Écrit par HateWeasel
361. La panthère rose.
- Daniel, chéri ! Quel plaisir de te voir ! Enfin, pas dans cet état, mais tu vois ce que je veux dire !
Les enfants Westley avaient appelé chez eux pour faire savoir à leurs parents qu'ils allaient bien, découvrant ainsi que leur domicile n'était pas habitable, pour l'instant, et que leurs parents avaient pris une chambre d'hôtel. Monsieur et Madame Westley étaient soulagés de savoir que leurs enfants allaient bien. Ils s'étaient fait un sang d'encre ! Ils leur avaient proposé leur propre chambre à l'hôtel, mais pour être franc, Daniel et Samantha ne voulaient pas s'embêter avec ça pour le moment. C'est pour cette raison qu'ils allèrent au seul logement auquel ils pouvaient penser. La demeure des Miles.
Daniel préférait éviter de rester au manoir Phantomhive après l'incident de sa dernière visite, alors il téléphona à un autre ami. Cet ami était Kristopherson Miles, son meilleur ami depuis des années, qui accepta sans problème. Alors, après un petit trajet avec le Phantomhive et le Trancy, il arriva devant la porte, étant accueillit par une femme plutôt excentrique du nom de Andrea. Andrea Miles ; la mère de Kristopherson.
La femme avait les cheveux courts, teints en rose, avec les côtés rasés, et elle portait des tenues des plus extravagantes. Ce n'était pas étonnant pour une grande créatrice de mode, mais voir cela restait assez choquant pour le duo de démons. Elle se tenait là, une cigarette au bout de ses ongles violet manucurés à la française, leur souriant à tous chaleureusement.
- Content de vous voir aussi, Mme M, répondit Daniel avec un sourire altéré. Merci de nous laisser passer la nuit, Sam et moi.
- Ne t'en fais pas. Rentrez à l'intérieur, et nous allons vous rabibocher. Kristopher a sorti la trousse de secours, et Kris vous a préparé des vêtements de rechange, répondit la femme. Oh ! Et qui êtes-vous ? demanda-t-elle, faisant également entrer les deux démons.
- C'est Ciel et Alois, dit Daniel, répondant à leur place. Ils nous ont sauvé les miches.
- Oh ! Alors c'est vous Ciel et Alois ! dit la femme. J'ai beaucoup entendu parler de vous~! Entrez, entrez ! Ne soyez pas timide !
Les deux démons regardèrent la femme, se regardèrent, puis de nouveau la femme. Elle était étrange, pas seulement en apparence, mais aussi dans son comportement. Elle était pleine de vie, amicale, mais en même temps elle dégageait une sorte de férocité qui rendait le duo extrêmement confus. Il était dur de croire que cette femme était en fait la mère d'un garçon comme Kristopherson. Ils avaient les mêmes yeux et la même attirance pour la couleur rose, mais à part ça, ils ne se ressemblaient pas du tout.
- Attention, les garçons, elle va peut-être vouloir vous déguiser, taquina Daniel, enthousiasmé à l'idée de voir ce que la femme haute en couleur avait prévu pour les pauvres démons.
- Non, non, non, non ! protesta la Miles. Et encore une fois non ! Ce genre de visage a besoin de vêtements spécifiques ! Pas de ce qu'il y a au fond d'un placard ! Malheureusement, je n'ai pas le temps de trouver quelque chose, alors j'ai bien peur que ça devra attendre un autre jour... dit-elle d'un ton déçu. Quoi qu'il en soit, merci d'avoir sauvé Danny. Je ne sais pas ce que mes enfants feraient si quelque chose lui arrivait, ajouta Madame Miles en s'adressant au duo. Danny ! Qu'est-ce que tu fais encore ici ? Va te faire soigner !
- Oui, madame, dit le Westley sans aucune protestation.
Il était étrangement poli envers la femme, qui s'était dirigée vers un grand siège inclinable dans le salon pour y prendre place. Elle regarda le duo, qui la regarda en retour, incertain de savoir quoi faire.
- Allons, asseyez-vous, enfin ! ordonna-t-elle, attirant leur attention. Reposez-vous. Vous venez de faire échouer un enlèvement, après tout.
Gênés, les deux garçons prirent place sur le canapé dans la grande pièce, toujours incertains de quoi faire. Ils firent de leur mieux pour ne pas fixer la femme originale alors qu'elle les observait, faisant des cercles de fumées avec sa cigarette. Soudain, cependant, elle s'avança, se rappelant de quelque chose.
- Oh ! Dites-moi, la fumée ne vous gêne pas ? Je peux l'éteindre, si vous voulez, dit-elle.
- Non, ça ne me gêne pas... dit le bleuté.
- Pareil, ajouta son bien-aimé.
La mère de Kristopherson se contenta de lever un sourcil.
- Pas très bavard, hein ? demanda-t-elle pour les taquiner. C'est bizarre, parce que Kristopherson m'a dit que tu étais un vrai phénomène, Alois.
- J'ai appris à bien me comporter avec les nouvelles personnes, dit simplement le blond en croisant les bras.
- Ça se voit. Ne l'avais-tu pas menacé avec une chaussette pleine de monnaie une fois ?
- Non, répondit la menace. Deux fois.
Il sourit en obtenant un rire de la part de la Miles.
- Et toi alors, Ciel ? demanda-t-elle. J'ai entendu dire que tu étais un véritable instigateur.
- J'ai bien peur que ce soit classifié, dit Ciel, croisant les bras.
- Ooh~! Tellement de sérieux, répondit Madame Miles, posant son menton dans sa paume. Alors nous avons un instigateur sérieux, et un délinquant qui adore s'amuser ? Quelle équipe.
- Je préfère le terme "glandeur", plaisanta la menace blonde, la corrigeant. Ciel fait le plus gros du travail. Je suis juste une sorte de larbin.
- Ce n'est pas bien ! Les clés d'une relation stable sont l'égalité et la compréhension ! dit la femme. Ciel, tu laisses sans doute Alois prendre le rennes, parfois, non ?
Elle leva un sourcil alors que le bleuté préféra ne rien dire.
- Un vrai mystère celui-là, hm ? demanda-t-elle, se retournant vers le blond.
- Pas vraiment. Il est juste facilement embarrassé, répondit Alois, gloussant en voyant un léger rougissement se former sur les joues de son partenaire. Il est juste plus doué pour prendre les choses en mains. Dès que j'essaye, j'ai l'impression que tout tombe à l'eau...
Alors ça, ça attira l'attention de Ciel. Le bleuté essayait, à sa manière, de mettre de côté une partie de son orgueil et de laisser quelqu'un lui faire de l'ombre pour une fois, étant donné que cela semblait important pour Alois. La menace blonde avait son propre ego et ses problèmes de confiance en soi, il était donc important de lui laisser construire une forme de sécurité et de pouvoir. Il n'avait pas eu une centaine d'années pour s'améliorer, et de ce fait, il était encore en train d'apprendre.
- Tu as juste besoin d'entraînement, dit finalement le bleuté, évitant de croiser le regard des autres tout en feignant le désintérêt. Ce soir était la première fois que tu essayais d'organiser un rendez-vous. Qui plus est, ce n'est pas ta faute si Daniel est allé se faire enlever.
- Je sais, mais je ne veux pas être une sorte de fille manqué toute ma vie ! s'exclama le blond. Est-ce qu'avoir un moment macho ou deux c'est trop demander ?!
- Oh, alors vous êtes vraiment gay, tous les deux, dit une voix, attirant l'attention des trois autres.
Ils tournèrent la tête et virent Samantha se tenir à l'entrée de la pièce, portant les anciens vêtements d'Anastasia.
- Je m'en étais doutée.
- Je ne suis pas "gay", je suis Ciel-sexuel, corrigea Alois. Déso pas déso. Ton frère a été porté comme une princesse par une fille manqué qui aime les petits cyclopes bleus. J'espère que tu n'es pas trop contrariée.
La fille prit place sur l'accoudoir du fauteuil où la Miles étais assise.
- Nan, t'inquiète, dit-elle. Ça valait le coup de le voir comme ça. Il est vraiment sensible avec ce genre de choses. Ne t'en fais pas. Je ne suis pas comme nos parents ou notre imbécile de frère. Je ne comprends pas vraiment quel est le problème. Si tu es heureux, alors c'est bon.
- Samantha est clairement la plus futée d'entre eux, commenta Madame Miles. Daniel dit qu'il veut être Premier Ministre, mais il a une grosse concurrence.
- Je suis impatient de voir cette bataille ! s'écria Alois. Mais, ouais. Ciel et moi sommes ensemble. Avant qu'on nous appelle par rapport à votre enlèvement, j'étais en train d'essayer d'emmener ce bout de chou en rencard.
- Désolée, répondit la Westley. Ce n'était pas fait exprès, je le promets.
- A d'autres ! dit Alois, croisant les bras tout en feignant une grimace.
- Tu as raison. C'est cent pour cent ma faute. J'ai fait ça pour te contrarier, toi et tes "conspirations homosexuelles", comme maman le dit, dit Samantha, ses mots dégoulinant d'un sarcasme amusé. Se faire enlever c'est un vrai travail, alors je pense que je vais bientôt aller me coucher.
- La chambre d'ami est déjà prête pour toi, chérie, dit Madame Miles. Dis à Dan qu'il dort sur le canapé. Il n'ira pas à l'étage près de la chambre de ma fille adolescente pour des raisons évidentes.
- D'accord, dit la Westley en s'étirant après s'être levée. Bonne nuit, Madame M.
- Bonne nuit, Sammy, répondit la femme aux cheveux roses, regardant la fille sortir de la pièce, avec un sourire.
Dès que Samantha disparue, cependant, elle fronça les sourcils, surprenant les deux garçons.
- Tch.
- Qu-Que se passe-t-il ? demanda Alois.
- Cette petite ne mérite pas de vivre avec des ignorants comme les Westley... répondit la femme, éteignant sa cigarette. Aucun de leurs enfants ! Leurs parents sont mauvais, et ils ne sont jamais chez eux ! Je suis surprise que ce ne soit pas arrivé plus tôt !
- Est-ce qu'ils sont vraiment si mauvais ?
- Eh bien, d'après eux, toi, ton copain, et mon fils cherchez tous à détruire la société que nous connaissons, et les pauvres ne servent à rien, dit la femme. Leur père n'est pas le problème, ceci dit, c'est leur mère ! Maudite soit cette Barbara... Elle s'intéresse plus à l'argent et aux apparences qu'à ses propres gamins !
Étrange, qu'une créatrice de mode se plaigne de quelqu'un qui portait trop d'attention à son apparence, mais aucun des garçons ne posa de questions. Ils se demandèrent si un personnage aussi impétueux était caché au fond d'un certain faux-blond qu'ils connaissaient bien. Il était évident, cependant, d'où le garçon tenait ses fortes convictions.
- Vous ne l'aimez pas trop, hein ? demanda Alois.
- Non. Je ne l'ai jamais aimé, et ça ne risque pas de changer. Je ne faisais que la tolérer parce que nos gosses sont meilleurs amis, répondit la mère de Kristopherson en se levant. Bon, je pense que je ferais mieux de m'assurer que son fils n'est pas encore mort. Désolée de m'être emportée devant vous. Elle m'énerve tellement !
- Ne vous en faites pas. Ciel est comme ça avec l'une de nos chefs.
- Ce n'est pas ma cheffe, interrompit le bleuté.
- Un peu quand même... répondit le blond. Je pense qu'on va y aller, aussi ? Dites à Kris de nous appeler si vous avez besoin de quoi que ce soit.
- Ça marche. C'était un plaisir de vous rencontrer tous les deux ! J'ai toujours l'envie de créer quelque chose pour vous, un jour, alors ne croyez pas être tiré d'affaire, répondit Madame Miles. Désolée pour votre rencard, d'ailleurs, mais voyez le bon côté des choses, la soirée n'est pas encore finie, ajouta-t-elle avec un clin d'œil, ce qui fit rougir légèrement le blond tandis que le bleuté fit comme s'il n'avait pas entendu.
Tous les trois, cependant, regardèrent le plafond en entendant des cris venir de l'étage.
- T'es malade, je vais pas porter ton boxer ! cria le Westley alors qu'il se disputait avec son ami amateur de rose.
- Arrête d'être un gamin ! cria en retour Kristopherson. Il est propre ! En plus, il est hors de question que tu portes le boxer dégueulasse dans lequel t'es arrivé ici ! Est-ce que tu as changé de vêtements en te levant ce matin, même ?!
- Disons que je ne savais pas que j'allais pas pouvoir ! aboya Daniel en réponse. J'étais chez moi ! Je peux me balader en pyjama si je veux !
- Dégueu !
- C'est toi qui veux que je porte tes sous-vêtements gay !
Avec un profond soupir s'échappant de ses lèvres, Madame Miles éteignit sa cigarette sur un cendrier non loin. Elle commença à se diriger vers les escaliers. Elle dit :
- Maintenant je dois m'assurer qu'ils ne se tuent pas...
Elle marqua une pause pour à nouveau regarder le duo de démons.
- A une prochaine fois, mes petits chéris. Faites attention.
- Bien sûr, dit Alois, prenant la main du bleuté pour le tirer hors du canapé.
L'autre garçon revint à la réalité, bafouillant quelque peu après avoir été surpris par le geste, mais quoi qu'il en soit, il se reprit avant de tomber sur le blond.
- Je crois que c'est l'heure de partir, dit Alois, rappelant au bleuté ce qu'il devait faire ensuite, juste au cas où il n'aurait pas entendu. Où allons-nous ?
- Je ne sais pas, répondit le bleuté en remettant correctement ses vêtements. C'est toi le "maestro de l'organisation" ce soir, non ?
- Comme si je savais ce que je faisais, répliqua le blond. Le truc que je nous avais prévu est fini depuis longtemps, et je n'ai plus d'idées. Il m'a fallut une semaine pour trouver ça, alors trouver autre chose en quelques minutes, c'est presque impossible !
Ciel marqua une pause, et réfléchit un moment. Il fronça les sourcils en se concentrant, mais alors, tout d'un coup, il s'arrêta. Il prit la main du blond.
- Discutons dans la voiture, dit-il. Nous avons déjà dit que nous partions, alors rester ici serait malpoli, non ?
- D'accord, dit Alois, se laissant être mené jusqu'à la porte d'entrée par son bien-aimé.
Ils marchèrent jusqu'à la voiture, toujours garée exactement là où Alois l'avait laissée, dans l'allée de la famille Miles. Alois déverrouilla les portes avant de se glisser à la place du conducteur, tandis que son compagnon en fit de même du côté passager. Après avoir mit sa ceinture, la menace passa ses mains dans ses boucles blondes en soupirant longuement. Il trouva ensuite d'une manière ou d'une autre la motivation pour mettre le contact.
Il faisait nuit. La journée était terminée, et il n'y avait plus rien à faire à part rentrer. Le blond avait complètement raté sa chance d'impressionner son bien-aimé bleuté, mais il était inutile de s'en tracasser maintenant. Avant qu'il puisse se mettre en marche-arrière et sortir de l'allée, cependant, il sentit quelque chose de chaud et de doux effleurer sa joue. Alois tourna la tête pour voir l'origine de cette sensation d'un air confus alors que l'autre garçon mettait sa ceinture.
- C'était pour quoi ça ? demanda-t-il, obtenant l'attention du bleuté.
- Pour une bonne soirée, répondit Ciel. Même si les choses ne se sont pas passées comme elles le devaient, je me suis quand même amusé.
- Seulement parce que tu as put tabasser du méchant, dit le blond. Je n'ai pas prévu ça.
- Ça n'a pas d'importance. Tu étais là, et tu m'as aidé, répondit son bien-aimé. Qui plus est, tu m'as aidé à faire la conversation avec Madame Miles. C'est une chose que je n'aurais pas été capable de faire.
- Faire la conversation ce n'est pas arrêter le terrorisme...
- Mais si faire la conversation peut poser problème à quelqu'un qui lutte contre le terrorisme avec aisance, alors à quel point est-ce dur ? demanda le bleuté. Très.
- Pas vraiment. J'ai juste parlé, répondit Alois.
Il marqua une pause un instant.
- Alors, c'est quoi le plan exactement maintenant ?
- Eh bien, de mon point de vue, nous avons deux options, dit le Phantomhive. La première : nous rentrons et la soirée se termine, ou...
- "Ou"... ? répéta le blond.
- ... Tu me montres quel homme tu es.
- Oh... dit Alois, s'arrêtant alors qu'un rougissement se forma sur ses joues. Oh !
- Enfin, seulement si tu le peux, évidemment, ajouta Ciel avec un sourire narquois, qui ne disparut pas même lorsque l'autre garçon prit ses joues pour le guider à mi-chemin de leurs deux sièges, afin qu'il puisse rejoindre les lèvres du blond.
Ils prirent clairement leur temps, alors que leurs doigts se mélangèrent à des mèches de cheveux, et que les ceintures préalablement grossièrement attachées s'enfonçaient dans la chair. Mais, cela leur était égal alors qu'ils se séparèrent, leur souffle continuant à se mélanger au vu de leur proximité. Avec un dernier baiser sur les lèvres, la menace blonde finit par prendre la parole.
- Je pense pouvoir m'en sortir, dit-il en plaisantant. Sortons de l'allée de Kris, d'abord.
- Bonne idée, répondit Ciel. Je connais un bon hôtel non loin.
- Parfait. Mais ne m'en veux pas trop quand je ferai disparaître ton assurance une fois arrivé là-bas.
