nous ne puissions pas le faire. Tu te souviens ? Alice t'a vu mourir sous le venin de James, tu ne peux pas être transformée. Sans compter que je doute que nous réussissions à te faire garder une certaine forme d'humanité. Tu ne ressentiras pas plus tes émotions une fois vampire et les émotions sont ce qui nous permettent de garder notre humanité, d'avoir la volonté de ne pas nous nourrir de sang humain.
« J'imagine que vous ne pouvez pas boire juste un peu de sang pour ne pas tuer les humains.
« Non, notre venin les transforme ou les tue dans d'atroces souffrances, s'il n'y a pas assez de sang dans leur organisme. Il vaut mieux les vider complètement pour que leur cœur s'arrête afin qu'ils ne souffrent pas trop.
« Comment se passe la transformation en vampire ?
« Le vampire mord l'humain pour diffuser son venin dans ses veines, le venin parcourt tout le corps par le système sanguin, s'éparpillant dans les muscles, les tissus. Le venin réécrit une partie des informations de l'ADN dans chaque cellule de notre corps pendant trois jours.
« Je vais donc vieillir et serai mariée à un petit jeune. C'est un peu chiant, quand même. Tu ne pourras même pas m'aimer pour toujours comme tu l'as dit, je serai vieille et tout ça.
« Je t'ai dit que rien ne te retirera mon amour. La forme de celui-ci sera juste un peu différente.
« Alors il faut en profiter pendant que je suis jeune.
Je me redresse et me tourne pour me mettre à genou devant lui, me penche et l'embrasse. Il empoigne mes cheveux autour de mon visage pour me maintenir contre lui. Il finit par me repousser, me maintenant à une distance respectable, je lui envoie un regard interrogateur et deux coups retentissent contre ma porte. Je fixe ma porte puis Edward qui me sourit.
« Ouais ?
Charlie entrouvre la porte.
« On va manger, les enfants.
Charlie redescend après son annonce sans vérifier si nous bougeons ou pas.
« "Les enfants", répété-je.
« Ton père espère qu'en nous appelant ainsi, nous réaliserons que nous sommes trop jeunes pour nous marier.
Je soupire et lève les yeux au ciel. Nous nous levons et rejoignons tout le monde en bas, Charlie et Phil s'occupe de mettre la table sur celle du salon, celle de la cuisine étant trop petite pour nous cinq. Edward et moi aidons pour les dernières choses puis nous nous mettons à table. Je souris quand Edward complimente le repas, Charlie remercie et assure que ce n'est pourtant rien de fabuleux. Le silence retombe jusqu'à ce que Phil le brise :
« Nous pourrions aller à Disneyworld, Renn, tu as toujours voulu y aller.
« J'aurais aimé mais je crains que la fatigue n'empire, je ne pense pas que ce soit sage. Ça pourrait accélérer les choses.
« D'accord, nous ferons comme tu veux, assure Phil en lui serrant la main.
« Tu pourrais t'installer à La Push, fais-je. Angéla dit que ça pourrait aider, elle a parlé de spiritualité, tout ça. Peut-être que les Quileutes accepteraient que tu t'installes chez eux et tu les dédommagerais avec l'argent prévu pour le motel. Et tu aimes bien la plage.
« Je ne crois pas à ces histoires de spiritualité, refuse-t-elle.
« Ouais, c'est ce que je lui ai dit.
Le silence retombe après ça. S'il n'y avait pas les bruits de fourchettes, nous entendrions une mouche voler.
« On devrait les laisser se marier, déclare Renée finalement.
« Renée, souffle Charlie, on en a déjà parlé et nous avons convenu...
« Je sais mais je veux voir ma fille se marier et si c'est toujours ce qu'ils veulent et, bien sûr, s'ils sont sûrs d'eux, alors nous devrions les laisser faire. Le mariage n'est pas non plus l'échafaud, c'est même plutôt une belle chose. Je ne regrette pas notre mariage ni mon second mariage alors pourquoi Bella regretterait-elle le sien ?
« Ils peuvent attendre, refuse toujours Charlie.
« Ils n'ont besoin que de l'accord d'un seul d'entre nous, relève ma mère.
Elle nous regarde l'un et l'autre.
« Nous irons chez le notaire lundi, je signerai le papier.
Je lui souris.
« Merci maman.
Edward m'emmène en voiture à la sortie sud de la ville, il se gare sur le bas côté et m'entraîne avec lui dans la forêt. Quand nous sommes à l'abri des regards, il me sourit puis d'un mouvement rapide, me fait glisser sur son dos. Il nous arrête dans une clairière, l'herbe y est bien verte, quelques fleurs commencent à sortir du manteau herbeux, j'entends la rivière couler au loin.
« C'est joli, commenté-je.
Edward se tient derrière moi, il se cale dans mon dos, ses mains me rapprochent de lui et me serrent comme pour m'empêcher de fuir.
« Tu voulais un endroit d'amoureux, susurre-t-il avant de déposer un baiser sous mon oreille.
Je souris et me tourne vers lui, il me laisse faire et je l'embrasse. Lorsqu'il aura compris que tout ce temps, je l'ai manipulé, je pourrais lui annoncer qu'il a participé activement à sa propre manipulation. Ça me fait sourire pendant que nous nous embrassons.
« Quoi ? Fait-il en se détachant.
« Rien.
« Pourquoi tu souris comme ça alors que je suis en train de t'embrasser ? Insiste-t-il amusé.
« Parce que cet endroit est parfait, souris-je.
« Content que tu aimes. Viens t'asseoir avec moi.
Il me prend la main et nous dirige vers un arbre. Il s'assoit en s'y adossant, je m'installe devant lui, repose mon dos sur son torse.
« La permission de ta mère tombe assez bien, murmure-t-il à mon oreille. Je voulais profiter de notre petite balade pour faire les choses biens.
« Qu'est-ce que tu veux dire ? Demandé-je.
Je le sens bouger derrière moi et récupérer quelque-chose dans sa poche. Sa main remonte devant moi avec une boîte bordeaux, son autre main la rejoint et il ouvre la boîte. Une bague dorée sertie de trois petits diamants, les deux diamants extérieurs plus petits que celui du milieu.
« Elle est magnifique, complimenté-je.
« Bella, murmure-t-il. Veux-tu, toujours, m'épouser ?
Je souris.
« Oui, réponds-je dans un souffle.
Il sort la bague de sa boîte, je lève ma main gauche et il me l'enfile autour de mon annulaire. La bague est précisément à ma taille, elle est très jolie. La dorure de l'anneau ressort sur ma peau et fait ressortir les diamants. Je bouge mon doigt pour faire danser la lumière sur les pierres précieuses. Je ne sais même pas s'ils sont vrais ou faux mais, en tout cas, ils sont sublimes.
