Chapitre 74

Note de l'auteur : j'ai commencé a publier sur Ao3 et Wattpadd une collection de oneshot. un par jour pour tout 2024, soit 366 one shot. On va essayé de s'y tenir ! Elle ne sera pas postée ici parce que multifandom et que ce serait compliqué à gerer. Donc si vous voulez le lire, vous savez ou aller !
Bonne lecteur et merci encore a toutes celles et ceux qui continue a lire mes trucs sur des fandoms à la con.

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Le temple était tombé dans un état de catatonie inattendue pendant environ cinq minutes lorsque Fangyue avait convoqué tous les disciples dans le grand hall.

Boya allait se marier ? Aujourd'hui ? CE SOIR ? Et avec LE SEIGNEUR ANBEI ? Quel était cette folie ?

Puis une frénésie un peu hystérique avait balayé tout le temple pour tout préparer en temps et en heure. Les cours avaient été annulé, les méditations oubliées, les punitions reportées.

Tout le temple s'était dressé comme un seul homme face à l'adversité pour parer la glace de soie rouge.

Les cuisines étaient sur les dents pour préparer le banquet que seule l'aide de MiChong, de la multitude et des cuisines du Domaine avaient quelque peu soulagé. Au moins le banquet ne serait pas juste des baos basiques et des gâteaux de riz. A devoir se précipiter, ils n'avaient pas pu prévoir toute la nourriture fine dont un évènement pareil avait besoin.

Ils auraient dû inviter les seigneurs locaux. Ils auraient dû prévenir l'Empire sans doute.

Mais tout le monde s'en fichait. Ils voulaient juste marier le couple avaient qu'ils n'aient des idées exotiques. Il était déjà remarquable qu'ils n'aient pas encore consommés leur relation. Un accident plus qu'autre chose probablement.

Fangyue accompagnait MiChong dans sa prise de pouvoir pour tout organiser.

Avec toute la prudence de mâles perdus, Zhong Xing, Xue TianGou, Kuang HuaShi et les autres les observaient de loin avec un rien d'angoisse devant l'énergie que de simples bonnes femmes étaient capables de générer.

Le seul qui s'éclatait pour de bon était Sha ShengShi. Ça lui rappelait son propre mariage. Il avait été décidé et organisé tout aussi vite mais pour des causes un peu plus pragmatiques. Son épouse avait porté son enfant à l'époque. Il avait été fou de joie. Le bonheur n'avait pas duré longtemps lorsqu'elle l'avait perdu quelques semaines plus tard mais ils étaient mariés. Leur union stérile avait durée presque soixante ans. A présent… A présent il espérait qu'un tel destin serait épargné à son maitre. Il le voulait heureux mais avec des petits. Alors même si sa contribution était minimale, il obéissait à tous les ordres de MiChong.
Pour l'instant, il était perché tout en haut d'une grande stalactite de glace pour y accrocher de lourds rouleaux de soie rouge qui dégueulaient avec grâce jusqu'au sol. Rien que la décoration était princière.

Xue TianGou hésitait à venir aider. Lorsque Kuang HuaShi lui donna un léger coup de coude, les deux esprits trottèrent près de MiChong. Ils pouvaient aider ? ils se retrouvèrent très vite en hauteur, qui a grands coups d'aile, qui assit sur son pinceau pour attacher d'autres décorations. Des shishen de tous types et toutes conformations aidaient eux aussi à transformer la blancheur immaculée du temple en salle de mariage la plus éclatante possible.

Il ne fallut pas quatre heures pour que l'intégralité de la grande salle soit préparée. Les bonnes odeurs qui venaient des cuisines embaumaient tout le temple au point que des shidi tentaient régulièrement d'aller voler quelques douceurs, quitte à demander de l'aide à leurs shishen quand ils en avaient, où aux shishen de leurs shixiong s'ils n'en avaient pas.

On avait repoussé un peu les tables, juste assez pour dégager la place nécessaire pour la cérémonie de mariage. Dans le nord, elles étaient rapides. Contrairement à l'Est, on sanctuarisait ce qui était la plus part du temps un vieux collage. Comme ni Boya, ni QingMing n'avait de parent encore en vie et présent, deux tablettes funéraires basiques étaient en train d'être sculptées à la hâte pour les représenter. Zhong Xing avait plus d'une fois célébré des mariages. Sans cérémonie du thé, sans discours des familles, tout serait plié en deux bâtons d'encens, maximum. Ce que tout le monde attendrait serait le banquet, puis la mise au lit des deux jeunes mariés. Ça, c'était une tradition impossible à oublier.

Gold Spirit trotta dans les couloirs pour aller prévenir le couple qu'il était temps de se préparer. Il s'attendait presque à les trouver attachés par les deux frères assassins pour les retenir de se grimper dessus mais les trouva sagement rangés sur le lit, pelotonnés dans les bras l'un de l'autre et les yeux fermés.

"- Ils dorment ?"

"- Ils se reposent en tout cas."

QingMing renifla.

"- Nous ne nous reposons pas. Nous discutons."

Gold Spirit resta interdit une seconde avant de comprendre. Le lien entre eux s'était ouvert en grand. S'il se concentrait sur son maitre, il pouvait généralement voir les liens qu'il avait avec tous ses autres shishen. Les quelques liens permanents comme le sien, celui de MiChong et plus récemment Sha ShengShi. Les liens secondaires de ceux qu'il relâcherait d'ici quelques mois ou années. Et voilà qu'il voyait maintenant au milieu de tout ça un nouveau lien, plus solide que tous les autres réunis, brulant et doux comme de la soie : Boya.

Gold Spirit en ressentit une jalousie aussi stupide que fulgurante. Il était le plus ancien shishen de QingMing. Le plus proche de lui malgré son absence du Domaine aussi. Et voilà…
Voilà que son maitre était amoureux, heureux et avec un peu de chance, bientôt parent.

La jalousie disparue aussi vite qu'arrivée, remplacée par une gratitude profonde pour l'humain aveugle qui avait pris QingMing dans ses bras et le cajolait avec tendresse.

Gold Spirit avait rêvé voir son maitre un jour aussi abandonné dans les bras de quelqu'un. QingMing était un renard libre et indépendant que le destin avait enchainé à un Domaine qu'il n'avait jamais voulu. Il avait dû être fort pour tout le monde depuis une éternité. Le voir à présent recroquevillé dans les bras de Boya et profiter de sa présence pour accepter d'être momentanément faible était un soulagement.

"- Boya Daren. Merci." L'aveugle pencha la tête sur le côté sans comprendre. "Merci de vous occuper de lui."

"- C'est plutôt à moi de le remercier de m'avoir tant donné." Boya se pencha pour déposer un petit baiser sur le front de QingMing.

Les neufs queues du renard démon s'agitèrent mollement. Ils auraient dû bouger, se lever, se préparer… Mais aucun des deux n'avait envie de bouger. Ils étaient bien là où ils étaient. Ils s'habituaient lentement au lien qui s'était ouvert entre eux et qui les noyait gentiment de tendresse et d'affection. De l'amour ? Sans doute que oui. Bien évidement que oui. Mais ce n'était pas ce qui surnageait le plus entre eux. C'était le contentent, l'affection, le soulagement d'être enfin ensembles.

L'amour entre eux n'avait rien de la passion explosive des jeunes couples. Ils ne se connaissaient que depuis quelques mois, ils ne se fréquentaient que depuis à peine moins et pourtant, ils étaient aussi confortables l'un avec l'autre que s'ils étaient mariés depuis des siècles. Ho ils se désiraient avec la passion d'adolescents, certes. Gold Spirit sentait les phéromones autour d'eux comme un parfum aussi capiteux qu'agressif pour les narines. Mais le sexe n'avait rien de comparable à l'amour.

De grosses larmes montèrent aux yeux du shishen. Il était tellement heureux pour son maitre ! S'il n'avait pas eu son devoir au Yin Yang, il aurait demandé à rentrer à la maison avec eux pour profiter de ce nouveau chapitre de la vie de son maitre.

"- Tout est prêt. Il ne manque plus que vous. La cérémonie aura lieu tout de suite avant le diner. Comme ça, même les plus jeunes shidi pourrons profiter du banquet. Ensuite, préparez-vous à être un peu chahutés pour revenir ici avant d'y être abandonnés pour consommer le mariage. "

Boya grimaça.

"- C'est obligé ?"

QingMing leva la tête du torse de l'aveugle.

"- Boya ?"

"- Je n'ai pas envie de "faire mon devoir". J'ai envie de prendre mon temps, de faire comme j'ai… comme nous avons envie."

QingMing eut un large sourire heureux presque idiot de béatitude.

"- Nous ferons comme nous avons envie tous les deux. Nous ne devons rien à personne."

L'agacement fugitif de Boya disparu aussitôt. Il était satisfait.

"- Il va falloir se concentrer très fort pour que je te fasse ces renardeaux." Ronronna Boya à l'oreille de QingMing.

Les deux frères Shi et Gold Spirit reculèrent de deux pas sous la bouffée de phéromones si brutale qu'elle aurait pu retapisser les murs.

"- Gardez ça pour tout à l'heure. Ou pour demain. Ou quand vous voulez, mais tenez-vous un peu." Soupira HuJian "Vous devez vous baigner et vous changer. Gold Spirit, dès qu'ils sont prêt, on les accompagne dans le Grand Hall."

Le shishen hocha la tête.

"- Parfait. Ne trainez pas trop."

La Multitude ouvrit la porte de la chambre avec brutalité.

"- Que tout le monde sorte. Nous nous occupons de les préparer."

Personne n'osa les défier !

Le grand Hall était plein à craquer. De mémoire de maitre autant que de shishen, et certains avaient été passé de maitre en maitre depuis des siècles, jamais autant de disciples du yin yang n'avaient été rassemblés au même endroit en même temps.

Ceux qui étaient à l'extérieur avait été contactés et rappelés via leurs shishen ou via portail.

Ceux qui étaient en chasse et qui n'avaient pu revenir se désolaient profondément.

Du plus petit shidi encore au maillot jusqu'au plus vieil ancien décatit, toute la secte avait revêtu ses plus riches atours pour faire honneur aussi bien au Seigneur Anbei qu'à leur frère venu de l'est.

Les murmures d'excitation se turent lorsque le couple entra finalement dans le grand Hall.

Ils auraient normalement dut arriver séparément, accompagnés d'un parent ou d'un représentant, mais entre l'âge extrême de QingMing et l'absence totale de famille pour Boya, ils avaient préférés arriver ensemble.

"- Waaaah ! T'es beau Shixiong !" Souffla un de ses shidi, les yeux brillants de fascination.

Les cinq autres enfants confirmèrent avec force éclats de voix qui firent rougir Boya. Il se savait séduisant mais était toujours gêné qu'on le lui dise autrement que pour venir dans son lit.

Les trois séniors qui accompagnaient les petits n'en pensaient pas moins même s'ils étaient plus discrets dans leur approbation. A eux neuf, ils étaient sans doute ce qui était le plus proche d'une famille pour Boya. Si on y ajoutait son shixiong, Boya ne se sentait pas seul.

Xue TianGou et Kuang HuaShi vinrent eux aussi féliciter QingMing. Le rouge n'était définitivement pas sa couleur, mais le renard était indéniablement superbe ainsi. La Multitude s'était vraiment dépassé pour les préparer.

La foule se mis à murmurer plus fort à mesure que le couple approchait de la table principale où attendaient Zhong Xing et Fangyue. Si le chef de secte était pincé, son épouse avait les larmes aux yeux et un large sourire. Elle était heureuse pour le Seigneur Démon et le Chasseur. Elle avait rencontré le premier quand elle était arrivée au temple avec Zhong Xing pour se marier, terrifiée et inquiète de ce qu'on attendrait d'elle. Il avait été parmi les premiers à la rassurer. Et à lui assurer qu'elle pourrait toujours lui demander de venir casser la gueule à Zhong Xing au besoin. Ca l'avait fait rire. Elle s'était attaché au Seigneur Démon comme à un vieil oncle bizarre qu'on adore de loin mais qu'on craint tout autant de près sans jamais pouvoir non plus en avoir réellement peur.

Son cœur se serra en pensant à son fils. C'était à lui qu'elle le devait même si elle avait fait n'importe quoi. Elle aimerait toujours He Shouyue de tout son cœur. Si seulement il pouvait lui revenir….

Elle secoua la vague de tristesse qui menaçait de l'engloutir.

Les futurs mariés étaient magnifiques. Du genre dont on chantait les louanges des siècles plus tard dans des balades écrites avec les meilleures intentions du monde.

MiChong et les brodeuses du domaine s'étaient vraiment surpassées. Les robes rouge de Boya étaient brodées d'un phénix noir et or. Sur le bord inférieur, elles avaient même brodé des ratels qui couraient pour honorer aussi le second shishen de Boya. C'était traditionnel. Sous le phénix, une vue d'artiste représentait un mélange étonnant de la montagne de JingYun, du Temple et du Domaine intérieur. La vie entière de Boya était stylisée dans ses robes, comme il se devait.

On avait remonté ses cheveux pour les tisser avec des extensions jusqu'à pouvoir les tordre en une natte artistique retenue par un guan impressionnant en or blanc en forme d'oiseau qui contrastait avec ses cheveux noirs. Même son bandeau était richement brodé. La soie rouge était décorée de fleurs, de petits renards blanc et de perles qui figuraient un ciel nocturne délicat.

Près de lui, QingMing était en autre chose que du blanc pour la première fois de mémoire de quiconque. Même Xue TianGou et Kuang HuaShi ne l'avaient jamais vu habillé autrement qu'en blanc. Ses robes étaient tout aussi riches que celles de Boya. Les sept couches étaient brodées d'or et d'argent. Là ou Zhuque prenait la majeur partie de la place sur les robes de Boya, c'était une représentation du Domaine qui prenait la place sur les robes de QingMing. MiChong n'avait pas oublié de s'ajouter ainsi que les autres shishen de leur maitre sur la toile qu'était la soie. Un petit papillon sur une épaule, un volcan en éruption sur une hanche, une multitude de fantômes sans visages sur une cuisse… Si l'histoire sur les robes de Boya était une histoire de violence et de découverte, celle sur les robes de QingMing était une histoire de pouvoir et de conquête. Les plus grandes batailles y étaient brodées. Les plus vaillant ennemis aussi. Les écailles de dragon étaient celles des créatures que QingMing avait vaincu au court des siècles.

Si lui n'avait pas de bandeau, ses cheveux avaient été tissés par la Multitude avec des petits diamants et des perles pour tracer dans ses cheveux la forme stylisée d'un phénix dans le dos du renard. Ses queues aussi avaient été longuement brossées et décorées de larges nœuds rouges.

Kuang HuaShi s'était penché sur la table après avoir sortir pinceaux, encre et papier pour croquer l'image fascinante qu'ils avaient tous devant eux. Il dessinait d'une main frénétique cette image fugitive de l'évènement du Siècle au sein de l'Empire et dont personne, à part ceux qui y assistaient, n'en saurait jamais rien.

Le couple s'approcha finalement de la table. Boya avait sa main posé sur le bras de QingMing et laissait le renard le conduire avec une tranquille assurance. Il y avait bien longtemps qu'il avait totalement abandonné sa propre sauvegarde aux bons soins du renard quand il était là.

Le regard de total dévotion du Seigneur Démon pour son Chasseur fit roucouler bien des disciples du Yin yang lorsque Zhong Xing s'approcha d'eux.

"- Etes-vous prêt ?"

Ils l'étaient tous. Allaient-ils avoir droit à un long et ennuyeux discourt ?

Heureusement, Zhong Xing eut pitié.

"- Si l'un de vous veux reculer, c'est ici et maintenant. Anbei QingMing ? Yuan Boya ? Etes-vous sûr de vous ?" Les deux hommes hochèrent la tête, peu sûr de pouvoir parler. "très bien."

Fangyue posa sur la table deux tablettes funéraires. Une pour la mère de Boya et une pour celle de QingMing. Il n'y aurait bien eut qu'elles dans leur vie à avoir eu de l'importance. Et comme ni Boya ni QingMing ne connaissaient leurs noms, les délicates tablettes avaient été sculptés avec juste "maman Boya" et "Maman QingMing". Peu respectueux peut-être, mais les seuls titres qui avaient de l'importance pour les deux hommes.

Ils s'inclinèrent devant les deux tablettes à l'invitation de Zhong Xing puis échangèrent une tasse de vin à laquelle ils burent l'un après l'autre. Ils s'inclinèrent devant le ciel, puis l'un pour l'autre.

Dans le Nord, il n'y avait besoin de rien de plus. Ils étaient mariés.

Encore.
Enfin.

A la surprise de tout le monde, Boya attrapa QingMing par la nuque pour l'embrasser avec une passion presque punitive et dominante qui fit littéralement fondre le renard démon contre lui. Lorsqu'ils se séparèrent enfin, QingMing appuya son front contre l'épaule de Boya. Il était hors d'haleine, les joues roses et plus émoustillé qu'il ne l'avait jamais été de sa vie. Ils n'avaient encore rien fait et il était déjà plus en vrac qu'il ne l'avait été de toute sa longue existence.

QingMing se laissa lentement conduire jusqu'à la place d'honneur de la table principale. Boya avait pris sa main dans la sienne pour le guider gentiment jusqu'à leurs assiettes fumantes.

"- Laisse-moi te nourrir, QingMing." Souffla doucement le chasseur, les joues roses.

Le renard retint un gémissement. Ses queues s'enroulèrent autour de la taille de Boya pour ne pas le lâcher pendant qu'il prenait un premier Bao et le lui présentait du bout des doigts. QingMing mordit dans le petit pain. La viande était idéalement cuite, la sauce riche et délicieuse, les épices parfaitement dosées pour ne pas être écœurantes. Un nouveau gémissement faillit passer ses lèvres lorsqu'il vit Boya manger le reste du Bao, en prendre un second pour le lui présenter.
L'instinct du renard était pleinement satisfait des gestes de son mari ? Sa femme ? son partenaire. Boya le nourrissait. Boya partageait leur source de nourriture. Il prenait soin de lui comme il le ferait lorsqu'il serait ralentit par leurs petits et que QingMing ne pourrait plus chasser. Boya le ferait pour eux. Il s'occuperait de les nourrir, de les protéger.

QingMing pourrait se concentrer sur leur progéniture.

Lentement, l'odeur du renard changeait. Elle se faisait plus sucrée, plus riche. Ce n'était plus du sexe que le renard demandait à son partenaire. C'était une portée. D'ici quelques heures, il serait prêt à lui donner des petits.

Perdus dans leur monde, le jeune couple n'entendait pas vraiment les cris de félicitations, la musique qui commençait à être jouée pendant que tout le monde baffrait. Ils ne réalisaient pas que les autres couples dans le Grand Hall profitaient des phéromones de QingMing pour redécouvrir leur tendresse pour leur moitié pendant que les autres s'exaltaient de ce bonheur simple, animal et intemporel.

Ce qui aurait pu rapidement devenir une orgie allait lentement se transformer en pyjama-partie si personne n'y faisait rien.

Fangyue finit par secouer le couple qui ronronnait de contentement après avoir fini leurs assiettes.

"- Et si vous alliez vous coucher tous les deux ?"

Boya souleva QingMing dans ses bras sous les murmures des disciples et des démons. Ils n'avaient même pas envie de faire un charivari pour eux. Ils les laissèrent partir discrètement pour continuer leur propre petite fête au calme.

"- Boya ? Tu comptes me porter jusqu'à tes appartements ?"

"- Tu n'es pas si lourd."

"- Ce n'était pas la question." QingMing posa sa joue sur l'épaule de sa Furen.

Il aurait dû le porter, lui. Pourtant, il se satisfaisait pleinement de la prise de contrôle par Boya.

Zhuque leur ouvrit le chemin d'un vol paresseux.

"- Laisse-moi descendre pour ouvrir la porte." Suggéra le démon.

"- Nan !"

"- Je m'en occupe."

"- Seimei…"

Le vieux maitre ouvrit la porte, la referma derrière eux sans rien dire de plus puis s'éloigna tranquillement. Il avait joué suffisamment son rôle, il pouvait se reposer pour l'instant. QingMing allait avoir besoin de se concentrer pleinement sur Boya pour le reste de la soirée.

He Shouyue essuya le sang qui coulait de ses lèvres. Il fallait bien que ça arrive à un moment ou un autre. Il avait fait une erreur. La douleur dans ses cotes faillit l'empêcher de respirer jusqu'à ce qu'il concentre son qi sur ses côtes cassées. Il n'était pas le meilleur ni le plus puissant, mais il était au moins capable de soulager sa douleur et encourager ses os à se réparer un peu plus vite.

"- Ça va ?"

"- Ca va. J'ai été stupide." Il cracha encore un peu de sang. "Il faut se débarrasser du cadavre."

"- je m'en occupe."

Le shishen serpentin ouvrit des mâchoires de plus en plus grandes, infiniment trop grandes pour sa taille. Lentement, centimètre par centimètre, il avala le cadavre du chasseur qu'il avait mordu et empoisonné avec son venin jusqu'à ce qu'il ne reste rien de sa victime. Le serpent rota lourdement. Comment une créature d'un mètre de long et du diamètre d'un poing pouvait ingérer un corps humain adulte et ne montrer aucune déformation une fois finit de l'ingérer ? C'était impossible. Et pourtant.

He Shouyue souleva son shishen pour l'installer à nouveau sous ses vêtements, au chaud à même sa peau.

Il avait fait l'erreur de ne pas baisser les yeux assez vite. Il avait fait la bêtise de poser des questions qu'il ne fallait pas.
C'était sa faute, He Shouyue le reconnaissait.

"- J'ai envie de rentrer à la maison." Souffla-t-il soudain.

Il appréciait JingYun. Vraiment. Il s'y sentait mieux qu'il ne s'était jamais sentit ailleurs. Mais il fatiguait. Il voulait si fort pouvoir discuter avec Boya. Il voulait que le jeune homme accepte de le laisser rentrer. Malgré son sale caractère, He Shouyue savait qu'il était le seul qui pouvait lui permettre de rentrer. Le seul dont He Shouyue accepterait qu'il le laisse rentrer.

Il avait appris assez ici pour comprendre.

Son shishen ne le poussa pas à rentrer lui-même, pas plus qu'il ne méprisa Boya avec hauteur pour sa faiblesse. Les mois éloignés de son maitre avaient été de la torture pour lui aussi. Plus jamais il ne voulait être séparé de la moitié de lui-même. Tout ça parce qu'il avait été invité à s'incarner par une humaine dans un corps humain. Comment le Premier Démon aurait-il pu croire que le sort imparfait et bancal suffirait à le dépecer morceau par morceau jusqu'à faire de lui un enfant et son shishen ?

Le Démon Primordial, ou tout au moins ce qui restait de sa sauvagerie était en colère.

"- Ça ne va pas, mon cœur ?"

La caresse d'une partie de lui-même sur sa tête le calma si fort qu'il en ferma deux paupières. S'il n'allait pas bien ? Non, ça n'allait pas. Mais qu'il continue à papouiller. Ca passerait.

Boya n'avait toujours pas lâché QingMing lorsqu'il s'assit sur le bord du lit. Le meuble leur semblait soudain affreusement intimidant quand bien même avaient-ils partagés la même couche plus d'une fois et qu'ils se languissaient depuis des semaines de se retrouver enfin.

Boya secoua la tête. Ils n'étaient forcés a rien. Ils étaient des adultes responsables et indépendant, aucune famille ne dépendait de leur union, aucune alliance non plus. S'ils mettaient six mois à passer à une relation charnelle, personne n'avait besoin de le savoir, pas plus que d'aller mettre leur nez dans leurs draps.

Zhuque se posa sur l'épaule de Boya dès que le renard eut quitté les bras de son maitre.

"- Mon poussin ? Je peux te laisser accès à mes yeux. Ton renard est particulièrement charmant ainsi. C'est une vision qu'il te faut avoir et garder en mémoire." Proposa le dieu gardien.

Boya accepta la proposition avant plaisir.

Lorsque Zhuque le laissa voir par ses yeux, Boya hoqueta de stupeur.

"- QingMing…. Dieux…."

Le renard jeta ses bottes dans un coin. Pied nu assis avec les jambes repliées sur le lit, il semblait presque innocent noyé comme il l'était sous les épaisseurs de soie écarlate.

"- Boya ?"

"- Je peux te voir par les yeux de Zhuque."

Cette fois, le renard démon se sentit rougir affreusement. On l'avait souvent regardé avec passion, avec désir, avec possessivité même, avec envie et concupiscence. Mais jamais encore on ne l'avait regardé avec cette vénération timide qui écarquillait les yeux vides du chasseur.

"- Tu es… " Boya ne trouvait pas les mots.

Son renard était affreusement séduisant en temps normal. Là ? Il était digne d'un dieu pour le petit cœur maltraité et farouche du chasseur blessé que Boya était.

Il finit par se laisser tomber à genoux devant le lit, prit les mains de QingMing dans les siennes pour lui embrasser les paumes sans savoir quoi dire de plus. Louer QingMing pour sa beauté ? s'extasier de ses robes ? Ho, il aurait pu, mais à quoi bon. QingMing était juste parfait ainsi. Boya ne pourra jamais remercier assez Zhuque de lui avait offert ce moment de pur délice.

Lentement, Zhuque referma le lien.

"- Je vous laisse tous les deux. Ne soyez pas trop sage. Ou soyez le. Faites ce que vous voulez. Vous ne devez rien à personne."

Le dieu-gardien avait assez poussé ses paroles mentales pour que le renard démon les entendent à travers son lien avec Boya.

Il s'envola par la fenêtre pour rejoindre le second shishen de Boya et probablement Sha ShengShi ainsi que MiChong.

Enfin seuls, le couple resta silencieux quelques minutes.

"- Il faut se sortir de ces sucreries." Proposa soudain Boya. "c'est joli, mais c'est lourd."

"- Oui, même si je ne me lasserai jamais de te voir aussi séduisant dans cet attirail."

Ce fut le tour de Boya de rougir.

"- Et bien mon époux n'aura qu'à s'amuser à jour à la poupée avec moi si l'envie lui prends de me mettre dans des toilettes couteuses." S'entendit répondre le chasseur avant de grogner. "Mais pas trop souvent." Il n'avait pas fait une scène à MiChong pour accepter volontairement de se faire torturer par du tissu tous les trois matins.

Le rire de QingMing lui réchauffa le cœur.

"- Ce sera avec un grand plaisir, mon cher Anbei Furen." Pour de vrai maintenant ! Et devant le monde des Démons aussi bien que devant celui des humains. A charge pour Zhong Xing de faire enregistrer l'union de Boya conformément au protocole impérial.

La timidité ridicule causée par la cérémonie disparue rapidement après ça. Les deux hommes s'aidèrent l'un l'autre à se débarrasser de leurs robes écarlates. Lorsqu'elles furent enfin pliées proprement sur une desserte, ils en furent soulagés. Le poids sur leurs épaules était désagréable.

"- Je regrette que Zhuque ne soit plus là pour que je puisse voir à quoi ressemble mon mari." Soupira encore Boya.

Ils n'avaient plus sur le dos qu'un bas de pantalon.

"- Nous avons tout le temps pour ça."

"- Mais un de nous peut se rincer l'œil et pas l'autre." Le ton de Boya était un peu ennuyé.

"- Est-ce vraiment grave ?" QingMing avait pris ses mains dans les siennes pour les poser sur son torse nu.

Un lourd frisson remonta dans le dos du chasseur. La peau sous ses doigts étaient fraiche et douce comme de la soie. Lorsqu'il effleura un mamelon par accident, le petit hoquet censuré du renard lui tomba directement sur l'entrejambe.

Ils avaient le temps oui. Mais ils pouvaient quand même s'amuser comme ils avaient envie.