Petit message pour vous prévenir qu'il n'y aura pas de chapitres avant la fin août, je pars en vacances.

Bonne lecture !


Écrit par HateWeasel

357. Tout est prévisible.

Des heures semblaient être passées lorsque le blond rejoignit enfin le bleuté, manquant de tomber dans les escaliers dans son empressement. Ciel soupçonnait le blond d'avoir eu du mal à choisir quoi porter. Ses soupçons étaient en fait, correctes, bien que le blond n'oserait pas l'admettre.

- Oh, alors tu t'es enfin décidé à me rejoindre ? taquina le bleuté. Je commençais à me demander si la "surprise" était que je me retrouverai à y aller tout seul !

- Oh, très très drôle... dit Alois, ses mots dégoulinant de sarcasme. Pour ton information, j'essayais de trouver ça.

La menace mit une main dans sa poche avant de tendre le bras au bleuté, dont l'œil s'écarquilla avec surprise. Devant son visage se trouvait une paire de clés de voiture. Le Phantomhive n'arrivait pas à imaginer comment le blond en avait fait l'acquisition, ou qu'est-ce qu'il comptait en faire.

- Et que vas-tu donc faire avec ceci ? demanda-t-il finalement. Je ne me rappelle pas que tu ais eu ton permis !

- C'est parce que tu étais trop occupé pour remarquer~! dit fièrement le blond en prenant les clés pour les faire tourner autour de son doigt. Pendant que tu broyais du noir, j'ai demandé à Sebastian de m'apprendre à conduire. J'ai passé l'examen, j'ai réussi, et maintenant : les clés de la Mercedes Benz sont entre mes mains.

- Et tu ne m'en as jamais parlé parce que... ? demanda le Phantomhive.

- Je voulais te surprendre. Ça a marché ? répondit Alois avec un sourire satisfait. Mais ce n'est pas la véritable surprise. C'est le rencard lui-même !

- D'accord... dit finalement Ciel, acceptant simplement la tournure des événements.

S'il s'avérait que le blond n'était en fait pas en mesure de se servir d'un véhicule motorisé, le bleuté supposait qu'ils pouvaient juste appeler un taxi.

- A plus, les nullos ! dit le blond sur un ton plaisantin alors que son bien-aimé et lui sortirent en direction du garage.

Il était suivi du bleuté, qui devait l'aider à trouver le véhicule. Le blond avait encore un peu de mal à différencier les divers modèles, puisque pour lui, il savait seulement qu'il y avait des voitures, des camions, des fourgons, et plus encore. Il n'y avait pas d'autres différences, et le fait que la plupart des voitures de la demeure Phantomhive soient toutes peintes en noires ne l'aidait pas vraiment.

Finalement, le carrosse de leurs rêves fut trouvée, et jusqu'ici, le blond ne se débrouillait pas très bien. Il avait commencé à être un peu frustré et encore plus embarrassé par son "incompétence", et se demandait à lui-même s'il était réellement capable de faire cela ou non alors qu'il était assis à la place du conducteur. Il fut seulement ramené à la réalité lorsqu'il entendit le claquement de la portière à sa gauche.

- Vous vous mettez devant aujourd'hui, "monsieur" ? plaisanta-t-il pour tenter de calmer ses nerfs.

Le bleuté se contenta de lever l'œil au ciel.

- Eh bien, ce ne serait pas vraiment un rendez-vous si nous étions éloignés, si ? répondit le Phantomhive. Alors, qu'est-ce qui est prévu pour aujourd'hui ?

- Je t'ai dis que c'était une surprise ! répondit le blond. Et je suis ton copain, pas ton majordome. Tu as dit ça comme si je m'occupais de ton emplois du temps...

- Disons que comme tu es actuellement à la place du chauffeur et sur le point de m'emmener quelque part pendant un certain temps, tu es en quelque sorte dans la peau d'un majordome.

- Ah, mais les majordomes n'ont pas de rencards avec leur maître.

- C'est vrai, et les majordomes ne restent pas non plus juste assis là sur leur siège alors qu'il faut y aller, plaisanta Ciel, rappelant au blond leur mission. Ou ne sais-tu réellement pas conduire finalement ?

Alois se contenta d'avoir l'air vexé et de mettre le contact. Il vérifia le rétroviseur avant de sortir la voiture de son emplacement. Jetant un dernier coup d'œil au bleuté, il marqua une pause pour tirer la langue à l'autre garçon avant de longer l'allée.

- Ça t'en bouche un coin, hein ? demanda le blond, plutôt satisfait de lui.

- Attends que nous arrivions au niveau de Londres...

Ciel avait raison. Les voitures prenaient presque toute la place sur la route, étant donné que les garçons avaient eu la mauvais idée de débuter leur aventure durant les heures de pointes du soir, lorsque tout le monde rentraient du travail. Le duo de démons en profita donc pour discuter de tout et de rien, d'affaires, de plaisir, et de la vie en général. Ils se taquinaient et passaient un bon moment, mais après un certain temps, Alois recommença à se sentir anxieux.

- Putain, murmura-t-il dans sa barbe, jetant des coups d'œil un peu partout.

Son bien-aimé leva un sourcil face au comportement du blond, mais en réalisa aussitôt la raison.

- Besoin d'aide pour le trajet ? demanda-t-il, et le blond ricana.

- Quoi ? Non ! Je gère ! dit le blond pour le rassurer, inutilement. Ta jolie petite bouille n'a pas à s'en faire ! Je sais exactement où je vais.

C'était il y a une heure. La menace blonde était passée dans le même quartier presque trois fois, maintenant, et ça continuait. Il tapotait de l'index sur le volant alors que sa frustration devenait apparente. Lorsque l'adolescent subit une queue de poisson, là, ce fut presque la goutte d'eau qui allait faire déborder le vase. Le garçon avait l'air de vouloir faire signe à l'autre voiture de s'arrêter pour lui remettre les idées en place avec ses poings.

- Tu sais, ce n'est pas grave si tu as besoin d'aide pour trouver... dit le bleuté.

- Mais alors ce ne sera plus une surprise ! s'écria le blond.

Il fronça fortement les sourcils avant de sortir son téléphone au prochain feu rouge, écrivant le nom de l'endroit qu'il cherchait désespérément.

- Feu vert.

- Oh merde ! s'exclama Alois après l'observation du bleuté, mettant les gaz avec son téléphone en main ; du moins, jusqu'à ce qu'il le lâche et qu'il tombe par terre. Putain !

- Je m'en occupe, dit Ciel en se penchant en avant.

Heureusement, il était tombé du côté passager du véhicule. Avant que le blond puisse l'arrêter, il eut le temps de voir ce que le garçon avait commencé à chercher.

- Oh, le Musée Sherlock Holmes, hein ? demanda le bleuté. Ça l'air sympathique.

- Tu n'étais pas censé regarder ! dit le blond. Maintenant ce n'est pas une surprise !

- Désolé... s'excusa Ciel. Je ne l'ai pas fait exprès. Comment sais-tu que je n'y suis jamais allé, ceci dit ?

- J'ai demandé à Sebastian, répondit le Macken. Je voulais essayer la visite sur Jack l'Éventreur, mais de toute évidence, tu en sais déjà bien assez sur "lui", pas vrai ? Je me suis dit que ça pourrait soit te faire avoir un vrai fou rire, soit une grosse colère.

- Possiblement un mélange des deux, dit le bleuté. Tourne à droite, là.

- On est là ridiculement tôt.

- Eh bien, nous pouvons toujours aller manger quelque chose.

- Un peu tôt pour ça aussi.

- Ce n'est pas comme si nous nécessitions vraiment de manger, cela dit.

- C'est pas faux, dit le blond. Je comptais chercher l'itinéraire pour le restaurant pendant la visite, après.

- Je peux probablement te dire où il se trouve, répondit Ciel. Comment s'appelle-t-il ?

- Je crois que c'était genre, "Galvin la Chapelle", un truc comme ça ?

- Jim...

- Ouais ?

- Il faut réserver pour y aller... fit remarquer le bleuté.

Il regarda avec étonnement le visage du blond se tordre en une grimace menaçante.

- PUTAIN ! cria-t-il de toutes ses forces, ne prêtant pas attention au fait que les fenêtres étaient baissées.

Le garçon écrasa le frein, et les voitures derrière lui se mirent à le klaxonner.

- Ah, vos gueules ! leur cria-t-il avant de redémarrer, les mains cramponnées au volant avec assez de force pour étrangler un homme faisant trois fois sa taille.

Son bien-aimé était sans voix face à ce comportement. Après tout, il était rare de voir le blond dans tous ses états. Ciel tendit le bras afin de prendre l'une des mains du garçon pour tenter de calmer la furie qu'il s'infligeait lui-même.

- Ne t'inquiète pas, ce n'est pas la fin du monde, dit-il d'un ton rassurant. En plus, j'y ai déjà mangé. Tu détesterais. C'est un établissement très chic. J'ai un autre endroit en tête. Tourne à gauche juste ici.

Bien que l'ego du blond était touché, il n'avait pas d'autre choix que de s'exécuter. Une quelconque tentative de protestation le ridiculiserait seulement davantage. Après avoir suivi les consignes du bleuté, le duo de démons finit dans un petit établissement passant plutôt inaperçu. Les nerfs du blond s'étaient calmés pendant le trajet, mais il était toujours incertain.

- C'est ici ? demanda-t-il en garant la voiture. Ça ne ressemble pas à un endroit que tu fréquenterais...

- Je fréquente n'importe quel endroit tant que la nourriture est bonne, répondit le bleuté. C'est beaucoup mieux à l'intérieur, ajouta-t-il en tenant la main de la menace alors qu'il emmena le garçon dans le bâtiment.

Ils s'assirent et eurent chacun un menu, et à la grande surprise d'Alois, tout ce qui y était donnait l'appétit. Il n'y avait que Ciel pour trouver un endroit pareil sur le moment. Le démon blond émit un profond soupir en pensant à cela. Cela ne passa pas inaperçu auprès du bleuté assis en face de lui.

- Tout va bien ? demanda le garçon, connaissant déjà la réponse.

Il affichait un air inquiet alors que le blond lui adressa un sourire tristounet.

- Ouais, juste un peu déprimé, répondit Alois. Je voulais te préparer quelque chose, mais j'ai tout gâché... Je ne suis juste pas doué pour ce genre de choses... Je ne sais pas comment m'organiser et prendre de bonnes décisions. C'est ton truc. Tout ce que je peux faire, c'est te suivre...

Alois essayait. Il essayait de faire de son mieux pour impressionner le bleuté, et il avait été plus que frustré lorsque les choses avaient commencé à prendre une mauvaise tournure. Cela heurtait son amour propre et le faisait se sentir inférieur. Même après des semaines de réflexion, le blond était tout simplement incapable de réaliser le rendez-vous "parfait". Ce n'était juste pas dans ses cordes, bien qu'il y ait mis tout son cœur. Le bleuté, cependant, avait compris ce que l'autre garçon essayait de faire bien avant qu'ils partent, et en toute franchise, cela lui allait droit au cœur.

- De quoi est-ce que tu parles ? Tu t'en sors merveilleusement bien jusqu'ici, dit le bleuté et le blond leva un sourcil en grimaçant.

- Ciel, ne minimise pas les choses. Ça ne te ressemble pas, répondit Alois. J'ai perdu beaucoup de temps en ne trouvant pas le chemin, et je ne savais même pas pour le restaurant, pire que ça, je n'arrivais même pas à trouver la foutue voiture dans le garage !

- Peut-être, mais tu te rends tout de même compte que tu n'es dans le monde "moderne" que depuis quatre ans, et que tu as ton permis de conduire avant moi, commença le Phantomhive en énumérant les choses sur ses doigts. Tu as tenté de retenir le trajet bien que tu ne sois pas habitué à la ville, tu as retenu l'emploi du temps alors que je t'ai pris de court, et que tu n'avais donc pas vraiment le temps de le faire, tu as fait des recherches, et tu as demandé conseil à d'autres personnes tout en faisant un véritable effort pour t'accommoder à mes goûts en dépit des tiens. De mon point de vue, tu as tout bien fait.

- Alors je fais tout "bien", et j'arrive quand même à rater ? demanda le Macken. Génial...

- Non, c'est juste la vie. Ça peut arriver à tout le monde, surtout à un démon quelque peu cinglé qui voyage dans le temps, dit Ciel en tendant la main par-dessus la table afin de prendre la main du blond. Et même avec tout cela, tu as quand même essayé, et avec tout ce que tu avais. J'ai toujours un peu admiré cela. Et, le fait que tu le fasses pour moi ? Eh bien, pour être franc, ça me touche.

Lentement, le blond sourit. Il prit la main de l'autre garçon en retour. Ainsi, il releva enfin les yeux.

- Quel charmeur... dit-il en lançant un sourire joueur. Peut-être que tu devrais l'être moins parfois, et me laisser mon tour.

- Je t'en prie, tu es charmant sans même le vouloir, répondit Ciel.

- Au moins laisse-moi payer le repas cette fois, par contre.

- Comme tu veux, Jimmy.

- Un grand merci, Cielinou, dit le blond d'un air taquin. Bon, je suis prêt à commander. Et toi ?

- Encore une minute. Je n'ai pas encore décidé, répondit Ciel. J'étais trop occupé à caresser ton ego.

- Ce n'est pas la seule chose que tu vas caresser aujourd'hui, plaisanta Alois avec un sourire narquois.

- Merci d'avoir la courtoisie de m'offrir un dîner d'abord. Quel gentleman.

- Une démarche hétéronormée.

- Et pourtant il n'en est rien.

Alois se contenta de rire du petit échange tandis que le bleuté sourit derrière son menu à cause du ridicule de la discussion. Il était content d'avoir enfin réussi à remonter le moral du blond après tout ce que le pauvre garçon avait fait pour essayer de lui faire passer un bon moment. Ils commandèrent leurs plats, et se mirent à discuter comme à leur habitude, parlant de différentes choses, certaines qui agacèrent quelques uns des autres clients qui les entendaient.

- Alors tu es en train de me dire qu'il ne faut que deux à trois minutes pour mourir d'une perte de sang ? demanda Alois entre deux bouchées de son cher plat graisseux de fish n' chips. Comment est-ce que j'ai survécu à cette merde ?

- Eh bien, cela dépend d'où se trouve la blessure ouverte, et de la rapidité des soins, répondit le Phantomhive. Dans ton cas, tu avais une bande de démons prêt à s'occuper de toi sur le champ.

- Ça fait quand même un mal de chien.

- Je sais, et j'en suis désolé. J'ai reçu une balle plus ou moins au même endroit, et j'ai cru comprendre que la sensation était semblable.

- Vraiment ? Quand ?

- La garde personnelle de Sa Majesté, 1888, répondit le bleuté. Un an avant de te rencontrer. Je ne suis pas tout à fait sûr de savoir comment j'ai survécu à cela, car je n'ai pas été soigné pendant plusieurs heures. C'était juste avant que Sebastian tue l'ange qui travaillait pour la Reine Victoria. Je l'aurais bien tuée, mais elle est morte avant. J'étais en état de choc presque tout le long, cela dit.

- Ooh~! Dis m'en plus, ignoble démon ! lança Alois, feignant un frisson.

Le bleuté ricana, mais alors qu'il fut sur le point d'ouvrir la bouche pour répondre, son téléphone vibra. Il regarda le blond, lui demandant silencieusement la permission de répondre.

- Vas-y, dit Alois en faisant un geste de la main.

Le bleuté jeta un œil à l'appareil, découvrant qu'il ne s'agissait pas d'un appel, mais plutôt d'un message agaçant.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda le blond.

- Le travail, répondit Ciel. C'est l'inspecteur Bailey.

- Ne me dis pas que... c'est un meurtre ? Maintenant ?

- Non, pas un meurtre, dit le bleuté. Un enlèvement.

- La police ne peut pas s'en occuper ?

- Probablement pas. Ce n'est pas un enlèvement comme un autre, dit Ciel. Ce sont les enfants d'un homme politique connu.

- Tu déconnes...

- Non... Nous ne pouvons pas ignorer cela... Je te laisse deviner qui a été enlevé...

- Est-ce que le nom "Westley" a un rapport par hasard ? demanda le blond.

- En effet, oui, répondit le bleuté.

- Bon. Laisse-moi régler l'addition d'abord.

- Je serai dans la voiture.

- Les clés ? dit le blond, jetant les clés du véhicule à l'autre garçon.

- Merci, dit Ciel en attrapant l'objet avant de se diriger vers la sortie.

Son bien-aimé resta en arrière et secoua la tête.

- Merde, Daniel... Tu casses les couilles même sans le vouloir...