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Chapitre 13 : L'armoire dans la cave

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Plusieurs jours s'écoulèrent, durant lesquels Drago partagea, avec zèle, son expertise sur les trafiquants, les créatures magiques et son plan ambitieux pour les secourir.

Alors qu'ils étaient assis côte à côte sur le canapé, Harry tentait en vain de suivre le flot d'informations continu qui sortait de la bouche du Serpentard. Cependant, ce jour-là, il n'arrivait pas à se concentrer ; Chaque mot semblait s'évaporer de son esprit.

«… Tu vois, la clef ici, c'est de comprendre leurs habitudes. Les trafiquants ont leurs petites manies et c'est là que nous pouvons les prendre au piège… »

Un curieux trouble s'installait en lui à chaque frôlement involontaire du bras de Drago contre ses côtes, provoquant d'étranges fourmillement dans tout son corps.

Son regard se perdit dans le feu de la cheminée : une maladie ? Une sorte d'allergie peut-être ? Ce n'était, en soit, pas désagréable, mais Harry n'arrivait pas à contrôler ses propres réactions et cela l'inquiétait un peu.

« Donc, si nous contournons le marché par la droite et que tu te glisses par la gauche, nous pouvons récupérer les Dircos ET les Niffleurs, sans attirer leur attention. »

Harry se recula légèrement, espérant échapper à ces sensations déroutantes.

En se repliant dans le canapé, la vue sur la nuque délicate et diaphane de Drago s'offrit à lui. Une vision hypnotique qui le captiva bien malgré lui. Cette nuque évoquait la fraîcheur de la neige et il se demanda si elle était aussi froide qu'elle en avait l'air.

Déconcerté, il tenta de détourner son regard, baissant les yeux, mais son attention fut irrésistiblement attirée par la main de Drago posée, entre eux, sur l'assise du canapé.

« ...Et là, si nous agissons rapidement, nous pourrons les neutraliser avant qu'ils ne comprennent ce qui leur arrive. »

Les doigts fins et délicats de Drago semblaient parfaits, presque irréels.

Incapable de résister à la tentation, la main d'Harry glissa lentement sur le tissu du canapé, s'approchant de celle de Drago.

Le contact, imminent, fut interrompu par le claquement sonore de la porte d'entrée :

« Mon petit ! »

« Mon petit ! »

« Mon petit ! »

En entendant les voix, Harry retira vivement sa main alors que Drago se ruait sur les dossiers éparpillés pour les cacher sous le canapé. Il râla : « Bon sang ! Ne rentrez pas sans être invitées ! Je vous l'ai déjà dit cent fois ! »

Clémentine s'arrêta et regarda les deux hommes avec un sourire entendu : « Oh, pardon - elle se tourna vers ses sœurs - On dérange, les filles. On devrait les laisser dans leur intimité. »

Isandra approuva sournoisement, son regard pétillant de malice : « Ho, oui ! Ils devraient continuer à faire ce qu'ils faisaient. »

Inès renchérit d'un ton espiègle : « Absolument. Vous n'avez aucun souci à vous faire, mes petits. Nous avons l'esprit très ouvert. »

Harry, pris au dépourvu, s'étouffa légèrement : « Ce n'est pas du tout ce que vous pensez ! Vous ne nous dérangez absolument pas. Asseyez-vous, s'il vous plaît. »

Isandra s'assit, mais ne put s'empêcher d'ajouter avec un sourire narquois : « Oui, c'est ce qu'ils disent tous... »

Drago croisa les bras, fronçant les sourcils d'un air agacé : « Ça suffit. Ce n'est pas très courtois de vous moquer de lui. Vous voyez bien qu'il est d'une aberrante crédulité. »

Les trois vieilles éclatèrent de rire comme si elles avaient entendu la meilleure plaisanterie du monde. Cependant, Isandra releva les yeux vers Drago, un sourire goguenard sur les lèvres : « Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir… Je ne sais pas qui est le plus éloigné de la réalité, entre toi et nous, mon petit. »

Drago n'écouta pas vraiment : « Bon, qu'est-ce que vous foutez chez moi ? »

Clémentine expliqua : « Tu dois faire quelque chose ! Ça pue et ça couine constamment ! Je ne peux plus dormir la nuit tellement il y a de raffut. »

Les deux autres femmes acquiescèrent de concert.

Drago regarda Harry, un peu perdu, avant de se retourner vers elles : « Je ne comprends pas. Qu'est-ce qui pue et qui couine ? »

Inès leva un regard outré vers lui : « Mais le Gros Mike, bien sûr ! »

Clémentine corrigea : « Enfin, pas vraiment le Gros Mike, mais quelque chose dans sa maison, ça c'est certain ! »

Isandra compléta d'une voix conspiratrice : « Ce sont les chats, sans aucun doute. »

Harry, intrigué, haussa les sourcils : « Les chats ? Ceux qui ont disparu ? »

Isandra hocha la tête avec gravité : « C'est un meurtre, si vous voulez mon avis. Un génocide. Il a dû tous les tuer, un par un, et les enterrer dans sa cave. »

Drago, exaspéré, pinça l'arrête de son nez et eut un soupir d'agacement : « Isandra, il n'y a aucune scène de crime dans la cave du Gros Mike. »

Isandra, piquée au vif, toisa Drago d'un regard noir avant de murmurer : « Oui, c'est aussi ce que les inspecteurs ont dit quand feu le mari d'Inès a disparu (Le Diable ait son âme). Peut-être que s'ils avaient fait leur travail correctement… »

Inès repris brusquement la parole : « Mon petit. Chats ou pas, tu dois aller voir. Ça ne peut plus durer. Ça empoisonne tout le voisinage ! »

Drago se détourna, désintéressé : « Trouvez quelqu'un d'autre. Une entreprise sanitaire, je ne sais pas moi… »

Clémentine eut un souffle de dépit : « Mais, mon petit… tu travailles bien dans un zoo pourtant ? »

Drago grogna : « Oui, dans un zoo. Je ne m'occupe pas de chats crevés. »

Les trois vieilles se regardèrent avant de se mettre à conspirer entre elles, dans un murmure. Harry sourit et se plaça entre elles et le Serpentard : « Il ira voir. »

Drago s'étouffa : « Quoi ? »

Harry se tourna vers lui : « Ça ne prendra que 5 minutes. Tu vas voir et tu reviens et c'est tout. »

Drago croisa les bras : « Certainement pas. J'ai… On a d'autres choses à faire, je te rappelle. »

Harry s'approcha de lui, attrapant doucement la manche de son pull, et lui lança un regard suppliant : « S'il te plait, Drago ? »

« Ha ! – Drago détourna le regard, rougissant légèrement – Cinq minutes ! Pas une de plus. »

Les trois vieilles femmes se levèrent, satisfaites : « Parfait. Tu nous tiendras au courant, mon petit. »

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Une fois qu'elles eurent quitter la maison, Drago se tourna furieusement vers Harry : « Plus jamais tu me fais ça ! »

Harry lui lança son regard le plus innocent : « Faire quoi ? »

Drago ne répondit pas et fourragea dans un des placards pour en sortir une petite bourse de cuir : « Prépare-toi. » lança-t-il à Harry sans même le regarder.

Harry se figea soudainement : « Pour quoi faire? »

Drago laissa échapper un souffle agacé : « Toi et moi, on va chez le Gros Mike. C'est bien ce que tu voulais, non ? »

Harry détourna le regard, se mordant la lèvre inférieure. « Je... je ne veux pas sortir. »

Drago fronça les sourcils, tentant de comprendre : « Comment ça, tu ne veux pas sortir ? »

Harry déglutit, hésitant avant de répondre. « C'est difficile à expliquer. J'ai... une sorte de phobie sociale, je suppose ? »

Drago le scruta un moment : « Une… « phobie sociale » ? Depuis quand ? »

« Je ne sais pas trop, au fil des années, je me suis éloigné du monde, en général... J'ai appris que côtoyer des gens ne m'apportait que des problèmes. »

Drago haussa les sourcils : « Tu es chez moi… »

« Ce n'est pas pareil, avec toi ! - Cria Harry un peu trop fort à son goût avant de se reprendre – Je veux dire… Tu n'es pas… Tu n'as pas… »

« Je ne suis pas quoi, Potter ? »

« Hé bien… je me sens bien avec toi. »

Drago resta un moment silencieux, ne semblant pas trop savoir quoi faire de cette information. Il préféra changer subtilement de sujet : « Mais tu as bien discuté avec les trois vieilles, tout à l'heure. »

Harry acquiesça. « Oui, mais c'était différent. Je n'ai jamais eu la possibilité de décider par moi-même si je voulais le faire ou pas. »

Le Serpentard se rappela soudainement de l'offre de Harry : « Tu as dit que je pourrais t'utiliser comme je le voulais. Comptes-tu rompre ta promesse ? »

Harry secoua la tête avec fermeté : « Non. Mais mon offre concernait le Sanctuaire et les créatures magiques dont tu t'occupes et pas la cave d'un excentrique. »

Drago esquissa un sourire en coin. « Mais peut-être y a-t-il plus que des chats morts, dans cette cave ? »

Harry le regarda sérieusement. « Peu importe. Je ne sortirai pas. »

Drago se rapprocha.

Près.

Bien trop près.

Et Harry recula, plaquant son dos au mur. Le blond était si proche qu'il pouvait sentir l'odeur qui se dégageait de lui, un mélange d'herbe fraîchement coupée et de bois.

Drago était un peu plus petit que Harry. Sa tête était légèrement relevée vers Harry et ce dernier avait l'impression de se noyer dans ses yeux orageux. Il déclara d'une voix grondante et basse : « Potter, tu ne penses quand même pas que tu vas me laisser tomber ? Pas maintenant que tu as accepté cette mission pour moi. »

Harry déglutit, hypnotisé par les yeux métalliques de Drago. « D'accord... j'accepte de t'accompagner. »

Aussitôt la promesse faite, Drago s'écarta brusquement. D'un ton un peu hautain, il lança : « Alors va mettre ton manteau. »

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La maison du Gros Mike se dressait au bout d'un chemin sinueux et cabossé. Ses murs, marqués par les années, portaient les stigmates du temps. Le jardin, négligé, était un enchevêtrement de ronces et de mauvaises herbes. Harry ressentit un malaise croissant à l'idée de quitter la relative sécurité de la demeure de Drago pour pénétrer dans cet endroit désolé.

Arrivés à destination, ils découvrirent le Gros Mike, la cinquantaine bien tassée, affalé sur un banc, un chat pelé ronronnant sur ses genoux. Il jeta un regard interrogateur à Drago : « Ha. Mon petit. Qu'est-ce que tu nous ramènes là ? »

Une pensée fugace traversa l'esprit d'Harry, se demandant si l'utilisation de l'expression « Mon Petit » était une sorte de défi entre les villageois.

Drago inclina la tête en un salut distant. Un coup d'œil rapide vers Harry précéda sa réponse : « C'est... juste un ami. »

Le Gros Mike fixa le brun du regard tout en continuant de caresser le chat.

Drago reprit : « Mike, on nous a signalé des... odeurs et des bruits étranges venant de votre maison. »

« Impossible. Je serais le premier au courant si c'était le cas » répondit le Gros Mike.

À peine avait-t-il dit cela que le vent se leva subitement, portant jusqu'aux narines d'Harry et Drago une odeur de cadavre en putréfaction. Drago, imperturbable, ne se laissa pas démonter. « Mike, votre odorat n'a jamais été fabuleux, tout le monde sait ça. Laissez-moi jeter un coup d'œil. »

Mike se rebiffa : « Je sais qui colporte tous ces mensonges sur moi ! J'ai peut-être une mauvaise vue et un mauvais odorat, mais j'entends très bien ces vieilles folles médire toute la journée. Alors oui, j'ai peut-être eu un problème avec un chien perdu un peu trop agressif, caché dans ma cave, mais j'ai fait appel à une société sérieuse qui a tout arrangé. »

Drago l'interrogea, intrigué : « Un chien agressif ? »

Mike confirma : « Oui, un qui ressemblait à celui de la série à la télé, là, sauf qu'il avait une malformation à sa queue. C'était bizarre. C'est peut-être pour ça qu'il cherchait tout le temps à me mordre ! »

Drago réfléchit un moment : « Et cette société vous a débarrassé du... chien ? »

« Oui, absolument ! Ils étaient ravis. Attends, mon petit. Je dois encore avoir leur carte de visite. » Mike fouilla paresseusement dans la poche de sa salopette pour en sortir une carte cornée tâchée de graisse qu'il tendit à Drago.

Ce dernier observa un long moment la carte, un sourire de dégoût aux lèvres, sans faire le moindre geste pour s'en emparer.

Harry finit par se décider à la prendre et déchiffra difficilement les caractères imprimés dessus : « Société AnimaGuard Services, récupération d'animaux en tout genre. Pour plus d'information, appelez-nous au... »

Drago eut une grimace de mépris, avant de se reprendre, tout sourire, vers Mike : « Je me permets d'insister. Comme vous le savez, je travaille dans un zoo et j'ai entendu parler de cette compagnie. Pas en termes élogieux, croyez-moi. »

Le gros Mike sembla surpris : « Ils me semblaient pourtant tout à fait corrects ! Ils m'ont même offert une armoire en bois, en échange du chien. »

Drago se fit mielleux : « Ho, vraiment ? J'ai peut-être mal compris, alors... » Il interrompit sa phrase et fixa le villageois du regard, un sourire factice toujours accroché au visage.

Plusieurs secondes s'écoulèrent et Harry commença à voir se dessiner sur le front du gros homme d'énormes gouttes de sueur. Il eut l'impression de le voir fondre sur son banc, se ratatinant sur lui-même à mesure que le temps passait. Harry devina vite pourquoi : si tout dans la gestuelle de Drago paraissait affable, ses yeux avaient pris une teinte sombre, menaçante. Si un regard avait pu tuer, celui de Drago aurait gagné la première place.

Harry s'interposa doucement : « Votre chat est magnifique. » - mentit-il.

Mike se redressa difficilement et quitta avec soulagement le regard de Drago : « N'est-ce pas ? C'est un modèle d'élégance et de charme, un peu comme son maître. » Il adressa un clin d'œil à Harry, dont le sourire s'effaça légèrement.

« Je n'en doute pas. – répondit-il professionnellement alors qu'il sentait Drago se crisper à ses côtés – On m'a aussi vanté la beauté de vos autres chats. »

« Oh… ils étaient magnifiques. Si vous les aviez vu ! Aujourd'hui, il ne reste plus que Mister Pouzi – Le Gros Mike désigna l'animal sur ses genoux. – Tous les autres ont… disparu. »

Harry prit une mine inquiète : « Disparu ? Comment ça ? »

Le Gros Mike, sans aucune gêne, laissa son regard parcourir le corps d'Harry avant de désigner sa maison du doigt : « Ça te dit qu'on en parle autour d'un verre ? Je fais moi-même un petit Rakia avec les prunes du jardin (Harry se demanda de quel jardin exactement il parlait), et j'adorerais te le faire goûter. »

« Certainement pas. » Gronda Drago.

Mais Harry lui offrit un sourire charmeur : « Avec plaisir ! J'ai moi-même un petit remède de grand-mère à vous faire goûter. Du fait maison, comme votre Rakia. Vous m'en direz des nouvelles ! »

Drago sursauta, incrédule, avant de fusiller Harry du regard. Mais ce dernier ne lui prêta aucune attention et s'engouffra par la porte ouverte de la maison. Mike émit un gloussement narquois en direction du Serpentard et suivit Harry à l'intérieur.

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En entrant dans le salon, Harry ne s'étonna pas que la pièce fût dans le même état que le reste de la maison et de son propriétaire. Visiblement, elle n'avait pas vu une serpillière depuis longtemps. C'était sale et une odeur rance flottait dans l'air.

Alors que Drago restait debout près de la porte, le Gros Mike s'affala sur un canapé défoncé et tapota la place à ses côtés, invitant Harry à faire de même : « Installe-toi, mon petit. On va discuter de tout ça, tranquillement. »

Mike fouilla dans une vieille table basse à côté du canapé et en sortit deux verres ébréchés qu'il essuya négligemment sur sa salopette. Il récupéra aussi une bouteille crasseuse et remplit le verre d'Harry d'un liquide jaunâtre, peu engageant.

Le Gryffondor s'assit avec précaution, essayant de maintenir une distance respectable entre lui et Mike, jetant un coup d'œil à Drago qui semblait plus mal à l'aise que jamais.

« Toi aussi tu travailles dans le zoo, c'est ça ? » demanda Mike en tendant le verre à Harry.

« Absolument pas. Mon truc, c'est plutôt l'anatomie. » répondit Harry en acceptant le verre.

Il entendit Drago s'étouffer au bout de la pièce. Mike se pencha un peu vers Harry. Son poids forma un creux dans l'assise du canapé qui s'affaissa et le brun se sentit lentement glisser vers lui. D'une main, il se retint à l'accoudoir, sourit et précisa, chuchotant presque : « Le fonctionnement des corps, leur mécanique, les chairs, les muscles, les organes… tous les organes… »

La gorge de Mike émit une sorte de geignement plaintif. Ses yeux globuleux étaient vissés sur le visage de Harry comme s'il s'apprêtait à le dévorer tout entier et ce dernier ne semblait nullement s'en formaliser.

Drago s'interposa, presque hargneux : « Ça suffit. »

Harry se recula légèrement, tout sourire : « Drago a raison ! Assez parlé de moi. Et si vous testiez mon petit cocktail personnel ? Il n'y a que des plantes dedans. Tout est entièrement naturel. »

Il sortit de sa poche deux petites flasques. La première était remplie d'un liquide ambré et la seconde était de couleur lilas, très pâle. Harry saisit le verre vide des mains du Gros Mike et y versa le contenu des deux bouteilles.

Mike regarda avec suspicion le verre qu'Harry lui tendit : « T'en bois pas, toi ? »

Harry sourit un peu plus et se pencha sur lui, frôlant sciemment sa main pour y glisser le verre : « Je peux te tutoyer ? Moi, je boirais ta boisson et toi la mienne. Tu ne trouves pas ça follement excitant ? »

La main de Drago se serra sur sa baguette.

Le souffle du Gros Mike devint erratique. Harry asséna la touche finale, faisant descendre lentement son doigt le long du bras du cinquantenaire : « Un peu de valériane, de l'armoise, des fleurs d'asphodèles… »

À ce niveau, Harry aurait pu dire n'importe quoi, le Gros Mike se serait exécuté. D'un trait, il vida le verre et s'essuya la bouche de son bras : « De l'alcool de fillette, ça ! » Puis il se tourna vers Harry : « Bon. Et si on passait aux choses sérieuses ? »

Drago s'empara de sa baguette et la pointa sur Mike. Mais, il suspendit son geste : le sourire d'Harry s'était totalement évanoui. Son visage, tourné vers le propriétaire des lieux, était impassible, ses yeux comme morts. Il vida tranquillement son verre, rempli du Rakia qu'il n'avait pas touché, sur le sol : « C'est ça, passons aux choses sérieuses. »

À peine eut-il prononcé cette phrase que tout le corps de Mike se tendit sur lui-même, avant de convulser et de retomber, inerte, sur le canapé.

Alors qu'Harry se relevait avec une grimace de dégoût, lançant un sortilège de nettoyage sur lui, Drago regarda le corps immobile aux yeux révulsés, bouche bée : « Tu… tu ne l'as pas tué, j'espère. »

Harry lui jeta un regard froid : « Qu'est-ce que ça changerait ? »

Drago abaissa lentement son bras : « Rien, je suppose. Je m'apprêtais moi-même à faire un truc plutôt illégal, de toute façon. »

Les yeux d'Harry s'adoucirent : « Il n'est pas mort. Juste endormi. Une petite potion de ma composition : un mélange d'Amnésya et de Goutte du Mort Vivant. C'est puissant, mais pas fatal. Disons qu'on a, devant nous, deux petites heures pour voir ce qui se passe dans la cave de ce porc et que quand il se réveillera, il aura tout oublié de notre petite visite. Pratique, non ? »

Drago rangea sa baguette dans sa poche : « Quand même… la potion ok, mais tu y es allé un peu fort sur le charme de séduction. Ça a touché toute la pièce. Même moi, j'aurai pu le boire, ton verre. »

Harry le regarda, intrigué : « Quel sort de séduction ? Je n'ai rien lancé du tout. »

Drago ouvrit la bouche et la referma plusieurs fois, mais aucun son n'en sortit. Sa peau pris une belle teinte rouge et il se détourna brusquement, sans attendre son reste, pour prendre le chemin de la cave.

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Les deux hommes descendirent dans la cave, enveloppés par une odeur nauséabonde de chair en décomposition. Harry, tentant de se protéger, plaça son bras sur son nez. Drago commenta, dubitatif : « Cette histoire de chien... c'est louche. Toute la description correspond à celle d'un Croup. »

Harry répliqua : « Même si c'était une créature, Mike a bien dit qu'une société était passée récupérer la bête. »

Drago ricana : « Une société ? Tu parles. AnimaGuard Services est la plus grosse antenne londonienne de revente de créatures magiques. C'est juste une société écran pour légaliser leurs petits trafics. »

Ils explorèrent la cave, confrontés à une puanteur presque insoutenable.

Contrairement aux dires des trois vieilles femmes, aucun cadavre de chat n'était en vue. La pièce se révélait presque vide, à l'exception d'une imposante armoire de bois massif adossée à l'un des murs.

Drago, s'approcha et posa une main sur l'armoire, déclenchant un gémissement lugubre.

Harry eut un mouvement de recul : « Un Épouvantard ? ».

Drago fronça les sourcils : « Non. C'est autre chose. »

Il braqua sa baguette sur l'armoire et, de sa main libre, ouvrit la porte d'un geste sec. Dans l'obscurité, penchée sur un amas d'ossements, une créature au teint verdâtre et aux yeux vitreux s'affairait, rognant de petits os jaunis avec un appétit insatiable. Sa peau décomposée laissait entrevoir des os saillants et l'odeur putride, qui enveloppait la cave, émanait clairement d'elle.

Drago plissa le nez : « Une goule, évidemment. »

Harry eut une grimace de dégoût : « Et voilà les chats... »

Drago, observant la scène avec un mépris évident, ajouta d'un ton cinglant : « Les gars d'Animaguard ont dû se dire qu'ils pouvaient tranquillement planquer un cadavre chez un moldu. Pas de chance, qu'il soit devenu une goule, entre temps... »

La créature, interrompant son sinistre repas, leva les yeux vers les intrus, émettant un gémissement rauque.

Drago, imperturbable, pointa sa baguette vers la créature : « On ne peut pas laisser ça ici. »

Sans plus attendre, il lança un enchaînement de plusieurs sorts : « Silencio, Obscurioveritas, Reducto »

La goule se tut avant de se ratatiner sur elle-même, diminuant de taille jusqu'à ne plus faire que la hauteur d'un doigt. Drago s'en empara avant de la jeter au fond de la bourse de cuir qu'il avait emmenée avec lui. Harry lui jeta un coup d'œil intrigué et le blond se justifia : « C'est un portail relié au Sanctuaire. Je peux y envoyer directement de petites choses. »

Puis, il fit signe à Harry de reculer et ils quittèrent la cave. En remontant, Harry ne put s'empêcher de demander : « Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? »

Drago répondit d'un ton résolu : « On apporte la goule au Département de Contrôle et Régulation des Créatures Magiques. Et ensuite, on va discrètement jeter un œil aux affaires d'Animaguard... »

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Disclaimer : Je romps un peu le 4ème mur pour vous souhaiter de Bonnes Fêtes ;-) J'espère que l'histoire continue de vous plaire ! Merci encore pour tous vos messages. J'essayerai d'y répondre après le tout dernier chapitre.