Chapitre 30
Il fait encore beau aujourd'hui, alors je suis à nouveau au lycée sans Edward. Je déjeune tranquillement à la cafétéria, seule à ma table, l'esprit ailleurs quand Lauren s'installe devant moi. Elle a déjà fini de manger, elle mangeait avec son groupe habituel quand je suis entrée dans la salle.
« Tu sais ce que je pense, Bella ?
J'avale ma bouchée de petits pois, en la fixant, un léger sourire sur les lèvres.
« Je suppose que tu vas me le dire.
« Je pense qu'Edward et toi, c'est de la comédie. Une tentative absurde de votre part pour reprendre un peu de pouvoir ou un truc du genre.
« Ah ouais ? Fais-je avant d'insérer un morceau de steak dans ma bouche.
« Vous ne vous êtes pas vraiment mariés, vous n'avez que 17 ans, tous les deux.
« À partir de 16 ans, c'est possible avec un accord parental.
« Mh, fait-elle avec dédain. Ça ne veut pas dire que vous l'avez fait. Je jure, il ne peut pas aimer une fille comme toi.
Mon regard se relève vers le sien et doucement, mes lèvres prennent la forme d'un sourire.
« On devrait faire une fête, proposé-je à Edward le soir-même.
Je suis allongée sur le lit, dans notre chambre de la villa. Edward est sur le divan, il s'occupe avec de la lecture. Je suis assez ravie de ne plus avoir à faire semblant, maintenant.
« Une fête ?
« Pour fêter notre mariage avec nos amis du lycée.
« Ouais, j'ai compris ça en t'écoutant penser mais Angéla serait notre seule invitée, non ?
Je tourne la tête pour le regarder. Il a arrêté de lire, il me regarde maintenant.
« Qu'est-ce que tu mijotes ?
Je pense à Lauren les yeux grands ouverts, complètement éblouie par la villa. Edward soupire.
« Laisse-moi être inutilement un peu méchante. C'est mon petit plaisir personnel d'embêter Lauren.
« Tu comptes l'humilier ?
« Non, promis.
« Bien, ok. Samedi ?
Quand nous rentrons du lycée, jeudi soir, Edward et moi découvrons que Carlisle est de retour. Il nous offre un sourire et nous nous installons dans le salon, Edward et moi sur le canapé, Carlisle sur le fauteuil.
« Tu as pu trouver ton ami ? Demande Edward.
Ce n'est pas cette question que j'aurais posé. J'aurais demandé : tu as pu trouver ce qu'est ce foutu Hollow day ?
« Oui, Randall a été difficile à trouver mais j'ai pu le débusquer en Finlande. Je lui ai demandé s'il avait entendu parler du Hollow day et tout ce temps à le chercher n'a pas été en vain, il sait des choses à ce propos.
« C'est quoi, alors ? Demandé-je.
« Le Hollow day est une fête connue parmi un groupe fermé qui sont réputés pour jouer avec des forces obscures. Le cercle de Nálson. Ce groupe ou cette communauté pourrait, d'après lui, s'assimiler à une secte ou quelque-chose de ce genre. Le Hollow day est fêté 6 mois et 6 jour avant le 18e anniversaire et marque l'introduction du partisan dans la communauté. Ou la secte. Il est coutume de lui offrir ce jour-là un guide lui permettant d'accomplir sa destinée pour le jour de sa révélation appelé le Naughty day, le jour de ses 18 ans.
« Naughty day, répété-je. Le "vilain jour" ?
« Les partisans de ce groupe sont réputés pour être des hommes et femmes plutôt... mauvais maîtrisant les forces occultes.
« Le message du livre que Bella a reçu parle aussi d'introduction et de révélation, indique Edward.
« Pourquoi 6 mois et 6 jours avant l'anniversaire ? M'enquiers-je.
« Les partisans de ce groupe sont tous nés prématurés, une grossesse de 6 mois et 6 jours. Le Hollow day, le jour creux, fête le ventre vide pour la dernière fois avant que l'ovule fécondé ne vienne s'accrocher dans l'utérus.
Je fronce les sourcils.
« Je suis née à 6 mois et 6 jours de grossesse. J'ai reçu le livre à la date anniversaire de ma conception et j'ai bientôt 18 ans.
« On peut donc imaginer que tu as quelque-chose à voir avec ce groupe, ton père devait en être membre. Tout porte à le croire.
« Et il se trouve où, ce groupe ?
« Il l'ignore mais il a eu connaissance d'un livre qui répertorie tout ce qui touche à l'occulte. Le problème, c'est que ce livre se trouve dans la bibliothèque des Volturi.
Edward se tend à mes côtés. Il n'a pas tiqué quand Carlisle a parlé de forces occultes mais pour les Volturi, oui.
« Qui sont-ils ?
« Le clan royal qui régit le monde vampirique. Ils font respecter les lois et collectionnent les vampires qui possèdent un don. Le clan Volturi ainsi que le reste des vampires sont gouvernés par un roi, Aro et ses deux conseillers, Caïus et Marcus.
« Pas des gens à qui on doit se frotter, j'imagine ?
« Effectivement, il vaut mieux ne pas les impliquer dans nos affaires.
« Tant pis, alors. Nous devrons trouver un autre moyen de trouver qui je suis. Nous avons une autre piste, le vieux monsieur de la poste. Il sait qui est mon père, il a dit qu'il avait mis beaucoup d'espoir en moi et que je devais retrouver le bon chemin. Sauf que si je suis censée être mauvaise par rapport à ce groupe... le bon chemin n'est pas le "bon" chemin.
« Les chemins sont bons ou mauvais selon où l'on se place. Si cet homme est mauvais, pour lui, le bon chemin est celui du mal.
« Je ne veux pas être mauvaise ou maléfique, je veux juste... être moi.
« Tu n'es pas maléfique, me répète Edward. Tu ne vas tuer personne et tu n'emprunteras pas cette voie.
« Si mes émotions reviennent...
« Alors, je serai là.
Après les cours le lendemain, Edward et moi nous rendons à la poste pour parler au vieux monsieur. Malheureusement, ce n'est pas lui derrière le guichet. Nous nous approchons de la jeune femme, je pose mes mains sur le guichet.
« Bonjour, nous salue-t-elle.
« Bonjour, j'aimerai parler au vieux monsieur qui travaille ici. Vous sauriez ses horaires de travail ?
« Un vieux monsieur ? Il n'y a pas de vieil homme qui travaille ici.
« Euh, si, il m'a donné un colis, une fois.
Elle fronce les sourcils.
« Le plus vieux, c'est le directeur mais il n'a que 42 ans. C'est lui ?
« Non, il a au moins 60 ans, les cheveux blancs et un peu dégarni sur le crâne, il a des lunettes.
Elle secoue la tête.
« Désolée, il n'y a personne qui correspond à cette description qui travaille ici.
« Il était là, le lundi 07 mars dernier, peut-être que c'était un intérimaire ou quelque-chose comme ça.
« Le 07 mars ? Attendez, je regarde si nous avons encore le planning de mars.
Elle regarde sur l'ordinateur.
« Ah, voilà mars... alors... non, désolée mais le 07 mars, nous étions exceptionnellement fermé.
« Euh...
« D'accord, merci pour votre aide, intervient Edward. Bonne fin de journée.
Edward commence à s'éloigner mais je ne bouge pas, fixant la dame avec méfiance.
« Bella ? M'interpelle-t-il.
Je me tourne vers lui.
« Viens, on y va.
Je fronce les sourcils mais le suis alors que cette dame doit probablement mentir.
« Il n'y a vraiment personne de cet âge et de cette apparence qui travaille à la poste. Le 07 mars, ils étaient vraiment fermés.
« Ça n'a pas de sens. L'homme a agi comme s'il y travaillait vraiment et comme s'il ne me connaissait pas. Quand je lui ai dit que j'étais Bella Swan, il m'a dit que je n'avais pas de colis parce qu'il n'y avait pas mon nom dessus.
« Soit il a parfaitement joué la comédie, théorise-t-il. Soit il ne te connaissait vraiment pas. Tout ça me semble bien mystérieux et je n'aime pas du tout avancer à l'aveugle. Rentrons à la maison.
« J'aimerais voir Charlie, avant de rentrer. Ça lui fera sans doute plaisir, je lui ai dit que je lui rendrais visite de temps en temps et ça fait un moment, déjà.
Edward hoche la tête et m'amène chez Charlie. Il sort de la voiture avec moi puis me rejoint avant que je ne me dirige vers la porte, il me tend ses clés de voiture que je prends.
« Je te laisse la voiture, tu pourras rentrer quand tu voudras, je rentre à pieds.
« Oui, la marche n'a jamais fait de mal, souris-je.
Il me sourit, m'embrasse et se détourne, marchant tranquillement en mettant ses mains dans les poches. C'est comme s'il comptait se promener mais je sais que dès qu'il le pourra, il se mettra à courir à vitesse insensée.
La villa est décorée de rubans légers, la plupart sont blancs et quelques-uns sont bleu glacé. Il y a des fleurs et je sais qu'un gâteau est dans le frigo, commandé chez un traiteur. Ils ont acheté de quoi manger tout au long de la fête, je suis actuellement seule dans la cuisine, je découpe des morceaux de saucissons.
« Bella, s'exprime Lauren avec un engouement un peu trop faux.
Je me tourne vers Lauren qui arrive pile à l'heure, suivie par Edward qui est allé lui ouvrir et l'a guidée jusqu'ici.
« Salut Lauren, tu es un peu en avance.
« Tu m'as dit 19h, lance-t-elle en arquant les sourcils.
« Vraiment ? Il m'a semblé t'avoir dit 20h, comme à tous les autres.
« Puisque je suis là, tu as besoin d'aide ?
Je pointe le plan de travail central où j'ai laissé les paquets de jambon cru qui ne sont pas encore ouverts.
« Si tu veux bien placer ces morceaux de jambon cru dans le plat qu'il y a là, ça serait sympa, oui.
Edward s'adosse contre le mur, rangeant la moitié de ses doigts dans les poches de son jean. Lauren fait le tour du plan de travail pour se placer derrière moi et commencer son travail. Je retourne à la découpe des rondelles de saucisson.
« Alors, vous vous êtes vraiment mariés ?
« Oui, répond Edward.
« Mais pourquoi ? Demande-t-elle dans l'incompréhension.
« Parce qu'on s'aime, déclare-t-il. Et on ne voulait pas attendre.
« Et tu n'as pas peur d'avoir faire la connerie de ta vie ? S'enquiert-elle.
Je remarque que cette question-ci n'est que pour lui.
« Je suis plutôt sûr de moi.
J'entends le sourire dans les paroles d'Edward. Je finis tout juste de couper les rondelles, la lame aiguisée renvoie le regard de mon reflet-zombie, un léger mouvement rotatif me montre son sourire machiavélique. Je tourne habilement le couteau dans ma main pour que la lame pointe vers le bas, me tourne, lève le bras. Edward se tient maintenant près de moi, me vole mon couteau et le pose sur le plan de travail avant que Lauren ne se tourne et sursaute. La main sur le cœur, elle tente de reprendre contenance pendant qu'Edward me lance un regard noir.
« Bon sang, je ne t'ai pas entendu arriver, annonce Lauren. Ne me fait pas de frayeur comme ça.
En parlant de sang, ça te dit pas de boire le sien ? Pensé-je en arquant un sourcil à un Edward en colère.
« Désolé Lauren, je ne voulais pas te faire peur. Laisse ça, je vais finir. Pourquoi ne vas-tu pas choisir une musique pour mettre un peu d'ambiance ? La chaîne hi-fi est dans le salon, près de la télé.
« Ça ne me dérange pas, refuse-t-elle poliment.
« Je n'en doute pas mais j'ai une discussion en suspens avec Bella et j'aimerai la finir avant le début de la fête.
« Oh, d'accord. J'y vais dans ce cas.
« Merci, on t'apportera à boire quand nous aurons fini.
Nous regardons Lauren se diriger vers le salon, quand elle disparaît derrière le mur, je me tourne vers Edward dans l'expectative de sa réaction, me mordant la lèvre. Il me fusille du regard mais ne dit rien alors j'attends. La musique se lance et c'est là qu'il décide de commencer.
« Je peux savoir ce qui te prend, au juste ? T'es malade ?
« Oui, je réponds avec évidence. Elle a juré que tu ne m'aimais pas.
Il fronce les sourcils puis semble comprendre.
« Un contrat avec la vie ? Demande-t-il.
« Non, un contrat avec moi, je dois la tuer si tu m'aimes... et tu m'aimes.
Edward plisse les yeux.
« Tu ne la tueras pas, décide-t-il. Je pensais que tu voulais juste lui en mettre plein les yeux. Comment t'as réussi à passer au travers de ma télépathie ?
« Je n'ai pas pensé une seule seconde au fait que je devais la tuer, expliqué-je. Et si je n'y pense pas, tu ne peux pas le savoir.
« Tu ne peux pas faire des plans sans y penser.
« C'est pourtant ce que j'ai fait. Je ne savais même pas que j'avais un plan.
« Bella...
« Elle a fait le contrat, je n'y suis pour rien.
« Annule-le, m'ordonne-t-il.
« Je ne peux pas, les contrats ne peuvent pas être rompus.
« Mais c'est quoi ton problème avec les contrats, en fait ?
« Je sais pas, c'est comme ça, c'est tout.
« Tu sais que notre contrat implique que je peux faire tout ce que je veux pour t'empêcher de la tuer ?
« Oui et je ne pourrais pas m'y opposer mais tant que tu n'as pas trouvé comment m'empêcher de la tuer, rien ne m'empêche d'essayer.
L'air traverse ses narines avec exaspération tandis qu'il serre les mâchoires. Je lui souris puis prends les deux cocktails sans alcool préalablement préparés maintenant que la discussion est terminée. Edward m'empêche de me tourner complètement en récupérant les deux verres, il sent le premier de loin puis le second plus près et en vide le contenu dans l'évier en me fusillant du regard.
« On n'en reparlera, assène-t-il.
Il s'en va vers le salon avec le verre qu'il reste où il n'y a pas de mort-aux-rats dedans. Il est possible que je sois dans la merde. Edward ne va sûrement pas me lâcher mais un contrat est un contrat, je ne m'arrêterai pas tant qu'il ne sera pas respecté.
