Écrit par HateWeasel
365. Ici dragons.
La pièce dans laquelle se trouvait le duo de démons était plongée dans le silence, avec ses murs blancs insipides si familiers et ses lits confortables sans l'être. Seul le tic-tac de l'horloge accrochée au mur pouvait s'entendre, ainsi que le bruit de respiration. Dans son état actuel, ou dans n'importe quel autre état, en fait, le Phantomhive n'était pas très bavard, mais il avait tout de même quelques souhaits. Un besoin presque vital grandissait en lui avec chaque seconde qui passait. Bien vite, c'en fut trop pour le pauvre bleuté, et il prit la parole, faisant aussi attention que possible pour formuler son envie.
- Jim ? dit-il, attirant l'attention de la menace blonde.
Alois était assis de l'autre côté de la pièce sur une chaise contre le mur. Ses bras étaient croisés, et il mourrait d'ennui.
- Ouais ? répondit-il, agréablement stimulé par la rupture du silence.
- Tu peux venir ici ? demanda Ciel, d'un ton étrange.
Il n'était pas très assuré, et absolument pas noble. Presque d'une nature enfantine.
- Pourquoi ? demanda la menace.
- Parce que.
- Parce que quoi ?
- Feur.
Incapable de nier un tel manque de logique, le blond se leva en levant les yeux au ciel. Maintenant il commençait à comprendre ce que son bien-aimé ressentait lorsqu'il le supportait ! Alois se dirigea vers le lit d'hôpital bancal, mettant ses mains dessus tout en se penchant en avant.
- D'accord ? Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il, levant un sourcil.
- Tu étais trop loin, répondit le Phantomhive en boudant légèrement, presque imperceptiblement.
Il leva les sourcils lorsque le blond prit place au bord du lit. Le grand sourire sur le visage du garçon était presque celui du Chat du Cheshire.
- Et c'est moi qui suis "collant" ? songea le blond alors que l'autre garçon se mit à jouer avec ses doigts.
Alois gloussa.
- Tu es vraiment adorable…
- Pas vrai, protesta Ciel. Je n'aime juste pas quand tu es loin…
- Comme je l'ai dit, "collant", mais mignon, répondit son bien-aimé. Est-ce que c'est parce que tu es défoncé, ou… ?
Ciel se contenta de hausser les épaules en réponse.
- Tu es tellement bizarre… dit Alois en tendant sa main libre vers le garçon pour caresser ses cheveux bleuâtres.
Le Macken faisait de son mieux pour retenir des gloussements, mais la manière que l'autre garçon avait de s'appuyer contre sa main et de fermer les yeux ne pouvait être que considérée comme "adorable". Il se disait que si la queue de l'autre démon était sortie, elle remuerait comme celle d'un chien.
- Mm-hm… répondit Ciel, n'écoutant même pas.
Son bien-aimé bougea de manière à faire face au garçon, les jambes croisées sur le lit. Étonnamment, le bleuté prit la main avec laquelle il jouait et la rapprocha.
Il rit des actions inhabituelles du Phantomhive et demanda :
- Comment tu te sens ?
- Mou, répondit le bleuté. C'est comme si ma tête était vide. Je n'aime pas ça.
- Tu devrais être content. Il y a des gens qui paient beaucoup d'argent pour ressentir ça~!
- Les gens sont stupides.
- Dixit le mec qui est complètement dans les vapes dans l'infirmerie d'une base militaire, en train de faire des câlins à mon bras, fit remarquer Alois et l'autre garçon fronça les sourcils.
- Bah je serai pas obligé si tu t'allongeais avec moi… répondit le Phantomhive.
Le démon blond secoua la tête avec toujours le même sourire.
- Nope ! On a pas besoin que quelqu'un débarque par cette porte et pense nous avoir pris en flagrant délit, dit-il, appréciant grandement l'expression mécontente de l'immortel borgne.
- Je veux pas avoir un rapport sexuel. Je veux juste t'enlacer, dit Ciel.
- Eh beh, tu es drôlement affectueux aujourd'hui, hein ?
- J'aimerais l'être tout le temps, mais je sais pas pourquoi je le suis pas.
- Parce que ton orgueil fait office de balai dans le cul ? demanda le blond en plaisantant.
- Toi et moi savons très bien que ce n'est pas vrai. Tu t'en es assuré l'autre jour.
Le visage du blond se réchauffa et il mit une main sur sa bouche. Ce garçon allait avoir raison de lui un jour. Alois fit vraiment de son mieux pour ne pas éclater de rire, laissant seulement et accidentellement quelques ricanements étranglés s'échapper entre ses doigts. Il faisait vraiment du mieux qu'il pouvait, mais les paroles du bleuté dans son état actuel étaient plus puissantes. Pire encore fut l'expression confuse du garçon lorsqu'il regarda l'autre. Apparemment, il ne plaisantait pas, ce qui fit rire le blond de plus bel.
- Hein ? demanda Ciel, incertain de ce qui venait de se passer.
Alois faisait de son mieux pour se calmer afin de répondre, mais cela prenait du temps.
- C'était sale… pleurnicha presque le blond à travers son rire, son visage complètement rouge.
- D'accord ? répondit son bien-aimé, levant un sourcil.
Un air de surprise traversa le visage du garçon lorsqu'il comprit enfin.
- Oh... Tu ris parce que j'étais en-dessous ?
- Non ! Ce n'est pas juste ça ! dit Alois, cherchant de l'air. Est-ce que tu sais vraiment ce que tu as dit ?
- Bah, ouais, je l'ai dis, non ? répondit le bleuté. Il n'y a rien de particulier. Tu le fais tout le temps.
- Mais je ne suis pas Ciel Phantomhive, dit le Macken. Si ce n'est "rien de particulier", alors pourquoi est-ce que tu ne le fais pas plus souvent ?
- Tu ne demandes jamais…
Le rougissement sur le visage d'Alois s'empira en entendant ces mots. Son rire n'était plus. L'embarras avait pris le dessus sur le garçon alors que toutes sorte d'images de ce qu'il pourrait faire avec le bleuté se mirent à apparaître dans son esprit sans sa permission. D'une certaine manière, il avait honte de cela, surtout au vu de l'état actuel de l'autre garçon.
- Oh, alors si je demandais, tu veux dire que… tu me laisserais faire ? demanda-t-il timidement.
- Ouais, répondit Ciel.
- Mais tu ne préfères pas au-dessus ?
- Si, répondit le bleuté, froissant quelque peu l'ego de son petit ami. Je sais pas pourquoi je préfère ça. C'est juste le cas. Ça ne veut pas dire que je n'aime pas être en-dessous. C'est bien, aussi. En plus, tu es un homme, aussi. S'attendre à ce que tu sois toujours en-dessous, ce n'est pas très gentil.
- Oh là là, comment tu peux dire des choses pareilles… ? demanda rhétoriquement Alois, couvrant son visage de sa main libre.
- Tu dois l'savoir.
- D'accord, mais rappelle-toi, ne t'énerves pas contre moi quand tu seras sobre. C'est toi qui l'a dit.
- M'en fiche, dit Ciel.
- On verra.
- M'en fiche.
Ce fut la fin de la conversation. Alors que le bleuté continua à jouer avec les doigts d'Alois, le démon blond ne put s'empêcher de sourire face au comportement de ce dernier. Surprenant Ciel, le blond interrompit son geste en prenant sa main avec la sienne, entremêlant leurs doigts. Puis ce fut au tour du Macken, lorsque Ciel lui sourit.
- Argh, tu es tellement mignon que ça me fait physiquement mal ! s'écria le blond en gémissant. Arrête ça. Tu me donnes envie de te câliner jusqu'à la mort.
- Mais j'en ai envie… répondit le Phantomhive.
- Pourquoi ?
- Tu es chaud et doux… commença le bleuté. J'aime bien. C'est sympa.
- Hmm, mais et si Sir Integra entrait et nous voyait ? demanda son bien-aimé.
- J'emmerde Integra…
- Je n'aime pas cette idée, dit Alois.
- Tu sais ce que je veux dire…
- A bas l'autorité ?
- Exactement. Maintenant viens là, ordonna Ciel en tirant sur le bras de l'autre garçon.
- Est-ce qu'on est obligé de se câliner dans l'infirmerie à chaque fois que tu es défoncé ? demanda le blond.
- Ce n'est pas important, répondit le Phantomhive, s'asseyant en faisant la moue. Tu vas le faire ou pas ?
- Hmmm… ? fit Alois, réfléchissant un moment. Qu'est-ce qu'il se passe si je dis "non" juste pour t'embêter ?
Il eut sa réponse lorsque le bleuté se pencha en avant afin de passer ses bras autour de sa taille depuis sa place dans le lit, son front touchant l'abdomen du blond. Ciel tourna la tête pour pouvoir se blottir contre le garçon à la place, mais cela n'aida en rien le blond. Tentant de garder un tant soit peu de décence, le blond remonta le garçon sur son torse, ce qui ne fut pas tâche aisée, avec la nouvelle prise du bleuté. La tête du garçon étant désormais sur sa poitrine, Alois se sentit moins mal à l'aise, et mit ses bras autour de son bien-aimé en retour.
- Qu'est-ce qui te prend ? Tu es encore plus bêta que d'habitude, dit-il.
- Tout le reste ici est tellement ennuyeux… répondit le bleuté.
- Quel est le rapport ?
- Ça me donne envie d'être gaga avec toi, reprit-il. Je ne peux pas, normalement.
- Si tu peux, mais tu ne le fais pas, dit le blond. Tu es juste généralement trop embarrassé et prudent.
- Disons que je veux pas que tu trouves ça bizarre, tu vois, répondit Ciel. Je trouve juste que c'est le bon moment maintenant…
- Dans une infirmerie, dans la maison de ton ancienne grande rivale. Ouaip, méga timing, rit le Macken. Ta logique est imparable.
- Comme ta personnalité.
- Moi aussi je t'aime, muffin, dit Alois. Maintenant, rallonge-toi, et dors. Quand tu te réveilleras, tu seras sobre.
- Est-ce que je peux te câliner ?
- Non.
- Nazi des câlins, accusa Ciel, fronçant les sourcils alors que l'autre garçon tentait de l'éloigner.
- Tu as rencontré les vrais Nazi. Quel est le rapport avec moi ? demanda le Macken, et son bien-aimé marqua une pause.
- Bah, tu as les cheveux blonds et les yeux bleus.
- J'ai du mal à penser que ça suffise pour associer mon inquiétude pour ta réputation et ton énorme ego à un génocide, Ciel.
- Est-ce que tu savais que "Alois" était le nom du père de Hitler ?
- Va dormir, crétin, ordonna le blond, poussant l'autre garçon sur le dos pour le forcer à lâcher sa prise sur l'adolescent de dix-sept ans.
- Je suis un vétéran de guerre ! Je mérite des droits ! protesta le Phantomhive.
- Tu as le droit de fermer ta grande gueule avant que tu dises quelque chose que tu regretteras plus tard ! s'écria Alois.
- T'es pas mon patron ! Personne ne me donne d'ordres !
- Tu obéis à la Table Ronde !
- J'étais la Table Ronde ! Que sont devenus les "Nobles du Mal" ?!
- Je sais pas ! J'étais mort à ce moment-là !
- Oh mon Dieu ! Mais baisez ! cria une voix familière mais aigue, faisant sursauter les garçons.
Leur attitude prit un tournant à cent quatre-vingts degrés à cause d'une louve avec un accent. Lentement, le duo de démons tourna la tête et vit Amélie se tenir à l'entrée, vampire derrière. Charlotte était derrière la fille, s'excusant indéfiniment pour le comportement de la fille plus petite, mais le loup-garou semblait s'attendre à un spectacle.
- Non ! Surtout pas alors que tu es là ! aboya la menace blonde, un rougissement présent sur ses joues.
- Tch ! fit Amélie en claquant de la langue, agacée. Tout ça pour ça.
- Est-ce que Monsieur Phantomhive va bien ? demanda Charlotte, tentant de changer la conversation. Nous avons entendus dire que quelque chose lui était arrivé, et ensuite nous avons entendus des cris.
- Ouais, il va bien. Il est juste défoncé et très demandant, répondit la menace. Alors, comment vous vous sentez mesdames ?
- Gay, répondit directement Amélie avant que son amie vampire puisse prononcer un seul mot.
- C'est pas vrai ? Nous aussi ! plaisanta le blond alors que le bleuté se rassit. Ciel, non. Pas bien. Couché.
Grognant, le Phantomhive concéda à contrecœur, s'allongeant et se tournant afin de faire face au mur tout en croisant les bras.
- Le cyclope est devenu ta femme ?! demanda la louve d'une voix beaucoup trop forte, et Charlotte dut couvrir sa bouche avec sa main.
- Amélie ! Tu peux arrêter ?! interrompit la vampire. Ce n'est vraiment pas une question appropr- est-ce que tu viens de me lécher la main ?! demanda-t-elle, sachant déjà la réponse alors qu'elle retira sa main de la bouche de la louve.
- Nope. Ni l'un ni l'autre. On a tous les deux une bite, dit Alois en riant alors que Charlotte essuya sa main sur son pantalon d'un air écœuré. Et toi ?
- Charlotte est mon mari, parfois, répondit Amélie en mettant ses mains sur ses joues, souriant en soupirant de contentement.
Le visage de sa compagne devint rouge.
- Amélie ! cria-t-elle, mais toutes ses protestations ne faisait que sourire davantage la plus petite fille sournoise.
Il disparut, cependant, lorsqu'un certain bleuté toussa. Alois regarda le garçon, et il remarqua qu'il était visiblement plus grincheux. Il secoua la tête en soupirant.
- Je pense qu'on devrait discuter plus tard, dit-il. Ciel se sent pas très bien.
- D'accord. Désolée pour le dérangement. Nous étions juste inquiètes, dit la vampire, suivit d'un ricanement de la louve.
- Bébé, dit Amélie avant d'être sortie de la pièce par la fille plus grande.
Une fois la porte refermée, on pouvait entendre la vampire gronder sa compagne de son habituel ton sérieux mais facilement convaincant. Alois regarda de nouveau le bleuté, voyant le garçon jeter un œil vers lui avant de fuir du regard. Soupirant une nouvelle fois, le Macken se pencha jusqu'à tomber sur le lit, précisément là où l'autre garçon l'avait voulu tout à l'heure.
- Salut, dit-il avec un grand sourire. Ça dit quoi ?
- Je me sens toujours bizarre... répondit Ciel.
- Est-ce que tu penses encore avoir besoin de câlins ? demanda Alois, et l'autre garçon se retourna pour lui faire face, passant ses bras autour de sa taille en réponse.
Le bleuté enfoui son visage contre le torse du Macken, laissant échapper un son similaire au grognement d'un husky alors qu'il s'installait confortablement. Avec hésitation, son bien-aimé le tint en retour, s'empourprant à cause du geste et du bruit. Oh, ce garçon aurait vraiment raison de lui. Il en était certain.
- Ouiiiii... répondit finalement Ciel, semblant enfin se détendre à nouveau.
Il ne bougeait plus du tout, au point où même son pouls s'arrêta.
- C'est agréable...
- Mais ne te fait pas d'illusions... dit le blond, son rougissement s'amplifiant en entendant la remarque du garçon. Je ne vais pas faire des cachotteries avec toi alors que tu planes autant qu'un avion, surtout dans le QG de H.E.L.L.S.I.N.G.
- D'accooooord... dit puérilement l'autre démon, profitant grandement de la proximité du blond ainsi que de l'étrange sensation à la fois anesthésiante et frémissante qui s'en accompagnait.
Une partie de lui voulait suivre le conseil du blond et dormir jusqu'à ne plus être sous influence, mais une autre partie voulait rester ainsi. Quoiqu'il n'appréciait pas le manque d'activité dans sa tête, il aimait bien l'état de relaxation dans lequel il se trouvait. Il n'y avait qu'un seul autre moment où le garçon éprouvait une sensation similaire, mais malheureusement, le blond avait déjà dit "non". Ciel ne s'en vexait pas et respectait parfaitement cela, mais il se sentait tout de même quelque peu coupable parce que le blond devait rester sobre.
- Est-ce que je suis encore un "nazi des câlins" ? demanda finalement le blond, souriant en sentant le ricanement du bleuté contre son torse.
- Non. Félicitations, tu es maintenant un allié, répondit Ciel.
- Je ne l'étais pas déjà ? plaisanta Alois. Alors pourquoi est-ce que tu voulais m'enlacer ?
- Tu es mignon, et t'enlacer paraît juste être la bonne chose à faire, répondit le bleuté.
- Vouloir fraterniser avec l'ennemi... dit le blond en secouant la tête. Je suis presque sûr que ça compte comme de la trahison.
- Mais de la trahison amusante.
- Comment tu le saurais ? Est-ce que tu as déjà été un traître ?
- J'ai quand même tué la Reine Victoria. Ça compte, non ? répondit Ciel avec un sourire.
- Tu as tué la reine ?! demanda l'autre garçon, écarquillant les yeux.
- C'était il y a longtemps, avant que je te rencontre. Ce n'est rien. Ils l'ont remplacé avant même que qui que ce soit le découvre, dit simplement son bien-aimé.
- Une minute, alors toute la lignée qui a suivi est "fausse" ?! demanda Alois. Tu as corrompu l'histoire !
- L'histoire est déjà remplie de mensonges. Un de plus ou de moins, ça ne fera pas de mal.
- Ouais, mais je pense quand même que j'avais le droit de savoir ça.
- Tu n'as pas demandé, rit Ciel alors que son petit ami se mit à faire la moue alors qu'il resserra sa prise autour de la taille du blond pour le rapprocher.
- Est-ce qu'il y a d'autres choses que je devrais savoir ? demanda le blond en levant un sourcil d'un air mécontent.
- Probablement, répondit le bleuté. Mais je sais pas ce qui est vraiment important. Beaucoup de choses se sont passées. Est-ce que tu savais que j'étais banni de l'Italie ?
- Vraiment ? Pourquoi ?
- Apparemment, le pape n'aime pas l'idée qu'un démon y entre.
- Rah, vraiment des racistes intolérants ! s'écria Alois, obtenant un nouveau rire de la part du bleuté. Même pas le nouveau pape ?
- Je ne suis pas sûr. Je devrais sans doute demander, dit Ciel. Voyons voir... Quoi d'autre ? J'ai vécu en Allemagne quelques temps avant la Première Guerre mondiale, mais ensuite Sebastian et moi sommes partis en France quand la guerre a éclaté. Mauvaise idée. J'ai été coincé en plein milieu d'une bataille. C'était la première fois que je découvrais une mitrailleuse, et la première fois que j'ai pris une balle dans la tête. J'ai pris une éternité à me régénérer. Je suis juste content que Sebastian n'ait pas cru que j'étais mort.
- C'était douloureux ?
- Est-ce que Sir Kirkland a un balai dans le cul ?
- Bah, non, en fait. Je suis presque sûr que c'est pour ça qu'il a toujours l'air aussi frustré, répondit le blond, souriant jusqu'aux oreilles en entendant le rire du bleuté.
Ce n'était pas si souvent qu'il avait l'occasion de voir le bleuté rire autant. D'ordinaire, le garçon se contentait d'un petit ricanement.
- On devrait aller à Paris un de ces jours, dit le Phantomhive, son élocution toujours quelque peu difficile.
- Ce serait bien ! dit Alois en gloussant. Dis-moi quand est-ce que je dois faire mes bagages.
- Je n'y ai été qu'une ou deux fois depuis que j'ai vécu là-bas. Ça a beaucoup changé. D'un autre côté, c'était étrange de revoir Londres pour la première fois en... quoi ? Cinquante ans, quelque chose comme ça ?
- Je crois avoir entendu Kirkland se plaindre en disant que Paris sentait la pisse, une fois, par contre.
- Kirkland en veut juste au diplomate français qu'il côtoie, pour je ne sais quelle raison. Il y en a un autre des États-Unis, mais le Français est celui qui l'énerve vraiment, dit Ciel. L'Américain est juste un "abruti", alors que le Français a le droit à une ribambelle de jurons.
- Mais est-ce que Paris sent la pisse ? demanda le blond.
- Seulement à certains endroits, mais ce n'est pas si différent de New York City, répondit son bien-aimé.
- Alors pourquoi y aller ?
- Leurs boulangeries sont incroyables... dit le bleuté d'un ton très sérieux.
- Oh, alors ce sont les sucreries qui te motivent, hein ? songea le Macken, connaissant bien le Phantomhive.
- A ton avis, dit Ciel. Il y a d'autres pays qui en ont des meilleures, mais je ne parle pas leur langue et parler via Sebastian est agaçant.
- Ça fait bizarre quand tu parles Français, dit Alois, étant confus quelques instants plus tard.
- You know you like it, répondit Ciel, plutôt content de lui en voyant la réaction du blond.
- Comment ?
- You're cute when you're confused.
- Arrête, dit Alois en fronçant les sourcils.
- Es tut mir leid. Möchtest du lieber Deutsch ?
- Ça ne ressemble même pas à du Français !
- Ce n'en est pas, dit le bleuté, ricanant. J'aime juste t'embêter, Jimmy.
- Je vais te laisser tout seul dans ce lit, menaça le démon blond.
- Non. Je ne te laisserai pas faire, répondit son bien-aimé. Je t'ai déjà bloqué, et il n'y a aucune échappatoire.
- Tu parles comme un espèce de vilain des temps ancien, dit Alois. Peut-être un dragon.
- Oui, et je dois protéger mon précieux or, taquina le bleuté, et un rougissement se forma sur les joues de l'autre garçon.
Il se hissa plus haut sur le lit afin d'être face à face avec le Macken.
- Ou peut-être ma "princesse" ? "Prince" t'irait mieux, mais je n'en ai jamais vu être capturé par un dragon.
- Eh bien, je ne suis pas un Prince comme un autre, dit l'autre démon. Et je n'ai pas été capturé, j'aime juste être là.
- Alors tu es juste un profiteur ?
- Plus ou moins. Je n'ai pas de royaume où retourner et tu es un dragon sympa qui a l'air de beaucoup aimer ma présence ici. Ce n'est pas un problème, si ?
- Au contraire, répondit Ciel, bougeant une main sur le dos du garçon pour jouer avec ses cheveux blonds. N'oublie juste pas que si un chevalier essaye de t'éloigner de moi, il mourra.
- Oh, oui. Je sais parfaitement à quel point vous pouvez être possessif, vous les dragons, répondit Alois. Les chevaliers doivent obéir aux ordres d'un prince, et s'ils ne le font pas, ils seront décapités, de toute manière. S'ils ne respectent pas le fait que je souhaite rester avec mon dragon, alors ils ne méritent même pas ma présence.
Il sourit en entendant le ricanement presque sinistre du bleuté.
- Bon sang, j'adore quand tu dis ce genre de choses, dit le Phantomhive. Est-ce que je peux t'embrasser ?
- Hmmm... fit le blond, réfléchissant un moment.
Bien qu'il voulait le faire, il n'était pas sûr que ce soit une bonne chose dans ce type de situation. Son bien-aimé n'était clairement pas dans son état normal. Serait-il contrarié s'il l'apprenait plus tard ? Probablement pas. Un petit bisou n'était qu'un petit bisou pour des individus qui s'étaient embrassés des milliers de fois. Alois n'y voyait pas le mal, alors, il concéda.
- D'accord, dit-il. Juste un.
Un sourire se dessina sur le visage du bleuté alors que l'autre garçon et lui se mirent dans une meilleure position sur le lit. Leurs paupières se fermèrent alors que leurs visages se rapprochèrent. Les lèvres de Ciel planèrent au-dessus de celles de l'autre garçon avant de les toucher, ses mouvements quelque peu lents. Tandis qu'Alois avait un baiser rapide en tête, le Phantomhive ne semblait pas de cet avis. Il embrassa le blond langoureusement, passant ses mains dans les cheveux du garçon tendrement, leur faisant oublier leur point de vue différent sur le sujet. Il frissonna lorsque la langue du bleuté passa sur sa lèvre inférieure ; son petit cri de surprise permettant à l'autre garçon d'avoir un meilleur accès à sa bouche.
Oui, Alois commençait à oublier le dilemme que la situation causait, du moins, jusqu'à ce que l'autre garçon gémisse légèrement pendant le baiser. D'un seul coup, le blond rouvrit les yeux, et il poussa le Phantomhive par les épaules pour les séparer. Son visage était complètement rouge, comme celui de l'autre garçon, dont les yeux étaient grands ouvert avec surprise et confusion.
- Pas la langue, dit Alois, essayant de reprendre son souffle. J'ai dit que tu pouvais avoir un baiser. Je n'ai pas parler de se rouler des pelles.
- Désolé. Mais ça avait l'air de te plaire, répondit Ciel.
- Évidemment. J'ai envie de t'embrasser. Mais je ne peux pas alors que tu n'es pas dans ton état normal, dit l'autre garçon. Je veux t'embrasser, te toucher le cul, et faire l'amour jusqu'à ce que le soleil se lève, parce que c'est ce que je veux toujours faire, mais pas quand tu ne peux pas parfaitement y être consentent.
- Je le suis... geint le bleuté.
- Pas quand tu es défoncé, non, dit Alois. Rappelle-toi de la fois où j'étais sous l'emprise du philtre d'amour de Dafydd, et que je voulais concrètement juste baiser avec tout ce qui bougeait ?
- Ouais... répondit Ciel. Tu as presque réussi avec moi... mais je ne t'ai pas laissé...
- ... Parce que sous influence, je ne peux pas être consentent, pas vrai ? Alors, voilà pourquoi, dit l'autre démon en jouant avec les cheveux du bleuté. Dans ma tête à ce moment-là, ça avait l'air d'une bonne idée, mais je n'étais pas moi-même. Tu m'as arrêté parce que tu savais que je le regretterais, et que ce n'était pas le bon moment, le bon endroit, ou la bonne chose à faire. Que tu sois dans l'infirmerie de H.E.L.L.S.I.N.G, ça ne change pas grand-chose.
- Compris, dit le bleuté. Je n'allais pas continuer si tu disais "non", après. Je ne te ferai jamais ça... Je n'aime pas que tu sois contrarié, et je mourrais probablement si je te blessais...
- Je sais, on en a déjà parlé, dit Alois. L'affaire "Black Annis", ça te dit quelque chose ? Tu as un trop gros cœur pour vouloir me faire du mal.
- Je t'aime.
- Moi aussi je t'aime, muffin. Maintenant va dormir et sèvre-toi.
- V.E.N.O.M. ! cria le bleuté.
Son bien-aimé sursauta avant de froncer les sourcils, confus.
- Pourquoi t'as crié "V.E.N.O.M." ? demanda-t-il.
- J'ai paniqué.
- VA DORMIR PUTAIN.
