Écrit par HateWeasel
354. Curiosités politiques.
Warwick Academy ; la crème de la crème de l'enseignement au Royaume-Uni. Tous les écoliers rêvent de pouvoir se rendre à Warwick, les autres écoles aimeraient être Warwick, mais hélas, il n'y a qu'une seule Warwick Academy. Ici, il existe une pléthore de clubs et d'organisations étudiantes pour satisfaire tout le monde. Il y a l'équipe de rugby, qui est sans doute l'équipe sportive la plus connue de Warwick, celle de football étant la seul à lui arriver à la cheville, mais il y a aussi des clubs qui ne sont pas basés sur le sport, tel que le club d'art, le club de jardinage, et le club de photographie, ce dernier étant intimement lié au club d'album de fin d'année, dirigée par une certaine Miles.
Mais surtout, il y a les organisations étudiantes qui s'attellent à s'occuper des plaintes, des caprices, ainsi que des besoins de tout un chacun à Warwick. Il y a les surveillants de couloirs, et le Conseil des Élèves, qui est une réunion des présidents de chaque club de l'école. Au-dessus de tout cela, cependant, se trouve le Conseil Étudiant de Warwick, qui s'occupe de tout. Ce sont eux qui décident si la création d'un club est acceptable, et qui organisent les événements.
Contrairement aux autres clubs, cependant, les membres de ce groupe sont choisis via un vote dans toute l'école, et les élèves les plus prolifiques de l'établissement sont généralement ceux qui se présentent. N'importe qui peu se présenter, peu importe sa classe, mais seul les Terminales peuvent se présenter pour les postes de président et vice-président. C'est aujourd'hui que le verdict tombe, et Daniel Westley, n'était, en tout cas, pas content du tout.
- Comment j'ai pu perdre ?! demanda-t-il à personne en particulier.
- Probablement parce que tu n'étais pas le meilleur choix pour le poste, dit simplement Kristopherson depuis sa place.
- Comment ça ?! Mon père est dans la politique, bordel ! protesta le Westley.
Après une minute ou deux, il marqua une pause pour réfléchir avant de plisser les yeux vers son ami.
- Une minute, pour qui est-ce que tu as voté, Kris ? demanda-t-il, se penchant en avant sur sa chaise.
Il fronça les sourcils alors que l'autre garçon hésita.
- Lawrence, dit le faux-blond. Désolé, mais je ne pensais pas que tu serais capable de tout gérer.
- Pourquoi pas ?!
- Tu n'as même pas réussi à organiser l'excursion à Tamworth, Dan, fit remarquer Audrey. On a de la chance que Ciel l'ai fait, sinon on aurait eu de gros ennuis.
- Ah, oui, le grand Sir Phantomhive ! dit avec sarcasme le fils de politicien mécontent. Pas étonnant qu'il soit entré dans le conseil étudiant et pas moi !
- Je te demande pardon ? dit Ciel.
- Tu n'es pas au courant ? demanda Audrey. Tu as été élu vice-président. Lawrence est en tête.
- C'est la première fois que j'en entends parler... répondit le bleuté. Je ne me rappelle même pas de m'être présenté...
- Tu n'es pas obligé. Il faut juste que quelqu'un mette ton nom sur le scrutin.
- Je refuse, dit catégoriquement Ciel. Je n'ai pas le temps pour ces enfantillages.
- C'est pas des enfantillages ! protesta Daniel. Pense au pouvoir !
- Oui, se balader ici et là, faire le sale boulot dont l'administration se débarrasse, tout en prétendant avoir une quelconque influence sur le système dans sa globalité, dit le Phantomhive. Cela fait rêver.
- Qu'est-ce que tu veux dire par "prétendre" ? demanda Kristopherson. Ce n'est pas le conseil étudiant qui prends les décisions ?
- Non. Ce n'est pas lui, répondit Ciel. Il n'est là que pour faire croire aux élèves qu'ils changent quelque chose. S'ils ont l'impression de ne pas avoir leur mot à dire, alors le moral baisse, et les notes ainsi que la réputation de l'école chutent. C'est un commerce. Mieux vaut garder les clients heureux. Le véritable pouvoir vient de quiconque contrôle le budget de l'école. Le conseil étudiant ne le consulte même pas.
- Tu es vraiment déprimant, tu sais ?
- Préférerais-tu voir la réalité et trouver un moyen de faire la différence, ou vivre dans l'ignorance et faire avec ?
- Alors je devrais viser le conseil scolaire ? demanda le Westley, confus.
- Tu seras diplômé depuis longtemps au moment où tu auras le droit d'y entrer, et là encore, ce serra serré, dit le Phantomhive.
- Toujours déprimant, répondit Daniel.
- Crois-moi, j'ai eu beaucoup d'expérience avec la corruption et les organisations de l'ombre. C'est l'un des aspects les plus intéressants de mon travail.
- Sérieux, est-ce que t'es James Bond, un truc du genre ? intervint un certain garçon portant un bonnet avec un crâne dessus. Tu pourrais écrire une série de best-seller sur ta vie.
- Je ne suis pas écrivain, dit le bleuté. Je ne suis qu'un diable d'inspecteur, ajouta-t-il, et la menace blonde à ses côtés gloussa.
- Si tu nous racontais l'une de tes histoires, peut-être que l'un de nous pourrait l'écrire ? suggéra Kristopherson.
- Je ne préférerais pas.
- Pourquoi ?
- Je n'aime pas l'idée de les partager, dit simplement Ciel. Je préférerais garder le peu de "normalité" que j'ai devant vous tous. Peut-être un jour, mais certainement pas aujourd'hui.
- Ça me rend encore plus curieux... dit le faux-blond.
- La curiosité est un vilain défaut... dit Audrey.
- ... Mais aussi une qualité, ajouta Alois. Mais, si tu ne supportes pas l'idée que le conseil étudiant n'ait aucun pouvoir, alors tu ne supporteras clairement pas certaines de ces histoires.
- Tu les as entendues ? demanda Kristopherson.
- Bien sûr~! Parfois je les raconte à Luka, répondit le Macken. Ce sont d'excellentes histoires pour dormir.
- Tu vas faire vriller ce gamin... dit Daniel.
- Je ne lui raconte pas les parties morbides. Je garde ça pour quand il sera plus grand, répondit Alois.
- Ça explique pourquoi il n'arrête pas de me lancer cet étrange sourire chaque fois que je le vois... dit le bleuté.
- Il t'admire. Sois fier, dit la menace blonde avec un grand sourire. En plus, c'est plus simple comme ça pour expliquer notre travail. Si je lui dis que l'on s'en va un moment pour le travail, ça lui suffit. Il dit juste "Amusez-vous bien ! Faites attention !" et il retourne regarder Pokémon.
- Votre famille est tellement bizarre et normale à la fois, c'est presque à en devenir fou, dit Kristopherson. Maintenant je comprends pourquoi Dan voulait explorer votre maison...
- Tu vois ?! Ça saute aux yeux maintenant, nan ?! s'exclama Daniel en se levant de son siège avant que le Miles attrape ses épaules pour le pousser à se rasseoir.
- Assis, petit, dit Audrey en ricanant.
Les Phantomhive étaient la famille de démon la plus "ordinaire" à laquelle les Sept pouvaient penser. Le chef de la maison travaillait, et sa "femme" aussi. Le majordome restait à la demeure et s'occupait des enfants du groupe, et tout allait bien. La seule anomalie était le travail que le duo de démons faisait, ainsi que les événements surnaturels occasionnels dans la maison, généralement initiés par la menace blonde pour son propre divertissement.
Une telle banalité était à peine croyable. Dans la demeure Phantomhive, les démons et les meurtres n'avaient rien d'anormal, tout autant que garder un arsenal d'armes et d'objets maudits dans la bâtisse ; consciencieusement, bien évidemment, gardé sous les verrous. C'était comme avoir un pistolet avec un enfant chez soi. Il y avait des précautions, des règles, et de l'ordre dans ce qui pourrait ressembler à du chaos au premier regard. L'idée d'une "famille de démons" était stupéfiante, mais pour les Phantomhive, c'était leur "ordinaire". Les démons sont un élément de la vie de tous les jours, mais pour les humains, ils sont généralement invisibles. Les Sept Sensationnels avaient le luxe de voir le monde comme il était vraiment. Il s'agissait de la même réalité, mais la perception avait changée.
Qui plus est, il était choquant pour chacun d'entre eux de voir comment deux humains "normaux" étaient devenus des démons dérangés mais en même temps capables de vivre en société comme le duo de démons le faisait aujourd'hui. Kristopherson était le plus troublé par cette idée, étant donné qu'il avait vu le bleuté avant qu'il devienne... ça, en photographie. Le garçon avait ses deux yeux, pétillants et plein de vie, avec un large sourire sur le visage. Il avait également écouté les histoires du plus jeune Macken sur son frère. Le faux-blond avait mal au cœur en apprenant le bonheur qu'Alois avait connu, sachant ce qui s'était produit par la suite.
Souvent, les Sept étaient horrifiés par les événements qui avaient forgés le duo. Les mots n'avaient pas autant d'impact que les images qu'ils avaient à présent, ainsi que les histoires de leurs enfances. La véritable gravité de l'histoire frappa lorsque tout fut mis en perspective. Ce ne fut que là que les garçons purent à peine commencer à se rendre compte de l'horreur des événements ; lorsqu'ils eurent l'image d'enfants ordinaires et heureux, qui jouaient avec des gens qui les aimaient et les chérissaient, tout cela pour finir par en être dépouillés et changés en monstre. Les monstres les plus effrayants sont ceux qui ont été heureux autrefois. Ce sont les monstres qui ont une raison de tuer.
Les garçons étaient, cependant, sincèrement contents pour le duo. Même après toutes leurs souffrances, ils avaient d'une manière ou d'une autre réussis à trouver le bonheur. C'était comme si la fin d'une tragédie avait été réécrite pour que le bien finisse par triompher sur les forces du mal. Enfin, les héros étaient rentrés. Il y avait de la joie, il y avait de l'amour, et tout allait à nouveau bien.
Ceci dit, ils avaient le reste de l'éternité devant eux. Tout ce que l'on pouvait espérer était que la joie perdure. Le calme était troublant pour les démons. Ils avaient l'impression qu'une tempête se préparait. C'était pour cette raison qu'ils cherchaient des conflits pour rester serein. Résoudre des meurtres était presque thérapeutique pour Ciel et Alois. Ils avaient été dans l'obscurité pendant si longtemps, que rester dans la lumière un peu trop de temps brûlait.
Aussi divertissant qu'avait été la situation de détresse des Sept Sensationnels avec la statue de Centaure de Tamworth, ce n'était pas suffisant. Les démons avaient besoin de quelque chose pour les occuper. Ciel avait espéré que H.E.L.L.S.I.N.G ait des difficultés avec l'affaire de la Black Annis, mais hélas, le bleuté n'avait pas reçu la moindre information sur sa progression. Ciel et Alois commençaient tous les deux à être anxieux à cause de cette horrible paix.
- Plus cool que ta famille, je parie, dit finalement Alois. Est-ce que ta famille résout des meurtres et éclate la tête de trucs surnaturels ?
- Non, mais mon père est acteur, et ma mère est giga excentrique, répondit Kristopherson.
- C'est vrai, ajouta Daniel. Cette femme a des cheveux courts roses, elle porte de la fourrure, et elle fume tout en faisant des blagues salaces.
- Je l'ai déjà vu aussi, dit Preston, un air mal à l'aise sur son visage. Tu l'aimerais beaucoup, Alois. Crois-moi...
- Kris, je dois rencontrer ta mère, répondit le Macken en mettant ses mains sur son bureau tout en se penchant en avant.
- Jamais. Elle va devenir folle en te parlant, dit finalement le Miles. A moins que tu veuilles qu'elle n'arrête pas de dire à quel point Ciel et toi vous faites "un adorable couple", je ne le recommanderai pas. Elle va probablement demander à ce que vous posiez pour elle...
- Est-ce qu'on sera payé ?
- Hors de question, intervint le Phantomhive, les bras croisés et les sourcils froncés, son expression ne changeant pas même lorsque le blond se mit à lui pincer les joues.
- Mais Ciel~! Tu es tellement mignon~! dit la menace et l'autre garçon se contenta de ricaner.
Après quelques instants, il lâcha le visage du bleuté pour mettre ses bras autour des épaules de l'autre garçon, jouant avec ses mèches d'une étrange teinte bleuâtre.
- D'un autre côté, j'ai un peu envie de te garder pour moi, ajouta Alois en se frottant contre la joue de Ciel.
D'ordinaire, le Phantomhive aurait tenté de mettre un terme aux actions du blond, cependant, il a été démontré à de nombreuses reprises que lorsqu'il s'agissait d'Alois Trancy, toutes tentatives de le pousser à se comporter de manière appropriée en public étaient vaines. De plus, le bleuté s'était simplement habitué à ce type d'interaction. Cela faisait juste parti des conditions pour sortir avec la menace. D'ailleurs, le cours allait bientôt débuter, alors cela ne servait à rien de se fatiguer. Le blond devrait se séparer lui-même du bleuté afin d'y participer. La supposition de Ciel fut bonne, alors que l'enseignante entra dans la classe.
- Monsieur Trancy, veuillez vous séparer de Phantomhive s'il vous plaît, demanda directement Madame Chang, la professeur d'Anglais.
La femme était plutôt habituée aux pitreries du blond à présent, et elle ne s'embêta pas à perdre du temps à cause de cela.
- Ça n'a même pas encore sonné ! protesta le blond.
- Tant que vous êtes dans l'enceinte de l'école, vous devez suivre les règles, répondit la femme.
- Mais Ciel est câlinable !
- Ça m'est égal. Faites ça plus tard, dit Madame Chang.
- Mais je suis comme un lapin ! Si je n'ai pas assez d'attention, je meurs !
- C'est une information dont je n'ai pas besoin, Trancy, répondit l'enseignante.
Alois fronça les sourcils alors que la salle de classe se remplit de gloussements étouffés venant de ses camarades de classe, ses amis inclus. Serrant une dernière fois, la menace blonde déposa un baiser sur la joue du bleuté avant de le relâcher, et la professeur leva les yeux aux ciel.
- Bon, allez à la page cent trente huit de La Nuit des rois, ordonna Madame Chang. Nous allons reprendre là où nous nous sommes arrêtés la semaine dernière...
- Gaaay~!
- Oui, monsieur Trancy. Nous savons que vous l'êtes.
