Écrit par HateWeasel

335. Un Phantomhive Capricieux.

Deux garçons furent emmenés en catastrophe au quartier général de H.E.L.L.S.I.N.G pour des soins urgents. L'un d'eux souffrait de nombreuses écorchures, de bleus, de griffures, ainsi que de deux côtes cassées et d'une commotion cérébrale. Cependant, étant donné sa condition surnaturelle, il n'avait pas besoin de beaucoup d'aide pour aller mieux. Naturellement, ils donnèrent au blond une anesthésie à base de romarin, mais le garçon refusa, préférant serrer les dents.

L'autre garçon, cependant, n'avait pas cette option. Ciel fut gardé sous anesthésie le temps que le personnel soit sûr qu'il n'était plus violent. Il était dans tous ses états, refusant d'aller dormir, mais n'étant pas en mesure de rester complètement éveillé, et par conséquent, ses mouvements furent restreint plusieurs fois tandis que les docteurs essayaient de comprendre ce qui avait bien pu lui arriver. Le fait que le garçon ne cesse de gigoter en disant « ne pas trouver ses lunettes de soleil » et d'autres bêtises, n'aidait pas. Le blond lui-même n'arrivait pas à comprendre, tant cela était marmonné et confus à la fois.

Les docteurs firent des tests sur le bleuté, même dans son état désastreux, prenant du sang, et faisant des radios de son crâne afin de trouver de quelconques anomalies dans son cerveau. Ceux du département de recherches paranormales prirent un malin plaisir à voir le garçon agir aussi étrangement, surtout un certain sorcier qui se faufila dans la pièce avant qu'on l'en renvoie. Sa présence contrariait le Phantomhive.

Bientôt, cependant, il rejoignit son bien-aimé blond dans une pièce de taille moyenne avec deux lits placés contre un mur, une télévision et un comptoir de l'autre. Alois sourit faiblement en voyant le bleuté être escorté par des gardes armés qui lui ordonnèrent de s'allonger sur le lit juste à droite du blond. Il y eut quelques menaces, ainsi que quelques interventions d'Alois pour persuader le Phantomhive toujours aussi têtu de suivre les ordres.

Vexé, Ciel se laissa tomber dans le lit qui était à la fois confortable mais qui en même temps ne l'était pas, et il croisa les bras. Bizarrement, il trouva le plafond très intéressant, et se mit à trouver des motifs dans les plaques, faisant attention à ne pas fixer les lumières trop longtemps. Il ne fallut pas longtemps pour que ses yeux se mettent à balayer la pièce du regard, étant fascinés par tout. C'était comme s'il essayait d'assimiler trop d'informations d'un seul coup, ce qui était quelque peu dur à encaisser. Cela était notamment intensifié par l'actuel état second du garçon. Effectivement, il allait mieux qu'auparavant, mais il restait quelque peu « perdu ».

Il fixa longuement et intensément le plafond, trouvant des motifs dans les divers marques sur les plaques. Ciel y trouvait un grand intérêt, jusqu'à ce que ses yeux errent autre part dans la pièce, vers la télévision, puis vers le comptoir. Le garçon compta les nombreuses bouteilles dessus avant que cela l'ennuie ; une fois cela arrivé, l'œil saphir du Phantomhive regarda la menace blonde dans le lit à côté du sien, trouvant le visage de ce dernier fascinant.

Alois était allongé sur le dos, le visage sale, couvert de sang séché éparpillé sur sa peau là où l'on avait tenté de le nettoyer. Du sang collait ses cheveux ensemble à l'avant, et sur son costume, qu'il portait encore. Alors que le bleuté avait été changé pour revêtir la tenue d'hôpital, la menace blonde avait gardé ses vêtements de travail, étant donné qu'il était difficile pour lui de se mouvoir pour l'instant. Ses yeux étaient fermés, et il avait choisi de ne pas respirer, ce luxe ne lui causant que de la douleur. Ses côtes étaient encore en train de se régénérer, mais elles restaient douloureuses. Le fait que Sebastian soit capable d'être troué comme un fromage Suisse sans sourciller dépassait l'entendement pour le blond. Les sens du pauvre garçon étaient toujours un peu vagues, mais il pouvait tout de même sentir le bleuté le fixer. Il, cependant, ne sentit pas le garçon bouger, et sursauta lorsqu'il sentit un poids au bord de son matelas alors que le garçon montait dans le lit avec lui.

- Qu'est-ce que tu fais ? dit-il d'une voix presque inaudible.

Cela rendit le bleuté triste, même dans son état mal en point.

- Je veux être avec toi, répondit Ciel en s'allongeant, se lovant contre l'autre garçon en mettant sa main sur l'abdomen du blond plutôt que sur ses côtes.

- Tu es encore défoncé, pas vrai ? demanda Alois, levant les yeux au ciel lorsque le bleuté se contenta de grogner en réponse, enfonçant davantage son nez dans l'épaule du garçon. Tu es au courant que Sir Integra va vouloir te parler de tout ça, hein ? continua-t-il. Si elle nous voit dans le lit ensemble, elle va péter un plomb.

- Je m'en fiche… dit le bleuté. J'ai besoin d'être ici.

- Pourquoi ? demanda le Macken. Tu seras embarrassé plus tard, on le sait tous les deux.

- Mais je dois m'assurer que tu ailles bien… répondit Ciel. Sir Integra peut aller se faire voir.

Alois ria, faiblement.

- Et tu ne peux pas faire ça depuis là-bas ? demanda-t-il.

- Non. Si je demande, tu vas juste me dire que tu vas bien. J'ai besoin d'être sûr que c'est la vérité.

- Tu ne me crois pas ?

- Je te crois. C'est pour ça que tu réussirais à me mentir, dit Ciel. Tu es trop bon avec moi. Tu as menti quand tu m'as dit que tu irais bien…

Il y eut une brève pause alors que le blond tentait d'analyser cette réponse. Il avait en quelque sorte « menti », non ? Ce n'était pas comme s'il s'était attendu à se faire briser les côtes, mais il n'avait pas pensé s'en sortir indemne non plus.

- Je sais, dit-il enfin. Je suis désolé. Je voulais te protéger-

- C'est moi qui t'ai fais ça, interrompit le Phantomhive. Je pouvais sentir tes os se briser, et je pouvais sentir ta tête toucher le mur… Mais je ne pouvais rien faire pour arrêter ça. Je ne suis pas celui qui avait besoin de « protection », ici…

- Mais je ne regrette rien, répondit Alois. Je le referai, sans hésiter.

- J'aurais pu te tuer, Jim… dit le bleuté.

- J'aurais pu te tuer aussi, répliqua son bien-aimé. Tu agis comme si c'était quelque chose de grave…

- C'EST grave, dit Ciel. Je t'ai fait du mal, je t'ai gravement blessé. Et si tu n'avais pas pensé au romarin à temps ? Et si je t'avais vraiment tué ?

Alois ouvrit les yeux et regarda l'autre garçon qui resserra sa prise sur le blond.

- Je n'aurais pas pu vivre avec ça… reprit-il, cachant son visage contre l'épaule du blond. Seul un monstre ferait une chose pareille… Seul un monstre prendrait du plaisir à te blesser…

- Croisons les doigts pour ne pas en rencontrer, alors, dit le blond, attirant l'attention de l'autre garçon.

Il regarda Alois, sincèrement confus par ce que le blond venait de dire.

- Quoi ? demanda Ciel, levant un sourcil tout en inclinant la tête.

- J'ai dit, croisons les doigts pour ne pas en rencontrer, alors, répondit le blond en croisant le regard de l'autre garçon. Si un monstre peut me tuer, et si ça peut te contrarier, alors croisons les doigts pour ne pas en rencontrer.

- Tu sais que je parlais de moi, là ? demanda le Phantomhive.

- C'est bizarre, répondit le Macken. Tu n'es pas un « monstre ».

- Je t'ai blessé, Jim.

- Non, ce taré avec cette stupide coupe au bol et cette mauvaise manucure m'a blessé avec son étrange poison. T'étais là, non ?

- Tu ne prends pas la situation au sérieux !

- TU es complètement dans les vapes ! dit le blond. Reprends-toi, bon sang. Même si j'adore voir à quel point tu es mignon et docile là tout de suite, tu n'es pas un monstre. Point final.

En effet, le blond avait eu peur dans les moments où le bleuté n'avait pas été lui-même, mais il était certain que ce n'était pas « Ciel » qui lui avait fait cela. Aussi horrible et aigre le bleuté avait-il pu être par le passé, il était impossible qu'il fasse un véritable effort conscient pour le blesser. Il savait cela. Comment ? Le bleuté était celui qui l'avait convaincu. Il était impossible que Ciel Phantomhive dise qu'il avait « peur », sans raison.

Ciel était fier. Ciel avait du caractère. Pourquoi ferait-il preuve d'une telle faiblesse ? Pourquoi avait-il montré autant de faiblesse au blond ? Ciel était fier, mais il faisait passer les besoins du blond au-dessus de sa fierté. Ciel n'aurait jamais montré un signe qu'il puisse faire preuve de peur, à moins qu'il l'éprouve réellement. Alois fut sur le point de serrer le bleuté plus fort, lorsque l'autre garçon s'assit soudainement afin de se pencher au-dessus du blond, mettant une main de chaque côtés de sa tête tout en se baissant vers lui. Ses yeux étaient encore un peu absents, mais le reste de son expression donnait l'impression qu'il était sérieux.

- Pourquoi crois-tu cela aveuglément ?! demanda-t-il. Je suis une horrible personne ! Tu l'as dit toi-même ! Je suis « mauvais ». Comment peux-tu ne pas avoir peur après ce que je t'ai fais ? Je suis un monstre, Jim !

Sa frustration grandit alors que cela ne semblait faire ni chaud ni froid au blond, mais avant qu'il puisse continuer, il fut tu par ce dernier qui s'était avancé pour le faire taire, avant de tenir sa joue. Comment est-ce que le tempérament impétueux du bleuté pouvait-il être calmé par un tel geste, il ne le saurait jamais. Ciel laissa la main du blond faire alors qu'il caressait la joue du bleuté avec son pouce.

- Mais, Ciel, un monstre ne regretterait pas ce qu'il aurait fait, dit Alois en offrant un léger sourire.

Presque instantanément, l'expression du bleuté s'adoucit, et il passa des mains aux coudes. Il se pencha et leurs fronts se touchèrent, sans se soucier des mèches ensanglantées et collantes du blond qui se mêlaient aux siennes. Il ferma les yeux, laissant échapper un profond soupir avant de poser ses lèvres contre celles du blond dans un tendre baiser. Lorsqu'il se recula, le blond souriait toujours en frottant leurs nez ensemble.

- Pourquoi es-tu aussi bon avec moi ? demanda Ciel et le blond ricana.

- Parce que tu es toujours bon avec moi, répondit Alois. Si je n'étais pas capable de te soutenir quand tu as le plus besoin de moi, alors quel genre de petit ami je serais ?

- Tu cites Sebastian… commença le bleuté, … Quel tue-l'amour…

Alois rit.

- Tu adores ça.

- Je t'aime.

- Je t'aime, aussi, muffin.