Écrit par HateWeasel
336. Neurosciences.
Alois était soulagé. Il pouvait enfin respirer à nouveau, ses côtes presque complètement guéries. Le blond était également content que le bleuté à ses côtés aille mieux, quoique son esprit était encore quelque peu embrumé. Il était content que l'autre garçon soit blotti contre lui dans le lit d'hôpital, chacun profitant de la présence de l'autre, alors que le bleuté n'était pas d'humeur bavarde pour le moment. Alois appréciait tout particulièrement cela, étant donné que d'ordinaire, leurs rôles étaient inversés. Il se sentait jubiler, d'une certaine manière.
Toutefois, le fait était qu'ils ne savaient toujours pas ce qui avait provoqué tout cela. Comment un poison pouvait-il affecter Ciel Phantomhive, l'une des personnes les plus têtue et déterminée qui soit, d'une manière aussi étrangement spécifique ? Ciel avait toujours eu un rapport particulier avec « l'humanité », alors était-ce une pure coïncidence ? Sûrement, puisque le démon qui avait fait cela n'avait jamais rencontré ou même entendu parler de l'autre garçon auparavant.
Alois espérait que ce ne soit qu'une « coïncidence ». Quelque chose le dérangeait dans toute cette histoire. Le blond espérait que les tests auxquels le bleuté avait été soumis en arrivant à H.E.L.L.S.I.N.G donnerait de plus amples informations.
Oh, bon sang, ces démons s'étaient enfuis.
Sir Integra n'allait clairement pas être contente d'apprendre tout cela. Et si elle jugeait Ciel comme étant « dangereux » ? Et si elle ordonnait son bannissement, ou pire, son exécution ? Ciel n'était pas dangereux ! Il était Ciel ! Il était loyal envers son pays, et ses employeurs. Il effectuait ses missions avec brio, et surpassait leurs attentes. Plus encore, son cœur était humain. Les seuls avec qui il était « dangereux » étaient les criminels, ses cibles, et quiconque tenterait de blesser ceux qui lui étaient chers. Ainsi, il était davantage un danger pour lui-même que pour qui que ce soit d'autre, à l'heure qu'il était. Il avait été mis dans une position vulnérable alors qu'il n'y était pas préparé. Cela allait avoir un impact sur sa santé mentale.
Et si le venin l'affectait de manière permanente ? Et s'il perdait complètement la tête après tout cela ? Deviendrait-il fou, ou même violent, même une fois que le romarin aurait entièrement quitté son organisme ? Ciel avait peur. Alois le savait.
Le bleuté avait eu conscience de ce qu'il faisait, et il n'avait rien pu faire pour s'en empêcher. Perdre le contrôle le terrifiait, et perdre ceux qui étaient devenus important pour lui lui faisait encore plus peur. Combiner ces deux facteurs à sa peur de ne plus être « humain » était la recette parfaite pour un désastre.
Ciel avait senti les os du blond se briser sous les coups. Il avait senti le crâne du garçon heurter le mur, encore, et encore, et il avait entendu le bruit que la brique faisait lorsqu'elle touchait ledit crâne. Le bleuté arrivait encore à se rappeler du goût du sang d'Alois, et cela le perturbait. Il n'était toujours pas capable de comprendre comment le blond réussissait à lui pardonner ! Cela ne faisait que l'inquiéter d'autant plus. Il se tenait fermement au blond, et refusait de lâcher, même lorsque la porte se mit à s'ouvrir.
- Monsieur Macken, j'ai les résultats des examens de Ciel, est-il… Oh… s'estompa le Docteur Ackerman en étant témoin de la scène.
La femme âgée ajusta ses lunettes sur le haut de son nez, alors que son regard se concentrait sur les deux garçons dans une position ouvertement romantique, dans les bras l'un de l'autre allongés dans le lit.
- Il ne se passe rien, je vous l'assure, dit Alois. Ciel est toujours dans les vapes, et il a insisté pour des câlins.
- Eh bien, ça a plus de sens que les « lunettes de soleil » de tout à l'heure, répondit le docteur en haussant les épaules.
En tant que femme de science, elle n'était pas contre l'homosexualité étant donné qu'il était prouvé que c'était quelque chose de naturel. Elle ne le comprenait ni ne l'approuvait vraiment, mais, elle l'admettait, c'était probablement à cause de son âge.
- Voulez-vous que je vous dise les résultats maintenant, ou devrais-je attendre que Monsieur Phantomhive ne soit plus… s'estompa-t-elle, n'étant pas sûr du bon terme.
- Complètement défoncé ?
- Voilà.
- Allez-y. Je peux lui expliquer plus tard.
La femme sourit et prit l'un des nombreux dossiers dans ses bras avant de le tendre au blond. Puis, son visage devint quelque peu sérieux. Cela n'augurait rien de bon.
- Nos recherches ont conclu que le venin injecté dans le corps de Monsieur Phantomhive était une neurotoxine fait pour cibler des régions très spécifiques du cerveau, commença-t-elle alors qu'Alois l'écoutait, ouvrant le dossier pour regarder les photographies du crâne de son petit ami.
- Elle s'attaque aux régions responsables de la peur, reprit la femme. La toxine s'en prend à l'amygdale et au cortex préfrontale, agissant sur des données préconditionnées pour s'en servir de base. En d'autres termes, elle « apprend » ce qui effraye l'hôte. A partir de là, elle stimule d'autres régions, et provoque des hallucinations, poussant le corps à agir davantage sur les pulsions qu'elle lance. Elle change le comportement externe, mais étonnamment, les comportements internes ne sont pas touchés.
- C'est pour ça que Ciel dit qu'il s'en rappel ? demanda le blond.
- Sans doute, répondit le Docteur Ackerman d'un air grave. Le but est de créer un bouleversement émotionnel et un traumatisme chez la cible. Monsieur Macken… Est-ce que… Est-ce que Ciel va bien ?
Soudain, le bleuté bougea légèrement.
- Je vais parfaitement bien. Je suis simplement un peu fatigué, voilà tout, dit-il d'un ton qui se rapprochait plus de son lui habituel. Cela ne se reproduira pas. La prochaine fois, je serai prêt pour le venin de cette crapule.
- Ça ne marche pas comme ça, répondit la femme. S'il vous fait une égratignure, vous allez quand même ressentir les effets de la neurotoxine. Vous ne pouvez pas l'évacuer de votre organisme simplement par la volonté…
Le bleuté se vexa et remit son visage contre l'épaule du blond, incapable de répliquer.
- Toujours aussi têtu… dit la femme avec un soupir. Nous ne savons toujours pas comment cela va affecter votre santé mentale à l'avenir, Monsieur Phantomhive. Il est de la plus grande importance que vous soyez prudent. Il y a des gens pour qui vous comptez, et qui ne veulent pas vous perdre.
Une vague de culpabilité transperça la poitrine du bleuté à cet instant, mais il ne dit rien. A la place, il choisit de cacher son visage dans l'épaule du blond sans un mot.
- Attendez-vous à une visite de Sir Integra une fois que vous aurez retrouvé vos esprits, reprit le Docteur Ackerman. Ce que vous avez fait est « inacceptable » aux yeux de H.E.L.L.S.I.N.G, alors vous aurez sans doute à vous justifier.
- Ce n'est pas juste ! s'écria Alois. Ce n'était pas sa faute !
- Malheureusement, certains des membres du Conseil des Douze ne le voient, hélas, pas ainsi, dit la femme en soupirant. Je suis sûre que Sir Integra comprendra. Elle est beaucoup plus gentille qu'elle en a l'air.
- Hmph ! fit le bleuté. Elle ? Gentille ? Ce ne serait même pas drôle en blague.
- Pourquoi est-ce que tu la détestes autant ? demanda la menace blonde.
- J'ai mes raisons, répondit Ciel comme s'il s'agissait de la chose la plus évidente au monde.
- Honnêtement, cette petite rivalité que tu as avec elle est tellement puérile…
- C'est elle qui a commencé, dit le bleuté, serrant le blond plus fort tout mettant son visage dans le cou du garçon. Je me fiche d'elle, de toute façon.
- Tu es tellement marrant quand tu es immature, songea Alois et l'autre garçon fit la moue.
Le Docteur observa en silence avant de sortir son stylo et de prendre quelques notes sur son presse-papier. Elle regarda les deux garçons.
- Hum, je sais que ce n'est pas vraiment le moment pour demander ça, mais comme vous êtes tous les deux là, il y a quelque chose que je voulais vous demander… commença-t-elle avec hésitation. J'ai besoin que vous répondiez avec franchise, d'accord ?
- D'accord, répondit le blond. Qu'y a-t-il ?
La femme réajusta ses lunettes avant de prendre la parole.
- Avez-vous tous les deux… des rapports sexuels ? demanda-t-elle et le visage des deux garçons se réchauffa immédiatement.
- Je, euh… Enfin, on… Euh… commença le blond, le bleuté bafouillant plus ou moins la même chose.
Le Docteur face à eux se contenta de lever les yeux au ciel.
- Je vais devoir vous poser quelques questions, dans ce cas.
